Ce cher Dexter (Dexter chez Marvel)

Dexter par Jeff Lindsay et Dalibor Talajic

Plus efficace que Bullseye : Dexter chez Marvel

Plus efficace que Bullseye : Dexter chez Marvel© Marvel Comics

BRUCE LIT

VO Marvel

VF Panini

Cet article portera sur l’adaptation Marvel de la série Dexter. Il s’agit d’une histoire complète en 5 épisodes située en dehors de la continuité de la série. Jeff Lindsay, le créateur du personnage en assure le scénario, Dalibor Talajic les illustrations. Mike Del Mundo se charge des couvertures.

Des spoilers aussi aiguisés que des bistouris viendront trancher dans le vif de cet article.

A bien des égards, Dexter fut une série majeure adulée par des millions de fans durant les huit années de sa diffusion. Adaptée d’une série de de romans dont personne n’avait entendu parler auparavant, Dexter proposait un pitch original : un tueur en série chasseur d’autres tueurs en série !
Dans un Miami contemporain, chaleureux mais dangereux évoluait un personnage tourmenté qui utilisait son intelligence pour à la fois assouvir ses pulsions meurtrières incontrôlables et nettoyer notre société de tous ses prédateurs ayant bénéficié des failles de la justice.

Dexter pourrait être le descendant de Frank Castle. Une évolution du concept de vigilant urbain qui tue pour le plus grand bien collectif. A la suite d’un drame où il perdit sa famille, Frank Castle applique toutes les méthodes d’une guerre urbaine pour rejouer son Vietnam à New York. Il devient le Punisher traquant tous les criminels ayant réussi à passer entre les mailles du filet, tel un requin qui débarrasserait l’océan des poissons faibles ou malades pour préserver l’équilibre naturel.

Comme un air de famille...

Comme un air de famille… © Marvel Comics

Dexter démocratisait l’univers du Punisher. A l’inverse de Frank Castle, le personnage avait un travail, un don de séduction indéniable et une famille. Il avait une double identité ignorée de tous et à avec laquelle il fallait composer. Comme celle de Batman, l’identité sociale de Dexter était fabriquée de toute pièce pour lui servir d’alibi : une femme aimante dont il se fiche éperdument (tout du moins dans les romans), des enfants qui ne sont pas les siens, et un travail providentiel (il analyse les scènes de crimes pour la police) lui permettant d’assouvir ses fantasmes sanguinolents et de bénéficier des ressources de la police pour ses propres enquêtes.

Avec Walter White de Breaking Bad, Dexter Morgan a incarné le mensonge ordinaire, le criminel qui vit près de chez nous et qui commet les actes les plus épouvantables entre deux biberons et le barbecue du dimanche. Après les Working Class Hero, la télévision des années 2000 allait mettre en scène des anti-héros aux actes répréhensibles mais au pouvoir de séduction inédit.

Les fanfics abondent sur le net : qui de Dexter ou Walter White est le plus machiavélique ?

Les fanfics abondent sur le net : qui de Dexter ou Walter White est le plus machiavélique ?

Dexter, c’était l’histoire d’un authentique psychopathe qui au fil de la série s’humanisait ou tentait désespérément de le faire, de changer. La force du personnage était son intégration des normes de notre société et sa mauvaise conscience de lui-même. Le public découvrait son enfance tragique à la fin de la saison 1, son code déontologique proche de celui du Punisher et ses valeurs morales.

En gros, le téléspectateur sympathisait avec un psychopathe drôle, poupin et intelligent porté par la composition inoubliable de Michael C Hall, certainement le comédien le plus doué de sa génération capable de rendre en un instant le personnage joueur puis terriblement inquiétant. À l’aide de sa voix off, le public se trouvait soudainement en empathie avec un personnage dont il était tentant de pardonner les crimes au vu de sa vie de merde, de son intelligence et sa vision souvent juste de la condition humaine.

La série de romans est à l'exception du tome 1 relativement différente du show TV

La série de romans est à l’exception du tome 1 relativement différente du show TV

Les intrigues étaient bien troussées avec des constructions scénaristiques à la Elroy : un personnage tourmenté et borderline mène des enquêtes aux frontières de la sanité mentale, dans un univers de faux semblants où il  affronte à chaque saison un miroir inversé de lui même : son propre frère qui n’a pas ses scrupules dans la première saison, un tueur soixantenaire dans la saison 3 ou une ligue de serial killers dans la 4. En confrontant son vécu avec celui de ses proies qui finissaient inévitablement sous son scalpel, Dexter en apprenait plus sur lui même et sur ce qui pouvait changer ou pas chez lui.

Avec en prime un générique parmi les plus réussis de l’époque, un casting convainquant et des interrogations autour de la violence et son acceptation dans notre société, Dexter devint un phénomène. Avec ce plaisir sournois éprouvé notamment lors de la seconde saison où la police est à ses trousses : celui de souhaiter qu’il ne se fasse jamais pincer.

Un comédien formidable poupin et inquiétant

Un comédien formidable, poupin et inquiétant

Un changement de Showrunner, une certaines lassitude, et l’accumulation de bourdes scenaristiques finiront pourtant par avoir raison de la qualité de la série. Sur 8 saisons, seules 3 sont réellement indispensables : la première, la deuxième et la quatrième avec l’épilogue Trinity qui pourrait constituer la fin de la série, bien plus intéressante que le truc grand guignolesque torché à la va vite au bout de huit ans. Une fin assez humiliante quant on sait que Breaking Bad proposait une semaine après un final d’un autre acabit.
Pour votre serviteur, ce fut le début d’un désamour total pour les séries TV de plus en plus chronophages et de moins en moins rigoureuses.

Euh…, tout ça pour quoi déjà ? Ah oui, l’adaptation comics chez Marvel ! Le genre de truc qui n’intéresse pas grand monde avec en général des intrigues et des dessinateurs au rabais surfant éhontément sur la vague des produits dérivés. Deux paramètres ont attiré mon attention : les couvertures sympathiques de Mike Del Mundo et surtout la présence au scénario de Jeff Lindsay, le romancier créateur du personnage.

Où l'on reconnaît nos amis sans les reconnaître

Où l’on reconnaît nos amis sans les reconnaître © Marvel Comics

Ma curiosité était motivée par le fait que dans la série de romans, les intrigues et le personnage sont bien différents que le show TV plus consensuel. Si à l’écran Dexter est plutôt attachant et sympathique, c’est un véritable monstre froid et sournois dans ses romans : un type qui laisse des innocents se faire torturer pour ne pas se mettre en danger, sans aucun sens moral et qui pervertit ses enfants pour en faire des tueurs.

Lindsay retiendrait-il la version psychopathe originelle du personnage ou jouer la sécurité du fan service ? Euh…la réponse est dans la question, on est chez Marvel quand même..
Parmi nos amis nous retrouvons donc dans cette histoire Dexter et sa soeur Deb’ avec quelques apparitions de Rita, Astor et Cody. Dexter est sur la piste de Gonzalez un ancien camarade de lycée qui prenait plaisir à le violenter. Lorsque les deux anciens ennemis se retrouvent, Gonzales est devenu un millionnaire philanthrope qui emploie des sdf pour construire une île utopique. Lorsque l’un d’entre eux meurt dans son sillage, Dexter sent tout de suite le coup fourré et va s’employer à traquer son ancien adversaire.

Ce qui est immédiatement plaisant, c’est à quel point il est facile de retourner dans l’univers de Dexter. Sa complicité avec sa soeur, les rumination intérieures du personnage, sa double identité et l’humour noir de la série.

Pendant les deux premiers épisodes, on se prend à croire que Lindsay rentre dans la catégorie des écrivains qui ne se viande pas en s’attaquant au format comics. Le rythme est bien soutenu, l’intrigue intéressante à défaut d’être passionnante, l’enquête se suit sans surprise mais sans déplaisir non plus.

Souvenirs de lycée : sauvé par le gong ? © Marvel Comics

Malheureusement tout s’effondre au fil des deux derniers épisodes sans que l’on sache si Lindsay a été limité par l’éditorial, ou que, pris de court, il n’a plus assez de pages pour conclure son histoire. Parce que, mazette, c’est n’importe quoi ! Dexter découvre que son ancien camarade est un trafiquant d’esclave, se fait capturer, passe quelques semaines en tant qu’esclave avant d’être libéré par Deb’. La ça devient vraiment embarassant…On se croirait retourné dans un vieux Stan Lee avec le vilain qui fait son speech le temps pour notre héros de défaire ses liens et mettre le bandit en échec. Lorsque cela arrive, il ne reste à Lindsay que deux pages pour conclure une intrigue en laquelle il ne semble pas croire. Dexter règle son compte au vilain hors champ le temps d’une ellipse épouvantable. C’est le paradoxe Marvel : mettre en scène un univers sanguinolent sans violence bien loin des audaces de l’époque Marvel Knights.

D’ailleurs, à propos d’image, ce n’est pas la fête non plus question graphisme. Pour des raisons de droit, les visages des acteurs de la série ne sont pas représentés tel que le spectateur les connaît. On se retrouve donc avec un truc bâtard où Dexter n’a pas les traits de Michael C Hall mais est dessiné pour lui ressembler Les dessins de Dalibor Talajic ont des expressions et un design on ne peut plus banal, la violence du personnage ne transparaît à aucun moment, les têtes semblent souvent plus grosses que les corps. Enfin, la représentation du Passager Noir, cette voix intérieure qui ronge Dexter, est transcrite façon symbiote ce qui est très, très embarrassant. On a l’impression que celui-ci va se transformer en Venom.

Ceux qu’on ont connu Dexter le savent : le personnage aimait prendre son bateau entre deux meurtres. La licence prend effectivement la flotte avec cette adaptation ni fait ni à faire avec deux coups dans l’eau. Celle-ci fera fuir ceux qui voudraient l’apprécier en tant que médium indépendant de son support télévisuel et pleurer ceux qui imaginaient y trouver la grandeur d’antan. Comme si la honte devait survivre à ce cher Dexter..

Où est Spider-Man ?

Où est Spider-Man ? © Marvel Comics

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Le saviez vous ? Dexter a été adapté chez Marvel par son créateur Jeff Lindsay ! C’est comment ? Euh…On vous le dira chez Bruce Lit, pas envie de finir sur la table d’opération !

La Bo du jour : Un générique brillant !

45 comments

  • Eddy Vanleffe  

    J’étais à fond dans la transgression avec des Ennis, aujour’dhui je ne parviens pas à me souvenir de ce que je leur trouvais…
    je trouve ça, je sais pas
    Dans ma vie de lecteur,y’ a un avant et un après Preacher, mais je n’aime plus du tout. et oui, je trouve ça pas adulte du tout.
    Je n’ai aucune affinité avec Ennis de toute façon.
    j’aime bien quand il ne se prend pas au sérieux ou sur ses récits de guerre. le reste….
    Pour le le Punisher Max, j’ai justement arrêté parce que c’était plus marrant comme la Marvel Knights…
    et il faut arrêter aussi avec le grimm and gritty, On parle de Dark Knight ou de Kraven’s last hunt comme si on mangeait du caviar tous les jours. c’était surtout les production Image qui étaient considérées ainsi à l’époque ou la saga du clone…
    Frank Miller et Alan Moore ne sont pas particulièrement fier des « bâtards » qu’ils ont engendrés… Alan Moore a passé un bonne partie de sa carrière à vouloir inverser l’effet que Watchmen a pu avoir avec Supreme, Tom Strong ou Promethea.

  • Tornado  

    Personne ne dit que les BDs doivent toutes être comme ça. Mais pour moi le Punisher d’Ennis et beaucoup d’autres comics du Punisher, ça fait partie de mes meilleures lectures et je trouve ça excellent. Donc je défend la chose. Si je lis que c’est pas bien parce que c’est violent ou sadique, je répond que ce n’est pas un critère acceptable pour en diminuer la qualité et la profondeur. Et d’ailleurs moi, la violence en BD ça me plait et si c’est bien fait, c’est un plus.

    • Bruce lit  

      Pour répondre à tout le monde sans répondre à personne, le volet Marvel Knight est irrésistible. C’est drôle, c’est trash, c’est osé mais c’est aussi super bien écrit. Mine de rien, il y a de la comédie mais aussi de l’horreur, du récit de guerre, de l’aventure, de l’urbain et du postwar.
      Pour Punisher Max, je voudrai quand même rappeler que ça fusille pas toutes les pages, parce que, et bien parce que Ennis écrit des histoires profondes : de la pure action dans Mother Russia, un véritable manifeste sur la violence faîte aux femmes et la prostitution des filles de l’est. Moi qui ai travaillé dans « le milieu », je suis resté stupéfait des recherches faîte spar Ennis et le sérieux de son travail. Dans The Slavers, le Punisher comme Dexer reste un personnage, je le répète au dessus des lois. Celles qui font que tant qu’une femme ne peut pas prouver qu’elle est en danger de mort, elle n’est pas protégée. Celles qui empêchent les femmes sans papiers de porter plainte de peur d’être reconduites, celles qui permettent à des ordures d’éviter la prison (je peux vous citer des exemples très concrets de mon travail : je signale un enfant violé par sa famille en octobre, il est protégé en février…..). .Ce n’est pas du populisme, c’est des trous béants de la législation, la même qui permet tellement d’injustice. La même qui fait jurisprudence.
      Dans ces eaux troubles, nage un prédateur qui n’impose rien que la peur ; la même que l’animal blessé face au squale. C’est Frank Castle. Depuis Guignol ou Les Guignols de l’info, l’homme du peuple a besoin de héros pour le venger. C’est Frank Castle.
      DAns Une longue Nuit Froide, Castle est confronté à sa propre humanité qu’il croyait enfouie. Dans L’homme de Pierre, Ennis brosse un portrait impitoyable des Talibans en Afghanistan. Dans Up is down, nous sommes chez Coppola et Scorcese, c’est juste magnifique. Irish Kitchen ? Ennis s’attaque au terrorisme en Irlande. Barracuda ? Les sociétés propres sur elle qui commettent des attentats écologiques.
      Et enfin le chef d’oeuvre d’Ennis : Valley Forge, véritable pièce littéraire où il écrit des militaires compétents et humains pris dans des conflits de loyauté. Mince les gars ! A la même époque, on avait Siege et Secret Invasion quoi !
      Ennis a écrit ça chez du Marvel ! Du Marvel !!
      Il réussit à nous divertir et à nous émouvoir, nous indigner et nous faire pleurer, c’est hors du commun. Le type qui mitraille en disant des conneries, c’est Owen Wilson, pas Frank Castle.

      Matt, vraiment essaie de te procurer : The Slavers. Je suis sûr que tu pourrais aimer.

  • Tornado  

    Merci Bruce. Tu as de meilleurs arguments que moi qui m’enlise en essayant de trouver des vertus au style de narration que je défends et que je trouve plus en phase avec l’adulte que je suis. Et que j’espère épanoui…

  • JP Nguyen  

    Hé hé, pour un article au départ consacré au comicbook de Dexter, ça cause pas beaucoup de Dexter…

    @Matt : je pense que tu devrais laisser une chance au Punisher d’Ennis (version MAX, plutôt que Marvel Knights). Quelque part, je trouve ce run moins désespéré que Scalped (même si ce n’est jamais la fête du slip).
    Par contre, tu as raison, il y a bien un choix de la part d’Ennis de mettre Castle face à des ennemis au-delà de toute rédemption. Mais ce choix se justifie par l’approche cathartique du personnage qui, comme l’ont dit Bruce et Tornado, nous « venge » virtuellement de tout ce mal qui existe hélas bel et bien dans la vraie vie (sous des formes atténuées, un peu mieux cachées, mais il existe quand même). Et Bruce l’a résumé, Ennis a démontré une grande diversité dans son choix d’ennemis et de thématiques…
    Dans le genre « noir », c’est un des meilleurs runs des années 2000. Après, je ne dirais pas que c’est le meilleur comics de tous les temps parce que c’est typiquement une expression vide de sens (comme le meilleur film/resto/plat…) Parce que c’est une affaire de goût, et qu’en plus, même si on trouve ça bon, on n’est pas obligé d’en bouffer tous les jours et de ne bouffer que ça… J’aime aussi le DD de Miller, le Thor de Simonson, les FF de Byrne, certaines prods d’Alan Davis, les BD de Cyril Bonin… je n’aime pas que le sombre et desespéré (même si Scalped, 100 Bullets, Criminal, Sleeper, Unknown Soldier…)

  • Tornado  

    Au départ, il n’était pas question de les opposer. Juste de défendre l’intégrité du Punisher selon Ennis.
    Je ne vois pas , en définitive, ce que viennent faire Tintin et God Love Man Kills dans la comparaison puisque ce sont effectivement des créations pour enfants ou ados à la base. Il y a un malentendu au départ, je pense.
    Quand je parlais de Wolverine, je pensais plutôt au Wolverine période années 1990-2000, genre le run de Millar Marvel Knights par exemple (même dans le run de Remender sur X-force ça m’insupporte car les personnages se font décapiter mais ça repousse sur la page suivante ! mais là je sors un peu du sujet ! ^^).
    Le Punisher selon Ennis, c’est une lecture réservée aux adultes. partant de là, je ne vois pourquoi on se retiendrait de montrer de la violence puisque c’est le sujet. Et si les méchants sont très méchants, c’est justement pour illustrer la noirceur de notre monde et justifier la catharsis que nous offre cette lecture.
    Comme Bruce ou JP, je suis convaincu de la très grande, de l’extrême qualité de ce run (principalement la version MAX, mais la version MK est beaucoup moins conne que ce que tu penses, selon moi). Donc je le défends.

  • Jyrille  

    Je n’avais jamais entendu parler de cette adaptation en comics. Enfin, de cette nouvelle histoire ! Je te crois sur parole de A à Z et passe donc allègrement. Tu as lu les romans ? Moi non. J’aimais beaucoup la série au début (surtout la saison 1, lorsqu’il est encore totalement psychopathe), j’ai pu la suivre jusqu’à la 5 sans trop m’ennuyer même si parfois les péripéties et quelques personnages me fatiguaient mais après avoir péniblement vu la saison 6, j’ai complètement abandonné. Jamais vu la fin.

    En tout cas je suis totalement d’accord avec toi sur Michael C Hall (qui a joué et chanté du Bowie dans une pièce de théâtre en 2015) et le générique de la série, tout comme le parallèle avec Breaking Bad (et pour moi, Walter White est bien plus machiavélique que Dexter). Ce sont deux séries qui finalement, malgré leur popularité, sont trèèèèès loin de faire partie de mon panthéon personnel. Je l’ai déjà dit mais il faut que tu regardes OZARK, Bruce.

    La BO : ben top, on l’a dit !

  • Bruno :)  

    Je n’avais tenu que quelques épisodes (première saison jusqu’au bout, peut-être ?!).
    Le pitch, pour outré qu’il paraisse, m’interpelait : le quotidien d’un psychopathe (cliniquement réaliste : incapable d’éprouver de vraies émotions, dénué d’empathie) avait tout pour me séduire, analyse de comportement et parcours. Mais, outre le fait que j’ai rapidement été gêné par le côté un peu « politiquement correct » de ses actes, puisqu’il ne s’attaque qu’à ses semblables (!), j’ai trouvé l’approche de la série vraiment légère au niveau du caractère du personnage. Le côté assez manifestement décalé du jeu de Michael C. Hall, pour incarner Dexter, est un choix qui m’a semblé malheureux : je pense qu’un véritable malade, en proie à cette pathologie-là, se serait coulé dans un personnage public beaucoup plus passe-partout que celui-ci (un peu lunaire), au delà de ses repères sociaux « obligatoires » (compagne, boulot, vie de famille,…) ; ce qui, pour le coup, étant donnée la perfection obligatoire de son camouflage, me l’aurait rendu plus inquiétant. Dexter force la sympathie, avec son côté « enfant » -les mimiques de l’acteur, son sourire un peu niais…
    Mais surtout -en tous cas via les épisodes que j’ai suivi-, l’absence de réelle démonstration des mécanismes à l’oeuvre dans sa tête, au profit de ses enquêtes, m’a frustré. Mais, bien sûr, j’étais à côté du sujet objectif de la série, très honnêtement sensationnel.
    Bon, en même temps, le suspense m’étant devenu un poil difficile à encaisser -sans même parler de la mise en scène de la violence-, il est probable qu’il ne m’a pas coûté grand chose d’abandonner.

    Je ne connais pas le Comic-Book mais, à la vue des quelques pages, il ne semble pas promettre grand chose. Et, oui : c’est particulièrement lourd, comme approche visuelle, (l’ombre ! Mais quelle idée ?!) en plus d’être maladroit/pas trop jojo.

    Le débat sur le parallèle avec Frank Castle, et la représentation d’une violence « réaliste » au sein des Comics/Manga/BD, est intéressant, même si j’imagine qu’il a été déjà développé ailleurs, sur le site.
    J’avoue ne pas focaliser sur la manière dont elle est utilisée : pourvu que l’histoire soit bonne (« adulte » ou pas), je peux fonctionner, que je lise du Super-Héros « maintream » ou à destination d’un public mature… Je dirais juste que c’est vraiment une question de perception, bien plus qu’une histoire de crédibilité visuelle, dans le rendu graphique.

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