Daytripper de Fábio Moon et Gabriel Bá
Une fiche de lecture par CYRILLE MVO Vertigo / DC Comics
VF Urban
DAYTRIPPER est une bande dessinée déroulée en dix chapitres et publiée originellement en 2011. Elle avoisine les deux-cent-quarante planches, est scénarisée et dessinée par Fábio Moon et Gabriel Bá, colorisée par Dave Stewart et traduite pour Urban par Benjamin Rivière. Outre une dizaine de pages d’essais graphiques commentées par leurs auteurs, le recueil en version française comporte également une courte préface écrite de Cyril Pedrosa et une postface d’une planche écrite et dessinée par Craig Thompson. Cet article est dédié à Dominique, Viviane, Bernard et Nathalie.
Je dévoile quelques parties de l’œuvre ci-après, mais ne le prenez pas mal, dites-vous que si ça se trouve, vous ne pourriez jamais la lire.
« Né sans un bruit, extrait au forceps, Cyrille M. avait déroulé prudemment les jours et atteint l’âge d’une soi-disant maturité. Mari et deux fois père, il fit de son mieux pour cimenter ses proches et les soutenir. Il n’eut jamais l’occasion de traverser l’océan, ni de voir d’aurore boréale, ni encore de festoyer avec ses petits-enfants, mais il se plaisait à avoir pu assister à des moments inoubliables, bons ou mauvais, et d’avoir rencontré nombre de personnes solaires qui rendaient le monde meilleur. Il avait encore beaucoup d’articles à écrire, mais nous ne les lirons jamais. »
Je devrais trouver mieux comme oraison funèbre, mais c’est un premier jet autant qu’un début de pistes. Il faut savoir que là, je reviens d’un funérarium, un membre rapporté de ma famille vient de mourir, bien trop tôt, c’est trop souvent trop tôt. Lorsque le nom de ma cousine apparut sur mon téléphone portable, j’ai tout de suite su que ça puait : elle ne m’appelle jamais.
Ironiquement, cela arrive alors que je suis en pleine relecture de DAYTRIPPER, dont le sujet central est le sens de la vie et sa finitude. Qu’est-ce qu’un daytripper, que j’ai vu laborieusement traduit par « excursionniste » ? Quelqu’un qui voyage chaque jour, et plus précisément dans la drogue, selon les Beatles. Mais pas ici. Ici, chaque chapitre, qui ne se déroule parfois que sur une seule journée, se conclut sur la nécrologie du personnage principal à différentes étapes importantes, à différents âges. Ces scènes sont donc fantasmées, le protagoniste se demandant ce qu’aura été son parcours si celui-ci se terminait à ce moment-là.
Les dix épisodes relatent la vie et les morts de Brás de Oliva Domingos, rédacteur au journal de São Paulo au Brésil où il élabore les nécrologies de toutes les personnes trépassant dans le pays. Fils d’un très célèbre auteur littéraire, il aimerait lui aussi devenir écrivain mais n’a pour l’instant pu prouver sa valeur qu’à travers ses hommages aux disparues et disparus.
La première lecture, si elle se fait sans connaissance préalable de l’œuvre, déroute : la chronologie n’est pas linéaire, débute lorsque Brás à trente-deux ans de puis passons à ses vingt-et-un, quarante-et-un, onze… d’autant plus que notre héros meurt à chaque fois. On s’accroche alors aux nombreuses didascalies qui émaille chaque planche : le narrateur y discourt sur ses sensations, ses ressentiments, ou le déroulé erratique de ses aventures amoureuses, familiales et professionnelles.
Située au Brésil, portée par deux auteurs du pays qui semblent s’être fortement inspiré de leurs lieux de vie pour créer cette bande dessinée, les couleurs dégagent une chaleur réconfortante sans être jamais vives ou saturées. Sous un trait gras, sans doute identique à leur COMMENT ABORDER LES FILLES EN SOIREE, tout coule, tout semble souple et chantant. Le trait de Gabriel Bá, plus sec et légèrement plus caricatural et tel que visible dans UMBRELLA ACADEMY, illustre chaque couverture d’épisode, rendant fictionnelle une histoire qui nous semble réelle car tout sonne terriblement juste.
Des relations compliquées sous le soleil brésilien
©DC Comics, Vertigo, Urban
Ainsi le sous-titre français « Au jour le jour » joue au moins sur deux significations différentes : carpe diem d’un côté, profiter de ce présent qui est réellement notre unique possession, et les accrochages et grands moments de vie de l’autre. Parfois, le texte devient donneur de leçons, ne trouve pas le ton rassurant de ses dessins, semble sortir d’un cours de yoga ou d’un manuel de développement personnel. Mais la construction fonctionne : comme nous-même, le héros ne sait pas ce qui va lui tomber dessus. Il ne peut qu’avoir des regrets, des questionnements, errer à travers son passé, sans ordre temporel mais classé par thème, ces sujets universels qui nous façonnent comme l’amour, l’amitié, le travail, la famille.
DAYTRIPPER détourne donc tout ce qui fait le succès des telenovelas interminables, ce genre d’émission de télé produit dans chaque pays et qui semble n’avoir jamais de conclusion. Elle existe pourtant, voilà tout le propos de nos auteurs. Même s’il ne se passe rien, même si vous perdez du temps, la vie continue sa course inéluctable émaillée de rencontres décisives. Compilées comme des derniers moments, Bá et Moon s’amusent autant qu’ils conjurent le mauvais sort. Au-delà de la forme et du texte, ils excellent parfaitement dans la narration. Jamais coupante, elle ménage les effets avec très peu d’esbrouffe, ce qui rend la lecture aussi agréable que leur dessin.
Ces qualités, en plus des questions que le livre soulève, le rendent attachant comme un vieux journal intime qui ne serait ouvert qu’en cas de coup de mou. Les questions ? Ce sont celles qui font réfléchir sur les sens des mots bonheur, honnêteté, société, sur l’image que l’on laisse, sur les enseignements, les valeurs et les sentiments que l’on a reçus et fournis. Les questions qui nous permettraient, à condition de ne pas les occulter, de ne jamais nous fâcher ou être en mauvais termes avec ceux que l’on chérit : la mort est partout, quotidienne, soudaine, aléatoire et trop souvent injuste. Pas pressé que ma cousine me rappelle.
La BO du jour : pour une fois, soyons évidents
Bonjour Cyrille.
j’ai d’excellent souvenirs de ma lecture de DAYTRIPPER à sa sortie. Une oeuvre qui m’avait fasciné, la première fois que je me frottais aux frères Ba et Moon.
Etrangement je n’y suis jamais revenu, bien que le sorte régulièrement de ma bibliothèque.
Après JB la semaine dernière sur TELLOS, encore un billet rondement écrit, plein de pudeur sur le rédacteur qui se dévoile.
L’introduction surprend, la suite confirme une orientation catharsis, qui sied bien aux thèmes de DAYTRIPPER.
Cela change d’une critique linéaire, sur un comics loué de partout.
La BO : of course.
Bravo
Merci beaucoup Fletcher. Je t’avouerais que je ne suis qu’à moitié satisfait de cette chronique et que j’avais oublié son contenu, je la redécouvre aujourd’hui : il y a une piste qui explique que je l’ai écrite avant l’article sur HAWKMOON (dans la BO)…
Moi non plus je n’y étais pas revenu mais elle était dans ma to write liste depuis longtemps. Et la relecture est meilleure, plus facile, plus logique. Au final, aucune envie de s’en séparer, ne seraient-ce que pour les dessins.
J’ai récemment racheté le HARD BOILED de Miller et Darrow, réédité en grand format chez Futuropolis avec une nouvelle colorisation de Dave Stewart, le même coloriste qui officie ici : il n’y a pas photo avec la première édition que j’avais ! Il est très très fort.
J’ai lu DAYTRIPPER il y a quelques années déjà et j’en garde un excellent souvenir 👍.
Je me souviens parfaitement de la postface de Craig Thompson où il se questionne sur les bienfaits de l’art sur nos vies.
Il nous fait comprendre, en très peu de mots et quelques dessins, que cette BD des jumeaux brésiliens peut apporter une réponse.
Lorsque tu écris :
« Lorsque le nom de ma cousine apparut sur mon téléphone portable, j’ai tout de suite su que ça puait : elle ne m’appelle jamais. »
Tu résumes parfaitement l’intention des auteurs dans cette œuvre qui parle de mort mais qui est une ode à la vie !
Et Carpe Diem, est un vers latin qui nous rappelle qu’il faut profiter de la vie présente, de notre famille et de nos amis tant que l’on peut.
Toutes mes condoléances Cyrille. Je souhaite pour toi que maintenant vous vous appeliez un peu plus souvent avec ta cousine 😉.
La BO: Un classique des Beatles qui ne figure sur aucun de leurs albums officiels. Sorti directement en single. On le retrouve dans les meilleures compilations du groupe et notamment le PAST MASTERS volume 2
Merci beaucoup Surfer, oui, tu as de très bons souvenirs : la postface de Craig Thompson parle bien de ça. Et colle parfaitement au comic.
Quant à Cave Canem, qui est aussi du latin, cela signifie « Attention au chien » 😀
Merci pour les condoléances, non on ne s’appelle pas plus (et c’est pas grave).
Tu as tout à fait raison pour la BO, merci de tes précisions.
Je l’ai lu il y a pas mal d’années maintenant. Tu démarres ta chronique très fort avec ton oraison funèbre ! J’espère qu’elle sera réécrite, beaucoup plus tard…
Concernant la BD, je l’avais trouvée bien faite et originale, sans que je n’éprouve le souhait de la relire. Le personnage principal est un peu fade et je préfère m’occuper de ma vie que de replonger dans la sienne.
Merci JP ! Oui pareil, espérons attendre encore quelques décennies hein 😀
Tu as parfaitement raison quant à la caractérisation du personnage principal, qui nous semble un peu trop passif, mais au final ce n’est pas lui le sujet, c’est bien plus universel.
J’aimerais vraiment que tu nous listes tes personnages favoris qui sont bien caractérisés, pas antipathiques et qui méritent d’être lus 😉
« J’aimerais vraiment que tu nous listes tes personnages favoris qui sont bien caractérisés, pas antipathiques et qui méritent d’être lus »
Chiche, je vais faire ça sur Facebook !
Eh ben ! Quelle superbe chronique. Je garde un excellent souvenir de Daytripper ! Il faudra que je le relise à l’occasion.
Merci beaucoup Doop ! Moi aussi j’en avais un bon souvenir et en le relisant, je l’ai encore plus apprécié.
Je me souviens avoir apprécié la lecture, mais en même temps j’avais trouvé ça trop triste. J’en ai chialé dans mon souvenir.
Marque sans doute de qualité, mais pas trop envie de le relire, ni de l’acheter du coup.
Je me souviens n’avoir pas trop compris pourquoi ça devait se terminer par la mort à chaque segment, mais c’est assez flou dans mon esprit.
Merci Matt, oui tu as raison, c’est aussi une lecture qui peut être triste. C’est vraiment en la relisant que j’ai décelé cet aspect « what if », qui insiste sur ce que l’on est et ce que l’on lègue.
J’avais trouvé ça bien. Sans plus. Un peu mollasson comme le reste de la production des 2 frères d’ailleurs.
« Parfois, le texte devient donneur de leçons, ne trouve pas le ton rassurant de ses dessins, semble sortir d’un cours de yoga ou d’un manuel de développement personnel » : oui, et je déteste cette nouvelle approche de la vie qui proscrit la tristesse et la mélancolie.
J’avais écrit dessus sur Amazon : « Pourtant , j’avoue m’être un peu ennuyé au cours de cette histoire au schéma identique qui recommence à l’envi :exposition , acmé dramatique , possibilité de résolution du conflit interrompue par le décès brutal de Bràs . Si la démarche de l’auteur reste originale , elle eut peut être mérité un peu plus de variations. Ou un personnage à la personnalité moins effacée, un peu moins mou pour qui le lecteur ne tremble pas beaucoup.
Tous les sujets évoqués auraient pu être développés de manière plus conséquente . On a parfois l’impression que Moon a dressé l’inventaire des sujets sensible de l’existence , qu’il a souhaité brisé les tabous sans pour autant avoir d’opinion très tranchées sur ces questions. L’originalité d’un récit au Brésil tourne en rond aussi. Après quelques chapitres , l’histoire aurait pu se dérouler à New York ou Paris sans qu’il y ait de grosses différences .
Lorsque dans les deux derniers chapitres , Moon tranche avec les gimmicks de son récit , celui ci décolle enfin et les dernières pages deviennent très émouvantes . »
Mais il était important que DAYTRIPPER ait sa place ici et tu lui rends hommage de manière plus « sensible » que d’habitude Cyrille.
Lors de mon WE au Futuroscope, à force de refaire le monde jusque tôt du matin, un des spécialistes de la BD avec qui j’ai eu le plaisir de converser se posait la question de ce que deviendrait sa collection de Comics après sa mort.
Il avait en effet des éditions rares et numérotées, des planches originales de Kirby (!) et savait que ses enfants ne s’y intéressaient pas. Il envisageait alors de les revendre de son vivant ce qui m’a fait pas mal réfléchir à ce que nous amassons et nous léguons dans notre vie.
Merci beaucoup chef ! Disons que parfois la vie est farceuse, tout ce que je raconte est strictement vrai.
Voilà pourquoi je n’ai pas mis 5 étoiles : « oui, et je déteste cette nouvelle approche de la vie qui proscrit la tristesse et la mélancolie. »
En ce qui concerne ton vieux commentaire, j’y souscris totalement, mais la relecture efface cette impression de redite sans intérêt. Quant à la localisation, cela reste vrai mais permet également d’avoir un peu plus de décors ensoleillés, surtout lors des voyages du personnage.
Je comprends totalement cette histoire de collection. Je n’ai rien qui ait autant de valeur mais quoi qu’il en soit, mes bds et mes cds iront à mes enfants, ils en feront ce qu’il voudront, sachant surtout que même si ils ne s’y intéressent pas, ils en connaissent la valeur sentimentale, étant eux-mêmes collectionneurs de vinyles et de mangas (et mêmes quelques cds)… Ils pourront y faire le tri, garder des trucs et revendre le reste.
« Il avait en effet des éditions rares et numérotées, des planches originales de Kirby (!) et savait que ses enfants ne s’y intéressaient pas. Il envisageait alors de les revendre de son vivant ce qui m’a fait pas mal réfléchir à ce que nous amassons et nous léguons dans notre vie. »
Mais quelle différence qu’il s’en sépare de son vivant plutôt que ses enfants s’en séparent après sa mort ? Si ce n’est qu’il va s’en séparer plus tôt alors que c’est important pour lui.
Bon…sauf si au final il s’en fiche un peu de ses trésors. Mais sinon, je ne vois pas pourquoi on se prendrait la tête sur ce qui va se passer après notre mort. On sera mort, on ne pourra pas être dégouté de voir notre famille jeter des trucs de valeurs. Et peut être même qu’ils seront assez malins pour en tirer un bon prix.
Donc à part si t’as besoin de l’argent que ça représente…je ne vois pas pourquoi il faudrait se séparer de ce que nous apprécions. On se les ai procurés pour nous mêmes après tout. S’en séparer pour que d’autres ne s’en séparent pas est…étrange.
Je n’avais jamais entendu parler de cette BD que vous semblez tous avoir lu…
Quel étrange concept, je ne suis pas sûre que je m’y retrouverais.
Très bon article en revanche… Cet oraison funèbre était.. particulière… Et navrée pour le décès de ton membre « rapporté ». En espérant, en effet, que ta cousine te rappelle le plus tard possible…
Merci beaucoup Kaori ! Oui, DAYTRIPPER avait fait pas mal de bruit à sa sortie, en 2012 en VF. Mon oraison funèbre essaie piteusement de singer celles que l’on peut lire dans la bd…
J’avais bien aimé le concept qui est un peu une démonstration et un jeu de narration.Ce que je préfère des frères d’ailleurs…
Je cale ça un peu entre Pratt et Naoki Urasawa.
Merci Eddy, c’est intéressant ta comparaison. Pourquoi Pratt ? L’exotisme ?
Il faudra que je le trouve un jour, celui-là. J’avais bien aimé les Casanova de Fraction illustrés par les frangins Bà/Moon, et le principe m’intrigue : imaginer le chemin qu’on n’a pas emprunté, The road not taken cher à Robert Frost. Mais si chaque voie aboutit à la mort du protagoniste, sa vie réelle est-elle réellement « le meilleur des mondes possible » ? (mais n’ayant pas lu le comics, je me fourvoie probablement ^^)
Je ne peux qu’être sensible à ton expérience, que le hasard des publications rapproche de mon propre retour. Marrant comme nos vies se projettent sur ce que nous lisons : aurions-nous eu la même appréciation de DAYTRIPPER ou de TELLOS en les lisant à un autre moment, dans d’autres circonstances ?
Merci beaucoup JB ! J’ai complètement loupé les Casanova de Fraction alors que j’avais très envie de me les lire… j’ai loupé le coche comme on dit… Je sais que Présence les avait aimé.
Tu peux facilement trouver ce Daytripper : il a été réédité par Urban en octobre 2022 !
Quant à ta dernière question, je préfère ne pas m’y pencher tant elle est vertigineuse.
Pour Casanova, dans l’idée, j’ai trouvé cela assez proche de Nextwave dans le sens d’action compressée. Beaucoup d’idées concentrées en peu de pages, ce qui change de pas mal de comics moderne (je ne citerai pas d’auteurs chauves omniprésents dont le style tend à la décompression).
J’ai NEXTWAVE dans ma PAL à cause de JP
Daytripper, très très grande bande-dessinée.
Chef d’oeuvre.
Ah je n’aurais pas pensé que tu l’aimes autant ! Tant mieux 🙂
Je suis complètement passé à côté de cette BD que presque tout le monde semble avoir lu. Le trop plein de hype a eu, comme souvent avec moi, un effet inverse et repoussoir. C’est quand même exceptionnel le succès de ce bouquin, surrtout pour un comicbook qui reste en principe un marché de niche. Là, on est carrément dans le best-seller dont tu vois des spécimens et des articles laudatifs dans tous les coins culturels.
Ton article me fait un peu réviser ma réaction. Il est sûrement dispo dans ma médiathèque. Je regarderai. Le sujet est original et c’est toujours bien comme point de départ. Et si en plus il y a de l’émotion…
Quant à moi le point qui me fait le plus envie est que ça se passe au Brésil, le pays où j’ai le plus envie d’aller au monde, et où je n’ai encore pas eu l’occasion de me rendre (ça a failli, mais ça ne s’est pas fait).
La BO : La vache, ça n’a toujours pas pris une ride ! 🤯
Ravi de te faire changer d’avis Tornado ! J’espère que tu reviendras nous en parler ici… J’adorerais aussi aller au Brésil (et partout ailleurs en fait). Tu as raison pour la BO. Impressionnants et toujours écoutables donc.
J’identifie immédiatement un article de Jyrille grâce à sa forme toujours aussi soignée, en l’occurrence pour celui-ci une oraison funèbre.
Je retrouve bien toutes les caractéristiques qui m’avaient marqué, il y a maintenant… 12 ans !
La chronologie n’est pas linéaire, les sensations, les ressentiments, ou le déroulé erratique des aventures amoureuses, familiales et professionnelles, l’inspiration des lieux de vie au Brésil pour créer cette bande dessinée, les couleurs réconfortantes, le texte semblant parfois sortir d’un cours de yoga ou d’un manuel de développement personnel, la structure qui fonctionne admirablement bien.
Je n’avais pas pensé aux télénovelas : maintenant que je l’ai lu, c’est une évidence.
J’avais passé un excellent moment à découvrir dans le désordre les fragments de vie de Brás de Oliva Domingos de 11 à 76 ans. Les auteurs nous promènent dans les différents âges de la vie, au travers de ses joies et de ses peines. Ils ne souhaitent pas donner au lecteur des leçons de vie, mais seulement illustrer essentiellement deux points de vue philosophiques qui n’ont rien de révolutionnaires (leur thématique m’évoque Les trois questions, de Tolstoï), mais qui sont superbement présentés et argumentés en douceur et en tout simplicité. Chaque épisode pris indépendamment raconte une anecdote intéressante en elle-même avec un début, un développement et une fin bien nette, selon une trame linéaire facile à suivre. Chaque fragment mis bout à bout compose une riche tapisserie (même si cette image n’est pas très originale, elle prend tout son sens dans ce cas précis) pour aboutir à un récit plus consistant qui connaît lui aussi un aboutissement satisfaisant. Je recommande chaudement ce récit qui dans une forme simple présente un système da valeurs basiques, mais pas obsolètes pour autant.
Merci beaucoup Présence, pour les gentillesses et les retours. Je reconnais immédiatement un commentaire de Présence grâce à ses retours précis et bienveillants 😀
Oui, douze ans en VO, comme pour Enigma, il me faut un certain temps pour pondre un article…
Je ne connaissais pas du tout les Trois questions de Tolstoï (toujours pas lu, mais j’aime beaucoup ce que je connais de Dostoïevski et de Nabokov : franchement ils sont forts ces écrivains russes), merci pour la référence qui remet en perspective toute la bd, chapeau bas.
Complètement d’accord avec ton idée de tapisserie, c’est tout le sel de cette bd en effet, et pour ma part je l’ai mieux ressenti à la relecture, tout comme tu as bien raison de la conseiller pour ses valeurs. Comme je l’ai dit, je ne vois pas pourquoi je devrais m’en séparer, elle est sans doute une bonne amie à certains moments.