CAPED OU PAS CAPED ?

Une review en teamup de BATMAN:CAPED CRUSADER

Des témoignages discordants de  DOOP O’MALLEY et JP NGUYEN

Ses longues oreilles vont un peu siffler… ©DC / Prime Video

Annoncée depuis mai 2021, la saison 1 de BATMAN : CAPED CRUSADER (BCC) est sortie le 1er août 2024 sur Amazon Prime, avec 10 épisodes de 22 minutes. Le showrunner n’est autre que Bruce Timm, déjà à l’origine, dans les années 90, de la très appréciée adaptation BATMAN : THE ANIMATED SERIES (BTAS).

Pour cette nouvelle mouture, les auteurs nous promettaient du noir, tendance polar poisseux, en visant un autre public que celui de BTAS. Grand cru ou breuvage amer ? Deux chroniqueurs vous livrent leur avis sans filtre.

Préparation et planification

JP : Après BTAS, je n’avais jamais recroisé (à la cape – sic) d’adaptation animée batmanienne du même niveau. Avec Bruce Timm aux manettes de BCC et le parti-pris de raconter une nouvelle fois la légende du Chevalier Noir dans une déclinaison différente, j’étais curieux comme on pouvait l’être à la lecture d’un Elseworlds ou d’un arc de la série LEGENDS OF THE DARK KNIGHT : qu’allait donc donner cette énième variation sur un thème que je connaissais déjà si bien ?

Doop : Pour ma part, j’ai eu une approche assez différente. En toute honnêteté, je ne suis pas du tout un fan des dessins animés et encore moins des séries animées quelles qu’elles soient. De fait, je n’avais vu que quelques épisodes du BATMAN THE ANIMATED SERIES et j’ai regardé cette série parce que je devais en faire un article pour Bruce. Pas sûr que j’y sois allé sinon. Pour moi, Bruce Timm, en dehors des designs, ça ne me parle pas beaucoup. Je préfère le travail de Paul Dini sur les comics Batman. J’y suis allé la fleur au fusil et je n’avais aucune information sur le concept de la série, juste le nom de Brubaker dans les crédits. Je ne savais même pas que c’était censé être un elsewords ou un truc situé dans les années 30.

Le trailer officiel

Une nouvelle donne avec quelques réussites…

JP : Dans les coulisses de BTAS, les auteurs avaient maintes fois témoigné qu’ils avaient dû faire des compromis par rapport à un programme destiné aux jeunes téléspectateurs. En regardant BCC, j’ai eu l’impression que Bruce Timm donnait vie à sa version personnelle non-édulcorée, mettant l’accent sur l’ambiance polar vintage et utilisant des designs de costumes des années 40 : pour Batman et Catwoman, notamment. J’ai trouvé que le relooking des personnages était assez heureux, notamment Bruce Wayne qui n’a plus un nez minuscule.

Doop : je ne sais pas si je mettrais ce côté “adulte” dans les bons points car pour moi, rien dans la série ne me semble choquant ou poussé. Il n’y a ma foi que très peu de violence. En tout cas rien qui ne m’ait choqué. Les designs sont en revanche très réussis même si finalement, l’idée ne consiste qu’à reprendre les costumes créés par d’autres dans les années 50.

JP : En redémarrant sur une autre continuité, BCC peut tout reprendre à zéro et raconter différemment des histoires déjà adaptées dans BTAS ou ailleurs.

Doop : Oui, et c’est cet aspect que j’ai trouvé pas mal. Notamment la redéfinition d’un personnage : le Pingouin. Cette nouvelle caractérisation, qui arrive dès le premier épisode, permet de faire beaucoup plus de choses avec un personnage déjà utilisé et à bout de souffle scénaristiquement. Malheureusement, l’évolution du reste du casting, même projeté sous une autre forme, reste sans grande surprise. Harley et Harvey resteront des méchants.

On retrouve toujours les mêmes, parfois en couleur ©DC / Prime Video

… et pas mal d’échecs

Doop : Comme c’est moi le ronchon du groupe, je vais commencer par ce qui m’a le plus gêné : le manque total d’ambition dans la trame de chaque épisode. Il y a une sorte d’erreur de casting assez terrible en la personne d’Ed Brubaker (qui ne doit signer que deux ou trois épisodes sur les 10). Je veux dire, on prend Ed Brubaker pour son côté film noir, on s’attend à ce genre de chose, eh bien non ! En dehors du design, bien évidemment. On ne sent absolument pas la patte de l’auteur et c’est très mièvre. Narrativement, c’est extrêmement pauvre. Les intrigues de chaque épisode sont totalement inintéressantes et pas originales pour deux sous. On a déjà vu ça des dizaines de fois. Il y a quelques passages obligés avec Harley Quinn ou Harvey Dent qui forcément sont un peu plus denses mais dans l’évolution, il n’y aura rien de surprenant. Pour le reste en revanche, on a l’impression d’un vilain random à chaque épisode que les auteurs sont allés chercher dans un fond de catalogue. Et là on touche à ce qui m’irrite le plus : la surabondance des clins d’oeils pour cacher la misère. Il y a une histoire avec un règlement de compte : prenons le vilain ONOMATOPEIA créé par Kevin Smith dans les années 2000 ? Quel est le rapport ? Les scénaristes de la série ont tiré au sort ? L’histoire avec Catwoman est d’une faiblesse extrême mais pas grave, on lui a mis son costume original ! Alors tout va bien ! On a une histoire de fantômes toute moisie mais on va détourner l’attention en utilisant  dans l’intrigue Papa Midnite de … HELLBLAZER par Jaimie Delano ? Mais à qui s’adresse cette série ? Du fait, c’est loooong, on s’ennuie à mourir. Dans un épisode, Batman sauve des orphelins qui n’ont quasiment aucun développement. Ce n’est pas un problème, on va juste les appeler Dick, Jason, Stephanie et Carrie. Comme ça, le fan pourra mettre derrière les personnages tous ses fantasmes sur les Robin. Bon, Tim ou Damian, pour des raisons de parité, ils ont disparu. Et encore une fois ça détourne l’attention sur la pauvreté de l’histoire.

Une saison 1 sans le Joker ©DC / Prime Video

JP : Concernant Harley et Harvey, je trouve que les changements apportés sont intéressants. Harley n’est pas introduite et définie comme la groupie du Joker, elle a droit à sa propre histoire avec ses propres motivations. Quant au procureur, j’ai trouvé sa caractérisation encore différente de la série BTAS, du film de Nolan ou encore du LONG HALLOWEEN de Jeph Loeb et Tim Sale. Il est borderline, ambitieux mais c’est dans un sursaut de probité qu’il commet l’erreur qui le perdra.

Doop : Oui, mais globalement, ça reste un procureur ambitieux qui devient fou après s’être pris une flaque d’acide dans la figure. Et à partir de ce moment, il devient un double face plus que classique à mon sens. Quant à Harley, c’est un point qui m’a énormément énervé. Mais j’en parlerai un peu plus bas.

JP : De son côté, Barbara Gordon n’est pas seulement la fille du commissaire mais aussi une avocate de la défense, un rôle que je ne me rappelle pas l’avoir vu tenir précédemment. La corruption de la police de Gotham est illustrée à travers les détectives Bullock et Flass. Pour le premier, c’est un changement notable par rapport aux déclinaisons précédentes où il était seulement le balourd de service, amateur de donuts. Pour le second, il diffère des versions de Frank Miller dans Year One et de Nolan dans Batman Begins. Dans BCC, Flass est un afro-américain un peu dandy mais toujours ripou.
Un changement qui m’a un peu heurté, c’est la relation très distante avec Alfred, que Batman appelle Pennyworth pendant presque toute la saison. Cela m’a semble étrange dans la mesure où Alfred s’est occupé de lui depuis l’enfance.

Doop : Pour Barbara, il fallait lui trouver quelque chose en rapport avec son père et l’univers Batman. De fait, avocate fait sens. On n’allait pas la laisser bibliothécaire. Mais j’aime le personnage, il est bien exécuté, mais encore une fois, il ne s’éloigne pas trop non plus de la Barbara que l’on connaît. Quant à Bullock, dans la mesure où il fallait un traître pour montrer la corruption de la police, eh bien on a tout simplement choisi le gros quadragénaire blanc. Le seul de la police, avec tiens, Corrigan. Pour moi cela ne va pas plus loin que ça.

Bullock et Flass, les Ripoux ©DC / Prime Video

JP : Dans cette ambiance polar, j’ai trouvé que les épisodes 6 – Cavale de nuit et 8 – Une proie dans la nuit amenaient une rupture de ton assez malvenue, avec l’introduction d’éléments surnaturels.

Doop : Oui, là tu as tout à fait raison : on s’attend à une intrigue de roman noir et on a au minimum deux épisodes qui se rapportent à la magie, avec Batman confrontant un chevalier fantôme qui n’aurait rien à envier aux méchants de Scoubidou (son introduction est quasiment identique). Ou pire : des vampires. Déjà que les incursions de Batman dans le fantastique sont assez foireuses en général, là cela m’a totalement sorti du contexte de la série.

JP : Une autre insertion pas toujours réussie : l’intégration du cahier des charges “moderne”. Outre le Pingouin, déjà cité, qui a été rebaptisée Oswalda, James et Barbara Gordon sont devenus afro-américains, Harley Quinn est asiatique et drague ouvertement Renée Montoya. A titre personnel, je suis sensible et favorable à la représentation des minorités dans les œuvres de fiction. Dans mon enfance, j’ai regretté l’absence de figures auxquelles m’identifier, à part, Bruce Lee… Cependant, l’univers de la série évoquant fortement les années 30-40, le ripolinage aux couleurs woke me semble jurer avec l’ambiance recherchée. Quitte à introduire ces changements, les auteurs auraient pu montrer les difficiles conditions des personnes de couleur et des homosexuels à cette époque.

Pour la Batmobile, on a connu des designs plus inspirés… ©DC / Prime Video

Doop : Alors oui, on ne peut pas ne pas le remarquer, cette volonté de changer les genres, de mixer les couleurs. Mais clairement, pour le coup, le point que tout le monde relève sur le Pingouin est pour moi la seule idée originale de la série qui apporte quelque chose. Après, le seul truc qui commence à m’énerver un peu c’est que désormais, dès qu’on voit un homme blanc quadragénaire ou plus, on peut être certain que c’est lui le méchant. Et effectivement, tu as tout à fait raison quand tu dis que cela aurait pu être un moyen de montrer la condition des personnes de couleur à l’époque.

Pour Harley Quinn, cela m’a énervé d’une force! Tu mets quelqu’un qui semble d’origine asiatique : génial ! On est dans les années 30/40. Franchement, la condition des asiatiques à cette époque était simplement catastrophique aux USA (et on a un peu trop tendance à l’oublier). Tiens, pour référence, je conseille à tous THE GOOD ASIAN de Pornsack Pinchetchote, un comics extrêmement riche sur ce sujet que vont publier nos amis de KOMICS INITIATIVE. Et là on en fait quoi ? Un personnage qui n’a aucune motivation. L’émancipation de Harley Quinn du Joker est un élément fondamental dans le personnage. Là non seulement on l’enlève, mais ce par quoi on le remplace  et qui aurait dû être pertinent est creux et vide. Peut-être qu’on aurait pu la définir justement par cette difficulté d’intégration, mais non.

JP : Parmi les réalisations en demi-teinte (sic), je citerai aussi le générique de début, composé d’images en noir et blanc. Si elles posent bien le décor, elles restent peu marquantes, de même que la musique. Je pense toutefois avoir un biais découlant de ma grande affection pour le générique de BTAS.

Mais justement, BTAS avait bénéficié de musiques originales pour CHAQUE épisode ! Je me souviens notamment d’une version jazz du générique pour l’épisode A BULLET FOR BULLOCK. Pour BCC, la bande-son m’a semblé trop discrète et fade. Bon, c’est pas que j’aurais réclamé un truc disruptif tel que LA DANSE DES CANARDS mais je trouve que c’est quand même une occasion manquée.

Non, je ne te balancerai pas l’adresse de Doop ! ©DC / Prime Video

Doop : Punaise, la danse des canards, j’aurai totalement adhéré (ou du Philippe Katerine). Mais je t’avoue que la musique et le générique, j’ai tendance à ne pas y faire attention. Plus généralement, c’est la faiblesse technique qui frappe dans ce dessin animé. On sait bien que les techniques d’animation des séries américaines sont souvent très rudimentaires, mais là, j’ai trouvé la réalisation aux fraises. La plupart du temps, quand les personnages se déplacent, on dirait qu’ils flottent tellement l’animation est torchée. Alors on pourra trouver ça joli mais cela ne repose que sur le design. Pas étonnant que Gotham soit systématiquement une ville fantôme, sans aucun habitant, cela facilite l’animation. Donc même sur ce point c’est très décevant.

JP : C’est un point où ma comparaison avec BTAS serait plutôt favorable à BCC : les décors sont dans la même veine mais avec de meilleures finitions. Pour ce qui est des personnages “flottants”, cela me semble constitutif du style propre aux cartoons de la Warner dont les deux dessins animés sont des descendants. Et pour certaines scènes d’action, comme le passage obligé où Batman neutralise un à un des malfrats dans un entrepôt/une ruelle, j’ai trouvé que c’était plus réussi que dans BTAS.

Morceaux choisis

JP : Parmi les 10 épisodes, mes préférés sont le 2 “… et n’être qu’un scélérat”, avec Clayface, une itération différente de BTAS, avec un mix entre plusieurs versions du comicbook et les 9-10 avec la conclusion de l’histoire d’Harvey Dent.

Celui avec Clayface a une bonne ambiance de plateau de tournage et un vilain tragique comme je les affectionne. De plus, le traitement graphique du pouvoir de Gueule d’Argile se démarque de ce qui avait été fait auparavant, pour un rendu moins spectaculaire mais plus inquiétant.

Doop : Alors j’ai vraiment aimé le premier épisode pour cette fraîcheur sur le personnage du Pingouin. Même si la fin est expédiée en deux secondes et qu’on ne revoit plus la personne. Je pense aussi au début de l’épisode 3, celui où Bruce doit passer du temps avec la psy nommée Harley Quinn. J’en ai longuement parlé plus haut. Parce que cela aurait pu amener des choses sur ce personnage. Je m’attendais à un traitement à la Hugo Strange, mais malheureusement par la suite, on ne fera de Harley qu’une simple personne dérangée. Il faut dire qu’en enlevant le Joker de l’équation, Harley Quinn n’a en l’état aucun intérêt. Mais ça commençait bien et on aurait pu vraiment en faire une méchante de qualité et réinventée. Là ce n’est pas le cas.
Oui, les deux derniers épisodes avec Harvey Dent sont potables, mais là on enlève du coup toute originalité ! On revient sur un récit classique de Batman, qui aurait pu tout à fait rester dans le cadre de la série originale. Et puis, Double Face a été quand même vachement aseptisé : son visage, avec des points noirs, ne marque pas tant que ça, ce qui prouve que la série s’adresse en dépit de ce que l’on veut nous faire croire, à un public assez jeune.

“Alfred, je cherche toujours les bonnes idées dans ma nouvelle série, ne m’attendez pas pour dîner!” ©DC / Prime Video

JP : Pour le visage de Double Face, je trouve au contraire que c’est un choix intéressant de montrer juste un visage détruit, dénué de touches fantasmagoriques. Et puis, au lieu d’introduire un vilain récurrent, Harvey Dent est tué en se sacrifiant, c’était quand même une surprise pour ma part…

Doop : oh, les morts ne durent jamais très longtemps dans les comics !

Le mot de la fin

JP : Pour conclure, sans m’enthousiasmer outre-mesure, BATMAN CAPED CRUSADER m’a bien diverti et j’ai visionné toute la saison en 3 jours. J’y ai trouvé ce que je cherchais : un bat-thème travaillé dans une nouvelle déclinaison, avec son lot de figures imposées, de surprises et d’inspirations plus ou moins heureuses.

Doop : Encore une fois, on nous a survendu un truc. On nous a promis du Bruce Timm, du Ed Brubaker, du Batman violent et adulte. Il n’en est rien. BATMAN CAPED CRUSADER est pour moi une série qui certes se démarque sur ses designs mais dont les intrigues principales sont soit très classiques, soit totalement nulles. Surtout quand on utilise le fantastique. Et comme d’habitude, on cache la misère par des références. Après, en toute honnêteté, ce n’est pas mauvais. Et je pense que quelqu’un qui ne connaît pas trop Batman et qui aime ce genre d’animation à l’américaine sera satisfait. Mais pour ma part, je me suis ennuyé comme jamais : je me suis forcé à aller jusqu’à la fin pour cette chronique uniquement et j’aurais arrêté dès le troisième épisode. Certains épisodes sont tellement ennuyeux que je suis parti faire autre chose et que je les ai regardés en deux ou trois fois : ce qui est assez significatif quand cela ne dure que 20 minutes. Je ne sais pas à qui ça s’adresse. Pas à moi. Mais je ne peux pas légitimement dire que c’est totalement pourri non plus. C’est juste très moyen et très oubliable !

Le verdict de JP :

Le verdict de Doop :

On aurait aimé plus d’éclairs de génie… ©DC / Prime Video

/////

La BO du jour :

23 comments

  • JB  

    Merci pour cette discussions, messieurs !
    Pas encore vu cette série. Mais les adaptations animées de Batman ont à mon sens l’habitude de varier les tons. The Batman était plus porté sur l’action et un Batman plus débutants et souriant que le sombre héros de Timm. The Brave & The Bold était un renvoi aux délires décomplexés du Silver Age et aux team-ups qui ont fait la part belle au personnage dans les années 70-80. Je suis encore curieux de découvrir Beware the Batman et son héros visuellement bas de plafond…

    Les oreilles de ce batou renvoient aux débuts du personnage, un retour aux années 30-40 qui font écho à la récente sortie du Bat-Man de Dan Jurgens. Le physique enrobé d’Alfred est aussi celui des débuts du personnage dans les comics, surprenant quand on est plus habitué au mince majordome moderne. Mais il me semble qu’à cette période, Alfred était encore un employé ignorant les activités de Bruce, plutôt qu’un père de substitution.

    Comment ça, on ne pouvait pas « laisser Barbara en bibliothécaire » ?! Révolte !

    On a tendance à tout interpréter comme « woke », mais les personnages de Batman réimaginés avec une autre ethnie, ça ne date pas d’hier : Eartha Kitt en Catwoman dans la série des années 60, Billy Dee Williams en Harvey Dent dans le Batman de Tim Burton…

    Onomatopeia est principalement lié à Green Arrow mais il a un rôle notable dans les minis Batman: Cacophony et surtout Batman: The wydening Gyre.

  • Manu  

    Merci les gars pour le partage de cet échange d’avis. pour ma part, j’ai arrêté de regarder la série après l’épisode sur Harley. j’ai l’impression d’assister à une ressucée de ce qui a marché pour BTAS, tout en calant au chausse-pied de nouvelles idées pour les rendre plus acceptables aux tendances actuelles. j’ai beau essayer de chercher dans mes souvenirs, rien ne m’a marqué réellement. En ce qui me concerne, ce n’est ni bon ni mauvais : c’est extrêmement fade. je n’irai pas jusqu’au bout de la série et ça ne me manquera pas.

  • Jyrille  

    Meri et bravo les gars pour ce beau texte fluide, on a pas mal de billes pour se faire une idée de cette itération. Je dois dire que vous m’avez refroidi, surtout pour ce qui est des changements à la Netflix : pourquoi pas mais alors pas dans un univers des années 30, ou alors disons-le directement, c’est un autre monde parallèle. C’est d’autant plus étonnant que le visage de Double Face semble plus réaliste que pas mal de versions précédentes, notamment celle de BTAS. La BA est alléchante et en plus des noms que vous citez, on voit que Matt Reeves et J.J Abrams font partie de l’aventure : ces auteurs devraient en effet être gage de qualité.

    Je suis toujours en train de visionner BTAS la série originelle. Pour le moment, j’ai vu une quarantaine d’épisodes, il doit m’en rester 25 à voir avant de relire l’article de JP. Et déjà je peux dire que l’animation n’est clairement pas le point fort de ce DA qui semble de surcroît être totalement destiné à la jeunesse. J’ai du mal à me dire que chaque épisode a sa propre bande-son qui me semble très classique. Mais j’en reparlerais une fois finie.

    La BO : c’est pas mal je trouve.

  • Eddy Vanleffe  

    Je ne me suis pas tenu au courant de cette version du personnage.
    les changement ne sont là que pour faire parler à mon avis…
    J’ai très peu d’attirance pour cette « mode » pour la bonne et simple raison qu’il n’y a qu’adapter certains ars pour avoir le même résultat, Gotham regorgeant de personnages féminins ou de couleurs qui n’attendent que ça de pouvoir avoir leur place au premier rang. Je pense immédiatement à la fille qui reprend la marionnette de « Scarface » dans le passage de de Paul Dini. THE Phantasm du film aussi etc…
    Pour la diversité, Cassandra Cain, Katana (c’est le cas dans Beware of the Batman). l’inspecteur Crispus Allen et Montoya existent déjà…
    ça accentue pour moi le coté « porte manteau » des personnages. il n’ont plus d’existence par eux mêmes puisqu’ils changent à chaque fois de couleur, de personnalité, de métiers etc…
    Bref, encore un truc que je ne regarderais pas de si tôt, ayant un agenda bien bloqué pour la prochaine année…

  • Bruce Lit  

    Un bon teamup comme JP les affectionne avec Doop en bon grincheux.
    Je ne savais pas que Brubaker était de l’aventure mais même malgré ça, je passe outre tout simplement parce que je n’aime pas les DA de super-héros que je trouve toujours à la ramasse en comparaison des japonais.
    Même pour les Xmen 97 que tout le monde semble avoir trouvé géniaux et que je considérais déjà comme ringard à l’époque.
    Alors je ne vais pas m’aventurer dans Gotham avec qui je n’ai aucune affinité. Et ce d’autant plus que j’avais vu une dizaine d’épisodes de la série classique sans aucune passion.

  • Présence  

    Je n’avais même pas entendu parler de cette série.

    J’ai trouvé que le dialogue entre JP et Doop fonctionne à la perfection, insufflant un rythme vif à l’article au point de regretter qu’il se termine si rapidement.

    De ce que j’ai compris à la lecture, il s’agit d’une interprétation assumée comme telle, un Esleworld, amalgamant des éléments rétro et des spécifications dans l’air du temps (en particulier sur la représentativité). C’est-à-dire un compromis entre une vision d’auteur et un cahier des charges.

    Les exemples cités sont très édifiants. Effectivement, on a du mal à percevoir la logique à utiliser des personnages comme Onomatopeia et Papa Midnite, dont la saveur provient de la personnalité de leurs créateurs, respectivement Kevin Smith & Jamie Delano, c’est-à-dire quasi impossible à retranscrire sans eux. Je comprends également la déception si la saveur de l’écriture d’Ed Brubaker ne ressort pas, perdue dans des intrigues trop classiques.

  • Sébastien Zaaf  

    Merci à tous les deux pour ce retour. Je dois avouer que j’avais décidé en amont de votre discussion de ne pas regarder cet animé. La justification de Bruce Timm sur Oswalda m’a paru bancale. Dire que l’univers de Batman manque d’antagonistes féminins m’a semblé relever de la mauvaise foi. C’est sûr que la « patte » Brubaker est alléchante mais s’il n’en ressort rien… il y a pourtant de quoi faire avec un Bat qui évolue dans les années 30. J’y reviendrai bientôt avec First Knight.

  • JP Nguyen  

    @JB : oui, tu as raison, les précédentes adaptations avaient toutes leur style aussi. A la rigueur, je pense que dans le tas, à part BTAS, c’est THE BRAVE AND THE BOLD qui était le plus fun, même si certains moments étaient assez lourdingues…

    @Manu : je suis allé au bout de la saison mais c’est vrai que je n’ai pas d’argument massue du type « il faut que tu voies l’épisode xx » ou « tout devient hyper-intéressant après l’épisode y ».

    @Cyrille : BTAS a vu sa réalisation sous-traitée à divers studios, le personnel de Warner Bros n’assurant que les storyboards. De mémoire, certains studios faisaient de meilleures animations que d’autres (par exemple l’épisode avec Manbat et la poursuite aérienne)

    @Eddy : il y a un équilibre qui s’est un peu perdu entre les « variantes » qu’on pouvait lire dans les Elseworlds (et qui allaient pourtant parfois assez loin dans les changements) et les remaniements conséquents qui font qu’un personnage garde un nom mais change « trop ». Et le curseur du « trop » varie en fonction du lecteur… En hors sujet, j’ai lu que le réalisateur du film Joker avait déclaré que la Harley du film était totalement différente du comics. Ajouté à un Joker aussi différent de la BD, à un moment, on peut se demander pourquoi il a utilisé la « marque » Joker…

    @Bruce : si tu n’as pas accroché à BTAS, je ne peux rien faire pour te faire changer d’avis… Hélas, il n’y a pas d’épisode faisant référence à James Dean…

    @Présence : « un compromis entre une vision d’auteur et un cahier des charges. » Très bien formulé. Ce qui est étonnant, c’est que BTAS avait aussi son cahier des charges par rapport au programme destiné au jeune public mais qu’au final, ces contraintes avaient donné un résultat plus fluide et digeste…

    @Sébastien Zaaf : à la réflexion, Brubaker le scénario de 3 épisodes, dont celui du dernier, et on peut y voir sa patte dans le jusqu’au-boutisme de Harvey Dent/Two Face et sur son issue tragique (là où Two-Face aurait « juste » mis en prison dans BTAS)

    Et merci à Doop pour s’être laissé convaincre de refaire un teamup en reprenant le rôle du détracteur. J’affectionne le format du dialogue pour les teamups. Avec de la préparation et de la planification (sic), ça donne des articles assez vivants.

  • Loïc  

    Votre échange est parfois dur à lire quand vous allez du côté de « ils nous ennuient ces Wokes à faire de l’homme blanc le méchant »… Déjà, factuellement c’est faux et ensuite je préfère m’attacher aux valeurs intrinsèques d’une œuvre plutôt que la juger via des procès d’intention.
    Concernant la question : à qui s’adresse ce show ? Réponse : à tout le monde.
    J’ai regardé les dix épisodes en compagnie de mon fils de dix ans. C’était notre rdv hebdomadaire commun et nous avons pris beaucoup de plaisir tous les deux.

  • Tornado  

    J’hésite encore à le regarder.
    Je pense pencher du côté de JP, parce que je me moque complètement des changements par rapport à la continuité des comics et je n’attends pas de révolution non plus. Les seuls changements qui peuvent m’irriter sont sur les personnages, si je ne les reconnais plus du tout et si ça ne sert à rien au final (si c’est mal fait, en somme. Comme à peu-près tout le woke en général -et c’est dommage).
    Je suis très attiré par le côté « années 30/voyage dans le temps », avec le décorum art-déco qui va bien. Mais comme le dit JP, plutôt que de mixer les minorités ethniques comme si de rien n’était, ça aurait été vachement plus intéressant, au contraire, de dénoncer le racisme de l’époque. Ça aurait été une bonne petite leçon d’histoire pour les nouvelles générations.

  • Doop O Malley  

    Ben là pour le coup, factuellement dans cette série c’est vrai. Les méchants sont Bullock, flass et Corrigan. D’ailleurs je pense que si tu lis l’article en entier, on ne peut pas vraiment le taxer d’anti-woke et d’être totalement mesuré dans les propos. Donc non, pas de procès d’intention. Juste faire remarquer que l’envie de diversité est tellement mal exploitée et intégrée qu’elle nuit au propos.

    • Loïc  

      Flass est noir…

  • Loïc  

    Et j’ajoute que la diversité est pour moi un non sujet. Je ne crois pas que Warner ait communiqué sur le thème, « regardez on est progressiste on a transformé Gordon et sa fille en afro -américain ou regardez nous avons des personnages gays ». Pour moi ils sont là, et ce n’est pas au sens propre le sujet de cette série. Je suis très agacé par cette mode de conspuer et de voir du woke partout. Est-ce qu’on peut considérer que la couleur ou l’orientation sexuelle d’un personnage est accessoire dans thé cape crusader ? Selon moi (et mon fiston) : oui.

  • JP Nguyen  

    Il me semble que mes propos sont très mesurés et que, à au moins deux reprises, j’exprime le fait que les changements étaient positifs.
    Toutefois, à d’autres endroits, je trouve que ce n’était pas le cas. Je n’ai rien « conspué » du tout.

    Néanmoins, faisant partie d’une minorité ethnique, je vais reformuler : la question de la représentativité dans les oeuvres de fiction n’est pas une question accessoire, pour moi.
    Il est important que les castings soient plus diversifiés plutôt qu’uniformisés façon WASP.

    Ce qui coince, c’est quand c’est balancé au chausse-pied ou mal négocié/exploité. Et là, avec le cadre années 30, je trouve que c’est bancal. C’est un peu comme la Chronique des Bridgerton. Je trouve que cette oeuvre crée un passé fantasmé qui n’a jamais existé et refuse de voir le problème en face. Et ça jure à côté d’un réel où les nationalismes et les communautarismes sont plus vivaces que jamais.
    Et si vous me rétorquez que ce n’est que de la fiction, moi je vous dirais que la fiction a toute son importance et qu’elle a d’autant plus d’impact lorsqu’elle se fait l’écho et le reflet, même déformé, de la réalité.

  • Loic  

    C’est juste qu’il y a deux approches différentes et qu’elles sont belles et bien à ne pas confondre :
    – Soit on réalise une œuvre de fiction qui traite du sujet des minorités. C’est le thème, le choix du créateur ou de la créatrice qui a envie d’y consacrer une œuvre.
    – Soit, on inclue dans une œuvre de fiction de la diversité, mais pas cette fois pour en faire le sujet. On inclue cette diversité parce qu’on a envie d’être pluriel dans la représentation graphique (ou non) de ses personnages.

    Alors au delà de mélanger les deux intentions, je crois comprendre que ce qui vous gêne c’est la période choisie qui aurait été riche pour évoquer le racisme. ok. Mais ça pourrait (selon moi) être valable si on était dans un univers réaliste. Pour le coup, à aucun moment je ne me suis dit en regardant CC qu’on était dans notre vrai monde correspondant à notre vraie histoire. Dans ce Elseworld, ça ne semble pas être un sujet.
    Comme dans Bridgerton, Les Anneaux du pouvoir ou même pour moi car les créateurs ont fait le choix de la deuxième intention. Pas la première (qui aurait été tout aussi honorable hein).

  • Doop O Malley  

    Je réfute le terme conspuer. On analyse, on passe du temps à dire pourquoi on n’a pas aimé et pourquoi ça gêne. Quand à la communication, elle a été aussi basée là dessus. (Brubaker et son manque d’ennemis féminins forts). Est ce que l’orientation ou la couleur n’ont pas d’incidence dans la série ? Pas sur.
    Donc si tous les personnages avaient été blancs et hétéro dans la série ça ne vous aurait pas gêné alors ? Vous n’auriez pas râlé sur le manque de diversité ? Malheureusement on vit dans une époque où tout est exacerbé sur les réseaux. Je trouve qu’ici on livre une réaction hyper mesurée, très loin de l’anti woke primaire de base.
    Ce que je veux dire, c’est que le changement de couleur, de sexe, d’orientation sexuelle est ici un véritable choix. Certains fonctionnent (le pingouin), d’autres absolument pas (harley) car justement, cela nie les problèmes rencontrés par les homosexuels et les asiatiques dans les années 30. De fait, en voulant les représenter, on les invisibilise. C’est peut être paradoxal mais clairement c’est mon ressenti (qui vaut le votre).Et je crois qu’il faut arrêter d’être naïf assi. Bien sûr que les producteurs savaient qu’un pingouin féminin allait faire parler. Pas besoin de le mettre en avant. La toxicité des réseaux allait fatalement le faire.
    Mais je m’interroge. À mon sens l’article est d’une neutralité sans faille. Et c’est surprenant de se prendre un procès « anti wokisme » alors que clairement ce n’est ni l’objet, ni une des démonstrations de cet article. Sign O the times.

  • JP Nguyen  

    Oui, avec ce dernier commentaire , tu cernes bien la question. On se comprend mieux même si on n’est pas d’accord.
    Je n’ai pas pas les mêmes attentes de « véracité » entre un univers fantastique de Tolkien et un univers Batmanien, certes non réaliste, mais dans un cadre urbain et une période historique quand même connoté. Mais c’est mon horizon d’attente, et j’accepte tout à fait que d’autres voient les choses autrement.

    • JP Nguyen  

      Je répondais à Loïc.

      • Loic  

        Et je t’ai répondu aussi mais il semble que mon commentaire se soit envolé. Hu hu, pas grave 🙂

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *