SPIDER-MAN par Todd McFarlane OMNIBUS
Un article de DOOP O’MALLEYLe Spider-Man par Todd McFarlane OMNIBUS est sorti en Janvier 2024. Il contient les épisodes 1 à 14 puis le numéro 16 de la série SPIDER-MAN de 1990 ainsi que l’épisode X-FORCE 4. Les numéros sont tous réalisés par Todd McFarlane au scenario et aux dessins, aidé parfois à l’encrage par Rick Magyar. L’épisode de X-Force est quant à lui réalisé par Rob Liefeld.
Que se passe-t-il dans cet omnibus ? Peter Parker est oppose à CALYPSO, la petite amie de Kraven, poursuivi par le LEZARD, confronté à MORBIUS, au SUPER-BOUFFON et à WENDIGO. Il fera d’ailleurs équipe avec Wolverine !
Une analyse similaire à celle de Doop, très axée sur le dessin de McFarlane, est à retrouver sur la chaîne de STYLE COMICS VIDEO.
Pour tous les lecteurs des années 80/90, le SPIDER-MAN de Todd McFarlane est une véritable madeleine de Proust. Car n’oublions pas que toute la vague des dessinateurs rois en France est restée assez confidentielle à l’époque. Les productions Image ne sont arrivées que bien plus tard chez SEMIC. Et de fait, Todd McFarlane, pour les lecteurs français, c’est un peu l’un des seuls qui avait eu droit à une publication réalisée sur son nom propre avec des versions intégrales de grande qualité. On nous l’avait vendu comme un phénomène et avec ces V.I. notre ami Todd était en train d’asseoir en France sa position de superstar. Tout comme Jim Lee et ses X-Men. Et qu’est ce que j’avais pu aimer ces épisodes à l’époque ! Je devais avoir 16 ou 17 ans, je n’avais jamais été en contact avec de la VO et je n’avais pour référence que ce qui était sorti en France, autant dire pas grand-chose. C’était pour moi une véritable révolution, avec un ton nettement plus sombre que j’avais très peu vu avant (un peu dans la publication WATCHMEN d’Arédit ) et assez gore. Je me rappelle être allé chez le marchand de journaux de mon quartier pour photocopier quelques pages du Spider-Man de McFarlane histoire de mettre en valeur mon cahier de texte. J’avais découpé des dizaines de cases de Spider-Man, avec sa toile spaghetti et collé des tonnes et des tonnes d’images un peu partout. Et à l’époque, cela n’était plutôt pas bien vu par les autres élèves. C’était une véritable révolution graphique pour ma part et scénaristique. Pas de surprise si l’un de mes premiers comics VO étaient un SPAWN n°11 je crois, avec un X-Men n°300 à couverture holographique. J’étais totalement dans la cible.
Panini réédite donc ces épisodes en 2024, après les avoir déjà sortis dans de nombreux formats, dont un BEST OF reprenant exactement les mêmes numéros mais au prix de 35 € en 2015. Sauf que là nous sommes dans un format OMNIBUS, donc à 50 €. Mais pour un monument des comics, ça vaut quand-même l’achat…
Sauf que lorsque vous relisez cet épisodes 30 ans plus tard, le Spider-Man de Todd McFarlane s’apparente plus à une grosse désillusion qu’à une relecture agréable. Pour vous dire, et dieu sait que j’ai une tolérance assez monstrueuse pour des tonnes de récits moyens, j’ai même eu du mal à finir le récit. Ne serait-il pas temps de sortir un BULLSHIT DETECTOR des familles ?
Les souvenirs sont traîtres. La réalité est douloureuse. Pourtant, ce volume ne commençait pas si mal que ça. Les cinq premiers épisodes constituent un premier arc qui met aux prises notre tisseur de toile face au lézard, devenu totalement incontrôlable car possédé par Calypso, la petite amie de Kraven le chasseur qui, de fait, a une certaine dent contre notre héros. J’avais ces images en tête d’une course poursuite dans les égouts, d’un récit assez dur et adulte. Et en fait non.
Ce premier arc ne fonctionne en réalité que graphiquement. McFarlane se fait réellement plaisir, en produisant des pages qu’il n’aurait pas pu faire sur la série régulière, avec beaucoup de sang et de violence. Il multiplie les détails, rend des compositions totalement dingues où Spidey vole à travers les immeubles de New-York. C’est impressionnant. Et il y a un véritable style. Après, il y a toujours un problème en ce qui concerne sa représentation des personnages humains. Autant les déformations de McFarlane fonctionnent sur des monstres, des ennemis et même sur le héros, autant ses agencements graphiques sont parfaits pour mettre en scène des combats dantesques, autant lorsque McFarlane doit dessiner la réalité ou les personnages secondaires évoluant dans leur quotidien, on a beaucoup plus de difficultés à y croire.
La seule relation que propose McFarlane entre Peter et Mary Jane, c’est cette dernière qui le chatouille lorsqu’il est torse nu ou qui l’attend parce qu’il ne rentre pas. Et ce n’est pas très bien dessiné.
De fait, et je pense que McFarlane en avait conscience (ce n’est pas ce qui l’intéresse, tout simplement), il ne se consacre pas du tout à cet aspect. Ce qui a pour conséquence de proposer, de fait, une histoire un peu creuse. Il est seul maître à bord et peut se permettre de réaliser un scénario qui n’est là que pour mettre en valeur ses dessins.
Et c’est un euphémisme. Il ne se passe en effet strictement rien dans ces cinq épisodes (Spidey se fait poursuivre par le Lézard tout du long). Il se bat, est ensanglanté, continue à se battre pour finalement arriver à une conclusion … qui ne résout rien. Où est passée Calypso ? Que se passe-t-il à la fin ? McFarlane fait ses armes en tant que scénariste et sa conclusion n’est pas satisfaisante. Ses dialogues sont assez pompeux aussi et peuvent se ramener à du sous JM De Matteis. Et on reste vraiment sur notre faim.
Je n’imaginais pas qu’il ne se produisait quasiment rien dans cette histoire. Peut-être parce qu’il avait fallu attendre un peu pour avoir la suite en VF. Mais clairement, McFarlane donne au lecteur des pages magnifiques de posters, reliées entre elles par des compositions assez faibles et une histoire trop alambiquée. On est dans du sale, du gore, mais cela n’en fait pas un récit adulte pour autant. La violence et le trash gratuit n’est finalement que l’apanage d’un passage de lecteur, qui va évoluer vers d’autres genres au bout de quelques années. Et ce n’est pas parce que l’on voit un Kraven dont il manque la moitié du cerveau apparaître au détour d’une case que Spider-Man se veut une œuvre mature et adulte.
C’est le gros problème des publications de cette époque. Quoique, on pourrait retrouver exactement le même problème de nos jours, avec le BATMAN de Scott Snyder ou un VENOM adulés parce que « glauques ». Mais encore une fois, cela avait fonctionné chez moi, j’étais la cible et je n’avais pas mesuré ça !
Dès le deuxième arc, qui oppose SPIDER-MAN et le GHOST RIDER au SUPER-BOUFFON qui a enlevé un enfant, on sent que l’artiste tire déjà la langue. L’histoire est encore une fois une énorme scène de combat monstrueuse contre des démons, mais les compositions sont beaucoup moins travaillées, beaucoup moins détaillées que précédemment. La morale de l’histoire sur les héros qui doivent sauver les innocents et ne pas devenir aussi terribles que leurs ennemis est classique, et l’émotion semble véritablement forcée. Mais au moins on comprend les tenants et les aboutissants du récit cette fois-ci.
Deux épisodes qui se résument à un affrontement et une conclusion qui est : ne tuons pas car nous sommes des héros. C’est peu. Surtout que pour noircir son propos, Mc Farlane n’hésite pas à rendre ses personnages plus monstrueux, à multiplier les apparitions choc. Sauf que cela ne suffit toujours pas à rendre le récit plus important. Mais bizarrement, alors que je m’attendais à un épisode catastrophique, il a pour moi beaucoup plus fonctionné que le précédent.
Et on continue avec le troisième récit, PERCEPTIONS, où le WENDIGO est accusé à tort d’avoir tué trois jeunes garçons. On voit ce que McFarlane essaye de faire, et parfois c’est réussi, comme lorsqu’il met en parallèle la réalité et ce que les gens veulent en voir. Le public attend que l’on sacrifie un monstre, et c’est ce qu’il aura. Cela marche d’ailleurs parfaitement avec le fait que Peter travaille pour un journal. McFarlane nous introduit même une autre journaliste, représentant un peu toutes les dérives de la profession et n’hésite pas à parsemer son histoire de manchettes de journaux.
Le premier numéro permet à l’artiste de situer et de construire son récit avec des clins d’œil autour du Canada, son pays de naissance. Et c’est un peu lourd. Ça prend surtout énormément de temps par rapport au récit, dont la résolution ne nous est donnée que dans les toutes dernières pages et paraît un peu facile. McFarlane utilise le thème des pedocriminels et des tueurs d’enfants pour rendre son récit plus dur, plus adulte, mais cela reste très superficiel et surtout, McFarlane le dépose là, comme un cheveu sur la soupe, trop rapidement. De fait, on n’est pas horrifié par ce qu’il se produit.
Autant il réussit à décrire la volonté de la foule d’avoir du sang, autant il a du mal à montrer l’inhumanité. Il réussira un peu plus avec l’histoire de Billy Kincaid dans SPAWN. Mais on sent qu’il prend un plus de plaisir au niveau de l’histoire, même s’il y a encore quelques difficultés et notamment une intrigue encore trop longue pour le sujet. Niveau dessins, McFarlane doit se résigner à faire appel à différents encreurs, et on peut remarquer des changements d’une page à l’autre.
Après il se fait plaisir en introduisant tous les personnages canadiens de Marvel mais c’est encore trop peu pour faire de ce récit une réussite. Scott Lobdell dans un numéro de LA DIVISIONALPHA réussira beaucoup mieux en ce qui concerne la disparition d’enfants. Et en un seul numéro.
La dernière arche narrative, SUB CITY, est à mon sens la pire. C’est de fait l’antichambre de la série SPAWN puisqu’on y retrouve notamment un personnage ressemblant à VIOLATOR, ainsi qu’un récit qui tourne autour de clochards abandonnés. Ils sont contrôlés par MORBIUS, le vampire, qui va donc affronter notre héros dans les souterrains. Comme il fait ce qu’il veut, Todd McFarlane ressort le costume noir du placard (c’est plus facile à dessiner) sous un prétexte fallacieux et nous livre peut-être la scène la plus ridicule de tout l’ouvrage, à savoir Spider-Man qui utilise des clochards pour se faire une protection ! À la relecture c’est affligeant. On sent que l’idée n’est que graphique, que les intentions de McFarlane sont à priori plutôt bonnes, mais que l’exécution va parfois à l’encontre du message principal de son récit. Le scénario est assez mou, les retournements de situation assez farfelus et justifiés par des tonnes de dialogues qui ne marchent pas. Je ne me rappelais pas que les dialogues de McFarlane étaient aussi mauvais !
Le dernier épisode, le crossover avec X-Force est une catastrophe. McFarlane n’arrive pas à reprendre les personnages de Liefeld et … c’est vraiment moche. L’histoire, soyons lucides, est inexistante et c’est véritablement le pire numéro de ce recueil. Mc Farlane n’est pas prêt pour les séries de groupe, où il doit multiplier les actions et les personnages, il ne s’en sort pas ! Même Rob Liefeld semble plus à l’aise.
De fait, à la relecture de ce volume, on a souvent l’impression que McFarlane introduit et multiplie les moments crades ou les histoires sordides au forceps. Elles ne servent pas son récit mais existent uniquement pour essayer de donner du contenu et se démarquer. McFarlane a certes énormément d’énergie, d’envies mais cela ne fonctionne pas, parce qu’il débute en tant que scénariste et qu’il n’a pas la notion de ce qui constitue une bonne histoire.
Les intrigues sont longues, terriblement longues tellement il ne se passe rien (cinq numéros pour Wolverine et Spidey poursuivant un tueur d’enfants au canada) et mine de rien, la qualité graphique baisse au fil du temps. Les épisodes avec Morbius (et surtout X-Force) se rendent de plus en plus rapidement coupables de raccourcis simples et visibles par un œil un peu plus aguerri, surtout comparé aux 5 premiers. En clair, ce SPIDER-MAN PAR MC FARLANE OMNIBUS ne voit son intérêt à la rigueur que pour son premier arc. Et encore ! C’est un joli exercice de style qui aurait pu être la mini-série représentative de toute une époque (le début des années 90), c’est-à-dire un comic-book où le dessin prend le pas sur tout le reste. Reste qui est soit redondant, soit sans intérêt scénaristique. En étant méchant, on a un peu l’impression de voir un élève de collège certes doué, mais qui essaye de réaliser la plus grande pièce de théâtre du monde sans jamais en avoir lu. De l’énergie, de l’effort mais qui ne survit malheureusement pas à une relecture.
La BO du jour : C’était facile.
Un article pas méchant du tout en fait ! Où il y reste quand même de l’amour pour ces pages de comics. Ça se sent.
Du coup, il devrait essuyer moins de réactions haineuses que mon article sur le Phénix noir… 😀
Je n’ai pas lu ces épisodes à l’époque de leur sortie originelle. Je ne lisais plus de comics à ce moment-là. Je les ai lus lors de mon retour, dans les années 2000, où ils avaient encore le statut de référence (dans les 3 tomes de la collection Bethy (avec les supers éditos de Jennequin), que j’ai toujours mais que je n’ai encore jamais relus).
J’avais trouvé ça relativement sympa. Pas transcendant, c’est sûr, mais valant le détour. Pourquoi ? Et bien justement pour cette vision fond/forme dans laquelle l’artiste se détache du récit classique (une intro, un développement, une conclusion) pour proposer davantage une expérience immersive et sensorielle. En celà (et même si le scénario en tant que tel était un prétexte balancé à l’arrache), je trouvais que McFarlane était un artiste (ou tout au moins il proposait une approche artistique), plus intéressant que tous ces tâcherons de l’écurie Marvel qui, en dehors de Miller et DeMatteis, ne proposaient que des histoires tartignoles pour enfants de six ans au km. Dans ce sens, si on enlève DeMatteis, Spiderman était une catastrophe industrielle à coup de récits racontés de manière laborieuse et infantile (je m’infligeais alors une par une, sous la torture, les intégrales Panini de la période 70/80 pour refaire mes lectures d’enfance…). Du coup, cette approche conceptuelle était un vrai bol d’air frais.
Maintenant, le temps a certainement dû faire son affaire et il est effectivement probable que la chose ait à son tour mal vieilli.
La BO : Connais pas du tout. Je n’aime pas beaucoup mais un titre à la fois, notamment le matin pour se réveiller une fois comme ça, pourquoi pas. Le passage bruitiste est un pur cauchemar, par contre…
Excellent article ! Pour moi toute cette période sonne creux. L’émergence des futurs dessinateurs d’Image m’a laissé dubitatif. L’accent mis soudainement sur la violence ne me convenait pas. Côté Spider-Man c’est notamment l’époque, si je me souviens bien, où Mary-Jane passe de « girl next-door » à bimbo, et puis Venom, Carnage et compagnie… Même Jim Lee, pourtant excellent dessinateur, me laissait froid avec ses personnages à deux expressions : badass et ultra-badass. Et ne parlons pas du père Rob… Silvestri était encore mon préféré, à mi-chemin entre les tendances.
Tout ça, c’est pour moi des leçons de Watchmen et Dark Knight non digérées.(« ah, on a droit au cul et à la violence maintenant ? » « non, pas au cul. La violence, si vous voulez… » « Cooooool ! ») Le Spider-Man de McFarlane en est très représentatif pour moi.
Bref, les 90s, pas ma période préférée. Je pense que c’est ma première pause « comics » avant « Heroes Return ».
Ha… McFarlane…
J’avais stoppé la lecture de Spider-man (vo) à l’époque au 303 ou 304 .. son style ne me convenant pour pour le perso et j’avais suivi de loin en loin son Spider-Man (le premier numéro que j’achèterais de cette série est le 17 .. par Annie Nocenti, Rick Leonardi et Al Williamson) … (et je reviendrais sur les différents titres SM, pour le 30me anniv quelques mois plus tard).
McFarlane et son Spider-Man, ou il prends sa revanche sur « l’école » Marvel !!
McFarlane bien que repéré/lancé par la Marvel (dans les Backup du Coyote de Englehart en 1985) va rééllement commencer à se faire une réputation avec la reprise in-extremis de Infinity Inc ou il ne devait être que remplacement le temps d’un ou 2 numéro.. (il y restera 2 ans) – avec un style déjà ‘in your face’, fait de splash pages, et d’insert de têtes ..
A son retour à la marvel , il lui sera imposé de suivre la « méthode marvel » de storytelling (moins in your face, moins de splash …) et cela tiendra jusqu’au milieu de son run sur Hulk… ou ses tics de dessins reviennent vite … On le sent moins sur les 2 premiers AMSM, encrés par McLeod ..puis après le 300 , la « descente » ou le retour de ses tics graphique va prendre de plus ne plus le pas sur le reste. Tant qu’il a Peter David (surtout) ou David Michelinie pour le tenir au scenario, (et un editor qui le recadre un peu, ou lui demande de refaire des pages).. ca passe assez bien … mais sur SM (adjectivless) c’est la fête à Neuneu (je les ai lu après ses Spawn.. trouvés d’occase, pas cher).
D’ailleurs, quand on regarde ses premiers Spawn (surtout le premier) qui sort moins de 6 mois après le dernier Spider-Man qu’il réalise, on s’aperçoit que le père Todd a fait comme tout les bons débutants, il a été lire Will Eisner (Comics and Sequential Art) et surtout Scott Mc Cloud (Understanding Comics : The invisible art) dont il reproduit la structure de certaines planches ^^ (et je ne parlerai pas de ces reprises de Frank Miller. j’ai fait la même chose à l’époque).
Le Spider-man de McFarlane est la fin de son adolescence, son coût de gueule final contre le système (marvel).
Voilà un Bullshit bien mesuré finalement…
Je ne peux qu’être d’accord même si de mon point de vue, même si ces épisodes ont perdu leur pouvoir de fascination ( car à l’époque, on n’avait jamais vu ça et l’ambiance était braiment bonne) je relis quand mêmes ces arcs (enfin les 3 premiers ) avec plaisir aujourd’hui.
1-Oui la qualité graphique baisse d’épisode en épisode …les deadlines étant la bête noire des « golden image boys » ça commençait déjà à poindre.
2-Todd était un distrait qui oubliait la queue du Lézard une page sur deux…et ça me fait toujours marrer ce détail)
3-le scénario est objectivement pas génial mais au service d’un ambiance poisseuse et malsaine à souhait (le bouffon qui défigure un gosse, les cadavres pleins de mouches, les sous entendus)
4-le premier arc s’inscrit dans la logique de la série qui veut régulièrement Spider-man se bat désespérément, en prend plein la gueule et se relève toujours plus amoché…une tradition depuis Ditko qui a des échos avec Firelord, Morlun, etc…je trouve quand même qu’il fonctionne bien.
C’était effectivement l’époque où les dessins prenaient le pas sur les scénarios et rétrospectivement, on peut voir ça avec un certain dédain, c’était aussi une émancipation de ces artistes enfermés souvent dans un style maison et qui ont forcé des épaules pour se faire reconnaitre à une valeur sans précédent. Dans la douleur et le bordel, les choses ont abouti à la naissance d’Image qui reste historique ( au même titre que Legend chez Dark Horse, Valiant, tous des renégats du mainstream qui ont voulu explorer les méandres de l’auto-édition).
Cette période aujourd’hui me fascine dans ses délires et ses excès…
Bonjour Doop.
Je garde de bons souvenirs notamment graphique de ce comics. Déjà il correspond (l’arc avec Windigo) à ma reprise des comics. Je n’ai donc pas connu en direct l’émergence des Image Boys, mais avec un léger différé (il me semble que j’ai repris les X-Men quelques numéros avant X-TINCTION AGENDA, avec Jaaska aux dessins).
Je me rappelle que la publication en arc suivait une suite de 5 – 2 – 5 – 2. Je trouvais cela cool.
C’était quand même du comics adulte, parfait dans la transition pour ceux qui souhaitait sortir du comics pour enfant. Et puis il y avait quand même de sacré thèmes sociétaux évoqués : les SDF, la pédophilie, la pauvreté….
On est d’accord que les Image Boys ne sont pas des bons scénaristes, mais honnêtement cela se relie assez bien mine de rien.
Mais surtout quelle claque graphique. Il y a quand même une débauche d’énergie dans ces planches assez impressionnante. Et aussi beaucoup de détails. C’était rare de voir ce type de dessins chez les big two à l’époque. Je ne te suis pas sur les personnages en civil mal dessinés. C’est le trait de MacFarlane tout simplement. Ils sont très nombreux les dessinateurs de comics qui ne sont pas à l’aise sur les personnages en civil, préférant tous s’éclater sur du fantastique, qui gomme les défauts.
Le mini cross-over avec X-Force est rigolo surtout car les planches sont toutes en orientation paysage.
Je ne pense pas qu’il faille de nos jours investir dans ce type d’album, mais je trouve qu’il procure encore de belles sensations de lecture, surtout graphiquement.
la BO : jamais aimé KORN. Mais forcément connu pour sa pochette dessiné par MacFarlane.
Le Superman de McFarlane correspond à la période où je découvre des comics comme Hellblazer ou The Sandman et où les présentoirs consacrés aux comics Marvel me filent une irrépressible envie de gerber. Autant dire que ça se situe aux antipodes de ce qui pouvait m’intéresser.
Jamais lu ce truc et je ne le lirai certainement jamais.
La BO : du Faith no more de seconde zone. Jamais aimé.
A l’époque McFarlane s’assumait comme un inclute n’ayant jamais lu un roman de sa vie, il n’aimait que les comics et le base-ball et le disait clairement. Son écriture l’a clairement démontré car un bon scenariste ou écrivain doit avoir beaucoup lu avant, n’est ce pas Chris Claremont.
Cet homme a bluffé son monde un certain temps avec ses dessins mais n’a pas pu tromper les fans de comics à la recherche d’histoires de qualité. Son Spiderman Omnibus restera un plaisir coupable.
A McFarlane revient toutefois le crédit d’avoir su féderer la bande de dessinateurs qui ont co-fondé Image Comics.
Et la toile Spaghetti… ^^
Après le western spaghetti… le comics spaghetti! lol
Lus sans déplaisir à l’époque, ces épisodes et je crois… jamais relus depuis. ça m’avait pas retenté.
Merci pour cet avis. Bravo pour avoir illustré le mal des comics des années 90 : le malentendu sur la raison du succès de Watchmen et autres DKR, croire que la seule violence est le signe d’une écriture mature. Bon, après, Image Comics montrait bien l’intention de ses créateurs : l’image, le style graphique avant toute chose (la forme avant la substance). Encore aujourd’hui, les auteurs confondent encore le gore à outrance et la violence stylisée avec maturité d’écriture (je pense à un Mark M. …)
J’ai peu de souvenir de ce run, à part Calypso qui prend des poses invraisemblables ici ou là. Et puis suivre JM DeMatteis sur l’après Kraven, faut oser
Encore moins d’opinion sur cette série : les VI Spider-Man me paraissaient hors de prix et j’ai lu le SPIDER-MAN de Todd McFarlane très en retard. J’avais croisé le tandem Michelinie/McFarlane sur Strange et la tronche allongée des personnages ne m’a pas plus impressionné que ça (un team up avec Captain America et Silver Sable contre l’organisation Ultimatum, bof mais au moins, McFarlane n’y était pour rien).
Je suis tout à fait d’accord avec toi, à la nuance prés que déjà à l’époque je trouvais ça nul ^^ J’ai tenu 3 ou 4 épisodes achetés en VO (ah l’effet d’une bonne campagne publicitaire) mais je trouvais l’atmosphère à coté de la plaque ou, en tous cas, totalement inadapté à Spiderman ! A fond dans le mélo obsessionnel tout de suite, ça sortait vraiment de nulle part. J’avais eu l’impression que McFarlane voulait faire du sous Miller, sauf que ça ne fonctionne pas du tout sur ce personnage ! Bref un scénar peu crédible où, comme tu le dis, il ne se passe pas grand chose, et côté dessin c’est encore pire ^^ Je n’ai vraiment jamais accroché à McFarlane (qu’il se contente de faire des jouets, merci). Bref cette série annonçait le pire à venir : Spawn !
N’ayant jamais lu ça et n’ayant aucune velléité de le faire, tout est découverte pour moi ici à l’exception de la couverture tellement réussie et reprise du Tisseur. Je ne suis donc que spectateur d’un BD qui comme d’habitude ne me parle pas. D’ailleurs ça veut dire quoi « V.I. » ?
Tu as raison pour les scènes du quotidien, enfin vu le scan que tu mets. De toute façon je ne suis pas du tout fan du trait de ces dessinateurs. J’aime beaucoup ton passage sur la définition de bd adulte.
La BO : très bien (et super clip) (même si j’ai toujours du mal avec ce son de basse hyper compressé) et d’époque donc, c’est le premier critère non, Doop ?
Ah mais oui ! Choisir des musiques, c’est pour moi une catastrophe. Je n’ai jamais d’idées, je n’ai jamais rien qui corresponde. Et donc pour trouver un truc qui colle, qui plaise et que je connaisse, c’est chaud. Ma culture musicale est une culture hyper mainstream, qui s’arrête potentiellement vers 2010. Donc bon, j’ai un peu truqué en mettant des titres pourris au début histoire de rigoler, mais là, c’est dur dur ! Idem ici ! Je dois t’avouer que je n’ai même jamais écouté un album de Korn de ma vie !
Merci pour les précisions Doop ! En fait je ne savais pas que McFarlane était l’auteur de la pochette de l’album ni du dessin animé du clip en fait. Je ne connais pas du tout ce dessinateur. Même si je vois très bien de qui on parle lorsque j’entends Jim Lee, Rob Liefield, pour McFarlane et Silvetri c’est plus flou.
Pour la BO, si tu bloques, n’hésite pas à demander ! Je serais ravi de t’épauler 🙂
merciiiii
Les « VI » c’étaient les revues en versions intégrales. à l’époque, pour des raisons de pagination (et encore de censure parfois, mais moins qu’au début des années 80), Semic a lancé des magazines qui échappaient aux règles des 10% de matériel informatif (les Le Saviez Vous ? et autres trucs mille fois recyclés qu’on a dans Strange à l’époque) parce qu’ils ne contenaient qu’une seule série, en général 2 épisodes, et donc pouvait passer au régime des « albums ». ça a commencé avec Facteur X et Daredevil, avant de se généraliser un peu.
Merci beaucoup pour le cours d’histoire Lavitch ! J’adore, toute une époque résumée avec peu d’informations finalement.
Alors grand fan du Todler je suivais en vo avec délice ses Spidey scénarisés par Michelinie
Je n’ai pas relu depuis, mais son passage au titre en solo m’avait donné deux claques : une puissance de dessin hallucinante sur les tous premiers numéros, et une indigence totale de scenario sur tout son run
Le Todd de Spidey solo au dessin avec un vrai scénariste, quel pied ça aurait été
Peter-MJ « gratter le torse et l’attendre le soir » C’est cruellement vrai 🙂
c’est aussi le 1er nom que j’ai mis sur un dessinateur, du coup, je me retrouve dans ce qui est écrit !
j’aime les quelques récits que j’ai en intégrale Wendigo et celui contre Morbius mais ça ne motive pas pour un omnibus.
merci du partage
Un bullshit Detector bien soft n’en déplaise à certains chouineurs de Facebook qui ouin-ouinisent de tout leur saoul et capables d’emettre une opinion sans avoir lu une ligne de cet article complet et érudit. C’est un peu comme dire, ce film est nul rien qu’avec son pitch ou son affiche.
Bref, le bullshit detector n’en a pas fini de detecter les bullshiter et j’avouerai être un peu déçu de ne plus avoir ces récations.
Bref…
J’ai bien entendu lu ces histoires à leur sortie. J’étais en rupture de Marvel depuis plusieurs années et le combat contre Calypso, ces mises en pages bordées de noir me donnaient effectivement l’illusion que les comics avaient atteint l’a^ge adulte.
Je m’en procurai un exemplaire que je me fis une joie de lire dans l’amphi de la Sorbonne en signe de provocation ultime.
Au fil, malgré cette ambiance, j’en fus assez déçu : tout ça pour ça ? Je trouvais Peter et MJ particulièrement laids voire un peu beaufs.
Mais j’adorais les toiles spaghettis et la désarticulation du personnage.
En fait comme pour Jim Lee dont les 4 épisodes d’adieu avec Claremont décideront du style graphique pour les 10 ans à venir des mutants, McFarlane est plus un concepteur comme Millar après lui.
Mais j’avoue que je serai bien tenté de relire ces episodes que je trouve souvent plus nases à chaque lecture.
Korn : un bon groupe, de bons albums mais aucun chef d’oeuvre à leur actif.
Réaliser un scénario qui n’est là que pour mettre en valeur ses dessins. […] McFarlane donne au lecteur des pages magnifiques de posters, reliées entre elles par des compositions assez faibles : même en temps que bon public, c’est l’impression que j’avais ressenti, au point de ne pas aller jusqu’au bout de ces quelques numéros à l’époque de leur sortie. C’était trop creux.
Globalement d’accord sur l’article avec un parcours similaire : fan à la sortie et déçu en relecture des années plus tard.
Remarque sur la narration : sur tourment, il y avait des recherches pour que le texte et les images soient parfois en écho mais comme ça manquait de fond, ça tombait à plat (dommage, pour un texte répétant le motif de « prendre son envol »)