Le PUNISHER de Nathan Edmondson
Un article de JB VU VANVO : Marvel Comics
VF : Panini Comics
Cet article portera sur la série PUNISHER écrite par Nathan Edmondson. Publiée entre 2014 et 2015, elle suit le run de Greg Rucka et précède celui de Becky Cloonan. Le récit de Nathan Edmondson est principalement illustré par Mitch Gerads (son collaborateur sur THE ACTIVITY) et, ponctuellement, par d’autres artistes : Carmen Carnero, Moritat et Brent Schoonover.. La série est parue en France dans Marvel Saga n°4, 7, 11 et 12 avec une traduction de Nicole Duclos.
Attention, le texte qui suit contient des spoilers.
Los Angeles, la cité des Anges, accueille un nouveau justicier. Frank Castle y a suivi la trace d’un dangereux cartel, les Dos Soles, qui ont déployé une arme chimique dans un village du Mexique. Afin d’empêcher ce drame de se reproduire dans les bas quartiers de Los Angeles, le Punisher attaque les Dos Soles. Mais ce gang à l’ambition démesurée reçoit de l’aide haut-placée : des métahumains fournis par l’organisation terroriste AIM et, de façon plus inattendue, une unité black ops d’élite, les nouveaux Howling Commandos.
Ce run partait pourtant bien. Le premier numéro établit en quelques pages qui sont les Howling Commandos, les connaissances de Castle (un allié local qui le fournit en arme et une flic qui ignore son identité), montre l’arrivée fracassante de Castle à L.A. (à coup de bazooka sur le QG du gang) et propose quelques visuels un peu créatifs (le Punisher sous l’eau avec une perte de repère, un plan sur une bague du gang Dos Soles dominant la ville). J’ai même envie de dire que le premier arc est intéressant : le Punisher découvre un obstacle de taille en la personne d’Electro avec une bonne idée de mise en scène : à chaque torture infligée par le supervilain, l’électricité grille les synapses de Castle et endommage les souvenirs qu’il a de sa famille. Dans les intrigues secondaires, l’officier Stone, la flic que croise Castle, se laisse tenter par les méthodes expéditives du justicier.
Cependant,les problèmes arrivent rapidement. Commençons par le plus bénin : le costume. Edmondson et Gerads ajoutent une capuche à tête de mort au Punisher. Pourquoi pas, il y a plus radical. Edmondson justifie même cet ajout : c’est l’utilisation d’un gaz mortel sur une population civile qui a lancé le Punisher sur les Dos Soles, la cagoule lui sert de masque à gaz. Problème : Castle ne porte pas cet accessoire régulièrement, mais uniquement quand c’est pratique pour conserver son identité secrète vis-à-vis de la policière ou lorsque l’auteur en aime la symbolique : en effet, le masque fait aussi cagoule de bourreau. Au bout du compte, j’ai l’impression qu’on voit bien plus la cagoule sur les couvertures des comics que dans leurs pages !
Après les fulgurances des premiers numéros, les innovations graphiques se feront rares. Gerads propose de beaux plans sur la ville de Los Angeles en proie aux combats, mais rien qui atteigne la créativité d’un MISTER MIRACLE, à part quelques flous illustrant la violence du combat entre Castle et un héros et des visuels repiqués ailleurs (le Punisher annonce son retour en ville en affichant son logo sur une façade d’immeuble, 2 ans après Dark Knight Rises.) Les 2 épisodes de Carmen Carnero et celui de Moritat emploient un style très sobre, focalisé sur les positionnements tactiques des protagonistes.
Ça cafouille également niveau écriture. Ce comics est répétitif, mais répétitif… Le Punisher se fait capturer et s’échappe à 6 reprises en 18 numéros ! Il affronte 5 persos costumés (Electro, Domino, Crossbones, Black Widow et Sam Wilson – Captain America) et est à chaque fois largement surclassé. Si l’on sortait de Remender, ce rappel du rapport de force aurait eu sa place, mais Rucka a déjà montré la faiblesse de Castle par rapport aux métahumains. Comme c’était manifestement trop subtil, Edmondson trouve utile de rajouter en narration cette pensée brillante de Castle : “C’est un monde de super-héros et de super-vilains. Parfois, je suis pas sûr d’y avoir ma place.” Le plan du méchant part d’ailleurs du principe absurde que les héros Marvel ne s’occupent pas de la criminalité urbaine ou d’autres villes que New York. Los Angeles avait pourtant vu passer Moon Knight, les Runaways, Daken ou encore les Avengers de la Côte Ouest…
Répétitif, c’est une chose, mais Edmondson part également dans tous les sens, sans vraiment exploiter ce qu’il met en place. Dans les premiers numéros, le Punisher adopte un coyote (accessoirement, Mike Baron avait déjà eu l’idée plus de 20 ans avant), animal qu’il s’empresse de refiler à son fournisseur d’arme pour ne le reprendre qu’à la fin de la série histoire de justifier une scène tire-larme. La collaboration entre les Dos Soles et l’AIM, les motivations de Domino ? Oubliées après le premier arc. La raison pour laquelle Crossbones veut le Punisher vivant ? Jamais dévoilée. Le personnage de Rucka, Rachel Cole-Alves ? Elle sert de taxi à Castle pendant une paire de pages avant de disparaître.
Mais le plus nauséabond dans ce run, c’est l’idéologie. Le Punisher est un personnage casse-gueule. Le vigilante qui abat des criminels, c’est un exutoire fictif face à la criminalité, du revenge porn sur papier. Son créateur Gerry Conway s’est déjà exprimé à plusieurs reprises sur son sentiment quant à la récupération du sigle du Punisher, un antagoniste qui passe à 2 doigts de la bavure lors de sa première apparition, par la police ou par l’extrême-droite américaine, une tendance qui a conduit à un changement de visuel dans la récente série de Jason Aaron. Le positionnement de Nathan Edmondson est aussi radical que surprenant pour un comics Marvel : le Punisher, c’est trop cool, c’est un modèle pour les militaires ! Dans les n° 7 et 8 de la série, le Punisher se retrouve captif (encore) d’un cartel. Avec l’aide d’un autre prisonnier, un marine américain, il s’évade grâce à leur entraînement militaire commun avant de se livrer pour sauver la vie du marine. Ce court arc se conclut sur le marine qui revient sur le terrain avec un nouveau nom de code (Punisher) et arborant le crâne du Punisher en écusson.
Histoire inoffensive ? Un soldat américain qui porte l’emblème du Punisher, cela évoque le navy seal Chris Kyle, tireur d’élite connu pour avoir abattu 160 personnes durant l’invasion de l’Irak, et qui évoquait son adoption du symbole du personnage. En 2014, au moment où sort ce comics, la production d’AMERICAN SNIPER, l’adaptation des mémoires de Chris Kyle par Clint Eastwood, est en branle. L’année précédente, Chris Kyle était abattu et célébré en héros national, malgré les controverses qui l’entouraient (Kyle était perçu comme raciste, prétendait avoir abattu des pillards lors de la dévastation de la Nouvelle Orléans…) Si vous croyez que je vais chercher loin, il faut aussi savoir que Mitch Gerads, artiste du Punisher et collaborateur fréquent d’Edmondson, a designé un badge commémoratif pour la fondation Chris Kyle en utilisant le fameux crâne propre au Punisher ! Les 2 derniers numéros, qui font partie de l’event “Last days” qui voyait la mort (temporaire) de plusieurs personnages Marvel à l’aube du crossover Secret Wars, redonnent purement et simplement à Castle son statut de soldat.
Vous me direz, même Conway a indiqué qu’il pouvait comprendre l’adoption par les militaires du sigle du Punisher, au vu de son statut de vétéran. Mais Edmondson ne s’arrête pas là. Le Punisher fait des émules parmi les forces de police. L’officier Sam Stone abat dans le dos un suspect en train de fuir. Suspendue, elle décide d’acheter une arme et de s’attaquer à ceux qui ont tué son partenaire, avant d’être immédiatement arrêtée et de vivre un enfer en prison, où il est très fortement suggéré que les Dos Soles organisent son viol pour venger l’un des leurs (un viol uniquement utilisé pour pousser le personnage vers une direction particulière, la classe) On pourrait y lire un désaveu des méthodes de Castle, non ? Non. Le personnage de Stone rejette toute responsabilité pour les choix qu’elle a faits et cède à la propagande qui fait du Punisher le seul et unique responsable de ses malheurs.
Non, à la fin de l’histoire, on a l’impression que tous les personnages (excepté Stone qui l’était durant la série) sont des fans du Punisher et de ses méthodes. Les Howling Commandos ? L’une des membres avoue à Castle qu’il l’a inspirée à devenir soldat pour tuer les méchants. Un avocat idéaliste et initialement opposé à la violence du Punisher ? Face à la corruption des politiques, il déclare vouloir que le Punisher les fasse payer.Le final du run m’a laissé bouche bée : le Punisher traîne l’un des responsables de la dévastation de LA (un sous-fifre, en réalité) en public et l’abat devant une foule qui filme la scène en acclamant le justicier. Alors qu’un policier commence à tenir Castle en joue, sa collègue l’en empêche en disant “Ce n’est pas un criminel, c’est le Punisher”. Effectivement, ce n’est pas comme s’il venait d’abattre un homme désarmé sans jugement… Et les journalistes, qui peu avant avaient répandu la propagande officielle selon laquelle le Punisher était responsable des émeutes, de titrer “Le Punisher est de retour à LA. La ville est en sécurité”
Le Punisher n’est pas un héros à célébrer ou à imiter (ce qu’illustre très bien Garth Ennis), c’est un personnage tragique prisonnier d’une obsession destructrice. Le combat qu’il mène est un supplice infernal : Castle s’est lui-même condamné à répéter les mêmes actions, abattre les criminels, sans jamais mettre fin au crime et avec le risque permanent de commettre des injustices, ce qui finit par arriver avec Secret Empire quelques années plus tard. Edmondson n’analyse pas le personnage, ni même sa popularité ou les raisons de son influence, il justifie sa justice expéditive et en fait un héros américain, l’exact opposé de l’idée même du Punisher.
BO du jour : Après la lecture de ce run, j’avais besoin de ça !
Ce run m’a traversé le cerveau aussi vite que la lumière, je ne me souvient de rien de ce qui est décrit dans l’article…Bigre!
Alors ne hurlez pas hein?
Mais rien ne m’étonne vraiment
Le fait que le Punisher dans les années 80 soit passé de super vilains de Spider Man à héros de ses propres aventures qui flingue de la racaille à longueur de pages, serinant l’idée de l’impuissance de la police, des instances, elles même corrompues à fond de balle. c’est un public comme un autre, ma foi!
Marvel en a fait sciemment un héros alt-right…ses désaccords réguliers avec Spider-Man ou Daredevil ( des héros urbains mais sociaux) illustraient d’ailleurs la distance des auteurs.
En revanche, ce héros était destiné à un public cible, ça m’étonne de voir tout le monde à Marvel se pincer le nez en disant « Tiens, il est récupéré! » sans blague?
Les films, les séries en font toutes un héros, torturé, certes, mais héros de la tranche d’un pays cynique et sans pitié, révolté, il prend les armes!
Edmonson, apparemment, écrit ça avec un premier degré sans doute désolant mais révélant au grand jour le malaise de la symbolique de ce personnage.
Le grand ennui dégagé de l’ensemble est vraiment le truc qui m’a le plus dérangé, bien avant que j’analyse effectivement à quel point la fascination pour ce personnage puisse être dérangeante.
Je ne sais pas si tu as vu la série Punisher de Netflix, Eddy, mais ce n’est pas vraiment le cas. En fait, dans la série, il ne devient le Punisher tel qu’on le connaît en comics que dans les dix dernières secondes, avant ça, c’est une histoire de vengeance avant tout, et le personnage n’est pas forcément montré comme un héros.
Si il babysitte une gamine perdue contre un conglomérat de fous furieux politiquement corrompus
La série est intéressante pour ses thématiques sur le retour de la guerre, l’ennemi intérieur, la discours sur les armes (Castle est contre et Karen Page pour, et ça a le mérite de parler d’un thème sensible sans être manichéen-et même si le politique non violent s’avère être un gros hypocrite.
Par cette histoire de complot en Irak, la série évite justement de représenter le Punisher tel qu’il est, c’est à dire un tueur de truands…
La série n’aborde pas le sujet, mais en fait un héros comme tous les gros bras du cinoches des années 80.
Après je ne dis pas que la série est pourrie, j’aime bien Madani et la gamine et leur relation père/fille (je suis faible par rapport à ça!^^)
Oui, un héros, un action hero des années 80, mais pas le Punisher, au final.
Moui mais si l’un devient l’autre…quelle en est la finalité sinon de justifier celui qu’il va devenir…?
Après on se prend trop la tête,
Punisher, c’est quand même un exutoire de « pist-à-claque »comme les Rambo, Eastwood et autres trucs dans le genre…
il y a clairement une pulsion de « justice expéditive » mais c’est aussi cathartique.
Imaginons que demain on donne un an d’histoires de Castle à écrire, bon ben il va pas faire de l’animation dans les EHPAD non plus. On le fera tous rencontrer des triades, des cartels, des politiciens corrompus pour empiler un nombre impressionnant de cadavres et cela même si on parvient à mettre un discours intéressant dans le décor. ^^
Assez d’accord, le run a des problèmes de narration qui me semblent objectifs avant tout le ressenti que je peux avoir sur l’utilisation du perso ^^
Ah ah excellente la première légende ! Bon, voilà ce que j’appelle un vrai BS en bonne et due forme : c’est bien plus sur le fond que sur la forme que cela pose problème, et toute ton analyse est très bien venue sur ce personnage qui, comme beaucoup d’autres de la pop culture, sont mal compris (je pense évidemment au Comédien et à Rorschach mais également à Lolita) : tu appuies donc là où d’autres ont su écrire ce personnage, et il faudra bien qu’un jour, je me prenne les Punisher de Ennis.
Je n’ai pas vu le film de Eastwood, je n’en ai aucune envie (le monsieur devenant vraiment trop réac pour moi), je n’ai même pas lu la bd de Brüno et Fabien Nury à ce sujet (ça a l’air bien) : bedetheque.com/serie-68623-BD-Homme-qui-tua-Chris-Kyle.html
Je me souviens de cette histoire de policiers qui reprennent le logo du Punisher. C’est vraiment terrible quand un personnage de fiction devient le contraire de ce qu’il exprime.
En tout cas merci, je ne pensais pas lire ça un jour mais maintenant je pourrais en parler sans faillir, de ce run.
La BO : j’aime beaucoup ce premier album de Buffalo Springfield, je ne suis pas un grand connaisseur (ni de ses membres en solos même si un peu quand même), mais je suis fan de ce titre.
Le film de Clint Eastwood est un excellent film mais difficile à appréhender si on n’est pas américain. Il ne glorifie nullement le personnage mais compliqué d’avoir du recul pour cet « American Heros »
La BD : sans plus. Je l’ai trouvée plus indulgente que le film.
Merci pour les précisions Fletcher, j’étais persuadé que Chris Kyle était présenté par Eastwood comme un héros. Bon cela dit je n’ai toujours pas envie de voir ce film. Pour la BD ce sera à l’occasion alors (d’ailleurs Tornado, elle ne t’a pas tenté ?).
Si, je l’ai achetée (mais pas encore lue).
Quant à la BO, je rappelle l’avoir proposée ICI : brucetringale.com/if-youre-going-to-los-angeles-american-songs-rock-americana-les-origines/
La BO : J’avais été surpris d’entendre cette musique iconique au détour d’un épisode de Mannix et, en m’y intéressant un peu, étonné de voir que son écriture n’était pas lié à la Guerre du Viet Nam et aux manifestations contre celle-ci
Une itération du Punisher que je n’ai pas lue: ton analyse fait ressortir que Nathan Edmonson (et visiblement Mitch Gerads aussi) se sont appropriés le personnage et en donne leur version.
[…] le Punisher traîne l’un des responsables de la dévastation de LA (un sous-fifre, en réalité) en public et l’abat devant une foule qui filme la scène en acclamant le justicier. Alors qu’un policier commence à tenir Castle en joue, sa collègue l’en empêche en disant “Ce n’est pas un criminel, c’est le Punisher”. Effectivement, ce n’est pas comme s’il venait d’abattre un homme désarmé sans jugement… Et les journalistes, qui peu avant avaient répandu la propagande officielle selon laquelle le Punisher était responsable des émeutes, de titrer “Le Punisher est de retour à LA. La ville est en sécurité”.
A la simple lecture de ce §, on peut avoir l’impression que le scénariste laisse le choix au lecteur d’interpréter dans un sens ou dans l’autre : une justice expéditive caricaturale exposée en tant que telle, ou une forme de légitimation de ces exécutions sommaires. Ton analyse qui précède est imparable sur l’intention réelle de l’auteur, ça fait peur. Très révélateur la concommitance avec le film de Clint Eastwood et le badge commémoratif pour la fondation Chris Kyle.
Finalement le personnage de Castle devient un outil narratif à la merci de l’intention des auteurs.
Ah, je ne nie pas que cet article est très subjectif. Mais je n’ai jamais eu ce ressenti avec les runs de Chuck Dixon sur le perso, malgré la réputation de l’auteur.
« Finalement le personnage de Castle devient un outil narratif à la merci de l’intention des auteurs ».
Ca devient flagrant cette tendance la volonté de se réapproprier les personnages:
HOX/POX en a été un exemple flagrant aussi
SPIDER MAN LIFE STORY aussi est très bizarre de ce côté là (un discours sur la responsabilité/lâcheté du personnage est assez discordant)
Salut JB
Je me rappelle très bien la hype autour de ce titre, dont l’ambiance (couleurs) et les covers font très MIAMI VICE.
Je ne suis pas allé au bout pour les raisons que tu évoques fort bien. C’est mauvais et Edmondson démontre en effet qu’il n’a rien compris au personnage.
Problème de rythme également dans la narration. Soit trop lent soit trop rapide. Le fil directeur n’est pas lisible.
La capuche : gadget. ridicule.
C’est donc un gros bof. Bullshit mérité
La BO : tu es sur une excellente série. J’adore. Un titre qui me met toujours la pèche et provoque le sourire à chaque fois que je l’entends notamment dans un film (FORREST GUMP par exemple).
Jamais entendu parler de tout ça…
Pour moi le Punisher, désormais, c’est comme Daredevil : J’ai suffisamment de runs que je trouve géniaux pour me les relire jusqu’à la fin de ma vie sans avoir besoin d’en avoir de nouveaux (sauf si on me persuade d’un nouveau chef d’oeuvre, bien sûr). Je ne regarde plus ce qui sort après Ennis. Pas intéressé.
Si l’interprétation du personnage avait été malsaine (je veux dire dans l’utilisation de ses auteurs), je n’en aurais pas lu. Si je considère aujourd’hui ce personnage comme l’un de mes 5 super-héros préférés, c’est que j’ai adoré cette interprétation chez les auteurs que j’ai lus et sur les runs que j’ai aimés (je me souviens par exemple n’avoir pas du tout aimé le run de Matt Fraction et pas trop celui d’Aaron). Mais dans ce qu’en ont fait Dixon, Grant, DnA et Remender, par exemple, le personnage est sans ambiguïté pour le lecteur. Je veux dire c’est un personnage ambigü, bien sûr, mais pas son interprétation : Le lecteur perçoit très bien qu’il s’agit d’un personnage torturé et psychopathe, dont les actions ne sont acceptables à la lecture que sur deux points précis :
1) Ce sont des exutoires à travers lesquels le lecteur se régale de voir crever virtuellement les pires ordures. C’est inoffensif grâce au code moral indéfectible de la démarche (qui ne peut fonctionner que dans le cadre de la fiction parce que, justement, cette démarche ne souffre d’aucune ambiguïté).
2) Le personnage en ressort irrémédiablement damné. Son âme est sacrifiée pour que le lecteur réalise l’exutoire en ne se sentant pas souillé (puisque le personnage commet ses actes et finit damné à sa place).
C’est une incarnation très brillante d’un sujet ultra casse-gueule. Un trait de génie de l’entertainment.
Partant de là, un auteur qui ne respectee pas les deux points susnommés va forcément se vautrer dans la mauvaise direction : Ou bien on ne reconnaitre pas le personnage, ou bien ça va cesser d’être une lecture innocente…
Quant à ceux qui adoptent le logo du Punisher sans avoir jamais lu les comics en question, ils sont forcément à des années-lumières de ces deux conditions et de l’éthique des auteurs (les bons auteurs, donc)…
La BO : Oeuvre de chef.
Je te rejoins sur cette analyse. Après, c’est toujours intéressant de voir le travail d’équilibriste des auteurs sur cette délicate tension entre le personnage de tueur qu’est Castle et l’empathie que l’on peut éprouver pour lui. Mais à mon sens Nathan Edmondson se pète royalement la gueule dans cet exercice
Je n’avais jamais entendu parler de cette histoire ni de ce scénariste. Heu…qui c’est ? Il a écrit de bonnes choses parce que ce que tu en décris est assez embarrassant. Comme je l’écris à chaque article, Frank Castle a quand même la vie la plus merdique de l’univers Marvel !
Si la chose n’a jamais dépassé la publication kiosques c’est qu’il y a une raison !
Pour Marvel, Nathan Edmondson a notamment écrit Black Widow et Deathlok dans les mêmes temps (il y a d’ailleurs un crossover entre le Punisher et Black Widow, chacun suivant le/la protagoniste du titre, comme l’ont fait les séries DD et Punisher à l’époque de Nocenti). Sinon, côté Image, il a écrit le diptyque Who is Jack Ellis/Where is Jack Ellis ainsi que The Activity, déjà avec Gerads.
Très bon article ! dommage car j’aimais quand même bien les planches graphiques !
Merci pour cette analyse d’un run que je pourrai allègrement éviter…
Who is Jake Ellis, je l’avais pris en single à l’époque et c’était largement oubliable…