Dragon Ball Super : Broly par Tatsuya Nagamine
Un article de Bruce Lit
Sorti en 2019 au cinéma, DRAGON BALL SUPER : BROLY est une réintégration du vilain charismatique dans la continuité de DRAGON BALL, celui-ci étant apparu dans des films non canoniques. Son créateur Akira Toriyama est crédité au scénario, c’est notable dans la 1ere partie du film. Il s’agit du premier film de la licence à être réalisée en 3D.
Pas besoin de sortir les boules de cristal : ça va spoiler à tout va.
Les grandes licences populaires sont ainsi faites et personne n’y comprend rien : si les films XMEN ont été critiqués pour leurs mutants relégués au rang de figurants silencieux, il arrive qu’un personnage arrive et en impose sans mots dire. C’est notamment le destin d’un Bobba Fett par exemple qui doit prononcer 2 mots en 2 films et qui pourtant devint un personnage culte de STAR WARS. Le même phénomène se reproduira avec Darth Maul, ses yeux jaunes et sa mâchoire serrée (il faut dire qu’en imposer face à Jar Jar Binks relève de la concurrence déloyale).
Dans l’univers Dragon Ball (qui doit beaucoup à STAR WARS, un sujet d’article en soi), Broly occupe cette place du grand taiseux qui en impose ; souvenirs d’une autre époque, de ses hurlements sauvages et de sa présence menaçante quant il débarqua sur les Super Nintendo Françaises. Broly avait une classe folle : un look sobre mais efficace, des attaques esthétiques et dévastatrices.
Le film de 1993 racontait l’histoire de ce Saiyen à la puissance incommensurable dès la naissance , qui devenait fou d’entendre son voisin de berceau pleurer à longueur de journée. Cet enfant était Goku / Kakarot, notre héros, qu’il retrouve une trentaine d’années plus tard et sur lequel il va vouloir prendre sa revanche. Tout au long des 3 films des années 90 où il apparaîtra, Broly sera toujours aussi agréable à regarder qu’inepte à apprécier : le gars ne fait que crier le nom de son adversaire et n’a aucune personnalité.
Hum…A l’époque, ça en jetait….
Aussi, à l’occasion de la relance de la série via DRAGON BALL SUPER, on pouvait espérer que Broly arrêta de faire son allumeuse et qu’il acquiert un minima de consistance. La première partie du film semble vouloir aller dans ce sens. C’est un vrai plaisir de revenir 40 ans en arrière dans la chronologie Dragon Ball, de voir régner le roi Vegeta, l’intronisation de Freezer, de croiser Vegeta et Radditz enfants et brièvement, enfin, la mère de Goku. BROLY prend ici un parfum de préquelle dans laquelle on se plait à s’attarder : on y découvre l’origine des scouters (ces fameux détecteurs de puissance), une planète vivante avec de jolis décors et cette certitude jamais volatilisée : les Saiyens étaient un beau ramassis d’ordures qui n’avaient rien à envier à la cruauté de celui qui les a exterminés.
On pourrait rapprocher le destin de Broly de celui du Sigismond de LA VIE EST UN SONGE : un jeune homme est promis à un haut grade mais sa sauvagerie le condamne à l’emprisonnement jusqu’au jour où le destin lui offre une voie de rédemption qu’il peine à saisir en se montrant aussi cruel que prévu. Le père de Broly , comme celui de Sigismond, traite son fils comme un animal en le muselant via des chocs électriques. Toriyama donne enfin à Broly un ersatz de personnalité en le montrant capable de se socialiser et d’avoir des amis.
Hélas, juste quand l’histoire de cet enfant sauvage décolle vient le temps des combats qui la transforme en défouloir plus ou moins débile, ponctué de cris stridents incessants qui viendront irriter même le fan le plus indulgent de Goku et sa bande (j’en suis, je trouve même plein de qualités à DRAGON BALL SUPER). Exactement comme à la fin de SPIDER-MAN : NEW GENERATION, les 20 dernières minutes seront un bon test objectif pour savoir si vos enfants font de l’épilepsie. C’est le premier défaut du film : la débauche d’effets stroboscopiques, les milliers de couleurs au moindre coup de poing et des chorégraphies inexistantes font que les combats n’ont aucun charme. Un comble pour du Dragon Ball !
Tout est démultiplié : un personnage éternue et il envoie valser son opposant sur toute une chaîne de montagnes. Ce que BROLY gagne en animation (on est loin des catastrophiques premiers épisodes de SUPER), il le perd en charme. La série des 90’s misait sur des combats ultra rapides certes mais organiques avec une bonne gestion du temps, n’en déplaise aux défenseurs de DBZ KAI. Le temps occupe une grande place dans l’univers de Goku : le temps de s’entraîner, la chambre du temps, le temps des récoltes des Senzu et des Dragon Balls, le temps de vivre et le temps des combats, bien entendu.
Si un vilain comme Boo n’avait déjà plus de personnalité, il bénéficiait d’une bonne gestion du suspense et de coups de théâtre totalement absents ici. C’est même l’inverse : on implore les Dieux des Mangas pour que se terminent ces affrontements nauséeux à regarder. On s’agace de se dire que les flashbacks si prometteurs ne vont finalement pas plus loin que ce que l’on savait déjà; et de se dire que l’on peut reprocher ce que l’on veut aux films du MDCU mais qu’un effort de narration est toujours accompli en première partie et que celle de Broly est foirée dans les grandes largeurs…. Quoi ? 26 ans après sa première apparition, c’est tout ce qu’il y avait à dire sur Broly ? On soupire avec consternation en se rendant compte que la retrocontinuité c’est bien, mais pas le révisionnisme : ce n’est plus Broly qui tue son père (on était raccord avec la dimension tragique de LA VIE EST UN SONGE) mais Freezer. Trop choquant pour notre époque assoiffé de morale bien pensante ?
Le film récupère aussi tous les défauts des OAV d’autrefois : un condensé en 90 minutes des moments Dragon Ball, le fan service nostalgique en plus : les blagues idiotes de Goku, la rigidité de Vegeta, les séquences entraînements, bouffe et transformations. Elles sont au nombre de 4 ici et c’est complètement inutile : aucune unité de mesure ne permet désormais de différencier le passage en puissance. Il y’a quelque chose de profondément ridicule de voir ces personnages changer de couleurs de cheveux toute les 10 minutes mais pas de techniques de combats comme dans les jeux vidéos. Il s’agit clairement ici de vendre de la figurine. Quant à la musique, adaptée pour le marché américain, elle est de nouveau atroce.
Transformé en Hulk de manga (plus il s’énerve, plus il devient fort) venant encore contrecarrer toute crédibilité (un entrainement contre un vieillard permet à Broly de surpasser Goku qui est désormais un demi-dieu), ce pauvre Broly n’aura même pas la libération de la mort pour le sauver de la honte de ce beau nanar qui se termine de manière cynique : exilé sur une planète aussi pourrie que Dagobah, Broly reste en stock au cas où le besoin d’un recyclage troisième génération se fasse sentir. En espérant que traîne un senzu dans le coin. La suite de DRAGON BALL SUPER va en avoir besoin.
Pitié, mes yeux !
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La BO du jour : ces histoires de transformations, c’est plus si drôle…
Oh, Bruce pas content !
Je reste songeur sur « la bonne gestion du temps ». Autant sur les phases d’entraînement, OK, autant pendant les grands combats, ça decompressait à mort.
« Le grand tournoi des arts martiaux va bientôt commencer »
« L’explosion de la planète Namec est imminente »
À l’époque, ça voulait dire qu’on en avait pour 4 ou 5 épisodes avant que ça se passe…
Au chrono, ils devaient avoir le même gus que celui qui comptait les heures pour St Seiya au Sanctuaire !
@Jp : je suis d’accord. La tension était artificiellement tenue mais elle était là. Au final, je préfère la décompression au rythme des OAV où on ne ressent cette tension de la série.
Sur St Seiya, je viens de me finir mon revisionnage de la saga du sanctuaire pas plus tard qu’hier. Je trouve ça toujours aussi bien. Et le temps est plutôt bien géré. Je veux dire par là que presque tous les combats durent 3 épisodes, c’est à dire 3 x 20 minutes donc, bien une heure de maison à maison.
Le seul point noir, n’est pas les combats mais ce qui se passe en dehors des maisons : quand Seiya met une heure pour grimper des escaliers pendant que ses potes se font massacrer dans les temples de X ou Y. Mais ce n’est pas si gênant que ça. Le jeu sur PS2 permettait de combler cette lacune : entre deux maisons, le pope envoie des sous-fifres pour affaiblir les Bronzes.
C’était assez couru que Broly finisse pas apparaître pour de bon dans la saga puisqu’il est culte et que les œuvres quelles qu’elles soient tombent une à une dans le grand panier consumériste geek qui n’en n’a jamais assez….
c’est le concept de la série « SUPER » après tout…faire plaisir au fan nostalgique, on en est tous là… ^^
Bon moi perso, je ne suis pas nostalgique DBZ dont je me foutais déjà à l’époque… décrochant d_s que l’humour parodique disparut de la série (au départ on est dans une série qui bousille la lune histoire de faire disparaître la lycanthropie du personnage, et où Krilin ne peut rien sentir parce que Toriyama a oublié de dessiner son nez…)
Broly semble vouloir revenir à l’absurde d’un psychopathe excédé par les pleurs de bébé…
j’ai vu le premier fil il me semble sur une cassette copiée en VO sans sous-titres…on avait capté que dalle^^ et j’en ai un souvenir aussi vivace (le jour, l’endroit, le pourquoi) que flou (qu’est ce que ça raconte déjà?)
En tout cas j’ai bien ri en lisant Bruce dans ses humeurs…^^
Evidemment je ne comprends pas tout et je ne pense pas voir ça un jour, mais c’est toujours bien de lire Angry Bruce et de te voir étaler tes arguments et ton point de vue. Je n’ai jamais entendu parler de LA VIE EST UN SONGE, qu’est-ce donc ?
Je te rejoins complètement sur les personnages de STAR WARS devenus cultes, c’est assez incompréhensible quand j’y pense. Marrant de voir un vieux jeu vidéo, du bon retrogaming. Jamais joué, évidemment. Quant à la bande annonce, elle fait effectivement mal aux yeux. Et puis je ne comprendrai jamais la surenchère de puissance. Ces types devraient pouvoir annihiler une galaxie à ce niveau.
La BO : sympa, je ne connaissais pas. Qui est-ce donc ?
La vie est un songe, une pièce de théâtre espagnole écrite en 1635 par Pedro Calderón de la Barca (merci wikipedia)
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_vie_est_un_songe
Merci Présence !
@Cyrille et Présence : pardon de ne pas avoir préciser l’histoire de LA VIE EST UN SONGE. Ils ‘agit d’une pièce baroque du dramaturge espagnol Calederon qui interroge sur notre notion de destinée. Le héros,le Prince Sigismond est destiné à massacrer son royaume. Pour l’en empêcher, son père le réduit à l’état de bête dans les cachots de son château. Rongé par le doute, il le laisse sortir une journée et comme l’on s’y attend, Sigismond fait montre d’une violence en voulant tuer et baiser tout ce qu’il trouve. Neutralisé, il retourne dans son cachot où l’on lui fait croire que cette journée qu’il a passé libre est un songe. Commence alors pour notre héros un long chemin de rédemption où il va gagner sa liberté en se comportant enfin comme un homme. C’est un livre magnifique, écrit en vers dans une langue d’une beauté rare.
Babybird aka Stephen Jones sort dans la plus stricte indifférence 1 ou deux albums par an depuis 25 ans. C’est un songwritter exceptionnel, parmi les plus grands selon Bono. Le monde ne retiendra de lui que son fameux Gorgeous. Je l’approche progressivement pour une interview en 2020.
Les minutes épileptiques : le sproducteurs de SW viennent d epublier un communiquer avertissant de la photosensibilité du film qui sort prochainement.
@Eddy : qu’on m’apport mes …Cells 😉
J’avais déjà entendu Gorgeous mais ce n’est pas du tout mon truc. Merci en tout cas.
C’est qui ce Broly ?
N’ayant jamais croisé ce personnage, j’ai lu cet article sous l’angle de l’art et de la manière d’étendre une franchise juteuse, mais aussi sous celui de voir apparaître une grille de lecture.
C’est un vrai plaisir de revenir 40 ans en arrière. – Visiblement, il n’est pas facile de trouver le bon équilibre entre l’extension de ce que l’on sait déjà en allant explorer des moments qui n’ont jamais été développés, et modifier de manière significative ce qui est déjà connu, c’est-à-dire la différence que tu pointes entre rétrocontinuité et révisionnisme. Malgré tout, il est impossible de résister au fan-service nostalgique, sous réserve qu’il ne se transforme pas en un condensé sous forme de catalogue.
Les 20 dernières minutes épileptiques – C’est le propre de la majeure partie des récits d’aventure que de situer son moment le plus spectaculaire à la fin pour laisser le spectateur éberlué, des étoiles plein les yeux. D’une certaine manière, c’est même devenu un défi créatif pour les auteurs de réussir à faire mieux que ceux qui sont venus avant, avec plus de tout.
Pas de technique de combat – Je comprends ta frustration : c’est un signal catastrophique pour le spectateur que de voir que les auteurs ne s’investissent pas dans une composante essentielle de la série, laissant entendre que soit ils n’ont pas compris, soit ils ont écarté cette aspect-là qu’ils jugent secondaire ou inintéressant, le transformant en séquences fades réduites à un point de passage obligé.
Changer de couleurs de cheveux toute les 10 minutes – C’est la seule observation qui pourrait me donner envie de voir ce dessin animé. 🙂
Au fur et à mesure de la lecture, ton article apparaît plus ambitieux que l’œuvre que tu commentes, avec une analyse pénétrante de la gestion du temps, et une comparaison avec une œuvre que je ne connais pas La vie est un songe, pour laquelle il a fallu que je me rende sur wikipedia pour découvrir qui est ce Sigismond.
Ah !
C’est marrant, je n’aurais pas sorti le bullshit detector, tellement je trouve les vieux films/OAV/que-sais-je-encore nuls… A côté, celui-ci ne s’en sort pas trop mal. Ça a été une bonne entrée dans le monde de DBZ pour notre fils, en tout cas, qui depuis, s’est fait les intégrales DB, DBZ (pas Kai) et DBS. Et je crois qu’il a attaqué la suite, Heroes je sais pas quoi.
J’ai bien aimé l’intro-rappel-récit de la fin de la planète Vegeta. Broly promettait plus que ce que j’avais vu dans le premier film (me rappelait pas que Broly tuait son père… mais j’ai un très mauvais souvenir du premier film…en tant que fan de Vegeta, il m’a bien agacé, celui-là…)
Pour les combats, bah, on va dire que ça change… et que oui, ça perd en intensité… bizarre, ils ajoutent tout un tas de couleurs, pour faire des effets, mais on ne voit rien !! Juste de la couleur ! Ça va à toute vitesse et… c’est tout… pas passionnant, c’est certain…
Bon, bref, j’ai pas passé un mauvais moment, mais j’ai déjà oublié la moitié du film.
Ah et tu parles de Star Wars. Je ne sais plus où, j’ai lu/vu que le début de Broly, l’histoire de Kakarot, c’était l’histoire de Kal-El…
Pour Bobba Fett et Darth Maul, je ne peux qu’approuver… J’ai un fan de Bobba Fett à la maison (enfin y a 20 ans…). Jamais trop compris pourquoi… Pour le coup j’ai bien aimé l’histoire de Jango-Bobba dans L’ATTAQUE DES CLONES, je crois, qui donnait un vrai background aux personnages !
Ah, et j’ai aussi droit à la musique de Broly dans la voiture… avec les hurlements de Kakarot et cet entêtant « Broly ». Mine de rien, y a quand même une chanson dans le tas que je fredonne… J’aime bien les génériques énergiques de DBS… (pas taper…)
Le BS s’imposait du fait que tous ces moyens et un film si long ne donne lieu à ….presque rien.
Tu trouveras ici les similitudes entre la vie de Goku et Superman, tous deux aliens orphelins élevés à la campagne et s’intégrant à un monde n’étant pas le leur.
Tout à coup, j’ai envie de monter avec vous en voiture.
J’avais jamais trop accroché à l’OAV d’origine avec Broly que j’avais trop trop capillo-tracté. Quant à sa suite avec Broly versus la team Goten/Trunks, c’etait du même tonneau, avec une fin minable. La TOEI devait surement s’etre bien rempli le portefeuille pour les fans hardcore, mais c’etait pas ma came du tout.
Bref, j’arrive déjà pas à me décider à regarder la suite officielle post-Boo, alors ce film là… Next!
@Manu
Je n’ai jamais aimé les OAV qui n’étaient que du Fan Service. Mis à part sans doute celui consacré au père de Goku où l’on apprenait vraiment quelque chose.
DBS : j’ai suivi ça assidûment et beaucoup aimé la saga BLACK GOKU.