Interview Florent SILLORAY : UN TOURNAGE EN ENFER – AU CŒUR D’APOCALYPSE NOW
Un article de FLETCHER ARROWSMITHCet article portera sur UN TOURNAGE EN ENFER – AU CŒUR D’APOCALYPSE NOW, une bande dessinée écrite et dessinée par Florent SILLORAY, publiée par Casterman et disponible depuis le 17 mai 2023. A l’occasion d’une séance de dédicace à la librairie Krazy Kat à Bordeaux (33) j’ai eu la chance d’en discuter avec l’auteur.
L’ouvrage de Florent Silloray est tout d’abord une histoire de rencontre, celle d’un chef d’œuvre, APOCALYPSE NOW, qui a marqué des générations de cinéphile. Puis vint le temps où les plus téméraires d’entre nous sont devenus des archéologues passionnées de la fresque crépusculaire de Francis Ford Coppola, à la recherche de leur colonel Kurtz personnel, à l’affut du moindre témoignages, articles ou documentaires sur un des tournages les plus démentiels du 7ème art.
C’est ce que raconte UN TOURNAGE EN ENFER – AU CŒUR D’APOCALYPSE NOW où l’artiste entreprend de dessiner à la façon d’un journal de bord de la production d’APOCALYPSE NOW. Et la période couverte est large, de la préparation du film à sa présentation au Festival de Cannes avec en fil rouge, les yeux de Sarah Evans, une jeune assistante de production. Graphiquement Florent Silloray travaille sur une base d’aquarelle renforcée par des crayons de couleurs confortant l’approche de planches à textes comme dans un journal intime ou de bord.
Et rien ne nous sera épargné. Florent Silloray balaie large, en prenant soin d’éviter tout jugement eu égard au résultat final de ce film fleuve. On découvre, on se remémore des faits incroyables et on tourne les pages presque comme un véritable thriller bien que l’on en connaisse pourtant la fin. A chaque moment on se dit que cela va craquer. Cette prise de recul quelques décennies plus tard, devient salutaire. On se régale avec un plaisir coupable de voir évoluer la mégalomanie de Coppola mais en constatant également qu’il y a derrière un homme passionné et père de famille.
Intéressant de comprendre l’approche de Florent Silloray sur la partie technique. Il fait la part belle et rend hommage à l’ensemble des techniciens qui ont travaillé sur APOCALYPSE NOW. On se régale aussi du comportement des acteurs, emportés à leur tour dans le cœur de ces ténèbres cinématographiques, que cela soit Martin Sheen, Dennis Hopper ou l’ovni à 1 million de dollars, Marlon Brando (chacun reconnaissable sans pour autant être croqué à la mode Photoshop).
Dans la masse de documentation piochée, les choix sont opportuns et Florent Silloray n’hésite pas à jalonner son récit de moment plus léger comme installer en gimmick la psychose du futur réalisateur de Dracula sur la ré écriture permanente de la fin du film ou de prendre le temps de dérouler quelques anecdotes assez cocasses comme la raison pour laquelle Francis Ford Coppola s’est rasé la barbe ou encore l’attitude de Françoise Sagan au festival de Cannes. Si on ajoute cette impression de vivre l’aventure dans l’intimité du clan Coppola (notamment les tensions du couple) ; les nombreux changement de lieu ou pays, on a à l’arrivée un récit très vivant, rythmé et moins linéaire que ce que l’on aurait pu penser. Passionnant et un complément original à un film légendaire. Comme quoi la bande dessinée peut encore nous réserver encore quelques surprises.
Comment as-tu choisi ce point de vue particulier (la bd est racontée par Sarah Evans, jeune attachée de production) ?
La seule chose qui n’est pas véridique dans l’album est en fait le personnage de Sarah Evans, que j’ai créé. J’avais besoin d’un personnage-véhicule qui puisse servir pour la narration et aider les lecteurs à se balader à tous les endroits du plateau, près de tous les corps de métier mais aussi auprès de la famille de Coppola. J’ai imaginé que cette jeune femme sympathise avec le clan Coppola [ndr : on voit notamment des scènes avec Sofia] qui est sur place. C’est la seule chose qu’il a fallu inventer car sinon il manquait pour le scénario ce personnage véhicule pour avancer tant sur le tournage au Philippine que sur la partie post production en Californie et aux Etats Unis.
Et c’est une vraie réussite. Autant la forme est clairement un reportage-documentaire mis en bande dessinée, autant Sarah Evans apporte une romantisation du récit voire une esquisse de romance.
Oui il y a une comme une seconde bande dessinée dans la première. L’important était de concevoir un second niveau de lecture, une autre histoire cachée en profondeur où on s’intéresse aussi à ce Sarah, à la vie d’une jeune femme des années 70, à qui on propose toutes les choses possibles sur le tournage. On peut complètement imaginer qu’elle ait eu des aventures [ndr : par exemple pendant l’épisode du cyclone, où elle se fait consoler par un technicien].
La bande dessinée a-t-elle été soumise au clan Coppola ?
Pas du tout. Déjà parce qu’ils sont inatteignables. Il faut passer par une jungle d’avocats, d’attachés de presse. Puis cela n’avait peu d’intérêt car je ne relate dans cet ouvrage que des faits historiques déjà publiés, connus de tous et validés. Je ne les tourne pas en ridicule donc il n’y aucune raison qu’ils nous fassent un procès. De plus Casterman a un pôle juridique très performant et pointilleux, avec une analyse de toutes les séquences. La moindre bulle est décortiquée puis validée.
J’espère même qu’un jour que Francis Coppola tombera dessus car il aime bien la bd notamment Laurent Durieux, un illustrateur belge qui ré interprète des affiches de film. Il lui a même demandé de lui faire deux versions contemporaines de l’affiche du film pour les ressorties des dernières version Blue Ray et DVD.
Du coup cela a-t-il un intérêt pour ceux qui connaissent déjà bien le tournage d’Apocalypse Now ?
Oui quand même. Je suis allé chercher assez loin. Comme c’est un objet culturel américain extrêmement travaillé à l’université. C’est une de leur plus grande production artistique de cinéma. Comme tout chef d’œuvre il est traité, il est vénéré, c’est un objet d’étude donc il y a beaucoup de choses qui ont été écrites mais de manière disparate. Et ce n’est pas évident de trouver tout cela dans un seul album, avec tous les détails.
Donc c’est la somme d’un travail de recherche important ?
Oui beaucoup de travail sur les archives disponibles, sur les témoignages des techniciens qui ont été sur ce tournage, aussi bien les artificiers que les acteurs, cascadeurs et techniciens de l’image. Gros boulot de recherche, d’enquête, d’historien en fait derrière cet album.
Avec en plus une bd sur Cooper (Cooper, un guerrier à Hollywood) et une autre sur Capa (Capa – L’étoile filante), as-tu une volonté de tracer ta route dans un sillon reportage-Hollywood ?
J’aime beaucoup les sujets historiques, ceux qui plongent les lecteurs dans un moment particulier de l’histoire. Je fais en plus beaucoup de recherches iconographiques pour dessiner un maximum de vérité, de détails de ce qu’a pu être l’époque. Je pense ici aux séquences avec les avions [ndr : ils en prennent beaucoup car ils doivent se déplacer entre les lieux de tournages et de villégiatures puis les retours aux USA]. Je suis allé chercher les uniformes des hôtesses, les couleurs des cabines qui étaient très pop, colorées et seventies. Notamment j’adore recréer des ambiances d’époque les plus précises possibles pour que le lecteur soit complètement immergé jusqu’au cou. J’ai fait de même avec les années 30 et 40 pour Capa, pareil pour Cooper. C’est une de mes marottes, j’aime travailler ainsi. Des sujets historiques avec des personnages qui ont révolutionné leur domaine, des aventuriers de leur propre métier. Des forbans qui réinventent les règles de leur partie.
Pour la mise en couleur, tu utilises beaucoup de pastels, à base de crayons de couleur. On sort des carcans graphiques que l’on a l’habitude de voir couramment.
Par rapport à mes albums précédents ma technique a changé. Je travaillais sur un papier kraft et le plus souvent en noir et blanc avec un rendu plutôt sépia. Ce n’était pas du tout adapté pour UN TOURNAGE EN ENFER, sachant qu’en plus la couleur est un personnage à part entière du film. Le chef opérateur a tellement mis de soin dans les images et la beauté des lumières. J’ai été obligé d’upgrader mon dessin, de le faire évoluer. C’est aussi grâce aussi à mon éditeur qui travaille chez Casterman, qui m’a orienté sur une plus grosse pagination, mais également un format plus réduit, comme un roman graphique avec comme conseil, la couleur totale.
Techniquement c’est comme la cuisine. Sur les originaux il y a chaque fois une ou deux couches d’aquarelles pour donner l’ambiance de la planche. Et après une encre acrylique vert-olive pour ce qui est cerné [ndr : définition de cerne : dans un dessin, une peinture ou une gravure, contour accusé ; permet d’isoler les formes les unes des autres]. Je ne voulais pas un cerné noir car on je savais que l’on allait évoluer dans la jungle, dans des reflets de vert. Puis 4, 5 voire 6 couches variées de crayons de couleur qui vont donner cet aspect pastel et ce côté fait main. Je voulais que la bd soit à l’image de film. Cela permet d’avoir également un rendu carnet de voyage, carnet de bord.
Question d’une banalité abyssale, mais attendue : pourquoi le choix d’APOCALYPSE NOW ?
C’est un film qui m’a toujours impressionné, qui m’a habité dès sa première vision, pourtant à la télévision à l’époque. Je me rappelle encore le choc visuel vécu. J’ai compris que je ne voyais pas n’importe quel film, je regardais quelque chose de particulier, un grand chef d’œuvre. Une fois terminé j’avais encore les images de l’équipe italienne [ndr : les techniciens affectés à l’image venaient d’Italie] imprimées dans la rétine. C’est la marque des grands films, ceux qui vous restent dans les yeux quelques heures après.
Surtout à une époque où on ne savait pas quand on aurait à nouveau l’occasion de revisionner le film.
Tout à fait. Et puis c’est surtout un film de l’époque d’avant où l’image était réalisée sans effet numérique. Ce côté extraordinaire de la fin d’une époque, du nouvel Hollywood de la fin des années 70 avec ce côté fait maison. On n’a clairement plus ce type d’ambiance dans les productions des films d’aujourd’hui, notamment les Marvel sur fond vert.
As-tu un autre film de Coppola à conseiller à nos lecteurs.
Il y a un film sous-estimé, pour lequel j’ai une tendresse particulière, qui s’appelle TUCKER. Sur un industriel américain qui a essayé de construire des voitures face aux grands industriels comme Ford, Chevrolet. Le film a été un four à la sortie, il a été mal reçu. Et pourtant il raconte beaucoup de chose sur la société américaine. Sur Coppola, il faut voir qu’à 84 ans [ndr : âge exact donné pendant l’interview, chapeau bas à Florent Silloray], il vient de rentrer en post production de son MEGALOPOLIS avec un casting chrome et platine composé de la A-list d’Hollywood. Il a une nouvelle fois mis sa société en gage, son domaine, son vignoble. Il s’endette. Il joue encore une fois tapi comme au poker. J’espère que cela sera un grand film.
Cette bd et cette séance de dédicace a une saveur particulière pour moi car UN TOURNAGE EN ENFER m’a été offert pour la fête des pères et acheté à La Rochelle où vous résidez.
Elle (ma femme) m’a raté de peu. Mais il y a quand même un fil conducteur. En fait certaines planches en couleurs ont été faite à Bordeaux où j’ai vécu pendant 2 ans. Un bouquin qui est un peu Bordelais finalement. La boucle est bouclée. Bonne fêtes des pères, Fletcher.
La BO
La question que je me pose est assez simple : est-ce que la bd apporte quelque chose de significatif au documentaire « Hearts of darkness : a filmmaker’s apocalypse » ?
Par ailleurs, au vu des extraits présentés ici, je sens que le récit à la première personne via le personnage fictif véhicule ne va pas du tout fonctionner chez moi.
Je vais faire l’impasse.
Bonjour Zen.
est-ce que la bd apporte quelque chose de significatif au documentaire « Hearts of darkness : a filmmaker’s apocalypse » ? je pense que ce n’est pas l’objectif de l’auteur. Forcément pour les férus, ceux qui savent déjà « tout », il y a en effet de fortes chances de ne rien apprendre, quoi que. Et puis il y a tous ceux qui n’ont pas vu le documentaire, ou ne savent où le voir.
C’est surtout un nouveau support, l’occasion de vivre ce tournage sous un autre prisme, dans un support assez inédit.
Sur le personnage fictif : cela a très bien fonctionné de mon côté. J’avais de mon côté très peur de lire un reportage en bd assez rébarbatif. Après je comprends que l’on peut ne pas adhérer. Mais j’apprécie ce partie pris.
Ok. Merci pour ta réponse. Tu bottes en touche mais c’est pas grave.
A part ça, le style des récitatifs du personnage fictif, je peux vraiment pas. Je trouve ça très mal écrit.
Je ne botte pas en touche. Je ne suis pas capable de répondre à ta question, qui est de savoir si cela apporte quelque chose de plus de lire cette bd vis à vis du documentaire. J’ai évoqué le sujet avec l’auteur mais, sciemment je n’ai pas souhaité m’appesantir. J’ai préféré orienté l’itw sur d’autre prisme.
Je reste persuadé que c’est deux expériences différentes, qui ne s’adresse pas forcément aux mêmes publics. Tu n’es peut être pas la cible de ce type d’album, surtout sur un film comme AN où tant a déjà été dit, montré, rabâché.
Sur le style récitatif. Alors ce n’est que mon impression, mais je n’ai pas décelé au départ que c’était un personnage fictif. J’ai cru que Florent Silloray adapté un témoignage. Bon forcément avec cet article, plus d’effet de surprise. Néanmoins, la narration s’efface aux fur et à mesure de la lecture donnant l’impression d’entendre la voie de Coppola. Ce personnage permet aussi de justifier d’aller plus loin, notamment dans des moments non filmé dans le documentaire
Merci pour tes précisions.
Et effectivement, je pense que tu as raison, je ne suis pas du tout la cible de cet album.
C’est vrai que le premier réflexe est de se demander si la BD apporte quelque chose au fan du film qui connait son HEARTS OF DARKNESS sur le bougt des doigts. Toutefois les planches ont l’air très immersives et l’auteur, bien sympathique, semble avoir une vision assez profonde de ce qu’il souhaite raconter.
J’ai bien aimé l’ITW, et l’interviewer a sû trouver les bonnes questions pour que l’ensemble reste intéressant, dense tout en étant fluide et percutant ! 🙂
Et un grand merci pour la citation des articles en lien ! 🙂 🙂
Quand je repense au film, je reste encore sur le cul en me remémorant les images dans la dernière version du blu-ray 4K. Elles n’ont jamais été aussi sublimes (la vache ! ces couleurs ! cette lumière ! ce relief ! ces cadrages déments !) et la version « final cut » est vraiment ma préférée.
Salut Tornade.
Merci pour les compliments. Je te confirme que l’interview fut très agréable, notamment grâce à la gentillesse de Florent Silloray. On aurait pu, je pense, continuer à discuter encore un long moment ensemble. Mais c’est clairement un passionné et oui il avait une vision bien précise de ce qu’il voulait raconter et comment.
La version « final cut » m’échappe encore (je dois vérifier le DVD que j’ai à la maison).
Voilà une BD qui m’avait attiré à l’époque de sa sortie, mais la production étant pléthorique, j’avais dû faire des choix.
L’interview est remarquable : je suis arrivé à la fin fort surpris qu’elle soit si courte, un bon indicateur du plaisir de lecture.
Parmi les questions que j’ai préférées (et donc les réponses) : le choix du point de vue, le choix du sujet (évident mais indispensable), l’apport de l’éditeur de Casterman, l’évolution du rendu graphique, la profondeur des recherches (jusqu’aux uniformes des hôtesses des lignes aériennes) ,etc. Passionnant, merci beaucoup.
Bonjour Présence.
Comment, il y a encore des bd qui t’échappe 😉
Je me suis senti en confiance sur cette interview. La préparation et le choix des questions sont quand même très important. Parfois cela ne fonctionne pas aussi bien que l’on aurait souhaité. La mise en forme et la restitution aident également.
J’ai été intéressé par ses réponses sur la partie graphique, surtout que je l’ai vu dessiner devant moi.
Etonnant ! Autant je ne suis pas intéressé par les biographies en BD, autant le sujet peut m’intéresser : la retranscription en image d’une production hollywoodienne, cela sonne comme une mise en abime : l’artiste met en scène la mise en scène, voit la réalité historique à travers les yeux d’un perso créé pour l’occasion et qui, au vu de la page « 8 » publiée ici, semble avoir ses propres rêves et espoirs, donc sa propre sensibilité.
Et puis cette interview semble également avoir été une belle rencontre, félicitations !
Merci JB. Je pense que cela peut te plaire en effet.
Article fort intéressant avec cette chouette interview ! APOCALYPSE NOW est un de mes films préférés alors évidemment c’était un livre qui me faisait de l’oeil, si il y a bien un film sur lequel il y a des trucs à dire et à raconter, c’est celui-ci ! Faudra donc j’aille y jeter un œil et même plus…
Bonjour Ludovic.
Merci de m’avoir lu. J’espère en effet que tu y jetteras plus qu’un oeil. Enfin gardes en quand même un, tu auras besoin pour apprécier ta lecture.
L’œuvre de Coppola reste fascinante, même si il y a comme un truc en moins après Apocalypse Now. Un peu comme Michael Cimino est son HEAVEN’S GATE, sorti à la même époque (1980).
J’ai beaucoup apprécié la psychose de Coppola sur la fin de AN, qu’il ne cesse de ré écrire. Il en devient obnubilé.
Intéressant de voir aussi son environnement familiale et comment c’est parti en sucette complète. Pourtant ils sont resté soudés, malgré les conditions de vie et même l’adultère. Il fallait terminer ce film à tout prix.
Le passage sur Cannes reste également savoureux.
Et sinon les copains, vous en pensez quoi du futur MEGALOPOLIS du père Francis ? Vous croyez que le bonhomme est encore capable de nous pondre un chef d’oeuvre à 84 ballets ?
Perso il ne m’a plus fait rêver depuis DRACULA, même si j’avoue ne pas avoir vu ses deux derniers films.
J’aime beaucoup l’IDEALISTE : simple, efficace et superbe mise en scène.
Je préfère TETRO (excellent film) et son superbe noir et blanc à L’HOMME SANS AGE, film un peu bancal.
Aucun souvenir de L’IDÉALISTE, pourtant vu à l’époque. J’avais été navré par L’HOMME SANS ÂGE, l’un des seuls films que j’ai regardé deux fois d’affilée (dans la même soirée) pour être certain que je n’avais pas raté quelque chose !!! (l’autre c’était L.A. CONFIDENTIAL, pour un résultat opposé (j’avais trouvé ça ouf mais je voulais vraiment être sûr d’avoir tout compris du scénario)). Trop bizarre comme ratage, ce film de Coppola (un de mes réals préférés quand même (mais de qui ne l’est-il pas ?)).
Il faudra que je me décide à regarder TETRO et TWIXT, quand même…
Mon TOP Coppola
– APOCALYPSE NOW
– LE PARRAIN 2
– DRACULA
– LE PARRAIN
– RUSTY JAMES
– LE PARRAIN 3
– OUTSIDERS
– COTTON CLUB
Il y a encore une poignée de ses films que je n’ai pas vus (j’ai un peu honte de l’écrire : PEGGY SUE S’EST MARIÉE, TUCKER, JARDINS DE PIERRE, JACK (oui, je sais, il parait que TUCKER est génial mais je déteste les bagnoles (sujet rédhibitoire, n’insistez pas) !!!)) mais (et là les cinéphiles pointus vont me tomber dessus), j’ai beau avoir étudié CONVERSATION SECRÈTE en formation cinéma, voilà bien un film qui, malgré sa palme d’or, ses indiscutables qualités de mise en scène et d’interprétation, m’a bien laissé de marbre et bien ennuyé…
Bon après je me justifie : Je n’ai pas encore lu TOUT Alan Moore, Garth Ennis, Jodorowsky et Van-Hamme qui sont mes scénaristes de BD préférés. Au cinéma c’est pareil : J’aime laisser encore de côté des films de mes idôles pour les voir plus tard. Ça fait durer le plaisir…
JACK : ratage sur toute la ligne. Son plus mauvais pour moi.
J’ai plaisir à voir et revoir PEGGY SUE S’EST MARIÉE.
Je n’ai pas vu tous les Coppola que tu cites mais en effet THE CONVERSATION (Consversation secrète) que j’ai enfin pu voir il y a deux ans, n’est pas un film nécessaire. Il est bien mis en scène et réalisé (on y sent même un peu l’influence du cinéma giallo non ?), l’introduction fait vachement De Palma, gros travail sur le son etc… mais au final on comprend pas tout à l’histoire qui n’est pas si passionnante. Je ne comprends pas trop la Palme d’Or à ce niveau, mais je ne sais pas ce qu’il y avait en face en 1974.
J’ai vu Conversation secrète il y a très longtemps et il faudrait que je le revoie aujourd’hui.
Mais après Apocalypse Now, c’est le Coppola qui m’a fait le plus gros effet.
Je me suis repassé la séquence finale il y a juste quelques semaines et elle m’explose toujours autant le cerveau.
Je crois bien n’avoir vu aucun Coppola depuis DRACULA (d’ailleurs j’ai énormément écouté la BO de ce film, ça m’est encore arrivé cette année, elle est géniale). Donc aucune idée de ce qu’il pourra faire avec son dernier film. Les De Palma, les Scorcese ont tous fini par me décevoir donc…
Salut Cyrille.
Merci pour les commentaires autant sur la forme que le fond.
Moi j’y crois à un grand COPPOLA mais il faudra surtout que nous le regardions pas avec nos yeux d’ado. Après COUP DE COEUR je trouve qu’il y a truc qui s’est cassé chez Coppola. Attention il est resté un très grand réalisateur, mais comme pour Cimino, le fait de ne plus avoir la possibilité d’être totalement (trop) dans la démesure semble avoir brider un peu sa réalisation, son ambition.
Pour CONVERSATION SECRETE, c’est toujours compliqué de comparer avec les autres films de la sélection. Il y avait quelques pointures en face. Pour les Palmes d’Or, j’ai toujours pensé qu’il fallait remettre les films dans le contexte et l’époque de leur attribution pour tenter de les évaluer à leur juste valeur. Je trouve que c’est un grand film (réalisation, acteurs, scénario). Peut être que le jury a voulu récompenser le réalisateur du Parrain, le deuxième opus venait alors de sortir (d’ailleurs aux OSCARS en 1975 Coppola avait ses deux films nommés !!!!). Comme d’autre film, cela a plus ou moins vieilli. Compliqué de passer après la trilogie du Parrain ou AN.
Comme écrit plus haut, Conversation secrète est pour moi un souvenir assez ancien mais c’est une veine dans la filmo de Coppola que je préfère à celle des Parrain. En tout cas, c’est certain en ce qui concerne le premier de la trilogie.
Je ne suis pas fan du premier Parrain, en fait. Je vais dire un truc qui va faire pleuvoir des anathèmes mais je ne supporte pas Marlon Brando. Je n’aime pas du tout cet acteur. Sa prestation me gâche le film.
Je préfère largement le 2 et, contrairement à l’avis de beaucoup, je m’étais dit à la vision du 3 (assez lointaine) que c’était celui que je préférais.
« Après COUP DE COEUR je trouve qu’il y a truc qui s’est cassé chez Coppola. Attention il est resté un très grand réalisateur, mais comme pour Cimino, le fait de ne plus avoir la possibilité d’être totalement (trop) dans la démesure semble avoir brider un peu sa réalisation, son ambition. »
Je comprends le point de vue mais je ne sais pas s’il est vraiment juste ou pas.
Le Coppola démiurge finit rincé et criblé de dettes mais il se réinvente de fort belle manière en faisant sien des films de commande. Ca en jette moins mais c’est pour moi tout aussi noble. Après, Coup de coeur, Coppola enchaîne quand même avec deux belles réussites, The outsiders et Rumble Fish.
En fait, ce que tu dis est juste mais la question est de savoir si au final c’est un si grand mal ou pas.
Ca l’est certainement pour Cimino mais ça me parait plus nuancé pour Coppola.
Je te dis pas le contraire. J’aime tout autant le Coppola d’après Coup de coeur. Je dis juste que sa banqueroute, et cela va dans ton sens, oblige Coppola a se ré inventer. Sa réalisation (à part son Dracula) se veut plus concise, plus direct, en étant aussi inventive. Faire autant (voir mieux) avec moins. Sacré défi, souvent relever je trouve.
Et Cimino, mis à part la productivité (bien moindre malheureusement), a encore produit de beaux films (j’ai une passion pour son ANNEE DU DRAGON et son SUNCHASER est surprenan).
Merci Fletcher pour la présentation et l’interview, je me demandais à quoi pouvait bien ressembler cette bd. Il faut dire que je n’achète plus de DVD ou cas extrême (surtout que j’en ai trop et que je dois toujours en regarder certains !) mais j’aimerais beaucoup m’en offrir deux ces temps-ci : la version longue de DAS BOOT (celle-ci fait 5h apparemment) et la dernière de APOCALYPSE NOW car la mienne n’a PAS le documentaire HEART OF DARKNESS (mais il a la version longue aussi). Du coup je n’ai toujours pas vu ce documentaire et ça me pèse.
A part ça je suis allé en vacances à Bordeaux il y a quelques années et je suis passé par Krazy Kat ! J’ai possiblement encore le sac en plastique, en tout cas j’y avais acheté un comics.
Je ne connais pas du tout l’auteur ni ses productions précédentes (d’ailleurs je ne vois pas de quoi parlent ces autres bds… mais quel inculte je fais) mais j’aime bien les extraits. Ce qu’il dit de la couleur me parle beaucoup, ce choix de tons pastels me semble évident en y pensant. Quant à APOCALYPSE NOW, je crois que j’ai eu exactement la même réaction que lui en le voyant. D’ailleurs je ne l’ai jamais vu au cinéma, j’adorerai. C’est peut-être mon film préféré de ceux que j’ai vus jusqu’à présent. Je me souviens de la sortie de TUCKER (avec Jeff Bridges non ? Un acteur que j’adore) mais je ne l’ai jamais vu.
La BO : évidemment. Quelle claque. Je ne me lasserai jamais de cette séquence ni de ce film. Merci Fletcher pour ce bel article, extrêmement soigné et mis en scène, une vraie belle mise en scène fluide et précise. Bravo.
Merci Fletcher pour cet enthousiasme communicatif, voilà un sujet très intéressant. Un film très impressionnant que j’ai regardé pour la prestation de Brando bien entendu. Tu es méchant car tu aurais pu poster un dessin de lui, je n’ai aucune idée de ce à quoi il ressemble dans cette BD.
Que ce qui est dit sur lui ? Il y a tellement d’anecdotes sur sa prestation qui pourraient constituer un livre à part.
Comme Tornado, j’ai toujours boycotté TUCKER et même son DRACULA m’avait un peu ennuyé.
L(HOMME SANS AGE et TETRO étaient chiants à mourir. Je garde donc LE PARRAIN et AN dans mon musée personnel.
Pour le reste j’apprécie la petite pique sur les films Marvel de Silloray. Je trouve son trait et ses couleurs cependant pas assez sombres ou violents. Il faudrait que je feuillette en librairie pour me laisser convaincre.
Inspiré par la discussion, j’ai regardé pour le première fois PEGGY SUE S’EST MARRIÉE. Dans un genre similaire, ça n’est quand même pas du niveau de perfection (j’ai trouvé la fin un peu bof) et de profondeur que le QUARTIER LOINTAIN de Taniguchi, mais c’est tout de même un très joli film. C’est plutôt classique pour du Coppola, mais c’est très bien filmé et magnifiquement interprété.
En égrénant la filmographie de Coppola, je me rends compte que je ne connais pas du tout le film qu’il a réalisé après AN : COUP DE COEUR. Je vais me le faire dans les plus brefs délais.
COIP DE COEUR est le film qui a coulé Coppola. son HEAVEN’S GATE. Il va présenter un nouveau montage à Venise. Aussi démesuré que AN, il n’a surtout pas eu le même succès (échec total).
J’aime bien ta comparaison de EGGY SUE S’EST MARRIÉE avec QUARTIER LOINTAIN, même si il y a quand même quelques années d’écart et pas le même médium (cela reste l’un de mes Taniguchi préférés). J’aime bien ce genre de pitch. Dans le même gente Noémie Lvovsky fait aussi sa Peggy sue avec CAMILLE REDOUBLE.
J’ai fait quelques recherches sur le director’s cut de COUP DE COEUR. Il sortira en 2024. Du coup je pense attendre ce moment pour voir la version finale. Coppola abuse peut-être pour certains puristes, mais ses director’s cut apportent toujours une plus-value au montage d’origine.
Il parait que celui de TWIXT est bien meilleur que la 1° version. Mais il est introuvable, par contre…
Hum… De Coppola, je préfère la trilogie du Parrain. Pourtant, tout comme Apocalypse Now, je les ai découverts « tardivement » dans ma vingtaine mais le clan Corleone a davantage marqué mon imaginaire.
Même si Apocalypse Now se passe au Vietnam, c’est évidemment un point de vue américain qui domine et, sur ce sujet qui me touche personnellement, je m’agace des simplifications de discours, dans les medias comme dans la fiction.
Les américains ont commis des atrocités, utilisé du napalm, du defoliant etc. Sauf qu’en face, c’était pas non plus les bisounours… Mais bon, c’est pas forcément le meilleur endroit pour en discuter sans générer des incompréhensions…
Tout ça pour dire que comme le film ne figure pas parmi mes œuvres fétiches, le pitch de cette BD ne m’intéresse pas suffisamment pour que je parte à sa recherche.
Je comprends tout à fait ton point de vue. D’ailleurs, sans vouloir rentrer dans une quelconque polémiques, As tu des films sur le Vietnam que tu ressors plus que d’autres ?
En bd as tu lu les ouvrages de Jung ?
Que lis-je !!!!!??? c’est magnifique CONVERSATION SECRÈTE ! Très grand film, mise en scène incroyable, travail sur le son éblouissant, sublime musique de David Shire et Gene Hackman impérial !