Blockbuster Apocalyptique (X-Men Apocalypse)

X-Men: Apocalypse par Bryan Singer

Photoshop fever

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AUTEUR PIERRE N

1ère publication le 21/05/16-MAJ le 25/11/18

Notre contributeur Pierre livrait une review à chaud à la sortie du film XMENAPOCALYPSE en 2016.

Après l’enthousiasmant First Class et l’inégal Days of Future Past, la lucrative franchise de la Fox revient avec ce nouvel opus, qui constitue le sixième volet de la saga si on fait abstraction des spin-off (Wolverine, Deadpool).

En ce qui concerne la trilogie initiale je dois préciser qu’elle n’a jamais été trop ma tasse de thé, loin d’être dans le haut du panier de la période des blockbusters post Matrix/Seigneur des Anneaux, constituant une sorte de chaînon manquant un peu bâtard entre les débuts de Blade, placé sous le signe de la série B, et la trilogie Spider-Man qui ramène le genre de manière durable dans le cadre du blockbuster spectaculaire.

L’ensemble est en outre assez daté au niveau de l’esthétique et de la direction artistique, avec des choix de casting contestables, que ce soit une Hale Berry assez fadasse, l’acteur interprétant Cyclope qui manque singulièrement de charisme, Xavier et Magnéto étant à l’inverse plutôt bien campés.

Apocalyspe vient de fumer l'auteur de cet article

Apocalyspe vient de fumer l’auteur de cet article

Après un Batman vs Superman indigeste et boursouflé et un Deadpool qui vole au ras des pâquerettes, cette année ne s’annonce pas être un grand cru pour le genre (à moins que Doctor Strange puisse se distinguer).
Ici c’est la comparaison avec les précédents films de la franchise se fait en sa défaveur.
Singer tombe dans l’écueil du syndrome X-Men 3, avec une intrigue plutôt mince et une trop grande profusion de personnages, quitte à y aller à fond dans le fan service et les caméos superflus (faut croire qu’un film X-Men sans Wolverine ce n’est toujours pas à l’ordre du jour).

Apocalypse est cette fois à l’honneur, un personnage imposant mais plutôt limité thématiquement je trouve, une fois que les scénaristes ont fait le tour de sa loi du plus fort et de sa tendance à corrompre certains mutants pour en faire ses cavaliers.L’histoire la plus emblématique du personnage reste Age of Apocalypse, qui est un crossover ambitieux, mais plutôt daté et inégal, et que je retiens surtout pour la mini-série Generation Next, qui m’aura permis de découvrir le génial Chris Bachalo, un des plus talentueux héritiers de Michael Golden (avec Art Adams).

Cette réserve mise à part, Apocalypse joue ici le rôle du mal ultime et tentateur, un fantôme du passé, qui jette sur le monde actuel un regard désapprobateur, prêt à tout brûler pour reconstruire sur de nouvelles bases. En dépit d’un look qui peine à en imposer, Oscar Isaac arrive à se débrouiller avec ce rôle de deus ex machina, dont l’étendue des pouvoirs reste assez floue.

https://www.youtube.com/watch?v=5_zS4J4mYVA
Archangel et son arsenal qui ferait pâlir de jalousie le boucher du coin

L’un des reproches récurrents de ce film (et de la saga plus globalement) et le manque d’impact et d’investissement émotionnel dans les divers décès qui ponctuent le récit.
Là encore la comparaison avec la matériau original laisse songeur, notamment la scène impliquant Magnéto, qui dénote un manque de poids flagrant, tant dans la représentation que dans la direction d’acteur, échouant à restituer la puissante dramaturgique intense qui se dégage de l’histoire issue du Classic X-Men 12 de Chris Claremont et John Bolton.

La raison est aussi que ce n’est pas une finalité en soit, seulement un traumatisme de plus, vite amené et vite oublié par le principal intéressé, étant finalement de l’ordre du prétexte narratif pour que le personne renoue avec ses mauvais penchants.

Le choix d’ancrer chaque film de cette nouvelle trilogie dans une décennie permet d’intégrer la série dans un contexte spécifique et affilié à genre cinématographique particulier. Cette optique s’est établie à partir de First Class, qui permit à Vaughn de canaliser ses envies de faire un James Bond (à l’instar de Secret Service). Après les années 70, avec moustaches et pattes d’eph à gogo, Singer incorpore sa franchise dans les années 80, le contexte étant cette fois relégué au second plan (il y a bien la question du désarmement nucléaire mais cet élément est vite réglé).
Les références sont réduites à une portion congrue, qu’il s’agisse de la période Reagan et des références à la pop culture, notamment une mention du Retour du Jedi qui permet d’envoyer un tacle au film de Ratner.

20 ans ont passé et pourtant aucun personnage n’affiche de véritable signe de vieillissement, en dépit d’une certaine logique chronologique, en particulier Havok qui est beaucoup plus âgé que son frangin. Le manque de renouvellement se fait cruellement sentir, frôlant la redite, avec encore un décor de complexe militaire, une cage qui renvoie au premier film et une bande de jeunes qui s’affirment peu à peu dans l’utilisation de leurs pouvoirs et dans leur intégration progressive à l’école.


Même en Egypte, il fait un temps pourri

Du côté des héros, les nouveaux venus arrivent à prendre la relève des anciens qui incarnaient les mêmes rôles (de toute façon ce n’est pas comme si le Cyclope interprété par James Marsden allait manquer à quelqu’un).

C’est l’occasion pour Singer de reproduire le processus du premier X-Men, à savoir redécouvrir la situation à travers les yeux d’un nouveau venu, comme ce qui avait été fait avec Kitty Pryde au début des années 80 à la fin de la période Byrne. Ty Sheridan reprend le rôle du futur leader de l’équipe, qui est à ce stade encore un ado désinvolte.
Jean Grey est aussi présente, incarnée cette fois par Sophie Turner, une autre transfuge de Game of Thrones après Peter Dinklage. Les deux ado s’apprivoisent mutuellement et leur interaction et déjà plus satisfaisante par rapport à celle de leurs versions adultes.

Au niveau du casting la prédominance de Jennifer Lawrence se fait sentir, devenue bankable depuis la franchise Hunger Games. Mystique confirme qu’elle est au coeur du focus de cette trilogie, hésitant durablement entres les voies de Xavier et Magnéto.

Malgré les pistes entamées, certaines occasions sont manquées, en particulier en ce qui concerne la révélation des liens filiaux. Avec le retour de Moira le contact avec les humains sans pouvoirs persiste, et à cette occasion Xavier se montre assez chaud lapin (comme quoi il n’y a pas que Wolverine qui est un homme à femmes). Cette notion de normalité, est primordiale pour que les personnages restent en phase avec le commun des mortels, en dépit du repli communautaire des mutants dans les comics de ces dernières années.


Ororo arbore sa fameuse coupe mohawk

Quicksilver se distingue nettement par son pouvoir de speedster, comme dans le précédent film, dont les potentialités visuelles permettent d’amener un peu plus de dynamisme et d’humour à l’ensemble. Je persiste toutefois à penser que dans les mains d’un metteur en scène plus doué que Singer (Brad Bird par exemple) cela aurait donné quelque chose de plus jubilatoire et ludique, tant au niveau du cadrage que du découpage.

Avec une menace d’une telle envergure, l‘intrigue est placée sous le signe de l’action, tournant à la foire d’empoigne entre mutants. Les cavaliers d’Apocalypse ne sont pas très intéressants à suivre, en raison de leurs motivations pas assez développées, mis à part Magnéto. La progression des personnages se fait donc de manière accéléré, quitte à ne creuser que superficiellement quelques pistes.

Histoire de faire définitivement oublier la piteuse version de L’Affrontement Final, les enjeux requièrent l’intervention d’une entité sur-puissante, à savoir Le Phénix, qui pointe le bout de son bec pile poil à temps pour s’opposer à Apocalypse, troquant une menace certaine contre une autre potentielle dans un avenir proche. Les X-Men ont privilégié le moindre mal et il finiront par le payer tôt ou tard.

Xavier pour une fois fait preuve d’une certaine férocité au combat, par le biais du duel télépathique, un aspect trop peu utilisé d’habitude dans les films précédents.
Les thématiques sur le racisme, le droit à la différence, et la rédemption ont été utilisé à foison sur les anciens vétérans, désormais il serait préférable de mettre l’accent sur les jeunes pour que le flambeau de Xavier soit transmis aux autres générations.

Après tout il faudra bien un jour que cette version de Cyclope s’affirme et cesse d’être dans l’ombre du candien omniprésent, celui qui reste le x-man archétypal le mérite bien. Il serait également préférable que Singer se contente du poste de producteur, et laisse la mise en scène à quelqu’un de plus aguerri comme Matthew Vaughan avec First Class, décidément le meilleur du lot sur ce plan.


Ce soir, on vous met le feu !

Certaines diront qu’il vaut mieux que la franchisse atterrisse dans le giron de Marvel Studios, hors si Kevin Feige et ses collaborateurs ont le monopole du catalogue Marvel, cela amènerait une certaine hégémonie dans l’approche du genre, accentuant une possible lassitude du public à l’égard du genre. Les Quatre Fantastiques ne peuvent pas en dire de même, malmenés qu’ils sont avec les diverses adaptations, comme le Punisher en somme.

Singer a prévu de conclure son tour d’horizon de la seconde moitié du vingtième siècle avec le long -métrage suivant, qui devrait se situer dans les années 90. L’émergence du Phénix peut là aussi faire craindre l’effet de redite, à moins que l’aspect space opera soit plus développé, histoire de donner plus d’ampleur à la menace.
Reste à savoir si la Fox va foirer (ou pas) une seconde fois son adaptation de la mythique Dark Phoenix Saga, tout en restant dans l’air du temps par rapport aux tendances à venir.
C’est peut-être là le secret de la longévité des mutants de la maisons des idées, à savoir l’évolution constante comme meilleur moyen pour perdurer.

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(C) Marvel Comics

34 comments

  • Matt  

    Impossible aussi au cinéma de raconter des histoires qui se focalisent un moment sur des persos, sinon il faudrait appeler ça « kitty pride the movie » ou « Le fauve » Et ça intéresserait qui ?
    C’est trop codifié les blockbusters, pas moyen d’avoir une parenthèse avec des histoires qui s’écartent d’un schéma « on met tous ceux qu’on peut à l’écran contre une menace planétaire »
    Je comprends bien ta frustration par rapport aux comics. Je t’exprime la mienne par rapport aux films^^

  • Jyrille  

    Moi qui n’y connaît rien et qui ne suis pas un fan – malgré mon pins collector de Wolverine), je peux te jurer que les Wolverine & the X-Men de Aaron sont vraiment bien. Enfin, j’ai les deux premiers tomes VF et ne pense pas aller au-delà mais bon.

  • Jyrille  

    Et sinon, tu n’es pas le dernier, JP, je n’ai toujours pas vu ce X-Men. J’aime vraiment les deux précédents, mais les trois anciens films, je ne peux pas, malgré les jolies filles (Rebecca !).

  • Bruce lit  

    Voilà….
    J’ai enchaîne ce Xmen avec le Civil War toute la semaine dernière. Oui, j’ai dû les voir en plusieurs fois, et quelles que soient les heures de visionnage tant ces films Marvel ont une vertu inédite chez moi : l’endormissement total tellement c’est sans intérêt, aucun, prévisible et totalement dénué d’émotions.

    Xmen : je rejoins totalement ton constat Pierre. C’est nul ! Sûrement le pire de la série. En fait, c’est le même film depuis First Class. C’est un peu comme si tous les 5 ans, Magnus et Xavie prenaient un verre dans un nouveau bar et ressassaient les vieux arguments avec Mystique qui ne sait plus à côté de qui s’asseoir….

    Les Xmen ? des figurants de luxe avec trois répliques pour les plus chanceux. Ils n’ont aucune personnalité, n’en imposent pas et voilà 20 ans qu’ils débutent…..Merde, c’est si dur d’en faire une équipe ?
    Le FAuve est chiant, Psylocke muette (pourquoi elle ?), Angel ? Voilà le deuxième film où il apparaît pour ne servir à rien. Storm ? Une idiote totale qui retourne sa veste sans que cela pose problème. Moi si. Au moins dans les Comics, Apocalypse leur lave le cerveau. Là…ils sont juste totalement abrutis…
    Tiens Apocalypse…Comme tu le dis, c’est quoi ses pouvoirs ? Transformer ses ennemis en….bac à sable ??? Ca n’a jamais été un personnage très fouillé mais on peut lui reconnaître une vraie aura inquiétante. Là, il se réveille et de bon matin, il a envie de foutre le boxon…Comme ça, prace qu’il est de mauvais poil.
    Oh ! Et puis, on peut dire aux acteurs de GOT de rester chez eux par pitié ? Parce que globalement lorsqu’on les sort de leur hiver interminable, ils sont mauvais ! Jon Snow chez MI 5 c’est nul ! Et la Starkette en Jean Grey est épouvantable. Elle continue de chouiner et se plaindre d’une série à l’autre tout en jouant comme une patate….

    Magneto et Xavier : oui, les deux portent le film. Xavier a un sursaut de libido effectivement et voyage à travers le monde pour se brancher Moïra absolument pas crédible en tant qu’agent de la CIA. La famille de Magneto qui meurt tout connement et sans une goutte de sang. La dimension politique de la mort d’Anya (un prénom trop slave pour le changer en ….Nina ???) disparaît pour se transformer en banal fait divers…

    Le caméo de Wolverine : Weapon X résumé en 5 minutes ???? Mais ils sont fous ? Oui….Que ce soit sur Papier ou grand écran, c’est vraiment l’Apocalypse chez nos mutants….

    Quant à Civil War…il faut vraiment que je me motive pour aller au delà de la première heure du film…

    • Matt  

      Marrant, je n’ai pas osé voir le film mais j’aurais parié que toutes mes craintes étaient fondés
      En fait le problème des films, même si on peut trouver que les BD ne sont pas parfaites non plus parfois, c’est qu’aucun personnage n’a le temps d’exister. Pas de focus sur tel ou tel perso. Parce que ça dure 1h30 et qu’il faut mettre le plus de personnages possibles. Résultat c’est plutôt l’équivalent d’un crossover insipide en BD, et pas des meilleurs épisodes intimistes de Claremont qui a donné du caractère aux personnages. C’est le souci des films X-men depuis X-men 3. Même First Class qui est le meilleur des « nouveaux » films a un paquet de persos inutiles. Mais Days of future past et tous les personnages qui meurent hors champ m’avait gonflé (en gros le casting de First Class qui n’était pas disponible pour tourner dans le film et qu’ils ont préféré tuer même si certains n’avaient pas encore eu le temps de prononcer une phrase). Je n’ai pas eu le courage d’aller voir Apocalypse parce que je n’en peux plus d’être déçu par les films X-men. Faut savoir se tenir à l’écart de ce qui nous fait du mal aussi^^

      Par contre j’ai trouvé civil war sympa. Je ne me suis pas endormi^^

      • Bruce lit  

        2h30 les films Marvel ! 2h30 ! C’est quand même suffisant pour raconter une histoire, des histoires !

        • PierreN  

          C’est un problème fréquent des blockbusters actuels, qui dépassent souvent la barre des deux heures, alors que certains des meilleurs représentants du genre en terme d’efficacité narrative et de construction de l’intrigue ciselée (par exemple le premier Die Hard) se contentent de moins.
          On pourrait croire que la série télé est le meilleur moyen pour restituer la dimension feuilletonnesque du médium, mais même sur ce plan-là les séries Netflix ne m’ont pas convaincu avec leur intrigue qui se traîne.

        • Matt  

          Bah après en 2h30 t’as le temps de raconter une histoire oui, mais pas avec 50 personnages. Sinon forcément certains se retrouvent à faire de la figuration.

          Pour civil war par exemple, j’ai trouvé que les persos avaient le temps d’exister. Pour les films X-men, c’est rarement le cas. Parce qu’ils font des choix douteux d’en mettre le plus possible histoire de flatter le fan qui veut voir son perso préféré faire coucou. J’avoue que je ne saisis même pas en quoi ça flatte le fan de mettre en scène un personnage qui reste 30 secondes à l’écran avant de mourir. C’est plutôt lui cracher à la gueule. « tiens tu l’aimes ce perso ? Ben regarde il ne sert à rien et il meurt comme une merde. On l’a mis dans le film juste pour attirer les mecs comme toi au ciné en te faisant croire qu’on aurait le temps d’en faire un truc. »

          • PierreN  

            Dans le genre caméo inutile, je crois que Glob Herman est visible dans X-Men 3 (le mutant à l’allure étrange, comme tous ceux apparus lors du run de Morrison, avec son corps rose transparent qui laisse apparaître son squelette et ses organes internes).

          • Matt  

            C’est le problème avec pas mal de films. Ils ressemblent plus à des bandes annonces avec des cameo, des sous-intrigues qui ne vont nulle part et qui éloignent le film de sa propre intrigue principale. Comme pour Batman vs Superman avec plein de passages incompréhensibles et un cauchemar avec des démons, un mec qui appelle à l’aide à travers un espèce de portail, Flash, Aquaman qui font coucou, etc. Et si vous vous concentriez sur l’histoire de base de Batman et Superman à la place ? Genre pour nous proposer un truc travaillé et intelligent plutôt que de nous teaser la suite ? Ah non raté.
            C’est pour ça que même si certains films ne sont pas transcendants et reposent sur une intrigue classique, s’ils se concentrent sur ce qu’ils racontent ça peut être sympa quand même. Il y a tellement de films pires qui ressemblent à peine à des films mais à des bandes annonces pour d’éventuelles suites…

            Il faut que je vois Dr Strange histoire de lui laisser une chance.

  • Jyrille  

    Je viens de le voir et décidément, les films X-Men n’arrivent pas à être réussis. Je me suis bien fait chier devant celui-ci malgré de bons points : des FX travaillés, un scénario habile à ré-assembler plein d’éléments disparates des comics (la découverte de Tornade, Weapon X, la perte des cheveux de Charles…) et c’est toujours cool de voir Vif-argent dans ses oeuvres. Il y a une très bonne idée (la dénucléarisation et le désarmement), le cast est bon, Olivia Munn (Psylocke) est magnifque et la BO assure pas mal. Au final c’est moins mauvais que ce à quoi je m’attendais mais malgré tout, je me suis grave emmerdé.

    • Bruce lit  

      Ton abnégation t’honore.
      Un carnage monumental malgré les bons points que tu évoques. Olivia Munn faisait effectivement une très bonne Psylocke.

  • Bruno :)  

    Ce film n’est qu’une énième production à vocation même pas commerciale, juste là pour bien nous faire comprendre que nous sommes des naïfs -je suis gentils- à continuer d’espérer un minimum de créativité artistique, ou même d’autonomie de pensée, d’un médium désormais devenu très ouvertement un outils de propagande culturelle réactionnaire et fascisant -mais je vais me contenter d’évoquer le comique relatif à l’exercice, c’est moins déprimant…
    Rien que le caoutchouteux Apococalypse (ou Apoplexie, ça fonctionne aussi, avec le niveau du film…), dont le costume doit directement avoir été récupéré dans les rebuts inusités de la série San-Ku-Kai des 70’s, est un aveux immédiat assez flagrant au spectateur du vide intrinsèque de cette adaptation : on nous prévient carrément qu’on a eu tort de payer pour entrer ! Le pauvre Oscar Isaac doit se contenter de tirer six pans de tronche tout au long des plans, quand il n’est pas occupé à dessiner de jolies arabesques sur les joues de ses mignons… On se demande où est passé le sens critique des masses populaires, à qui ces lavages de cerveaux pleins de uns et de zéros (numériques, bien sûr ; mais aussi sonnants et trébuchants !) sont destinés ?
    Au delà des racolages tous azimuts (dramatico-Historiques, surtout), de cette trilogie gaguesque, en ce qui concerne cet épisode-ci, j’ai trouvé Les ados Cyclopes et Phénix particulièrement gratinés ; et leur assortiment franchement casse-gueule, à l’écran : elle est manifestement plus balaise que lui et donne l’impression de le dépasser d’une tête !! Et ce Scott-là, à des kilomètres de son personnage -même des ses extrapolations récentes dans les Comics retraçant sa jeunesse- nous est présenté comme une espèce de casse-bombons teigneux et tête-à-claques… N’importe quoi. Et elle… Bon, là, c’est ma culture qui s’exprime ; sorry pour ceux dont je vais colorer leur prochain visionnage du navet visé par cet article mais, sans rire, vous ne trouvez pas qu’elle ressemble comme deux gouttes d’eau à Boy George ?! Sourcils grave dessinés, nez long, lèvres fines… Front acromégalique et début de calvitie compris ?! Une fois cette image à l’esprit, j’ai passé l’ennuie à détailler leurs traits communs avec le hit Karma Chameleon dans la tête OUARFF !
    Sinon, pas de jolis moments à se mettre sous la dent, malgré l’avalanche (traditionnelle et désormais si vaine…) d’effets numériques. On zigouille à tout va, gratuitement (Havoc) ou pour marteler le souvenir du génocide en vogue du moment (!) en continuant à forcer ce pauvre Fassbinder à se tordre la mâchoire dans tous les sens pour tenter d’autres manières d’exprimer son désespoir (!!) ; et le reste de la direction d’acteurs est à l’avenant. Encore une fois, avec le doigt profondément enfoncé sur la tempe, des fois qu’on ait pas bien compris l’accroche :  » JEAN ! DÉCHAINE ! TON ! POU ! VOAAAARRRR !! ».
    Enfin ! Heureusement, il y a cette version alternative de Quicksilver, qui nous refait le même numéro rigolo que dans l’opus précédent : on a pas tout perdu… Ha tiens, si : l’espoir légitime du fan moyen.

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