The Big O par Studio Sunrise et Cartoon Network
Un article de JP NGUYEN
1ère publication le 17/09/19 – MAJ le 27/12/19
The Big O est une série animée en deux saisons et 26 épisodes, produite par le studio japonais Sunrise entre 1999 et 2003. Ses créateurs sont Keiichi Sato, responsable du design, Kazuyoshi Katayama, réalisateur et Chiaki J. Konaka, scénariste. N’ayant pas rencontré de succès au Japon, la série fut d’abord raccourcie à 13 épisodes. Grâce à son succès à l’export et notamment aux Etats-Unis, une deuxième saison vit le jour, en coproduction avec Cartoon Network.
En VF, seule la saison 1 a été éditée en DVD, par Dybex.
Paradigm City est une ville amnésique. Cette métropole de verre et d’acier, évoquant fortement le New York des années 30, est le seul ilot de civilisation subsistant au sein des grandes étendues d’un désert de sable, suite à des évènements survenus quarante ans auparavant. Que s’était-il alors passé ? Plus personne ne s’en souvient. Les habitants de la ville ont perdu tous leurs souvenirs… Mais la vie continue, sous les dômes, où vivent les riches citoyens, et en dehors, où se massent les déshérités, le tout sous la surveillance et le contrôle de la Paradigm Corporation.
C’est dans cet univers qu’évolue Roger Smith, qui exerce la profession de négociateur. Ce terme un peu vague recouvre en fait toutes sortes d’activités, de la remise de rançon aux négociations avec la compagnie d’électricité en passant par des investigations dignes d’un détective privé.
Dans le premier épisode de la série, Roger rencontre R. Dorothy Wainwright, un robot ayant l’apparence de la fille d’un savant disparu, qui devient son assistante. Egalement épaulé par son majordome Norman Burg, Roger peut aussi compter sur un soutien au sein des autorités en la personne du major Dan Dastun, chef de la police militaire. Une grande ville inquiétante, une sidekick, un majordome dévoué et un ami dans la police ? Oui, Roger Smith s’inspire fortement d’un certain Bruce, et je ne parle pas du maître du blog (mais je vous en prie, faîtes des articles en mon honneur, ma mégalomanie rampante n’en sera que comblée Ndlr).
Mais lorsque ses missions le confrontent à des menaces de grande ampleur, et notamment à des robots ou monstres géants, Roger Smith fait appel, via sa montre bracelet, à sa carte maîtresse : un Megadeus, mystérieuse relique du passé, transporté via les souterrains de la ville dans un train spécial, le mecha Big O peut surgir à peu près n’importe où afin que Roger monte à son bord pour le piloter.
A ce stade, on pourrait penser au grand n’importe quoi. Le casting de Batman transposé dans un futur dystopien, pour des intrigues à l’ambiance de film noir dans lesquelles surgissent des créatures géantes, dignes des sentais ou de Goldorak ? (ou plutôt Giant Robo, une des influences assumée par les créateurs de l’anime). Et pourtant, le mélange fonctionne ! La saison 1 comporte surtout des épisodes stand-alone tandis que la saison 2 déroule un fil rouge qui explore les secrets de la fondation de Paradigm City.
Côté méchants, Roger Smith n’est pas forcément très gâté. Il y a peu d’ennemis récurrents dans la série et ils sont assez peu charismatiques : Schwarzwald, un dément à la tête emmaillotée sous des bandages lui donnant un air passablement ridicule ou Beck, un malfaiteur dandy et loufoque adepte de la loose…
A big robot in a big city
Même le grand méchant de la saison 2, Alex Rosewater, à la tête de la Paradigm Corporation, ne dispose pas d’une aura très impressionnante. Seul Alan Gabriel, un assassin cyborg aux habits évoquant ceux du Joker, arrive à élever un peu le niveau .The Big O n’aura donc pas su reproduire une des grandes réussites du mythe batmanien : la galerie des vilains.
Avec son casting principal habillé de noir, le character-design de Big O est assez épuré. A noter qu’en interview, Keiichi Sato a confessé s’être inspiré de Tom Cruise pour le visage de Roger Smith (ben oui, y’a pas que des bonnes influences dans cet anime…). Le mecha-design est, lui, plus original : le Megadeus Big O possède un certain côté steampunk, avec son look de vieille locomotive et ses rivets apparents. Le tout est animé de manière très correcte, sans pour autant atteindre des sommets de fluidité visuelle.
Cependant, le dessin animé possède un atout remarquable : sa musique, composée par Toshihiko Sahashi. Ne vous laisser pas rebuter par le générique de début « Big O », qui pastiche le Flash Gordon de Queen, les musiques d’ambiance sont beaucoup plus sympas. Un mélange de musique classique et de jazz, avec quelques touches de synthé qui contribue vraiment à installer l’ambiance. Mon morceau préféré reste « Brick Ballades – Houston Street », avec son saxophone mélancolique, qui accompagne une scène récurrente de l’anime où Roger parcourt les rues de Paradigm à bord du Griffon, sa limousine noire… oui, une voiture classieuse à gadgets, encore un emprunt au héros de Gotham !
Comme un air de Batmobile !
Si vous souhaitez vous lancer dans la série, il me faut vous lancer quelques mises en garde. Tout d’abord, comme mentionné en début d’article, seule la saison 1 est actuellement disponible en DVD VF. D’autre part, la série était plus ou moins planifiée sur 3 saisons et, sentant le vent de l’annulation définitive, les scénaristes ont terminé la série sur une révélation assez déconcertante et, pour être honnête, difficilement compréhensible ou du moins sujette à plusieurs interprétations.
Malgré ces défauts et l’abondance de références assumées, The Big O est quand même une série distrayante, aux intrigues assez diversifiées : même si les épisodes comportent toujours quelques passages obligés, on ne ressent pas un effet de répétition totale à chaque épisode. La série possède son charme, grâce à l’atmosphère particulière de Paradigm City, ses protagonistes principaux (héros et robot) pleins de classe et ses scénarios mêlant mystères, nostalgie, questions existentielles et gros-bourrinisme…
The Big O est une sorte d’elseworld géant qui explore la question qu’on n’aurait peut-être jamais songé à poser : « Et si Bruce Wayne avait été ré-inventé par des japonais ? ». Sans être indispensable, la série constitue une réponse assez savoureuse, prenant la forme d’un cocktail noir-mécha. Il serait dommage qu’elle tombe dans l’oubli…
Big Duo, Big O et Big Fau : et oui, à la base, la série devait promouvoir une ligne de jouet…
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La bO du jour
Je suis déconcerté par ce qui ressemble effectivement à une ré interprétation de Batman agrémentée d’autobots … Le manque de force des vilains me rebute un peu aussi mais je vais tenter l’expérience s’il existe une vostfr. Mais quelle est l’origine du personnage principal? Batman repose sur un enfant brisé par la mort violente de ses parents. .. comment est apparu ce personnage?
Hello Matt, le matinal !
Oui, la Vostfr existe, il y a aussi une version doublée en anglais, de bonne qualité.
D’où vient Roger Smith ? Et bien, on apprend rapidement que c’est un ancien militaire (d’où sa relation avec Dastun), pour le reste, ça fait partie de l’ambiance mystérieuse de la série (les explications n’arriveront qu’à la toute fin de la série…)
Merci pour cette chronique JP ! Figure-toi que cette série me tape dans l’oeil depuis un petit moment et fait partie de ma liste « à acheter » !
Par contre, je suis déçu que seule la saison 1 soit disponible, d’autant que le coffret DVD prétend être une intégrale ! La preuve :
http://www.amazon.fr/gp/product/B00BMFJXF0?keywords=the%20big%20o&qid=1442468024&ref_=sr_1_1&s=dvd&sr=1-1
Je suis au départ attiré par le côté rétro-futuriste de cette série. Cependant, j’ignorais qu’il s’agissait d’une relecture de Batman par les animateurs japonais ! Je m’étais davantage figuré un « Metropolis » mâtiné de « Mike Hammer » ! Un peu comme l’épisode « Une histoire de détective » que l’on trouve dans Animatrix, mais en plus fun…
Je n’avais jamais entendu parler de ce croisement entre Bruce Wayne, une forme de mécha, et Radiant City où évolue Mister X de Dean Motter. En tout cas, la Batmobile est très sympa, et l’idée d’implanter des dômes donne une forte identité graphique à Paradigm City.
La BO sonne effectivement très Mike Hammer. Sinon, concernant cette série, JEP ! (Jamais entendu parlé). Comme ça, cela semble fun, peut être tomberai je dessus en médiathèque sait t’on jamais !
Je suis content en tout cas d’avoir trouvé un créneau pour publier cet article prêt depuis le mois de mai ! J’en profite aussi pour saluer la cinquantième chronique Nguyenienne dont l’implication va crescendo et qui, en off, souvent (je vais pas dire tous les matins de peur de passer pour un branque…), me notifie via Facebook, les coquilles rebelles de l’article à la une !
Cheers Mate !
@Tornado : Et oui, la description du produit est trompeuse… c’est en fait l’intégrale… de la saison 1 uniquement…
Je ne sais pas si ça te plairait, en fait. C’est sûr qu’il y a un côté Steampunk/rétrofutur comme tu l’évoques mais la série est plutôt ciblée ados, ce qui limite le niveau graphique de la violence et des thématiques « détective » (ce n’est pas du hardboiled à la Sin City…)
Ce qui m’avait séduit, c’était l’ambiance et le thème de la mémoire/des souvenirs… Au fond, je suis un grand nostalgique… Pas étonnant que mes articles tournent parfois au « JP Special Origines ».
@Bruce : selon ma propre compta, je ne suis pas encore tout à fait à 50, mais pas loin… Je te remercie de m’avoir associé à cette joyeuse entreprise (bénévole) de comics-blogging.
Un petit teaser de futurs (lointains) articles que je signerai ou co-signerai : un article en duo avec Cyrille M, deux autres avec Présence, un « revisited », du Batman, plus du franco-belge et des histoires de super-héroïnes…
Et dire que je m’étais fixé l’objectif ambitieux d’un article par mois… Je crois que je me suis un peu laissé emporter…
Et bien merci JP pour la découverte, ça a l’air bien sympa. Bon, par contre, je ne suis pas du tout certain de pouvoir la visionner un jour… J’aime bien le graphisme, le côté rétro-futuriste et le steampunk sous-jacent.
Je tiens à ajouter que j’ai été ravi de faire une chro à quatre mains avec toi, JP, et ça sans coup de bigo (rmmh… je suis nul en jeux de mots en fait). Quant à moi, j’ai plein d’idées, mais je peine à coucher tout ça sur le papier virtuel… Mazette, 50 chroniques, c’est un objectif pour moi !
Je suis super fan de cette série depuis 2004, j’ai la saison 1 en DVD mais je n’ai jamais trouvé la saison 2 en vostfr. Si quelqu’un à les liens de la seconde saison en vostfr ou sous-titré anglais… Pensez à partager. 😉
Bonjour Monsieur Vinchinouchou…
Ici chez Bruce Lit, nous achetons TOUS nos DVD, BD, COMICS etc. L’idée que nous puissions passer par des circuits
illégaux, euh alternatifs ne nous a jamais passé par l’esprit. Vraiment. Non. Jamais. Pas bien….L’atmosphère de cet animé est totalement prenante entre comics steampunk et robots géant dans un mode désolé…il y a de tout et c’est vraiment une démonstration de ce que savent faire les japonais quand ils sont inspirés visuellement… c’est unique malgré les références et j’ai adoré lire l’article de JP qui m’a tout remis en mémoire d’un seul coup…
j’aurais aimé voir la saison 2… dommage…
Quelle étrange série ! Jamais entendu parler avant aujourd’hui !
Dommage que la fin ne soit pas à la hauteur de la série… Qu’est-ce que c’est agaçant d’être ainsi tributaire de l’audience et de l’argent… Combien de séries se sont vues finir soit sur un cliffhanger atroce, soit avec une fin bâclée parce que pas renouvelée ?
Bon, ça m’intrigue quand même tout ça, je pense y jeter un œil à l’occasion… Je ne suis absolument pas fan des mechas style Goldorak, mais l’ambiance « BATMAN LA SERIE ANIMEE » me plait bien…
Merci JP et merci Bruce pour la mise à jour !
« Combien de séries se sont vues finir soit sur un cliffhanger atroce, soit avec une fin bâclée parce que pas renouvelée ? »
Moui enfin…c’est aussi parce que les producteurs ne savent pas s’arrêter.
Stranger things aurait pu ne constituer qu’une seule saison. Mais ça continue, encore, encore…et un jour on ralera « roh là là mais ça finit de manière nulle » ou « fais chier c’est annulé »
Bah ouais mais…arrêtez vous tant que ça marche et que ça forme un tout cohérent !
Ils sont tributaires de l’audience et du fric tout simplement parce qu’ils refusent de s’arrêter tant qu’ils touchent du fric.
Oui il y en a quelques-unes qui auraient dû s’arrêter après les meilleurs arcs, comme Dexter par exemple.
Mais beaucoup n’ont jamais pu aller au bout du projet. Et autant je préfère une série longue que rien ne t’oblige à regarder jusqu’au bout, autant ça m’agace de ne pas avoir une vraie bonne conclusion.
On est des vieux routards maintenant, on sait que souvent la fin il faut se la choisir: en comics, en série, dans ce qui est feuilletonesque…
même en musique, on largue un artiste quand il tire trop sur notre fidélité/résistance.
The big O, c’est 26 épisodes en tout et pour tout, on aurait pu avoir une fin sympa avec six oav de plus par exemple…
c’est vraiment une chouette série Kaori, je te conseille si tu en voir des bouts sur you tube ou autrement pour te faire une idée…
Merci pour la mise à jour, Bruce !
Je suis enfin en vacances la semaine qui vient, j’aurais presque envie de la revoir, cette série… Mais trop de choses à faire…
En tout cas, j’aime toujours autant l’OST de cet anime…
Génial. Entre les parti-pris esthétiques qui donnent une « patine futuriste » (?!) aux personnages et à l’univers dans lequel ils évoluent, le traitement graphique très soigné de l’ensemble, le pitch gratuitement apocalyptique du scénario purement SF, qui ne sert finalement qu’à mettre en exergue les valeurs et motivations des (quelques !) héros principaux, tous aussi soigneusement calibrés qu’efficacement mis en relation, on peut affirmer que Big O est une brillante démonstration de savoir-faire Japonais dans l’art de la réinterprétation.
Action et humour, tension et romance, philosophie et psychologie : cahier des charges habituel extrêmement bien rempli pour cette production dynamique et résolument originale, bien que néanmoins très assortie à ce qui était en vogue à l’époque -même le générique, remix gaguesque du titre Flash, de Queen !
Incontournable, pour peu qu’on ne soit pas allergique à l’utilisation outrée de poncifs en tous genre, même quand ils sont utilisés aussi intelligemment qu’ici -et la conclusion est époustouflante de lyrisme !
Pour la conclusion de la série Big O, j’ai souvenir qu’elle était un peu abrupte et pas totalement satisfaisante.
Dans un tout autre genre, j’ai regardé la série CLAYMORE, il y a quelques semaines et même si l’anime se termine plus rapidement que le manga j’ai trouvé la coupure mieux faite avec un dénouement satisfaisant pour les principaux personnages…
Je ne connais pas Claymore ; mais, s’il est vrai que la fin de Big O est surprenante dans sa mise en scène déstabilisante, elle est raccord avec le propos de l’histoire « bis » de la série. J’avoue avoir mieux assimilé la chose au second visionnage intégral -ou le troisième ?!
Je ne pense pas avoir tout saisi des astuces du scénario, même si j’ai capté « l’idée » de la démonstration (Les rôles/destinées authentiques -en rapport avec l’individu- assumées au fil de la vie, plus importantes que les formes au travers desquelles elles s’expriment), mais j’avoue un faible pour les mises en abîme Nipponne (casse-tête, quoi !).