Elektra Volume 1 par Bendis et Austen
Première publication le 8 avril 2014- Mise à jour le 09 février 2015.
Editeur VO : Marvel
Editeur VF : Panini
Elektra Natchios. En voila une dont la résurrection n’intéresse pas grand monde et qui n’aura rien accompli de notable dans l’univers Marvel depuis …la fin des années 80.
Lorsque le fameux Bendis reprend le personnage dans le cadre de Marvel Knights au début des années 2000, Joe Quesada, libéré de la censure imposée par le Comics Code, insuffle un vent de maturité sur les Super Héros Marvel.
A partir de cette époque, Bendis devient le golden boy de la maison des idées, celui qui transforme en dollars tout ce qu’il écrit. Il scénarisa plutôt bien Daredevil, même si la fin de son run sentait un peu le roussi.
Mais avant sa main mise sur des crossovers plus idiots les uns que les autres, des runs lamentables et des massacres de personnages dont il faudra des années pour réparer les dégâts, le lecteur lambda ne ricanait pas encore en voyant Bendis sur la couverture.
Voici donc 5 épisodes consacrés à la ninja grecque. Alors que celle-ci a retrouvé le meurtrier de son père, l’histoire revient en flash-back sur la participation d’Elektra au sauvetage de la démocratie américaine. Embauchée par le Shield, Elektra est chargée d’éliminer un certain Saddam Abed tyran irakien… Celui ci est soutenu par Hydra et possède une relique Égyptienne capable de mettre le monde en danger…
Donc voilà, loin de moi l’idée d’une névrose obsessionnelle sur Bendis mais quelle nullité…Des allégories au ras des pâquerettes sur les arabes et des amalgames impressionnants de conneries…Car on peut reprocher beaucoup de choses à Saddam Hussein mais le décrire comme un fanatique religieux, lui qui a souvent, au prix du sang, imposé la laïcité dans son pays, c’est assez fascinant…
Certes, nous sommes alors dans une Amérique post 11 septembre mais Bendis va très vite en besogne en justifiant l’assassinat d’un tyran financé par les services secrets américains… Il reprendra ensuite la même thématique de la fin justifiant les moyens dans son Secret War. Donc Elektra accepte d’être la mercenaire d’un pays dont elle se fiche éperdument. Un cyborg s’énamoure d’elle et l’aide à sauver la démocratie sur fond de journaux télévisés. Après avoir pillé les meilleures idées de Miller pour DD ( qui le lui reprocha publiquement à une cérémonie des Eisner Awards), Bendis continue de plagier les copains en reprenant les ingrédients du célèbre Elektra Assassin…
On peut penser tout le mal qu’on veut des relents réacs du vieux Frank, mais Bendis ne joue vraiment pas dans la même catégorie. Il ne s’agit plus d’un hommage rigolo, mais de citations sur des pages et des pages de sa saga avec John Garrett ! Et puis le tic de Bendis : des dialogues en premier lieu rigolos qui deviennent vite lassants puis inappropriés. Tout le monde chez lui a l’esprit léger même dans les pires situations et semble atteint de logorrhée verbale épuisante à force d’avoir des personnages incapables d’aller droit au but.
Petit extrait d’un agent du Shield tentant de recruter la belle grecque : Je reviens pas ! Bon Dieu que tu es belle ! J’espère que tu ne fais pas partie des femmes qui se sentent insultées quand un homme leur dit qu’elles sont séduisantes ! Typiquement féminin ça ! Ce genre de remarque ne froisse pas les mecs. Dis moi que je suis sexy.Allez dis le ! Dis le, allez ! Dis : Wow quel canon! Heureusement Bendis a décidé de faire d’Elektra un personnage quasi muet …
Bendis est un faiseur, un copieur, un imposteur. Ici, il se prend pour Tarantino. Ailleurs il plagiera Miller donc, mais aussi la série Galactica, la saga du clone de Spider Man, les Thunderbolts de Warren Ellis ou les Xmen de Claremont. On est à des années lumières de l’intelligence et de la géopolitique amère et violente d’un Garth Ennis qui livrait une vision du monde amère et nihiliste dans son Punisher. Sa menace terroriste ne fait peur à personne, ses personnages ne sont pas crédibles et il utilise comme à son habitude un gadget permettant d’appuyer la notion de danger…
Et aux dessins, Chuck Austen ! Pour un lecteur néophyte, Chuck Austen a écrit probablement le plus mauvais run de toute l’histoire des Xmen, jamais réedité tellement Marvel a honte… Austen dessine aussi à ces heures perdues et tente ardemment d’imiter Alex Maleev. Dans l’ensemble, ce n’est pas déplaisant. Au second coup d’oeil, les effets de flou et les couleurs semblent atténuer son trait ultra rigide. Elektra est si maigre qu’elle semble sortir d’ne grève de la faim, elle arbore une texture de cheveux différentes selon les angles de vue et ses combats n’ont aucun mouvements. On a rarement vu une bagarre aussi statique que celle l’opposant à la fin au samouraï d’argent… Les fétichistes pourront se réjouir de voir la belle pieds nus les écrasant contre le visage de ses ennemis. Là encore ce n’est même pas excitant du fait que Austen dessine comme un…pied (sic).
Enfin quel piètre paysagiste. Passe encore qu’il représente Montmartre à côté d’une bouche de métro…. Mais lorsque la terrasse affiche une dégustation de beaujolais nouveau en plein été, on ne peut que conseiller à Austen de s’en resservir un verre! Quant à sa vue de Bagdad, jamais la capitale Irakienne n’aura été si laide… Et ce sans les bombardements…
Le cou du spectacle étant Elektra confiant le gadget en question à l’assassin de son père pour lui laisser une chance de laver son honneur. On apprend aussi que cette tueuse redoutable envoie des post-its à Nick Fury sur du papier façon Hello Kitty…Bien… On arrête là ?
Austen s’est volatilisé du monde des comics ! Il n’existe aucun scans sur google de son run pour Elektra, ceux présentés ici, je les ai obtenus en vendant mon corps….Par contre Bendis lui continue du haut de sa médiocrité de présider depuis 15 ans le destin des plus grands super héros Marvel…Allez comprendre…
J’avais trouvé que c’était de la daube quand c’est sorti en Marvel 100% à l’époque, impression confirmée !
salut
je suis plutôt une lectrice de SF et de Fantasy. On m’a offert elektra icon comics et effectivement j’ai etait decus par « elektra renait a la vie » qui est plutot centré sur dardevil mais que penser vous de la série écrit par Daniel G. Chichester faut elle le coup?
merci
Merci de ce commentaire, Bruce. Mais, Bendis ou pas, je retire de mes lectures des comic books de chez Marvel (très limités entre les années 1980 et 2005) que Elektra n’a jamais été mieux mise en scène que par son créateur. Les autres ressassent un peu la même histoire, avec plus ou moins de « format » dedans. Ah ! Et j’ajoute que les traductions françaises de chez Panini sont catastrophiques, spécialement pour Bendis..
J’ai resurvolé cet album ce week-end et même si les dessins piquent énormément les yeux, ça et là, on retrouve des passages de l’ancien Bendis, celui qui incluait de bons dialogues et pas que pour faire style.
Allez, je vais même y aller de ma mini-provoc : quand Elektra évoque Ko Hung, le personnage de la Chine ancienne dont le credo était que ses actes n’avaient aucune importance sur l’odre global des choses, cela m’a fait songer à… Alpha – Directions !
Toutes proportions gardées, évidemment, il faut pas abuser, non plus…
aie! Je n’ai jamais perçu Bendis sous cet angle mais la critique est intéressante à lire même si je ne partage pas tous les points de vue.
Moi qui ai aimé son Daredevil, son alias et ses All new x-men.
Je suis plutôt un nostalgique et les plagiats, je ne les ressens pas de la même façon.
Je dois avoir quelques neurones en moins sans doute 🙂
L’intelligence des arguments et de l’article me fait presque honte à mon âge d’aimer Bendis (alors que je place Claremont et Miller des années 90 au dessus de tout).
Est-ce grave docteur ? 😉
ps : malgré tout, je n’ai ces 100%marvel d’Elektra et tu ne me donnes pas trop envie des les chercher vu comment les américains traitent le monde arabe avec si peu d’objectivité désormais (même Clint Eastwood)…