Providence, par Alan Moore & Jacen Burrows
Par : TORNADO
VO : Avatar
VF : Panini
1ère publication le 26/01/18 – MAJ le 26/01/23
Cet article porte sur l’intégralité de la série Providence, réalisée entre 2015 et 2017 par le scénariste Alan Moore et le dessinateur Jacen Burrows.
Vous êtes ici dans la 2° partie de l’article. La 1° partie est disponible sur cette page.
Rappel : Cet article est une retranscription de l’enquête réalisée par Terence Tornado, professeur à la faculté du Boléro de Ravel de Thonon (et apparenté à un certain chroniqueur du blog Bruce Lit), disparu dans des conditions mystérieuses.
Attention : Il contient quelques éléments-clés, susceptibles de révéler des secrets dangereux pour votre santé mentale et pour votre salut…
Rappel des faits : Cet article s’articule sur trois chapitres, plus une introduction dédiée au graphic-novel Neonomicon. Soit un chapitre pour chaque tome de la série.
Nous arrivons ici au dernier tome, qui mérite à lui seul un focus particulier. En effet, c’est ici que vient aboutir l’enquête menée depuis le début par le journaliste Robert Black ; mais c’est aussi au moment du dénouement, lors du dernier épisode, que nous retrouvons les personnages de Neonomicon, réunis pour un final insinuant qu’Alan Moore a bel et bien fait le tour de la question, quant à son hommage à l’œuvre d’Howard Phillips Lovecraft…
Je vous rappelle enfin que le but de mon enquête est de percer, à travers la vision de l’auteur de Watchmen et de V pour Vendetta, les secrets qui nous mèneront, je l’espère, jusqu’aux origines du Necronomicon et, par extension, à la clé menant aux portes de l’au-delà et aux Grands Anciens…
3) Tome 3 – Aux frontières de la fiction et du réel :
On s’en doutait un peu : Plus l’enquête du journaliste Robert Black avance, et plus le piège se referme sur le pauvre homme.
A force d’accentuer ses recherches sur les origines de cette secte occulte dénommée la « Stella Sapiente », dont les préceptes semblent fondés sur le livre mystérieux (et manifestement dangereux) de « Hali » ; à force de s’enfoncer dans les mystères de la Nouvelle Angleterre et de ses villes déformées par quelque présence délétère ; à force de se rapprocher de Providence, la ville de l’écrivain Howard Phillips Lovecraft, Black est descendu trop loin vers le côté obscur de l’Amérique de ce début du XX° siècle pour pouvoir en ressortir indemne.
1919. Tel est le contexte historique dans lequel Alan Moore a placé son récit. C’est l’époque où H.P. Lovecraft entame le versant de son œuvre dédiée à l’horreur cosmique. Un ensemble vertigineux de nouvelles qui vont marquer le XX° siècle tout entier et parfois même influer sur la vie et les mœurs de tout un tas de gens, qui auront fantasmé sur le Necronomicon, spéculant sur l’hypothèse proprement édifiante que l’écrivain n’ait rien inventé, mais qu’il ait au contraire masqué un livre bel et bien réel ainsi que toute une mythologie cachée (et toute aussi réelle) sous d’apparentes œuvres de fiction…
S’il y a bien un thème qui passionne Alan Moore, et qu’il a déjà allègrement exploré et développé à travers la série Promethea, c’est celui qui consiste à lier la réalité et la fiction. Forcément, sur le principe, l’œuvre d’H.P. Lovecraft s’y prête à merveille si l’on prend comme postulat le fait que son Necronomicon a dépassé le stade de simple création fictionnelle pour devenir un objet de culte et de fascination chez une infinité d’admirateurs, qui auront conjecturé la possibilité que le livre ne soit pas du domaine de l’imaginaire (au point que certains s’en soient inspiré afin de mettre en scène des cérémonies malsaines et de commettre des meurtres atroces). Ainsi, pour ces personnes, l’écrivain aurait été une sorte d’élu ou de « canal spirituel », dont l’apparente créativité aurait servi à divulguer les secrets séculaires de tout un monde et de tout un ensemble de divinités terribles, cachés sous le vernis du mystère et de l’occulte, qui auraient attendu quelques millénaires pour surgir dans notre réalité contemporaine.
Les douze chapitres de la série Providence opèrent ainsi une lente et inexorable montée vers une issue où la réalité et la fiction se rejoignent, et où Robert Black (un personnage fictif) et Howard Phillips Lovecraft (un personnage réel) finissent par former les deux facettes d’une mythologie unique.
Le concept à lui seul est passionnant et le lecteur savoure à l’avance le dévoilement des arcanes qui auront permis à l’auteur de Watchmen de mener son entreprise à cet aboutissement virtuose.
On savait Alan Moore porté sur la magie, une activité qu’il exerce à ses moments perdus (en même temps que ses recherches sur le Gnosticisme !), et qu’il considère comme une discipline concrète. Et le voilà qui aborde cette dernière notion dans l’idée, précisément, qu’elle soit une composante, totalement réelle et recevable, permettant de relier la fiction et le réel.
Partant du principe que tout acte de magie s’appuie sur des sorts, des incantations, des formules ou des textes secrets, le scénariste expose alors la thèse selon laquelle « l’écriture », qu’elle soit banale ou sophistiquée, est un acte de magie pure.
Afin d’élaborer cette hypothèse, Alan Moore effectue une brillante démonstration du pouvoir de la lettre, dont la portée la rend effectivement capable d’influencer (au même titre que la science) le comportement des hommes, et donc de modifier la réalité, tel un pur acte de magie.
Partant des slogans publicitaires affichés sur les murs (soit une manière simple et primaire d’influencer nos actes en nous poussant subtilement à trouver un produit plus attirant qu’un autre), le scénariste étant sa démonstration aux textes les plus péremptoires de la création humaine, à savoir les textes religieux (ceux-là même qui exposent le pouvoir du « verbe »), dont le contenu s’est révélé prompt à modifier la manière de penser et de concevoir le monde et l’univers de populations entières.
Pour peu que l’on soit athée ou, à tout le moins, que l’on ne partage pas la croyance en telle ou telle religion, on peut effectivement partir du principe que ce sont des fictions qui ont considérablement modifié la réalité, avec, en corolaire, l’idée que les deux champs aient fini par se rejoindre…
Une théorie qui s’accommode ainsi parfaitement de celle qui, par extension, voudrait que la mythologie développée en sous-texte par Lovecraft aurait pu influencer considérablement la vision du monde et de l’univers de certains lecteurs, au point de s’étendre de par le monde et de s’imprimer, dans l’esprit de beaucoup de gens, comme une nouvelle réalité…
A ce titre, un extrait du journal intime de Robert Black est plutôt éloquent : « Randall, par exemple, a dit penser que les origines de la prétendue « magie » pourraient reposer dans l’avènement du langage et de l’écriture. Il a expliqué que l’aptitude à enregistrer de observations et transmettre des pensées à d’autres personnes, souvent par-delà de grandes distances ou périodes, paraitrait surnaturelle aux yeux de ceux encore étrangers au concept de la communication écrite. (…) Que ce soit en utilisant la magie ou d’autres moyens moins controversés, il semble que les mots et les livres puissent effectivement changer notre monde en modifiant la perception que nous en avons, et puissent le précipiter vers un tout autre état…«
Quand bien même cette démonstration est d’ors et déjà passionnante d’un point de vue philosophique, Alan Moore va poursuivre sa réflexion en utilisant les possibilités intellectuelles que lui offre cette conception de l’écriture afin de dresser en arrière-plan un véritable réquisitoire à l’encontre des méfaits de nos religions, qu’elles soient monothéistes ou de n’importe quelle autre confession.
Alors que nous sommes bien obligés de reconnaitre que les guerres de religions reprennent de plus belle au cœur même de notre monde prétendument moderne et civilisé, Moore établit un parallèle édifiant entre le récit gothique et crépusculaire de Providence et les grandes religions qui s’affrontent encore aujourd’hui, celles-là même qui s’appuient sur les textes soi-disant sacrés que sont la Thora, la Bible et le Coran.
Ainsi, dans Providence, le modèle fictif (mais qui est censé être réel) que les personnages appellent parfois le « Livre de Hali » et qui va inspirer Lovecraft dans la rédaction de son Necronomicon, évoque le Coran de Mahomet. Mais la comparaison s’étend à toutes les grandes religions ayant initié de grandes vagues de guerres et de persécutions à travers le monde, notamment lorsqu’elles sont récupérées par des manipulateurs fanatiques, avec le christianisme en tête de liste, comme le suggère d’ailleurs l’étrange nativité du dernier épisode…
Par ailleurs, le scénariste ne se prive pas de dénoncer les répercutions sociétales qui découlent des dogmes religieux, telles l’homophobie et le racisme, stigmatisées par Robert Black, le héros de la série…
La mythologie développée par Lovecraft et relayée pas ses admirateurs est ainsi élevée par Alan Moore au rang de religion potentielle, dans une version hypertrophiée de nos religions actuelles, avec une orientation plus radicale, plus agressive et infiniment plus destructrice.
Le monde de la série Providence est ainsi voué aux pires tourments, comme pour nous rappeler, d’une manière allégorique, la force dévastatrice des religions qui ne sont que de possibles fictions aux répercutions universelles…
Avant de terminer, il convient de relever la manière brillante avec laquelle Alan Moore met en parallèle sa relecture du Mythe de Cthulhu avec le concept de la « création mythologique ». A ce titre, un autre passage du journal intime de Robert Black illustre parfaitement cette idée en se focalisant sur l’Amérique colonisée entant que berceau d’une mythologie propre, distincte des autres civilisations (et où Lovecraft serait l’équivalent d’un Homère des temps modernes) : « Tous les pays et toutes les cultures, au cours des premiers siècles qui suivent leur apparition, semblent produire naturellement leur propre mythologie du surnaturel et leur réseau de croyances populaires. (…) L’Amérique a moins de deux cents ans d’histoire, et peut être observée alors qu’elle traverse encore sa première période formatrice, nous donnant une occasion unique de regarder ce processus à l’œuvre. (…) Mais quand la mythologie proprement américaine se développera, dans ces temps dominés par la raison et la science, à quoi ressemblera-t-elle ? Je peux à peine l’imaginer, mais elle devra comprendre des dieux et des diables aussi immenses que les tours de New York ; aussi monstrueusement complexes et âcres que les taudis de Brooklyn ; aussi anciens et dangereux que le vaste réseau de tunnels qui serpente sous Boston ; aussi modernes et surprenants que les idées d’Einstein, ou que le Nu Descendant un Escalier de Deschamps (1), ou que la rivière de lumière électrique de Broadway après le coucher de soleil. Je pourrais presque visualiser une chose avec autant d’yeux qu’il y a de fenêtres dans une ville et une âme aussi insondable que celles de ces immenses perspectives de béton« …
Et le lecteur de reconnaître, entre les lignes de ce superbe passage, les créatures et autres divinités lovecraftiennes telles Cthulhu et Yog-Sothoth, qui semblent soudain faire écho à cette Amérique dans toute sa démesure …
Telle est donc la richesse thématique de cette dernière création du grand Alan Moore. Et pourtant, pourtant, je ne peux pas dire que mon plaisir de lecture ait été totalement accompli.
Outre le fait que la narration soit extrêmement statique (et pourrait se résumer à une suite linéaire de discussions entre divers personnages), Moore nous refait le coup de Watchmen (où l’on voyait déjà un monstre lovecraftien dans le dénouement apocalyptique !) en insérant entre chaque épisode des pans entiers de textes en prose (14 pages en moyenne). Point d’extraits de journaux ici, mais des passages du Recueil de pensées de Robert Black, soit une nouvelle forme d’hommage adressée à Lovecraft qui pratiquait lui-même cet exercice de journal intime. Le contenu de ces « pensées » est certes méta-textuel et apporte beaucoup de profondeur au récit, mais il se substitue trop à la forme de la bande-dessinée, finissant parfois par prendre le dessus (avec de nombreux passages répétant ce que le lecteur avait déjà lu dans la BD). Loin de moi l’idée de paraître paresseux en refusant de lire du texte sans images, d’autant que la prose est fort belle et que le contenu est souvent passionnant. Mais Alan Moore tombe ici, je trouve, dans un de ses travers, en ne voulant pas toujours se limiter à ce que peuvent dire les images.
Il faut dire aussi que le dessin figé de Jacen Burrows ne permet pas beaucoup à l’ensemble de décoller. L’artiste s’est pourtant amélioré de manière significative depuis ses débuts chez le même éditeur (auquel il demeure impeccablement fidèle) et la mise en couleur de ce même éditeur s’est également bonifiée avec le temps. On sent bien que le dessinateur s’est investi de manière prononcée dans son travail et il nous livre au final des planches détaillées tout à fait immersives dans la perspective de nous plonger dans un univers Lovecraftien à la fois domestique et fantastique, où les pires cauchemars jaillissent soudain du quotidien le plus pur. Et ce malgré un trait un peu figé et des personnages simples et classiques. De plus, dans le troisième tome, il faut reconnaitre qu’il s’est bien démené afin de faire ressortir l’horreur visuelle des créatures lovecraftiennes, ce qui tient quand même de la gageure pure.
Bien qu’Alan Moore ait souvent le nez pour dénicher l’artiste correspondant le mieux au concept de son récit, on peut quand même se demander si cette immersion dans l’univers lovecraftien n’aurait pas été pleinement accomplie avec un illustrateur plus conceptuel, de la trempe d’un Dave McKean , par exemple…
Même si l’artiste travaille dur en remplissant consciencieusement ses vignettes de tous les détails possibles afin de rendre l’immersion probante, il souffre de ses limites en termes de créativité.
On peut imaginer qu’il s’agit d’un parti-pris assumé et que le style assez plat de Burrows correspond à l’idée première de lier l’horreur lovecraftienne au réel le plus domestique, et ainsi la réalité à la fiction, mais on reste un peu sur sa faim quand même…
Enfin, la série se termine par un dernier épisode tellement baroque et expressionniste qu’il en devient franchement indigeste.
C’est le paradoxe de cette série : Malgré une mise en forme d’une simplicité et d’un classicisme désarmant, la narration est d’une complexité et d’un niveau de références sibyllines telles que la lecture en devient parfois opaque. Et il m’a d’ailleurs fallu lire l’avant-dernier chapitre trois fois d’affilée avant d’y comprendre goutte et d’en apprécier le complexe découpage spatio-temporel.
Au final, Providence est sans doute un chef d’œuvre dans son genre, une entreprise conceptuelle d’une ambition et d’une richesse à nulle autre pareille, et elle soutiendra, à n’en pas douter, un nombre quasi-infini de relectures.
Il s’agit d’une série à la fois passionnante, d’une richesse foisonnante et d’un intérêt infini pour l’amateur de Lovecraft n’ayant pas peur de redécouvrir l’univers de ce dernier sous la forme d’une relecture moderne et ambitieuse, rehaussée par une toile de fond plus vaste encore que celle des nouvelles originelles. Un peu comme si l’œuvre de Lovecraft se trouvait soudain prolongée et enrichie. Mais il demeure un certain sentiment de frustration dans la mesure où la forme du récit peut se résumer à une succession de dialogues et de recueils de pensées, pas toujours des plus limpides.
En définitive, on peut affirmer que Providence n’est pas, tout comme Promethea, une lecture qui viendra vers vous, mais qui exigera au contraire que vous fassiez l’effort d’aller vers elle. C’est ce que l’on appelle, de nos jours, un acte de création pure…
Note de la rédaction : C’est après avoir achevé ces dernières lignes que l’auteur de cet article à disparu dans des conditions inexpliquées. Si vous entendez parler d’un certain « Tornado », merci de venir nous le signaler.
(1) : Le Nu Descendant Un Escalier est une œuvre de Marcel Duchamp, et non de « Deschamps » tel qu’il est écrit dans le journal intime de Robert Black. Est-ce une faute d’Alan Moore lui-même, ou bien a-t-il voulu signifier par le détail que son personnage manquait parfois de culture ? Difficile de le savoir…
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La 2° partie de notre enquête sur « Providence », la série événement du grand Alan Moore, qui nous propose une remise à plat de l’œuvre mythique d’Howard Phillips Lovecraft, arrivé chez Bruce Lit dans la nuit. C’est de circonstance…
BO : En astrophysique, la « matière noire » désigne une catégorie de matière hypothétique. Un concept tout à fait adapté à l’univers Lovecraftien et aux références sibyllines de sa relecture par Alan Moore dans « Providence ». Le groupe Porcupine Tree marche sur les traces de Pink Floyd dès qu’il s’agit d’évoquer les concepts les plus sombres et les plus nébuleux…
Après avoir l’article, je ne peux qu’acquiescer sur le fait que ce tome 3 méritait amplement un article à lui tout seul. C’est passionnant de voir ainsi l’œuvre de Moore et Burrows se refléter dans l’œil du lecteur.
L’Amérique colonisée en tant que berceau d’une mythologie propre – C’est aussi le thème du roman American Gods, de Neil Gaiman.
Tu n’est pas le seul à t’être interrogé sur le choix de Jacen Burrows comme dessinateur, avec ses limitations techniques, mais aussi son approche très prosaïque. Un article très complet sur le sujet :
http://www.hoodedutilitarian.com/2016/05/jacen-burrows-and-the-mystery-of-providence/
Je pense que tu donnes un motif très convaincant sur ce choix : avec un tel artiste (qui a effectivement beaucoup progressé depuis ses débuts chez Avatar, avec des scénarios de Warren Ellis), Alan Moore ne craignait pas le risque d’un créateur qui en rajoute sur ses propres intentions d’auteur.
Merci beaucoup pour ce regard réflexif sur une œuvre aussi ambitieuse que complexe.
Visiblement, la série Providence a déclenché des comportements de nature obsessionnel / compulsif, avec un site dédié à en référencer chaque élément. Un exemple pour l’épisode 11 :
https://factsprovidence.wordpress.com/moore-lovecraft-comics-annotation-index/providence-11/
Merci pour les liens. Il faut dire que l’épisode 11 se prête particulièrement à l’exercice!
« son Necronomicon a dépassé le stade de simple création fictionnelle pour devenir un objet de culte et de fascination chez une infinité d’admirateurs, qui auront conjecturé la possibilité que le livre ne soit pas du domaine de l’imaginaire (au point que certains s’en soient inspiré afin de mettre en scène des cérémonies malsaines et de commettre des meurtres atroces). »
Punaise, y’a des tarés qui n’ont rien d’autre à foutre…
Bon alors c’est qui le Tornado qui nous répond s’il a disparu le vrai ?^^ Je me disais bien, il n’a pas encore dit que les comics old school c’est pourri depuis 2 jours, c’est peut être un imposteur^^ (éh, je taquine hein !)
Bon les réflexions sur la magie de l’écriture et la mythologie moderne ont l’air intéressantes. Après tu relèves exactement le truc que je me demandais au bout d’un moment « c’est figé et surtout des discussions entre personnages ». Et le dessin n’arrange rien à cette impression.
Bon je ne doute pas qu’il y a là plus de matière que dans ce Neonomicon machin là…mais je pense quand même que je passerai mon chemin.
J’ai vraiment du mal avec la charte graphique de la plupart des séries Avatar, heureusement que du côté des scénaristes, le choix est plus inspiré (Moore, Ennis, Ellis, Spurrier, Gillen, etc…).
Il faut bien reconnaître que cet article vend bien mieux l’ultime oeuvre de Moore que celui de lundi.
je suis curieux et j’ai envie de le lire.
Pour ce qui est de l’artiste, je crois que Moore en pleine démission en a rien eu à foutre de l’artiste en fait. il a « vendu » son scénar en l’écrivant de manière telle que n’importe qui pouvait l’illustrer: Mc Guiness, ou bien Jim Lee.
Avatar a son contingent d’artistes maison qui restent assez fidèles pour finalement quand même atterri chez Marvel à l’image justement de Burrows qui dessine Moon Knight maintenant.
Moore le savait et voilà, je ne suis même pas sûr que les deux hommes aient un jour parlé ensemble. c’est la méthode Avatar d’ailleurs.
Moore est un vieux de la vieille capable de fournir un boulot conséquent sans vraiment faire attention à l’artiste.
d’ailleurs il fait des romans désormais.
C’est un autre souci que j’ai avec Moore. Ses dessinateurs sont rarement à mon goût.
Le truc que j’aimerais bien lire de lui, mais qui évidemment est épuisé et non-réédité, c’est Promethea.
@Eddy Vanleffe – Alan Moore est certainement capable de fournir un boulot conséquent sans faire attention à l’artiste, mais son parcours me donne l’impression du contraire. Il a plutôt la réputation d’aménager ses scénarios en fonction des points forts de l’artiste.
-aHEM-
UN certain Chuck Austen a dessiné pour Alan Moore…
Oui pour la majeure partie de sa carrière…
Sur son comeback avatar, là où il a vendu ses nouvelles et confessé rebosser dans la BD pour payer ses impôts (ce qui est une provocation, on est d’accord), il a dû simplement « vendre » ses scripts à charge pour l’éditeur de trouver quelqu’un qui convient.
C’est comme cela qu’ils ont fait avec le taf de Warren Ellis dont Rip a déjà avoué n’avoir jamais vu l’ombre à part quelques mails d’ajustements.
Avatar achète de scripts de gars connus pour les mettre sur des couvertures, ils sont pas regardant sur le contenu puisqu’on a déjà pu remarqué qu’ils n’avaient pas des masses de tabou et ils filent le taf’ à un de leur dessinateurs….
Alan Moore ne dot pas avoir la même implication que lors qu’ila bossé avec Gibbons, Bolland ou O’Neil
Peut être que ça explique aussi les pages entières de texte sans dessin ce genre de travail.
Nous retrouvions effectivement le monstre Lovecraftien dans Watchmen voire de l’impact de la publicité comme tu le mentionnes sur les écrans d’Ozymandias. La symbiose de la réalité et de la fiction est un thème qui m’intéresse beaucoup (Paul Asuter a pas mal produit là dessus), mais je passe , ces histoires de Chtullu, de grands anciens, d’horreur cosmique (?) et grimoires me gonflent allègrement. Mon esprit n’arrive ni à prendre ça au sérieux, ni à m’y intéresser. Ce qui dénote de ma paresse et de mon inculture car je loupe du Moore, mais quand ça prend pas, ça prend pas, que voulez-vous….
Je ne peux m’empêcher de trouver des ressemblances entre le dessin de Dillon et Burrows. En trouvant le premier nettement plus doué et vivant…..
Je te remercie en tout cas de ces deux articles qui ont eu le mérité de me culturer sur un domaine qui me fait fuir en tant normal et d’avoir fait revenir Alan Moore dans le nuage des Hashtags. Inconcevable de ne pas l’y voir (et carré) !
La BO : écoutée ce matin….J’y arrive pas du tout. En fait, tout l’héritage planant du Floyd me gonfle. En cela tout est lié 😉
Un article passionnant et totalement différent de sa première partie. Tu alignes de nombreux thèmes et de nombreuses pistes et je reste circonspect devant ce travail : à la fois vivement intrigué par tes réflexions et par la qualité apparente du concept, mais repoussé par le dessin et tes déceptions. Surtout que j’adore Lovecraft… Je passe donc pour le moment mais j’ai pris un énorme plaisir à te lire.
En ce qui concerne les trois livres des religions monothéistes les plus connues, ils racontent en fait les mêmes histoires. J’ai appris il y a quelques années que ce sont les mêmes mythes qui sont partagés, ce sont trois versions différentes d’une même religion. La remarque sur la religion américaine naissante est particulièrement pertinente.
Mais ce qui m’a le plus intéressé, c’est ce rapport à la magie et au mot qui la forme. Au commencement était le verbe… Cette partie est bien d’actualité, puisque le monde, via ses médias, les réseaux sociaux omniprésents, peut être bouleversé par une tribune dans le Monde, et générer des heures d’images et de commentaires, audios, écrits ou vidéos. Et ce ne sont que des mots…
Je crois que la vraie communication est toujours manquante, que nous sommes totalement imparfaits et trop facilement influençables, fermés d’esprit. Je ne parle pas de nous précisément mais de notre race, la race humaine. Ton exemple de la publicité est le plus pertinent. Vous aviez vu cette expérience réalisée dans le cadre d’une création de pub ? Je ne retrouve pas la vidéo… Des publicitaires devait créer une approche pour un produit avec des animaux de compagnie, mais pour cela, on allait les chercher chez eux en voiture. Ils traversaient ainsi Londres jusqu’au lieu de l’expérience. Après quelques heures de travail, l’approche publicitaire qu’ils proposent est très proche de celle déjà faite par les instigateurs de l’expérience. Car tout au long du trajet en voiture, ces derniers avaient distillé des images et des thèmes que les publicitaires ne pouvaient pas éviter. Je ne sais pas si je suis clair.
Pour l’erreur de Black, c’est peut-être également une erreur de traduction ou éditoriale.
Enfin, je n’ai jamais accroché à Porcupine Tree ni aux efforts solos (enfin, ceux que j’ai tentés) de Steven Wilson. C’est trop propre pour moi.
Ce n’est toujours pas ma came mais tu le défends très bien, Tornado !
Et un adepte des sortilèges d’Anagrammoto ne peut qu’être d’accord sur la magie des mots 😉
Présence : merci pour le lien vers l’article qui décortique le dessin de Burrows ! C’est bien fait et avec bienveillance…
Bonjour.
Mon cousin Tornado ayant été mystérieusement porté disparu depuis la rédaction de cet article, il ne pourra évidemment pas, hélas, réagir à vos commentaires…
J’ai néanmoins retrouvé une ancienne note rédigée par ses soins, avec quelques passages qui peuvent éventuellement être mis en parallèle avec certaines de vos remarques publiées aujourd’hui. Je me permets ainsi humblement de vous les transmettre :
– « Concernant les dessins de Jacen Burrows, ce n’est pas la panacée. Mais je pense néanmoins qu’Alan Moore, qui a toujours su démontrer un don surnaturel pour sa capacité à choisir et à s’adapter au style pictural de ses dessinateurs (contrairement à Garth Ennis, je trouve) n’a probablement pas déposé son script dans une pochette surprise sans tenir compte de la « pâte » de son collaborateur. Quand bien même le dit collaborateur n’est pas un génie mais au contraire un simple faiseur dont le trait correspond au classicisme de façade, voulu par le concept de la série Providence. »
– « Concernant mon choix de BO : Les groupes actuels de neo-prog floydien (qui lorgnent clairement sur Gilmour en général et sur « Wish You Were Here » en particulier), constituent l’essentiel de mes goûts en matière de rock contemporain. J’imagine que ce n’est pas la came de mes confrères contributeurs portés sur un rock plus séminal, mais il va pourtant falloir qu’ils s’y fassent, car mes prochains articles feront la part-belle à tous ces groupes qui occupent aujourd’hui mes horizons musicaux, avec Riverside, Airbag, Porcupine Tree (et autres projets de Steven Wilson), Anathema, Pinneaple Thief et diverses formations du même genre.
Ainsi j’en appelle aux résistants, pour qui le rock progressif et ses héritiers contemporains ne sont pas synonyme de « personna non grata » (au secours Léo, Omac, les autres !).
Bien évidemment, je continue d’écouter un paquet d’autres choses (voilà que ces jours-ci je me refais la discographie de Chick Corea et que je retombe dans les vapeurs de Timber Timbre et de Cigarette After Sex). Et je reste ouvert aux éventuelles découvertes, Bruce m’ayant fait connaitre quelques pépites au hasard de nos discussions (The Pierces, Carl Barat et Danger Mouse, entre autres).
ça c’est du dévouement à un article, monsieur l’internaute qui n’a aucune rapport avec Tornado^^
Il était vraiment dérangé le pauvre Tornado : il a omis Gazpacho dans sa liste.
Cher Linter Nauth, merci pour ces quelques lignes qui répondent avec satisfaction à la fin de l’article… Je ne suis pas prêt du tout à écouter du Chick Corea (par contre je réécoute parfois un Herbie Hancock que j’adore, Headhunters, découvert il y a un ou deux ans) et je n’ai toujours pas tenté Timber Timbre. Par contre j’aime bien Cigarettes after sex, ça détend, c’est d’ambiance. Quant à Danger Mouse, même si je n’ai pas tout écouté de lui, je trouve ça super. Son disque Rome avec Daniele Luppi, où apparaissent Norah Jones et Jack White est bien cool et très gainsbourgien, le premier Broken Bells avec le chanteur de The Shins (j’ai oublié son nom) est d’enfer pour se lever et surtout, son album avec le défunt homme-orchestre de Sparklehorse (j’ai aussi oublié son nom) et David Lynch, Dark Was The Night, est génial.
https://en.wikipedia.org/wiki/Dark_Night_of_the_Soul_(album)
Ah ah je me suis planté, Dark Was The Night c’est une double compile très cool avec Andrew Bird, Arcade Fire, Sharon Jones & the Dap Kings…
Ah ! Le fameux Présence ! Il parait que vous aussi vous lui avez fait connaitre un paquet de trucs, à mon cousin…
Bon il n’a peut être pas disparu mais il a bien pété un plomb en tous cas^^
Concernant la musique moderne, j’ai beau avoir une culture à chier dans le domaine, mes goûts musicaux ne tournent absolument pas autour des « classiques » que je connais très mal ou que je trouve parfois…euh…pas du tout à mon goût, donc je suis tout sauf du genre à rejeter les trucs modernes. Donc vas-y écrit ce que tu veux…euh…souvenir de Tornado qui survit dans son cousin.
Pour les très accros, il est possible de continuer à sonder cette œuvre avec une table ronde structurée sur la base de citations d’Alfred Hitchock :
http://www.tcj.com/providence-lovecraft-sexual-violence-and-the-body-of-the-other/
… avec un article sur la fin de la série :
http://www.tcj.com/h-p-moorecraft-on-the-ending-of-providence/
Eh, Tornado, t’as réussi à échapper aux grands anciens maintenant on le sait. T’as le droit de poster un commentaire sur cet article^^
Je me demandais, si on n’aime pas le côté ultra pervers dégueu de Neonomicon de Moore avec ses viols collectifs et tout, on peut apprécier Providence quand même ou il remet le couvert dans les excès trash ?^^
Je me demande encore si je peux tenter cette lecture ou pas.
Je pense (la lecture commence à dater) que c’est moins trash. C’est malsain, mais en même temps très classique. Tu devrais tenter le début sur le net pour voir.
Mais le début va-t-il me donner la bonne impression pour la suite ? ça vire pas à 180° dans le trashouille aux 2/3 de l’histoire ?^^
Le malsain why not si c’est pas du malsain à la Garth Ennis…
Enfin Neonomicon je comprends qu’on puisse aimer hein, mais ça m’a rendu malade…et c’est pas du tout le genre de truc que j’attends d’un comics inspiré de Lovecraft. Je me souviens que l’intro était très bien mais après avec ce club de pervers et les viols successifs…pfiou…
ça faisait porno malsain. Et même avec une touche d’humour très bizarre quand la nana fait une petite branlette au monstre. Euh…
Enfin ça m’avait laissé perplexe et un peu nauséeux aussi…et pas dans le bon sens. On n’était clairement pas dans le suggéré façon Lovecraft mais dans les sévices humiliants. Pas ma came.
Alors disons que ces impressions sont minimes dans Providence. Il y a quelques moments extrêmement dérangeants. Mais ils sont moins ostentatoires, plus diffus, intégrés dans l’histoire de manière plus subtile. Ça reste tout de même une interprétation de l’univers de Lovecraft qui n’est pas faite pour faire kawaï…
Eh, j’ai pas demandé du kawaï non plus^^ C’est pas kawaï l’horreur, tu sais bien que je regarde des films d’horreur aussi comme toi.
Mais j’ai des limites, c’est tout. Quand ça consiste à juste humilier un perso durant plus de la moitié du récit, c’est juste pas mon truc.
Bref, merci pour les précisions.
Je pense que ce serait quand même mieux que je chope ça en mediatheque^^
Oui je disais ça pour rigoler ^^
Providence, je m’en souviens un peu plus avec un petit effort, c’est une narration d’un grand classicisme, perforée par des moments très malsains. Mais c’est beaucoup moins trash que Neonomicon.
Après avoir lu quasiment tout Lovecraft l’an dernier, je pense que je me relirais Providence avec un très grand intérêt. J’y percevrais encore mieux toutes les références et je suis persuadé que je vais adorer ça parce que chaque planche fourmille de détails empruntés à telle ou telle nouvelle !
C’est vrai qu’ils sont beaux les Lovecraft par Gou Tanabe^^
Ce sont mêmes des éditions luxe pour des mangas. C’est pas du format poche imprimé sur du papier à cigarettes.
Oui alors j’ai commencé Dans L’Abîme du Temps et je suis un peu dégoûté de la taille des planches. Il ne faut pas une loupe pour lire les textes, mais presque… Ça me rappelle les petits formats de mon enfance (Zembla et Cie). C’est pénible ça. Faut vraiment avoir envie. L’amour est aveugle…
Et pourtant c’est plus grand que beaucoup de mangas^^
Ils ne sortent que très rarement de mangas en format comics ou A4. Je crois que Akira y a eu droit. Mais sinon…
Oui ben c’est pour ça que je répète encore que là je fais une exception et que je vais pas me mettre aux mangas pour autant, hein…
Tu t’es déjà offert les trois bouquins ? T’as pas résisté longtemps ? 😀 Il y en a un autre qui sort en mars 2020.
Et au fait, as-tu vu que Providence est sorti en une seule intégrale ?
Nan j’ai pris que Dans l’abime du temps pour l’instant. Mais j’ai vu la gueule des autres aussi.
J’ai vu pour Providence. Mais je ne sais toujours pas quoi en penser. Je ne sais pas si ça va me plaire. Mais je me suis fait un chouette jeu vidéo Lovecraftien récemment^^
https://www.youtube.com/watch?v=wdQ3NLwoFYY
Comment ça tu t’en fous ? Ouais mais…t’aimerais pas que ce soit un film, hein ? Hein ?
Bon tant pis…
Oups me suis gouré de trailer^^
https://www.youtube.com/watch?v=PrWmTGQfWxM
Synchronicité : je viens de finir Providence (enfin, tout le bazar depuis the Courtyard), et je tombe sur ceci en lisant « The View from the Cheap Seats », recueil d’articles, discours et introductions de Neil Gaiman, recommandé par ailleurs, à propos de l’influence de Lovecraft, lors d’un panel en 1983 :
« A thin, elderly gentleman in the audience stood up and asked the panel whether they had given much thought to his own theory: that the Great Old Ones, the many-consonanted Lovecraftian beasties, had simply used poor Howard Phillips Lovecraft to talk to the world, to foster belief in themselves, prior to their ultimate return »
C’est-à-dire l’argument de la série.
Sur le lien entre magie et écriture : Moore a explicitement dit que la magie est le récit et réciproquement, de mémoire dans « A Disease of Language » (illustré par Eddie Campbell), le docu « The Mindscapes of Alan Moore » et certainement d’autres interviews, prenant appui notamment sur le fait qu’en anglais, « spell » désigne le fait d’épeler et un sort, et sur une espèce de variation de l’inconscient colletif Jungien. Étant conteur de profession, il est de ce fait magicien, et beaucoup de son oeuvre pourrait être relue comme un commentaire sur ce lien entre récit et réalité. Moore s’applique d’ailleurs à prolonger la métaphore, Providence est une oeuvre à clés, littéralement hermétique, qui s’adresse aux initiés et regorge de shibboleths.
Cette angle est une déclinaison qui me semble vraiment intéressante de l’hypothèse de Sapir-Whrof qui postulait que notre vision du monde est influencée par le language, une vision très mécaniste plus vraiment à la mode excepepté en fiction – j’ai en tête « Babel-17 » de Delany ou « Premier Contact » / « Arrival » de Ted Chiang / Denis Villeneuve, où le simpte fait d’apprendre une langue modifie concrètement les schémas de pensée. La bataille pour imposer son récit narratif est cruciale, par exemple en politique, et modifie de fait la réalité.
Beaucoup de son œuvre pourrait être relue comme un commentaire sur ce lien entre récit et réalité : 100% d’accord. Très régulièrement, Alan Moore met en scène le fait que l’imaginaire modèle la réalité, que les histoires peuvent créer des morceaux tangibles de réalités.
Une vision très mécaniste plus vraiment à la mode : si ça n’est plus à la mode, en tout cas c’est à l’œuvre. Il n’y a pas une présentation de projet qui ne soit accompagnée par ses éléments de langage : un vocabulaire choisi et reconfiguré pour l’occasion, dans un but patent de propagande.
Il ne s’agit pas de dire que l’usage de la langue, et surtout la construction du discours, voire carrément les opérations de commnication n’ont aucune influence, je ne jette pas aux ordures Bernays, Klemperer ou Clément Viktorovitch, Sapir-Whorf postule que la structure de la langue influence et contraint directement le mode de pensée, pour caricaturer que si on n’a pas de mot pour orange, on ne voit pas la couleur orange. Dans les fait, quand on rencontre la couleur orange, on invente un mot pour la désigner, en gros. Ou, dans le cadre de la SF, si on faisait disparaître la temporalité, on pourrait voyager dans le temps, ce qui est plus fécond en terme d’histoires.
Sur ces problématiques de langage, et justement dans le domaine SF, il faut absolument lire L’enchâssement de Ian Watson, réédité il y a quelques années aux éditions du Belial et augmenté d’une postface très intéressante de Frédéric Landragin intitulée « Un modèle de linguistique-fiction? » et qui détaille évidemment Sapir-Whorf mais aussi Chomsky.