Encyclopegeek – Les films de crocodiles géants ! – 1° partie
AUTEUR : TORNADO
1ère publication le 15/01/19- MAJ le 31/07/19
Cet article vous propose un tour d’horizon sur un sous-genre du cinéma horrifique et animalier un peu particulier : le film de crocodile géant !
Si le genre de l’animal tueur est véritablement né avec l’emblématique LES DENTS DE LA MER réalisé par Steven Spielberg en 1976, un sous-genre à lui tout seul est rapidement apparu dans son sillon, mettant en scène des sauriens à la taille fantastique.
Nous vous proposons un focus en deux parties sur dix films choisis, afin de brosser le tableau depuis l’apparition du genre jusqu’à aujourd’hui.
Dix films. Nous ne serons donc pas exhaustifs. Pour cela, allez taper « liste de films de crocodiles » sur Google, et vous verrez que certains sites en recensent près d’une centaine rien que dans le genre Horreur.
Nous ne vous parlerons pas de certaines pellicules direct-to-video (ni de leurs suites), tels KILLER CROC (1989) ou SUPERCROC (2007). Pas plus que nous n’écumerons en entier la liste des récents films jouant à fond la carte du faux vrai nanar bourré de mauvais goût cyniquement assumé comme SUPERGATOR (joli patronyme au demeurant), MEGA SHARK Vs. CROCOSAURUS, voire DINOCROC VS. SUPERGATOR et tutti quanti…
Enfin, nous ne parlerons pas non plus des films naturalistes avec animaux normaux (pas géants, donc), comme BLACK WATER (2007), quand bien même ils sont intéressants, et peut-être plus stressant encore que leurs cousins ouvertement horrifiques.
Nous nous contenterons donc d’un large panorama de films emblématiques couvrant près de quarante ans de dents de la mort géantes prêtes à croquer les écrans…
Avant de commencer, précisons tout de même que les films de crocodile ont le droit, ne vous en déplaise, de mettre aussi en scène des alligators, voire même des caïmans. Non mais…
1) LE CROCODILE DE LA MORT (1977)
LE CROCODILE DE LA MORT (EASTEN ALIVE, ou DEATH TRAP en VO) est un film américain réalisé par Tobe Hooper.
Le pitch : Dans un coin reculé de Louisiane, le gérant d’un motel miteux perché sur les bords d’un étang assassine sa clientèle en la jetant en pâture à un alligator qui attend patiemment ses proies…
Même en remarquant que le titre original ne fait pas autant de caisses à propos du saurien, il faut commencer par préciser que LE CROCODILE DE LA MORT est un vrai-faux film de crocos. Si tel avait été le cas, il aurait été le premier représentant du genre (on en reparle avec le suivant). Il convient ainsi de prévenir les amateurs que ce second film de Tobe Hooper ne montre guère l’animal (en vérité on devine sa présence mais on ne le voit tout simplement pas du tout !), et qu’il s’agit surtout d’un « film de maniaque » dans la lignée de son premier long-métrage, le désormais cultissime MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE.
Et puis d’ailleurs, entre le crocodile et l’alligator, le cœur du scénariste semble balancer, puisqu’il nous assène une explication sur les origines de la bête complètement perchée !
Bien que le film possède sa légion d’admirateurs énamourés, on est objectivement tentés de ne pas partager le même enthousiasme dès lors que l’on ne vient pas avec la même approche. Mauvais film ou film maudit ? (Tobe Hooper aurait quitté la production avant la fin du tournage pour cause de brouille avec le producteur, laissant ce dernier s’occuper des scènes manquantes et assurer le montage sans le final cut dévolu au réalisateur). Toujours est-il que le résultat est extrêmement fluctuant et qu’il souffre d’un manque de rythme et de passages à vides trop importants pour que l’on fasse comme si on ne les voyait pas.
Malgré le fait que la plupart des scènes soient bien filmées (on peut parfois admirer certains plans particulièrement travaillés et éclairés avec soin, dans une bichromie rouge et bleue de très belle tenue), on en ressort avec l’impression que Hooper s’est acharné tout du long dans l’espoir de retrouver l’essence de son MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE, sans jamais y parvenir. Le résultat final est donc très bancal, avec une surenchère de plans qui dénotent une volonté d’exhaler un maximum de relents glauques et malsains, mais qui finissent par tomber involontairement dans la farce et le Grand-Guignol, annihilant ainsi l’effet de malaise recherché.
C’est dommage car, au hasard de quelques scènes, on perçoit bien l’idée de départ : à savoir celle de faire du personnage de Judd, ancien combattant du Vietnam reconverti en taulier psychopathe et tueur en série tentant vainement d’expurger ses penchants malsains sous une apparente velléité de rédemption, le véritable monstre à figure humaine de l’histoire. L’alligator n’étant alors que l’outil et le reflet terrifiant du tueur. Hélas, l’ensemble ne convainc pas, la faute à un script mal finalisé, à un montage raté et à des effets horrifiques mal gérés. Reste le privilège de voir un film culte, traînant les oripeaux du grand film d’horreur qu’il rêvait peut-être de devenir…
2) ALLIGATOR (1979)
ALLIGATOR (ou LE DIEU ALLIGATOR, ou encore LE GRAND ALLIGATOR selon les occasions) est un film italien réalisé par Sergio Martino sous le titre original IL FIUME DEL GRANDE CAIMANO (LE FLEUVE DU GRAND CAÏMAN).
Il conclue une trilogie de films d’aventures spaghetti (mâtinés d’horreur et de fantastique) amorcée avec LA MONTAGNE DU DIEU CANNIBALE et poursuivie avec LE CONTINENT DES HOMMES-POISSONS.
Le pitch : Au cœur de l’Afrique, un riche promoteur caresse le rêve de créer un complexe touristique paradisiaque qui attirerait les foules. Il n’hésite pas, pour se faire, à construire un luxueux hôtel sur les terres d’une tribu locale. Lorsqu’un saurien géant surgit du fleuve pour dévorer les touristes, un photographe venu sur les lieux afin de promouvoir un documentaire publicitaire comprend, dès lors, qu’il s’agit d’une sorte de « divinité » invoquée par les indigènes afin de punir les envahisseurs occidentaux…
Imaginez la situation :
– Le producteur du film : « Hé les mecs ! les meeecs ! Et si on mélangeait le script des films de monstres ayant remporté le plus de succès dans les années 70 ?« .
– Le scénariste : « Ah ouais ! Et si, donc, on mélangeait le KING KONG de 1976 avec LES DENTS DE LA MER ?« .
– « Et si, à la place d’un gorille géant et d’un grand requin blanc, on mettait un crocodile ?« .
– « Et si, pour le coup, on mettait un crocodile géant qui serait en vérité un caïman en Afrique que les distributeurs français renommerait un alligator (mais quand même géant) ?« .
– « Ah ouais ! Trop bien comme idée !« .
Car tel semble être, à l’arrivée, le concept du film…
Ainsi, des pans entier du KING KONG de John Guillermin (une tribu indigène vénère un Dieu sous la forme d’un animal géant et kidnappe la belle femme blanche afin de l’offrir en offrande au monstre) et du JAWS de Steven Spielberg (un promoteur véreux tient absolument à taire les rumeur d’un danger animal pour ne pas voir fuir les touristes avec leur argent) sont repris allègrement tout au long de cette série B assez fauchée, qui nous lâche enfin la bête dans le dernier quart du film, laquelle est un superbe spécimen en carton d’une dizaine de mètres, dont la mobilité et la capacité à se mouvoir dans les eaux se situent entre celle d’un playmobil et d’une bouteille en plastique…
Malheureusement, à aucun moment on ne nous expliquera l’origine réelle de la taille anormale de l’animal, et encore moins le pourquoi du comment ce n’est manifestement pas un crocodile africain, mais au contraire un alligator (ou un caïman, vu le titre italien originel) importé des Amériques dans une version king-size. Décidément, après le film de Tobe Hooper, les représentants de notre sous-genre cinématographique semblent mettre un point d’honneur à ne jamais mettre le bon animal dans le bon continent…
Pour le reste, les acteurs font le job (le promoteur véreux est tout de même interprété par le vétéran hollywoodien Mel Ferrer, qui jouait déjà dans LE CROCODILE DE LA MORT !), le script est généreux en scènes d’action de tout poil (bagarres à l’italienne comprises), le réalisateur soigne les dialogues et les scènes d’exposition, additionne les plans à suspense sous les eaux en caméra subjective, assure une belle note d’érotisme estival ; le tout culminant lors d’un climax survolté où les attaques de la bête sont menées en parallèle au massacre des touristes par les indigènes furax, dans un déluge sanglant de hurlements et de panique tous azimuts.
A l’arrivée, ALLIGATOR, premier véritable représentant d’un genre en devenir (le film de croco, donc), est une série B à l’ancienne, aussi kitsch que possible, mais tout à fait divertissante dès lors qu’on prend la chose avec la légèreté qu’il convient de lui accorder. A noter la présence de Barbara Bach dans le rôle de la belle, très présente sur les écrans à l’époque (Sergio Martino lui avait déjà donné la vedette dans LE CONTINENT DES HOMMES-POISSONS), puisqu’elle avait fait la James Bond-girl dans L’ESPION QUI M’AIMAIT, avant de jouer dans L’HOMME DES CAVERNES où elle rencontrera Ringo Starr, qui deviendra son époux pour le meilleur et pour le pire…
3) L’INCROYABLE ALLIGATOR (1980)
L’INCROYABLE ALLIGATOR (le titre en VO est ALLIGATOR mais (comme c’est ballot) ces nigauds de traducteurs français avaient déjà renommé le film de Sergio Martino comme ça l’année précédente (raison pour laquelle, d’ailleurs, ce dernier n’a cessé de changer de titre au hasard des éditions vidéo…) est un film américain réalisé par Lewis Teague.
Le pitch : Près de Chicago, vers la fin des années 60, une petite fille ramène un bébé alligator acheté dans une ferme animalière. Rapidement, son père s’empresse de jeter l’animal aux toilettes, prétextant sa mort alors que la fillette est à l’école.
Douze ans plus tard, des fragments de cadavres déchiquetés sont découverts dans le vaste réseau d’égouts qui sillonne la ville. Au fil de ses recherches, le policier David Madison découvre que le tueur est un gigantesque alligator de près de douze mètres. Il s’agit en réalité (vous l’aurez sans doute deviné tout seul) du bébé jeté jadis dans les latrines. Ce dernier se serait nourri des cadavres de chiens balancés dans les égouts, des chiens ayant subi diverses expériences dans un laboratoire illicite où des scientifiques s’échinent à inventer un sérum permettant de décupler la taille des animaux (afin de soi-disant palier au problème de la faim dans le monde). Le souci c’est que le sérum, en plus de faire grandir le saurien, aurait rendu son appétit si insatiable, qu’il va devoir bientôt sortir des égouts afin de rechercher de la chair fraîche, humaine de préférence…
Il est aujourd’hui notoire que la présence de crocodiles (voire d’alligators ou autres caïmans) dans les égouts des grandes villes américaines ait atteint le rang de mythe urbain. L’origine de cette légende ayant d’ailleurs abouti sur la spéculation que l’on ait évacué des bébés sauriens depuis les toilettes ! Le film de Lewis Teague fait donc figure de témoin d’une époque, où l’on fantasmait en tremblant sur la possible présence de terribles dragons enfouis au plus profond de nos sous-sols domestiques…
Dans notre domaine du film de croco, L’INCROYABLE ALLIGATOR tient désormais le rôle de grand classique en même temps qu’il se place en lice pour figurer au rang des plus beaux nanars hollywoodiens de son époque. Je ne sais pas si c’est à cause de mon manque d’objectivité, étant donné qu’il s’agit du premier film que je suis allé voir au cinéma avec un copain lors de sa sortie (et donc la première fois que j’effectuais une vraie sortie sans mes parents), mais je trouve sa mauvaise réputation injuste.
Alors certes, c’est parfois très kitsch, mais comment ne pas le défendre ? Je dirais dès lors que le film est très chouette jusqu’à son dernier quart d’heure (il dure 87 mn), que son script est certes énorme mais solide, qu’il est porté par une bande d’acteurs « à gueule » qui force la sympathie (Robert Forster, Dean Jagger, Sydney Lassick, Henry Silva), et que ses effets spéciaux sont carrément réussis pour l’époque, avec une excellente gestion sur les plans du monstre, qui alternent parfaitement ceux de la marionnette et ceux d’un animal réel, superbe de surcroît.
Alors bien sûr, le dénouement est d’un Grand-Guignol extraordinaire, où l’on voit la bête débarquer en plein milieu d’une soirée mondaine où se trouvent, comme par hasard, tous les vilains corrompus qui ont contribué à laisser la catastrophe se répandre. Lesquels vilains s’empressent d’ailleurs, un par un, de se jeter dans la gueule de notre super alligator afin de contenter le spectateur avide de punition gore ! Mais pour le reste, le film n’a pas à rougir de la comparaison avec la plupart des films fantastiques de son époque, et notamment du précédent…
Ajoutons à cela une patine estampillée « 70’s » aujourd’hui hélas disparue qui faisait exister les personnages par l’intermédiaire de dialogues et de situations triviales joliment développées (il faut voir David Madison, le héros, s’inquiéter tout du long de sa calvitie naissante alimentant la plupart des discussions), et nous tenons ici davantage un classique un peu kitsch mais encore très divertissant et spectaculaire qu’un honteux nanar miteux…
En seulement un faux et deux vrais films de crocos, le genre se serait-il d’amblée nanardisé ? C’est ce que semble nous dire la suite des événements puisque, durant près de vingt ans, il ne va écumer que les films de série Z (direct-to-video), voire le petit écran.
LES DENTS DE LA MORT (1987), CROCODILE FURY (1988), KILLER CROCODILE 1 & 2 (1989-1990), ALLIGATOR 2 : LA MUTATION (1991) ; tous sont des productions fauchées plus ou moins pathétiques, indignes de nous ralentir dans notre progression et notre panorama crocodilien.
Il faut donc attendre 1999 avant que la grande déferlante écailleuse ne se remette définitivement en marche…
4) LAKE PLACID (1999)
LAKE PLACID est un film réalisé par Steve Miner. Il forme le premier segment d’une saga de moult films (six ou sept à l’heure où je sévis en ces lignes), se permettant même un crossover avec une autre série de films similaires à base de serpents géants (LAKE PLACID Vs. ANACONDA)…
Le pitch : Les restes déchiquetés d’un agent de la protection des eaux et forêts sont retrouvés dans un lac au nord de l’état du Maine, aux Etats-Unis. Une paléontologue new-yorkaise est envoyée sur les lieux pour assister le shérif dans son enquête, car on soupçonne la présence d’un animal sauvage d’un autre temps. Ils sont bientôt rejoints par un professeur aventurier spécialiste des grosses bêtes, qui ne va pas tarder à déduire la présence, au beau milieu du lac, d’un énorme crocodile marin qui se serait frayé un chemin depuis les océans…
Vrai film de crocodile ou comédie de mœurs déguisée en film de croco ? Il semblerait que LAKE PLACID soit les deux à la fois, même si la bébête se fait souvent voler la vedette par les personnages qui la traquent, lesquels cabotinent à outrance dans leurs relations, qu’elles soient professionnelles, sentimentales ou tout simplement conflictuelles. Car la présence du crocodile (géant, de surcroit) ne semble servir, au final, que de catalyseur à toutes ces fréquentations houleuses.
Le fait que l’action se déroule dans le Maine, région privilégiée d’un certain Stephen King (dans laquelle se déroule la majorité des récits de l’écrivain), nous rappelle d’ailleurs que ce dernier a souvent manié la critique sociale par le biais de la vie dans les petites bourgades, en exacerbant les aspects négatifs de la nature humaine dès lors qu’elle se retrouve face à la moindre perturbation surnaturelle. Soit une parabole sous-jacente dénonçant la fragilité de l’équilibre social américain.
Si l’on ajoute que le script de LAKE PLACID ressemble comme deux gouttes d’eau à un épisode de la série X-FILES (Saison 3, épisode #22 : Les Dents du Lac), on se dit que le film de Steve Miner n’est décidément pas très original. Il serait injuste de s’en tenir là car, au delà de ce postulat, le récit est mené avec une énergie et un humour vivifiants, lequel humour se veut souvent incongru, voire surréaliste, aussi bien lorsqu’il sert à dépeindre les relations des protagonistes que lorsqu’il s’agit de dévoiler le mystère de la présence de la bête, dont les origines ne sont pas piquées des hannetons.
Ça n’en a pas l’air dans la bande-annonce, mais le film est rigolo…
Si les effets spéciaux en CGI ont plutôt mal vieilli (mais ils seront nettement pire dans les films suivants, plus proches d’un téléfilm cheap que d’un blockbuster), le croco fait son petit effet dès lors que le réalisateur s’amuse à le dissimuler sous les eaux, histoire de ménager le suspense. Et, lors de quelques plans réussis, la bête n’est pas du tout dégueu.
Pour couronner le tout, le casting est assez réjouissant puisqu’il réunit Bill Pullman, Bridget Fonda et Brendan Gleeson, ainsi qu’Oliver Platt, un acteur que je ne connaissais pas mais qui parvient à cabotiner plus encore que les trois autres réunis !
Au final, LAKE PLACID est un ovni assez réjouissant qui parvient à réunir le film de monstres (plus précisément le film de croco), la comédie de mœurs et la farce potache dans un esprit proche des délires du Saturday Night Live. Et si ce n’est certainement pas un chef d’œuvre, il s’agit en tout cas d’un divertissement fort sympathique, bien meilleur, au demeurant, que ses suites poussives plus mauvaises les unes que les autres…
5) CROCODILE (2000)
CROCODILE est un film américain réalisé par Tobe Hooper (encore lui !).
Si LAKE PLACID n’a pas fait exploser le box-office, il a néanmoins remporté le double du coût de sa production. Il n’en faut pas moins, à Hollywood, pour déchainer les projets et les concepts.
La machine est donc relancée et, attention, les films de crocos peuvent désormais pleuvoir sur tous les écrans ! Cela démarre plus ou moins avec le film de Hooper qui, plus de vingt ans après son CROCODILE DE LA MORT, va cette fois nous servir un vrai film de croco digne de ce nom…
Le pitch : Dans le sud de la Californie, une bande de jeunes étudiants testostéronés à bloc part passer un week-end festif sur les bords d’un lac isolé. Là, l’un d’entre eux raconte une légende locale à ses petits amis, histoire de leur faire peur (et de tenter ainsi quelques rapprochements avec la bombasse du groupe) : Jadis, le propriétaire d’un hôtel sordide (c’est beaucoup mieux quand c’est sordide…), adepte de l’antique Egypte, élevait un crocodile du Nil. Le bonhomme aurait érigé un culte fanatique dédié à Sobek, le dieu à tête de saurien. Les habitants de la région auraient alors brûlé le brave homme maléfique ainsi que son hôtel, sans toutefois retrouver la trace du dangereux reptile…
Tandis que nos étudiants lascifs débutent leur séjour, deux pêcheurs du coin tombent comme par hasard sur un gros nid d’œufs d’autruche près de la berge, qu’ils s’empressent d’écraser. C’est alors que surgit une gigantesque maman croco furax, qui les dévore aussi sec (démontrant par ailleurs qu’il ne s’agissait nullement d’un nid d’autruche). Serait-ce le début du carnage ?
Si vous êtes habitués aux films de slashers de type HALLOWEEN ou VENDREDI 13, vous saisirez très vite que Tobe Hooper s’amuse ici à substituer son crocodile aux habituels maniaques adeptes de tueries d’ados libidineux en masse (ou l’inverse, ce qui revient au même…). Il s’amuse ainsi à créer un mélange de genres, où le crocodile géant et le slasher, tels Bougredane et Bougredandouille, ne font qu’un.
Le schéma des habituels films de slashers est donc repris quasiment à la lettre, tandis que les scènes où la bête guette ses proies avant de bondir pour les dévorer se calent pile-poil dans l’héritage des films d’animaux-tueurs en droite ligne des DENTS DE LA MER .
Ce décalquage donne au final un air de « franchement déjà vu mille fois » à ce petit film d’horreur. L’ensemble a beau être très bien troussé, mené tambour battant et sans temps morts, avec de surcroit une bébête tout à fait respectable dans tous les sens du terme (raccord avec la réalité, quand bien même il n’y a pas de crocodiles du Nil en Californie, et quand bien même on ne comprend pas bien comment un crocodile solitaire a bien pu se reproduire tout seul…), on en ressort avec un arrière-goût de banalité absolue, oubliant très vite le spectacle (il a d’ailleurs fallu que je fasse un effort surhumain afin de me rappeler de tout ça)…
Fin de la 1° partie…
——-
Place aux crocos avec une anthologie en dix films sélectionnés (Le crocodile de la mort, Crocodile, Lake Placid ou Alligator) par Tornado. Êtes-vous d’accord avec son palmarès ?
BO : Des fois, les BOs, c’est d’une évidence !
Les putains de barres au ventre que je me suis pris en regardant Lake Placid…
c’est écrit par le créateur de Ally Mavc Beal, rien que ça, ça me met la banane.
Effectivement, dans le tas, il n’y aurait que Lake Placid qui pourrait me tenter. Je me souviens avoir vu la bande annonce au cinoche…
Merci Tornado pour ma culture en Croco-nanars ! Désormais, je n’aurais plus à répondre : « Mais j’en saurien, moi ! »
J’ignorais totalement que le crocodile tueur pouvait être un sous-genre en soi avant de découvrir la présentation de ces films. Chaque partie réussit le pari de présenter synthétiquement le film, tout en en faisant ressortir les spécificités, du grand art.
Si j’ai bien suivi, le premier film est une forme de déclinaison du genre horreur avec un tueur obsédé, le scond est un mélange de King Kong et Jaws, le 3ème est un classique, le 4ème une comédie de mœurs, le 5ème enfin un vrai film de croco. Ce n’est donc pas si facile que ça de poser les bases de ce sous-genre, d’en définir les conventions spécifiques, et de ne pas s’appuyer sur d’autres genres pour le rendre intéressant. Un vrai défi.
@Présence : Merci beaucoup.
Si tu te souviens, tu m’avais réclamé il y a longtemps un commentaire (à ma zone) sur L’INCROYABLE ALLIGATOR. Tu noteras ainsi que la promesse a été tenue, que l’idée à fait son chemin et qu’elle a même fait des petits ! 😀
Je m’en souviens très bien. 🙂 Merci pour l’accomplissement de ce vœu.
Je te trouve gentil avec Alligator de Sergio Martino. Oui bon ok y’a Barbara Bach, mais elle a l’air de se faire chier dans le film^^ Le croco est un machin qui flotte sans articulation, comme un jouet de baignoire en plus gros. Enfin ouais bon j’ai pas aimé grand chose là dedans^^
Le crocodile de la mort, je partage ton avis. Je ne te l’avais point conseillé^^
Lake Placid est sympatoche mais en effet on est proche de la comédie ou du délire.
Enfin tu le sais, moi je t’avais parlé de Black Water qui n’entre pas dans cette thématique de trucs géants, mais quand il s’agit d’animaux réels (un croco, un requin, un…euh…serpent), je préfère quand le film joue sur une peur réaliste. Sinon autant faire un film de dinosaures volants ou de bestioles mutantes si tu veux leur faire faire n’importe quoi^^
Jp si tu veux, Black Water est un film australien proche d’un Open Water, avec un vrai croco (sauf pour quelques plans rapprochés ou ça doit être un bout de maquette lorsqu’un perso se fait mordre le bras). ça se passe dans les marais australiens et ça marche bien niveau stress et tension. Avec un croco qui fait des trucs réalistes (pas à 100% parce qu’un vrai croco ne s’acharnerait peut être pas autant, mais il ne grimpe pas aux arbres quoi^^, et on le voit peu. ça joue sur les bruits, le suspense)
On en parlera lors de la suite mais le film que Tornado m’a filé quand on a échangé nos points de vue là dessus, c’est Solitaire. Et lui, il commence de manière réaliste avec un bateau de touristes et tout…sans armes, sans exagérations. Et c’est justement parce qu’à la fin ça se transforme en « le mec va sauver la fille que, bien sûr comme par hasard le croco n’a pas tué d’un coup, en allant se bastonner avec un croco en CGI dans une grotte, qui m’a complètement gâché mon plaisir. Par rapport au début sobre et plein de suspense, j’ai trouvé la fin vraiment « mainstream baston contre vilain monstre »
Mais Solitaire n’est pas mauvais hein^^ Juste que ça ne donnait pas l’impression que ça allait finir comme ça. Et les autres touristes, le film s’en désintéresse dès qu’ils rejoignent la terre ferme, on ne sait pas ce qu’ils deviennent (alors que bon…c’est la forêt sauvage quand même, et les crocos ça sort de l’eau, ils pourraient se faire tuer) ça se recentre sur « mec va sauver fille » et…ben…bof. J’attendais autre chose.
Bien sûr le côté naturaliste de Black Water n’a pas bien plu à Tornado^^ Mais là on est purement dans les goûts personnels.
J’ai hésité à chroniquer Black Water mais un seul film par article, vu qu’il faut limiter les images, ça me déplait un peu. On voit bien qu’avec le format anthologie comme celui de cet article, on peut plus facilement s’accommoder de mettre moins d’images par film, voire juste une bande annonce.
Il faudra peut être que je fasse un article sur les films réalistes d’animaux dangereux. Mais bon à part Open Water, The reef ou Black Water, j’en connais pas des masses.
Je ne connais pas l’incroyable alligator mais déjà ce pitch « des chiens ayant subi diverses expériences dans un laboratoire illicite où des scientifiques s’échinent à inventer un sérum permettant de décupler la taille des animaux (afin de soi-disant palier au problème de la faim dans le monde » ça fait bien nanar. Ou vieux jeu vidéo^^ (les scénars de vieux jeu vidéo d’horreur c’est un peu nanardesque et abusé, mais souvent on s’en fout^^)
Mais j’avoue que l’alternance entre plans d’un vrai croco et maquettes, ça titille ma curiosité juste pour l’aspect effets spéciaux. C’est ce que j’ai bien aimé aussi dans Black Water : un vrai croco très beau la plupart du temps, pas de CGI et quelques maquettes pour les plans rapprochés de gueule qui attrape un bras (enfin je suppose…ça m’étonnerait qu’ils aient poussé le vrai croco à grignoter les acteurs^^)
Le Sergio Martino est objectivement un navet. Mais quand on aime le genre conjoint du nanar et du croco, il fait bonne figure ! 🙂
Mon affection pour ce genre cinématographique est née de ma passion pour les monstres (d’où le fait que j’adore SOLITAIRE). Le film d’animaux naturaliste n’a ainsi aucun intérêt à mes yeux sur ce terrain.
J’ai tout de même apprécié le visionnage de BLACK WATER et aussi d’OPEN WATER, car objectivement ce sont de bons films. Mais une fois m’a suffit et je n’ai aucune envie d’en faire des articles, ni même de lire des choses dessus. Ce n’est pas un sujet qui m’intéresse particulièrement. Moi j’aime les monstres, les gros, les maousses ! 😀
On va dire que j’aime les 2, pour des questions de variété. Afin que tous les films ne se ressemblent pas.
Mais quand il s’agit de films de monstres pas réalistes, du coup je préfère que ce soit des trucs fictifs maousses ou tu peux un peu faire ce que tu veux.
Enfin…pas trop non plus. J’ai toujours du mal à accepter, même quand c’est fictif et maousse, que des T-rex en train de tomber d’une falaise essaient de manger la nana haute comme 3 pommes^^ Ou que des dinos sur une ile en éruption qui explose essaient quand même de gober des gens en s’enfuyant parce que…ouuh ils sont carnivores et vilains, alors même dans la panique, ils mangent hein^^
Moi je dis…Harryhausen imitait mieux les comportements animaliers que la plupart des animateurs modernes^^
@Matt : tu as vu Orca ?
@JP : ne gaspille pas tes jeux de mots et garde les pour un FR d’anthologie avec bien entendu Killer Croc en présentateur avec le Lézard en sidekick.
Du Tornado en pleine forme qui m’aura fait marrer tout au long de cet article qui brille par l’incroyable délocalisation d’animaux africains aux Etats Unis. Je crois n’avoir vu que LAKE PLACID mais il n’a pas dû me marquer plus que ça, je ne garde en tout cas aucun souvenir des qualités des relations humaines évoquées dans le film.
De toute la liste, peut-être ceux de Tobe Hooper m’intéresseraient en plus de revoir Lake PLacid just pour le plaisir de me BIll Pulmaniser.
Au delà de ça et de l’humour auto assumé de l’article (les expressions Bougredane et Bougredandouille m’ont marqué. Je souris aussi en pensant au titre CROCODILE DE LA MORT (ça existe un Crocodile de la vie ? ) ), je retiens des jaquettes très efficaces dans le Kitch, souvent plus terrifiantes que le film qui m’évoquent les années René Chateau et Télé K7.
Crocodile de la mort a tout l’air d’une propagande communiste.
Alligator : je retiens que le Saurien pour marquer son origine égyptienne est noir… Pour le reste j’adore la femme nue dans sa mâchoire dont la terreur d’être dévorée équivaut à la nana qui serait tombée de sa chaise.
L’incroyable Alligator avec son Saurien façon King of Newy York est impayable également. Il n’y a finalement que Lake Placid pour manquer d’originalité.
Le crocodile est finalement plus bankable que le requin en tterme d’horreur : on le trouve ainsi dans des fleuves, des rivières, les égouts ou sur les toits d’un gratte ciel !
Enfin, impossible de ne pas vous dire que lors de mes voyages en amazonie, j’ai souvent été confronté à de charmantes rencontres avec les Caïmans. Ce sont des bestioles merveilleuses qui nous regardaient depuis le fleuve sur notre campement (sur pilori ça va sans dire…). Je m’amusais pendant des heures (les nuits sont longues dans la Selva) à pointer ma lampe de poche sur leurs yeux qui avec le reflet de la lumière devenaient encore plus terrifiants.
Le grand danger finalement lorsque l’on observe ces bestioles, c’est d’oublier à quel point elles sont dangereuses en les voyant si….placides !
Pas vu Orca non.
Un peu peur du comportement humanisé de la bestiole qui, je crois savoir, ne te dérange pas (mais moi si^^)
Merci Tornado pour cette première partie riche en découvertes et en amour de la série B voire Z (les premières affiches avec poitrines dénudées sont parfaitement dans le ton) ! Tu fais un peu office de STARFIX ici pour moi, c’est génial. Je n’ai vu aucun de ces films mais j’aimerai bien voir celui avec Barbara Bach (pour Barbara) et bien sûr L’INCROYABLE ALLIGATOR car je me souviens très bien en avoir beaucoup entendu parler. Mais hélas je ne l’ai jamais vu… J’ai regardé la BA : tu as l’air d’avoir parfaitement saisi le truc, notamment le côté 70’s.
Tu donnes très envie de voir LAKE PLACID.
La BO : évident. Je ne connais pas vraiment cet Elton, celui de cette période, mais tout ce que j’en ai entendu est chouette.
Tous les Elton des 70’s, je suis assez fan.
Elton John : un simple best of me suffit. CA devient très rapidement trop kitch à mon gout, mais certains morceaux sont bonnement excellents.
Orca : le postulat est que l’homme et l’animal ont le même droit à vivre en paix et en harmonie partant du fait que les Orques sont monogames toutes leurs vies. La petite exagération est le sentiment de vengeance, mais ça reste crédible. Vous n’avez jamais eu de chiens /chats qui viennent pisser dans votre salon histoire de vous emmerder ou de se venger ?
@Bruce : je ne sais pas si je te l’ai déjà dit mais, régulièrement, quand on me demande (mon fils par exemple) quel est mon animal préféré, c’est le crocodile qui me vient immédiatement à l’esprit.
ORCA possède des qualités (notamment d’interprétation et avec la BO de Morricone) mais il est également assez kitsch, rapport à cet animal qui se comporte comme un être humain, le tout filmé avec un sérieux imperturbable.
Le paradoxe de mon article est d’essayer de mettre en lumière des films qui sont dans le fond assez médiocres. C’est ça, l’amour de la série B et du nanar (l’amour est aveugle, en fait ) !
Voilà c’est ce qui risque de me déplaire dans Orca. Surtout si c’est sérieux.
Si c’est couillon de base, on prend le truc tel qu’il est.
Si ça se la joue sérieux mais que l’animal est traité comme un tueur en série vengeur genre vengeance « now…it’s personnal » c’est d’un kitsch…et un type de kitsch que je n’aime pas.
Comme je te l’ai dit Tornado, ce qui m’a déçu dans Solitaire, c’est pas tant le parti pris, c’est juste que les 2/3 du film, je suis navré de te le dire mais ça fait un peu naturaliste et réaliste quand même^^ Bon ok le croco est énorme. Mais sinon c’est pas Deep Rising quoi^^ Des gens ordinaires coincés qui cherchent des solutions et un danger dans l’eau.
C’est la direction que ça prend en mode héros contre le dragon pour sauver la princesse à la fin que j’ai trouvé bien décalée par rapport au reste. Non pas que ce soit mal fait, mais on dirait un autre film.
En tous cas les affiches sont chouettes, même celles des nanars^^
Je suis fan des affiches peintes des vieux films.
ça me fait penser que j’ai vu le téléfilm/mini-série (de 3h) The beast datant de 1996 réalisé par un certain Jeff Bleckner, et adapté d’un roman du même auteur que les dents de la mer, mais cette fois sur un calmar géant.
Pour un téléfilm la bestiole est bien fichue, c’est souvent des effets mécaniques et maquettes. Mais apparemment le propos du bouquin a été un peu simplifié et ils ne peuvent pas s’empêcher de sous-entendre à un moment que le calmar veut venger ses petits qui ont été tués (qu’un animal protège sa progéniture je veux bien, et encore le calmar c’est pas un sanglier non plus, il s’en fout peut être de ses petits…mais la vengeance, c’est pas crédible)
M’enfin c’est sympatoche à voir. ça prend son temps par contre.
http://www.devildead.com/indexfilm.php3?FilmID=2132
Bon je me réveille après la bataille mais bravo Tornado pour cet excellent article !
A titre personnel j’avoue être totalement passé à coté des films de croco ! Comme tend à le confirmer ton article la plupart d’entre eux riment pour moi avec nanard vaguement honteux ^^ Ce qui est paradoxal vu que l’animal avec son coté préhistorique a un fort potentiel anxiogène… mais non ^^
Seul Lake placid (et muzo) souléve un peu mon interet, alors qui sait si un vendredi soir je ne me ferai pas une séance spéciale nanard avec pop-corn inclus ! En tous cas j’attends la suite de ton article avec impatience !
Tornado, tu as vu le continent des hommes poissons de Sergio Martino ? C’est aussi navet ou pas ?
Outre les costumes qui sont très kitsch évidemment…
J’ai vu un bon petit giallo de Martino, qui date de 1971 : la queue du scorpion. J’en parlerai dans mon article sur les gialli qui arrivera la saison prochaine^^ (il est déjà écrit et livré au chef)
Je crois que le mec savait faire des films mais le cinéma italien s’est bien cassé la gueule vers le début des années 80 et beaucoup ont fini par faire du nanar fauché^^
On avait déjà parlé du Continent des Hommes Poissons en mp mais tu ne semblais guère intéressé à ce moment là.
Oui c’est très kitsch. Les monstres sont inspirés du Cauchemar d’Insmouth (j’en parlais dans l’article sur le cinéma et Lovecraft) et ils sont assez réussis (quoiqu’un peu statiques), mais le film c’est du bis italien plutôt fauché. A voir en téléchargement pour le fun. Ne mérite probablement pas l’achat, sauf pour les fans de nanar… 🙂