Ladies with guns par Olivier Bocquet et Anlor
Un article de BRUCE LITVF : Dargaud
1ère publication le 31/01/22- MAJ le 31/08/22
LADIES WITH GUNS est le premier épisode de la nouvelle série d’Olivier Bocquet. Aux manettes pour le scénario et les dialogues, il est accompagné de fines gâchettes pour les dessins et les couleurs : Anlor Tran et Elvire De Cock.
Pas de spoilers en cartouchière, que de l’amour en bandoulière.
Dîtes ? le confinement il aurait pas un peu stressé le père Bocquet ?
Parce que le temps où notre scénariste en roux prônait la résolution pacifique d’un conflit armé (TRANSPERCENEIGE), prenait le temps de construire des thrillers à dentelle adaptés des romans de Camilla Lackberg est officiellement révolu.
A peine précipité dans les premières pages de cet album de 64 pages que le lecteur se fait canarder. Une jeune femme noire de 14 ans est enfermée dans une cage en acier. Avec l’énergie du désespoir, elle déchiquette tel Conan l’oreille de coyotes qui voulaient la dévorer.
A la page 3 elle est rejointe par une aristocrate anglaise armée d’une pétoire dont le convoi a été massacré par des indiens et la sœur du peau-rouge qui a voulu la scalper. Ça s’engueule, ça se bagarre de nouveau avant que l’humanité des personnages ne reprenne le dessus : il faut libérer cette enfant de sa cage. Une cage où des hommes l’ont mise parce qu’elle refusait de se prostituer. Il faudra la moitié de l’album et plein de déconvenues pour y parvenir.
Au fil de flashbacks sanglants et aussi sauvages que l’ouest américain, le trio devient quintet pour échapper à une chasse à la femme d’une meute d’hommes qui ne tolère pas cette révolte en jupons. Pas le temps de parler, les détonations couvrent toute tentative d’argumentations.
Oui, Bocquet fait dans le Western féministe. Ses femmes sont de toutes les couleurs, de tout âges et gabarits. Le message est limpide comme le glaçon dans le whisky : et si on sortait les nénettes de leurs rôles traditionnels des Westerns ? la pute au grand coeur, la lady bien apprêtée, l’esclave sans défense et l’indienne philosophe pour leur donner la réplique armée à un shérif plus mou qu’une bite alcoolisée, un mercenaire cynique, des esclavagistes bas du front tout droit sortis de DJANGO UNCHAINED.
La compraison (facile) s’arrête là : il y a certes un groupe de femmes pris en chasse par des prédateurs comme dans BOULEVARD DE LA MORT mais il n’y a pas ici l’ombre du fétichisme du Quentin ni sa manie du dialogue interminable. Au contraire, Bocquet écrit à coup de fouet des répliques énergiques où tous les personnages se définissent. L’étude de caractère ne l’intéresse pas pas plus que le prêchi-prêcha. Toutes ces femmes n’ont pas d’expérience au combat. Elles composent avec les moyens du bord, luttent bec et ongles cassés pour ne pas mourir et deviennent des criminelles en légitime défense.
En gros le niveau de sympathie est tel qu’elle peuvent exploser du redneck sous les vivats du public. C’est un Western, bordel de merde !
Oh, le grincheux pourra arguer que Bocquet n’invente rien. Tarrantino certes mais aussi Nicolas Ray avec JOHNNY GUITAR, LES PETROLEUSES de Christian Jacque et Sam Raimi dans MORT OU VIF mettaient déjà en scène des femmes badass comme il en pullule actuellement au cinéma, chez les super-héros ou dans les séries. Une superbe série sur Netflix, GODLESS, met en scène un village de femmes assiégés par des outlaws et Bocquet ne peut pas ne pas l’avoir vue.
Si ceux-là, reprocheront à un jeune artiste de vouloir composer avec l’air du temps passent leur chemin pour si peu, ils manqueront ce beau paradoxe de Bande-Dessinée : une véritable fraîcheur de vivre dans un album où l’on meurt beaucoup.
Depuis FRNCK, Bocquet fait montre d’un sentiment de liberté totale qu’il ne semblait pas avoir pour ses premiers travaux soit en binôme avec Jean-Marc Rochette dont il devait servir le dessin, soit pour des adaptations littéraires où, sans doute, il avait un cahier des charges à respecter.
Ce qui ressort de cette lecture comme celle de FRNCK, c’est la jouissance, ce sentiment d’un auteur qui a décidé de transformer son medium, la BD, en coffre à jouets pour en sortir des séquences farfelues, drôles et dont la violence cartoon n’est pas sans évoquer celle de Robert Kirkman pour INVINCIBLE.
Sa libération en tant que créateur s’accompagne de celles des femmes dont on ne peut que se réjouir d’en trouver de plus en plus au premier plan dans le milieu très masculin de la BD où, dans ses grandes heures, Claire Brétécher faisait figure d’exception culturelle.
Il peut compter sur Anlor, une formidable illustratice que je découvre ici. Comme Brice Cossu ou Stéphane de Canéva dernièrement, on peut lire dans ses planches l’acte de naissance européen de son dessin (comment ne pas penser à LA CAGE de Thorgal et le Gazzotti de SODA, ) qui s’acoquinerait avec Jeff Smith et -même- Frank Miller. On croit même croiser ce bon vieux Logan croqué façon Joe Kubert !
Anlor livre un dessin sans limites : des angles de caméra énergiques, des cadrages distordus, une épicerie où l’on peut voir les articles en détail, une ville Far-West avec de la boue sous les bottes. Elle dessine aussi bien l’amitié et le respect croissant de nos fugitives que des affrontements sans merci.
C’est un vrai régal : il y a une heroine en cage qui dort avec un lionceau, des ruisseaux où nos amies se lavent, un saloon, une grange aussi assiégée que celle de LA NUIT DES MORTS VIVANTS, la relecture y gagne en 1001 détails charmants et amusants. On se bat avec les dents, des arcs, des fusils mais aussi des quiches (coucou BONE !), des casseroles, des bâtons de dynamite.
Le lettrage transperce les personnages, le gaufrier explose, il y autant de balles perdues que de plaisir à lire cette violence chaleureuse (!) de ces personnages qui ne partent de rien pour n’aller nulle part oui mais ensemble.
Elvire de Cock fait des merveilles à la couleur, notamment sur les teintes orangées que l’on retrouve aussi bien dans la chevelure de Kathleen, les séquences dans les plaines et l’incendie de la cabane. Elle semble être née pour agrémenter le trait surdoué d’Anlor et donner toute l’intensité nécessaire à ces 60 pages de bastons et de bastos. Comme des stars, elle leur offre un éclairage adapté à chaque scène leur permettant de crever l’écran et d’être raccord avec les émotions de leurs scènes.
Imaginatif et décomplexé, ces LADIES WITH GUNS frappent dans les burnes sans jamais tirer au cul. On attend le Tome 2 pour voir si la poudre refroidie permettra à certains personnages, Daisy et Cassie notamment, de rattraper leur retard sur les autres déjà vedettes d’une saison 2022 qui sait trouer le chapeau sans jamais faire l’aumône à ses influences américaines. Voici un album qui existe à la fois pour lui et qui s’inscrit dans l’esprit du temps : celui de la réjouissante vitalité de la nouvelle scène française.
Dans le mille !
La BO du jour
Je ne suis pas une victime, je suis le problème.
Merci Bruce pour cette petite bulle d’oxygène que je cours vite acheter! Un western féministe, voilà qui me plait et me change des comics. Cheers !
Coucou Nicolas.
Les lecteurs de comics ne seront pas dépaysés.
Bon merci pour la découverte Bruce, je n’avais pas du tout entendu parler de ça. Les dessins me plaisent bien et oui, ce peut être classique (il y a BANDIDAS avec Salma Hayek et Penelope Cruz qui est très sympa) mais tout à fait divertissant et jouissif. Pas certain de sauter le pas mais maintenant je sais de quoi il retourne (et GODLESS c’est vraiment excellent).
Il semblerait que cette grande histoire d’émancipation féminine victime des hommes vilains/pas beaux soit devenue une variante du « voyage du héros »j ‘ai déjà lu/vu ce même genre d’histoire des dizaines de fois surtout en ce moment où il faut hurler avec les loups
si ce n’est pour le dessin magnifique, ce genre d ‘oeuvre n’est plus pour moi….
Il y a aussi MONDO REVERSO qui peut être intéressant pour le peu que j’ai vu : https://www.bedetheque.com/serie-59464-BD-Mondo-reverso.html
Ah, les dessins ont l’air chouette. Je me le note. BANDIDAS, c’ets pas le remake des PETROLEUSES justement ?
Mondo reverso, le concept est très chouette. Pas certain cependant que tout le monde adhèrera sur la longueur mais je te conseille de tenter au-moins le premier album.
Et oui, le dessin de Dominique Bertail est somptueux. Il travaille actuellement avec Morvan sur la biographie de la résistante Madeleine Riffaud et c’est clairement pour moi un must de l’année 2021.
Il ne faudrait pas oublier non plus les fameuses Minettos desperados de Cromwell et Eric Gratien qui l’espace de trois albums survitaminés mettaient déjà l’Ouest américain à feu et à sang il y a de cela déjà une trentaine d’années.
Ce Ladies with guns, qui se trouve pour l’instant sur ma pile de lectures donc je n’ai pas encore d’avis sur lui, sonne peut-être dans l’air du temps mais il me parait aussi s’inscrire dans une lignée qui remonte à ces Minettos desperados.
@Eddy : Je n’ai pas un instant l’envie d’entrer dans une polémique qui aurait toutes les chances de s’avérer aussi longue que vaine mais je ne parviens pas à comprendre ce type de commentaires.
@Zen
je ne compte pas polémiquer non plus
j’ai dans ma bibliothèque/vidéothèque mon lot d’oeuvre girl power qui dates souvent de plus de dix ans voir même encore plus vieux…( elle s’appelait scorpions tout ça…)
j’estime pas que la mode actuelle soit supérieure à ces œuvres d’une part ni non plus ne finalement plus que lire et regarder le même message ad lib…
j’ai tellement horreur des modes que même quand elles vont dans mon sens, je m’en éloigne…pas de polémique, juste mon caractère.
Je me permets d’intervenir, parce que j’ai looooonguement discuté de ce sujet avec Eddy au cours de ces 3 dernières années, et en lisant l’article j’étais sûre que ça allait l’agacer ^^ .
De nos jours il est de bon temps de toujours mettre les femmes du côté des gentilles et toujours mettre les hommes du côté des méchants, de créer un nouveau stéréotype, pas mieux que les anciens. Donc une société qui finalement n’évolue pas. C’est principalement ça qui agace Eddy (et sans doute d’autres aussi !!)
Rempaçons Western féministe par Western féminin et ça le fera aussi.
Ha Ha Ha Kaori à ma rescousse^^
tu es vraiment exceptionnelle
En fait dans l’absolu, il n’est pas nécessaire d’éviter de m’agacer et puis plus largement et je l’ai réalisé en relisant mes Chroniques de la haine ordinaire, ce qui me repousse souvent c’est la mode…je crois que je ne supporte pas ça….
la preuve ça m’agace le MCU… alors que je devrais sauter au plafond en tant que fan de Marvel…
quand un truc est partout, ça me fait chier… j’y peux rien…
@Eddy : « ce qui me repousse souvent c’est la mode…je crois que je ne supporte pas ça….
quand un truc est partout, ça me fait chier… j’y peux rien… »
Tu aurais fait un excellent rocker puriste, toi. 🙂 🙂 🙂
Bandidas c’est Europacorp comme production donc ça vole pas haut même si l’atout charme du film est très séduisant..
Dans le genre j’ai préféré BELLES DE L’OUEST avec madeleine Stowe, Andie Mc Dowell et Drew Barrymore…
dans les archétypes féminins du western, on a souvent aussi la propriétaire terrienne comme Comanche dans Comanche
ou un rôle atypique comme dans Silverado et le personnage joué par Linda Hunt
Tu oublies Claudia Cardinale chez Leone ?
et l’aventurière Jodie Foster dans le léger et très agréable MAVERICK…
Pour Claudia Cardinale, tu as raison, n’oublions pas qu’elle est le premier nom du générique devant Bronson, Fonda et Jason Robards… elle est effectivement sublime
Bruce cite Johnny Guitar avec la performance de Joan Crawford et Mercedes McCambridge , mais dans le western hollywoodien classique, il faudrait aussi citer Barbara Stanwyck qui a souvent joué des rôles de femmes fortes, notamment dans les excellents Forty guns de Sam Fuller, The Furies d’Anthony Mann et Cattle queen of Montana d’Allan Dwan.
Sur ce qui est montré, le dessin est dynamique, avec du caractère et la couleur qui apporte un très gros plus.
Pour le sujet… euh… pourquoi pas mais pourquoi pas-pas, non plus ?
Au final, dans ce genre de récit léger et plein d’action, pourquoi tu n’as pas accroché à IL FAUT FLINGUER RAMIREZ, Bruce ?
Je ne sais pas. Sans doute l’écriture, le style. Je m’y suis pourtant repris à plusieurs fois et à plusieurs mois d’intervalle.
Mais tu as raison de la souligner : RAMIREZ fait effectivement partie de ces incontournables de cette nouvelle scène franco-comics.
Ah oui pareil, je dois lire le second tome de RAMIREZ alors que j’ai moyennement accroché. Dans le même temps et le même style j’ai largement préféré le DEATH OR GLORY de Remender et Bengal.
Une incroyable réussite DEATH OR GLORY. Le temps m’a manqué pour en parler.
Sur RAMIREZ, je trouvais la narration un peu Toc.
Oui, et les vannes un peu téléphonées, y a un côté poseur je trouve.
Un article qui tombe à pic car j’ai vu ce tome en bonne place dans les rayonnages, en me demandant de quoi il retourne. Les planches sont de toute beauté grâce à la complémentarité entre couleurs et traits encrés.
Joie !
Je viens de doubler Présence sur la gauche !
Pas grand chose à dire si ce n’est que ça a l’air chouette et que les images me rappellent immédiatement ANITA BOMBA de Cromwell.
Ah, si ! Le dernier scan est un clin d’oeil à la série UNDERTAKER de Dorison et Ralph Meyer ou je ne m’y connais pas ! D’ailleurs, cette Kathleen m’a tout de suite fait penser à Rose dans UNDERTAKER.
Bon, je préfère attendre que la série soit terminée avant de voir plus avant.
La BO : Heu… Bruce ??? 😀
J’ai aussi pensé à Anita Bomba mais plus pour le thème que pour les dessins. Autre chose, tu as fini par lire LOLA CORDOVA ?
Ben ouais, Anita Bomba, c’est Gratien et Cromwell dont j’évoquais le travail plus haut plus haut avec leurs Minettos desperados.
Plus largement, c’est à l’esthétique de l’Atelier Asylum de la grande époque avec Cromwell, Riff Reb’s, Edith, Gratien, Qwak et quelques autres que me semble renvoyer ce Ladies with guns.
Plus qu’à une quelconque « mode féministe » dans l’air du temps…
ça semble bien sympa en effet.
Mais comme toujours, le fait que ce ne soit pas terminé sera un frein pour moi pour l’instant.
Je sais que les lecteurs comme moi ne sont pas cool pour les auteurs, mais il y a trop à lire et à voir, je ne peux plus m’encombrer d’oeuvres que je n’ai pas la garantie de pouvoir finir.
@Jyrille : Et moi qui pensais être le seul à avoir un peu honteusement passé un bon moment devant Bandidas…
ça vole pas haut, c’est pas un grand film du tout, je prenais plutôt ça pour un plaisir coupable ^^
@tous : vous causez des femmes dans les westerns, Claudia Cardinale tout ça…on peut aussi citer Raquel Welch dans LES 100 FUSILS. Et puisqu’on parle de modes et de représentations des sexes ou des minorités, il y a une scène qui avait outré les gens à l’époque dans ce film : elle couche avec un noir ! Houlàlà !
Bon elle a tourné dans d’autres westerns un peu plus fauchés comme UN COLT POUR 3 SALOPARDS mais qui n’est pas terrible dans mon souvenir. Il y a BANDOLERO qui est pas mal cela dit, surtout qu’il a un côté très étonnant car la première moitié joue pas mal sur l’humour aussi, comme si c’était une comédie…mais la fin prend le contrepied total avec un truc sans pitié pour les persos…
Bah disons que pour une prod Europa, Bandidas c’est le haut du panier. Ca vole pas haut mais c’est fun et les deux actrices ont un fort potentiel charmeur. Ca ne se prend pas au sérieux et ça roule bien, maintenant c’est plus une impression que de vrais souvenirs.
Quel enthousiasme ! Je cours en librairie.
Bonjour,
je suis comme Présence. J’ai lorgné dessus pas plus tard que ce week end. J’ai trouvé cela bien sympa en le feuilletant (mais mes sous étaient déjà passé dans un ouvrage de Art Spiegelman). Donc Bruce confirme ma bonne impression. Graphiquement j’y vois une parenté avec JEREMIAH de Hermann, ce qui n’est pas pour me déplaire.
Pour continuer sur le jeu des cow girl :
PRETTY DEADLY (Image comics) par Kelly Sue DeConnick et Emma Rios.
MORT OU VIF de Sam Raimi avec Sharon Stone
EVEN COWGRILS GET THE BLUES de Gus Van Sant
BOULEVARD DE LA MORT de Quentin Tarantino
Bon, alors ce n’est pas vraiment mon truc, même si j’aime ce genre d’initiatives, mais je voulais saluer la plume de Bruce, très en forme sur cet article !
@fletch
Bien vu pour le Gus Van Sant.
PRETTY DEADLY : j’avais époustouflé par la qualité du dessin d’Emma Rios et son personnage d’indienne aux yeux vairons. Beaucoup, beaucoup moins par l’écriture de Sue Du Machin qui est très bonne pour théoriser les nouvelles règles à suivre du comics paritaire et nettement moins pour achever ses séries…
@Seb et Kao, c’est gentil, merci.
Emma Rios c’était 70% de l’intérêt du Dr. Strange Season one qui était sympa aussi sur le scénar, mais qui déchirait visuellement avec les pouvoirs magiques dessinées par cette illustratrice.
ça fait très « croquis » son style de dessin mais si ça colle au sujet ça envoie du paté.
Je viens de le lire et, même si j’ai bien aimé, je ne serai pas aussi enthousiaste que la chronique.
Mon principal bémol, c’est que, même si on sent que les auteurs veulent que ça pétarade, parfois, ça va trop vite, les enchaînements sont brusques, les scènes d’exposition expédiées.
L’idée est sans doute de montrer que les personnages se définissent dans le feu de l’action mais c’est un peu trop rushé à mon goût. La faute sans doute aussi à une pagination qui ne donnne pas la possibilité de réelles respirations dans le récit. J’ai vraiment du mal avec les séries qui se déclinent sous le format franco-belge classique et ses paginations maigrelettes.
Deuxième bémol, sur le positionnement de la série.
Le niveau de violence graphique et certains thèmes abordés en font une série qui ne me parait pas du tout destinée à un public d’enfants mais dans le même temps le traitement du sujet m’a paru trop consensuel et gentillet pour un public d’adultes. Dans le même ordre d’idées, les personnages semblent taillés d’une pièce et existent dificilement en dehors de la fonction qui leur a été assignée en raison de leur position.
Après, ça reste un album graphiquement très réussi et un divertissement très agréable. Et c’est déjà pas mal du tout. Assez en tout cas pour me donner envie de lire la suite.
@Zen Arcarde
Je me suis aussi posé la question du public recherché. Je l’ai fait lire à ma fille de 11 ans qui a adoré. Comme je le mets dans l’article c’est la de violence chaleureuse sans être trash.
j’aime l’énergie dans l’écriture, c’est d’ailleurs l’une des qualités que je peux admirer chez un Mark Millar. J’aime être embarqué de force, ne pas avoir le temps de mettre ma ceinture de sécurité quitte à ce que le rythme ralentisse par la suite. On retrouve ça dans THE BOYS et PREACHER par exemple.
Connaissant Bocquet, il est quand même très probable que les personnages aillent au delà de la caractérisation que tu évoques.
Merci pour ce retour.
De Bocquet, je n’ai lu que La colère de Fantomas et je l’avais lu surtout pour le travail graphique de Julie Rocheleau. Mais je te crois volontiers à propos de la caractérisation des personnages.
Pour le positionnement, l’expérience de ta fille lève une ambiguité qui me travaillait. Je vais proposer l’album à la lecture à ma plus jeune (12 ans) mais il va falloir que je lui dise une fois de plus qu’il n’y a pas que les mangas dans la vie. 🙂
Au préalable, je lui ai montré une planche un peu sanglante pour savoir si cela l’impressionnait hein…
oui les gamins c’est pas évident, j’ai arrêté de vouloir contrôler les lectures de ma fille. a son age, je piquais les A SUIVRE de mes oncles et me gavait de Tardi, des Compagnons (cette fois c’est le bon mot) DU CREPUSCULE, HP et GIUSEPPE BERGMAN, les COMES et sans doute plein d’autres que j’oublie.
alors…
bon ce qui me chagrine c’est qu’elle ne lit que des mangas…mais elle a une bonne PAL quand même entre Haikyu, Les carnets de l’Apothicaire, Arrête de me chauffer Nagatoro, Orange, Mieruko-Chan, Gambling School, L’attaque des Titans, Promised Neverland et le nouveau venu JUJUTSU Kaisen, elle a de quoi faire… et on a tous les genres d’histoire
Lu cet été, et je me range du côté de Zen Arcade. Sympa à lire mais je n’ai pas été finalement si époustouflé comme je pensais l’être.
C’est beau, mais parfois un peu brouillon, trop rushé voir sans surprise comme le script qui souffre je trouve d’un déséquilibre notamment entre introspection et action. Je pense notamment à la séquence dans la maison, sur la fin.
Par contre très bon point de voir des personnages féminins mis en avant dans un univers typiquement masculin. Certes il y a des précédents comme MARTHA JANE CANNARY, mais peu dans ce style très coloré.
Ton enthousiasme dans ton article reste contagieux, Bruce.