Cerebus Vol 1 : Cerebus the Aardvark de Dave Sim
Special Guest : THIERRY GAGNON
Illustration de couverture par CYRIL JACQUIN
VO : Aardvark-Vanaheim
VF : Vertige Graphic
Inégal, mais très drôle, CEREBUS THE AARDVARK sera apprécié par ceux qui seraient curieux d’en savoir plus sur les origines des personnages clefs de la série et pour constater l’évolution des talents de Dave Sim.
Cet article couvre le premier volume de la série CEREBUS. Pour un survol de la série dans son ensemble, voir l’article précédent.
Entièrement écrit et dessiné par Dave Sim (à l’exception de la couverture du recueil, dont le décor est dessiné par Gerhard, son futur collaborateur), CEREBUS THE AARDVARK rassemble les 25 premiers numéros de la série CEREBUS, ainsi que quelques inédits. Ces numéros furent originalement autopubliés entre 1977 et 1981 par Aardvark-Vanaheim, la compagnie d’édition canadienne fondée par Dave Sim et sa femme, Denis Loubet. Ce recueil de 534 pages en noir et blanc fut publié en 1987, après que les recueils HIGH SOCIETY et CHURCH & STATE VOLUME I eurent prouvé l’intérêt du marché pour ces tomes volumineux.
Très axé sur l’humour, on y trouve des histoires courtes allant d’un à trois numéros, contrairement aux volumes suivants qui recueillent des histoires couvrant jusqu’à 25 numéros. C’est un début marqué par un travail de qualité inégale, mais grandissante, qui servira de base pour tout ce qui suivra.
Un Aardvark au pays des barbares
Ce premier volume suit les aventures de Cerebus alors qu’il n’était encore qu’un barbare mercenaire déambulant dans des landes humides et des montagnes enneigées. Dès les premiers numéros, Cerebus fait preuve d’une grande habileté au combat et d’une encore plus grande facilité à manipuler les gens pour atteindre ses buts.
Lors de ses aventures, il croisera des armées en quête de conquêtes et de trésor, des cultes apocalyptiques, et des monstres millénaires. S’ensuivent ensuite des interludes urbains où Cerebus confronte un marchand-voleur aux multiples personnalités, puis il devra faire face aux conspirations révolutionnaires et les méandres d’une bureaucratie absurdes. Finalement, blessé, Cerebus sera recueilli au sein d’une école aux prises avec une mystérieuse créature des marais, et un magicien en quête de pouvoir absolu.
À ses débuts, la saga de Cerebus s’insère directement dans la tradition des héros de sword-and-sorcery classiques. Ces histoires sont habitées par les thèmes habituels du genre (dieux anciens, monstres avides, guerres brutales, trésors mystiques, etc.) dans des mises en scène remplies d’action (les scènes de combat de Cerebus valent bien celles d’un Conan !) En parallèle, un deuxième degré humoristique s’amuse à déjanter ces clichés en injectant des personnages incongrus qui par leur apparence (ex. Cerebus) ou leurs manières anachroniques, ont pour effet de tourner ces clichés en dérision.
Artistiquement, les premiers numéros sont clairement inspirés du Conan de Barry Smith (avant qu’il ait ajouté « Windsor » à son nom), allant jusqu’à reproduire les maladresses anatomiques qui avaient marqué cette période de cet artiste vénérable à ses débuts chez Marvel. Le dessin de Dave Sim à cette époque était aussi très influencé par Gene Day, son mentor et ex-colocataire. (Mort trop jeune d’un infarctus, Gene Day est surtout connu pour avoir dessiné les belles années de la série SHANG-CHI : MASTER OF KUNG-FU chez Marvel, dont une adaptation cinématographique est attendue en 2021.)
La seconde moitié du livre révèle une accélération fulgurante du talent de Dave Sim alors qu’il s’inspire de maîtres tels que Marshall Rogers, Neil Adams, Mike Kaluta, Bernie Wrightson, Will Eisner et autres. On voit aussi émerger son talent en calligraphie et en dialogues.
Durant ces premières aventures, Cerebus fera la rencontre de différents parodies de personnages célèbres, tels que Red Sonia (Red Sonja), Elrod the Albino (amalgame de Elric of Melnibone – personnage de Michael Moorcock – et Charlie le coq/Foghorn Leghorn/Senator Claghorn), Bran Mac Muffin (Bran Mak Morn, un autre personnage de Moorcock), Young Lord Silverspoon (Prince Vaillant), Lord Julius (Groucho Marx), Adam Weisshaupt (amalgame de George Washington et Adam Weishaupt, le fondateur des Illuminati), Professor Charles X Clairemont (Professeur X), Woman Thing (Man-Thing), Sump Thing (Swamp Thing) et « the little guy with the hair » (Alan Moore).
De simples parodies, ces personnages deviendront récurrents et certains prendront des dimensions plus complexes et intéressantes au fil du temps.
C’est au cinquième numéro que Cerebus fera la rencontre de l’amour de sa vie, la danseuse Jaka Tavers. D’un banal quiproquo, Sim tissera dans les volumes suivants une saga romantique touchante, tragique et paradoxale. Cette danseuse aux allures de paysanne analphabète cache de nombreux secrets et aura un rôle mélodramatique central dans la saga de CEREBUS.
Un autre personnage qui marquera la série et les esprits est The Roach (le cafard). Ce personnage hautement schizophrène et hilarant représente le monde des super héros en général.
Ce personnage aux nombreuses incarnations, a grandement participé au succès de la série en offrant une porte d’entrée plus familière aux fans de comics. Dans ce premier volume, il passera d’une parodie déjantée de Batman et the Shadow (The Roach) à un patriotique Captain Cockroach (Captain America) accompagné de son fidèle Bucky the Albino (un Elrod déguisé). Par la suite, dans les volumes suivants, il deviendra Moon Roach, Wolveroach, Secret Sacred War Roach, et bien d’autres.
Les notions d’argent et de pouvoir politique sont centrales au personnage de The Roach dans ce premier volume ainsi que dans HIGH SOCIETY, le suivant. En tant que The Roach, il est habité par un sentiment confus de revanche qui le pousse à voler aux riches pour… cacher l’argent dans son sous-sol, attisant la convoitise de Cerebus. En tant que Captain Cockroach, ses fantasmes paranoïaques sont manipulés par un politicien ambitieux pour motiver la population à financer sa révolution.
Maman ! Il y a de la politique dans ma BD !
Très vite, Sim se mettra à explorer des thèmes politiques, avec les sociétés militaristes des Picts, qui vénèrent un dieu Aardvark, et celle des Conniptians, où la loi du plus fort règne suprême. Il y a aussi la cité d’Imesh où le roi K’kor utilise la drogue pour forcer sa population à construire un monument anti-vénusien gigantesque.
Mais surtout, c’est dans la cité de Palnu que Sim nous donne le meilleur avant-goût de la complexité à venir, en y combinant les clichés du fantastique (sociétés secrètes, catacombes, serpent géant) avec une exploration plus détaillée d’un système de gouvernement à la fois réfléchi et absurde. Dans la cité-État de Palnu, la bureaucratie est dirigée avec un maximum de confusion administrative par Lord Julius, son maître suprême a l’éternel cigare et aux sourcils et la moustache peinturée. C’est littéralement comme si le personnage de Groucho Marx avait fondé un gouvernement à son image. Malgré le style iconoclaste de son leader, la cité de Palnu semble être une des plus prospères de la région, avec son emphase sur sa classe marchande.
Durant ma relecture, j’ai aussi été frappé par les thèmes récurrents de la série qui sont déjà présents dans ces premières histoires : devenir un dieu aux yeux des gens afin de les dominer, l’utilisation de la drogue et l’alcool pour le plaisir et la manipulation, les tentatives désastreuses de dirigeants qui cherchent à contrôler Cerebus, l’émotivité des femmes, l’imbécillité des hommes, etc. Certainement, l’auteur avait déjà ses sujets de prédilection qu’il allait développer durant les décennies à venir. On retrouve aussi la première description du jeu Diamondback, avec ses cartes de magicien, roi, reine, prêtre, et prêtresse, qui serviront comme base occulte et prophétique des grands bouleversements mystiques à venir.
On voit aussi émerger l’exploration du thème de l’imprévisibilité de la vie et de l’incapacité de l’individu à en saisir l’ensemble. Bien que Cerebus se retrouve souvent au centre des grands bouleversements de son époque, il est souvent plus motivé par des désirs très simples (voler tout l’argent, conquérir tous les pays, boire tout l’alcool) et donc peu enclin à s’intéresser aux détails de ce qui se passe autour de lui. Il est aussi manipulé par des forces externes qui ne lui fournissent que des informations partielles et souvent erronées ou contradictoires
Par exemple, alors que Cerebus est sur le point de mener une armée conniptienne pour prendre le contrôle de Palnu, il se fait droguer par une espionne ciriniste et tombe dans une profonde transe. Il y discutera télépathiquement avec un certain Suentus Po, un illusionniste qui lui expliquera sa vision de la situation géopolitique et la menace que posent les cirinistes, une organisation militaire dirigée par des femmes, sur le monde civilisé. Doutant de la véracité et des intentions de Suentus, Cerebus lui livre sa propre désinformation afin provoquer une émeute au quartier général ciriniste où il était tenu captif. Lorsque Cerebus se réveille enfin, il se retrouve sur un banc public dans une autre ville, sans savoir comment il s’y est rendu. Aucune autre mention ne sera jamais faite de l’assaut sur Palnu. Plus tard, dans les volumes suivants, la majorité des informations que Suentus lui aura fournies s’avéreront fausses ou intentionnellement incomplètes.
BONUS : Swords of Cerebus 1–6
La plupart des histoires du premier volume de Cerebus avaient originellement été rééditées en groupes de six numéros dans les recueils « SWORDS OF CEREBUS ».
Fait à noter, ces recueils contiennent tous du matériel inédit qui ne fut jamais inclus dans les volumes finaux. Une des raisons citées par l’auteur était qu’il voulait récompenser les fans qui avaient acheté ces recueils en assurant la valeur de collection de ces livres pour toujours. Le style très disparate de ces histoires (souvent les fruits de collaborations avec d’autres auteurs tels que Marshall Rogers et Barry Windsor Smith) ou les contenus très pointus (comme « The Name of the Game is Diamondback ») rendent aussi difficile leur intégration dans la narrative. Cela explique certaines ellipses entre numéros où on fait référence à des événements qui ne se trouvent pas dans les volumes (comme la raison pourquoi Cerebus se réveille sur un banc public sans savoir comment il y est arrivé).
La plupart de ces inédits furent éventuellement publiés dans le comic CEREBUS WORLD TOUR BOOK 1995, mais demeurent autrement introuvables. Heureusement, « Silverspoon », la parodie de Prince Vaillant mettant en scène le fils incapable de Lord Julius, fut éventuellement ajouté au volume à partir de la onzième édition. Les autres peuvent parfois être trouvés en ligne, comme CEREBUS DREAMS, une histoire inédite par Barry Windsor Smith.
La suite dans : CEREBUS VOL. 2 : HIGH SOCIETY (à venir)
——–
Le retour de Cerebus chez Bruce Lit, avec le résumé du premier volume de la série : CEREBUS The ARRDVARK. Notre invité, Thierry Gagnon, nous livre son regard sur 500 pages d’erreurs de jeunesse, d’humour, de parodie, et la fondation d’une œuvre épique (et controversée) sans précédent!
Merci pour ce nouvel article sur Cerebus. Du BWS inédit ? Rien que pour cette nouvelle, tu as ma reconnaissance éternelle. Maintenant, le collectionneur en moi devient fébrile.
Merci David!
Voici un lien vers l’histoire de Cerebus par BWS: http://momentofcerebus.blogspot.com/2016/06/barry-windsor-smith-cerebus-dreams.html 🙂
Mille mercis. Ça va, ce n’est pas une oeuvre majeure et indispensable, je peux dormir tranquille. Mais je suis heureux que tu me l’aies faite découvrir.
Je n’ai jamais lu du Cerebus
Pourtant ces comics ont souvent croisé ma route, mais je n’ai jamais franchit le pas.
J’ai toujours eu, cependant, le sentiment de rater quelque chose.
La raison est dû, je pense, à la tronche du personnage pas très avenante, et aux bouquins au format « Bottin téléphonique ».
Mais je sais que j’en lirai un jour.
Le problème c’est que généralement, quand je franchis la porte d’une librairie j’ai toujours une idée précise de mes achats. Quand je vois du Cerebus sur les étagères je me dis;
Trop tard, j’ai déjà les mains pleines et le porte monnaie vide.
La VO, très bon groupe, très bon morceau et album génial.
un article remarquable de précision et de clarté, avec une synthèse extraordinaire. J’y ai retrouvé tout ce qui m’a plu dans ce premier tome. Quelques remarques en vrac :
On voit aussi émerger son talent en calligraphie. – J’ai rarement vu des phylactères aussi expressifs, Dave Sim rapprochant les textes du domaine visuel.
CEREBUS THE AARDVARK sera apprécié par ceux qui seraient curieux d’en savoir plus sur les origines des personnages clefs de la série. – J’ai du mal avec le conseil qui consiste à commencer la série avec High Society pour voir si on accroche. Dave Sim a conçu son récit comme un tout, certes en cours de route, et la lecture du premier tome s’avère indispensable pour comprendre qui sont certains personnages, et le développement de certaines relations interpersonnelles. Du coup, pour moi, la lecture de ce premier tome n’est pas à recommander qu’aux curieux.
L’émotivité des femmes, l’imbécillité des hommes : à nouveau tu mentionnes fort justement l’imbécilité des hommes, dimension souvent occultée dans les critiques à l’encontre de Dave Sim. Effectivement il se montre au moins aussi critique vis-à-vis des hommes que des femmes, et pas que ponctuellement.
The Roach – Peut-être une des dimensions les plus déroutantes de la série. Ayant décidé de s’autopublier, Dave Sim a très vite compris que le succès de son entreprise était indissolublement lié au développement de l’industrie des comics et que ses lecteurs lisaient des comics de superhéros, genre sur-représenté. Il a donc intégré une fibre pouvant se lire comme un commentaire critique des comics industriels de superhéros, remarques qui peuvent ne pas parler du tout à un lecteur ne venant pas du monde des comics.
L’humour : énorme !Je me souviens d’avoir gloussé à haute voix à la lecture de Cerebus, même à la troisième ou quatrième relecture d’un épisode.
C’est une oeuvre qui reste très intimidante. Malgré les louanges et la qualité des invités, les images continuent de ne pas me faire envie. Et la description du récit est un enchevêtrement de détails surréalistes Comme je l’ai dit à l’occasion de l’article précédent, j’arrive trop tard pour me lancer dans une lecture aussi importante. J’ai beaucoup trop de choses en vue à présent et peut-être déjà pas assez de temps pour m’y consacrer en une seule et unique courte vie !
Et bien du coup ces articles sont parfaits puisqu’ils me permettent quand même d’avoir un regard assez clair sur une oeuvre dont j’entends très souvent parler, et dont je ne connaissais strictement rien jusqu’ici.
@Tornado
Je comprends totalement ton hésitation. C’est certainement une oeuvre dense, vaste et inégale. Par contre, elle récompense la lecture avec des moments très drôles et des moments d’anthologie que l’on ne peut trouver nulle part ailleurs.
@Présence
Merci encoure pour ces encouragements très appréciés!
Le commentaires de Tornado à propos de la qualité du dessin sont en exemple de pourquoi ce volume n’est peut-être pas la meilleur porte d’entrée pour un nouveau lecteur. Ceci dit, si on met le volume dans la main d’un lecteur curieux, il va certainement se bidonner et être curieux de lire la suite. 🙂
Ce premier tome me tente bien plus que toutes les histoires métaphysique sur la lumière virile etc….
On al’air ici dans la pure parodie à la Gotlib et je suis en terrain connu
C’est un juste retour des choses l’illustration de Barry Windsor Smith puisque l’une der première image est un swipe de la première planche de l’épisode de Fille du géant du gel de ce fameux Smith.
Oui! J’aime penser que l’article commence avec un Smith et finis avec un Windsor. 😉
Merci à Cyril Jacquin pour son illustration de couverture et bien sûr à toi Thierry pour cet exposé limpide d’un comics qui semble ne pas l’être.
On voit aussi émerger l’exploration du thème de l’imprévisibilité de la vie et de l’incapacité de l’individu à en saisir l’ensemble. Voilà qui pourrait m’intéresser. Je me demande si, en rapport avec ton premier article, Sim ne s’est pas autodétruit, un peu comme Céline pour être raccord avec son oeuvre. J’ai souvent entendu de Cerebus qu’il était le comic Book parfait. Il aura fallu que Sim se savonne lui-même la planche pour tomber, comme son personnage de son piédestal. C’est une grille de lecture interessante et que je tenterai bien, mais en VF uniquement.
Au cours des articles à venir, j’ai l’intention de démontrer en effet combien la vie de l’auteur et de sa création ont bien des parallèles et s’influencent une et l’autre, parfois négativement. On pourra voir combien chaque volume (surtout à partir de Church & State) représente une étape de plus dans l’isolement et, ultimement, la radicalisation de Dave Sim.
Comme dirait l’autre : It’s just another brick in the Wall!
J’attends avec impatience les critiques suivantes car l’approche vie de l’auteur / vie de la création me met l’eau à la bouche.
Pendant longtemps, j’ai lu tout ce que j’ai pu sur Dave Sim, ses notes du président, ses interviews, ses frasques. Avec l’avènement d’internet, ça a été un trésor extraordinaire, à commencer par le site de Cerebus Fangirl, en continuant par A moment of Cerebus. Du coup, je suis incapable de prendre assez de recul pour formuler une vision synthétique, chose très bien fait das l’article, par exemple en mentionnant Gene Day (référence obligatoire, mais pas majeure, très bien dosée).
Quelle tristesse de découvrir cet article aujourd’hui. Je suis sincèrement désolé pour les proches de Thierry, et j’enrage de ne plus pouvoir discuter avec lui. Très égoïstement, j’attends la suite des articles, tellement j’apprends de choses sur Cerebus.
J’avais été très amusé par le personnage Groucho Marx dans High Society, ainsi que The Roach, je découvre leur origine. On voit nettement le trait de Sim s’améliorer dans High Society. La couverture de BWS est magnifique.
Le Diamondback m’a tout de même fait fortement penser au poker dans son déroulement, en tout cas j’apprécie que l’auteur le développe autant, creusant ainsi son propre univers complexe, très politique il est vrai. Et très drôle : l’élection de High Society oppose Cerebus à une chèvre… une vrai chèvre !
C’était un vrai régal de lire ça. RIP.
La BO : j’adore même si je ne vois pas bien le lien avec ce premier ouvrage.
Pingback: X-Men / Cerebus : X-Over – Le Cabinet de Curiosites Comics