Alan Moore, version courte (Nouvelles d’Alan Moore)

Brighter than you think: Ten short works by Alan Moore

Le pouvoir de l'amour

Le pouvoir de l’amour © Uncivillized Books

Un article de PRESENCE

VO : Uncivilized Books

VF : /

Fin 2016, à l’occasion des interviews données pour la parution de son livre Jérusalem (2016), Alan Moore indique qu’il sent qu’il ne lui reste plus beaucoup de pages de bandes dessinées à écrire, sous-entendant qu’il se consacrera par la suite à sa carrière d’écrivain, et à celle de magicien. Un peu dépité, le lecteur de comics voit paraître cette anthologie qui regroupe 10 histoires courtes écrites par Alan Moore, pas facilement disponibles, chacune accompagnées par un texte d’analyse écrit par Marc Sobel. La tentation est trop forte, l’occasion est trop belle de découvrir ou de relire ces nouvelles en bandes dessinées, à un prix raisonnable. Ce recueil est initialement paru en 2017.

(1) Love doesn’t last forever (1986, 8 pages, dessins, encrage et couleurs de Rick Veitch) – Dans un lointain futur, un amant se fait mettre en joue par un mari trompé. (2) In Pictopia (1986, 13 pages, dessins, encrage et couleurs de Dan Simpson) – Dans une ville, Nocturno est réveillé par son voisin, et va faire un tour dans les différents quartiers, y compris celui des animaux anthropomorphes. (3) Tapestries (1987, 7 pages, dessins et encrage de Stephen Bissette, John Totleben et Stan Votch) – W. D. Ehrhardt se souvient de sa jeunesse et de son service au Vietnam pendant la guerre.

(4) The mirror of love (1988, 8 pages, dessins de Stephen Bissette & Rick Veitch, noir & blanc) – 2 anges contemplent l’évolution des mœurs sexuelles sur Terre, et la criminalisation de l’homosexualité. (5) Come on down (1988, 9 pages, dessins et encrage de Bill Wray, noir & blanc) – Carol Steiner a découvert une chaîne de télévision sur laquelle passe une émission de mise à mort d’un spectateur volontaire. Elle finit par réussir à se rendre à un enregistrement.

The mirror of love, Stephen Bissette & Rick Veitch

The mirror of love, Stephen Bissette & Rick Veitch© Uncivillized Books

(6) The bowing machine (1991, 8 pages, dessins, encrage et couleurs de Mark Beyer) – Au Japon 2 cadres d’une entreprise se livrent à une lutte aussi raffinée que sans pitié. L’un d’entre eux prend le dessus en maîtrisant toutes les nuances de l’art de s’incliner. (7) I keep coming back (1996, 12 pages, dessins et encrage d’Oscar Zarate, noir & blanc) – Un auteur est interviewé dans l’église de Christ Church Spitalfields, dans le quartier de Whitechapel. (8) The hasty smear of my smile (1998, 4 pages, dessins, encrage et couleurs rouge de Peter Bagge) – Jughead (une mascotte de boisson sucrée en forme de pichet) raconte l’histoire de sa vie.

(9) This is information (2002, 6 pages, dessins, encrage et couleurs de Melinda Gebbie) – La matière est de l’énergie, et l’énergie est de l’information. En quoi ces considérations trouvent-elles leur écho dans les conséquences des attentats du 11 septembre 2001 ? (10) Brighter than you think (2003, 6 pages, dessins, encrage et couleurs de Melinda Gebbie) – Madame Toile retrace la biographie de John Whiteside Parsons (1914-1952), ingénieur et chimiste, pionnier de la propulsion spatiale.

This is information, Melinda Gebbie

This is information, Melinda Gebbie© Uncivillized Books

Chaque histoire est suivie par une analyse comprenant entre 3 et 7 pages, sous format de texte. L’ouvrage comprend également 18 pages de notes venant expliciter des références citées dans les analyses, ainsi qu’une liste de 24 autres histoires courtes écrites par Alan Moore, et 6 pages de références sur les autres œuvres citées.

Le lecteur se retrouve donc avec 10 histoires courtes correspondant à un total de 81 pages de comics, et beaucoup de pages de texte. à l’évidence, seul un lecteur déjà appréciateur des travaux d’Alan Moore éprouve la curiosité de découvrir une telle anthologie. Il constate rapidement que la qualité de la reprographie est satisfaisante, sauf peut-être pour les couleurs parfois un peu boueuses, et celles beaucoup trop sombres de In Pictopia. En lisant le sommaire, il se rend vite compte que ce recueil comprend plusieurs histoires mythiques dans la carrière du scénariste de Northampton, à commencer par le format originel de Mirror of Love (illustré de manière très différente par José Villarrubia, en 2004), mais aussi In Pictopia.

En parcourant rapidement les textes d’analyse, il découvre dans quelles publications ces récits sont parus pour la première fois, la plupart confidentielles, et certains à tirage très, très restreint. En fonction de sa familiarité avec les comics des années 1980/1990, il découvre des numéros uniques dont il n’avait jamais entendu parler, ou il retrouve des aventures éditoriales ayant marqué leur époque, comme AARGH (Artists Against Rampant Government Homophobia, autoédité par Moore) et Real War Stories publié par Eclipse Comics, sous la responsabilité éditoriale de Joyce Brabner.

Des publications confidentielles

Des publications confidentielles© Uncivillized Books

Conscient de la nature de l’ouvrage, le lecteur se plonge dans ces nouvelles en bandes dessinées. Il passe d’un récit de science-fiction avec chute ironique à la fin, à une métaphore de la disparition des comics pour enfants. Il enchaîne avec une synthèse de récits autobiographiques d’un soldat au Vietnam, puis passe à un poème illustré. En chemin, il reste déconcerté devant une métaphore de l’évolution des relations commerciales entre les États-Unis et le Japon, de l’ultramoderne solitude et de l’absence de sens de la vie. Il trouve une sorte de post-scriptum à From Hell, et une histoire apocryphe de Cobweb, l’une des narratrices des Tomorrow Stories, pour une biographie hallucinante. Marc Sobel ne ment pas dans son introduction : son choix de nouvelles reflète toute la palette des capacités d’écriture d’Alan Moore.

Les 2 premières histoires sont sympathiques, mais exhalent une forme de déjà-vu, la première parce qu’il s’agit d’une histoire à la manière des EC Comics, malgré des dessins très charnels de Rick Veitch, la seconde parce que le principe en a été repris à maintes reprises par la suite, avec des dessins sympathiques de Don Simpson, mais vraiment difficiles à lire du fait de la reproduction trop foncée des couleurs. Avec la troisième histoire le lecteur découvre une facette plus rare d’Alan Moore, celui d’adaptateur de biographie, avec des dessins un peu chargés de Bissette, Totleben (ses partenaires sur la série Swamp Thing) et Stan Wotch.

Rick Veitch

Rick Veitch© Uncivillized Books

Par contre le lecteur est tout de suite frappé par la structure du récit qui accole les souvenirs d’enfance du soldat dans une Amérique proprette et prospère, avec les atrocités bien réelles commises par le même soldat pendant la guerre du Vietnam. Avec la quatrième histoire (Mirror of Love), le lecteur est aux anges. Le choix de Marc Sobel est impeccable et la brièveté du récit permet de lui accorder le temps nécessaire pour le savourer. Les 7 pages d’analyse permettent de se replonger dans le contexte de l’époque, dans la promulgation de la clause 28, un amendement homophobe à la législation anglaise.

Marc Sobel accomplit un travail remarquable de contextualisation du récit. Il évoque les débuts de l’épidémie du SIDA et la manière dont certains politiciens puants ont essayé de l’assimiler à une punition divine contre les homosexuels, pour un retour ahurissant du puritanisme bas du front. Il évoque également la montée de la tentation de l’autoédition chez les auteurs de comics, promue activement par Dave Sim, l’auteur de Cerebus. Il évoque l’importance de la vie conjugale assez particulière d’Alan Moore à l’époque, sous forme d’un ménage à trois. Il explicite les différentes références présentes dans le texte d’Alan Moore, pas toutes immédiatement parlantes pour un lecteur dépourvu d’une culture sur l’histoire de l’homosexualité.

Retour à Withechapel, Oscar Zarate

Retour à Withechapel, Oscar Zarate© Uncivillized Books

À partir de cette nouvelle, le lecteur amateur des travaux d’Alan Moore est convaincu de la qualité du travail de Marc Sobel, soit parce qu’il a déjà lu ces nouvelles lors de leur publication à l’origine et qu’il retrouve le contexte avec des informations supplémentaires, soit parce qu’il découvre ces nouvelles pour la première fois et que les informations sur leur contexte les enrichissent. Certes toutes les nouvelles ne se prêtent pas à un commentaire aussi fourni et à une ou deux reprises, Sobel donne l’impression de paraphraser ce qui se trouve déjà dans l’histoire elle-même. Mais il s’agit d’exceptions, le reste des commentaires étant toujours riche, intelligent et admiratif sans être hagiographique.

Forcément, dans ce lot de 10 nouvelles, le lecteur est plus ou moins accroché par certaines, mais il est assuré d’y découvrir de véritables pépites. Dans la septième, Alan Moore expose de façon très personnelle la fascination morbide qu’il a développée avec l’histoire de Jack l’éventreur, de façon moins clinique et moins analytique que dans la coda de From Hell, mettant en scène les chasseurs de papillon.

Le conceptuel Mark Beyer

Le conceptuel Mark Beyer © Uncivillized Books

Ses modes narratifs vont d’une histoire racontée de manière traditionnelle avec une horreur très personnelle aussi graphique que psychologique (Come on down) et des dessins descriptifs, avec juste une pointe d’exagération sarcastique, à une narration plus expérimentale que ce soit pour Mirror of Love, ou pour The bowing Machine. Pour cette dernière, il est associé avec un artiste au parti pris artistique tirant vers l’abstraction, sur la base d’une narration visuelle conceptuelle. Pour le coup, les explications de Marc Sobel s’avèrent indispensables en tant qu’intermédiaires entre les artistes et le lecteur, même si ce dernier peut éprouver des émotions et des sensations fortes sans lesdites explications.

Au travers de ces 10 nouvelles, le lecteur perçoit les multiples facettes du talent d’écriture d’Alan Moore, narration traditionnelle, ou plus expérimentale, et ses différents centres d’intérêt. Il retrouve son goût pour l’horreur viscérale prenant ses racines dans les horreurs du quotidien. Il retrouve son approche holistique dans la biographie de John Whiteside Parsons (en seulement 6 pages, un exploit), sa veine poétique, son goût pour la science, sa capacité à évoquer l’Histoire, son appétence pour la magie, son amour des comics, son don pour insuffler la vie dans des personnages impossibles (le pichet anthropomorphe), sa conviction dans la vie spirituelle.

Jughead, par Peter Badge

Jughead, par Peter Badge © Uncivillized Books

Le lecteur retrouve avec plaisir la personnalité des dessins de Stephen Bissette, de Rick Veitch (et sa capacité surnaturelle à faire apparaître toute la vulgarité de l’humanité), le naturel d’Oscar Zarate, la sensualité de Melinda Gebbie (également illustratrice de Lost Girls), l’incroyable ironie moqueuse de Peter Bagge. Il ne reste plus qu’à adresser des prières à Glycon (la divinité à laquelle Alan Moore rend grâce) pour qu’à défaut de nouvelles œuvres longues en bande dessinée, il reste encore à Moore quelques récits courts à écrire.

Gloire soit rendue à Babalon !?! Mais où est Glycon

Gloire soit rendue à Babalon !?! Mais où est Glycon © Uncivillized Books

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Le Teaser : C’est officiel : Alan Moore prend sa retraite. Mais avant, voici édités des récits méconnus du Dieu des comics aussi précieux qu’underground. Présence n’a pu résister. Et vous ?

La BO du jour : hein ? comment, Moore veut prendre sa retraite ? Il y’ a de quoi prier d’autres dieux de l’occulte pour ne plus être si confus !

25 comments

  • Tornado  

    J’avais déjà lu le commentaire à ma zone, mais ici, sous forme d’article, le tout prend une autre dimension !
    Evidemment, je regrette qu’il n’y ait pas d’équivalent VF, d’autant que l’édition telle quelle, avec le texte d’analyse et les différents bonus, a l’air roborative.
    On attend donc encore en VF du Moore inédit : Cette compilation, ainsi que l’intégrale de la série Swamp Thing, ainsi que tout ce qui n’a pas été publié de la ligne ABC (Tom Strong, Tomorrow Stories), ainsi que la mini-série « 1962 ».
    Merci pour ce tour d’horizon très fourni.

    La BO : Cool ! La version TV ! Une des meilleures. Les frissons m’ont encore galopé dans l’échine à 4’18 mn, lors du break et de la montée vers le solo de Page (l’un des meilleurs de l’histoire du rock !)…

    • Matt  

      Et Promethea qui coute un rein maintenant !

    • Présence  

      En ce qui concerne 1963, c’est mal barré. Stephen Bissette a expliqué sur son site que la réédition de la série n’est pas envisageable pour des questions de droits, encore moins la réalisation du dernier numéro (un annuel) qui devait conclure l’histoire. Il est possible de lire la version de Bissette sur ce fiasco sur CBR :

      https://www.cbr.com/steve-bissette-part-1-to-1963-and-beyond/

  • artemus dada  

    Ceux qui voudraient lire le petit récit, complémentaire (coda) à From Hell, dessiné par Oscar Zarate (dessinateur avec qui Moore avait déjà collaboré sur « Petits meurtres »), peuvent venir sur mon blog :
    [http://artemusdada.blogspot.com/2014/02/from-hell-coda-moore-zarate.html], .

    J’y ai numérisé la pages.

    Il s’agit bien entendu, de la version française.

    Bonne lecture !

    • Présence  

      Merci. Je ne savais pas qu’il en existe une VF.

  • Eddy Vanleffe  

    Je ne connaissais pas dut out ces récits et j’avoue même n’avoir jamais entendu parler…
    Merci Présence, c’est alléchant tout ça…

    Oui Alan Moore pour la réputation qu’il a est assez peu traduit finalement…
    On a tous lu les Watchmen etc…
    mais sa période ABC est hormis la Ligue encore assez inédite…
    Swamp Thing tant vanté? ben absente des radars Urban aussi…
    Sa période Image? peut-être pas la meilleure mais en mettant Alan Moore en géant dessus, ça devrait partir…
    d’autres trucs aussi restent obscurs…

    • Présence  

      Même en VO, ce n’est pas facile de tout trouver. Ça fait un peu mal de le reconnaître : finalement quand DC est propriétaire des droits des personnages de la ligne ABC, ils font un excellent travail de réédition (une version somptueuse de Promethea, très grand format, avec deux planches par page pour éviter de perdre des détails dans la pliure). Je désespère de retrouver ce qu’ils n’ont pas pu rééditer comme le premier tome des Tomorrow Stories.

      • Matt  

        Deux planches par page ? Oh punaise mais c’est quoi ce format ? Du A3 ?

        • Présence  

          Paru en septembre 2013, les dimensions : 16.25″ x 12.25″, soit 41,275cm * 31,115cm.

          Malheureusement, je n’ai pas pu retrouver d’indication du poids.

      • Matt  

        Et il doit falloir lire le bouquin à l’horizontal non ?
        Hum…
        Je crois que je préfère perdre des détails dans la reliure. Surtout que c’est faisable de laisser une marge vierge pour justement que la pliure ne cache rien. Je ne sais pas pourquoi ils ne se donnent jamais cette peine.

        • Présence  

          Oui, il se lit à l’horizontale.

          En fait en parution mensuelle (format single), la reliure se fait pas des agrafes. Il n’y a donc pas de phénomène de masquage car le fascicule s’ouvre complètement. Ce phénomène n’apparaît que lors de la réédition en recueil.

  • Tornado  

    On trouve à peu-près tout de la période Image si on cherche aussi en magazines VF. Des trucs comme « Vaudou » ou « Judgment Day » sont parus chez Semic en revues. « Glory » dans Comic Box. Il doit manquer « 1963 » (et non pas « 1962 » comme je l’ai écrit plus haut) et « Deathblow By Blows » (à peine 3 numéros dont je ne connais rien).

    Urban est très décevant avec la ligne ABC, dont ils n’ont réédité que les « Top Ten », après toutes ces années.
    Ils devraient rééditer « Promethea » dans une collection digne de ce nom.
    « Tom Strong » est incomplet en VF. Ils devraient également nous ressortir une intégrale inédite.
    Idem pour « Terra Obscura », « Tomorrow Stories » et « Tom Strong’s Terrific Tales ».
    Purée mais qu’est-ce qu’ils foutent ??? Et « Swamp Thing » (toujours incomplet en VF, loin s’en faut) qu’ils ont promis il y a des lustres ???

    • Présence  

      Spécial Tornado, un commentaire express.

      Deathblow by blow – Minisérie en 3 épisodes, dessins de Jim Baikie – Un incubateur artificiel s’ouvre et il en sort une jeune femme à forte carrure qui se souvient que son nom de famille est Cray, comme celui du premier Deathblow (Michael Cray). Dans ce monde étrange, elle croise plusieurs individus plus ou moins agressifs qui portent le même nom de famille. Elle s’associe avec l’un d’eux pour essayer de trouver un sens à la situation dans laquelle ils se trouvent. Les dessins sont d’un niveau correct et efficace, sans être particulièrement attirant ou remarquables (Alan Moore et Jim Baikie avaient déjà travaillé en ensemble sur Skizz). 3 étoiles.

      • Eddy Vanleffe  

        Deathblow byblows, si ce n’était pas signé Alan Moore, ça n’intéresserait personne.
        C’est franchement léger et pas terrible…

        • Matt  

          En tant que « pas trop fan » de Moore (parce qu’il s’entoure de dessinateurs que je n’aime pas ou qu’il a un style hyper bavard), je regrette que ses comics les plus attirants visuellement (Swamp thing, Promethea) ne soient pas dispos…
          Il faudrait que je tente Top Ten qui a l’air pas mal. Mais je ne me suis toujours pas décidé…

  • Tornado  

    « Top Ten » c’est à la fois l’un de ses meilleurs boulots, l’un des plus accessibles, et l’un des seuls de la ligne ABC réédités dans des collections VF dignes de ce nom (dit le vil tentateur 😀 )…

    • PierreN  

      Urban a l’air de plus se concentrer sur les oeuvres de Grant Morrison ces derniers temps. Avec une série tv live Swamp Thing dans les tuyaux, ce serait le bon moment pour remettre en avant le run de Moore dans les rayons.

  • Bruce lit  

    Peut-être intimidant de lire ça en VO. Notamment sur la partie dessinée par Peter Badge dont le style me révulse. Celui de Bissette est aussi assez décourageant. A l’inverse du style doux et raffiné de Melinda Gebbie dans lequel je n’aurais pas de difficulté à m’immerger. Vietnam, Sida, Homophobie, les thématiques m’intéressent mais je ne suis pas sûr d’accrocher au dessin.
    Je me suis fait la semaine dernière deux volumes de 800 pages de Judge Dredd et les dessins de Mike McMahon m’ont vraiment rebuté alors que ceux de Bolland sont encore limpides et modernes. Conséquence : le volume 2 est plein d’idées superbes mais les dessins de McMahon m’ont empêché de m’investir dans l’histoire.

    • Présence  

      M’enfin, il ne s’appelle pas Peter Badge, mais Peter BaGGe. Le nom de Steve Bissette reste pour moi associé aux épisodes de Swamp Thing écrits par Alan Moore, chargés de cette ambiance horrifique, en avance sur son temps par rapport à la production mensuelle de comics de superhéros. Les dessins de Peter Bagge transcrivent avec une force de conviction peu commune, cette forme de laisser-aller propre aux individus avec zéro implication, mêlé à une forme d’absence totale de maîtrise sur leur apparence et sur leur environnement, sur ce qui leur arrive, une forme de résignation devant le caractère arbitraire de la vie. Advienne que pourra.

      Il m’aura fallu pas mal d’années pour percevoir ce que certains lecteurs trouvent de séduisant dans les dessins de Mike McMahon. Ses partis pris graphiques sont encore plus radicaux quand il dessine Sláine (de Pat Mills) ou The last American (d’Alan Grant & John Wagner). Mais peut-être as-tu lu mon commentaire sur ce dernier avec mes arguments en faveur de McMahon ?

      • Bruce lit  

        Même son nom, je n’y arrive pas avec ce Bagel !
        Quand ça veut pas, ça veut pas…

  • Jyrille  

    Pour une fois, je trouve ton article bien trop court Présence ! Il est parfait et présente sans ombre ce recueil que je ne connais pas. Je n’ai lu aucune nouvelle ici décrite et j’aurai eu du mal à imaginer une histoire de Moore illustrée par Peter Bagge !

    Tout cela donne très envie, et je suis quasi certain qu’une sortie VF finira par arriver. Je vais attendre tranquillement. Et puis j’ai pas mal de retard en Moore avant d’attaquer des nouvelles sans doute moins marquantes.

    Je me souviens avoir lu un long article de Moore (en VO), sur l’éducation sexuelle du début du 20ème siècle. Il faudrait que je le retrouve. En tout cas il fait totalement écho à certaines de ces nouvelles.

    La BO : je suis fan.

    • Présence  

      Ce fut une lecture déconcertante en ce qui me concerne : retrouver des récits que j’avais lus il y a plus de 2 décennies et mieux les comprendre (Mirror of love, Tapestries), en découvrir certains mythiques parce que cités régulièrement et que je n’avais jamais lus (In pictopia), et enfin découvrir l’existence d’autres dont je n’avais jamais entendu parler (The bowing machine, This is information).

  • Présence  

    Merci beaucoup pour le lien car c’est un texte que je ne connaissais pas.

    • Jyrille  

      De rien. J’espère cependant que tu trouveras le texte intégral, je ne l’ai plus. Je l’avais imprimé à l’époque (ce devait être en 2010 ou 2011).

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