Tony Chu : Le dernier repas par John Layman et Rob Guillory
Par BRUCE LIT
VO : Image
VF : Delcourt
1ère publication le 28/03/17 – MAJ le 12/12/23
Bruce Lit vous invite au dernier repas de la série Tony Chu qui, avec ce douzième tome, clôt une série en 60 épisodes. Du début à la fin, Chew (le nom original) aura été scénarisée par John Layman et superbement illustrée par Rob Guillory.
Cet article dresse aussi bien le bilan de la série que de ce dernier volume.
Cette mise en bouche est garanti SANS SPOILERS (<— mais qu’est ce qu’il a à gueuler comme ça lui ?).
Tout au long de son existence, Tony Chu aura soufflé le chaud et le froid. Le chaud parce que c’est tout simplement une série unique en terme d’originalité, d’humour complètement fou et de personnages désopilants.
Bien sûr, on peut Chupoter. Tony Chu a le pouvoir d’absorber les souvenirs et les capacités de toutes les personnes dont il absorbe la chair. Ce n’est ni plus, ni moins que la transposition cannibale de Rogue chez les Xmen.
M’enfin, quelle imagination ! pendant 60 épisodes, le duo infernal nous aura gratifié de personnages aux pouvoirs délirants tous rattachés à la nourriture et dotés de noms invraisemblables. Il existe même des sites qui les rencensent pour ne pas s’y perdre parmi la centaine répertoriée. Nulle part ailleurs, il aura été possible de trouver des personnages capables de confectionner des armes en chocolat, de transmettre le plaisir du goût par l’écriture ou de transformer des nouilles en cordes de guitares !
Et ceci sans compter avec une galerie de personnages inoubliables : le commissaire Applebee qui veut la mort de son meilleur flic à la mesquinerie si prononcée qu’elle en devient attachante. Sans doute le plus gros salopard de tous les temps depuis JJ Jameson. John Colby le policier hypersexuel mi-play-boy, mi Terminator, Cesar Valentanno l’agent double que tout le monde a grillé. Mason Savoy sa logorrhée et son physique mi grizzly, mi Orson Welles. Et last but not least, Poyo le coq génétiquement modifié dont la puissance et la férocité renverrait Wolverine au poulailler.
Sans oublier le héros, Tony Chu, rare héros asiatique en comics, sa famille dysfonctionnelle, son addiction aux betteraves et son caractère irascible. C’était ça Tony Chu : une exagération forcenée de n’importe quelle situation banale, une abnégation salutaire à n’avoir jamais peur du ridicule et même aller le provoquer, de faire rigoler son lecteur, pour qu’une fois à sa merci, le duo Layman-Guillory balancent le gros drama que personne n’aurait pu imaginer.
Car on meurt autant dans Tony Chu que l’on y rigole. De manière souvent violente, douloureuse et sans espoir de résurrection. Certains décès de personnages majeurs de l’histoire sont encore restés dans la gorge du lecteur fidèle et ce dernier volume achève d’assassiner deux personnages clés du casting. Il y a du frère Coen dans ce duo : l’art de faire rire avec de l’horrible et pleurer (oui!) avec du grotesque. Indéniablement, un exercice de style pas à la portée du premier venu.
Et de poser un nouveau jalon dans l’excentricité en BD dont on pensait que Preacher était le dépositaire. Tony Chu raconte l’histoire d’un complot mondial extraterrestre suite à une épidémie de grippe aviaire ayant tué des millions de personnes à travers le monde. Tony Chu fait partie d’une brigade de flics prohibitionnistes veillant à ce que la populace ne mange plus de poulet. Autrement dit, il est garant, avec son caractère psychorigide, d’une nouvelle prohibition ! Son pouvoir est une vraie malédiction : pour mener ses enquêtes, il est souvent obligé de croquer des cadavres horriblement putréfiés pour chercher ses indices ! Des moments magistralement mis en scène par Guillory dans des scènes souvent tordantes et inoubliables.
A cela s’ajoute une secte de l’oeuf, un vampire collectionneur de pouvoirs et une écriture de feu extraterrestre qui apparaît dans le ciel sans que personne ne la comprenne.Une multitude d’ingrédients à laquelle il fallait ajouter pour chaque épisode une enquête bâtie toujours sur le même épisode : un criminel se sert de super-pouvoirs liés à la nourriture pour accomplir son méfait. Tony Chu mène une enquête rapide (voire expresse vers la moitié de la série), affronte sauvagement le bandit avant de le coffrer. Pendant ce temps, d’autres éléments sur le complot mondial lui échappent alors qu’il est sur le terrain.
C’est justement le froid de la série évoqué plus haut : Tony Chu pour le meilleur et pour le pire est basé sur le comique de répétition : la série présente toujours la même introduction, la même scène de sexe et les séquences Applebee et Poyo.
Avec pour arrière goût une critique impitoyable de la malbouffe, la série de Layman et Guillory, disons aux alentours du tome 8, allait connaître les aléas des meilleures comédies : le rythme. A partir du tome 9, le comique n’était plus de répétition mais répétitif. La série était posée, les caractères établis, la mythologie familiarisée et les gags souvent irrésistibles mais redondants.
Pire encore, l’intrigue décompressée donnait l’impression de faire du surplace. Dans ces moments, on avait l’impressions que Tony Chu avait tout dit et ronronnait jusqu’à la fin de la série qu’elle savait proche. Les enquêtes qui faisaient la saveur des premiers épisodes venaient interrompre le suspense de la série un peu comme chez House d’ailleurs. Et le sous texte n’aidait pas des masses puisque les personnages ayant don de précognition annonçaient à leur lecteur qu’ils connaissaient déjà l’issue finale.
Et on aborde ce dernier volume sans déplaisir mais avec une pointe d’anxiété : il reste 5 épisodes pour tout boucler : les lettres de feu, le complot mondial, la machination de Mason Savoy et les flash forwads annoncés depuis le premier épisode. Car oui, Tony Chu est une série qui mettait en scène dès le premier arc la séquence finale (sans que l’on y comprenne grand chose)…
Autant le dire, ce dernier repas pêche un peu sur l’apéro ; cette recette on l’a déjà connue mille fois. Les deux premiers épisodes sont mêmes souvent insupportables : Mason Savoy y hâble comme jamais. Layman tente d’en faire un ressort comique, mais c’est surtout laborieux. Et ce d’autant plus qu’il est tout à fait possible d’abandonner les zones de textes, se concentrer sur les dessins toujours impressionnants de Guillory et de suivre parfaitement l’histoire.
Et puis après un Special Poyo parodiant avec délectation l’Exorciste, il se passe un truc : la série prend un tournant dramatique comme jamais, les choix que Tony doit faire sont impossibles et tout prend sens jusqu’au final à la Pyrhus. Rien qu’avec ça, on se dit que Layman est un gros vicelard et que ouf, il s’est rattrapé in extremis. Le chat est retombé sur ses pattes. La fin est réussie et cohérente.
Etant amateur de fins chocs, j’entame fébrilement l’épilogue de la série. On retrouve nos héros 20 ans après, Olive comme prévu a pris la succession de son père et on arrive à la fameuse séquence de Flash Forwad. Il reste à peine 6 pages mais on sent une montée en puissance de quelque chose qui n’était pas prévu. Et, mes enfants à la dernière, la toute dernière page de cette saga aux milliers de page,déboule un twist, un twist invraisemblable et pourtant tellement évident, à peu près aussi beau que celui d’Ennis à la fin de The Boys.
Et là, tout prend sens : Layman a peut être fait durer sa blague, mais il connaissait l’effet de sa chute. En postface, on apprend qu’il avait immaginé cette fin, ivre mort, au moment de convaincre Guillory de prendre les crayons de la série.
On sort de ce dernier repas rassasié, le trou normand aura duré un peu longtemps mais quel dessert ! Il n’y en a plus beaucoup des séries au long cours convaincantes de bout en bout. Aidé par un dessinateur qui aura su donner de la consistance à des personnages tout en les ridiculisant, alterner les fous rires et de franches boules dans la gorge, parsemer son histoire de fausses pubs et de slogans toujours plus caustiques, Tony Chu aura su avec Scalped et Locke and Key se frayer son petit bout de chemin parmi le top 5 des meilleures séries des années 00. Churpris ?
—La BO du jour :
Avec ses dents de cheval et sa grosse voix, le grand Jacques nous aura fait souvent marrer que pleurer. Comme Tony Chu.
Eh bien ! Que d’éloges !
Hélas ça ne suffira pas. C’est toujours une série trop longue pour moi.
Et les grimaces rigolotes ne suffisent pas à me faire apprécier le dessin. Je respecte le choix de ce style. C’est un choix artistique délibéré. Pas comme quand un auteur au style réaliste se plante dans les proportions des personnages et qu’on sent bien que c’est juste « une erreur » ou « mal fait ». Mais c’est juste que je n’adhère pas.
Et j’avoue que ce que tu me dis sur la fin me fait presque peur. Moi je n’aime pas les fins « choc ». Et je déteste les twists. 90% du temps c’est un artifice narratif superficiel créé juste pour surprendre et complètement tiré par les cheveux, comme si la simplicité d’une fin calme était trop ringarde et qu’il fallait balancer une révélation secrète improbable, quitte à utiliser 10 pages d’explications chiantes pour nous expliquer « comment c’est possible ? »
Ouuh que je déteste ça ! A la limite quand on dissémine des indices qui peuvent permettre au lecteur de comprendre le twist, why not. Mais souvent pour être sûr que le lecteur sera surpris, c’est complètement impossible à deviner. Comme si on nous révélait que « tout n’était qu’un rêve, rien n’existe »
J’ai juste envie de jeter la BD quand on nous fait ce coup là. T’as aimé les personnages et juste pour faire le malin à la fin, on te dit que tout était faux pour « surprendre ».
Bon…peut être que cette série fait partie des 10% restants qui réussissent à surprendre intelligemment sans être prétentieuses. Mais c’est tout sauf un argument de vente cette idée de twist final pour moi.
Je trouve qu’on accorde trop d’importance aux fins parfois. Évidemment que c’est une partie importante du récit mais j’ai tendance à penser que le voyage peut être plus plaisant que l’arrivée et qu’une fin même banale ne gâchera pas forcément une série. A force d’entendre les gens râler sur les happy end ou les fins trop ouvertes ou « banales », j’ai l’impression qu’un paquet d’auteurs veulent absolument faire un truc « choc » ou tragique pour clôturer leurs séries et ça a tendance à devenir une nouvelle tendance trop répandue. Comme si pour éviter des clichés d’une autre époque, on en avait créé de nouveaux.
Bon je n’ai aucune idée de la fin de Tony Chu, donc je précise que ce n’est qu’une réflexion au sens plus général sur les fins que j’expose ici^^
Le film Sixième Sens a lancé la mode des twists qui piquent les yeux (perso, je l’avais deviné dès la moitié du film que Bruce Willis était occis). Je comprends parfaitement ton point de vue. Certains scénaristes ont usé et absusé du twist et du cliffhanger choc au fil des années. Je crois me souvenir que c’est ce qui a irrité Présence d’ailleurs dans les TPB Walking Dead : ce qu’il juge être comme des procédés un peu racoluers, un peu du genre : toi compris, ça vachement grave ce qu’il se passe là !
En ce qui concerne la fin de Chew, comme mis dans l’article, la séquence de fin figure depuis le début de la série et Layman savait déjà comment se terminerait l’histoire. Je trouve le twist et la réaction de Tony complètement synchro avec le reste de la série.
Sur les fins, je ne suis pas toujours d’accord. Là aussi Présence te dira que le voyage compte plus que la destination. Mais j’attends moi toujours beaucoup trop d’une fin. Parce que je suis totalement acquis aux personnages des histoires que je lis et que j’aime savoir comment ça finit pour eux. Je n’aime pas beaucoup les fins abstraites. On peut faire explicite et réussi.
Les meilleures séries ont les meilleures fins : qui peut égaler les fins de Watchmen , V pour Vendetta, Preacher, The boys ou encore Bone ?
J’ai trouvé la fin de 100 Bullets aussi brutale que foireuse. Et celle de Y the Last MAn profondément injuste et facile.
Je crois que ça va débattre aujourdhui……
Bone a une chouette fin en effet. Mais c’est une fin « classique » dans un sens. Pas une fin « choc ». Je suis d’accord qu’il est appréciable de savoir ce qu’il advient des personnages. Quand je disais qu’on accordait trop d’importance à la manière dont une série se termine, je voulais surtout dire qu’on peut finir de façon simple, ou avec une happy end mignonne, même un peu clichée si c’est joli, sans avoir besoin de faire un twist ou un truc choc qui essaie de se la jouer original et surprenant, quitte justement parfois à laisser les personnages en plan de manière brutale.
« C’est toujours une série trop longue pour moi »
À partir de combien de tome estime-tu que c’est trop long ?
personnellement à choisir je préfère les runs qui s’inscrivent dans la durée (Cerebus de Sim, Love and Rockets des frères Hernandez, X-Factor de David).
Hum…disons que j’ai même hésité à lire Scalped parce qu’il y a 10 tomes. Mais je l’ai fait. Je dirais donc que 10 c’est bien. Au delà c’est déjà beaucoup.
En franco belge je peux aller un peu au delà, vu que ce sont des tomes de 50 pages, et pas 150.
Mais bon après j’ai bien tenté Bone avec le pavé de l’intégrale, parce que c’était moins cher et que ça prenait moins de place. C’est aussi une question de prix et de place.
Je suis d’accord sur l’excellence de la série, même si elle ne m’était pas apparue dès le premier tome (je suis moins vif que le chef). Il m’avait fallu 3 ou 4 tomes pour prendre conscience de tout ce que les auteurs arrivent à faire en même temps, avec naturel. C’est vrai qu’à ma grande surprise Mike Applebee finit par être touchant, alors même qu’il a tout contre lui.
Je suis moins d’accord sur la redondance. John Layman a établi un schéma narratif dès le début, avec ces enquêtes sur des criminels aux pouvoirs farfelus. Par opposition à 100 Bullets où la mallette ne servait que d’accroche au début pour être évacuée en cours de route, ici le scénariste s’en tient à sa structure, avec des pouvoirs liés à la nourriture, toujours aussi délirants de bout en bout. Ce qui lui permet d’ailleurs d’aborder une nouvelle facette de l’industrie agroalimentaire à chaque fois. Ce sont ces mêmes enquêtes qui permettent à Olive Chu, et donc de faire un lien entre générations.
Par contre, je dois être un lecteur plus conciliant que le rédacteur en chef, parce que j’ai trouvé très drôle, l’idée de Mason Savoy pérorant tout son saoul, sans que Tony Chu ne puisse rien y faire, ni le lecteur d’ailleurs. Il joue sciemment avec l’attente du lecteur.
Alors moi je veux bien débattre parce que, comme Bruce, j’attache une importance capitale à la fin d’une histoire. A tel point que, pour moi, si la fin est ratée, c’est la série entière qui l’est. Tandis que si la série est moyenne (je dis bien moyenne, pas nulle), mais que la fin est réussie, c’est la série entière qui est tirée par le haut, et donc réussie.
En revanche, j’ai déjà été en désaccord avec Bruce sur certaines fins. Je trouve que la fin de Preacher est ultra, ultraaaa décevante. Mais il faudra que je relise la série d’une traite, car à l’époque, un an s’écoulait entre la sortie des tomes et ça n’aidait pas à l’immersion.
Au contraire, j’avais trouvé la fin de « Y Le Dernier Homme » splendide, d’un lyrisme et d’une poésie qui m’avait transporté.
Pour ce qui est du twist : J’adore ça. J’aime être surpris. Je suis friand des coups de poing.
On en discute souvent, mais les histoires trop sages et trop classiques ne m’intéressent pas du tout, à quelques exceptions près. Je préfère de loin des trucs beaucoup plus viscéraux et hardcore. Car ce sont pour moi des lectures plus intenses. Maintenant, il est certain que si le twist est capilotracté, c’est nul. Mais s’il est bien maitrisé, je suis fan.
Pour la durée d’une série, c’est un critère récent. Avant, je m’en fichais. Mais à présent que je prends conscience que je n’arriverais peut-être jamais à lire tous mes bouquins, que je n’ai plus de place pour en stocker de nouveaux, et que ça coûte de plus en plus cher, je vois les choses différemment. 6 tomes me paraissent une bonne moyenne.
Pour moi il y a de la place pour les 2 : les histoires classiques et les trucs surprenants hardcore. Question d’état d’esprit. Je n’ai pas envie de chialer à chaque lecture. Des fois je veux juste lire un truc léger et joli. Je n’ai pas envie que chaque Disney finisse dans un bain de sang.
Un twist bien fait c’est bien, oui. Personnellement je trouve ça très rare. Si ça sort de nulle part du genre « ah en fait Dark Vador, c’est Luke lui-même qui vient du futur et qui a pris la place de son père », certes je ne pouvais pas le prévoir donc ça va me surprendre, mais c’est de la merde ! Tout comme si on nous disait que toute l’histoire de Bone était pas exemple un rêve d’un enfant humain qui se réveille à la fin à New York. Surprenant aussi. Mais nul et insultant pour tous les personnages.
Tornado, c’est quoi une fin ratée pour toi ? Parce que justement, en l’absence de twist débile, si la fin est classique et posée, comme genre la fin d’un Disney, il y a moins de risque que ce soit raté. ça peut être une fin sans éclat ou trop classique mais pour moi ça ne gâche pas le voyage si le reste était bien. Par contre oui, une fin avec un twist à chier, ça gâche toute la série.
Par exemple, pour Preacher : Tout du long, on attend la rencontre entre le héros et Dieu. Hors à la fin, Garth Ennis, qui ne sait clairement pas manipuler les notions métaphysiques, ne fait rien de cette rencontre. C’est pourri. A la place, il préfère parler de la relation entre Jesse et Cassidy. Et en fait, le cache-cache entre le héros et Dieu n’était qu’un McGuffin à deux sous.
C’est ce genre de fin tiède que je n’aime pas. J’ai largement préféré la fin de The Boys par exemple, où Ennis se montre tour à tour surprenant, intelligent et sensible.
N’ayant pas lu Preacher je visualise mal le truc, mais je crois comprendre. Si l’histoire te promet un truc et qu’il n’y a rien, c’est décevant. Pour moi, plus décevant en tous cas que si on ne te promet rien de spécial et qu’on suit juste des personnages dans une aventure. Comme Bone.
Il n’y a qu’une seule confrontation directe entre Dieu et Jesse et elle est intense.
Je trouve au contraire très réaliste l’impossibilité de lui casser la gueule directement. Dès le début, il est clair que cette confrontation n’est qu’un prétexte pour entamer un road movie. Jesse ne se sert pas plus de 10 fois en 66 épisodes de son pouvoir.
Les séries longues : il est clair que le volet financier et spacieux a une conséquence aussi sur mes investissements et mes lectures. A la lecture du tome 24 de Vagabond, j’ai lâché l’affaire parce que ça patine tellement, qu’au bout d’un moment, je ne sais même plus si j’ai lu ou pas cette histoire.
Je suis comme Tornado : une série peut virer de chez moi si la fin est naze.
Et pourtant Walking Dead n’aura pas de fin^^
Et s’ils finissent quand même par en faire une, je vois mal elle pourrait ne pas être décevante après une telle durée, le tel phénomène que c’est devenu…et le contexte de la chose. Hop miracle il y a un remède c’est la fin des zombies ? Je doute que ce soit apprécié. La fin de l’humanité complète ? Un retournement de point de vue qui ferait du dernier humain l’anomalie à éradiquer dans un monde appartenant aux zombies ?
Pour moi, il faut que la fin trahisse la série pour qu’elle me fasse tout détester. Si elle est juste simple et sans climax final intense, bah tant pis, c’est pas si grave. Le voyage était sympa. Je trouve trop souvent qu’à vouloir frapper un grand coup à la fin, on a droit à des trucs aberrants difficiles à avaler. Surprendre pour surprendre n’a aucun intérêt je trouve.
M’enfin, quelle imagination ! – 100% d’accord, c’est en particulier pour ça que les enquêtes expéditives de Tony, puis d’Olive m’étaient plutôt agréables. En regroupant ainsi tous les exemples d’inventivité des auteurs, tu fais bien apparaître leur créativité débridée. C’est vrai que la galerie de personnages est inimitable. Mais pourquoi n’ont-ils pas fait revenir l’inoubliable Lin Sae Woo (chacun ses préférés…) ?
Le comique de répétition – Alors que d’habitude, je ne suis pas très sensible au comique de répétition, je l’ai trouvé très bien utilisé dans cette série. Par exemple, la scène de lit avec un dessin en vue de dessus, est utilisée tout d’abord pour montrer les différents partenaires de John Colby, sous forme de chute, puisque le lecteur ne s’attend pas forcément à le voir développer une relation sexuelle avec ces partenaires là. Puis, à mes yeux sensibles à la différence, les auteurs se servent de cette image comme d’un leitmotiv, ce qui crée un effet de familiarité pour le lecteur, mais aussi qui l’incite à jouer au jeu des différences entre ces situations similaires.
Par exemple, l’image que tu as incluse dans ton article met sur le même plan la relation amoureuse entre Tony et Amelia, tout en faisant apparaître qu’ils ne sont pas collés l’un à l’autre, et en opposant la sérénité de Tony qui lui permet de dormir comme un bébé, avec les pensées tragiques d’Amelia qui la maintiennent éveillée. Cette image constitue pour moi une preuve éclatante de la sensibilité de Rob Guillory, et de l’intelligence de John Layman de créer ainsi des échos décalés entre des couples dont la relation est finalement très différente de l’un à l’autre.
Les séquences au lit sont effectivement assez jouissives 😉
C’est écrit de manière à ce que le lecteur ne soit pas surpris qu’elles arrivent. Et pourtant lorsqu’elles arrivent elles viennent mettre un point final souvent hilarant à une situation en cours. Euh….dit comme ça, c’est pas très drôle…
En fait la comparaison qui me viendrait immédiatement à l’esprit serait le banquet d’Asterix : on sait qu’il va avoir lieu, mais la subtilité des auteurs parvient à chaque fois à signer le repas d’une touche personnelle. Hey ! On parle encore de bouffe !
Comme je ne sais plus où j’en suis, que je dois avoir plusieurs tomes de retard, j’ai lu ton article. Il est super et il me donne énormément envie de m’offrir la série (ou qu’on me l’échange contre Walking Dead) et je pense que je ne me souviendrai pas de tout (tu spoiles légèrement) avant d’y arriver.
Personnellement je crois que tu as raison, cette série est dans le haut du panier, avec Locke & Key (toujours pas lu Scalped) et Deadly Class.
Pour les fins, je ne me suis jamais trop posé la question. Ce qui est sûr, c’est que c’est toujours compliqué à mettre en place, à trouver, et qu’on a l’impression qu’elles n’ont que très peu d’options.
Quant à la BO, ben y a rien à dire hein.
Delcourt se décide enfin à rééditer la série en intégrales !
https://www.editions-delcourt.fr/comics/series/serie-tony-chu-detective-cannibale/album-tony-chu-edition-gargantuesque-t01
Je ne sais pas combien ça fera de tomes, mais cette série-là, je sais que je vais enfin me l'(la faire)offrir…