Interview Laurent Lerner
Un délire orchestré par BRUCE LIT
Un an !
Il aura bien fallu un an pour que cette interview avec l’homme derrière les éditions Delirium se fasse. La faute à un emploi du temps surchargé du dénommé Laurent Lerner et d’une poisse carabinée le jour de notre première tentative: un téléphone qui choisit d’agoniser ce jour là accompagné par une rupture totale du réseau rendant toute communication impossible. Il faudra le COMIC CON 2018 pour relancer la machine pour cet entretien élaboré une première fois par téléphone puis par mail interposés.
Bienvenue dans la passion d’un petit éditeur indépendant au flair infaillible et dont la persévérance à éditer Richard Corben a déboulé sur une récompense Angoumoisine l’an dernier.
Salut Laurent, tu nous déclines ton identité secrète ?
Et bien, je m’appelle Laurent Lerner et je suis avant tout lecteur de BD. J’ai longtemps travaillé en tant que programmateur pour la télé avec plus au moins de liberté en fonction des chaines. J’ai toujours aimé ça, avec parfois de riches et belles expériences comme chez Canal Plus et dans le groupe Canal, ou quelques vraies réussites éditoriales comme chez Game One où j’ai remonté la programmation et les achats de programmes, à l’époque, en y lançant des séries alors inédites comme NARUTO ou en diffusant de beaux programmes comme SOUTH PARK. Très heureux cela dit de passer à autre chose, même si programmateur, c’est finalement un peu le même travail que ce que je fais pour Delirium : beaucoup de prospection de contenus et la même approche éditoriale, mais avec plus de liberté, forcément.
Comment en vient-on à vouloir créer sa propre maison d’édition ? Comment définirais tu ta ligne éditoriale ?
Le déclic est de passer en indépendant avec une totale liberté éditoriale dont j’ai toujours rêvé. J’ai créé Delirium en 2010. Ma ligne éditoriale ? De la BD de genre pour se faire plaisir, se divertir ou rêver, toujours avec des œuvres de qualités qui donnent aussi matière à se poser des questions ou à créer des passerelles avec d’autres supports tels que le cinéma ou la littérature. Ma marge d’erreur est étroite en tant qu’indépendant, bien sûr, mais je savoure cette liberté et me fie à mes convictions, comme j’ai toujours essayé de le faire. La ligne éditoriale de Delirium s’est définie elle-même assez naturellement mais aujourd’hui le catalogue devient consistant et une identité se crée. C’est aussi grâce aux lecteurs qui, en nous suivant et nous faisant confiance nous confortent dans nos choix.
Je ne suis pas fana du roman graphique social intimiste réaliste, par exemple, ça ne m’intéresse pas spécialement et « Vis ma vie en BD » c’est pas mon truc. La BD qui se la joue art contemporain ou art conceptuel et sur laquelle on est obligé de coller un gros discours, ce n‘est pas mon délire non plus, je laisse ça à d’autres qui aiment ça ou s’y retrouvent… J’ai déjà le monde réel au quotidien, je n’ai pas envie de le retrouver dans des supports où je peux plutôt rêver ou délirer un peu, ou entr’apercevoir des vies que je ne vivrai malheureusement jamais. J’aime que les œuvres parlent d’elles-mêmes, sans besoin de discours pour les légitimer, qu’elles soient ouvertes et accessibles à tous, cela n’empêche pas qu’il puisse y avoir différents niveaux de lecture, et pas juste un positionnement élitiste ou à l’inverse un positionnement grosse machine industrielle « non-clivante ». J’aime aussi l’idée que cela puisse en théorie partir dans n’importe quelle direction n’importe quand. Et ce type de contenus n’est pas forcément juste un sous-genre pour crétins, il n’empêche pas de réfléchir, ni de se poser des questions sur le monde réel, au contraire.
Delirium pourquoi ce nom et ce logo ?
Ça m’est venu finalement assez naturellement comme nom. C’est ouvert, ça correspond à cette liberté d’explorer que je recherche et aux mondes imaginaires que l’on peut aller trouver dans la lecture, et c’est ça, je pense, qui définit ma ligne éditoriale.
Quant au logo, j’ai la chance de travailler avec des graphistes talentueux qui apportent constamment de nouvelles idées, avec qui on peut échanger et toujours avancer vers quelque chose qui nous satisfait.
Tu emploies combien de personnes ?
Je suis mon seul employé (rires) mais je travaille avec des indépendants.
Quel est ton constat sur le monde de l’édition actuel.
C’est très facile de publier un livre aujourd’hui, ce qui est une chance. Du coup, même moi, j’ai pu m’y mettre ! Le revers de la médaille c’est qu’il y a une vraie saturation de l’offre avec beaucoup trop de publication et c’est dur pour beaucoup de titres. En fin de compte, cette saturation des rayonnages fait le jeu des grosses licenses. Il y a plus de choses, mais les lecteurs semblent moins explorer et les gros éditeurs bombardent de bouquins (comme Urban, par ex.). Et les portemonnaies des lecteurs ne sont pas extensibles, à ma connaissance. Ça me rappelle un peu mon expérience en TV. Le nombre de chaînes a explosé dans les années 90 et 2000, et les dirigeants n’acceptaient pas que les audiences puissent baisser, mis à part quelques gros programmes « fédérateurs »…
Tu as édité La Grande guerre de Charlie de Patrick Mills et Joe Colquhoun…
C’est ce qui m’a fait me lancer dans cette activité d’éditeur. J’ai vu que la série n’avait jamais été publiée dans son intégralité et je me suis dit, pourquoi ne pas le faire. Delirium est né comme ça. Beaucoup n’y croyaient pas, moi si, et mon pote Serge des éditions ça et là m’a fait confiance et m’a aidé. Je pense l’avoir fait au bon moment. C’est une BD qui est assez miraculeuse. Il faut rentrer dedans, mais une fois lancé, on est pris et c’est impossible de lâcher. Les dessins sont ahurissants, il y a un travail de recherche historique incroyable et tous les personnages sont incarnés. Le ton est très politiquement incorrect et c’est une claque à tous points de vue. C’est une merveille extrêmement forte conçue de manière improbable aujourd’hui. Tu te rends compte que Pat Mills et Joe Colquhoun ne se sont jamais rencontrés ! Ils ne se sont parlé que deux fois au téléphone en 9 ans ! Le reste du temps ils s’échangeaient des courriers, et Joe Colquhoun montait dans son atelier le matin et redescendait le soir, jusqu’à la fin de la série. C’était l’œuvre de sa vie, elle est emblématique de la BD Britannique, et il n’a jamais récolté la reconnaissance pour ce travail de son vivant. Aujourd’hui, cette œuvre vit, et elle est inscrite dans le fonds, et continue de tourner plus de 7 ans après la sortie du volume 1.
Delirium réédite Judge Dredd. Ce n’est pas trop intimidant de s’attaquer à ce monument ?
Non, je viens de la télé, j’ai travaillé sur des gros programmes. La Bd indépendante, à côté, c’est plutôt détendu en termes d’enjeu financier et riche de possibilité en termes d’exploration éditoriale. Au pire, je me plante, ce n’est jamais un drame. Et dans tous les cas, j’essaye de faire du bon boulot et de le partager.
En quoi cette édition diffère des autres ?
Plusieurs tentatives de publications de JUDGE DREDD ont eu lieu en poche tout d’abord, puis chez les Humanos et Aredit. IL y a eu des tentatives dans les années 90, puis Soleil a essayé vers 2010. Chez Soleil l’ambition était louable, mais je pense que le contexte de la société à ce moment, en plein bouleversements, n’était pas favorable. Du coup, il y a eu pas mal de défauts dans la réalisation et ça n’a pas pu durer. C’est bien de l’avoir tenté ceci dit mais ce n’était pas le bon moment.
De mon côté, j’y crois toujours, mais il faut fournir un gros travail éditorial pour Dredd, « construire » la série dans le temps, faire découvrir le côté précurseur de 2000 AD et la richesse de cette série.
J’ai flashé sur JUDGE DREDD en France grâce aux fascicules Aredit, qui reprenaient la publication américaine des épisodes de 2000 AD dans les années 80. J’étais familier de la BD britannique, en général sans être particulièrement pointu. J’en lisais gamin, c’était normal d’en trouver autour de moi, et j’aimais ça. J’ai toujours accroché, mais je lisais un peu tout et n’importe quoi. J’ai surtout réalisé un peu plus tard à quel point 2000 AD et Judge Dredd étaient déments à l’époque. Ca partait dans tous les sens, le ton changeait radicalement selon les inspirations des scénaristes et des dessinateurs de la série, parmi lesquels il y avait de vraies pointures comme Brian Bolland, McMahon, Ezquerra, O’Neil… On passait de l’humour à de la série noire, de la SF. C’était génial !
Tu as accueilli Pat Mills pendant la Comic Con. Tu nous parles de lui ?
Pat Mills je l’ai rencontré avant LA GRANDE GUERRE DE CHARLIE et il m’a donné des infos pour me lancer dans la publication de cette série. Il a été le premier surpris du succès de Charlie en France, d’autant que je sortais de nulle part dans l’édition BD. Ce succès lui a fait très plaisir, c’est clair. Après, il a toujours joué le jeu avec Delirium : il est venu au Comic Con, à Angoulême, au musée de la grande guerre de Meaux. Il a toujours été super.
Tu as publié une magnifique anthologie Richard Corben. D’autres volumes sont prévus ?
Je te vois venir, tu veux me parles de LA SAGA DE DEN ? Richard ne s’intéresse pas à ses classiques, aujourd’hui. C’est un vrai artiste. Dans l’industrie des comics books, il faut produire vite dans un style consensuel. On ne te demande pas d’évoluer et de prendre ton temps. La démarche de Corben est à l’inverse, c’est un travail de passion et de recherche, son style n’a jamais cessé d’évoluer graphiquement et dans la narration. Ca n’a rien à voir.
Ça n’a l’a pas empêché de travailler pour Marvel et DC, en fin de compte. Sa maison d’édition Fantagor, avait fait faillite. De son propre aveu, ce sont des travaux de commande plus ou moins réussis. Il a beaucoup aimé travailler sur HELLBOY. Ca a été plus compliqué sur CAGE, ça partait bien mais pour des raisons internes, ça s’est compliqué et le dernier épisode est vraiment moins bon, malheureusement… GHOST RIDER est très faible au niveau du scénario, et STARR THE SLAYER est une expérience pénible. Il s’est beaucoup investi, a quasiment tout apporté mais n’a pas du tout accroché avec le ton et les dialogues qui ont été faits après qu’il ait livré les planches…
Son Punisher avec Ennis est un chef d’oeuvre…
Son PUNISHER reste très réussi, oui. Mais beaucoup de lecteurs l’ont lu à l’époque parce que c’était le Punisher pas Corben, et ça leur a permis de le découvrir. Tant mieux, du coup tout le monde est content et les curseurs bougent, on aimerait voir plus souvent une telle qualité chez Marvel.
Es tu en contact avec Corben. Comment as t’il accueilli le grand prix d’Angoulême 2018 ?
Je suis en lien avec lui par mail, essentiellement, il est assez discret, et aime rester à l’écart du monde de l’édition, avec sa famille, ses amis… Il est content des éditions faites chez Delirium, ça fait plaisir. Angoulême : oui, il était heureux. Il a déjà eu plein d’autres prix auparavant mais je crois qu’il n’a pas réalisé sur le coup à quel point ce prix était une superbe récompense. C’est venu petit à petit, et c’est génial pour lui, surtout d’un point de vue médiatique, puisque la richesse et la qualité de son travail ont toujours été là, et qu’il s’est toujours efforcé de faire ce qu’il voulait. Mais maintenant, les lecteurs veulent le découvrir. Le prix d’Angoulême est le seul au monde qui soit donné par ses pairs. C’est un prix qui a échappé à tout le monde, personne ne s’y attendait.
Pour un éditeur, c’est aussi une expérience passionnante, une aventure…. Rends-toi compte, Corben c’est un monstre. J’ai voulu le publier parce que j’ai réalisé que tous les éditeurs français s’étaient désintéressés de son travail ! On ne les trouvait pas en France. Toth a publié, quoi, 6, 7 bouquins ? et le dernier en 2006 ! Plus rien jusqu’à ce que l’on se mette sur ces livres, c’est surréaliste, alors qu’il ne s’est jamais arrêté !
L’un de tes derniers bébé : le Tarzan de Joe Kubert.
C’est magique, Kubert y est au sommet de son art, c’est un raconteur, un magicien de la narration et du dessin qui respecte profondément l’oeuvre originale de Burroughs. Kubert est merveilleux, il veut faire rêver, il nous embarque dans l’aventure avec générosité et partage le plaisir qu’il a lui-même éprouvé à la lecture de Tarzan. Je ne voyais que François Truchaud pour lui rendre justice dans la traduction, lui qui nous a fait découvrir tant d‘œuvres majeures de la littérature fantastique dans ses mythiques éditions NéO, comme presque toute l’œuvre de RE Howard (le créateur de Conan), par ex, qui était alors inédite ici, et traduite dans un style qui n’a pas été égalé depuis, même si la recherche de l’œuvre de cet auteur a été depuis vraiment approfondie.
Que ce soit dans la cover, la reliure et les traductions, tu livres un travail irréprochable. Seul obstacle : les albums sont souvent entre 25€ et 35€…
Les lecteurs qui suivent Delirium savent que ce sont des éditions ambitieuses. C’est le même prix que certaines éditions Panini ou Urban. Je ne fais pas de gros tirages. Le prix ? On n’est pas positionné sur de l’achat compulsif, mais on s’adresse à des lecteurs qui souhaitent trouver un travail soigné, dans le contenu, la maquette, le lettrage. Pour les traductions, je relis tout, pour chaque bouquin, en plus de toutes les phases de corrections, multiples (et ça n’empêche quand même pas les coquilles !).
Bref, c’est beaucoup de travail, et comme tout, ça a un impact sur le prix de vente. On peut s’acheter trois daubes lues en 10 minutes à ces prix, c’est vrai. Ou faire le choix d’un bouquin qu’on pourra savourer et qu’on sera heureux de ressortir de sa bibliothèque.
Doug Headline assure certaines de tes traductions, Druillet signe la préface de la deuxième anthologie de Corben…
Doug est très facile d’accès, gros tempérament mais c’est facile de travailler avec lui. Il est passionné, c’est son moteur, et du coup, c’est un plaisir. Druillet, c’était assez génial. Sa préface est brute mais il me l’a dictée, ça sortait comme ça, il était à fond dedans en train de penser à Corben. Quand il a fini, gros blanc, puis il me demande : « alors, ça va ? tu trouves ça comment ? » en espérant vraiment que ça plaise. C’est un moment très fort, direct, brut et intense ! du 100% Druillet !
Des fois ça ne marche pas, bien sûr. Dario Argento était partant pour préfacer l’intégrale Creepy Présente Bernie Wrightson, ayant adapté le chef d’œuvre Jennifer pour les Masters of Horror. Il était intéressé, je lui envoyé les bouquins, ils se sont perdus dans le courrier, les grandes vacances sont arrivées, et en fin de compte, ça n’a pas pu se faire. Dommage, mais c’est comme ça, ça ne marche pas toujours comme on le souhaite !
Nos lecteurs réclament un tome 2 de Vampirella….
Ça fait des années qu’on en parle avec Doug Headline, les histoires sont choisies. Les ayants droits américains hélas s’en foutent complètement, c’est un tout petit marché. Rien qu’en leur parlant, je leur fais perdre de l’argent. Un peu comme DC, qui me l’avait clairement dit lorsque je leur avais posé la question de Marshall Law.
Ça a été long aussi pour ce titre, que j’aurais adoré faire, mais il va enfin sortir prochainement chez Urban. Pat Mills a poussé pour que ce soit réédité chez un gros éditeur, ça a pris le temps, mais ça arrive enfin, c’est ce qui compte.
Quand on édite des comics old school, on continue d’en lire ?
Oui, bien sûr, mais le travail pour Delirium me fait beaucoup prospecter, et j’ai quand même moins de temps pour tout lire. Et je ne veux pas sacrifier toutes mes autres passions, le cinéma, la littérature, la musique, le sport etc. Parmi mes coups de cœur récents, il y a des titres comme SOUTHERN BASTARDS, par ex. ou chez DELCOURT des titres comme KILL OR BE KILLED ou un petit ovni comme VEIL. J’ai beaucoup aimé HARBINGER, par ex, chez BLISS qui est une sorte de X-MEN moderne très sympa. Remender, Lemire, c’est moins mon délire, mais je connais moins, surtout, je n’ai pas été marqué spécialement par ce que j’ai lu, même s’il y a peut-être des choses très bien à découvrir de ces auteurs qui m’ont échappées….
Impossible pour moi de lire du Marvel ou DC aujourd’hui, je n’y arrive plus. Je jette un œil de temps en temps sur les Xmen que j’ai adoré depuis le reboot de Claremont quasiment jusqu’à l’arrivée de Jim Lee, Mais impossible, c’est catastrophique, tout a été flingué par trop de scénaristes qui se sont succédé et en ont fait une série de bourrins. Dur de s’y retrouver, et franchement essayer de le faire serait une perte de temps, je n’en ai plus assez pour ça. Enfin j’imagine que de temps en temps il y en a qui arrivent quand même à faire des choses sympas, je ne vais juste pas tout me taper en espérant trouver une pépite dans ces séries…
Oui, j’ai écrit un papier là dessus. Les X-MEN, champions de la tolérance sont devenus des communautaristes radicalisés….
Oui, on est dans une industrie post 11 septembre où les héros sont plus violents et défendent moins des idéaux que des causes. En un sens ce sont moins des super héros et plus des super soldats, ou juste des icônes potentiellement « franchisables » pour beaucoup d’autres personnages Marvel. Le rachat de Disney n’arrange rien. Les Xmen, à la création de la série mais encore plus lors de son « reboot » en 75, avaient vocation à traiter de l’acceptation de la différence, tout en restant de l’aventure et du rêve pour les gamins. Les gamins sont tous sensibles à l’injustice, et les X-Men étaient tous victimes d’une discrimination fantastique (c’étaient des « mutants ») et se retrouvaient soudés quelle que soit leur origine sociale ou ethnique.
Aujourd’hui, le discours a aussi évolué là-dessus. On n’est plus dans un discours universel, on cible des communautés avec un discours communautariste plus vindicatif, ce n’est pas l’idéal du « vivre ensemble »… On est surtout plus proche du marketing à chercher à « agréger des publics ». Ca m’intéresse moins, et je pense qu’au contraire ça recrée des différences…
Tu as publié le Halo Jones d’Alan Moore. Es-tu en contact avec lui ?
Ah, non, malheureusement, et non, je n’ai pas le téléphone d’Alan Moore, pas la peine de me demander ! Halo Jones… Quel bonheur de rééditer un tel chef-d’oeuvre, l’un de ses premiers, et finalement assez peu connu ici car, encore une fois c’est une BD de genre, même si elle est surtout intemporelle et universelle, qui est sortie au moment où il travaillait aux USA et était en train d’exploser. C’est une des rares séries qu’il a pu développer tout en restant cadré par un éditeur dans le cadre d’un magazine, même si c’était dur. Mais c’était 2000AD, en Angleterre, à l’époque, et c’était juste avant qu’il devienne le monstre planétaire qui a tout fait sauter avec les Watchmen. Après, plus de magazines, ou de séries parmi d’autres, c’était Alan MOORE, finis les « cadres » éditoriaux!
Un dernier mot ?
Bon désolé, ça t’en fait des tartines, fallait m’arrêter ! Et je peux encore continuer, crois-moi. Et il y a encore plein de merveilles à aller chercher. On pourra en reparler !
—–
La BO du jour : Do it yourself, change everything !
« Ça fait des années qu’on en parle avec Doug Headline, les histoires sont choisies. Les ayants droits américains hélas s’en foutent complètement, c’est un tout petit marché. Rien qu’en leur parlant, je leur fais perdre de l’argent. Un peu comme DC, qui me l’avait clairement dit lorsque je leur avais posé la question de Marshall Law. »
ça sent pas très bon ça.
Bon…je vais m’acheter le magazine N°16 d’époque pour combler le trou entre le volume Delirium et l’album Soleil. Comme ça si la suite sort un jour, tant mieux, mais je ne retiens plus mon souffle et je prends un chemin détourné.
Je ne comprends même pas pourquoi ça désintéresse les ayants droits. Au pire ça ne rapporte pas beaucoup, mais ils n’ont rien à perdre quoi.
Enfin bref hein…
Ouais trop d’offres et de bombardements d’albums tous les mois, je le ressens aussi. ça oblige à faire des sacrifices, on peut pas tout lire, et même à se trouver des excuses de mauvaise foi pour ne pas lire un truc parce que…ben…c’est juste pas possible. Pas l’argent, pas le temps.
Même le blog il parle de trop de trucs^^ et faut trier de manière de plus en plus stricte. Même si certaines œuvres ne méritent pas forcément qu’on les écarte trop vite sans leur laisser une chance mais…bah…comment faire autrement hein ?? Y’a trop de choses.
Bien, bien. Paradoxalement -mais c’est le fan des éditions Delirium qui parle-, je ressors de cette interview pétri de déceptions : Comme Matt, j’attends le tome 2 de Vampirella avec fébrilité. Et là, apparemment, c’est mal barré. J’attends aussi la suite de Creepy et de Eerie. Et sur le site, dans la rubrique « à paraitre », Creepy tome 3 est annoncé sans date précise depuis des lustres, comme s’il était sans cesse repoussé. Or, ce sont là les trois collections (celles qui rééditent les comics Warren) que j’attends le plus chez cet éditeur.
C’est d’autant plus frustrant que pour moi, Delirium, c’est la panacée en termes de maquette. Sur cet aspect, je félicite vraiment Laurent Lerner pour son travail magnifique. Et c’est l’un des seuls qui n’a pas cédé à cette saleté de mode pour le papier mat, en plus !
Je l’ai déjà dit mais pour moi le papier mat pour du noir et blanc, j’ai aucun souci avec. Les albums EC de Akileos me vont très bien.
Je dis ça dans le sens où si facilitait le boulot de Delirium et si ça réduisait le prix de leurs bouquins et facilitait les ventes, ils pourraient passer sur du papier mat pour le noir et blanc.
Ou du papier semi-glacé. Le papier utilisé par pas mal de magazines, qui brille moins mais ne fait pas buvard. Si ça coute moins cher hein…
Chut Tornado, cesse de grogner !^^ Sont pas biens les EC comics de Akileos ?
Bof. Le format un peu carré est bizarre, les planches sont toutes petites et le papier je n’aime pas du tout. Je les prends parce que c’est ça ou rien, mais pour moi c’est vachement moins bien que Delirium.
Bah c’est format comics…
Oui forcément en mega ultra grand format c’est toujours mieux (quoique…faut que ça rentre dans l’étagère quand même), mais c’est pas choquant.
Le papier me va très bien par contre.
J’sais pas mais moi j’ai toujours eu l’habitude des BD franco belges sur papier mat sans que ce soit gênant (Tintin, Spirou, Natacha, etc.) Et limite sur papier glacé je trouverais ça trop brillant et agressif. Du coup je n’ai jamais été super fan de la mode papier glacé qui a suivi, sauf évidemment quand les couleurs l’exigent. Surtout que ça faisait passer les albums de 50 pages de 10€ à 15€ le papier glacé…
Les classiques de la BD française sortent toujours sur papier mat et j’en suis bien content d’ailleurs. La brillant pour le brillant, ça me gave^^
Évidemment il y a des aberrations comme les Icons de Panini qui publient des comics aux couleurs trop sombres ou élaborées pour ce type de papier. Mais on parle de Panini là…^^
Les autres éditeurs, j’ai jamais eu vraiment à me plaindre de leurs choix de papier.
J’ai vu sur certains forums comme bdgest que certains lecteurs trouvent même le rendu des couleurs des intégrales Tarzan rédhibitoires car trop flashy sur papier brillant.
N’étant pas fan du rendu des comics old school sur papier brillant en général (intégrales Panini), je ne peux qu’être d’accord.
en ce qui me concerne, oui, je regrette que les Tarzan ne soient pas sur papier mat.
mais après, quelle belle initiative de les rééditer !
Oui. J’ai attendu cette intégrale pendant des années.
Je dirais quand même que, pour le coup, même si un tel comics en couleur méritait le papier mat, l’impression de la version Delirium est tellement soignée, que ça passe quand même en papier glacé. Rien à voir avec les intégrale Panini dégueux.
les récentes intégrales Panini (depuis 2012 même en fait) ne sont plus dégueux hein^^ Plus de points de trame, plus d’encre qui bave, rien.
Mais bon ça reste brillant et flashy quoi…
Mouais enfin c’est quand même pas le boulot magnifique de delirium. RIEN à voir !
En terme de maquette, parce que c’est là le seul bémol que j’aurais à émettre: je ne serais pas contre un papier moins lourd et moins cher. Les livres font deux tonnes et j’imagine que ça rentre enligne de compte dans le prix de coût…
Laurent Lerner explique qu’il veut produire des œuvres d’un certain standing. ça peut se comprendre, parce qu’on est dans la BD patrimoniale destinée à des collectionneurs acharnés.
J’achète peu de DELIRIUM mais j’ai une sorte de liste…
quand j’aurais fini ELFQUEST, je me pencherais sur les Judge Dredd et les titres d’horreur EERIE et Creepy qui me manquent…
En tout cas ce registre de BD est entre de bonnes mains manifestement…très bonne interview très instructive.
Voilà j’suis pas le seul à le penser pour le papier.
Pas forcément mat au pire mais un papier plus fin et même semi-glacé irait (je sais pas ce qui coute le moins cher)
C’est très bien de vouloir faire de magnifiques bouquins, mais autant c’est absolument nécessaire pour les œuvres en couleurs modernes informatisées, autant c’est par exemple complètement inutile et même rédhibitoire pour des trucs comme les intégrales de Panini de vieux comics qui seraient plus jolies en papier mat ou semi-glacé, vu comme les couleurs simples d’époque deviennent criardes.
Aucun intérêt non plus du publier du Tintin sur papier glacé pour les mêmes raisons.
Le noir et blanc s’accommode de tous les types de papier mais viser le meilleur papier glacé du monde super épais et brillant, ça semble presque une perte d’argent^^
Je ne suis pas un ayatola du papier glacé en fait. Pour d’anciennes BDs dont les couleurs étaient basiques et assez flashy, le papier-mat sied mieux. Encore faut-il opter pour un papier doux et pas trop épais, sinon c’est effet peau de pêche avec des noirs qui ressemblent surtout à des gris.
Pour cette raison, je trouve que papier brillant sert à merveille le noir et blanc car il permet, plus que tout autre papier, d’obtenir des noirs profonds. Au soleil ça brille ? Et bien il suffit de lire à l’ombre…
L’idéal, je suis d’accord, c’est le semi-brillant. Les Tintin sont d’ailleurs imprimés sur du papier comme ça désormais. Et c’est très bien pour toute sorte d’impression.
Ces dernières années j’ai acheté des bouquins où l’on voit bien que la mode du papier mat est débile : Le 1° tome de Rockyrama avec ses pages de texte en bleu sur noir : Illisible, littéralement illisible. Le super recueil la Bible du Steampunk avec toutes ses illustrations délavées. Les deux dossiers d’enquête de Twin Peaks par Mark Frost dont la typographie imitant les machines à écrire sont bues par le papier et deviennent grises et donc pénibles à lire. Bref c’est débile et moche.
Je ne connais pas les albums que tu mentionnes donc je veux bien te croire.
Mais pour moi le glacé à tout prix n’est pas bon non plus. Par exemple ça me bloque pour le Tarzan de Kubert aussi. Ou disons que j’aimerais voir la gueule du truc en librairie, je n’ose pas acheter ça en ligne sans voir le rendu. Car en général ouais, pour les couleurs basiques, j’aime pas le rendu.
Pas eu l’occasion de voir du Tintin sur papier semi glacé.
N’étant pas bien sûr de pouvoir lire l’interview en entier, j’ai commencé par regarder les images : Corben, La grande guerre de Charlie, Sláine, Bratpack !!! Que des récits fondateurs pour mes goûts de lecteur ! Quel catalogue !
J’ai beaucoup apprécié cette interview dans laquelle Laurent Lerner semble donner l’impression que c’est finalement très facile et que le succès vient forcément. Avec un peu de recul, le constat est que c’est le premier éditeur qui a réussi à publier La grande guerre de Charlie dans son intégralité en France, et dans un format plus abouti que la dernière réédition britannique, car la VF a restitué la couleur sur les pages en couleurs.
Je suis également très impressionné par la cohérence de la ligne éditoriale de Delirum qui constitue une preuve patente que Laurent Lerner construit son catalogue sur la base d’un goût sûr.
Bon l’épisode 16 de vampirella est dispo dans la revue numéro 9 chez Publicness.
Bon par contre ça date de 1972 alors je ne sais pas si ça a bien supporté le temps, ça dépend toujours du papier.
Mais bon moi au final je me prends d’affection pour certaines vieilles revues si elles sont bien conservées. Les Fantastik ont un charme fou je trouve^^ Limite le plaisir de lecture est plus grand que dans une réédition.
Je sais, ça n’a pas beaucoup de sens, une BD est une BD, dans n’importe quelle édition ça ne devrait rien changer. Mais je sais pas…le fait de revoir le truc publié dans son contexte de l’époque avec des articles cinéma d’époque aussi…ça a son charme^^
Tout dans cette interview m’aura étonné : l’anecdote sur Vampirella mais surtout le fait que Corben et Mills étaient considérés comme la Loose à publier. Si je partage beaucoup d’analyses de Laurent autour des Xmen et de l’explosion du marché des comics, on ne peut que se réjouir que ces « outsiders majeurs » trouvent aussi leur public. C’est pour ma part vers cette direction que j’ai envie d’aller.
Les anecdotes de Laurent sur son passage chez Marvel m’ont également surpris.
Papier mat ou glacé ? : j’aurais tendance à couper la poire en deux. Je trouve le papier des intégrales Panini trop épais. Celui de l’époque des éditions semic me paraissait très bien.
Quelles éditions Semic ? Il y en a eu en papier buvard dégueu aussi^^
Moi j’aime bien le papier des kiosque par exemple. Fin et glacé (ou semi glacé), bonne qualité, mais pas trop brillant non plus.
Delirium, si t’essaies de lire leurs bouquins en été au soleil sur ta terrasse, c’est mort, ça brille de partout et ça t’aveugle^^
Qui a lu l’album Misty d’ailleurs ?
C’était des publications « pour filles » ou un truc du genre non ? Mais bien ou pas bien ?
L’album Misty VO est dans ma pile de lecture. Je ne l’ai pas encore lu.
c’est bien du « pour filles », mais franchement, c’est vachement bien, pas gnangnan du tout et super beau graphiquement.
Merci pour cette intéressante interview. Je suis fan de Délirium depuis le début. J’ai quasiment tout, c’est un excellent catalogue proposé dans des livres de haute volée.
Je souhaite longue vie à cet éditeur, qu’il continue à suivre sa ligne éditoriale en continuant à nous proposer des classiques de la BD anglo-saxonne.
On peut toujours chipoter sur le papier: mat, brillant, épais… ce qui est sûr c’est que c’est du papier de très grande qualité. Collectionneur depuis toujours, je suis très sensible à ces petites attentions. Et puis cela ne me dérange pas de lire mes livres sur une terrasse en plein soleil. Pour les incontinents de la brillance il existe les lunettes de soleil 😉
Blague à part, c’est vraiment un plaisir de voir trôner ces merveilleux bouquins sur ma bibliothèque.
Je dois avouer ne posséder aucun album de cet éditeur, ni même n’avoir lu aucun de ses bouquins. Principalement parce que les séries/sujets traités ne font pas partie de mes domaines de prédilection. Néanmoins, d’après les retours de Tornado, Matt et Cie, Delirium semble produire des livres de qualité. C’est sympa de voir que des petits acteurs arrivent à tirer leur épingle du jeu sur le marché de la BD.
Alors pour info, même si je doute que ça intéresse qui que ce soit, j’ai reçu un numéro de la revue Vampirella VF publiée chez Publicness dans les années 70, et ça tient encore bien la route niveau papier. C’est un papier semi glacé donc qui a plutôt bien résisté au temps, contrairement aux revues Lug par exemple^^
Attention par contre le numéro 16 de Vampirella (qui fait suite au tome 1 de Delirium) est contenu dans le numéro 9 de la revue VF.
Sur comicsvf, on peut voir les correspondances VO du sommaire.
Voilà.
Merci pour l’info, Matt.
Le numéro 9 peut faire le lien entre le volume Delirium et le volume Soleil que tu m’as dit avoir je crois.
Du moins pour le feuilleton Vampirella.
En attendant mieux. Si ça arrive…
Oui oui, j’avais compris 🙂
Comment ? Delirium n’a aucun lien avec la bière belge ? Je suis déception…
Autrement, superbe interview encore, qui me met plein d’étoiles dans les yeux, et qui me donne très envie de dire SHUT UP AND TAKE MY MONEY !
Y a pas mal de choses qui m’intéressent, je ne trouve pas encore le tome sur Corben, mais j’ai vu une édition Panini de travaux de Corben sur uniquement les histoires d’Edgar Allan Poe. Sont-ce les mêmes que celles éditées par Delirium ? Corben a vraiment beaucoup plus de vision depuis son prix à Angougou, ils ont sorti un tome Hellboy par Corben… Bref, je suis tenté. Il n’y a pas le Slaine de Simon Bisley ? Il faudrait que je choppe Halo Jones aussi, et puis les Judge Dredd. Marshal Law chez Urban aussi ça me parle. Raah j’ai trop de retard ! Wrightson !
Je découvre que Doug Headline, que je ne connaissais que par le biais d’une bd dont vous êtes le héros, est cofondateur de Starfix, fils de Jean-Patrick Manchette et fondateur de Zenda ! C’est dans ces éditions que j’ai le TDKR et les Watchmen !
La BO : il faut toujours que je tente.
Ah oui ! Les Stranglers, obligatoire ! (surtout pour un bassiste)
Ah et je n’ai aucun album Delirium (mais je vais activement chercher celui Corben Poe) mais cela me rappelle la vision des éditions Cornélius. Un bail que je n’ai pas acheté de Cornélius, alors que je sais qu’ils ont encore réédité des Crumb que je n’ai pas… bouhouhouhou