Batman Year One (Année Un) par Frank Miller et David Mazzucchelli
AUTEUR : ABARIS
Batman Year one est une mini série écrite par Frank Miller et dessinée par David Mazuchelli. Sa dernière réédition a été assurée par Urban Comics.
L’avantage quand l’envie nous prend d’écrire sur BATMAN c’est qu’on n’a pas besoin de présenter le personnage. Ni ses motivations ni ses débuts dans le monde du super-héroïsme.
Et bien, ce que je n’ai pas besoin de faire, Frank Miller s’en charge de la meilleure des façons possibles à travers ce récit.
Batman Year One nous relate les débuts de Bruce Wayne dans le combat contre le crime, ainsi que son ascension vers le costume du chevalier noir. Entre autres, le comics nous raconte sa coopération avec le vrai protagoniste de ce comics, le lieutenant James Gordon ( j ‘y reviendrai ).
On découvre ici donc un jeune Bruce Wayne qui n’a qu’une envie : “combattre le crime”. Il est entraîné, préparé, mais pas expérimenté et ça, on peut le voir dès sa première sortie nocturne.
Un combat contre quelques prostituées en colère le blesse grièvement le laissant à l’article de la mort. L’homme chauve souris nous a habitué a mieux , mais n’oublions pas un petit détail : à ce moment de l’histoire il n’y a que l’homme et pas de volatile nocturne à l’horizon. C’est d’ailleurs ce petit incident, voire cette humiliation qui donne naissance à la cultissime scène où Bruce, sur son fauteuil, réfléchit dans la pénombre à ce qu’il va devenir : un symbole de terreur. Aidé par l’arrivée soudaine d’une énorme chauve-souris (heureusement qu’un pigeon n’a pas décidé de s’écraser contre la fenêtre du milliardaire cette nuit la…), la suite vous la connaissez. Ce symbole de peur deviendra son totem et son costume.
A l’instar de Clark Kent, Bruce Wayne n’existe pas. Ce n’est qu’un personnage fictif qui est en réalité mort le jour où il a perdu ses parents. Il l’affirme lui-même : Je préfère mourir qu’attendre une heure de plus. J’ai attendu 18 ans, depuis que ma vie a perdu son sens.” J’adore Batman, il est MON favori incontesté, incontestable mais je pense sincèrement qu’il a perdu l’esprit la nuit de la mort de ses parents.
C’est ici une refonte mature de la naissance de ce héros. Effectivement la mort des parents de Bruce Wayne n’est plus une excuse pour aller combattre le crime comme auparavant, mais il représente ici la mort du petit garçon et Year One en est la résurrection en ange de la nuit. Rien de religieux là-dedans, mais plutôt quelque chose de solennellement symbolique.
Batman Année 1 est un comics “magique”: Que l’on connaisse ou pas la mythologie du héros, il est possible d’en apprécier l’histoire. Si l’on est fan, on redécouvre avec joie les débuts de notre Chevalier Noir ainsi que sa rencontre avec Gordon et Batman. Et si on ne connaissait pas Batman on n’aurait qu’une envie : savoir ce que va devenir ce jeune héros costumé ainsi que le lieutenant Gordon et sa moustache !
En parlant de moustache, à cette charmante histoire de naissance de chauve-souris se superpose une autre aventure : celle des débuts à Gotham d’un autre grand nom de la série, Gordon, qui n’est ici encore que Lieutenant (c’est déjà pas mal). Nous le découvrons amer, sombre, mélancolique, mais loin d’être sans défense face à cette immonde créature noire qu’est… Gotham. Bon tireur et doué au corps à corps même face a un homme, plus jeune, plus fort et armé.
Notre futur inspecteur préféré entre donc dans une police corrompue à souhait. Et refusant d’accepter les règles de la GCPD, il va être harcelé aussi bien moralement que physiquement par ses collègues. Mais au lieu de se démonter, James Gordon décide de faire le ménage en ville. Pourtant il est faillible. Alors que Barbara, sa femme enceinte, attend sagement le retour de son mari pour lui masser ses épaules meurtries par sa journée de travail, le lieutenant pas si intègre lorgne sur sa très charmante partenaire. Tellement charmante qu’il ne peut s’empêcher de commettre l’irréparable. Ce Gordon inédit, intéressant, profond tire totalement la couverture vers lui. On aurait même pu appeler ce comics Gordon Year One !
Avec sa présence, nous ne somme plus en face d’un “simple” récit de super héros, avec un adolescent, seul, mal aimé, qui gagne des super pouvoirs mais bien d’un récit à deux voix. Gordon a toujours été un personnage important, mais sans réelle clef de voûte. Year One donne vraiment envie de savoir ce que la suite lui réserve ! Que va t’il se passer avec sa femme ? Son bébé va-t-il naître en bonne santé ? Comment va avancer sa carrière? Ce Year One appellerait une suite rien pour lui.
Les dessins de David Mazucchelli, habitué à travailler avec Frank Miller notamment en illustrant les aventures de Daredevil sont très sobres mais terriblement efficace. Mazuchelli assure brillamment la transition de l’ancien Batman au moderne post Miller La perspective est précise, aucune imperfection voyante au niveau des visages et des expressions des personnages. Tout au long de l’oeuvre, l’artiste sait donner à Gotham et à l’univers entier de Batman ce côté gothique et sombre que les aficionados aiment tant.
Que ce soit par le dessin ou par le scénario, on sent ici une véritable volonté d’attirer un nouveau public, un public plus mûr et plus adulte. L’action pure et dure laisse place ici à deux histoires croisées : L’histoire d’un jeune homme qui tente de savoir qui il doit devenir pour faire le bien, qui tente de surmonter son passé et de combattre ses terreurs. De l’autre coté nous avons celle d’un homme mûr prêt à se ressaisir pour le bien de la ville ainsi celui de sa famille.
Pour conclure, pourquoi j’ai adoré ce récit? Parce que Frank Miller nous offre un Bruce Wayne meurtri de l’intérieur, préférant mourir plutôt que d’être inefficace face au crime. Un Batman qui n’est pas tout puissant et invincible, mais qui commet des erreurs lors des ses premières virées. Un Batman qui risque de mourir plus d’une fois face aux petits délinquants,à la mafia ou encore la police corrompue. Aucun super vilain psychotique n’apparaît dans cette histoire…
Comme me l’a dit un jour ( c’était un soir, ndlr) Bruce lui même : “Tu n’as pas lu Batman Year One? C’est LE récit à lire quand on est fan de Batman” ! Oui ! Bruce Tringale…le gars qui autoproclame haut et fort son aversion pour Batman ! ( n’exagérons rien, je m’en contrefiche de Bruce Wayne comme de ma première verrue , ndlr) Vous me prenez vraiment pour un fou ? ( oui, mais j’ai pitié ndlr). Ben c’est lui qui me l’a offert ! (acte purement intéressé pour avoir un article pour le blog, ndlr.)
Quoi qu’il en soit, merci, Frank et merci Bruce de m’avoir offert un de mes BAT-COMICS préférés.
Bravo Xabaris pour cet article ! Je suis d’autant plus curieux et intéressé de lire quelqu’un qui vient de découvrir Year One, car pour moi, c’est la première bd de Mazzucchelli que j’ai lue. Et c’est peu de dire que je la connais par coeur, puisque j’avais la vieille édition de Comics USA, celle de 1989, publiée sous l’horrible titre Vengeance oblige.
C’est là que j’ai commencé à apprécier Batman et les comics, juste après avoir découvert TDKR et Watchmen. Enfin quelque chose d’humain ! De normal, de réel. Et le dessin, quelle claque !
Tu t’en tires donc très bien, car oui, Gordon est faillible, oui il n’y a pas de super-vilains (mais des mafieux qui vénèrent l’époque romaine), Gotham est moche et corrompue, et comme toujours, la narration de Miller est magistrale, dès l’arrivée parallèle des deux protagonistes.
Bruce, c’est bien ici qu’un policier est laissé nu dans la neige. Mais c’est du fait de Gordon, pas de Batman (scène suivant le scan BAT de baseball… qui d’ailleurs n’a pas ses couleurs dans mon souvenir). J’ai acheté la version Urban, faut que je la relise, la traduction a changé par moments (et c’est pas plus mal).
Il existe une suite idéale à Year One : « La Proie d’Hugo Strange »
http://www.amazon.fr/PROIE-DHUGO-STRANGE-Doug-Moench/dp/2365775365/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1418639605&sr=1-1&keywords=strange+proie
Et ensuite, on peut lire tout ça d’une traite :
– Batman des ombres dans la nuit
– Batman Un long Halloween
– Batman Amère victoire
(c’est-à-dire tout le run de Jeff Loeb & Tim Sale)
et même
– Robin Année 1
Cette checklist est idéale pour ceux qui veulent aller à l’essentiel, en évitant les séries old-school perdues dans la continuité et parasitées par un max de déchets (du genre « Knightfall », etc.)…
A part « La proie d’Hugo Strange », les albums de ma liste ont été réalisé s sur le tard mais reviennet sur le passé de Batman. Ils ont tous pour point commun de se baser sur « Year One » comme point de départ. Et ils offrent tous une relecture mature, adulte et extrêmement bien écrite du personnage et de son univers.
J’envisage d’ailleurs de les proposer au blog…
Je suis en partie d’accord avec Tornado , je mets moi aussi « La proie d’Hugo Strange » dans la continuité de Year One (Ainsi que « Sombre reflet » si vous voulez savoir ce qu’est devenu le bébé).
Pour Loeb/Sale je suis plus réservé.L’ambiance des histoires est moins froide et violente.Je conseillerai à un néophyte de commencer par « Un long Halloween » qui est le meilleur travail du duo , ensuite « Amère victoire » (The best version en N&B) et finir par « Des ombres dans la nuit » où Tim Sale est beaucoup moins à l’aise avec Batman que sur les deux précédents titres cités , puisque ce sont les premiers épisodes qu’il a dessiné la qualité des dessins s’en ressent.
En old school , sans avoir besoin de connaître la continuité , je conseille fortement le « Dark Detective » de Steve Englehart sorti chez Urban Comics.
Holdwig tombé dans la Bat-Cave en 1978 , n’en est jamais sorti depuis.
Salut Hodwig. As-tu lu « Robin Année 1 ». C’est très bon ! Les auteurs donnent dans l’exercice de style. Le premier récit est dans l’esprit de « Year One ». Et le second dans l’esprit de « Amère Victoire ».
Ma checklist avait pour but de donner des idées à ceux qui voudraient se lancer dans Batman, sans savoir par où commencer, et sans forcément vouloir se perdre dans les séries mainstream bourrées de déchets.
Et bien cela tombe à point nommé car j’ai toujours évité les récits de Batman autres que ceux de Miller, de peur d’être déçu (et non je n’ai jamais lu Un long Halloween ni Amère victoire etc). Par contre j’ai tout l’arc de Morrison. Donc je vais me faire une liste avec vos conseils.
Pas encore lu le « Robin Année 1 » , mais il est sur ma liste.D’après ce que tu en dis je ne pense pas être déçu.
Bravo pour cet article ! C’est avec ‘Batman: Year One’ – que je suis allé chercher spécialement en comic shop au moment de sa publication (édition hard cover) parce que le NME en disait du bien -, que j’ai commencé mon (très) lent retour vers la BD du moment en général, et vers les comics de capés en particulier. Ce bouquin m’a « scotché » car j’avais dans mon souvenir un Batman plus « enfantin » même si c’était celui dessiné par Jim Aparo ou Neil Adams, pour l’essentiel. Je suis plus fan ravagé de Mazzucchielli que de Miller, dont j’ai rattrapé (et apprécié) sur le tard son run avec Daredevil. En revanche, je ne lirai jamais le « vieux » Batman de Miller, son « Sin City » et tout un tas d’autres de ses œuvres. Je me tiens par exemple à l’écart de son ‘Elektra’. Peut-être à tort.
MERCI a tous pour les compliments au sujets de l’articles !
Effectivement ce fut un travail laborieux. Mais je reste satisfait du résultat final. C’est d’autant plus stressant en sachant que des pros comme vous me lisent.
Super article !
En tout cas j’ai bien fait de suivre ton conseil et celui de Bruce car j’ai beaucoup aimé ce comics, je le relirai bien d’ailleurs car j’ai surtout adoré lire les débuts de Gordon, j’en voulais même encore plus !
Félicitations Xabaris, pour ton article. Je suis le seul lecteur qui ne connaît pas encore year one mais plus pour longtemps car ton article m’invite à réparer cette erreur! Merci.
Je viens de percuter un truc. Miller a souvent recours aux abus envers les femmes comme intrigue. Karen qui tombe dans le porno dans Daredevil Reborn, Ici Catwoman qui est une prostituée, et je ne parle pas de ses personnages féminins de Sin City.
Je ne veux pas soulever une polémique mais il ne tire pas un peu trop sur la corde en faisant de tous ses persos féminins des femmes abusées ?
J’ai un rapport conflictuel avec le « grim & gritty » des années 90. D’un coté, c’est parfois plus noir, plus adulte, mais d’un autre c’est du matraquage d’effets choc gratuits et on en arrive à se demander s’il est possible de mettre en scène un type ou une femme sans d’horribles cicatrices d’un passé glauque.
A mes yeux, ce que fait Frank Miller n’est pas trop choquant parce que ce n’est pas insidieux. Il y va franchement, pour l’effet choc qui n’est pas tout à fait gratuit parce que ces traumatismes ont une incidence sur le comportement du personnage. En outre, il y a tout aussi franco avec les personnages masculins. Il n’intègre pas trop de viol masculin, mais les hommes se font souvent mener par le bout du nez par des femmes manipulatrices, et ils se comportent comme de gros nigauds. Je pense surtout à Sin City où les hommes ne savent plus donner de la tête entre les sévices corporels et les tortures qu’ils subissent et les pièges tendues par ces dames. Dans mon esprit, il n’y a pas de doute que Miller utilise des conventions propres au genre polar. Par contre on peut trouver à redire sur les conventions des polars hardboiled.
Oui disons que ça finit par faire cliché en fait dans ce type de récit. C’est surement propre au genre dont Miller s’inspire, c’est vrai, je n’avais pas vu ça comme ça. Mais au final c’est un peu agaçant (pour moi).
Je crois que je préférerais toujours la version du dessin animé pour la caractérisation des personnages. Tant pis si c’est davantage « tous publics ». Au moins ça ne ne sonne pas trop « grim dark » et racoleur.
La meilleure édition de year one en VF : le recueil Eaglemoss
Urban et son papier mat hyper épais peut aller se rhabiller.
Dans le volume eaglemoss, beau papier glacé et en « bonus » : l’homme qui rit de Brubaker, qui fait une bonne suite à year one.
Et apparemment ça colle même avec Killing Joke pour ceux qui aiment avoir une certaine continuité puisque Brubaker garde l’origine du Joker de Moore, avec Red Hood qui tombe dans les produits chimiques.
le problème de la version Eaglemoss, c’est est-ce qu’ils garent les couleurs de Richmond Lewis où est-ce qu’ils ont mis la version recolorée informatique…?
pour moi c’est bien plus important que le coup du papier…de toute façon le papier brillant qui se reflète dans mes lunettes….^^
C’est la version Richmond Lewis. Il est bien crédité comme coloriste.
Petite précision : Richmond Lewis est une femme. C’est même l’épouse de David Mazzucchelli ;-)!
Ah.
OK
Pardon à madame^^
ça fait pas très féminin comme nom.
Pour moi c’est tout benef parce que je voulais « l’homme qui rit » de Brubaker et il n’était dispo que dans l’énorme et couteuse « anthologie Joker » je crois.
Et là malgré le fait qu’il y ait Year One + l’homme qui rit, le bouquin est encore moins épais que le « year one » de Urban bourré de « bonus » inutiles.
Urban est un bon éditeur mais je ne suis pas fan de leurs délires « versions noir et blanc » ou « 60 pages de croquis » qui sont parfois imposées dans l’édition de base du truc. Mad Love en double exemplaire dans le même bouquin avec les planches noir et blanc pleine d’annotations dans les marges ? Mais je m’en fous moi.
« Joker l’Homme Qui Rit » sort en deluxe (tout seul) chez Urban en septembre.
Je pensais me le prendre comme ça parce que j’ai déjà le Year One de chez Delcourt. C’est une bonne édition, même si elle est en format comics, dont assez petite. Quel est le format de l’Eaglemoss ?
Alors après vérification le deluxe « Joker l’Homme Qui Rit » contient également les épisodes Gotham Central: Soft targets #12-15. Je suis très déçu car dans la VO il y avait à la place les épisodes Detective Comics #784 à 786 qui étaient très chouettes (également par Brubaker). Or, là, si c’est du Gotham central, j’imagine que j’ai déjà ces épisodes…
J’ai déjà The Man Who Laughs dans le Joker Anthologie mais justement j’aimerais bien me débarrasser de ce gros machin tout en papier mat cacaboudin…
Eaglemoss c’est un format comics. Comme un 100% marvel en hardcover. Ou le format des « marvel now » de Panini. Ou les formats Hachette aussi.
Papier glacé, fin, avec year one et l’homme qui rit.
Moi je me suis débarrassé du year one de Urban, inutilement très épais.
Je ne vois pas l’intérêt de foutre du Gotham central. C’est pas tellement une série ou tu peux lire des épisodes au milieu comme ça…
Ce sont surement les épisodes avec le Joker mais bon…bof.
Si dans les 2 cas ça te fait racheter un truc que t’as déjà, autant prendre le Eaglemoss. Tu pourras revendre ton ancienne édition de year one + ton anthologie Joker^^
Racheter 3 ou 4 épisodes de Gotham Central ne te permettra pas de revendre la série complète…
Batman Année Un, c’est LE comics pour débuter cet Ordre de Lecture DC, c’est LE comics pour commencer Batman dans l’âge moderne, c’est LE comics à découvrir ou à redécouvrir de DC… bref c’est LE comics de référence.
–> Lire la suite sur https://lecture-dc.fr/batman-annee-un/
–> En savoir plus sur l’Ordre de Lecture DC Comics sur https://lecture-dc.fr
INTRIGUES : 5/5
DESSINS : 5/5
PERSONNAGES : 5/5
LES PLUS La narration dynamique Gordon / Batman
Le développement de la vie privée des personnages principaux
Une patte artistique intemporelle, surtout pour une œuvre de 1988
LES MOINS
Que la Catwoman présentée ne soit pas celle qui soit « canonisée », mais ce n’est pas un gros problème