MEGALOPOLIS par Francis Ford Coppola
Un article de DOOP O’MALLEYMEGALOPOLIS est un film écrit, réalisé et produit par Francis Ford Coppola.
Après des œuvres plutôt mineures comme L’HOMME SANS AGE ou TETRO, le réalisateur de DRACULA, d’APOCALYPSE NOW et de la trilogie des PARRAIN revient au cinéma pour une œuvre ambitieuse et grandiloquente. Un testament filmique. Et forcément, on ne peut s’empêcher de saliver, surtout à l’annonce d’un casting de rêve composé d’acteurs impliqués voire totalement dérangés comme Shai LeBoeuf, Aubrey Plaza, Dustin Hoffmann ou encore Jon Voight opposés à Adam Driver, Lawrence Fishburne ou Giancarlo Esposito. On se disait qu’on allait voir ce qu’on allait voir ! Même si les retours du dernier festival de Cannes n’étaient pas flamboyants.
Et on ressort de ce film assez triste en fait. Parce qu’on aurait bien voulu l’aimer, parce qu’on a eu durant ces deux heures et quelques de toucher parfois le génie, mais que ces moments de grâce sont perdus dans un discours naïf, pauvre et souvent ringard par un réalisateur qu’i n’a pas su s’adapter aux techniques cinématographiques actuelles. Regarder MEGALOPOLIS, c’est comme se retrouver face à un prix Nobel qui aurait un peu perdu la tête. Une personne encore capable de fulgurances mais dont le discours serait encore coincé dans les années 80. Un film qui ne pourra de toute façon laisser personne indifférent.
Un trailer qui contient malheureusement toutes les bonnes idées visuelles du film
L’homme et son rêve
MEGALOPOLIS a tout pour être une œuvre marquante : un budget colossal de 130 millions de dollars, autofinancé par le réalisateur lui-même après la vente de ses vignobles. Un film si différent qu’aucun studio n’a voulu le produire. Et surtout un projet initié dans les années 1980, constamment revisité, réécrit et repensé. MEGALOPOLIS c’est ce rêve inaccessible, le film d’une vie d’un réalisateur de légende qui devient enfin réalité alors que ce dernier atteint les 80 ans. Son testament et selon lui son meilleur film. Coppola a mis dans MEGALOPOLIS toute son âme. Et tout son argent.
On s’attend donc à une explosion symphonique, à une œuvre développant une intensité absolue, un impact émotionnel terrible, surtout lorsqu’on sait que la femme de Coppola est décédée durant le tournage. Bref, on espère, lorsque le film commence, que l’on va toucher du doigt l’âme de l’un des plus grands cinéastes de tous les temps, à assister à quelque chose d’unique. Mes attentes étaient grandes et palpables. Sauf que la symphonie elle, est totalement désaccordée. Je voulais quelque chose d’unique ? Je l’ai eu. Car MEGALOPOLIS est unique. Sans aucune espèce de doute. Sauf que le résultat, bien qu’ambitieux, est déconcertant, voire totalement déstabilisant. Pour le résumer de manière un peu cruelle : MEGALOPOLIS c’est un film expérimental à la dérive.
Adam Driver regarde-t-il un fond vert ? Ou jaune ?
© American Zoetrope
Les gens de la pluie
Dès les premières minutes, on sent que Coppola a mis tout son cœur dans ce projet. On ne peut pas le nier. L’ambition est palpable, mais elle se heurte à un mur de confusion narrative hallucinant. Le film se veut être tout à la fois : une fable, un drame philosophique, une critique sociale, une satire politique, et même une fresque utopique. Malheureusement, au lieu de créer une cohérence, Coppola nous perd dans un dédale de sous-intrigues non résolues et de personnages dont les motivations échappent à tout sens logique.
L’histoire principale, celle de Cesar Catilina (Adam Driver), un architecte visionnaire qui rêve de bâtir une ville utopique grâce à un métal révolutionnaire nommé Megalon. Cesar, de par son succès, à de nombreux ennemis, dont le maire corrompu de la ville, Ciceron (Giancarlo Esposito) et son oncle Crassus (Jon Voight), l’homme le plus riche de tous les temps. Tout du moins, les héritiers de Crassus et tous ceux qui naviguent autour de lui pour son argent et dans l’espoir d’hériter de sa fortune. L’opposition entre Cesar et Ciceron prend un tour tragique lorsque Julia (Nathalie Emmanuel), la fille de Ciceron, tombe amoureuse de Cesar.
Avec du recul, on comprend que la base de l’histoire, une amourette impossible, correspond à tous les standards de la tragédie d’antan. C’est classique, presque attendu. L’intrigue de base de toutes les tragédies que l’on a lues à l’école en cours de Latin ou de Français. Mais rapidement, le récit se complexifie inutilement. De nouveaux personnages entrent en scène, comme Wow Platinum (Aubrey Plaza), une journaliste ambitieuse, ancienne maîtresse de Cesar qui séduit Crassus pour lui voler son argent. Ou encore Clodio Pulcher (Shia LaBeouf), un cousin de Cesar qui le déteste cordialement et qui rêve lui aussi de puissance. Ou bien Vesta Sweetwater (Grace VanderWal), cette chanteuse virginale qui fait saliver les vieux messieurs. Ou bien encore Nush (Dustin Hoffman), Jason (Jason Schwartzmann) ou Aram (Balthazar Getty), qui semblent être des assistants de Ciceron mais qui n’ont un temps d’apparition dans le film que de quelques secondes. Le lien entre eux ? Difficile à dire si ce n’est qu’ils sont cousins et riches. C’est là que le film dérape : trop de personnages, trop de pistes narratives, et une durée de film qui ne permet pas de tout explorer. On a parfois l’impression que MEGALOPOLIS devait durer cinq heures, mais qu’il a été coupé à la hache, de manière brutale, laissant des morceaux en suspens. Et que ces personnages ont juste été placés là pour donner un élément de plus à un propos qu’on a déjà compris.
Quand le film frise le ridicule.
© American Zoetrope
L’idéaliste
Coppola aborde des thèmes intéressants, comme la chute des civilisations, en transposant l’effondrement de l’Empire romain à notre époque. Il y a une critique évidente des élites, de leur déconnexion avec le monde réel, et de la quête insatiable de pouvoir et de richesse sur le dos des autres. Mais cette satire est souvent noyée sous des dialogues pompeux, des discours trop appuyés et des métaphores trop évidentes. Le film manque de subtilité et le spectateur se retrouve au milieu d’une fable dont les messages sont assénés avec une lourdeur qui laisse peu de place à la réflexion personnelle. Autant la forme prête à confusion et à réflexion, autant le fond est d’une banalité et d’un poids condescendant. Je n’exagère pas : la morale de chaque élément du récit est littéralement écrite sur des plaques en marbre imposée aux yeux des spectateurs ! Tous ces messages pas très fins sur l’effondrement de la société viennent de fait parasiter l’intrigue principale, celle de l’histoire d’amour contrariée, en apparaissant comme des spots publicitaires qui n’ont rien à faire là au détour d’une scène. Un exemple marquant : l’intrigue autour de Vesta, une chanteuse chérie du public américain à la Taylor Swift, dont la carrière bascule après la diffusion d’une vidéo érotique et qui se transforme en sorte de Madonna/Miley Cyrus en quelques instants.
La critique de la pureté américaine et de l’hypocrisie sociale est certes pertinente, mais elle n’est de fait qu’une anecdote à peine développée dans le film, reléguée à une scène de quatre minutes grand maximum qui n’a aucun lien avec l’intrigue principale. C’est toute l’essence du film : des idées qui surgissent sans prévenir, sans réel impact narratif.
Attention ! Surjeu en approche !
© American Zoetrope
Apocalypse Now
Il est de plus réellement difficile de s’impliquer émotionnellement dans ce film, tellement les personnages sont, pour la plupart, détestables. Cesar, en particulier, est présenté comme un visionnaire mais aussi un mégalomane égoïste, prêt à détruire des vies pour achever son rêve utopique. Alcoolique, violent et drogué, il est impossible de s’identifier à lui. Julia, l’un des rares personnages à susciter un tant soit peu d’empathie, reste quant à elle coincée dans un rôle très sobre. Et c’est peut-être la plus convaincante de fait car sa retenue tranche notamment avec le sur-jeu de ses partenaires de pellicule. Car le choix de Coppola de diriger ses acteurs de manière exubérante, même s’il est totalement justifié, ne fonctionne pas non plus. En tout cas pas sur moi. Adam Driver, qui incarne Cesar, oscille entre une retenue maîtrisée et une hystérie incompréhensible, criant et gesticulant sans raison apparente. Shia LaBeouf, lui, semble jouer une parodie de Donald Trump, frôlant souvent le ridicule et donnant l’impression d’être totalement perdu. D’ailleurs, il a été confirmé que Coppola ne donnait presque aucune direction à ses acteurs pour le film, ce qui explique en partie le désordre de certaines scènes. Cette confusion donne l’impression que chaque acteur joue dans un film différent, renforçant l’impression de chaos.
Parfois, on trouve l’ensemble intéressant et souvent on sombre dans le ridicule. Je n’ai pas peur de dire que j’ai éprouvé un peu de gêne à voir Adam Driver, déguisé en momie, s’agiter à l’écran en prononçant « Non, non, non ! » durant près d’une très longue minute ou à la voir se déplacer en faisant des petits sauts de cabri à la manière des Fremen dans Dune pour montrer qu’il est sous l’emprise de substances. La frontière entre le jeu expérimental et le ridicule est malheureusement franchie de multiples fois. Avec une mention spéciale à Giancarlo Esposito que j’ai constamment trouvé à côté de la plaque. À un point que cela en devient presque dérangeant. Le casting de MEGALOPOLIS fait parfois penser à celui des ROBINS DES BOIS version Canal +, lorsque ces derniers s’amusaient à pasticher des scènes de théâtre de la comédie Française ! Les dialogues, pompeux sont déclamés comme dans la pire représentation qui soit. Du théâtre expérimental filmé.
Vous le sentez le Shia LaBeouf perdu devant un message pas très finaud ?
© American Zoetrope
Supernova
Après, tout n’est pas non plus raté. Visuellement, Megalopolis est un patchwork. Certaines scènes sont d’une beauté saisissante : des statues qui s’effondrent, un baiser figé dans le temps, ou encore une danse macabre sur fond d’apocalypse. On retrouve par moments la poésie visuelle de Coppola, cette capacité à capturer des images puissantes et à les transformer en tableaux presque surréels. Et oui, certaines images resteront gravées dans mon esprit durant un bon moment. Les ombres de ces personnages dansant sur la fumée d’un cratère, la luminosité et la forme toujours changeante du Megalon. Mais à côté de cela, d’autres scènes tombent à plat. Les effets spéciaux sont parfois si médiocres qu’ils rappellent les pires moments des productions du style EXPENDABLES. Certains fonds verts sont d’une telle pauvreté qu’ils brisent l’immersion visuelle et nous font douloureusement nous rendre compte que Coppola n’a plus les outils techniques pour réaliser ses visions. Cette inégalité visuelle est symptomatique de tout le film : une œuvre ambitieuse, qui alterne le sublime avec le ridicule. Malgré toutes ses failles, Megalopolis intrigue.
On sort de la projection avec l’envie de le revoir, peut-être parce qu’on a l’impression d’avoir manqué quelque chose, que tout ne peut pas être aussi décousu qu’il en a l’air. Mais cette envie de redécouverte est aussi la preuve que le film ne fonctionne pas pleinement. Un film qui nécessite plusieurs visionnages pour être compris est souvent un signe d’échec narratif. Le réalisateur a tellement voulu mettre de message que son film a explosé en vol.
Tu aimes les films de gladiateurs ?
© American Zoetrope
Au final, Megalopolis est un film qui ne peut que diviser. On ne peut, d’un côté, qu’admirer l’audace et la passion de Coppola, qui a tout mis en jeu pour réaliser cette œuvre. Et effectivement, tous les problèmes cités au-dessus font sens dans le principe du film ! Toutes les errances de l’auteur sont justifiées : c’est kitch ? Mais c’est fait exprès ! Les personnages sont interprétés comme s’ils étaient en pleine crise d’hystérie ? C’est justement fait pour renforcer leur ridicule et leur déconnexion par rapport à la réalité !
On comprend tout ça, mais d’un autre côté, on ne peut s’empêcher de penser que le film est déjà daté et aborde des problèmes que tout le monde connaît. Le message de MEGALOPOLIS aurait eu plus d’impact il y a trente ans, mais plus du tout aujourd’hui. D’ailleurs, sa fin est totalement hors de propos et c’est, peut-être, ce qui nuit au film. Tout ça pour ça ? C’est mieux quand tout le monde s’aime et est gentil ? La naïveté de la conclusion est cruelle pour le spectateur et lui fait réaliser que MEGALOPOLIS était un projet trop grand pour son temps, trop lourd pour son propre bien. Et c’est peut-être cela qui est le plus triste : voir un maître du cinéma échouer à marquer l’histoire une dernière fois.
La BO du jour :
Merci pour cet aperçu !
C’est drôle, à la lecture, ce Coppola m’évoque beaucoup Southland Tales, un projet rêvé d’un chouchou des studios, mélangeant les genres, avec un casting improbable de stars de tous horizon, au discours ambitieux qui finit par être un nanard cosmique…
J’ai enfin vu Southland Tales … et en effet je ne sais pas quoi en penser.
Néanmoins je n’irais pas à le qualifier de nanar
J’ai commencé à regarder Southland Tales, mais ce n’était pas le bon moment. Je le remettrai bientôt je pense (en ce moment j’enchaîne les mauvais films et séries…). Surtout que je fais partie de ceux qui n’ont pas aimé Donnie Darko.
je n’ai pas vu le film !
C’est… une expérience.
« Mais cette envie de redécouverte est aussi la preuve que le film ne fonctionne pas pleinement. Un film qui nécessite plusieurs visionnages pour être compris est souvent un signe d’échec narratif. »
Alors là, cher Doop je m’inscris en faux ! et j’en appelle à ce cher Claude Chabrol qui expliquait qu’il y a deux types de films, les films pairs et les films impairs, les films impairs, c’est ceux qui sont bouclés des la 1ere vision, c’est ceux que l’industrie et les producteurs préféreraient que les cinéastes fassent et puis il y a les films pairs qui demandent à être revus et ce sont souvent les plus intéressants… moi même j’ai souvent fait cette expérience là et par ailleurs je suis allé bien évidemment revoir une 2eme fois MEGALOPOLIS en salles….
reste que je suis en partie d’accord avec beaucoup de tes reproches sur le film: surtout du point de vue de son économie narrative et de son rythme (c’est évident dans la deuxième moitié du film qui parait complétement erratique et précipitée à la fois) mais sur le fond du film, il me parait évident que le geste et la folie de MEGALOPOLIS tient à sa volonté de retourner aux origines du cinéma et de renouer obstinément avec un matériau qui pourrait paraitre désuet mais qui peut être ne l’est pas tant que ça: donc oui, on a un symbolisme appuyé, des personnages stéréotypés, une outrance permanente, un premier degré absolu mais c’est aussi comme ça que Coppola rappelle un cinéma qui comme tu le dis, pouvait concilier l’épique, le populaire et l’avant-garde (l’été dernier j’avais revu le NAPOLEON d’Abel Gance et voir le film de Coppola avec celui de Gance en tête révèle beaucoup de points communs) et joue contre la généralisation du récit dystopique la carte de l’utopie. C’est assez émouvant, je trouve…
Je rejoins Ludo : ce n’est pas parce qu’on a envie de voir un film une seconde fois qu’il est raté. Au contraire, on ne se lasse jamais de LA GRANDE VADROUILLE ou de THE BIG LEBOWSKI voire de APOCALYPSE NOW. Merci pour la citation de Chabrol, elle est très maligne.
popopo. vous caricaturez mon propos. Un film n’est pas raté parce qu’on a envie de le revoir, mais à mon sens, un film est raté si on a envie de le revoir parce qu’on ne l’a pas compris.
autre exemple : TENET.
Ah OK je comprends mieux ce que tu veux dire. Mais tu te trompes encore : je n’ai rien compris à TENET et je n’ai eu aucune envie de le revoir, et ce dès la fin de mon premier visionnage. C’est toujours le cas aujourd’hui. Sur ce film, je trouve l’analyse de Begaudeau vraiment excellente.
on peut avoir envie de revoir un film justement pour observer s’ils nnya pas des moments qu’on aurait ratés, mais pour approfondir. Si on se dit, je n’ai rien compris mais je comprendrai peut être mieux en allant l’envoie une autre fois, c’est raté. Quand aux théories, il y en a autant que de réalisateurs.
N’aimant pas NOLAN ….j’ai complètement kiffé TENET.
C’est super simple à comprendre je trouve mais c’est quand même le type de film qui mérite une nouvelle séance pour en apprécier justement la roublardise du scénario (et accessoirement moins se concentrer sur les sfx).
TENET défonce INTERSTELLAR haut la main, notamment sur le scénario.
Et moi j’aime beaucoup Nolan mais j’ai détesté nombre de ses films, dont TENET, INTERSTELLAR et le troisième BATMAN.
Je n’ai pas envie d’accabler ce pauvre Coppola mais je me range aux côtés de ceux qui pensent que Megalopolis est un foirage complet.
J’ai trouvé ça complètement nul.
Je ne reviens pas sur l’ensemble de tes critiques, je les partage dans la plus grande partie.
J’ajouterais peut-être encore d’autres griefs, parmi tant d’autres que je pourrais énumérer.
Le Megalon, non seulement ça entraîne le film du côté d’une niaiserie super-slip mais ça entérine l’idée aujourd’hui mortifère que la technologie va suffire pour gérer la crise environnementale dans laquelle nous sommes plongés. Coppola, tu es à la masse. Ton utopie, elle pue du cul.
Le rôle des femmes et particulièrement du personnage féminin principal est complètement ringard et rétrograde. En 2024, ça pique plus qu’un peu.
Les enjeux sont complètement dépassés. C’est le film d’un vieux grabataire qui ne comprend absolument plus le monde dans lequel nous vivons. Et ça se conclut de manière encore plus débile que tout ce qu’on a avalé pendant le reste du film.
Etc etc… ad libitum.
Ce film est nul.
C’est un film impair que je n’ai pas la moindre envie de revoir. 🙂
Bonjour.
Je suis d’accord avec Ludovic (et Chabrol).
J’ai moi aussi vécu une drôle de séance avec MEGALOPOLIS que je qualifierais d’expérience cinématographique. Et je crois que c’est ce que je souhaitais en mon fort intérieur.
Un grand film malade mais tellement généreux et sincère que je sortie de la salle je lui ai pardonné beaucoup de ses défauts. Il m’a donné tellement plus que la production formatée actuelle. Tellement plus qu’un DUNE 2 raté.
Il y a un argument que tu n’as pas cité et qui, à mon avis, contribue aussi au désamour du film : beaucoup souhaitait voir un film du style LE PARRAIN 4 ou APOCALYPSE NOW 2. Non Coppola est fidèle à sa carrière et encore une fois va là où on ne l’attend pas. D’ailleurs je ne considère pas TETRO comme un film mineur. Et avec PEGGY SUE S’EST MARIEE ou JARDIN DE PIERRE et surtout COUP DE COEUR il avait déjà détonné notamment dans son approche de l’image.
Pour terminer mon plaidoyer on pourrait penser que c’et moche de vieillir. Mais quand je me remémore mes dernières réelles sensations cinématographiques de ces 2 dernières années il y a FABELMAN, KILLERS OF FLOWER MOON, JUREE N°2 et ce MEGALOPOLIS voire BEETLEJUICE BEETLEJUICE. Pas mal pour des vieux…
« Il m’a donné tellement plus que la production formatée actuelle. »
Il y a tellement plus intéressant que Megalopolis pour échapper à la production formatée actuelle.
Pour rappel, mon top 10 2024 (qui a évolué ces derniers jours avec quelques films récemment visionnés) :
* Eureka (Lisandro Alonso)
* Los delincuentes (Rodrigo Moreno)
* Le mal n’existe pas (Ryusuke Hamaguchi)
* La zone d’intérêt (Jonathan Glazer)
* A son image (Thierry de Peretti)
* Walk up (Hong Sang-Soo)
* Jeunesse (Printemps) (Wang Bing)
* Miséricorde (Alain Guiraudie)
* Here (Bas Devos)
* La prisonnière de Bordeaux (Patricia Mazuy)
Je dois encore voir Grand tour de Miguel Gomes avant de finaliser définitivement mon top. Peut-être prendra-t-il la place du Mazuy.
Et je pense qu’à eux 10 réunis, on n’atteint pas le budget du seul Megalopolis.
Et même dans le cinéma américain, il y a eu en 2024 plein de films qui échappent aux formatages hollywoodiens : The sweet East, Christmas eve in Miller’s point, Riddle of fire, Janet Planet, Gasoline rainbow, Good one,…
C’est pas les propositions stimulantes qui manquent.
Blâmer une certaine production actuelle pour placer Megalopolis au-dessus, ce n’est pas pour moi un critère d’appréciation pertinent.
Et ce n’est pas parce que certains réalisateurs âgés continuent à faire de bons films que ça change quoique ce soit à la ringardise de Megalopolis.
Beetlejuice ? sérieux ? Burton on l’a perdu depuis longtemps. Même si pour moi, je ne l’ai jamais trouvé.
Merci pour le tour d’horizon Doop ! Je dois encore regarder les vidéos. Je suis loin d’avoir vu tous les Coppola, le dernier que je connais de lui est son DRACULA qui restera un chef d’oeuvre. Même si APOCALYPSE NOW reste à ce jour mon film préféré, je ne suis donc pas un spécialiste de Coppola.
Tout ce que tu dis là m’attriste un peu, mais ne m’étonne pas non plus. Je ne sais pas si j’ai envie de voir ce film. Je suis étonné que tu n’aies pas fait de parallèle avec le METROPOLIS de Fritz Lang ou le CLOUD ATLAS des Wachowski (pas vu non plus). J’ai vu peu de Fritz Lang mais je le mets direct dans mon top 5 des réalisateurs, même après avoir vu le mineur Secret Beyond the Door (1948).
Je repasserai sans doute mais en tout cas merci pour cet article entre deux chaises, aussi inconfortable que son sujet.
La BO : top et si drôle. Je regrette d’avoir loupé tant de choses des JO l’an passé, je n’ai pas du tout été assidu et même si j’avais vu cette inauguration en direct, je n’ai pas suivi la clôture ni une tonne d’épreuves. Il va vraiment falloir que je me trouve des replays.
Je viens de voir le trailer que tu as mis, Doop, je n’en avais rien vu avant. Visuellement ça a quand même l’air bien chouette.
Hello Doop et merci pour ton analyse sur ce film. Je l’ai manqué au cinéma à mon grand dam. C’est vrai que le retour de Coppola, avec un tel casting, c’était alléchant. Je le verrai quand même cependant ta critique me refroidit considérablement. Le côté pompeux / ridicule associé à une tentative (pertinente?) de dresser un parallèle entre la Chute de l’Empire Romain et notre époque moderne me rappelle les pires péplums récents dont Troie de Petersen dont je garde un mauvais souvenir. Par ailleurs les Américains et l’Antiquité, bref c’est pas le sujet … Je redoute aussi la lourdeur du propos répété en boucle. Mon petit doigt me dit que The Brutalist avec Adrien Brody est bien meilleur s’il faut suivre les péripéties d’un architecte. Au final en y réfléchissant un peu plus, tu dis que le côté kitsch est fait exprès pour appuyer sur une déconnexion des élites (que je ne nie pas à notre époque) qui ajoute je pense un peu de confusion sur la pertinence du propos de fond, la chute de Rome (il y a plusieurs facteurs complexes et peut être que Coppola lui-même s’est perdu dans tout ça). Tu parles d’un prix Nobel qui aurait perdu la tête. John Nash ( A Beautiful Mind / Un homme d’exception avec Russel Crowe). Ca ne me rassure pas sur le film Megalopolis. Nash était parano et schizophrène. La schizophrénie c’est ce qui semble ressortir de ton analyse. Un génie (Coppola) amateur (pas de de direction artistique) et qui se perd dans son propre propos qu’il répète en boucle dans une désorganisation verbale et formelle. Je le redis, je le verrai quand même, ne serait-ce que pour louer la volonté de Coppola de vouloir faire autre chose qu’un énième héros ou méchant superslip, une énième franchise d’espionnage ou de voitures qui font des cascades toujours plus improbables… Et merci à nouveau pour ton retour très détaillé et argumenté, très agréable à lire.