BEETLEJUICE BEETLEJUICE, par Tim Burton
Par TORNADOCet article, concocté spécialement pour Halloween, vous propose la chronique du film BEETLEJUICE BEETLEJUICE. Il s’agit bien entendu de la suite du film culte BEETLEJUICE réalisé en 1988, et elle est également réalisée par Tim Burton. Le film est sorti au cinéma le 11 septembre 2024.
Il y a déjà plusieurs articles sur le blog dédiés à la filmographie de l’éternel garnement d’Hollywood, notamment un consacré à ses deux BATMAN, un autre à son DARK SHADOWS, un troisième aux films d’Halloween et un quatrième à ses blockbusters.
Le pitch : Nous nous retrouvons exactement trente-six ans après les événements du premier film.
Lydia Deetz, l’ancienne adolescente gothique douée pour la communication avec l’au-delà (toujours interprétée par Winona Ryder), anime un talk-show surnaturel alors qu’elle est toujours hantée par le souvenir de l’abominable bio-exorciste (nommé Beetlejuice donc (et toujours incarné par Michael Keaton)).
Toute la famille Deetz se réunit pour l’enterrement de Charles, le père de Lydia (jadis interprété par Jeffrey Jones, acteur Burtonien aujourd’hui blacklisté à Hollywood). C’est alors qu’Astrid (aka Jenna Ortega, star de la série MERCREDI), la fille de Lydia, rencontre un jeune homme dont elle tombe amoureuse. L’adolescente, aussi rebelle que l’était sa mère à son âge, découvre le manuel des personnes décédées et se retrouve alors entrainée à travers le portail de l’Après-vie par son petit-ami.
S’ensuit une poursuite contre la montre menée par Lydia, obligée d’en référer une nouvelle fois à Beetlejuice, lequel se retrouve également pourchassé par son ex-femme (une dévoreuse d’âmes jouée par Monica Belucci !), tandis que le détective des morts Wolf Jackson (interprété par un Willem Dafoe déchainé) tente d’arrêter les dissidents ne se trouvant pas au bon endroit… ni au bon moment !
Les trois rescapés du premier film !
Alors que l’on venait de réviser nos classiques en famille en se repassant le premier film, nous nous sommes rués sur la suite tous les quatre, avec ma femme et mes enfants, le jour-même de sa sortie en ce deuxième mercredi du mois de septembre. On n’avait pas fait deux pas en dehors du cinéma, que j’entendais mes enfants répéter en boucle que « Tim Burton était un génie » ! Je repensais alors à toutes ces discussions avec les cinéphiles volontiers élitistes, prompts à clamer sans autre forme de jugement que le réalisateur n’a plus rien à proposer d’intéressant aujourd’hui et qu’il ne fait que recycler sans âme un univers à présent totalement vidé de sa substance.
On l’avait évoqué dans l’article consacré à ses blockbusters : Tim Burton n’a été un créateur au sens premier du terme que le temps d’un seul film : EDWARD AUX MAINS D’ARGENT. Un seul projet pétri de sa personnalité, de ses souvenirs d’enfance, de ses névroses et de son univers personnel. Le film-somme de sa puissance créatrice. Avec ce seul long-métrage (auquel on peut en revanche ajouter la plupart de ses courts-métrages), il avait tout dit, tout balancé, tout réglé. Pas la peine d’en rajouter.
Du coup, comme il ne lui restait absolument rien d’autre à dire, il a passé le reste de sa carrière de cinéaste à ne faire quasiment… que des adaptations (et aujourd’hui une suite) ! Mais ce n’est pas un défaut en ce qui le concerne, puisque, comme on l’a déjà dit et répété, tout ce qu’il avait dit en un seul film, allait former le squelette de tous ses projets à venir, conçus sur la base d’une esthétique gothique et poétique très personnelle, avec une patte, un style, un univers reconnaissable entre mille, de ce genre d’univers que fort peu d’artistes sont capables de générer et qui font qu’il y a un « avant » et un « après »..
La conclusion de tout cela est que si Tim Burton n’a réalisé quasiment que des adaptations, il demeure un véritable auteur (avec ses thèmes récurrents) capables de digérer les créations d’autrui en les faisant siennes, en les diluant dans son univers personnel.
Certes, la recette est plus ou moins efficace et la marque de l’auteur est plus ou moins consommée selon les projets (notamment, encore une fois, lorsqu’il s’agit des blockbusters)…
Toujours est-il que ce style est toujours aussi reconnaissable et qu’il explose, une fois encore avec cette suite de BEETLEJUICE, à la face du monde.
Faites gaffe à la mangeuse d’âmes !
Niveau réalisation, il faut le dire, Burton élimine toute concurrence sans donner l’impression qu’il a l’air de se forcer. La scène où Delores, la mangeuse d’âme et ancienne épouse de Beetlejuice, recompose les différentes parties de son corps (décapité par feu son mari qu’elle avait elle-même empoisonné !) à coup d’agrafeuse, est à la fois générique (on a déjà vu ça et on ne se rappelle même plus où) et incroyablement réussie. Là, toute la poésie macabre du réalisateur vient éclabousser nos rétines, en même temps que nos oreilles profitent de la bande-son de Danny Elfman, lequel agit ici plus que jamais comme une âme-sœur en offrant une « signature burtonnienne sonore », qui rend la séquence à nulle autre pareille malgré son aspect « poncif », par ailleurs totalement assumé.
Et les détracteurs de Tim Burton ne veulent pas l’entendre : c’est dans le style – et donc dans la forme – que sa filmographie fait œuvre désormais, pas dans le fond. Et non, bien sûr que ça ne raconte plus rien, tout a déjà été dit en un seul film ! Prière de retourner le regarder, donc, pour savoir ce que ça raconte !
Ponctuellement, le réalisateur se rappelle également à notre bon souvenir en livrant un long métrage sans filtre. S’il commet régulièrement des spectacles édulcorés et consensuels (en général lorsqu’il travaille pour Disney), il surprend parfois avec une petite bombe lâchée au moment où l’on ne s’y attend plus. Ç’avait été le cas avec SWEENEY TODD, LE DIABOLIQUE BARBIER DE FLEET STREET, et ça l’est aujourd’hui avec BEETLEJUICE BEETLEJUICE.
Certes, contrairement au BARBIER, BEETLEJUICE BEETLEJUICE est une comédie. Mais elle est d’une folie et d’une méchanceté rare, parvenant à surpasser de loin le film dont elle est la suite, ce qui tient carrément du miracle tant on ne voit JAMAIS cela à l’ère des reboots insipides qui pullulent aujourd’hui à Hollywood.
Wolf Jackson, l’irrésistible détective des morts !
Ici Tim Burton s’amuse. Mieux : il s’éclate, et ça se voit. Si le premier BEETLEJUICE comptait son lot de scènes farfelues et loufoques (comme celle du Calypso, par exemple), sa suite en regorge. Et si la salle d’attente des morts alimentait déjà les meilleurs moments du film de 1988, elle explose ici le compteur. Et l’on nous ajoute tout un tas d’éléments à cette mythologie de l’Après-vie, comme les divers départements qui finissent par faire ressembler cette antichambre des morts à une Maison des fous digne des DOUZE TRAVAUX D’ASTERIX, sans parler de son train des âmes qui fait cette fois-ci la part-belle au disco (le « soul train », donc !).
Parallèlement, Burton continue de distiller ses hommages et autres clins d’œil au cinéma de son enfance et de sa cinéphilie précoce. Si le premier film exposait avec affection les vieux effets spéciaux image par image avec son serpent des sables (quand bien-même tout une partie du public, inculte, avait crié que tout ceci était mal fait !), le réalisateur avait insisté dans MISS PEREGRINE ET LES ENFANTS PARTICULIERS avec la séquence des squelettes, directement tirée du film JASON ET LES ARGONAUTES, afin que l’on comprenne mieux son amour pour les effets spéciaux artisanaux et délicieusement poétiques du grand Ray Harryhausen. C’est au tour de Mario Bava et du cinéma gothique italien des années 60 d’être cité, à travers une magnifique scène en noir et blanc nous contant la mort des époux Beetlejuice dans l’Italie médiévale et ses campagnes livrées aux sorcières et à leurs malédictions ! Évidemment, il faut avoir la « réf », comme l’a précisé ma femme au sortir de la séance (et elle ne l’avait pas). Car tel est aussi le cinéma de Tim Burton.
Mais non mais non, ce n’est pas Mercredi ! C’est Astrid Deetz !
Alors évidemment, le scénario n’est pas le point fort de cette suite ! Car là n’est pas, et on a même envie de préciser là N’EST PLUS le sujet de Tim Burton. Son cinéma est désormais le cinéma d’une communion. Un cinéma qui a su faire de son public une famille (il est donc tout à fait logique que la nouvelle génération issue de cette famille crie au génie en sortant de la salle de cinéma !). Il va donc à l’essentiel : Peu importe l’histoire. Ce sont les rouages et la manière de la raconter qui comptent. Un tout unique, fait d’humour noir ravageur, de personnages et de créatures délicieusement cradingues, d’un univers festif jubilatoire. Et le fait que le film se déroule lors de la fête d’Halloween est d’une intention imparable : Les spectateurs des films de Tim Burton veulent assister à cette fête, se mêler aux fantômes, aux joyeux squelettes et aux délirants chasseurs amazoniens à la tête réduite ! Là, ils reconnaissent l’univers d’un artiste qui a su fédérer une cinéphilie communicative, issue de toute la culture gothique du XXème siècle, avec une poésie et une ambiance unique. Une œuvre-somme, celle d’un plasticien génial qui, comme tous les plasticiens géniaux, a nourri son œuvre d’une histoire de l’art savamment recyclée, digérée et magnifiée, où la forme prime sur le fond, afin de créer un tableau que l’on contemple plutôt que de raconter une histoire que l’on écoute.
Ainsi on le répète : Les cinéphiles trop sérieux et trop élitistes finissent par passer à côté de l’essentiel. Comment font-ils pour ne pas le voir : Même en réalisant des films consensuels pour le grand-public et en travaillant pour Disney, Tim Burton est l’un des seuls réalisateurs contemporains ayant réussi à tourner ses films avec une liberté créative sans équivalent à Hollywood. Et quand on voit toutes les folies, les cruautés, les délires et les fulgurances qu’il se permet avec cette suite de BEETLEJUICE réalisée près de quarante ans plus tard au sein d’une industrie toujours aussi étriquée et aliénante, on mesure la portée de sa filmographie. Une filmographie inégale, peu à peu édulcorée sous les contraintes d’une production paralysante, certes, mais d’une liberté de ton et de style qui continue pourtant inlassablement de raconter des histoires abracadabrantesques sous le vernis de la folie douce, avec une patte immédiatement reconnaissable.
Au final que reste-t-il du film lorsqu’on en ressort ? Il reste une famille américaine déjantée qui fait du bien à l’âme. Il reste des personnages puants qui dérouillent grave (les influenceurs et autres tiktokeurs en particulier !). Il reste un détective des morts qui, même après avoir quitté le monde des vivants (avec la mort complètement nulle de circonstance), est incapable d’oublier qu’il n’a été qu’un acteur et jamais un détective. Il reste un groupe d’anciens chasseurs amazoniens à la tête réduite condamnés à jouer les secrétaires du département des bio-exorcistes ! Il reste une ribambelle de morts tous plus incongrus les uns que les autres en train de défiler dans la salle d’attente des personnes décédées ! Il reste un soul-train totalement loufoque, des chansons ringardes jouissives et du disco à réveiller les tombes ! Il reste une dévoreuse d’âme d’une cruauté sans borne qui tue définitivement les morts ! Il reste un bébé-Beetlejuice ressemblant étrangement à une certaine Chucky ! Il reste un final complètement fou et libre ! Il reste enfin un Beetlejuice interprété par un Michael Keaton intact, inaltéré, toujours aussi dingue, crado et jouissif ! Et je me dis que s’il en restait autant pour tous les autres films qui sortent, j’irai plus souvent au cinéma !
L’une des stars inattendues de ce second film : Bob !
La BO 1 : Donna Summer : MAC ARTHUR PARK
La BO 2 : Magma : TROLLER TANZ (GHOST DANCE)
Bravo pour l’enthousiasme.
Je suis sincèrement heureux que Tim Burton puisse encore aujourd’hui susciter l’enthousiasme.
Ça me parait personnellement difficilement compréhensible mais si c’est le cas tant mieux.
En attendant, je n’ai pas le moindre début d’envie de voir le film.
Bon sinon, le couplet habituel sur les élitistes est une nouvelle fois casse-couilles.
Et pour donner un autre exemple d’avis de la jeune génération sur la filmographie de Burton, ma fille est super fan, elle en a regardé un bon paquet récemment et selon elle, après The corpse bride, c’est vraiment plus bon du tout. C’est un avis qui est très loin de n’être partagé que par de prétendus cinéphiles élitistes.
Mais bon, chacun fait comme il veut et aime les films qu’il veut, avec ses attentes, ses atomes crochus, ses fidélités, son parcours, et tutti quanti…. Faut de tout pour faire un monde….
Et ça sera jamais pire que la 7223eme merde de Marvel. 🙂 🙂 🙂
Ma fille a bien apprécié ce film avec surtout l’affect du premier. En ce sens on rejoint presque le nostalgeek-syndrôme amateur de de fan-service de derniers films Marvel.
Mais ça reste une curiosité en soi.
Tim Burton, j’aime bien certains films d’autres non, Je ne suis pas un fan hardocre mais je le trouve réjouissant (sauf sur des films Disney, je m’en fous totalement…)
J’ai un très bon souvenir de BIG FISH, LES NOCES FUNEBRES,BATMAN LE DEFI et surtout SLEEPY HOLLOW.
j’ai un souvenir plus vague du reste et j’ai clairement vu EDWARD ou le premier BEETLE trop tard pour m’y greffer.
mais comme chaque année, on s’en faire un ou deux enfin d’année en famille.
Merci pour cette présentation !
Je dois avouer que je suis curieux. Beetlejuice n’est finalement qu’un personnage secondaire dans le film originel, un élément externe et perturbateur dans le conflit entre les Meitland et les Deetz, une sorte de génie à remettre dans la lampe. De mémoire, c’est surtout à partir du dessin animé spin-off qu’il prend la vedette.
Je me tâte sur les effets vus dans la bande annonce sur l’au-delà, avec un mélange de « practical effects » dans la continuité du premier film et de CGI. À voir en direct, je ne fais pas confiance aux trailers pour donner une image fidèle. Pour autant, les passages avec Monica Belluci donnent un réel cachet horrifique.
Merci pour le retour Tornado ! J’ai revu la BA que tu as postée et malgré tout (et notamment la présence de Jenna Ortega), malgré ton enthousiasme, je n’ai pas envie d’essayer. Je traîne ces derniers temps, je ne vais plus au ciné. Zoé l’a vu : elle m’a dit que c’était très bien fait mais que cela n’avait aucun intérêt, en gros, ça ne menait à rien (ce qui rejoint ton paragraphe sur le scénario). Je regrette cependant de ne pas avoir pu aller à l’expo Burton à Paris.
En tout cas le casting est alléchant et je suis certain que c’est très joli et sans doute marrant. Mais je n’ai aucun souvenir du premier opus et je trouve ça étrange qu’on ait cette suite si longtemps après. Et ça tombe pile en même temps qu’un remake de THE CROW (qui apparemment est très mauvais). Beaucoup de nostalgie encore une fois à Hollywood.
Tu m’apprends que Jeffrey Jones est blacklisté. C’est dommage, je l’aime bien lui en général. Tu sais pourquoi ?
Sinon rien à voir mais j’ai enfin vu le film DAGON de Stuart Gordon et j’ai beaucoup aimé. J’attends donc la suite de ton article sur les adaptations ciné de Lovecraft vu que ce film devrait en faire partie.
La BO 1 : Sympa mais long. Ce n’est pas le titre dans le film, celui que tu cites dans l’article, Soul Train ? Tu as préféré un autre titre si je comprends bien. Une suite même, comme le film !
La BO 2 : Marrante, mais décidément je ne serais jamais rentré dans Magma. Je devrais retenter encore mais ça n’a jamais réussi à m’émouvoir. En tout cas super titre pour une partie de jeu de rôle…
Jeffrey Jones a été condamné pour agression sur mineur.
Malgré tout il a été maintenu dans le film adapté de DEADWOOD
Pfff… Merci Eddy !
Je n’ai jamais regardé BEETLEJUICE, le premier film. Je me souviens être tombé sur une série cartoon mais je ne restais jamais assez longtemps pour retenir quoique ce soit de l’épisode en cours ou du « lore » de la série en général.
C’est un casting plutôt classe qui est réuni pour cette suite mais cela n’éveille aucun intérêt en moi.
J’espère toutefois que mes antécédents me permettront d’échapper à l’étiquette de cinéphile sérieux et élitiste 😉 !
clairement ps un film pour moi
je ne suis pas le publique visé…
J’ai regardé d’un oeil et ma femme s’est endormie …
Il y a des trucs sympas (Keaton et Dafoe en tête ^^) Monica Bellucci donne un sacré coup de chaud aussi dans le film (et dans la vie de Burton..vu qu’ils sont en couple).
Mais non, je ne vais pas voir un film pour regarder les hommages (caché ou pas) , mais pour suivre une histoire qui me prends et m’emmène …
Effectivement, Tornado, quel enthousiasme débordant ! bon je suis peut-être aigri mais c’est vrai que le film ne m’a pas provoqué autant de plaisir même si je comprends et j’admets même qu’on ressent bien que Burton se fait plaisir et se laisse aller à une inventivité qui était parfois en berne ces dernières années.
Cela dit, je ne suis pas certain que Tim Burton se désintéresse tant du scénario, en tous cas il faut prendre au pied de la lettre ce récit ou tout est un filon à exploiter tant qu’il y des intérêts médiatiques et économiques, y compris le deuil, les morts et les esprits.
Reste qu’encore une fois, j’ai du mal à ne pas voir que Burton a ses limites quand il s’agit de dynamiter le cadre qu’on lui donne: ici, l’exemple type, c’est que surtout pendant la première moitié du film, en terme de forme et de narration, j’avais l’impression de voir un épisode de série télé.
Chouette, le retour de Tornado !
Ce sont les rouages et la manière de la raconter qui comptent, un tout unique : mince, cela signifierait-il que la forme ne rencontre par le fond ? 😀
Tim Burton est l’un des seuls réalisateurs contemporains ayant réussi à tourner ses films avec une liberté créative sans équivalent à Hollywood. – J’écoutais une interview de John McTiernan samedi pendant un long trajet en voiture, et il expliquait qu’il ne tournait plus depuis 20 ans, parce qu’il ne voulait plus accepter les diktats des studios, qui déforment trop le fond de ses œuvres.
Merci pour les retours. Et pour les avis différents.
L’angle d’approche de l’article, avec c’est vrai une (très) légère pique contre un public de cinéphiles exigeants et un peu rigides quand à mon humble avis ce n’est pas toujours très approprié ni pertinent dans le cadre d’un spectacle de pur entertainment hollywoodien, était justement de remettre le cinéma de Burton dans son contexte : Je pense vraiment que Tim Burton est l’un des derniers cinéastes à faire encore du cinéma d’entertainment comme on le faisait dans les années 80. C’est une décennie avec laquelle j’ai construit ma cinéphilie et j’aime encore aujourd’hui sa candeur. Alors oui, c’est à partir de ce moment-là que Lucas, Spielberg, Zemmeckis et Cie ont flingué le Nouvel Hollywood pour instaurer les blockbusters, mais ils étaient les maîtres à bords et nous ont fait vivre une décennie purement magique où la légèreté n’était pas synonyme de médiocrité. Depuis, certes, les choses se sont gâtées et les producteurs ont peu à peu pris la main pour instaurer un cahier des charges commercial et tout lisser sur la même charte insipide. MAIS justement, c’est là que Tim Burton est toujours passionnant pour moi : Malgré qu’on sente bien qu’il ne peut pas non plus faire TOUT ce qu’il veut, il parvient encore à porter cette flamme où, comme je le pense, la légèreté ne signifie pas qu’on prenne les gens pour des couillons, et qu’elle ne signifie pas non plus qu’on doive y sacrifier sa personnalité. Le dommage collatéral qui, manifestement, ne semble pas possible d’être évité, c’est le scénario bâclé. C’est hélas devenu « notion obsolète » dans le grand spectacle hollywoodien. Mais à côté de ça, Burton génère aujourd’hui quelque chose d’assez inédit dans l’histoire du cinéma d’entertainment : Une filmographie basée sur le fantastique, la comédie et l’horreur, qui réussit à fédérer plusieurs générations de cinéphiles.
Je suis curieux de voir comment sera jugée son oeuvre avec le temps et le recul.
@Cyrille : C’est bien le Mc ARTHUR PARK de Donna Summer et Giogio Moroder que l’on entend le plus dans le film. C’est un morceau que j’ai toujours adoré et, depuis toujours, je suis fan des versions longues du duo (notamment LOVE TO LOVE YOU BABY, TRY ME I KNOW WE CAN MAKE IT et I FEEL LOVE).
Je ferai un de ces quatre un article sur Magma sur mon blog… On en reparlera !
Hello Tornado et merci pour cette chronique. Je dois dire que je suis très fan du premier que je regarde toujours à cette période. Comme Jyrille la bande annonce m’a un peu refroidi. Mais je tenterai. Effectivement Burton c’est un univers dans lequel je pense tous ses personnages pourraient se croiser. Il est aussi de bon ton de dire que ces réalisateurs des années 80 et 90 n’ont plus rien à dire. Mais après Fast and Furious 10, Mission Impossible 8, et autres franchises à répétition y a t-il encore une liberté pour dire des choses sans passer par la case plateforme ?
Merci pour cette critique très enthousiaste ! Fan de Tim Burton de la 1ère heure, j’ai vu presque tous ses films, visité son exposition, et je te rejoins sur bien des points. Cela fait longtemps qu’un de ses films ne m’avait pas plu comme celui-ci. Comme je dis toujours à ma fille : « il faut avoir la réf ! ». Ce que je préfère dans un parcours de cinéphile, c’est de saisir les références à telle ou telle œuvre, et pour le coup avec Tim Burton on est servis, tant ses univers se répondent.
J’ai adoré retrouver les personnages du 1er film, et l’inventivité pour combler l’absence du père. J’ai trouvé que la nouvelle Mme Burton s’intégrait étonnamment bien à son univers, de même que sa nouvelle petite protégée Jenna Ortega.
La bande son de Danny Elfman, de même que le choix des chansons et leur utilisation crée une ambiance tellement burtonienne que je me passe MacArthur Park en boucle depuis que j’ai vu le film hier. En le gardant dans ma tête, j’ai importé dans ma vie de tous les jours la loufoquerie de cette famille et l’irrévérence de Beetlejuice !
Bref, ça fait du bien !
Et bien dans l’ensemble je suis assez d’accord avec toi. Cette suite est, à mon humble avis, le meilleur film de Burton depuis… Les Noces funèbres (il y a presque 20 ans, mine de rien) !
Comme tu le soulignes, son scénario n’est pas son point fort, je pense notamment au personnage de Monica Belucci qui… ne sert absolument à rien ^^ (Ah la manie de Burton de faire jouer ses copines !). Le personnage n’est absolument pas développé et son absence ne changerait finalement pas grand-chose !
J’ai beaucoup aimé ce film qui joue avant tout sur la nostalgie, et je me suis demandé, 30 ans après Ed Wood, si le réalisateur n’avait pas accepté de ne plus être novateur et ne faire QUE ce qu’il sait faire… c’est-à-dire du Burton ^^
Hum l’agrafeuse à laquelle tu fais référence ce n’est pas dans The bride of Chucky ? Quand Jennifer Tilly reconstitue la poupée tueuse ?
Monica Belucci qui… ne sert absolument à rien : Oui et non. Effectivement, son personnage n’est pas essentiel au déroulement du récit. Mais niveau spectacle, ce sont ses apparitions qui restent gravées dans les esprits à la fin du film et elle est à la base de deux ou trois de ses plus belles scènes. On peut dire que c’est un aveu de scénario bancal, c’est sûr. Mais encore une fois ce n’est même plus le sujet. À ce stade, Burton brosse des tableaux plus qu’il ne raconte une histoire. Ou son histoire n’est qu’un prétexte pour créer des images, ce qui revient au même. On voit que son approche s’est adaptée au cahier des charges du cinéma hollywoodien en prenant les films comme des moyens d’expression plus que comme des récits. Du coup, on pourrait même dire que la moitié des personnages ne servent à rien ! ^^
En fait, les personnages lui servent de moteur d’expression. C’est très intéressant, je trouve. Est-ce qu’un film comme ROCKY HORROR PICTURE SHOW faisait différemment il y a 50 ans ? Franchement, celui-là non plus ne racontait rien et ne s’embarrassait pas d’un récit construit, et pourtant son aura de film culte n’a jamais été remise en question. Je n’arrive pas à comprendre ce que certains cinéphiles reprochent à Tim Burton. On dirait qu’il est obligé de refaire des films comme il en faisait au début sinon c’est le bucher. Intégrité absolue, ou guillotine. Rien entre les deux. Et tant pis pour le talent.
Je me souviens des critiques pour LES NOCES FUNÈBRES à l’époque. Elles étaient déjà assassines. Les scribes lui reprochaient alors d’édulcorer ses histoires, et de ne pas faire de fins amères comme au temps d’EDWARD AUX MAINS D’ARGENT et que c’était une trahison de sa part vis à vis des freaks. Punaise, les mecs…
Je n’ai vu qu’une seule fois, assez récemment, LES NOCES FUNEBRES mais je n’ai pas aimé pour d’autres raisons : je trouve les personnages beaucoup moins attachants, les péripéties ne sont pas passionnantes et le tout m’a laissé peu de souvenirs. Je me suis plutôt ennuyé.
« Je n’arrive pas à comprendre ce que certains cinéphiles reprochent à Tim Burton. On dirait qu’il est obligé de refaire des films comme il en faisait au début sinon c’est le bucher. Intégrité absolue, ou guillotine. Rien entre les deux. Et tant pis pour le talent. »
Ben, je dirais que ce que certains reprochent à Tim Burton, c’est plutôt de proposer depuis pas mal d’années une version dégradée de ce qu’il faisait mieux auparavant.
Personnellement, je trouve que Burton a traversé les années 90 dans un état de grâce presque permanent. Il a imposé un univers très personnel en dynamitant le système de l’intérieur. C’est assez rare qu’un maverick tel que lui parvienne à un tel résultat et je lui en suis immensément reconnaissant.
Ensuite, beaucoup dont moi estiment que son cinéma s’est dégradé à force de répétitions de moins en moins inspirées. C’est dommage, mais c’est pas très grave, ça arrive, même aux meilleurs.
Depuis quelques années, cependant, et cela m’apparait moins pardonnable, je pense qu’il est arrivé à un nouveau stade. Il me semble que Burton a accepté que son cinéma a été digéré par l’industrie et qu’il a abandonné l’idée même de faire autre chose que reproduire à vide les signes qui ont fait la spécificité de son cinéma. Son cinéma aujourd’hui se borne à produire des signes de reconnaissance. J’y vois comme une capitulation. Et ce que je ne peux pas pardonner au cinéaste qui a brillamment mis en scène tant de freaks et de marginaux, c’est de capituler face à un système qu’auparavant il dynamitait de l’intérieur.
Voilà ma façon de voir les choses. Je ne pousse personne à la partager mais c’est la mienne.
Je pense aussi que ce que certains reprochent à Burton c’est en gros de se répéter et que comme l’effet de surprise est passé, ben ça lasse les moins passionné.
Après ce courant voulant voir un mirage de rébellion chez les cinéaste, sans dire que c’est une forfaiture, je pense que c’est très limité tout de même.
C’est une industrie, donc oui les réals ont un message mais ça reste circonscrit à un monde conceptualisé en 16/9.
Je me faisais cette reflexion lors de l’enfance de ma fille avec laquelle on s’est fait la plupart des pixars.
bon ben la plupart , renvoient un message (que je simplifie à outrance) de « c’est bien mieux avant », « il faut retrouver de l’humain », « rien de vaut l’existence assis sur un banc près d’un arbre » etc.. le tout distribué de manière hyper agressive et en utilisant la dernière technologie sortie des usines…
On accepte que cela n’est qu’une parenthèse d’évasion. Tim Burton broyé par le système? ou finalement lucide….
J’ai bien aimé sa série MERCREDI ( sans non plus crier ni au génie ni au culte)
J’ai par contre détesté CHARLIE ET LA CHOCOLATRIE mais c’est plus du à ce feeling enfant (je déteste MATHILDA) et sans doute aussi Roald Dahl.
Bah oui, c’était sans doute mieux avant Tim Burton… Mais n’empêche qu’il a quand même su garder quelque chose de bien rock’n roll : Dans DARK SHADOWS tu as toutes ces scènes où il tire à boulets ouverts sur le système d’hier (les hippies insupportables complètement exaltés, la mode vintage ringarde) comme celui d’aujourd’hui (le « M » de Mc Do associé à Méphistophélès !). Dans BEETLEJUICE 2 c’est pareil, voir ce qu’il fait subir à tous ces insupportables influenceurs, c’est trop bon ! Il me fait toujours autant rire et toujours autant de bien à l’âme en fustigeant les connards. C’est juste plus diffus, plus discret. mais c’est toujours là.
Un superbe qui rappelle que la critique est un vrai travail de l’esprit et que celles qui m’intéressent sont celles qui, comme celle-ci, sortent des sentiers battus en mettant en corrélation l’oeuvre d’un artiste avec sa dernière production.
Il est cependant peu probable que je regarde ce B2, le 1 ne m’ayant laissé que des bribes de souvenirs de scènes hystériques, mais il est vrai que je regarde les Tim Burton sans déplaisir mais sans passion non plus, le seul film que j’ai adoré de lui étant EDWARD AUX MAINS D’ARGENT. Les autres, je les ai grandement appréciés (son deuxième BATMAN, SLEEPY HOLLOW, NETHERLAND et même SWEENEY TODD) sans que je sois capable d’en extraire un corpus aussi puissant que le tien.
Respect.
Merci, Boss.
Oui, je pense qu’on a la fibre Burton ou on ne l’a pas. Je n’arrive d’aileurs pas à m’expliquer que tu puisses autant avoir la fibre Alice Cooper et ne pas être sensible au cinéma gothique classique ! ^^
Je ne supporte pas les critiques qui répètent inlassablement des trucs du genre « Mouiii, pfff… Il fait du Tim Burton, quoi…« … C’est pas la critique la plus débile du monde, ça ? A t-on reproché à Hitchcock de faire du Hitchcock ? à David Lynch de faire du David Lynch ? à Woody Allen de faire du Woody Allen ? à Alice Cooper de faire du Alice Cooper ??? C’est quoi cette mauvaise foi ? À la limte, je comprendrais qu’on dise qu’il « ne fait plus du Tim Burton comme j’aimais avant« , là ça serait cohérent. OK, on a le droit de préférer certaines périodes de certains auteurs comme on préfère certaines périodes de Picasso ou de Miles Davis.
La filmographie de Tim Burton commence a être conséquente désormais. Personnellement je continue de l’adorer. Et je suis vraiment éberlué de voir comme il déchaine le mépris de toute une branche de la cinéphilie qui prend ses films, je trouve, beaucoup trop au sérieux. Ou en tout cas avec un manque évident de légèreté, alors que c’est par ailleurs évident que lui, en tant que cinéaste, aborde aujourd’hui ses projets avec énormément de légèreté et de candeur. Et c’est ce qui plait le plus à ses fans, d’ailleurs. Enfin, c’est ce que je pense.
Je pense surtout qu’il faut arrêter de se focaliser sur ce que pensent les critiques. On est dans la monde de l’internet depuis assez longtemps pour avoir pas mal de points de vues différents malgré des courants qui se rassemblent. Et surtout, il faut le prendre comme un enrichissement, une analyse qui n’est pas sienne. Imposer son point de vue ne sert à rien.
Pardon si je retombe dans mes travers. Je ne veux pas imposer mon point de vue. Juste mettre le doigt sur un courant de pensée. Parce que ce n’est pas juste « quelques critiques » qui s’acharnent sur Burton, mais tout un coutant de pensée d’une époque. De mon côté j’ai envie de continuer de savourer ce genre de cinéma qui trouve un point d’équilibre ente le divertissement candide et la personnalité d’un auteur. 🙂
Ca fait assez longtemps que je ne suis plus Burton avec enthousiasme mais hier soir la séance en famille fut assez jubilatoire et je partage à peu près toute cette critique
Tornado qui s’enflamme, ça fait plaisir !!
L’idée d’un second Beetlejuice avec la même clique et quelques stars de plus, ça me plait. En fait, j’adore le fait que les Mercredi se retrouvent ici mère et fille.
Bon, je suis surprise de l’arrivée de Monica Belluci dans le film et dans la vie de Tim Burton. Je n’arrive plus à suivre, je suis restée bloquée dans les années 90-2000 où Monica était avec Vincent Cassel et Tim Burton avec Helena Bonham Carter. Je ne savais même pas que ces derniers étaient séparés, c’est dire… Mais bon, c’est un détail…
Enfin bref, la curiosité me poussera sans doute à regarder ce film, mais pas avec hâte, parce que je n’aime pas le premier Beetlejuice… J’ai connu ce personnage avec le dessin animé et déjà je détestais…
J’ai vu le film très tard (c’est-à dire il y a moins de 10 ans) et je n’ai pas vraiment aimé. Pas détesté, mais je pense l’avoir vu trop tard. Je suis passée à côté. Ou alors ce n’est tout simplement pas pour moi.
En tout cas ton article fait du bien, j’aime la ferveur et la passion pour défendre une œuvre.
Hello.
j’ai vu partiellement BEETLEJUICE BEETLEJUICE. En effet très fatigué ce jour là j’ai eu très froid dans le cinéma et j’ai piqué du nez trop souvent à mon goût.
J’ai quand même globalement apprécié, passant moi aussi un bon moment en famille. Je ne crierais pas au génie, loin de là mais cela reste plus qu’honnête.
Les gros plus :
– les actrices et acteurs. Toutes et tous convainquant-tes. Super casting.
– moment d’anthologie avec la première scène de Monica Bellucci sur Tragedy des Bee Gees, chanson que j’adore.
– les décors assumés 100% artisan en décalage total par rapport à une production numérique le plus souvent immonde.
– Une bonne dose d’humour là aussi en décalage total et bienvenu vs le cinéma pipi-caca actuel.
– une joie communicative en le visionnant.
Maintenant je ne serais pas aussi enthousiaste que toi vis à vis du film en lui même. Le scénario reste léger et je rejoins ceux qi trouve que Burton donne cette désagréable impression d’avoir lâché prise. Ludovic n’a pas tord en trouvant qu’une partie du film fait penser à une épisode de série télé alors que ce n’est pas son ambition. Et je suis un fan de Tim Burton de la première heure (livres, expo, BOF ….). On pourrais en discuter ensemble pendant des heures.
Je reste néanmoins fasciné pas sa singularité et son univers le seul film qui à mes yeux lui a totalement échappé, son véritable échec restant La PLANETE DES SINGES. Je trouve qu’il faut chercher trop loin pour trouver des traces de son influence. BIG EYES reste aussi trop sage mais se rattrape par son propos et la force de l’histoire vraie.
De mes cinéastes cultes et historiques, Burton est celui qui vient de me décevoir le plus. Spielberg, Scorsese et Coppola m’ont enthousiasmé et fasciné (à chaque fois pour des raisons différentes) sur leur dernière production. Pas Burton.
Néanmoins le film et le cinéaste ne méritent pas certains crachats et surtout pas de mépris. Il a d’ailleurs était assez bien accueilli, et petite revanche pour Burton fonctionne bien en salle.
Sinon pas d’accord non plus sur Edward aux mains d’Argent seule production 100% Burtonnienne le reste n’étant qu’ « adaptation ». Mais le cinéma est une adaptation permanente. Le génie est de transcender les adaptations. Et il a su si bien le faire.
En tout cas merci pour cette review enthousiasmante, qui fait plaisir à lire, et promis j’apporte un plaid la prochaine fois pour déguster un Burton.