One Bad Day par Collectif
SPECIAL GUEST : Thomas Suinot
1ère publication le 06/09/23 – MAJ le 03/01/24
Thomas Suinot est journaliste indépendant. Il est le fondateur et unique rédacteur de www.comicsbatman.fr depuis 2011. Nous avons sympathisé lors du dernier Paris Fan et son érudition m’a donné envie de lui demander de participer à l’ouverture de cette saison 11.
Voici un panorama de la série One Bad Day publiée cette année par Urban Comics.
Retrouvez les critiques complètes et détaillées de tous les volumes sur le site de Thomas sur la page d’index dédiée : http://www.comicsbatman.fr/guide/index/collection-batman-one-bad-day/
Inaugurée en France en 2023, la série Batman – One Bad Day s’attarde sur une petite dizaine d’ennemis emblématiques du Dark Knight et plus particulièrement « le jour où leur vie a basculé ». Comprendre : quand ces antagonistes sont passés définitivement du côté obscur (cf. l’annonce sur le site d’Urban Comics, il est important de le préciser – on y reviendra). Avec six tomes sur huit publiés en France à ce jour, force est de constater que la promesse initiale n’a pas vraiment été tenue. Explications et critiques.
Tout part de Killing Joke, l’album culte d’Alan Moore et Brian Bolland dans lequel des origines furent inventées (ou plutôt modernisées) pour le célèbre Joker. Dans ce récit complet ultra court (46 pages seulement !) publié en 1988, le célèbre Prince Clown du Crime, alors simple humain et futur père de famille doit sortir de la précarité et enchaîne les mésaventures au point de muer dans sa figure définitive du Mal parce qu’il a passé « une mauvaise journée » (en gros hein, mais si vous lisez cet article vous connaissez déjà probablement Killing Joke).
Un peu plus de trois décennies plus tard, DC Comics veut relancer ce concept et dévoiler le fameux « One Bad Day » de huit vilains mythiques : Le Sphinx, Double-Face, Le Pingouin, Mr. Freeze, Bane, Catwoman, Ra’s al Ghul et Gueule d’Argile. La formule est à peu près similaire : un récit complet indépendant (de 64 pages cette fois) en vente chaque mois (d’août 2022 à mars 2023 aux États-Unis). Première surprise : ni L’Épouvantail, Poison Ivy ou Harley Quinn ne font partie de la sélection, mais ce n’est pas bien grave. En France, Urban Comics publie à peu près dans le même ordre qu’en VO chaque titre depuis mars 2023, au douloureux prix de 15 € (on en reparlera).
« Un quasi coup de maître qui inaugurait de belles choses »
C’est Le Sphinx (The Riddler) qui ouvre le bal (mars 2023). Une pépite auréolée du prestigieux Eisner Award du meilleur one-shot en juillet dernier ! Une récompense méritée pour une œuvre qui mêle les souvenirs d’adolescence d’Edward et son présent où sa figure machiavélique rivalise sans difficulté face à Batman, bien aidé par ses talents de manipulateur et d’orateur hors-pair. Tom King, auteur clivant (Batman Rebirth, Heroes in Crisis, Batman/Catwoman…) signe un scénario parfois trop bavard avec une narration décousue et peu plausible mais, malgré ces quelques défauts, l’ensemble demeure captivant et le prisme de l’hyper-réalisme autour du sociopathe fait froid dans le dos. Règles du jeu, tricherie, ego… l’ADN du Sphinx/Riddler est bien présent, sublimé par les dessins et la colorisation de Mitch Gerads.
C’est là l’autre force du récit, l’artiste dépeint ses protagonistes avec une certaine dose de réalisme et une approche chromatique atypique. En n’utilisant quasiment que deux couleurs, le vert et l’orange et leurs variations (beige/crème notamment) et sans compter le noir et blanc bien sûr, Gerads dénote et produit un style hors-norme. Dans la dernière ligne droite, on assiste bel et bien au moment, à la journée, où « tout a basculé » pour Edward, cet instant fatidique où il embrasse une voie criminelle sans retour en arrière possible. L’œuvre converge dans sa conclusion vers une confrontation d’anthologie entre Batman et le Sphinx (sur un terrain de basketball !) où les deux ennemis échangent, non pas des coups ou des balles, mais des paroles percutantes ; un dialogue ciselé et tendu – du grand art ! Un quasi coup de maître qui inaugurait de belles choses pour la suite.
Hélas, la déception pointe vite le bout de son nez. Les One Bad Day consacrés à Double-Face et au Pingouin (avril et mai 2023) ressemblent à des chapitres annuals vaguement luxueux. Les deux poursuivent à moitié la continuité du Chevalier Noir. Par exemple, Mariko Tamaki signe Double-Face et propose une fiction qui s’intercale dans son run pas terrible (Batman Detective Infinite en quatre tomes), sans approfondir le passé de l’antagoniste (aucune mention à la fameuse mauvaise journée d’ailleurs !). Même si la proposition graphique est honorable (Javier Fernandez – Nightwing Rebirth…) et le rythme efficace, l’intrigue n’est pas originale, présentant une énième variation de la vraie-fausse rédemption de Double-Face. Un sentiment de déjà-vu ? Assurément pour les lecteurs de longue date. Indispensable ? Absolument pas, au contraire.
Tout aussi moyen, le One Bad Day sur Le Pingouin montre banalement une vengeance et une nouvelle ascension dans le monde du crime pour Oswald, avec une simple référence à son enfance le temps d’une case (pour justifier le passage vers le côté obscur ? bof bof…). L’auteur John Ridley est plus à l’aise au cinéma (Twelve Years a Slave) qu’en comics. Pour ne rien arranger, les dessinateurs Giuseppe Camuncoli et Cam Smith (également coloriste) sont peu inspirés, jonglant entre visages caricaturés et mauvaise gestion de l’espace. Bref, aucune raison de dépenser 15 € pour un livre si court et peu passionnant.
Heureusement, Mr. Freeze (juin 2023) relève le niveau avec un récit plus convenu et, forcément, connu de tous les fans (sublimé dans la série d’animation Batman, étendue en comics et jeux vidéo, et même au cinéma dans le nanardesque Batman & Robin de 1997) mais très réussi. Certes, l’histoire tragique de Victor Fries et son épouse Nora reste identique mais, ici, Gerry Duggan (Arkham Manor, Deadpool…) modernise un brin l’ensemble. Il maîtrise complètement sa narration, alternant passé et présent, entre Nora vivante puis cryogénisée, entre Fries apeuré puis surpuissant, et ainsi de suite. Le scientifique perd de son aura « romantique » pour sortir quelques invectives égoïstes voire sexistes. Le titre reste passionnant et l’ajout de Robin (Dick Grayson !) au premier plan contribue grandement au plaisir de lecture grâce à sa légèreté et son humour bienvenu. Le concept du « jour où tout a basculé » est à nouveau respecté.
« Une jolie proposition graphique
avec un scénario efficace et convenu mais qui happe le lecteur »
Cette certaine relecture du mythe est plutôt pertinente (même si elle ne se démarque pas non plus de la tragédie déjà vu et revue) et gagne en intensité grâce aux dessins hyper soignés et agréables de Matteo Scalera (Black Science…), brillamment mis en couleurs par Dave Stewart (habitué à l’exercice sur Un Long Halloween et Catwoman à Rome, entre autres). En résulte de savoureuses pleine planches où se confondent l’obscurité et les corps humains ou costumés des protagonistes, avec des tonalités chromatiques évidemment froides mais bien équilibrées pour ne pas tomber dans un cliché perpétuel. En somme, ce One Bad Day ne réinvente par le personnage de Freeze mais reste une jolie proposition graphique avec un scénario efficace et, certes, convenu mais qui happe le lecteur, même familier avec l’univers et le célèbre antagoniste.
Place ensuite à Bane (juillet 2023) qui sort complètement du lot en prenant à contre-courant l’idée du One Bad Day pour un One Good Day, c’est-à-dire une voie de rédemption pour l’un des plus dangereux ennemis du Chevalier Noir. Joshua Williamson (Flash Rebirth et un paquet de titres DC avec Batman et la Justice League) dimensionne sa fiction en trois temps et, apparemment, dans un futur proche hypothétique ou alternatif. Peu importe, c’est le parcours quasiment introspectif et inédit de Bane qui se démarque ici. Tout n’est pas réussi mais les dessins de d’Howard Porter (DC Univers Rebirth – Le Badge)couplés à la colorisation de Tomeu Morey apportent une véritable identité visuelle alléchante à l’ensemble. Les affrontements sont tantôt spectaculaires, tantôt expéditifs (avec deux nouveaux ennemis oubliables). Il y a donc une partie du livre assez basique et moins originale qui contrebalance bonnes idées et l’écriture assez solide du protagoniste.
Catwoman (août 2023) ne devrait plaire qu’aux amoureux de Selina Kyle. Entre segment complet, incrustation dans la chronologie officielle et accessibilité, le comic book peine(ra) à convaincre les autres, comme il ne convoque pas non plus le passé et la « mauvaise journée » promise. L’histoire de Gwendoline Willow Wilson est très simpliste (une broche familiale vendue puis volée sur fond de manipulation), un poil abrupte dans sa conclusion et s’avère, in fine, une banale extension des récits sur la célèbre femme féline. Reste l’élégance graphique de la bande dessinée, assurée par Jamie McKelvie, qui dessine, encre et colorie entièrement ses planches.
Si l’on peut déplorer de nombreux fonds de cases vides, le style épuré et léché de l’artiste ne laisse pas indifférent. C’est donc une semi-déception, tant le champ des possibles était grand ici puisque Selina a toujours oscillé entre le bien et le mal. Il y avait plein de choses à explorer en prenant en compte un passif d’enfance malheureuse (peut-être) ou une vie de jeune adulte dans la prostitution (comme dans Année Un).
Il reste deux opus à venir, Ra’s al Ghul (22 septembre) puis Gueule d’Argile (6 octobre). Pour l’immortel ennemi et beau-père de Bruce Wayne, la fiction ne reprend toujours pas le concept du One Bad Day, c’est, une fois de plus, un chapitre complémentaire luxueux pas inintéressant (surtout pour les fans de Ghul), sympathique sorte de prolongation du run de Grant Morrison puis de Peter Tomasi (la série Batman & Robin). Côté écriture, on a connu Tom Taylor plus inspiré et original (Injustice, DCEASED, Suicide Squad Renégats…) mais le titre fonctionne à peu près grâce à sa partie graphique assurée par un trinôme efficace : Ivan Reis aux dessins, Danny Miki à l’encrage et Brad Anderson à la colorisation. Si vous êtes un lecteur régulier des productions DC Comics, vous voyez parfaitement les styles, à la fois mainstream et soignés, que ça présente – l’alliance des trois est donc une valeur sûre.
Concernant Basil Karlo, alias Clayface (en VO) et donc Gueule d’Argile chez nous, l’œuvre est nettement plus intéressante ! Si elle ne reprend toujours pas le One Bad Day initial, elle nous montre une autre mauvaise journée qui va causer la mort de plusieurs personnes suite à l’impulsivité et jalousie du comédien raté. Le récit ajoute même un clin d’œil à Killing Joke, permettant de boucler la boucle de cette collection et se réfère aussi au Fantôme Gris de la série d’animation des années 1990 (déjà croqué dans le très chouette Batman – White Knight : Harley Quinn). Collin Kelly et Jackson Lanzing écrivent une histoire où l’empathie priment et les protagonistes sont croqués par Xermànico (Flashpoint Beyond…) et ses traits singuliers, aérés et fluides, parfaitement exécutés au service de la narration.
Si vous avez bien suivi, on conseille donc principalement Le Sphinx, Mr. Freeze, Bane et Gueule d’Argile. Soit la moitié seulement de la gamme One Bad Day. Ra’s al Ghul et Catwoman ne sont pas foncièrement mauvais mais restent dispensables. Faute à une promesse non tenue : quand l’éditeur annonce qu’ « il suffit d’un jour pour… Découvrez leur histoire et le jour où leur vie a basculé ! » et que seulement deux volumes s’y tiennent, il y a de quoi être agacé et se sentir trahi.
Sortir chaque volume séparément est aussi quitte ou double : la possibilité d’acquérir uniquement les meilleurs titres mais, hélas, de facto au prix fort. Car il reste l’éternelle équation subjective : est-ce qu’un récit de ce genre et d’une soixantaine de pages vaut 15 € ? Franchement non (à part le Sphinx) mais c’est toujours difficile d’arbitrer, d’autant qu’une éventuelle compilation des One Bad Day recommandés coûterait à peine le double (contre 60 € à date séparément)…
Ce n’est bien sûr pas une question de longueur (insérez une blague graveleuse de votre choix ici), une courte aventure peut évidemment être suffisante, c’est plutôt un rapport économique (Urban propose bien une intégrale de Justice League de 624 pages au même format à… 30 € – soit 0,05 € la planche contre 0,23 € pour un One Bad Day – OK c’est un calcul primaire et la réalité est bien plus complexe que cela, mais vu comme ça, ça pique !).
Aux États-Unis, DC Comics a carrément sorti un coffret contenant un fourreau, les huit opus et… Killing Joke ! S’il était (presque) évident que le coup de maître de Moore/Bolland ne serait pas réitéré, on peine à comprendre l’ajout de ce one-shot culte avec les autres (enfin si, marketing offensif, naïveté possible de certains lecteurs, amour du complétisme pour les collectionneurs, toussa toussa…). En France, Urban Comics n’a pour l’instant pas prévu d’intégrales, difficile de savoir si cela viendra ou non ; on se rappelle que les Before Watchmen étaient également sortis séparément dans un premier temps. Huit volumes à 16 € mais contenant chacun plus de 150 pages et rassemblés quelques années plus tard en deux intégrales à 35 €.
Chaque figure criminelle de Gotham a un côté « fantaisiste », hors-norme. C’est en cela que Killing Joke apportait une réelle « nouveauté » : il ne suffisait pas de « naître » maléfique, n’importe qui pouvait le devenir suite à de mauvais choix, de mauvaises actions, des mauvaises choses subites aux mauvais moments et ainsi de suite. Un pétage de plomb assumé qui transformait un quidam lambda en génie criminel ?
C’était (plus ou moins) le propos, bien aidé par une dose de registre fantastique ou science-fiction de temps à autre. Dans une moindre mesure, cela fait écho à quelques films : Chute libre évidemment (1993), Edmond (2005), L’employée du mois (2023)… Si l’échelle humaine prédomine dans ces mediums sans basculer dans le « merveilleux » propre aux comics, on pouvait imaginer des One Bad Day qui iraient vers l’un ou l’autre chemin, c’est d’ailleurs quand les auteurs s’y risquent que le titre se hisse parmi les meilleurs. Et la figure de l’homme chauve-souris dans tout cela ? Et bien elle se démarque habilement de temps en temps (Le Sphinx, Bane…) ou reste un personnage secondaire, parfois presque absent, se contentant d’avancer en sentier balisé plaisant ou barbant…
Trahison, semi-réussite, semi-raté ? Un peu tout ça à la fois pour une série, forcément, inégale, initialement prometteuse voire audacieuse mais qui s’est vautrée dans une paresse d’écriture commune brisant le concept de départ. Incompréhensible ! Heureusement qu’il subsiste quelques pépites valant le coup/coût mais nul doute que DC s’est majoritairement loupé avec One Bad Day, au plutôt One Bad Déception…
Bonjour Thomas.
Belle review, concise dans sa présentation et très agréable à lire.
J’ai tourné le dos aux comics mainstream et notamment à Batman depuis quelques années. Je fuis surtout l’overdose de la production et l’hystérie autour du caped crusader.
Et à de très très rares exceptions, toutes les tentatives de tourner autour de chefs d’oeuvre souvent ceux d’Alan Moore (mais aussi Neil Gaiman sur d’autre comics par exemple) sont risibles et irrespectueuses voire honteuses. Ce sont des œuvres qui ont été écrites pour une raison particulière, en marge des cahiers des charges d’une production grand public et consensuelles. Donc quand on y touche cela ne donne jamais rien, comme si les auteurs qui s’y risquent n’avaient même pas pris le temps d’analyser le pourquoi de l’intérêt de tels comics.
Donc là je passerais mon tour, même si je suis très content de lire de quoi il en retourne, ta prose aidant. Eventuellement le Tom King pourquoi pas (l’échange verbal sur le terrain de Basket renvoyant au final de KILLING JOKE, comme si on n’arrivait pas à tuer le père, le modèle), mais bien que très doué, je n’accroche pas avec son écriture, surtout quand il est sur Batman.
Par contre, je ne te suivrais pas sur ton analyse sur la partie économique. du moins je n’aurais pas choisi cette angle, qui s’adresse, in fine, à ceux qui sont complétistes (ce n’est pas une maladie, je l’ai été dans une autre vie, pas si vieille d’ailleurs) et donc qui veulent tous posséder., notamment sur le chevalier noir. De même si on va au bout de la logique de ces one shot, aucun intérêt de les compiler dans un recueil unique. On en revient à KILLING JOKE, one shot, en marge de la continuité, ovni extraordinaire autant sur le récit que sur l’approche graphique de B Bolland.
Au plaisir de te lire à nouveau, notamment sur ton site.
Merci beaucoup pour ton long commentaire et tes compliments Fletcher (me semble t’avoir déjà lu ici et là, ton pseudo « me parle ») 🙂
Concernant l’overdose, je ne peux que la comprendre, moi-même me « forçant » à lire des comics Batman pour les chroniquer sur mon site alors qu’ils ne sont pas bons et que je pourrais utiliser ce temps précieux à lire autre chose… C’est pour cela que je me mets des barrières volontairement en espaçant mes lectures (et, de fait, la vie du site – qui passe au second plan).
Tous les One Bad Day n’ont rien à voir avec « Killing Joke », qui reste tellement à part et intemporel. Je comprends l’idée de reprendre le « concept » mais c’est tellement mal exécuté et différent que ça en devient trop éloigné. D’autant plus que (et je ne l’ai pas assez précisé dans mon papier), la figure de Batman avait une importance tout autre comparée à ici. Sans oublier les personnages secondaires (Gordon père et fille en tête) qui étaient un complément précieux ; bref…
Je suis partagé sur la partie économique aussi, n’aimant pas non plus les compilations de titres quand ils sont trop inégaux (le cas ici) mais étant aussi gêné quand on doit débourser quinze balles pour un faible nombre de pages, même si c’est un chef-d’œuvre. « Killing Joke » n’y échappe d’ailleurs pas, seule l’édition luxueuse me semble plus correcte dans un rapport qualité/prix que celle de base. Mais bon, c’était un peu sous l’angle inflation, économies, toussa toussa… J’aurais pu évoquer aussi le paradoxe de ces prix/propositions en parallèle de la gamme Urban Nomad à petit prix, mais je ne voulais pas trop digresser et cela est, in fine, moins pertinent à mon sens.
Jette un œil tout de même au Riddler de King, on ne sait jamais !
Au plaisir d’échanger, ici ou ailleurs 🙂
Sois le bienvenu Thomas.
Superbe présentation tome à tome, abordant aussi bien l’histoire que la manière dont le scénariste la raconte, et les qualités de la narration visuelle.
En vrac. Je suis un inconditionnel de Tom King sur Batman : une vraie vision du personnage et une vraie voix d’auteur… qui peut ne pas plaire.
J’ai beaucoup aimé le § : Chaque figure criminelle de Gotham a un côté fantaisiste […] il ne suffisait pas de naître maléfique […] un quidam lambda en génie criminel ?
De mémoire, Alan Moore avait également écrit une histoire courte sur le passé de Gueule d’argile, illustrée par George Freeman, dans Batman annual 11, paru en 1987.
Merci pour la précision sur Gueule d’argile par Moore, je ne sais plus si je l’ai lu, je vais tâcher de trouver cela !
Tom King est très clivant oui, son run sur Batman est complètement inégal et comporte de très très bons et beaux moments et d’autres profondément médiocres (j’en parle longuement dans un article récapitulatif sur mon site si tu veux) 🙂
Néanmoins j’ai bien aimé son Heroes in Crisis (je suis le seul visiblement) et son fameux Riddler, bien qu’un peu trop verbeux par moment est une pépite, je vous le conseille si vous êtes un inconditionnel de l’auteur mais je suppose que vous l’avez déjà ?
Il me semble qu’il s’agissait d’un autre Gueule d’argile, qui ne pouvait pas se métamorphoser mais désintégrait ce qu’il touchait.
Atchoum ! Désolé, je suis allergique à Tom King sur du superhéros en général et sur Batman en particulier, je préfère relire les récits dont il « emprunte » les idées plutôt que les copies qu’il en fait.
J’ai lu les 8 one-shots et je partage, à la virgule près, les avis détaillés dans l’article.
Le Riddler de Tom King et Mitch Gerads est très au-dessus du lot et le Clayface est la deuxième belle réussite de la série. Le reste oscille entre le sympathique et le médiocre.
Je ne connaissais pas le site comicsbatman.fr, je vais aller y faire un tour.
Merci pour l’article.
Hello, merci à toi pour ton commentaire ! 🙂
J’ai hâte de relire Clayface en français dans les bonnes conditions pour ma part (le seul avec Ra’s al Ghul lu en VO faute de version FR disponible à temps). Content de voir que le Riddler fait l’unanimité aussi.
Bienvenue ! Merci pour ce tour d’horizon, la synthèse et la critique de cette collection.
Je trouve étrange l’idée d’origine. Le calvaire de Jim Gordon durant The Killing Joke montre que l’idée du « One bad day » du Joker n’est que du vent, quoi qu’en dise les écossais dégarnis. De plus, des numéros de séries comme Secret Origins (notamment un fameux n° arborant une couverture par Bolland) se penchaient déjà sur la question.
Les vagues d’histoires sur des antagonistes sont également monnaies courantes. Forever Evil, New Years Evil ou encore Final Crisis ont déjà été l’occasion de publier des one-shots sur des supervilains. Les ennemis de Batman en particulier ont notamment eu droit à des petits albums durant les années 90 (Catwoman Defiant, Penguin Triumphant, The Riddler, Poison Ivy, et surtout un Mr Freeze par Paul Dini lui-même qui intégrait la caractérisation du dessin animé à la continuité des comics).
Enfin, certaines idées me semblent venir à contretemps : Clayface a récemment eu droit dans Detective comics rebirth à des flashbacks montrant son basculement vers le côté obscur, un nouveau récit sur ses origines semble redondant
Le calvaire de Jim Gordon durant The Killing Joke montre que l’idée du « One bad day » du Joker n’est que du vent
C’est à dire ?
C’est à dire que dans The Killing Joke, le Joker tente de briser Gordon (en tirant sur sa fille, en l’humiliant et en le traumatisant) et que malgré cela, Gordon demande à Batman d’arrêter le Joker dans les règles. Batman dit explicitement que cela prouve que la théorie du « One bad day » du Joker n’est qu’une excuse (accessoirement, c’est aussi pour ça que je déteste la lecture qu’a Momo de la fin de The Killing Joke)
Oui je me souviens de ça.
Mais je ne comprends pas le rapport avec Morrison.
Il a dit quoi encore comme conneries ?
Si je me souviens bien, Morrison avance que Batman tue le Joker.
Ce qui, comme le pense JB, me semble être un contre-sens au vu de ce qui précède dans l’album..
Morrison souscrit à la théorie que The Killing Joke se termine par Batman étranglant le Joker, idée qui me semble complètement hors-sujet.
Il écrit ça dans SUPERGODS ?
Ah en effet ça me semble également un contre-sens. Par contre je ne sais pas où vous avez lu ça, il va falloir que je rouvre mon édition de Killing Joke ce soir…
Morrison en a surtout parlé lors d’un podcast animé par Kevin Smith, il me semble (ça remonte à 2013)
Bienvenue Thomas ! Bravo pour ce bel article, informatif, concis, extrêmement bien rédigé et sans aucun gras. Je ne connaissais pas ton site, je note dans un coin.
Je ne pense pas me mettre du tout à cette série même si tu donnes envie pour le Riddler, je suis un des partisans de l’écriture de Tom King. J’ai tout son run sur Batou que je n’ai pas encore lu mais j’ai adoré son VISION, son MR MIRACLE et son SHERIFF OF BABYLON. A chaque fois c’est avec Mitch Gerads et j’aime beaucoup son dessin donc pourquoi pas. J’ai été freiné par le prix pour la quantité de pages mais soit… Pas lu HEROES IN CRISIS et ça ne risque pas d’arriver, je fuis la continuité en général. Mais j’ai le Momo de MULTIVERSITY à lire.
Je ne connais pas toutes les références dont tu parles (les films notamment, sauf Chute Libre que j’ai vu au ciné à sa sortie) mais tout est clair quant aux sentiments qui t’ont étreints à chaque lecture. Quant à Dave Stewart, c’est pour moi un génie (tout ce qu’a sorti Murphy dans son murphyverse sur Batou s’en trouve amélioré je trouve depuis CURSE OF THE WHITE KNIGHT). D’ailleurs est-ce que l’histoire de Mr Freeze ressemble à celle présentée par Murphy et Klaus Janson ?
Merci donc pour le tour d’horizon, les découvertes, et ton arrivée ici !
Merci Jyrille, tes compliments me touchent !
Si tu es partisan de King, jette tout de même un œil à son Riddler 🙂
« Heroes in Crisis » peut être lu indépendamment de la continuité ; c’est même mieux en ce sens car à terme ils ont retcon/corrigé/gommé pas mal de trucs vu les audaces (trahisons ?) de King dans cette étrange crise des super-héros…
Pour les films, « Edmond » est sympathique mais pas exceptionnel, inutile que tu perdes du temps avec tout ça (à part « Chute Libre » mais tu le connais déjà).
Le OBD sur Freeze ne s’appuie pas sur la version du MurphyVerse, c’est vraiment l’histoire « classique » de Freeze mais ça fait le taf (surtout grâce aux dessins oui).
Le seul point que je ne partage pas sur le MurphyVerse est que je le trouve déclinant passé le premier opus à l’exception du segment sur Harley Quinn. J’ai trouvé le « Beyond » vraiment moyen, écriture paresseuse, moins original que les précédents, trop balisé… Il n’y a que l’écriture/évolution de Wayne et sa notion de famille/alliés qui m’ont plu (c’est déjà pas mal au demeurant), mais ça reste solide visuellement oui.
Au plaisir d’échanger !
Je boycotte King depuis son Rorschach.
Que vaut son HUMAN TARGET ?
Je fais partie de la rare minorité qui trouve surfait le MurphyVerse, et ce dès le premier récit. A part graphiquement (et encore Murphy ne me surprend plus, en ne faisant pratiquement que du Batman…) je ne comprends pas autant d’éloges.
De toute façon, et cela rejoint mon premier commentaire, je reste persuadé que désormais il y a un aveuglement collectif sur tout ce qui touche à Batman, renforcé de plus par le succès de la trilogie de Nolan (que je n’aime pas non plus, mais pour d’autres raisons).
D’ailleurs quand on voit que la quai majorité du Black Label de DC ne concerne que le Batverse … cela en dit long sur la capacité d’imagination et de surprise des éditeurs et des scénaristes. Néanmoins, cela n’empêche pas l’éclosion d’excellents comics sur Batman. Par exemple dans le contexte actuel, le succès de NIGHTWING me semble parfaitement mérité.
De rien Thomas, et oui, au plaisir d’échanger ! Pour ma part j’ai fait un article sur le BEYOND de Murphy, il sera publié ici, ouvre l’oeil 😉
Par contre je trouve que le meilleur tome des quatre (dans la publication Urban) du Murphyverse reste le second, CURSE OF…
Un article très pro, on sent le métier 😉
Merci d’avoir répondu à l’invitation Thomas.
Depuis quelques années, je lis paradoxalement beaucoup de Batman. Non pas par appétence particulière pour le personnage, mais parce que tout simplement c’est chez DC que l’on trouve encore (un peu), (parfois) du comics pour adultes pour adultes.
J’ai lu les histoires consacrées à Catwoman et Nigma : c’est du comics industriel et fonctionnel mais rien d’incroyable. Or c’est à ça que je me lite désormais : quelque chose qui vaille la peine d’être lu et relu des années après. On en revient à l’article de DARKSEID SAM hier.
J’attends d’être mis par terre parce que je découvre. Là je suis reste bien trop confortablement assis.
Merci beaucoup pour cette rétrospective roborative.
J’ai moi aussi laissé tombé le ongoing depuis un moment, et même les super-héros dans leur ensemble.
Mais il y a encore quelques personnages auxquels je continue de m’intéresser (les mêmes que depuis que je suis tout petit) et Batman en fait partie.
Bien évidemment, ce qui est intéressant dans le Batverse, c’est, entre autres, Gotham City et ses vilains. L’idée de se calquer sur le « bad day » de KILLING JOKE (qui reste LE comic book super-héroique et à la fois LA BD super-bien construite qui a forgé le lecteur que je suis aujourd’hui) est extrêmement alléchante.
Du coup, cet article est une aubaine absolue pour moi. En toute franchise : oui, je continue de surveiller les publications liées à Batman, en dépit de la hype nocive qu’elle véhicule, et en dépit aussi de mon éloignement de la sphère super-héroïque. Cet univers continue de me plaire et je pense que ce sera toujours les cas, justement parce qu’il est suffisamment vaste et diversifié (contrairement à celui des autres personnages super-héroïques) en proposant toujours plus de publications pour tous les publics variés.
Jusqu’ici, je m’étais méfié de cette anthologie : Un prix hors de prix, des auteurs à la mode, un concept pompé sur Alan Moore. Heu… BEFORE WATCHMEN le retour ???
Mais d’un autre côté, dans les BEFORE WATCHMEN, ben y avait les MINUTEMEN de Darwyn Cooke, quoi ! Un chef d’oeuvre !
L’idée, en ce qui me concerne, était donc d’attendre.
Des BEFORE WATCHMEN, je ne me suis pris que les MINUTEMEN. De BOMD, je ne prendrais peut-être que le RIDDLER, du coup…
On verra. Je le testerai peut-être en médiathèque.
Merci, en tout cas, pour le tour de manège dans le vieux parc d’attractions de Gotham…
PS : Cette semaine manque quand même cruellement de BO… 👎
Ah ah! Mais quel plaisir de te lire chez le célèbre Bruce mon cher Thomas!
Surpris que vous ne vous êtes pas connu plus tôt ?!
En tout cas, toujours un plaisir de te lire et là, tu suscite ma curiosité !
Le parallèle avec Dini que mentionne JB, je n’y aurait pas pensé !
J’ai tellement aimé cette version de Dini présente Batman.
Là, j’avoue que je n’étais pas plus attiré que ça mais ta présentation m’encourage et m’intrigue en même temps!
King ?! Ouah ! Je ne sais pas, j’ai envie de découvrir et j’appréhende sa vision !
Freezer me botte bien et pour le coup pourquoi pas Clayface!
En tout cas, une explication très détaillée comme à ton habitude et à très vite, tu sais où cher ami!
J’ai capitulé et pris le Riddler par King et Gerads. Comme d’habitude j’ai beaucoup aimé le duo sur le travail accompli et c’est clairement une très bonne lecture. King fait écho au concept de base et également aux runs précédents, mais cela reste un peu comme un elseworld j’ai l’impression.
Car
SPOILER (sérieux ne lisez pas si vous voulez la lire)
J’avoue ne pas avoir été totalement convaincu par l’enchaînement des événements. La scène qui me sort de l’histoire, c’est celle où les flics s’entre-tuent parce que le Sphinx sait tout d’eux. C’est un peu exagéré comme réaction je trouve. Même si c’est un peu nécessaire pour la suite de l’histoire, si j’ai bien compris la fin, Batou élimine définitivement son ennemi, ce qui voudrait dire que King a compris Killing Joke comme Morrison (notez bien que avant cette semaine, je n’avais jamais entendu parler de cette théorie sur Killing Joke). Autre point faible : même chez les criminels, personne n’ose affronter le Sphinx, ce qui me semble ridicule. J’ai donc bien aimé mais je suis tout de même mitigé sur le scénario lui-même. Ou alors je n’ai pas compris un truc, quelque chose m’a échappé.
L’article est très bien écrit. Même si certains de nos avis divergent.
One Bad Day a fait un petit buzz, mais le contenu n’était pas à l’honneur, sur ça on est d’accord. J’ai largement préféré l’initiative d’Urban de l’an passé avec les Batman Arkham et Batman Mythology. Je ne retient que le tome sur le Sphynx.
Je suis assez d’accord avec vous sur la médiocrité des One Bad Day, mais je ne suis pas tout a fait de votre avis sur certains points:
* Le run de Mariko Tamaki sur Detective Comics est loin, très loin d’être « pas terrible ».
* Celui sur Catwoman est mieux que ce que vous en dites.
* Dire que DCeased était inspiré et original, ça pique.
* Je peine à voir ce qui rend le Gueule d’Argile si bien selon vous.