WATCHMEN par Alan Moore et Dave Gibbons
Première publication le 22/08/14. Mise à jour le 23/08/22
Un dossier de PRESENCE et TORNADO
VO : DC
VF : Zenda, Delcourt, Panini, Urban
Lorsque l’éditeur VF Urban Comics a repris le catalogue de l’éditeur US DC Comics, la première œuvre qu’il a publié sous son label a été Watchmen. Evidemment, c’était une sacrée note d’intention puisque, ce faisant, il commençait par ce qu’il est coutume de nommer aujourd’hui rien de moins que le « plus grand comic book de l’Histoire »…
L’article qui suit a été écrit à quatre mains. Nous allons tout d’abord rentrer dans le vif du sujet… C’est-à-dire celui du livre lui-même ! Douze points de vue, douze tableaux. Soit autant de chapitres que Watchmen ! Puis, afin de boucler la boucle sur cette fameuse « Histoire du comic book », nous reviendrons longuement sur la place du chef d’œuvre d’Alan Moore au sein de son medium…
WATCHMEN par PRESENCE
1. Sortie initialement en 1986, Watchmen est une bande dessinée au potentiel de relecture infini. Il y’ a toujours un détail pour reparaître. Ainsi, dès la page 1 on aperçoit un camion de Pyramid Deliveries qui va sûrement livrer l’un des derniers composants pour le dénouement final.
2. Watchmen, c’est une bande dessinée policière qui commence par un crime et qui déroule l’enquête de manière ludique et intelligente adapté à ce média visuel. Le Comedian, un ex-superhéros, a été assassiné. Ses anciens compagnons se mettent à la recherche du coupable.
3. Watchmen, c’est une rigueur graphique exceptionnelle. Dave Gibbons réussit à mettre toutes les informations exigées par le scénario dans chaque dessin, sans aucune impression de surcharge visuelle. Il a retenu une trame rigoureuse de 9 cases par page, avec quelques variations qui consistent à fusionner 2 ou 3 cases entre elles. Les dessins sont entièrement au service de l’histoire.
4. Watchmen, c’est une structure narrative complexe qui donne l’impression au lecteur d’être intelligent. Moore et Gibbons enchevêtrent l’enquête principale avec des pages de textes illustrées en fin de chacun des 11 premiers chapitres, et avec une bande dessinée dans la bande dessinée.
Cette histoire semble dans un premier temps s’appliquer au coupable et condamner ses actions (comme un signe annonciateur du jugement de valeur final du Docteur Manhattan), et comme un clin d’oeil ironique au choix du prochain sujet de la feuille de choux d’extrême droite.
5. Watchmen, c’est un point de vue philosophique sur le sens de l’histoire et la perception de la réalité. À un deuxième niveau, l’histoire du Black Freighter indique que la compréhension et l’interprétation de la réalité dépend de la personne qui la contemple ; chaque individu est limité dans sa capacité à appréhender le monde qui l’entoure.
De la même manière, chacune de nos actions est asservie à notre capacité à comprendre ce qui nous entoure. Et ce développement de l’histoire renvoie à ces moments où les personnages changent de vision sur le monde qui les entoure en contemplant les actions du Comedian. Edward Blake est celui qui dispose de la vision la plus claire du monde qui l’entoure, mais c’est aussi celui qui est le plus incapable d’agir parce que cette absence d’illusions le prive de motivation.
6. Watchmen, c’est une uchronie dans laquelle l’existence d’un seul homme doté de pouvoirs extraordinaires a bouleversé le rapport des pouvoirs des nations. La défense stratégique des États-Unis repose sur ses épaules. Richard Nixon est toujours au pouvoir. Mais la tension monte entre l’Ouest et l’Est et une guerre semble inéluctable et imminente.
7. Watchmen, c’est une analyse psychologique pénétrante et sophistiquée de chacun des principaux personnages. Après le décès du Comedian, chacun se remémore à tour de rôle une de ses rencontres avec lui. Mais il s’avère que ces scènes ne servent pas tant à honorer la mémoire du défunt qu’à mesurer son impact sur chacun des narrateurs et sur l’orientation qu’il va donner à sa vie.
8. Watchmen, c’est un univers visuel d’une rigueur et d’une cohérence parfaites. Dave Gibbons et Alan Moore ont travaillé pour rendre chaque élément visuel significatif : les graffiti sur les murs, la récurrence symbolique du smiley taché, les voitures électriques, les logos des entreprises, les affiches publicitaires, jusqu’au design des chaussures portées.
9. Watchmen, c’est des séquences narratives d’une force et d’une intelligence inouïes. Le chapitre consacré à Rorshach est bâti autour de la symétrie du masque. La première page répond à la dernière, la seconde à l’avant dernière, etc.
Dans le chapitre 9, Moore et Gibbons réussissent un tour de force exceptionnel : ils arrivent à faire partager au lecteur le point de vue d’un personnage qui a une perception globale du temps et non linéaire. Et le résultat est convaincant. Cette séquence sur Mars vaut à elle seule 5 étoiles (et même plus).
10. Watchmen, c’est une bande dessinée qui s’est élevée au dessus de son origine (comics de superhéros) pour atteindre le niveau de chef d’oeuvre auquel on ne pourrait reprocher que la place réduite des femmes. Le lecteur fait connaissance avec des personnages singuliers dans le cadre d’une trame policière classique qui sert à interroger les désirs et les motivations de chacun, ainsi que le sens de l’Histoire, tout en possédant une hauteur teneur en divertissement.
11. Watchmen, c’est une déconstruction exemplaire des conventions du récit de genre « superhéros ». À l’instar des philosophes du 20ème siècle, Alan Moore fait apparaître les postulats acceptés sans question et les contradictions internes (concernant les récits de superhéros), tout en proposant une alternative. Il pointe du doigt les conventions et stéréotypes du genre : problèmes réglés à coups de poing, puissance physique masculine prédominante, loi du plus fort, suprématie d’une vision du monde paternaliste et hétérosexuelle.
Un par un, les superhéros sont confrontés à leurs limites, à l’inadéquation de leur mode d’action. Le cynisme du Comédien ne lui apporte ni bonheur ni paix de l’âme et le conduit à vivre en marge de la société. L’intransigeance de Rorshach l’accule dans une impasse existentielle, au sens propre.
Le docteur Manhattan se débarrasse de toute responsabilité en devenant un esprit analytique retiré de l’humanité. Ozymandias a peut-être gagné une bataille, mais pas la guerre. Seul le Hibou semble avoir un avenir, or c’est le seul qui a renoncé à ses modes opératoires de superhéros.
L’idéal héroïque classique est incarné par des individus au système de valeurs sujet à caution, imposant leur volonté par la force, solitaires au point de se couper des individus qu’ils défendent. Le pire représentant de cette engeance est Edward Blake, homme d’action sans remords, ayant abattu une femme enceinte de sang froid, et violeur. Moore condamne sans appel ni ambiguïté cet individu viril, macho et violent. Son cynisme l’a empêché de construire quoi que ce soit, l’a séparé de tous ses compagnons et ne l’a sauvé de rien.
À l’opposé d’Edward Blake, il y a l’étrange tandem de Sally et Laurie Juspeczyk, la mère et la fille. La première est alcoolique et toujours sous le charme de son violeur, la deuxième boit, fume, tabasse et vomit, sans oublier ses relations sexuelles de femme libérée.
Pourtant, ce personnage débarrassé des atours romantiques et romanesques de la gente féminine incarne l’alternative intelligente et pertinente au patriarcat. Alan Moore a choisi de construire un personnage complexe, avec des défauts très humains, comme modèle à suivre et il s’agit d’une femme. De la même manière, Moore refuse le simplisme dans la description de la minorité sexuelle lesbienne. Joey et Aline sont également débarrassées des clichés romantiques, dépourvues d’idéalisation, dépeinte sans sensationnalisme ni voyeurisme. L’auteur ne remplace pas un idéal parfait (l’homme viril et puissant), par un autre.
Il montre la réalité dans sa complexité et son pluralisme. Il s’inscrit dans le courant philosophique du postmodernisme (ou philosophie postmoderne, concept différent de celui de postmodernisme artistique). Il fait sienne la remise en question d’une vision universaliste de la réalité, pour mettre en scène une conception pluraliste de la réalité.
Moore montre des personnages agissant suivant leurs convictions, issues de leur compréhension incomplète de la réalité (ce qui est le lot de chaque être humain). Au lieu d’imposer une vision unique supplantant les autres, son récit sous-entend que la condition humaine doit s’accommoder de cette pluralité, de cette absence de vision unique et absolue.
Les dessins très descriptifs et un peu uniformisés de Dave Gibbons renforcent cette idée, en mettant chaque individu sur le même plan, avec un traitement graphique similaire, sans favoriser un personnage ou un autre, sans qu’un point de vue ne bénéficie d’une esthétique plus favorable.
12. Watchmen, c’est un héritage impossible à porter pour l’industrie des comics de superhéros. Les maisons d’éditions Marvel et DC ont souhaité tirer les bénéfices de Watchmen et de Dark knight returns, en réitérant les éléments qui ont fait leur succès. Il s’en est suivi une vague de récits plus noirs, avec des superhéros plus névrosés, plus désespérés, et souvent plus sadiques dans leur violence.
Dans le pire des cas, les auteurs maisons (et les lecteurs) ont vu en Rorschach le vrai héros de Watchmen, l’individu qui n’a pas eu de chance à la naissance, et qui applique une justice expéditive et sadique. Dans Watchmen, Walter Korvachs n’a rien d’un modèle à suivre. Il exécute froidement, blesse et handicape à vie ses opposants. Il vit une vie malheureuse et misérable. Son intransigeance le conduit à une forme de suicide, par un tiers. Au mieux, les suiveurs ont vu dans le Comédien une forme de nihilisme adulte et conscient. À nouveau, Edward Blake est une ordure de la pire espèce, violeur sans repentir (il n’hésite pas à revenir auprès de Sally Juspeczyk), meurtrier d’une femme enceinte sans défense.
Depuis sa parution en 1986/1987, l’œuvre de Moore et Gibbons a inspiré nombre de créateurs qui n’y ont vu que cynisme et violence, passant à côté de la ligne directrice qu’est la philosophie postmoderne. Watchmen n’est pas l’histoire de cinq ou six superhéros confronté à un niveau de réalité dans lequel les affrontements physiques ne résolvent rien. C’est la déconstruction d’un genre, et la proposition d’une nouvelle façon de regarder le monde.
L’HERITAGE DE WATCHMEN par TORNADO
A présent que mon ami Présence nous a exposé ce qui faisait la richesse de ce monument de la littérature moderne, j’ai envie de revenir un peu à la source… L’univers des super-héros n’est pas, contrairement à ce que l’opinion publique voudrait le faire croire, l’apanage des niais et des geeks régressifs. Pas du tout.
Des personnages comme Superman ou Captain America ont évolué et sont loin d’être ridicules, creux, infantiles ou je ne sais quel autre sobriquet. Oui, le super-héros l’était au commencement, en 1938 (avec le personnage de Superman, justement), tout au moins dans la forme et l’est resté longtemps. Il faut dire qu’il fut créé par deux adolescents à une époque où tout était à faire (Jerry Siegel et Joe Shuster ont 18 ans lorsqu’ils imaginent le personnage de Superman).
Oui, l’univers des super-héros demeurera pendant plusieurs décennies un créneau pour les plus jeunes. Il faut avouer que jusque dans les années 80, il est soumis à un code rigoureux qui ne le destine pas vraiment aux adultes. Pourtant, les auteurs de comics y travaillent : Stan Lee apporte beaucoup de fond à ses créations (des préoccupations existentielles, une parabole sur le racisme, un développement mythologique…).
D’autres le suivent et insufflent un discours politique à leurs histoires (Steve Englehart fait écho au scandale du Watergate avec la série Captain America). A l’époque, quelques comics proposent parallèlement des histoires horrifiques destinées à des lecteurs avertis et entérinent le fait que les super-héros sont réservés aux enfants.
C’est vrai, la culture « geek » va naitre de ce goût prononcé pour les fascinations régressives de l’enfance: le fantastique, la science fiction, les mondes merveilleux, les monstres, les surhommes. Mais au fait, tout ces concepts n’étaient-ils pas déjà présents dans les mythologies anciennes, si prisées par les amateurs de culture générale ? Si je ne me trompe, les philosophes et les psychanalystes n’ont-ils pas montré dès le départ un intérêt appuyé pour ces notions ?
Néanmoins, certains de ces jeunes lecteurs vont grandir en étant nourris de cette contre-culture, jusqu’à devenir auteurs eux-mêmes. C’est ainsi qu’à l’aube des années 80, des scénaristes et/ou dessinateurs comme Frank Miller ou Alan Moore commencent à s’imposer. Et c’est le choc. Le super-héros devient adulte, complexe, tourmenté, sombre, ambivalent. Et toute une génération de se reconnaitre à travers une flopée d’œuvres fédératrices.
A l’arrivée, des personnages comme Superman et Captain America, au départ incontestablement ridicules et propagandistes avec leur costume calqué sur le drapeau américain et leurs valeurs simplistes bourrées de stéréotypes et de bonne morale (quoique la première mouture de Superman, si j’en crois les anecdotes, était bien plus complexe), sont devenus des modèles de support critique.
Et tout ça sans leur enlever leur substance originelle de héros mythologiques. Comme quoi, malgré leur naïveté, ils possédaient dès le départ les racines de leur future rédemption artistique !
De nos jours, à travers des scénaristes comme Grant Morrison, Ed Brubaker, Warren Ellis, Garth Ennis, Paul Jenkins, Mark Millar et bien d’autres encore, ils brillent à la lumière d’une ère postmoderne, où les acquis du passé nourrissent l’œuvre gorgée de sens d’auteurs en accord avec leur temps.
Sur un mode dépressif, contrecoup de la gentille innocence du passé, ces archétypes héroïques s’interrogent désormais sur leur place dans le monde, font des erreurs, les assument, se questionnent sur leurs choix, sur la responsabilité qu’implique leur pouvoir, sur leur époque et les valeurs dans lesquelles ils ont été éduqués, sur les répercutions des décisions politiques, etc.
Aujourd’hui, alors que la richesse de cet univers culturel n’est plus à prouver, le monde des bien-pensants continue toujours à le regarder d’un œil condescendant.
Ce monde n’a-t-il toujours pas compris que les comics se sont émancipés depuis trente ans ? N’a-t-il pas remarqué que certains de leurs auteurs se sont élevés au rang des plus importants de nos sociétés, tout médium confondu ? Ne voit-il pas qu’ils utilisent les super-héros pour proposer la métaphore politique, scientifique et historique qu’ils leur permettent de développer, tout en avançant une réflexion aigue sur le progrès et les dangers de la science, sur les aléas de nos sociétés, sur le culte de la religion et de l’argent, sur la notion de différence, sur le racisme, sur le rapport à la mort, sur les limites du bien et du mal inhérentes à chacun, et que l’on appelle ambivalence de l’âme humaine ?
En bref, moult digressions sur la condition de l’homme que l’on accorde volontiers à la littérature, au cinéma, aux arts plastiques, à la chanson et au théâtre, à la rigueur aux bandes dessinées pour adulte d’Enki Bilal ou d’Art Spiegelman… Mais toujours pas aux comics. Ni aux mangas d’ailleurs ! Je veux croire que ça viendra. Alan Moore avec son chef d’œuvre qu’est Watchmen n’a-t-il pas suffisamment élevé le débat pour qu’il n’en soit pas ainsi ?
N’a-t-il pas démontré que l’on pouvait allier le fond de l’histoire avec sa forme graphique à un tel niveau d’exigence que le médium du comic book permettait le plus haut degré de matière philosophique ? N’a-t-il pas prouvé que, justement, les comics sont devenus un prisme culturel unique et irremplaçable, à l’intérieur duquel se rejoignent à la fois des créations mythologiques aussi riches que celles de l’antiquité, une identité culturelle et une propension au discours universel exceptionnels, ainsi qu’un outil formel d’une richesse inépuisable ? N’a-t-il pas justifié que lorsque le tout se lie avec osmose en une œuvre conceptuelle où la forme et le fond ne sont pas dissociables en une œuvre humaniste qui élève le débat, c’est bien d’art majeur dont il s’agit, n’en déplaise à certains ?
Attention, ne croyons pas que c’est le cas de tout ce qui se trouve sur le marché. Le monde des comics étant majoritairement commercial (au même titre que celui des autres médiums que sont le cinéma, la littérature et la musique), il abonde de créations ineptes. Mais pour le connaisseur, il regorge de trésors. Watchmen est assurément, avec Batman : The Dark Knight Returns, The Sentry et encore beaucoup d’autres, un de ces trésors culturels, au sens MAJEUR du terme.
Il y a quelques années, ce médium s’est tellement émancipé que la maison d’éditions DC Comics a créé le label Vertigo, permettant à des auteurs confirmés de développer leurs propres créations. Alan Moore, avec des œuvres comme Saga of Swamp Thing (pourtant une série mainstream qu’il a « juste » relancée) et V pour Vendetta, y fait figure de père spirituel !
En ce qui concerne cet auteur majeur, fréquemment qualifié de génie (!), il aura posé les germes de sa révolution artistique avec des créations originales purement européennes (Les inédits d’Alan Moore), puisqu’il est anglais, avant de plonger au cœur de l’industrie super-héroïque avec Miracleman.
Il poursuivra ce parcours avec nombre d’œuvres majeures, réalisées aux USA. En plus de celles citées ci-dessus, on pourra retenir, en ce qui concerne les super-héros, Batman : The Killing Joke, les séries Top 10, Tom Strong, Promethea, Supreme et La ligue des gentlemen extraordinaires. Pour l’essentiel… Puis, de retour en Angleterre, il abandonnera les super-héros pour un temps afin de se consacrer à une œuvre monumentale sur la légende de Jack l’éventreur : From Hell.
Ce pavé d’une densité inégalée terminera d’élever le comic book au rang de création littéraire majeure et poursuivra la thématique développée dans Watchmen, Moore se servant de sa fiction pour développer une magnifique parabole sur la notion de contexte qui permet de redéfinir, selon les événements, l’époque et la géographie, notre perception de l’espace/temps…
Aujourd’hui, lorsque certaines personnes passent près de moi alors que je suis entrain de lire un comic book avec des super-héros, je me surprends encore à penser : Il doit se dire que je suis un ado attardé. Ce ne serait pas si dérangeant si l’on pensait que les comics étaient, comme en littérature, l’occasion de passer du Seigneur Des Anneaux à Marcel Proust, ou comme au cinéma où l’on pourrait regarder un Star Wars un soir, et un Woody Allen le lendemain.
Mais il n’y a malheureusement pas cette idée d’éclectisme en ce qui concerne l’univers des comics ! De 1938 à 1986 (date de la sortie de Watchmen), il se sera tout de même écoulé près de 50 ans au cours desquels les comics étaient essentiellement destinés aux seuls adolescents. Une longue période visiblement difficile à effacer de l’inconscient collectif…
2009 (presque vingt-cinq ans après la sortie de Watchmen), le réalisateur Zack Snyder en proposera l’adaptation cinématographique officielle. Un projet de très longue haleine, un « developpement-hell » comme disent nos amis américains, qui aura mis à genoux toute une suite de cinéastes prestigieux (Terry Gilliam en tête), qui se seront cassés les dents sur une entreprise démesurée, longtemps jugée impossible, basée sur un matériel littéraire et graphique à priori inadaptable.
De manière surprenante, Snyder réussira son pari en concevant une adaptation d’une fidélité remarquable, propulsant Watchmen – le film au rang des adaptations issues d’un comic book parmi les plus fidèles de l’histoire de son medium.
Paradoxalement, cette transposition cinématographique déplaira aux fans puristes et aux admirateurs les plus acharnés du comic book originel, qui lui reprocheront divers parti-pris artistiques et scénaristiques. Et pourtant, Zack Snyder avait réussi à apporter une pierre à l’édifice du patrimoine geek en sortant de son marasme l’univers du comic book, qui côtoyait soudain le noble 7° art et semblait franchir les frontières ! Toute une génération s’accaparait ainsi le « graphic novel » de Moore & Gibbons, sans pour autant faire partie, au départ, des lecteurs de comics.
Le serpent se mordrait-il la queue ? A force d’être boudés par l’intelligentsia, les lecteurs en question seraient-ils devenus allergiques à toute forme de reconnaissance multimédia ? Vaste débat, qui entérine de ce fait la propension des comics à déchaîner les passions !
Bravo pour cet excellentissime article, qui prouve une fois de plus qu’il y a toujours quelque chose à dire sur le monument qu’est Watchmen !
Pour rajouter ma pierre à l’édifice de la tentative de viol : ce qui m’a frappé tout autant que l’horreur dégagée par toute la séquence mise en avant dans l’article dans laquelle on voit Blake mettre à mal Sally, c’est la froideur des propos du Houded Justice à l’égard de la pauvre femme. Le Houded Justice, voilà un des personnages les plus énigmatiques de l’oeuvre, rien que pour en savoir plus sur lui j’aurais aimé lire la maxi-série que Moore voulait faire sur les Minetmen, même si toute la force du personnage repose dans le mystère qui l’entoure. Comment interpréter ses propos à l’égard de la femme abusé ? Lui dit-il cela car, à l’image de Rorshach, c’est un « inadapté social » qui ne sait pas comment interagir avec les autres humains ? Est-on dans l’optique de la femme qui est toujours un peu coupable, qui « l’a un peu cherché » ?
Je pencherais bien pour la dernière hypothèse. Watchmen est aussi une forme de condamnation du patriarcat, de la virilité et de la domination masculine. Hooded Justice est un superhéros comme les autres : il impose son point de vue par la force physique. Dans cette scène, Alan Moore (et Dave Gibbons) fait en sorte que le lecteur soit offusqué par la réaction de Hooded Justice, dépourvue de toute empathie pour la victime.
La phrase « Cover yourself. » semble sous-entendre que Sally a provoqué Edward Blake par son costume trop près du corps.
A ma grande honte, je n’ai pas relu Watchmen depuis presque une décennie, il faudrait vraiment que je m’y repenche… Que pensez-vous du Watching the Watchmen publié par Panini il y a quelques années ? Le bouquin vaut-il le coup ? La traduction a-t-elle été réussie ?
Fantastique. C’est le premier mot qui me vient après avoir lu ce mini-dossier.
Je suis donc de retour de vacances (je n’étais non loin de chez Nicolas, je crois, mais je n’ai pas réussi à le reconnaître ou le croiser, forcément…) et ai un retard énorme sur les dernières notes et tous les commentaires.
Première chose : j’aime beaucoup le fil à droite avec les derniers commentaires ! Bonne idée.
Ensuite, je commence la reprise avec ce dossier car Watchmen a partiellement forgé ma vie et marqué pour toujours. Je n’ai pas encore lu vos nombreux commentaires, je veux réagir à chaud.
Sur la première partie, je suis admiratif de l’analyse et de l’agencement de Présence dans les idées. Car rien ne manque, et le recul sur l’oeuvre est énorme. C’est sans doute ce que j’ai lu de plus intelligent et de concis sur cette bd. J’aime énormément le fait que tu conclues sur l’incompréhension des lecteurs quant aux personnages les plus aimés de cette série : Le Comédien et Rorschach. A l’époque, je les ai trouvés évidemment sexy et charismatiques, tout simplement car j’étais un adolescent et cherchais des modèles. Mais ils étaient impossibles à suivre car immoraux, violents, désespérés. Ils restent admirables, mais leurs défauts prouvent que les gens admirables ne sont pas des exemples à suivre. Et comme toujours, les scans sont parfaits et illustrent magnifiquement le propos. Difficile de faire autrement avec des bds, non ? Enfin, si, mais en moins pertinent, au final.
Sur la seconde, je suis admiratif de l’historique de Tornado et de sa perspective sur l’univers du comics (et de la bd en général, au final). De la même façon, les scans sont encore bienvenus, voire même nécessaires ici ! Je dois vous dire que j’ai enfin lu le tome 2 de Daredevil par Miller et Janson, les épisodes 173 à 184, soient de août 1981 à juillet 1982. Et c’est là que réside la révolution, ça va bien plus loin que le tome précédent. Là que Miller acquière son style graphique presque définitif, que les histoires sont palpitantes et adultes, où les combats d’avocats à la Cour sont aussi importants que ceux de la rue, que les personnages sont tous psychologiquement recherchés, que les super-pouvoirs n’existent (presque) pas, que le méchant est un mafieux difficile à cerner. C’est, comme ce dossier, fantastique.
J’y travaille ! En ce qui concerne Hooded Justice, la bd dit bien qu’il ait gay, donc s’il n’a pas d’empathie avec Sally, c’est parce qu’il ne sait pas du tout y faire avec les femmes, apparemment… Ce qui est un peu idiot, ce n’est pas parce qu’il est gay qu’il ne pourrait pas (les clichés disent même souvent le contraire).
Pour l’édition, la dernière par Urban a l’air pas mal, ils ont retravaillé la traduction de Manchette. Personnellement, je pense que je ne pourrai jamais passer celle de Manchette, ma seule amternative serait de la lire en VO, chose que je n’ai jamais faite de peur de rester sur le bord (ce qui est idiot étant donné que je la connais par coeur).
D’ailleurs j’ai oublié de dire que Présence a raison lorsqu’il parle du potentiel de relecture infini. C’est le cas, cela peut se relire des dizaines de fois, ou juste relire des parties. En ce qui concerne la suspension de crédulité, Présence fait référence à un concept important (j’en ai entendu parler il n’y a que quelques années) et qui résume bien le fait que cela reste pour adultes malgré tout. Manticore, il faudrait que tu donnes ta définition d’adulte, car dans ta phrase, il semble que cela se rapporte plus à quelque chose où les histoires sont des histoires d’adulte, avec des problèmes, un boulot etc… Or je crois que c’est le cas ici, et que ce n’est pas du tout infantile ou pour les enfants. Ma femme lit des romans pour adultes qui me semblent pourtant bien moins intéressants et singent souvent le même format, le même style facile à lire.
Un débat lancé un jour dans Comic Box : Pour apprécier Watchmen, ne faudrait il pas lire un chapitre par mois ?
Aucune idée… Je l’ai lu sur une période de deux ou trois mois, car je devais attendre que ma mère m’amène à la Fnac (à une vingtaine de km de chez moi) pour pouvoir m’acheter chaque tome, et on ne pouvait y aller que le samedi. De plus, j’ai dû le lire dans le désordre, le tome 3 étant soudainement indisponible. Je me souviens bien que j’ai lu les deux premiers tomes (soit les quatre premiers chapitres) en une soirée.
Cette remarque renvoie à la lecture d’une série comme Capricorne. Du fait de références croisées d’un tome à l’autre (ou d’un numéro à l’autre), à des dizaines de pages d’intervalle, il faut faire un effort de mémorisation significative pour se souvenir de tout et établir les liens entre différents chapitres.
Pour avoir lu Watchmen au fur et à mesure de la sortie des épisodes (avec un rythme plus tout à fait mensuel à la fin, mais plus long), j’ai lu plus de fois les premiers épisodes que les derniers.
Aujourd’hui, je sais que je ne suis pas capable du degré d’attention nécessaire pour pouvoir lire Watchmen d’une traite. De fait, chacune de mes relectures est fractionnée, mais pas à l’échelle de 12 mois (1 épisode par mois).
Merci pour le compliment. J’ai lu Watchmen à sa sortie, et de nombreux articles critiques sur ce récit depuis, ce qui m’a aidé à avancer dans ma compréhension du récit, à découvrir de nombreux éléments qui m’avaient échapper, etc. Ce commentaire s’est donc nourri à la source de nombreux autres.
Il faudra d’ailleurs que je fasse des recherches sur les parties philosophiques que tu énonces, car ils ont des définitions floues pour ma part, même si je comprends de loin ce que tu y dis.
J’ai commandé le dernier tome de DD par Miller et Janson tellement j’ai été bluffé. L’interview finale m’a pris pas mal de temps de lecture aussi, un peu compliquée par fois (l’anglais…). Ah et j’en suis à la moitié de L’Eglise et l’Etat tome 1 de Cerebus, c’est fantastique aussi. J’ai par contre bien peur que rien ne soit sorti depuis, si je dois me mettre à Cerebus en VO, je suis pas sorti de l’auberge…
A ma connaissance, il n’y a pas eu d’autres tomes de Cerebus traduit en français.
Depuis Dave Sim (l’auteur) a dû se lancer dans un énorme chantier de numérisation des planches, puisque les impressions précédentes étaient faites à partir de négatifs, or les imprimeurs sont tous passés au tout numérique. Le scan des planches et le nettoyage numérique requiert beaucoup de temps et d’argent. C’est la raison pour laquelle certains tomes ne sont pas disponibles pour le moment.
@Jyrille : Moore est quand même assez fin pour ne pas vouloir faire penser que le Hooded Justice est incapable d’empathie pour Sally car il est gay, mais plutôt parce qu’il est un inadapté social, un état qui par contre découle peut-être d’un malaise du à sa probable homosexualité dans cette bien moins tolérante qu’aujourd’hui (même si beaucoup de chemin reste encore à faire malheureusement…). La mentalité des années 40 à l’égard de l’homosexualité est d’ailleurs abordé de plein fouet par le sort de l’héroïne lesbienne et de sa copine. Quelque part, on peut dire que Watchmen est un peu « gay friendly » comme oeuvre je pense, par cette dénonciation de la haine de l’autre passant à travers ces deux exemples.
@Marti : Moore est totalement Gay Friendly à mes yeux : Watchmen donc, mais aussi V for Vendetta, Top 10 dissertent longuement sur l’homosexualité.
En 1983, Alan Moore a autoédité (son label Mad Love) un recueil de courtes bandes dessinées appelé AARGH : Artists Against Rampant Homophobia (un titre on ne peut plus explicite quant à sa position sur l’homophobie).
http://www.momentofmoore.com/post/10502683027/pulpit-poofs-can-stay-aargh-1988-artist-dave
Dans cette anthologie, il a écrit une histoire intitulée « The mirror of love », dessinée par Steve Bissette et Rick Veitch. Cette histoire a fait l’objet d’une deuxième version illustrée par José Villarubia.
Ce n’est pas tant qu’il soit plus « Gay-Friendly » qu’un autre -il est Britannique, comme aurait dit Édith !-, mais c’est aussi -surtout !- qu’il s’attache à raconter la « réalité » de ses personnages : le Hooded Justice, dont on pourrait croire que son orientation sexuelle est la seule particularité originale, est avant tout (et surtout) un macho. C’est là que se situe la raison de sa brutalité verbale envers Silk Spectre. Ce n’est pas de l’indifférence, c’est de l’hostilité instinctive : l’exhibition permanente de sa féminité, fortement sexualisée par son costume, l’agresse.
Je ne vois pas où est la contradiction entre comics fun et réflexion. Néanmoins, étant donné le caractère de série ouverte de la grosse partie de la littérature de super-héros, entrer dans le réalisme pour ce qui est au départ du fantastique peu fouillé est une contradiction, qui devient de plus en plus difficile à maintenir.
Quant au caractère adulte des comics, je crains bien qu’il ne soit qu’un accident. Au départ, le comic book de super-héros est au mieux tout public, au plus courant pour les enfants. Dans les années 60, Marvel rend le sujet un peu plus complexe, et grandit avec son lectorat, grosso modo, se fixant sur un lectorat de grands teenagers. À qqs exceptions près, le passage à des comics adultes a plus été une question de violence et de langage plus explicites que de profondes réflexions sur la condition humaine.
Et de nos jours, je vois plus de scénaristes qui ont envie d’écrire du soap ou des polars que du super-héros. Quand Hickman fait des histoires qui durent trois ou quatre ans de préparatifs complexes, il ne rend guère un boulot adulte, sinon par la durée d’attention qu’il exige de son lecteur pour suivre à peu près où il veut en venir. Mais le contenu est bien souvent plus proche de « Doc » Smith (space op des années 30) que d’une science fiction véritablement adulte.
Pour des bédés à visées un peu plus adultes, je vais chercher dans l’indépendant. Des super-héros de Marvel et DC, j’aimerais avoir du fun bien ficelé, pas des engueulades interminables entre héros qui ont quasiment évacué tout besoin d’un super-vilain et d’une intrigue. Voir All-New X-Men qui tient depuis trois ans sur des crises de nerfs entre diverses générations de X-Men qui ne savent toujours pas quoi faire.
Mais bon, ce sont mes préférences, hein…
@Mantichore – Voilà une opinion que je partage presqu’entièrement. Je n’attends pas la même chose d’une série de superhéros et d’une série indépendante. Je garde quand même à l’esprit le bon mot de Kurt Busiek (repris par Neil Gaiman) qui disait que les superhéros ne sont pas un genre mais un medium qui permet d’aborder tous les thèmes imaginables (pour évoquer l’ouverture d’esprit de la série Astro City).
J’ai beaucoup aimé ta réflexion sur les X-Men de Bendis, en particulier le constat de superhéros qui ont évacué tout besoin d’un supervilain, et de personnages qui ne savent pas quoi faire.
Tout à fait d’accord ! C’est effectivement le cas depuis Civil War
Je pense exactement comme vous pour les super-vilains, sous Bendis les Vengeurs passaient plus de temps à se bastonner entre eux qu’à faire régner la justice. Il y a trois-quatre ans (vers la fin de l’ère Bendis je pense) j’avais eu une discussion avec un ami qui trouvait que les Vengeurs soient se déchiraient entre eux soit ne faisaient que réagir à une attaque de super-vilains qui les visaient, fini l’époque où ils allaient mettre des bâtons dans les roues de vilains qui braquaient une banque/terrorisaient une région/faisaient quelque chose de diabolique quelque part, hormis peut-être quand ça occupait les deux-trois pages d’ouverture pour introduire l’histoire avec un peu d’action !
@Jyrille : merci beaucoup de tes compliments et d’avoir pris le temps de lire l’article, n’hésite pas à laisser des commentaires dessus, ce sujet me paraît être un puits sans fond tant je me suis depuis rendu compte que j’étais complètement passé à côté de certaines choses, comme très honteusement d’oublier de faire un analogie Cable/Terminator (l’armoire à glace d’1m90 qui vient du futur avec un oeil qui luit et un bras métallique, si c’est pas flagrant !). En fait j’ai écrit le premier article et une partie du second (qui ne faisaient qu’un seul article à la base avant que je parte dans tous les sens) sur un peu plus d’un mois lorsque j’avais du temps libre entre mes préparations à l’oral d’un concours, c’était un bon exutoire… qui sollicitait quasiment autant d’attention et d’énergie que mes révisions, sauf que là j’y prenait du plaisir sans voir le temps passer !
Cette tendance à ne conserver que des superhéros dans les récits m’a sauté aux yeux avec Avengers versus X-Men : zéro supercriminel. Depuis quelques temps déjà, j’avais observé une tendance lourde au récit ne comprenant que des « super » (héros ou criminels), en occultant tout ce qui pouvait ressembler à un être humain normal. C’est encore plus criant quand on se replonge dans des récits des années 1970 de Steve Gerber. Il prenait toujours grand soin d’inclure au minimum un personnage normal qui serve d’ancre pour le lecteur.
Tralalère, c’est moi qui l’avait dit le premier ici :http://www.brucetringale.com/la-fin-de-house-of-m/ (point numero 2 )
Il n’y a pas de grand justiciers sans ennemis à leur (dé)mesure ; et créer un méchant qui tient la route, au niveau du caractère et des motivations, représente une importante part de la validité d’un concept, dans ce genre particulier, et pas des plus simple à élaborer. Je ne sais plus qui a dit ça -on un truc approchant- au sujet des Super-Héros ; mais, en ce qui concerne ces histoires uniquement construites autour d’affrontements entre « gentils », sans aucune intervention antagoniste, au niveau des valeurs, hé bien je pense qu’on peut, sans trop prendre de risques, en déduire facilement la qualité professionnelle des scénaristes aux manettes de ces bastons colorés…
Que dire sur Watchmen qui n’est pas été dit ?, peut être juste un souvenir, le souvenir de la claque magistrale que je me suis pris à sa lecture. Comme toute les œuvres majeures, c’est une lecture à plusieurs niveaux que l’on découvre et redécouvre en la relisant, évoluant avec l’âge de son lecteur.
Probablement le Citizen Kane d’Alan Moore, à une époque bénie où le monsieur n’était pas encore le »Alan Smithee » des comics.
Ok thanks
Je ne l’ai toujours pas dans ma collection. Je l’ai lu quand un pote me l’a prêté. Et maintenant il y a 30 éditions…(je sais qu’il faut éviter la version Coulomb de Panini mais à part ça, je ne m’y retrouvais pas trop. Je ne sais même plus quelle édition j’ai lu.)
Et je pense me lancer dans Before Watchmen. Pas tous les comics, mais au moins les Minutmen recommandé par Tornado, Ozymandias parce que Jae Lee^^, et peut être Silk Spectre pour Cooke au scénar et Amanda Conner aux dessins.
Les Azzarello, j’ai pas confiance^^ Je n’aime pas cet auteur.
Il y a du JMS aussi sur Dr Manhattan et Nite Owl. Mais je n’ai pas lu que du bon dessus.
Enfin je sais que pour certains c’est du blasphème de faire des préquels à ces comics, mais m’en fous, j’suis pas un grand puriste qui élève ce comics au rang de truc intouchable^^
Il FAUT lire les MINUTEMEN. C’est top et ça ne fait nullement ombrage à WATCHMEN en racontant simplement la genèse d’une équipe antérieure.
Oh moi je m’en fous que ça fasse « ombrage »
Je ne vénère pas l’œuvre^^
Tout ce qui peut me déranger c’est juste que…bah…ce ne soit pas terrible.
Hum…le Dr Manhattan de JMS est quand même illustré par Adam Hughes. Y’a moyen que ce soit la classe.
Apparemment ceux qu’il faut éviter, ça semble être les Azzarello. Notre camarade Romain B semble les trouver honteux^^
Le Hiboux de JMS l’a pas mal déçu aussi. Le Dr Manhanttan il dit que ça semble bien compliqué en mode mystico-scientifique mais que ça reste intéressant et que ça convient au personnage.
Je n’ai toujours pas lu !
Le travail de Gibbons, même si j’en comprends mieux le sens et l’intérêt en lisant l’article, m’a fait reposer les tomes à chaque fois qu’ils me sont passés dans les mains… Au delà de l’aspect purement (in)esthétique, c’est vraiment le découpage -que je sais maintenant, grâce à vous, n’être essentiellement formulé ainsi que pour accentuer la « mise à plat » de la réflexion des auteurs- qui m’a bloqué à l’achat. Un jour, peut-être…
Comme la plupart de ceux qui n’ont pas connu le Comic-Book avant, je me suis bien amusé avec le film, dont j’ai trouvé le rythme pépère en parfaite adéquation avec le sujet. Et j’ai bien aimé le casting, aussi ; Jeffrey Dean Morgan, of course, mais surtout Matthew Goode, franchement subtil et habité.
À l’instar de certains d’entre vous -si j’ai bien lu les commentaires ?!-, je suis d’accord pour dire que le niveau de lecture avec lequel on aborde les Comic-Books, qu’ils soient à visée adulte (?!) ou non, en détermine l’intérêt et la profondeur. Tout ce que j’ai lu de « qualité » au cours de mon existence peut s’appréhender à de multiples niveaux, toutes proportions gardées : ce sont les travaux d’adultes faits ; et quand (si…) ils en ont eu la possibilité, ils y ont mis assez d’eux mêmes pour qu’une grande partie de leur identité percole au travers des planches, et jusqu’à nos cervelles, faisant de « simples » produits de consommation courantes de véritables créations, à part entière. C’est entièrement une question de perception du médium et de ce qu’il implique en témoignant de la « vision » des auteurs.
Claremont vaut Miller, par exemple, l’un pêchant par romantisme, l’autre (malgré toute son opiniâtreté à représenter une version plus « crédible » de la réalité) par naïveté. Moore est, à mon avis, surtout à des kilomètres de tout le monde, intellectuellement parlant. Si il y a un côté manifestement adulte à son œuvre, c’est surtout là que ça se situe : je passe à côté de quatre-vingt pour cent de ses références, ne disposant que d’un bagage culturel très restreint. D’un point de vue simplement logique, un enfant n’aura aucun moyen d’assimiler la profondeur de ses récits -mais pourra parfaitement en apprécier la qualité intrinsèque de divertissement ; du moins, parmi ceux dont la première lecture est volontairement « légère ». Et ça, à mes yeux, c’est ZE qualité importante du bonhomme, étant donné le choix qu’il a fait d’exprimer sa grande créativité par le biais de ces publications-là.