PREY, un film de Dan Trachtenberg, écrit par Patrick Aison
Un article de DOOP O’MALLEYVF/VO : DISNEY + / HULU
1ère publication le 05/09/22 – MAJ le 27/12/22
Cet article parle du tout nouveau film de la franchise PREDATOR, à savoir PREY, produit directement pour les plateformes de Streaming par 20th Century Fox. Avec un grand merci à CYRILLE notre serial watcher pour sa relecture et ses encouragements !
Je n’attendais pas grand-chose de ce film. Parce que globalement, toutes les itérations de PREDATOR, film culte et encore très rigolo de John Mc Tiernan, sont au mieux médiocres. Nous avons eu une suite assez foirée, deux tentatives de reboot moches, un essai de crossover avec la franchise ALIEN (limite le meilleur de la liste) et récemment un film totalement débile de Shane Black (mais on ne peut rien attendre de bien de Shane Black depuis 10 ans, rappelez-vous de IRON MAN 3). De fait, voir débarquer sur Hulu (et en France sur Disney +) un nième film direct to streaming PREDATOR avec en plus les moyens moindres alloués à ce genre de projet, cela pouvait sentir la catastrophe. Et pourtant, contre toute attente, PREY relève haut la main le défi et réussit à devenir sans aucun problème le meilleur film de la franchise après, bien évidemment, l’original. Pour nuancer le propos, ce n’était pas non plus très difficile.
Nous sommes en 1719. Naru est une farouche comanche, qui voudrait, comme ses frères, partir à la chasse. Mais les membres de sa tribu préfèreraient la voir soigner ses semblables et faire la cuisine. Et ils n’ont pas tout à fait tort parce que Naru, en dépit de toute sa bonne volonté, n’est pas une très grande guerrière. Pour preuve, elle rate totalement sa première tentative de combat rituel contre un ours, la seule chose qui aurait pu la faire changer de statut vis-à-vis des hommes de son village. C’est alors qu’une mystérieuse créature débarque autour du campement et commence à dépecer des animaux. N’écoutant que son courage et seulement armée de son tomahawk un peu amélioré, Naru va se mettre en quête de cet ennemi inconnu bardé de technologie et d’armes surpuissantes. Si elle n’a pas les muscles de Schwarzenegger ou de ses frères comanches, elle va devoir utiliser son ingéniosité si elle veut surpasser la créature la plus intraitable de tout l’univers : un Predator !
Avec un tel résumé et l’ombre de Disney, on se dit que le scénario repose sur des bases vues depuis trop longtemps. Le sujet de l’émancipation féminine et du respect de la culture comanche pourrait faire lever quelques sourcils à pas mal d’entre nous mais la problématique « woke » n’a pas vraiment lieu d’être dans ce film. Ce n’est quand même pas la 1ère fois que l’on voit chez Disney une princesse essayer d’être l’égale de grands guerriers (Mulan, quelqu’un ?) ou un parcours initiatique. Certes, cet aspect rentre parfaitement dans l’air du temps, mais ce n’est pas le but premier de PREY. Nous sommes plutôt dans cette idée de vouloir confronter une jeune fille démunie à un ennemi. Et donc de vouloir rendre un hommage appuyé au 1er film, qui racontait, peu ou prou, la même chose. À savoir un face à face totalement déloyal dans une nature sauvage et dangereuse. Et c’est ce que Dan Trachtenberg, avec tous ces petits moyens, a réussi à faire.
Ce que j’ai bien aimé sur PREY, c’est que le film ne cherche pas à être autre chose qu’une très bonne série B. Il n’a pas d’ambition qui va au-delà du fait de respecter le cahier des charges de ce type de production. PREY reste à sa place et, tout comme son héroïne, Dan Trachtenberg va devoir développer des trésors d’ingéniosité pour pouvoir réussir sa mission avec les moyens qui sont à sa disposition. Attention, PREY n’est pas non plus un film fauché, mais disons que le film n’a pas les mêmes moyens qu’un long métrage prévu pour le cinéma. Il faut donc ruser et c’est à mon avis, ce que réussit parfaitement le film. Arriver à proposer un véritable hommage à la franchise Predator alors que tous les autres s’y sont cassé les dents. Et c’est ce qui est à l’origine, sans aucun doute, du succès critique de PREY.
Il y a énormément de savoir-faire dans PREY.
Ce qui frappe au tout début, c’est avant tout la beauté des images. Je ne sais pas où a été tourné le film, peut-être dans la forêt d’à côté mais la volonté d’utiliser des plans assez larges, avec de longs panoramiques fait immédiatement penser, au mieux à certaines séquences de THE REVENANT et au pire à un documentaire NATIONAL GEOGRAPHIC (ce qui n’est déjà pas si mal). Une scène de combat avec un ours est particulièrement réussie. Etonnant lorsqu’on sait que le dernier film de Trachtenberg était un huis-clos absolu : 10 CLOVERFIELD LANE. Pas besoin d’en faire des caisses au niveau de la relation entre l’homme et la nature : les images et la photographie suffisent amplement. Trachtenberg utilise aussi énormément les plans séquences et les allégories. Une des 1ères scènes nous dévoile, tout en silence, la fonction du Predator via un plan séquence nous montrant le début et la fin d’une chaîne alimentaire. Qui se termine sur la créature ! Et rien que ça, c’est déjà une réussite ! Pas de mots, pas de surenchère, en quelques secondes, tout est expliqué !
Une fois le décor planté, la seule chose que le spectateur attend, c’est de savoir comment Naru va se débarrasser de la bestiole. Et durant près de 80 minutes, PREY fait monter la pression. Tout ce qui nous est présenté au long de PREY n’a qu’une seule fonction : nous amener à ce combat final ! Combat final qui tient globalement la route mais sur lequel on émettra quelques réserves un peu plus bas. Les images sont claires, l’action fluide et la réalisation parfaite, même si elle ne déborde jamais du cadre.
PREY est de plus le meilleur hommage que l’on puisse faire au film de McTiernan. Alors que les autres films avaient essayé de se démarquer par rapport à l’œuvre, PREY n’a que le 1er PREDATOR en tête. Trachtenberg reprend certains plans, certains dialogues du film original. Les clins d’œil sont nombreux et les fans seront ravis. Et même s’il n’y a pas plus éloigné qu’Arnold Shwarzenegger tout en muscles armé jusqu’aux dents et une jeune comanche munie d’un simple tomahawk, il est amusant de voir que les stratégies employées pour se débarrasser du Predator sont quasiment les mêmes. PREDATOR n’était pas uniquement qu’un fim à la virilité Reaganienne, c’était surtout une confrontation entre deux guerriers et une ode à l’ingéniosité. C’est exactement ce qui se passe ici. Chacun utilisant ses avantages : son expérience de guerrier et ses muscles pour Schwarzie, sa relation à la nature et son énergie inaltérable pour Naru. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, PREY n’est pas seulement qu’un face à face. Le casting est en effet assez important, avec pas mal de monde : le frère de Naru, son ami, une bande de trappeurs ! Mais tous ces personnages n’ont qu’un seul but : donner tous les éléments pour la confrontation finale.
Et cette dernière confrontation, il faut toutefois en parler. Alors que pendant plus d’une heure, nous avons eu droit à un film bien pensé, qui alignait ses pions les uns après les autres, la fin déçoit un peu. Comme si après avoir passé un temps monstrueux à placer ses pièces sur un échiquier, on finissait la partie en quelques secondes. L’idée finale est un peu escamotée, manquant de lisibilité ou tout du moins, de lien avec les scènes précédentes. SI ce n’est pas incompréhensible, il aurait peut-être fallu un peu plus appuyer sur les fonctionnalités de l’équipement du Predator. C’est dommage car jusque-là le film avait été plutôt impressionnant au niveau de ses scènes de combat. Il faut dire que l’actrice jouant Naru est une véritable boule d’énergie, quelle retransmet parfaitement à l’écran.
En effet, dans ce genre de film, qui repose avant tout sur une confrontation, il faut quelqu’un capable de crever l’écran. Et c’est le cas ici avec Amber Midthunder, dont on avait déjà pu apprécier le charisme dans l’une des meilleures séries de l’univers : LEGION. Ici, elle est tout simplement parfaite, avec un design qui marque, une gestuelle parfaitement maîtrisée et un jeu, quasiment toujours silencieux, qui fonctionne parfaitement. Amber Midthunder fait passer énormément de choses dans son regard, mis en valeur par son maquillage de combat et c’est aussi ce qui fait la réussite du film. C’est une version comanche d’Ellen Ripley. Une comanche qui sera prête à tout pour réussir son entreprise et qui n’a peur de rien. C’est une sacrée performance. Les autres acteurs sont un peu plus fades à côté d’elle, mais rien de bien catastrophique. Le film fonctionne au niveau des différentes interprétations et même celle du Predator. Dont les attributs se voient un peu modifiés. N’oublions pas que le film se passe 300 ans avant le premier opus ! Et ce qui est assez amusant, c’est de voir que les effets spéciaux ont intégré l’évolution du costume, différent de celui que l’on a pu voir. Il est plus rugueux, moins accompli, moins efficace. Même s’il n’y a pas tant de changement, Trachtenberg étant obligé de conserver les pouvoirs de la créature. J’aurais peut-être enlevé l’invisibilité, mais c’est un passage obligé ! Trachtenberg ne crée pas de mystère sur le Predator, il suppose que la majorité des spectateurs connaît la bestiole. Il adapte donc un tout petit peu le costume et la technologie, ce qui est plutôt sympathique.
PREY, sans être un film absolument exceptionnel, rentre dans la catégorie de ces bonnes surprises. Ces films où l’on n’attend pas grand-chose, mais dont l’énergie et le savoir-faire de tous les participants se voit à l’écran et en font un bon spectacle. PREY est un honnête blockbuster, qui ne se moque pas de ses spectateurs et qui vous fera passer un bon moment. Peut-être pas familial car PREY peut parfois nous proposer quelques scènes gores, mais rien de bien violent non plus.
La BO du jour :
De rien, c’est cadeau ! Y’a pas de raison de ne pas partager le titre qui me reste dans la tête depuis le début de cet article !
Je suis d’accord avec toi mais il est surtout super mal fait ce film. Le réal est aux fraises, les FX sont minables. Perso j’adore les séries B et les films mal fichus qui ont du charme. Mais celui-là n’a justement aucun charme. Il prend l’option « badass » sauf que… ben, pour faire du badass, il faut du talent, quoi. Carpenter aurait filmé ça comme il faut. Là, c’est réalisé avec les pieds et c’est vraiment mal fait.
Je vous trouve super durs. Il y a quand même de chouettes plans et mouvements de caméras (la première course avec le cerf, l’arrivée de l’ours) même si en effet le puma pique les yeux…