Way of X, par Simon Spurrier & Bob Quinn
Un article de PRESENCEVO : Marvel Comics
VF : Panini
Il vaut mieux avoir lu X-MEN: HELLFIRE GALA (Marauders 21, X-Men 21; Planet Size X-Men, SWORD 6) avant pour comprendre ce qui est arrivé à la planète Mars. Il regroupe les cinq épisodes de la minisérie, ainsi que le numéro spécial X-MEN: THE ONSLAUGHT REVELATION, initialement parus en 2021, écrits par Simon Spurrier, dessinés et encrés par Bob Quinn, avec une mise en couleurs de Java Tartaglia. Les couvertures ont été réalisées par Giuseppe Camuncoli. Il comprend également de nombreuses couvertures variantes réalisées par Tom Muller, Skottie Young, Federico Vicentini (*2), Christian Ward, Ivan Shavrin, David Baldeón, InHyuk Lee, Russell Dauterman (*2).
Patchwork Man se retourne : Charles Xavier se réveille en sursaut en pleine nuit, hanté par cette image qu’il oublie aussitôt. Il contacte Nightcrawler par télépathie : celui-ci lui répond alors qu’il est en plein ciel et qu’il chute droit vers Venice, pour une mission d’extraction avec Pixie (Megan Gwyn), Loa (Alani Ryan), DJ (Mark Sheppard) et Blink (Clarice Ferguson). La petite équipe a pénétré à l’intérieur d’une église qui a été reconvertie en musée, exposant des statues à la gloire des pires criminels mutants, comme Apocalypse, Omega Red, Sabretooth. Nightcrawler est parti en avant en repérage, et les adolescents papotent entre eux évoquant Wanda (Maximoff), le principe d’avoir des pensées heureuses avant de mourir, et Patchwork Man. Kurt réapparaît à ce moment-là et demande qui est ce Patchwork Man : réponse, ce n’est qu’un mythe effrayant. Il continue : ils sont au cœur d’un musée de la haine, financé par la fondation ORCHIS. Derrière la porte d’une grande salle, un instructeur est en train de dispenser une leçon pour endoctriner les jeunes humains présents, afin d’en faire des missionnaires anti-mutants. Cela rentre dans le cadre de leurs stratégies obliques qui viennent compléter leurs stratégies plus directes.
Les mutants se font repérer et Nightcrawler demande à Pixie d’utiliser ses pouvoirs pour neutraliser les fanatiques avant qu’ils n’attaquent. Malheureusement, l’un d’eux est doté d’un masque à gaz et d’un fusil. DJ parvient à utiliser ses pouvoirs pour se protéger, lui et les autres, du premier tir. Pixie s’approche du tireur pour le déconcentrer, mais il lui tire en plein visage, explosant sa tête, la tuant net sur le coup, sous les yeux de Nightcrawler qui se téléporte et l’assomme. Les autres adolescents ont trouvé la scène formidable, spectaculaire sans être traumatisante pour un sou car Pixie sera ressuscitée sur Krakoa. Quelques temps plus tard sur ladite île, Magneto dans son costume blanc se pose majestueusement sur la rive du lagon vert, et entre dans la maison longue. Il y est accueilli par Kurt Wagner qui, d’un geste, demande l’allumage de la lumière. Erik Lehnsherr découvre une grande statue de lui en costume rouge et violet, le bras droit tendu vers le ciel dans une pose avantageuse, avec des missiles derrière lui, eux aussi pointés vers le ciel, en parallèle de son bras. Plusieurs mutants sont présents au bar, dont Wolverine qui lui demande s’il est en train de surcompenser un problème de taille.
En 2019, l’éditeur Marvel publie les deux miniséries HOUSE OF X (dessinée par Pepe Larraz) & POWER OF X (dessinée par R.B. Silva), toutes les deux écrites par Jonathan Hickman. Après ce récit puissant, le scénariste écrit la série X-Men pendant un an et demi, et devient le coordinateur des autres séries mettant en scène des mutants, avec des phases, la première étant appelée Dawn of X. Avec le récit du gala du club Hellfire, les titres mutants passent à nouvelle phase. Le lecteur peut suive une ou plusieurs séries, peut-être toutes, ou se focaliser plutôt sur les récits sortant du tout-venant mensuel. Il a l’œil attiré par le nom du scénariste de cette minisérie, et par le texte de la quatrième de couverture qui évoque la présence d’un serpent dans le paradis qu’est Krakoa, ainsi qu’un mystérieux ennemi appelé Patchwork Man. Il peut également avoir glané quelques bribes de l’intrigue sur les réseaux sociaux. Il découvre vite que le personnage principal du présent récit est Kurt Wagner, ainsi que la présence de personnages secondaires au rôle important comme David Haller et James Bradley. Il est plus surpris de voir le rôle important accordé à Fabian Cortez et à une nouvelle mutante appelée Lost.
Le lecteur prend note conscience de l’ampleur du récit, ne serait-ce que par la distribution gigantesque : des dizaines de mutants, certains revenant dans plusieurs scènes comme Dazzler, d’autres ne faisant une apparition que le temps d’une case lors du gala comme Triage (Christopher Muse). Bob Quinn se révèle être un artiste aux reins solides car il parvient à représenter ces dizaines de mutants en les rendant identifiables, sans se lasser, sans bâcler au fur et à mesure des pages de ces six épisodes dont deux doubles. Il dessine dans un registre descriptif, plutôt réaliste. Il investit du temps pour les discussions, ne se contentant pas de ne représenter que des têtes en train de parler, préférant les cadrages de type plan taille ou plus large. Il fait l’effort de représenter les environnements avec une fréquence plus élevée que dans les comics de superhéros habituels. Il sait montrer le caractère spectaculaire de l’utilisation des superpouvoirs, que ce soit de manière localisée comme Fabian Cortez avec Gorgon (Tomi Shishido), ou que ce soit à grande échelle quand Dust (Sooraya Qadir) utilise son pouvoir pour dominer et maîtriser une tempête de sable sur Mars.
De temps à autre, il reprend une posture iconique, par exemple quand la silhouette de Patchwork Man est révélée dans son entièreté et que le lecteur reconnaît un ennemi des X-Men inventé en 1996 par Mark Waid & Andy Kubert. De temps à autre, le lecteur savoure une trouvaille visuelle : la statue ironique de Magneto, la colonie de champignons sur la tête de Doctor Nemesis, l’allure de David Haller à la fois ses postures et ses expressions de visage, la réaction de Kurt en découvrant la présence de Miranda Leevald (Stacy X), ou encore l’exaspération et l’intensité émotionnelle de Kurt quand il contraint Fabian Cortez et Marinette à se parler. Il note également que le coloriste complète bien les dessins, leur apportant de la consistance, et des effets spéciaux.
Le point de départ de l’histoire est simple : il y a une présence toxique au sein des mutants de Krakoa, appelée Patchwork Man. Nightcrawler mène son enquête pour découvrir son identité. Avec l’aide de Legion, il ne lui faut pas longtemps pour mettre un nom, et reconnaître cet ennemi emblématique des X-Men. À partir de là, il cherche comment défaire cet adversaire à la puissance envahissante et omniprésente, sans donner l’alerte à ceux susceptibles de favoriser son extension, contre leur gré. Cela donne d’ailleurs lieu à une séquence pour le moins inattendue : Kurt Wagner saoul pour la soirée du gala du club Hellfire, pour éviter que les télépathes présents ne saisissent la nature de l’ennemi dans ses pensées, raconté en vue subjective, une grande réussite. Le titre du numéro spécial donne le nom de l’ennemi correspondant, et le lecteur peut trouver que ça sent le réchauffé, le collectif de scénaristes sur les séries mutants piochant allègrement dans le déjà vu depuis HOX/POX. Mais ce n’est qu’une facette du récit, et elle s’intègre avec les autres. Dès le début, Nightcrawler est présenté comme un individu bienveillant, que ce soit par l’auteur, ou par les différents habitants de Krakoa. Dans un précédent épisode, Hickman avait rappelé qu’il incarne, presque à lui tout seul, la spiritualité du peuple mutant, avec une dimension quasi religieuse, puisqu’il a suivi une formation pour devenir prêtre.
Fort heureusement, les responsables éditoriaux ont confié ce récit à un scénariste ayant lui aussi les reins solides, capable de mener à bien une histoire de commande, tout en développant les thèmes principaux avec sincérité, et une réflexion dont les arguments de restent pas au ras des pâquerettes. La présence de l’entité toxique menace l’unité de la nation mutante sur leur territoire de Krakoa. Sauf que d’autres paramètres en sapent déjà les fondations. Simon Spurrier prend à bras le corps la question de la résurrection, de la cérémonie de l’Épreuve, et du pardon généralisé dont ont bénéficié tous les criminels mutants, quelles que soient les exactions qu’ils avaient pu commettre. Ainsi, la quête de Kurt Wagner prend une allure très concrète. Il découvre des facettes de cette société paradisiaque qu’il ne soupçonnait pas, à commencer par une facilitation de l’amour physique pour ceux en manque d’intimité physique, mais aussi une facilitation de l’intimité spirituelle pour ceux qui le souhaitent. Il doit à nouveau assister au rite barbare de l’Épreuve : mourir dans une arène en combat singulier pour mériter sa résurrection avec restauration de ses pouvoirs de mutant. Et il reste cette question de ce qu’il advient de l’âme d’un individu quand il perd quelques jours d’existence entre sa mort, et sa restauration à partir d’une sauvegarde effectuée avant.
Le scénariste épate le lecteur par sa capacité à développer son récit à la fois au premier degré avec cette société de mutants, les superpouvoirs, les références aux histoires passées, à la fois avec une prise de hauteur pour réfléchir aux notions en jeu. Il revient ainsi sur le parcours de Fabian Cortez en tant que membre des Arrivistes, puis des Acolytes, ou encore sur les pouvoirs de Stacy X. Cela amène Kurt Wagner à s’interroger sur la continuité de la conscience au travers du processus de résurrection, sur les lois, les rituels sociaux, les personnages publics, les mythologies qui constituent le liant d’une société et ses fondements, sur la forme d’eugénisme sous-jacent constitué par la sélection de l’Épreuve, sur l’anomie (état d’une société caractérisée par une désintégration des normes qui règlent la conduite des personnes et assurent l’ordre social), sur la nécessité pour une nation d’avoir des valeurs, sur la signification pratique de ces valeurs, etc. Spurrier ne se contente pas de poser des questions de principe : il les formule de manière pragmatique et il intègre des propositions concrètes. Ainsi le lecteur écoute James Bradley expliquer le concept de nombre de Dunbar (nombre maximum d’individus avec lesquels une personne peut entretenir simultanément une relation humaine stable, une limite inhérente à la taille de notre cerveau impliqué dans les fonctions cognitives dites supérieures, le néocortex. Entre 100 et 230 personnes). Puis il prend connaissance des trois lois de la nation de Krakoa : engendrer plus de mutants, ne tuer aucun être humain, respecter cette terre sacrée.
Le scénariste confronte alors Kurt Wagner à la réalité des couples qui ne souhaitent pas élever leur enfant. Il place Wagner dans une situation où il n’a d’autre solution que d’abattre froidement un individu d’une balle dans la tête à bout portant. Il montre que la terre ne peut pas être sacralisée. Il a enfreint sciemment les trois lois de la nation de Krakoa. Il développe également la problématique du pardon : Lost se retrouvant face à Fabian Cortez, l’individu dont les actions ont occasionné de façon directe la mort des parents de Lost. Le pardon est-il possible ? Simon Spurrier épate le lecteur par une intrigue bien menée, et des réflexions sur les caractéristiques les plus problématiques de la nation des mutants.
Un tome de plus dans le grand plan de Jonathan Hickman pour introduire une illusion de changement dans le monde des mutants ? Même si tout est réversible dans les comics de superhéros, même dans la mort dans cette série, les changements sont assez importants pour introduire un changement même s’il n’est pas pérenne. Une intrigue classique d’un héros devant lutter contre un ennemi à la puissance terrible, avec l’aide d’autres mutants : oui, et l’histoire s’avère divertissante, bien dessinée, sans être renversante. Mais aussi, un questionnement indissoluble des enjeux du récit, sur ce qui fait l’identité d’une nation, ce qui la rassemble, sur le sens d’une vie sans crainte de la mort, sur l’inhumanité du pardon inconditionnel. Une histoire des X-Men avec une ambition peu commune qui tient ses promesses.
La BO du jour
Je passe rapidement sur le comic-book (il faudrait me payer pour que je lise ça). L’article décortique brillamment le contenu avec une érudition sur le sujet qui fait carrément autorité.
C’esr cool, celà-dit, de savoir que mon personnage préféré de cet univers que je ne supporte plus (oui, en particulier ces p…..s 🤬 de mutants) a droit à des récits importants.
La BO : Je ne connaissais pas cette version. Je n’ai jamais trop aimé Nina Simone, mais c’est une très bele version, en partie aussi pour l’accompagnemennt et les arrengements qui sont de toute bôtée…
Ah non, ne compte pas sur moi : je ne paye personne pour lire des comics. 😀 😀 😀
Cette lecture m’a apporté un plaisir que je n’aurais pas cru encore possible pour une intrigue aussi imbriquée dans le passé des mutants, et dans leur situation présente sur Krakoa.
La BO : choisie par Bruce.
Merci pour cet article !
Une analyse (et explication) intelligente du out-of-character si fréquent durant l’ère Kirkman, et qui s’insère dans un run plus global de Spurrier (I rule me/We rule us). J’adore cet auteur 🙂
En commençant ce tome, j’entretenais la crainte que Simon Spurrier allait être submergé par les contraintes de continuité, comme tant d’autres avant lui. J’ai été épaté par sa maîtrise de l’histoire de chacun et sa capacité à développer des thèmes ambitieux en cohérence avec la nation de Krakoa.
Il parvient à rendre un peu d' »humanité » aux mutants, ce qui n’est pas rien depuis quelques années !
« ère Hickman », voulais-je dire…
Merci pour la précision car il est vrai que je m’interrogeais sur Kirkman. 🙂
Bonjour Présence,
j’ai bien apprécié ton article. Par son côté fouillé avec une précision chirurgicale qui m’a presque donnait envie de me remettre à lire du X de chez Marvel.
Mais voilà, quand je lis cela Pixie s’approche du tireur pour le déconcentrer, mais il lui tire en plein visage, explosant sa tête, la tuant net sur le coup, sous les yeux de Nightcrawler qui se téléporte et l’assomme. Les autres adolescents ont trouvé la scène formidable, spectaculaire sans être traumatisante pour un sou car Pixie sera ressuscitée sur Krakoa je me dis que je ne suis pas près de remettre les pieds sur Krakoa (j’essaye de vendre d’ailleurs une partie de ma collection Hickman…)
C’est dommage car le nom de du scénariste me botte bien : Simon Spurrier. Bon après, je tease légèrement, je pense que l’on va reparler de lui bientôt ici même.
La BO : j’adore Nina Simone et c’est une très belle interprétation proposée, surtout les arrangements qui l’accompagne.
Je comprends ta réaction face à ce tir en pleine tête. Ce qui m’a convaincu, c’est que Simon Spurrier ne réduit pas ce comportement à sa valeur choc. Il prolonge (ou il entame, si on est un peu taquin) la réflexion sur la véritable révolution qu’est l’absence de crainte de la mort pour ces individus, le changement de paradigme, la modification en profondeur des comportements. Pouvoir être ressuscité aussi facilement qu’on appuie sur un interrupteur pour allumer la lumière, ça change un être humain, ça remet en cause la façon d’exister, d’appréhender la vie.
Depuis je viens de remarquer que j’ai bien lu le début de Way of X .. c’est dire si je m’en souviens et la confirmation de mon désintérêt (désormais acté par des faits) de la franchise X.
Quelque soit l’auteur (et je suis assez friands de la production de Si Spurrier), l’environnement dans lequel évolue les mutants me rebute.
L’environnement me rebute : je sais gré à Jonathan Hickman d’avoir eu la force créatrice nécessaire pour concevoir, proposer et réaliser un nouveau statu quo pour les mutants. Les vieux lecteurs que nous sommes savent que le retour au précédent statu quo finira inéluctablement par advenir à moyen terme.
L’idée d’une nation de mutants n’est pas nouvelle puisque Matt Fraction avait développé la série X-Men dans la même direction avec Utopia. Personnellement, ça ne me rebute pas parce que j’y vois une logique : des individus avec des pouvoirs incommensurables, persécutés depuis des décennies cèdent à la tentation de créer leur pays.
D’un point de vue beaucoup plus cynique, Jonathan Hickman parvient à concilier le besoin d’une nouvelle dynamique pour insuffler cette impression de changement, et la demande éditoriale qui veut plus de superpouvoirs et moins d’êtres humains banals.
je ne suis pas complètement d’accord. Comme tu l’écris que les X-Men se mettent en marge de l’humanité et vivent en autarcie n’a rien de nouveau (depuis le début en fait avec le Manoir, puis oui avec Grant Morrison puis la phase Utopia de Fraction/Gillen). Donc il n’a rien inventé de nouveau, Hickman.
Si ce qu’il a changé, et je trouve cela grave, c’est l’univers Marvel tout entier. Plus ou pas d’humain, des mutants surpuissant, des bases sur Mars, des résurrections à gogo … Mais on ets dans dans un ELSEWORLD ou dans la gamme ULTIMATE là mais dans l’univers Marvel de référence. Donc non je n’appelerais pas cela un changement de statut quo. Je vais même plus loin, je trouve cela irrespectueux vis à vis de certains lecteurs mais surtout des créateurs. normal ». L’idée de Hickman aurait, à mes yeux, parfaitement fonctionné si il ne l’avait pas déployé dans l’univers Marvel de base. A partir de là tout est faussé (car on a bien compris, à notre grand dam, que ce n’est pas un rêve ou une réalité parallèle). Cela ne peut fonctionner conçu ainsi.
Personnellement c’est une des raisons qui m’avait fait apprécier l’univers Ultimate (ou bien MC2, ou 2099, ou AoA même les promesses de HEROES REBORN) : on évoluait dans un, environnement différent, où on pouvait proposer légitimement autre chose. Pas là. C’est trop simple d’arriver et de dire je vais ce que je veux, comme je veux. C’est même signe d’un auteur et d’un éditeur qui en fait n’ont pas réellement d’idée, qui ne savent sculpter le matériel que l’on met à leur disposition.
La confiance…
On dit souvent en ligne et ailleurs que pour se faire une idée réelle d’un livre/film etc… il faut l’expérimenter soi-même.
Mais lire un article de Présence, toujours érudit et objectif, est un bon point de repère pour au contraire pouvoir filtrer l’arrivage massif de sorties.
WAY OF X est un arc sur une période que je ne veux absolument pas approfondir…Néanmoins dans un récit prit à part, les thèmes sont très intéressantes…
Bon la blague sur les missiles de Magneto, il faut vraiment que Marvel prenne un peu de hauteur. Des auteurs qui nous rappellent en permanence que les personnages ne sortent jamais du bac à sable, c’est gonflant.
Une période que je ne veux absolument pas approfondir… – Je peux comprendre. Pour moi, cette histoire est à ranger dans celle qui tirent parti du potentiel amené par HOX & POX, avec une réelle ambition d’auteur, et une exécution qui tient la route.
Je suis limite convaincu…
Mais uniquement pour cette mini là…
De mon côté, je ne lis également les séries ou les récits qu’au cas par cas, et généralement sur la base des créateurs, plus que par continuité ou collectionnite… enfin je ne suis pas à l’abri de rechutes de temps à autre. 🙂
Hello présence,
C’est amusant que le concept du nombre de DUNBAR soit évoqué dans ta chronique car j’ai à peu près le même type de problème avec ce genre de récit ☹️.
En effet, mon cerveau est incapable d’assimiler un aussi grand nombre de Mutants / Super-héros dans la même histoire !
C’est, d’ailleurs, l’une des choses qui me gêne le plus dans les comics (ou même les films !)
Lorsque les héros costumés sont plus nombreux que les humains, plus rien ne m’accroche à la réalité !
J’ai besoin de cette interaction entre fantastique et réel.
Trop de personnages à super pouvoir rendent ces mêmes personnages banals !
De ce fait , plus rien n’est extraordinaire ou unique !
Je lisais ton article et je de découvrais, au fur et à mesure, de nouveaux mutants. Je me questionnais en filigrane : Comment vais-je pouvoir appréhender tous ces nouveaux personnages. Ont-ils une psychologie intéressante ? Vu le nombre, l’auteur a-t-il su bien les caractériser… les rendre attachants ? 🤔
J’en doute ! Non décidément ce n’est pas pour moi !
Même si ici, Nightcrawler semble être bien utilisé et que le récit suscite la réflexion sur certains sujets.
Je n’y crois pas ☹️.
La BO : Un des standards de la chanson française les plus repris. La version de Nina est excellente. J’adore cette artiste ♥️.
Bien vu ton utilisation du nombre de Dunbar.
Lorsque les héros costumés sont plus nombreux que les humains : c’est une tendance lourde que Bruce a déjà relevé à plusieurs reprises, Tornado également, et qui a précédé de plusieurs années HOX/POX. Je l’interprète comme une vision des responsables éditoriaux qui se disent que les lecteurs ne s’intéressent qu’au spectaculaire, aux costumes colorés et aux décharges d’énergie avec perte et fracas. Une stratégie éditoriale à court terme, avec le risque de perdre tout élément qui se développe sur le long terme, c’est-à-dire toute raison pour le lecteur de s’impliquer au-delà d’une demi-douzaine d’épisodes.
Il m’est déjà arrivé de lire des bouquins de SF ou d’autres BD dans lesquels toute la population dispose de capacités extraordinaires ou surhumaines. Plus personne n’est extraordinaire ou unique, en revanche la situation l’est. Ici, ce que j’ai apprécié réside dans la manière dont Simon Spurrier meten lumière ces changements radicaux et sonde leurs conséquences.
Pardon, mais cette prise de conscience, c’est encore pire….
Il faut qu’il soit mis en scène via le point de vue de la religion et d’un seul personnage pour être enfin envisagé par Marvel.
Donc non… Dénoncer le fanatisme dans lequel se vautrent ces personnages de manière si légère et par un biais faussé, celui de la religion au secours de la démocratie, continue de me révolter au plus haut point.
Et je l’ai lu et je sais que Si Spurier a l’étoffe d’un grand. Mais comme ton commentaire la profusion de personnages sortis du chapeau qui ne servent à rien quand d’autres iconiques devraient jouer un rôle assigné me dérange profondément. Et puis ce decorum de jungle technologique, non c’est impossible.
Hélas le mal est fait : tous ces gens ont été trop loin et la licence est enterrée à mes yeux.
Cette prise de conscience, c’est encore pire : oui, enfin, bon, je crois que cet article ne s’adressait pas à toi. Il y a quelques temps déjà que tu as clarifié explicitement et en termes choisis ce que tu penses des X-Men. 😀
Je ne suis pas d’accord avec toi. Pour moi, Kurt laisse tomber très rapidement l’idée de fonder une religion mutante au profit d’une philosophie humaniste
Je réagis quand même à la phrase de Présence : » Dans un précédent épisode, Hickman avait rappelé qu’il incarne, presque à lui tout seul, la spiritualité du peuple mutant, avec une dimension quasi religieuse, puisqu’il a suivi une formation pour devenir prêtre. »
Je le répète : normalement, tu n’as pas besoin d’avoir une formation religieuse pour avoir une philosophie humaniste.
C’est pas faux ^^
Je fais également partie des lecteurs qui n’aiment pas du tout le tournant super-héroïque consistant à ne plus mettre en scène que des êtres dotés de superpouvoirs, en éliminant complètement les gens normaux.
Mon super-héros préféré est celui qui cache son identité parmi le peuple, qui se déguise pour la raison simple de cacher cette identité (et non pas pour se balader en panneau de signalisation ambulant parce que c’est « la tradition » (purée qu’est-ce que c’est débile ça)), et qui sort de préférence la nuit pour affronter la menace. Mon super-héros de référence est celui qui passe plus de la moitié de son temps avec des êtres humains (le volet soap), au coeur d’une société normale, et qui crée la surprise en redevenant un super-héros lorsque la situation le nécessite. C’est dire comme on est loin de tout cela.
En y réfléchissant, la série TOP TEN d’Alan Moore met en scène un monde où TOUT LE MONDE possède des super-pouvoirs. Et c’est génial. Mais 1) c’est Alan Moore. Et 2) le volet soap constitue 90% de l’ensemble. Du coup, quand il y a de l’action, c’est tout de suite un événement et il y a une vraie tension. C’est dire, là encore, si on en est loin…
Et puis il y a une fin. Pas de retour au statu quo.
Le tournant super-héroïque consistant à ne plus mettre en scène que des êtres dotés de superpouvoirs : c’est une tendance lourde qui est évoquée sur le site depuis plusieurs années, avec sa version extrême dans laquelle le scénariste parvient à proposer une intrigue qui ne mette en scène que des superhéros qui s’affrontent en faction, sans même plus devoir recourir à des super-criminels moins connus, moins identifiables.
dailymotion.com/video/x2howud
J’ai lâché les X-Men au bout d’un an. Ce que je lis me paraît tellement compliqué que même si j’aime l’auteur, je n’y retournerai pas.
J’attends un éventuel relaunch.
Tellement compliqué : je suis assez d’accord, c’est là où le bât blesse. L’éditeur Marvel a fait comme à son habitude : une série fonctionne, vite déclinons là en une kyrielle de sous-produits, tant et plus. Du coup, la structure narrative conçue par Jonathan Hickman est surexploitée, soit avec des produits insipides, soit en éparpillant tellement les morceaux que le lecteur en perd la vision d’ensemble.
Pour le plaisir de la discussion : J’ai aimé Hickman à fond au début. Son court one-shot dans l’anthologie LEGIONS OF MONSTERS où il dessinait lui-même dans un style relativement proche de ceux combinés de David Mack et J.H Williams III : Magnifique. Ses SECRET WARRIORS absolument fabuleux, où il fusionnait Marvel et Lovecraft, honteusement massacrés par l’éditeur qui en a fait une série mort-née. Son S.H.I.E.L.D très convaincant dont je n’ai pas encore lu la fin puisqu’il est resté longtemps en arrêt.
Puis la déconfiture avec ses FF, imbitables, incompréhensibles, avec une totale incompétence au niveau de l’une des composantes majeures de la série : l’humour. Et une maladresse patente pour les scènes d’action, incrustées au forceps (c’est-à-dire sans naturel, sans liens organiques), démontrant que le gars est un auteur glacial qui agence ses concepts comme un robot sans savoir faire vivre ses personnages. Ce sera encore pire avec ses Avengers : Des enveloppes vides, des icones mécaniques au service d’un concept mathématique. Une horreur. Je me suis arrêté là.
Pour ce qui est de la tendance lourde consistant à ne plus mettre en scène que des êtres dotés de superpouvoirs, voire uniquement des super-héros qui se battent entre eux, le plus inquiétant n’est pas finalement la politique éditoriale, mais le fait que ça semble être une demande du lectorat majeur…
La question du coup n’est pas de savoir si c’était mieux avant, mais où on va aller à force de s’engoufrer dans cette voie ? À quoi vont ressembler ces comics dans 20 ans, quand il n’y aura plus que ce cahier des charges mettant en scène des bourrins qui se battent et ressuscitent chaque mois ?
J’aime beaucoup la question de la fin : les responsables éditoriaux étant parvenus à faire aboutir la logique Exclusivement superhéros, quelle sera la prochaine escalade ? Quelle surenchère inventer ? Mon esprit ne parvient pas à en imaginer une.
C’est aussi pour ça que j’ai bien aimé le principe d’abolir la mort dans HOX/POX : pour une fois, je suis incapable de lire ce principe uniquement au premier degré. Je le vois comme un aboutissement logique du cycle Mort Choc du superhéros –> Remplacement temporaire –> Résurrection du superhéros, avec à chaque fois un cycle plus court, et un effet choc qui s’émousse jusqu’à en devenir insipide, privé de tout impact. La résurrection à la demande, ou à portée de main, c’est pour moi littéralement l’abus d’un expédient narratif existant dans les comics. Hickman propose une série où il se prive d’entrée de jeu de cet expédient.
Je place la création d’une nation de mutants sur un plan similaire. Les lecteurs se plaignent que les X-Men c’est toujours la même rengaine : des individus incompris, pourchassés, massacrés et qui ne réagissent jamais. Voyons ce qui se passe s’ils s’organisent de manière à ne plus être des proies faciles, tout en conservant cette inflation délirante de puissance, avec des pouvoirs toujours plus destructeurs.
Il se passe ce que Cioran ou Hannah Arendt écrivaient et ce que Shakespeare démontrait dans MCBETH : les héros peuvent devenir des pourris, l’engeance du mal qui transforme les victimes en bourreaux est en chacun de nous. Pas besoin de mettre en scène ces faits si simples pendant 4 ans.
Tu m’as donné envie d’y jeter un œil : j’ai lu le premier numéro en ligne ce matin.
J’ai trouvé le dessin fonctionnel, sans plus. Il y a des questions intéressantes mais c’est le paradigme global auquel je n’accroche pas. L’impression persistante qu’on est dans un What If géant et que rien n’a d’importance car tout pourra être rebooté à la fin. Je sais que c’est le jeu du mainstream mais certains auteurs et certains contextes me séduisent davantage quand celui-ci est un grand repoussoir pour moi.
C’est le jeu du mainstream : pas mieux. C’est aussi un avantage, car tu peux attendre la fin de cette phase, et revenir après sans ressentir l’impression d’avoir manqué quelque chose.
Merci pour ma culture ! Comme tu le dis souvent, plus besoin d’avoir lu l’oeuvre pour pouvoir en parler en soirée mondaine, tout est résumé ici…
« une séquence pour le moins inattendue : Kurt Wagner saoul pour la soirée du gala du club Hellfire, pour éviter que les télépathes présents ne saisissent la nature de l’ennemi dans ses pensées, raconté en vue subjective » Ah ça me donne envie ça, je suis très friand de toutes ces séquences où les personnages sont sous influence, en général c’est très drôle.
Je dois avouer que toutes les planches me plaisent bien, mais bon, ce ne sera pas suffisant pour que je comprenne ou prenne plaisir à lire cette bd, évidemment. Et même si le paragraphe philosophique où j’apprends encore un mot (que je vais sans doute oublier, anomie) donne très envie aussi.
« Entre 100 et 230 personnes » Voilà l’explication de la perte de nos amis et connaissances au fur et à mesure du temps qui passe…
La BO : tuerie.
Ce ne sera pas suffisant pour que je comprenne : c’est une difficulté dont j’ai toujours du mal à mesurer l’importance, baignant dedans depuis tellement d’années.
L’écriture de Simon Spurrier m’a fait plaisir avec la notion d’anomie (qu’il a fallu que j’aille creuser sur wikipedia) et le nombre de Dunbar dont je n’avais jamais entendu parler.
J’avais déjà vaguement entendu parler du nombre de Dunbar, qui m’avait interpellé car j’avais pu remarquer que c’était le cas dans ma vie : j’ai rencontré tellement de gens dans mon boulot que j’en ai oublié la plupart. C’est la même chose sur les RS : au-delà de 400 contacts, c’est impossible de se souvenir de tout le monde.
Un titre dont j’ai lu les premiers numéros (ou seulement le premier ? Je ne sais plus…) et c’est tout… Trop de mutants inconnus, trop de concepts que je ne comprends pas… Aucun attachement aux personnages. Je passe.
Mais merci de continuer à parler des X pour nous permettre de suivre où ça va !
@Tornado : j’aime bien la description de ton super-héros préféré ^_^
Trop de mutants inconnus : c’est le risque avec ces événements qui impliquent toute la nation des mutants. Avec la conséquence que tu soulignes : une forme de dépersonnalisation et donc un affaiblissement du niveau d’attachement.
(je vous conseille d’aller voir mon lien Dailymotion dans un commentaire plus haut)