Bullshit Detector : Massacre à la tronçonneuse de David Blue Garcia
Special Guest : Ludovic Sanches
1ère publication le 10/03/22- MAJ le 11/08/22
Repéré par Bruce Lit pour la polyvalence et la pertinence de ses critiques ciné sur Facebook, c’est au tour du petit Ludovic Sanches de sortir la tronçonneuse du Bullshit Detector pour le nouvel épisode de MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE sur Netflix.
MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE (Texas Chainsaw Massacre en VO) est un film réalisé par David Blue Garcia. D’abord prévu pour une sortie en salles en 2021, il sort finalement sur Netflix ce 18 février 2022.
De ce que l’on sait, la genèse du film fut compliquée : produit par Kim Henkel (qui avait aussi produit le film original) et par Fede Alvarez (qui est à l’origine de cette nouvelle histoire), le long métrage est d’abord confié à deux frères, Andy et Ryan Tohill, mais au bout d’une semaine de tournage jugée insatisfaisante par le studio, le film est intégralement modifié et c’est cette seconde version de David Blue Garcia qui nous parvient aujourd’hui. Bien que se présentant comme une suite directe du film d’origine réalisé par Tobe Hooper en 1974, c’est accessoirement le neuvième film de la saga MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE .
A quoi ressemble ce nouvel opus ? Même en faisant abstraction des liens du film avec la franchise qui en justifie l’existence, le long métrage de David Blue Garcia se distingue d’emblée par son classicisme dans l’approche du genre (une manière polie de ne pas dire « manque d’originalité ») mais qu’on peut avoir tort de mépriser tant l’amateur assidu comme occasionnel de films d’horreur peut aussi trouver son bonheur dans des produits de séries dont le manque d’ambition apparent peut néanmoins cacher de bonnes surprises.
Pendant toute son exposition, le récit nous place du côté de quatre personnages de jeunes gens arrivant au Texas pour concrétiser leur projet de rénovation d’une ville abandonnée. Ces jeunes citadins seront bientôt suivis par toute une bande de fêtards urbains qui débarquent dans cette Amérique profonde comme des éléphants dans un magasin de porcelaine. Ce qui se joue ici, c’est moins la plongée d’un groupe d’individus dans un environnement hostile que l’opposition caricaturale entre deux Amériques aux cultures radicalement différentes. On notera aussi à quel point le Texas est montré comme un quasi no man’s land à l’exception du lieu principal de l’action du film qui évoque une ville fantôme et de fait est quasiment filmé pour ce qu’il est, c’est à dire un décor de cinéma.
Les héros et futures victimes de ce nouveau TEXAS CHAINSAW MASSACRE
Source : Allociné Copyright Yana Blajeva / 2021 Legendary / Netflix
Notons aussi que s’il y a une catégorie de film d’horreur auquel se rattache ce nouvel opus, c’est clairement le genre du slasher movie (vous savez, ce genre de film dans lequel un tueur masqué passe son temps à découper en morceau tous les autres personnages), ce qui au bout de vingt minutes engage le récit dans un sillon aussi routinier que prévisible. Il y a bien un effort qui est fait pour caractériser un minimum les personnages: c’est le cas des deux héroïnes féminines, les deux sœurs, dont l’une souffre d’un trauma après avoir été victime d’une fusillade dans un campus. Ce sera aussi le cas évidemment du tueur, dont on tente parfois de nous montrer qu’il est aussi une créature seule et abandonnée de tous. Mais jamais le film n’arrivera à créer une réelle empathie pour eux, alors que c’est quand même un des meilleurs moyens de provoquer la peur.
De peur, au final, il en sera assez peu question, tant le film se montre peu inventif quand il s’agit de la susciter. La mise en scène semble surtout préoccupée par la nécessité d’aller vite (le film est court, il faut dire) et éventuellement de permettre à son chef opérateur de faire quelques plans décoratifs avec une jolie lumière. A part une scène amusante où l’héroïne dissimulée dans un sous-sol tente d’échapper à la tronçonneuse fatale de Leatherface, c’est un peu le vide total, vide que le film va tenter de combler en surenchérissant dans le gore, la tripaille, la boucherie visuelle.
Le Leatherface de 2022 : bourrin et invincible
Source : Allociné Copyright Yana Blajeva / 2021 Legendary / Netflix
C’est là qu’il est difficile de ne pas comparer ce dernier opus avec le classique de 1974 avec lequel il est censé dialoguer ou en tous cas de voir comment ce nouveau film s’inscrit dans la saga MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE. Et c’est tout son opportunisme et sa paresse qui nous sautent aux yeux. Car rien, absolument rien de ce qui est dans ce film, aucune des ses idées ne fait preuve de la moindre originalité par rapport aux autres opus de la saga. Jouer la carte du gore outrancier ? Déjà fait! De la parodie et du grand guignol ? Déjà fait! S’inscrire comme une suite directe du film original ? Déjà fait ! TEXAS CHAINSAW 3D commençait d’ailleurs aussi par un montage reprenant directement des images du film de Tobe Hooper. Faire revenir les personnages ? Déjà fait ! MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE : LA NOUVELLE GENERATION se payait un bref caméo de Marilyn Burns qui reprenait son rôle de Sally Hardesty.
Mais ici, il faudra se contenter d’une autre actrice qui campe une version plus âgée du personnage, ressurgissant après toutes ces années pour se venger de Leatherface. Outre la médiocrité de cette piste narrative (le lien avec le long métrage orignal est trop désinvolte pour vraiment être pertinent), on pense forcément aux récentes suites d‘HALLOWEEN ou de SCREAM qui faisaient revenir leurs héroïnes (Laurie Strode et Sidney Prescott) et leurs actrices iconiques (Jamie Lee Curtis et Neve Campbell) pour un dernier tour de piste et on a vraiment le sentiment d’en voir une version discount.
Le plus déplaisant au final, c’est sans doute comment le cynisme qui semble présider à l’existence d’un tel film contamine totalement son récit, ce que le film raconte. On a pu lire ici et là le reproche selon lequel ce serait un film réactionnaire, les personnages seraient alors une caricature de la génération des millennials. Après tout, pourquoi pas, si on considère que le film d’horreur, le slasher en particulier, est souvent réac de par son côté presque systématiquement manichéen. Mais on est loin ici d’un vrai jeu de massacre méchant et régressif à la manière du PIRANHAS d’Alexandra Aja. C’est surtout que cette tendance à la connivence et au ricanement, à la blague de potache (qui trouve son sommet dans la fameuse scène du bus), cet esthétique du coup de coude et du clin d’œil trahit complètement l’esprit du film de Tobe Hooper.
Car, malgré la simplicité de son scénario, le MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE de 1974 arrivait à susciter l’empathie et donc la terreur. Pas en mettant de la psychologie stupide ou des traumas idiots sur le dos des personnages. Mais par une question de regard et donc de mise en scène. Il suffit de se souvenir d’une scène: celle où Leatherface, ce tueur masqué qui vient de commettre trois meurtres affreux, se réfugie dans son coin comme un enfant paniqué qui vient de faire une bêtise. Cette scène est d’ailleurs plus ou moins citée dans ce nouvel épisode mais ne cessera d’être contredite par la direction que prend le récit, faisant de Leatherface un super méchant monolithique et absolument invincible .
Gunnar Hansen dans le film original de Tobe Hooper
Source : IMDB © Raven Pictures International
C’est surtout que quand Tobe Hooper prend le temps de faire cette scène, il ose des lors interrompre l’action et ce temps mort du récit permet alors le basculement du point de vue du spectateur. Ce basculement, c’est celui qui permet d’établir un lien entre le spectateur et le monstre, car c’est à ce moment précis que le monstre y est vu dans toute sa fragilité, son humanité. A ce moment, Leatherface rejoint toute une tradition des monstres de cinéma, c’est cette scène ou Nosferatu après avoir enfin assouvi son dévorant désir en buvant le sang d’Ellen comprend qu’il n’échappera pas à la mort, c’est la créature de Frankenstein démunie après avoir tué la petite fille, ce sont les gros plans sur le visage de King Kong tandis qu’il tient Ann toute entière au creux de sa main, c’est évidemment Norman Bates qui découvre le cadavre de Marion Crane sous la douche et qui hurle « Maman ! Maman ! Tout ce sang! », encore un autre enfant abandonné, comme plus tard le visage de Michael Myers gamin sous son masque de clown dans HALLOWEEN. A ce moment, nous regardons les monstres mais ce sont surtout eux qui nous regardent.
Quand on lit alors que ce nouveau film se veut un hommage à l’esprit de l’original, on croit rêver. Dire qu’il n’égale pas son modèle tient de la lapalissade. Ce n’est juste pas la même chose. Leur seul véritable point commun, c’est de partager le même titre.
La BO du jour
Tiens, il y a un remake de MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE sur Netflix…. Je ne savais pas.
Merci pour l’info . Je vais aller voir ça.
Il a beau être estampillé Bullshit Detector. Il mérite ma curiosité 😀😀😀.
J’ai tellement été traumatisé par le film de Tobe Hooper que j’ai découvert très jeune ( Et oui j’ai réussi à braver tous les interdits à l’époque) que je ne peux pas rater cette version Netflix.
J’ai bien aimé le remake de 2003 de Marcus Nispel que j’ai trouvé sympathique 👍
Le film de Nispel se voulait vraiment un remake au sens classique du terme, il y avait même un lien esthétique entre les deux films puisque c’était le chef opérateur du film original de Tobe Hooper qui reprenait son poste sur ce remake créant une sorte de continuité visuelle.
Ce nouveau film Netflix se contente de tisser des liens narratifs un peu grossier avec l’original mais ça ne va pas plus loin.
Le remake de 2003 valait aussi le coup pour la performance de R. Lee Ermey dans le rôle du shérif taré.
Et bienvenue à toi
Oui R. Lee Ermey y cabotinait dans un registre proche de son rôle dans FULL METAL JACKET !
Merci beaucoup !
Le mec a été un vrai instructeur des Marines avant de devenir acteur.
ça fait peur !
Mais il était énorme dans ce genre de rôles.
Bienvenue !
Je crains de n’avoir guère vu que le 2e film (bien foutraque) et la « nouvelle génération » avec Zellweger et McConaughey, je serais donc bien mal placer pour juger de la fidélité de ce film avec le reste de la saga ^^’
Le deuxième film de la saga, réalisé par Tobe Hooper lui-même en 1986, très différant du premier film d’ailleurs (un ton très délirant, un côté très cartoon et un humour très noir), est de loin la meilleure des suites.
J’ai vu passer la bande annonce et dès que j’ai vu qu’une vieille jouait le rôle de l’héroïne du premier, j’ai explosé de rire… (ça la fout mal pour un film de cette franchise) parce n’est pas Jamie Lee Crutis qui veut…
Ca devient la mode après Expendables pour les mecs, on a un retour des mamies bad-ass (ça me saoule c’est glorification de la brutalité en tant que vecteur d’égalité) donc les Laurie Strode, les Ripley ou les Dana Barrett reviennent avec dans le cortège déjà la génération d’après comme Trinity ou Sidney Prescott…
toutes ne se valent pas…
J’ai clairement pas eu envie de regarder ce nouveau film même si l’une des deux héroïnes est tout à fait charmante…
Je viens de mater HAPPY BIRTHDEAD 2 qui n’est pas mal…. sans avoir le charme du premier toutefois…
Excellente chronique Ludovic, et bienvenue par la même occasion ! Je ne suis pas un grand spécialiste des films d’horreur, et encore moins de cette franchise, mais je saute dessus dès que je peux histoire de parfaire ma culture.
Malgré tous les points négatifs que tu alignes, je vais sans doute le voir pour me marrer un peu. J’ai vu l’original relativement récemment (y a moins de dix ans donc), et il m’a terrifié. Alors qu’il n’y a pratiquement rien de gore, pas de chocs glauques, juste une ambiance incroyablement malsaine, presque digne des CHIENS DE PAILLE de Peckinpah. J’ai adoré, et comme tu le dis, Tobe Hopper tout comme Romero et ses zombies parlent en filigrane de problèmes sociétaux. Ce que je n’ai jamais retrouvé dans les suites.
Bon, de cette franchise je n’ai vu que un ou deux remakes, dont celui avec Jessica Biel. C’était marrant et sexy grâce au jean de Jessica sinon, aucun souvenir. Je me souviens que ma fille, âgée de huit ans environ à l’époque, rigolait devant. J’aurais dû m’inquiéter mais contre toute attente elle n’est pas devenue une psychopathe…
Pour Halloween, c’est pareil, je tombe dessus et je vois dès que je peux, Patrick 6 en a fait un article fleuve sur ce blog qui est pour moi une référence. Je suis d’accord avec toi pour Piranhas, d’ailleurs il faut que je revoie LA COLLINE A DES YEUX version Aja, peut-être le seul remake qui vaille le coup.
Ici, en effet ça a l’air mal barré : dans la bande annonce, le personnage qui revient (c’est celle qui s’en tire à la fin de l’original, est-ce la même actrice ?) l’appelle Leatherface. Or dans mon souvenir, ce gars n’a pas de nom dans le film, c’est le nom donné par la suite par les auteurs et spectateurs non ? C’est donc mal barré.
C’est con, je viens de regarder DON’T BREATHE et j’ai adoré. J’aimerais beaucoup avoir ton avis sur le dernier SCREAM (j’en parle sur l’article du dernier Matrix publié ici, je crois…).
Merci beaucoup, Jyrille ! tu auras compris que je porte moi-même le MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE original en très haute estime. Tu cites aussi LES CHIENS DE PAILLE qui est évidemment un chef d’œuvre.
Quant au dernier SCREAM, je trouve ça du même acabit que les autres suites/remakes récents, outre la médiocrité du film, c’est encore une fois le cynisme de ces films qui me déplait, cette manière de faire du clin d’œil, histoire que le spectateur se sente satisfait d’avoir compris la référence, de se moquer à peu de frais en renvoyant tout le monde dos à dos. Je ne suis vraiment pas client de tout ça…
Bienvenue Monsieur Sanches. Avec pareil nom, on ne pourra pas accuser Monsieur Lit de meubler…
Contrairement à moi, qui n’a généralement rien à dire sur les articles de films d’horreur car je les fuis comme la peste.
Merci beaucoup, y compris pour la plaisanterie qui va avec. Quant au genre du film d’horreur, il est suffisamment riche pour y trouver son compte, quelque soit les sensibilités il me semble !
Bienvenue à Ludovic.
Alors effectivement, d’après l’argumentaire finement détaillé, ça n’a pas l’air d’une franche réussite. Je le tenterai quand même pour rigoler, comme disent les copains.
Après, il faut également faire attention à ne pas confondre la critique plus ou moins objective, et la critique vraiment trop subjective qui consiste à démonter un film non pas pour ce qu’il est, mais parce qu’il n’est pas comme on aurait voulu qu’il soit (parce qu’une suite ou un remake avec plein de différences, ça peut être intéressant aussi).
Mais là, les arguments sont convaincants. Ça me rappelle, dans un autre genre, le reboot de CONAN LE BARBARE avec Jason Momoa : Tous les choix aux fraises du début à la fin du film…
La BO : 😱 !! Et c’est interminable en plus ! 😱😱😱 !!!!!!
La BO : ahahah Tornado tu veux qu’on reparle des morceaux des Temptations que tu as mis dans ton Top 30 ? ^^
Sinon je n’ai jamais écouté ce groupe et je comprends pourquoi, pas du tout mon truc.
Merci Tornado.
Je suis totalement d’accord avec ta remarque. C’est même ce qui fait les meilleurs remakes, voire les rares remakes qui arrivent à être meilleurs que les originaux (je pense à THE THING de Carpenter qui dépasse celui de Hawks et de Nyby des années 50…).
C’est d’ailleurs aussi pour cela que la suite réalisée par Tobe Hopper dans les années 80 est la seule véritablement intéressante, car il a osé prendre le contrepied de son propre film et de fait, en proposer une relecture digne de ce nom.
Wasp : un des groupes que Nirvana éjectera avec NEVERMIND.
J’aimais beaucoup cet album où le chanteur voulait rendre hommage à THE WALL et aux Who dont il était archi fan. A vrai dire, c’est grâce à sa reprise de THE REAL ME que je me suis lancé ans QUADRIPHONNIA.
On est très proche du Alice Cooper de CONSTRICTOR et RAISE YOUR FIST.
et bien merci pour cet article instructif ! Diantre 9 films ! Je pensais qu’il y en avait maximum 2 ou 3 ^^ Il faut dire que de toutes les grandes franchises horrifiques 70’s et 80’s Massacre à la tronçonneuse est quasiment la seule que j’ai boudé pendant des années ! Et pour cause, je ne l’ai vu à l’époque que par des cassettes vidéo VF à l’image jaunâtre et immonde…. Je ne l’ai finalement (re)découvert que par la réédition (relativement) récente en DVD avec une piste VO et une image enfin acceptable.
Et en effet je comprends mieux pourquoi ce film est tellement culte (tu détailles très bien les raisons à la fin de ton article).
Tiens dans toute la franchise quel est ton TOP5 ?
oui 9 films !!! à l’époque ou je tenais un blog sur le genre j’avais fait un article rétrospectif sur toute la saga mais à l’époque on en était qu’au sixième film, il en y a eu trois autres depuis !
et oui la copie restaurée sortie pour les 40 ans du film permettait de redécouvrir le film dans des conditions optimales !
mon top 5 de la saga ou en films d’horreur en général ?
Non le Top 5 des Massacre à la tronçonneuse. Ou le classement de tous de les films de la franchise si tu préfères 😉
Ouh là, ben franchement je suis pas sur qu’il y ait de quoi faire un top 5. Le film de 1974 est un des plus grands chefs d’œuvre de l’histoire du cinéma, alors fatalement les autres sont tous largement en dessous.
Comme je le disais dans un autre commentaire, le deuxième signé aussi Tobe Hooper est un bon film, avec de vraies fulgurances. Et si j’étais méchant, je dirais que les autres n’ont pas beaucoup d’intérêt…
En me forçant un peu, je dirais que le remake de Nispel de 2003 est honnête, que le LEATHERFACE de Bustillo et Maury a quelques bonnes idées mais c’est clairement un film pas du tout abouti par des cinéastes qui n’ont pas pu faire ce qu’ils voulaient…
Je peine à départager les autres pour en trouver un 5éme !
Sois le bienvenu Ludovic.
Comme Jean-Pascal, je ne regarde pas de films d’horreur (je suis trop chochotte pour ça), mais j’ai beaucoup aimé ton article pour ses qualités analytiques.
On a vraiment le sentiment d’en voir une version discount. – Voilà un type de critère qui impacte également fortement mon plaisir de lecture, quand j’ai l’impression d’une histoire déjà mieux faite par ailleurs, et sans beaucoup de personnalité.
Le plus déplaisant au final, c’est sans doute comment le cynisme qui semble présider à l’existence d’un tel film contamine totalement son récit. – Je peux apprécier le cynisme bien troussé, sous réserve effectivement qu’il ne serve pas uniquement à cracher ou à déprécier le genre dont il profite.
C’est surtout que cette tendance à la connivence et au ricanement, à la blague de potache (qui trouve son sommet dans la fameuse scène du bus), cet esthétique du coup de coude et du clin d’œil trahit complètement l’esprit du film de Tobe Hooper. – Un autre aspect auquel je suis très sensible. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas aimé le film Watchmen, ou je n’ai pas voulu lire les préquelles, car ils trahissent l’esprit de l’œuvre originelle.
The crimson idol : mon album préféré de WASP.
Merci beaucoup pour tes remarques !
Je comprends ton sentiment, mais on peut aussi se réapproprier des œuvres en faisant preuve d’un véritable talent. Pour suivre ton exemple sur les WATCHMEN, je trouve l’adaptation de Snyder très bien faite mais c’est un film de fan ultra-luxueux avec toutes les limites du truc. Pareil pour les comics BEFORE WATCHMEN qui se contentaient de coller de manière peu inspirée au matériau d’origine. A l’inverse, la série de Damon Lindelof pour HBO ose proposer une vraie réinvention de l’œuvre de Moore et c’est un travail à mon sens passionnant.
Salut Ludo.
Quel plaisir de te lire ici moi qui te lis ailleurs.
Merci pour cette dissection d’un film pour lequel je ne perdrai pas mon temps. J’avais adoré le 1er en son temps et puis celui avec Jordana Brewster dont j’avais apprécié le charisme.
Pour moi MALT est un film quasi sociologique : il parle de ces abattoirs fermés et de cette catégorie de salariés qui va machinalement employer sa violence en passant des morts aux vivants.
Dis m’en plus sur le volet réca’ de cet opus stp.
Salut Bruce !
oui en fait « Massacre à la tronçonneuse », c’est la revanche du prolétariat des monstres, les zombies de Romero pouvait aussi être vus comme l’émergence d’une classe populaire des monstres face à l’aristocratie des monstres classiques, notamment les vampires, c’est donc le reflet des exclus, des marginaux, des laissés pour compte de la société.
Le volet reca, tu veux dire en quoi ce nouvel opus fait référence aux précédents ?
ah oui ok ! ben certains ont dit en gros que les personnages de ce nouveau MASSACRE étaient des caricatures de « millenials » avec tous les clichés qu’on peut associer, les marqueurs sociologiques, culturels et politiques, c’est la génération woke qui est ici moquée et en gros, le film les tourne en dérision en lâchant sur eux un gros tueur bourrin afin que le spectateur puisse bien se marrer en voyant ces personnages se faire massacrer, c’est d’ailleurs pour cela que je fais la comparaison avec le PIRANHA d’Alexandra Aja, qui fonctionnait sur le même principe, en lâchant une horde de poissons tueurs sur une bande d’ado crétins en plein Spring Break. On peut même d’ailleurs remonter à JAWS de Spielberg qui fut aussi accusé d’une forme d’idéologie réactionnaire, le requin s’en prenant dans la première scène à une bande d’étudiants, symboliquement donc à la jeune génération, celle que la veine progressiste du cinéma américain des seventies avait pourtant amenée sur le devant de la scène.
C’est aussi pour cela que je fais le lien avec le slasher qui fut aussi souvent taxé de réactionnaire de par son côté manichéen et puritain : alors que le cinéma d’horreur des 70′ brouille les frontières entre la normalité et le monstruosité, entre le Bien et le Mal, le slasher ramène le monstre monolithique, incarnation pure du Mal que seul un personnage du côté du Bien pourra détruire, d’où le côté puritain, d’ailleurs moqué dans le SCREAM de Wes Craven, ou l’on explique bien que si on a des relation sexuelles, à priori on va mourir, car celui qui a couché fini toujours par se faire trucider par le méchant comme par hasard.
Intéressant.
Je trouve le procès contre JAWS complétement con. D’abord parce qu’il suit scrupuleusement le roman. Puis surtout parce tous les âges de la vie et tous les sexes y meurent : la femme, l’enfant, le vieillard puis Quint (l’homme).
Une logique que j’aurais voulu retrouver dans JURASSIC PARK.
mine de rien tu viens de me le vendre topn bouzin..parce que si c’est comme pour Battle royale une bonne excuse pour voir des ados crever… OK!
Oui, Bruce, on peut trouver ce reproche sur JAWS injuste, mais en même temps, presque malgré lui, JAWS aura ouvert une brèche, comme STAR WARS deux ans plus tard, qui va participer au retour d’un cinéma plus classique (et donc par essence plus conservateur) et qui va s’imposer ensuite dans les années 80, le cinéma de l’époque Reagan, le retour d’un cinéma plus manichéen, le retour des grands monstres (les requins, les extraterrestres, les tueurs masqués des slashers movies, bref la figure de l’Autre et du Mal absolu) et qui se construit en réaction contre un cinéma des années 70 qui avait voulu remettre en cause ces principes là.
Bonsoir Ludovic,
merci pour cette article qui m’a détendu en cette fin de soirée (ou plutôt au milieu de la nuit).
Je n’ai jamais vu aucun MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE et j’apprends que ce truc sur Netflix est le neuvième d’une saga que je ne soupçonnais pas.
En lisant les diverses interventions je me rends compte que les films d’horreur ou de massacres typé série B ou Z ne sont pas dans mon ADN. J’ai de bons souvenirs de SCREAM, le premier HALLOWEEN (la nuit des masques) ou la saga SAW. Après je tape directement dans ALIEN, JAWS, L’EXORCISTE (surtout le 2 de Boorman).
Récemment THE GET OUT et US de Jordan Peele m’ont fait forte impression tout comme GRAVE.
Bonjour Fletcher,
le MASSACRE A LA TRONCONNEUSE original de Tobe Hooper n’est qu’en apparence une série B d’exploitation pour drive-in. Mais de par sa qualité et comme toute grande œuvre, il excède largement ce statut. Certes, de par son genre, le film appartient à une cinéphilie un peu marginale, celle des films cultes des seventies, quelque part entre le EL TOPO de Jodorowsky, les films de John Waters et le ERASERHEAD de David Lynch, mais de par son importance dans l’histoire du genre, l’intensité de sa violence, la singularité de son propos et sa grande radicalité esthétique, le film n’a pas à rougir face aux grands chef d’œuvres de l’époque du Nouvel Hollywood, du EASY RIDER de Dennis Hopper au TAXI DRIVER de Scorsese en passant par le DELIVRANCE de Boorman. C’est donc vraiment un film essentiel et qui a toute sa place dans l’histoire du cinéma.
Bonjour Ludovic,
je ne doute pas de l’importance et de la place de MASSACRE A LA TRONCONNEUSE et même d’autre film de genre.
Mon propos signalait surtout que, étrangement, je suis assez inculte en film culte sanglant. C’est un réel manque.
Il ne reste plus qu’à me mettre à niveau, mais peut être pas en commençant avec celui que tu viens de décrire.
Bienvenue Ludovic.
Bon, c’est clairement le film que je ne regarderai pas, malgré les nombreuses tentatives de mon conjoint.
Mais c’est intéressant d’avoir des arguments dans mon sens 😉
Ayé, je l’ai vu.
C’est bizarre comme film. On passe un assez bon moment de divertissement (dégueulasse, mais c’est le but), pendant 1h20, puis en le finissant on se dit qu’on y reviendra pas !
La toute dernière scène, qui se veut provoc’, est d’une gratuité assez phénoménale. Le réalisateur n’en sort pas grandi et on jurereait qu’on ne le reverra pas de sitôt en haut de l’affiche…
Effectivement, on perçoit que le scénario s’amuse à défoncer du wokiste. Je pensais que ça m’amuserait mais pas tant que ça. Ludovic a raison : C’était nettement plus réussi dans PIRANHA 3D où il y avait un bien meilleur équilibre entre le côté fun du film et son côté complètement con assumé. Dans ce MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE, il n’y a pas ce niveau de finesse. C’est trop premier degré et du coup pas assez intelligent.
Reste quelques scènes d’action bien troussées et des plans gores quand même réussis. Le coup d’un soir. Celui vers lequel on ne revient pas.