The Punisher par Jonathan Hensleigh
Un article de BRUCE LITCet article portera un regard rétrospectif sur le très critiqué PUNISHER de Jonathan Hensleigh. Un second visionnage sur Netflix vous permettra de lui rendre…justice après la lecture de cet article.
Produit en 2003, le film sort juste après le HULK de Ang-Lee et le XMEN 2 de Singer.
Responsable au moins d’un chef d’oeuvre au scénario (UNE JOURNÉE EN ENFER), Jonathan Hensleigh a écrit et réalisé ce scénario qu’il a voulu fidèle aux Comics.
De facture plus scolaire que la version de 1989, ce PUNISHER raconte la chute et le retour en justicier de Frank Castle, ici agent du FBI.
Le film commence assez mal. Même infiltré chez des mafieux, le public n’a pas envie de croire en cette version du personnage teint en blond avec une chemise à fleur et des sandales à chaque orteil.
On peut même s’étonner de le voir si stupide. Son opération capote, les marchands d’armes qu’il a piégés paniquent et s’entre-tuent. Dans ce carnage meurt le fils de Howard Saint, un puissant mafieux incarné par John Travolta. Alors que son opération a viré au fiasco et que les morts s’empilent, Castle est acclamé par ses collègues (!) et décide de prendre sa retraite pour s’occuper de sa femme et son fils.
Le film continue à amasser les clichés et les maladresses : personne au FBI ne se demande si Travolta ne va pas avoir envie de venger son fils. Castle lui, se la coule douce sur une île avec sa famille comme s’il avait passé des années à fabriquer des donuts au lieu d’empiler les cadavres.
En terme de mise en scène, c’est assez ennuyeux. Travolta, peu impliqué, fait acte de présence mais ne donne aucune épaisseur à son personnage. La mauvaise réputation du film tient sans doute à son refus de donner à Frank Castle un vilain d’envergure qui lui donnerait maille à partir. Lorsqu’il pleure son fils, il singe Marlon Brando dans le PARRAIN au chevet de Sonny. Plus tard, il semble roupiller alors que Caste mène une guerre progressive et méthodique contre ses intérêts.
Sur la mise en scène, c’est pas non plus la fête. Le film prend le temps de faire vivre Mme et Castle Jr avant de les exécuter. Ils n’ont pas une once de personnalité et la scène de leur mort reprend à le lettre celle du premier MAD MAX. Éliminer des personnages qui vont déterminer le reste du film en donnant à son public une impression de déjà-vu n’était pas le meilleur choix de Jonathan Hensleigh à l’époque où les films Marvel misaient encore sur la patte de réalisateurs tel que Sam Raimi ou Ang-Lee.
Il y a bien cette fripouille de Roy Scheider qui vient lui aussi cachetonner en tant que Papa du Punisher mais tout cela est bien pauvre, manque d’envergure et de jugeote : en mettant en scène une exécution programmée et non plus une terrible tragédie en plein Central Park , en délocalisant l’action de NY à la Floride, et en donnant à Castle une première mort empruntée à celle de Hartigan dans SIN CITY, Hensleigh se prend les pieds dans le plat avec les meilleures intentions du monde : rendre hommage aux comics qu’il aime.
Que Frank puisse résister à quelques balles tirées dans les jambes et les bras, soit ! Mais faut pas déconner… Survivre à une balle tirée à bout portant dans la poitrine avec un gros calibre puis au souffle d’une explosion qui le projette à dix mètres de là, sans pouvoir auto-guérisseur et sans gilet pare-balles, c’est compliqué…
Votre serviteur qui continue à rééduquer son épaule 4 mois après une simple luxation s’est aussi amusé à voir Frank frais et dispo avec des blessures bien pires dans le même laps de temps….
Nous arrivons péniblement à la première heure du film et rien ne semble vouloir se passer. En fait, tout le monde s’en fout, quoi…Castle apparaît en public et devant la télé pour déclarer qu’il n’est pas mort et que ça va chier. Tout le monde le regarde ébahi avant de retourner vaquer à ses occupations.
Travolta, capable de percer le programme de protection du FBI pour retrouver sa trace ne se doute pas que la source de ses malheurs est ce flic qui le nargue en public. Quant à Castle on ne peut pas dire qu’il soit très prudent. Il noie son chagrin dans l’alcool et les litres de Whisky qu’il s’engloutit entre deux fusillades ne semblent pas amoindrir ses réflexes notamment dans une scène assez mauvaise où il se la joue Sergio Leone.
Et puis quelque chose se passe au royaume de l’ennui et de l’ultra pérvisible qui fait basculer le reste du film. Hensleigh reprend les voisins de Frank dans le légendaire récit de Garth Ennis et Steve Dillon WELCOME BACK FRANK. Ceux-ci invitent un Frank récalcitrant à déjeuner.
Monsieur Bumpo, Spacker Dave sont plus vrais que nature et Joann la voisine paumée et dépressive hérite d’une belle actrice, Rebecca Romjin qui incarnait Mystique chez les X-Men et qui délivre une jolie performance d’actrice.
Tout à coup, le film décolle : comme dans les comics, une bonne histoire du Punisher ne se définit qu’avec les interactions avec son entourage. Faute de vilains à son envergure, Thomas Jane peut enfin devenir le Punisher face à plus paumé que lui. Il affronte Le Russe dans une vraie chorégraphie jouissive qui reprend les moments forts de la baston.
La scène de torture de Spacker Dave révèle enfin une ambition de cinéaste et lorsque Frank prend un monte-charge torse nu, Joann agrippé à lui avec des éclairs façon DKR, le doute n’est plus permis : après avoir tenté de faire du drama, du western et du vigilante, Henleigh trouve enfin son ton, celui du tragicomique de Garth Ennis.
Dès lors et fort de ses seconds rôles attachants, le film fonctionne. Le Punisher se révèle un stratège redoutable qui opère tel le Matt Murdock de FALL FROM GRACE. Plutôt que de foncer dans le tas mitraillettes au poing, Frank y va à la byzantine : saper l’ennemi de l’intérieur, le couper de ses amis, de ses alliés, de sa famille au point d’éprouver une certaine compassion pour des salopards devenus des marionnettes à leur insu.
Thomas Jane s’installe enfin dans le rôle. Il devient taiseux au fil du film. Il est athlétique mais pas trop. Son physique vaguement Christophe Lambert lui permet de passer inaperçu comme dans les Comics et d’être crédible dans les scènes d’action. L’affrontement final et ses fatalités sadiques rachète en quelques minutes les balbutiements du début à tel point que le fan du Punisher est convaincu d’avoir passé sa dernière heure avec le vrai Frank Castle : méthodique, implacable, impitoyable mais capable de retrouver des parcelles d’humanité avec les civils.
Avec un voix off sombre et glaçante, une mise en scène moins hésitante, une violence mieux gérée et sans doute moins de dialogues explicatifs, Jonathan Hensleigh aurait pu prétendre à un film irréprochable sur Le Punisher. Il s’en tire, malgré la mauvaise réputation du film, avec moults qualités.
Tant et si bien que Thomas Jane rempilera quelques années plus tard dans un film ultra violent et non officiel réalisé Phil Joanou clipper attitré pour U2 (RATTLE AND HUM, c’est lui !)
Lumières blafardes, un Castle mutique et détaché, des affrontements sans pitié et des crevures au delà de toute rédemption, presque un bonus indispensable à cette itération très honorable du Justicier à tête de mort.
La BO du jour
Verdict : mauvaise origin story du Punisher, bonne adaptation du premier run de Garth Ennis ?
Le plus marrant quand tu as annoncé ton visionnage sur Facebook était les commentaires sur la scène de torture à la glace, « hérésie pour le Punisher » pourtant directement reprise du comics The Punisher War Zone n°1.
Verdict : mauvaise origin story du Punisher, bonne adaptation du premier run de Garth Ennis ?
Alors là, tu me pose une colle. Je dirais un peu des deux.
Rholalahhh… Se taper une heure de film chiant pour une deuxième réussie… Mouais… Je ne suis pas sûr d’avoir envie de le revoir ^^…
Je me souviens vaguement d’un film et d’un acteur trop lisses, avec des scènes au soleil d’Honolulu complètement hors-sujet.
Arf… Je sais pas si je vais lui redonner sa chance… Il faut déjà que je voie la version Lundgren… (encore jamais vu celui-là…).
Le seul élément qui donne envie c’est de voir les scènes avec les voisins tirés de WBF. Et puis l’actrice de Mystique… Wow. Une vraie beauté il me semble.
La BO : La vache… mes pauvres oreilles… 😵
Sans le blog, je ne l’aurai probablement pas revu. J’y suis allé par obligation « professionnelle » après l’article Lundgren. Reste à savoir si le dernier WAR ZONE dissipera le souvenir d’un gâchis sans nom.
Tu as vu le court métrage en fin d’article ?
Non je n’ai pas vu ce court métrage. Eventuellement si je revois le film avant…
Mais…
Ca dure 10 minutes Tornado et n’a aucun lien avec le film. Il te suffit de cliquer sur la dernière vignette de l’article !
Tu parles de Rebecca Romijn, Tornado ?
Elle était mieux que cette surestimée Jennifer Lawrence qui n’a aucun charisme et semble avoir 15 ans dans tous ses films, c’est sûr.
Rebecca Romijn était carrément mieux en Mystique. Même si le perso parlait à peine (mais ça c’est un autre souci)
En fait…tous les films X-men passé les 3 premiers (et Logan), même ceux qui sont regardables, le casting fout tout en l’air pour moi. Tout est 10 fois plus kitsch que dans les premiers films je trouve. Que ce soit les tronches pas possibles des acteurs (c’est peut être aussi les costumes qui ne leur vont pas du tout, je veux pas me moquer du physique…) ou justement ces costumes à peine mieux que des cosplay…ugh !
Je n’ai gardé que les trois premiers films X-men, qui datent du temps où j’aimais encore voir des films de super-héros. Tout le reste m’indiffère désormais, à part peut-être LOGAN, que je n’ai vu qu’une fois au ciné…
Je comprends le sentiment.
J’ai quelques films du MCU que j’aime bien mais ça a été une telle overdose que je sens bien qu’il va falloir attendre des années avant que j’ai envie de les revoir.
Et les nouveaux qui sortent…euh, hein ? quoi ? Y’en a des nouveaux ? ça me passe au dessus.^^
Alors là, je vais vous dire;
J’ai une tendresse pour ce Punisher là.
il ne vole pas haut et tout cinéphile réalise très vite qu’il regarde le sujet d’un étudiant première année à qui on a donné le budget qu’il faut.
Mais, comme le dit Bruce, il décolle peu à peu empli de bonnes intentions. Le run de Garth Ennis cité pleinement comme celui de Chuck Dixon, ça fait plaisir aux endorphines, plus qu’un cerveau,
la scène de fin est une vraie tuerie dont je ne me lasse personnellement pas. le plan de Punisher est sans concession et ça me fait sourire.
Quelque part, c’est tout ce que je demande à un film avec un logo comics:
Tandis que certains veulent avoir une sorte de choc digne de Watchmen en voyant un film de super héros, moi je veux juste voir quelques images me sauter à la figure. des images qui me donnent envie de feuilleter à nouveau mes illustrés.
C’est pour ça que je m’ennuie devant LOGAN avec son rythme de tortue et son ambiance cradingue et que je m’amuse devant des films plus simples et plus modestes…
Celui là passe bien mieux que les GHOST RIDER, ELEKTRA, CATWOMAN pour ceux qui boxent dans la même catégorie.
Tu le dis autrement.
Il y a un vrai travail de fidélisation au matériel d’origine avec des erreurs de jeunesse, oui. Je n’ose voir ELEKTRA ceci dit.
Une fois n’est pas coutume, mais je vais d’abord commenter ma vision du film que je viens de voir pour la première fois très récemment, et ensuite je lirai ton article.
C’est une daube.
La moitié du casting est à la rue : seuls l’acteur principal Thomas Jane, Rebecca Romijn, Ben Foster et le très bon Will Patton s’en sortent. Roy Scheider n’apparaît pas assez pour être un avantage, même si ça fait très plaisir de le voir. Travolta est insupportable.
Tout le début est une catastrophe. L’intro est honteuse tellement on ne croit à rien. Ensuite survient le massacre de la famille : on ne voit rien, il n’y a aucune réelle violence. La mort de sa femme et de son fils est directement pompée sur Mad Max, pourquoi pas. Mais de là à ce qu’il se crée lui-même une voiture blindée à la Mad Max, non.
Jamais je n’ai eu l’impression d’être devant un Punisher alors que je connais peu le personnage. Jamais je n’ai ressenti sa transformation, pour moi à la fin ce n’est toujours pas le Punisher.
Seule séquence à peu près réussie du film : l’assaut final. Mais une fois que Castle se retrouve en face à face, dans la rue, avec Travolta, on a envie de pleurer. Au niveau réalisation, tout le reste est moche.
Le soi-disant tueur hyper fort qui vient de NY ou je ne sais où : un clone de Johnny Cash qui ne fait jamais peur et est fin nul dans son soi-disant boulot. Aucun intérêt filmique. Ah si, c’est pour la chanson qu’il joue à la guitare en fait.
Je pourrais continuer longtemps tant l’humour ne fonctionne pas, n’a aucunement sa place ici, que la femme de Travolta a beau être la magnifique (elle est à tomber) Laura Harring, son histoire on n’y croit pas deux secondes, et encore moins la vengeance ourdie par Castle (sérieux le coup de la fausse borne à incendie je me suis demandé si j’étais pas dans Ghostbusters en fait).
C’est n’importe quoi de A à Z ce film. Dommage pour les acteurs qui y croient.
Mais c’est un mini Bullshit Detector dis moi !
Oui ! J’ai lu ton article : on est finalement pas loin d’être d’accord. Sauf que tu es bien trop gentil avec la seconde partie du métrage, y compris Johnny Cash. Vraiment pas grand chose à sauver. En plus ça dure plus de deux heures ! C’est interminable.
Ce soir je mate les vidéos.
Je n’ai pas grand souvenir de ce film… Mais je me rappelle avoir bien aimé la partie avec les voisins. D’ailleurs je me suis bien marré en revoyant la scène avec le Russe… Et donc c’est une adaptation d’un épisode de Garth Ennis ?
Hello Kao’
Oui, Le Russe apparaît dans l’épisode 8 de Welcome Back Frank. Son affrontement avec Frank est si féroce qu’il s’impose d’emblée comme le plus mémorable de la vie du justicier.
Dommage qu’à l’écran il soit totalement muet. Ses répliques dans le Comics sont à mourir de rire.
https://dailysuperheroes.com/tops/top-tv/villains-for-the-netflix-punisher-series/attachment/the-russian-comic-vine/
C’est dans celui-là qu’il y a l’actrice de Mulholland Drive (pas Naomi Watts l’autre) ?
Absolument ! Laura Harring dans toute sa féminine splendeur.
Hum… c’est bizarre, ce film à deux visages… Quoique, si on lit Cyrille, il n’en aurait qu’un et ce serait celui de la nullité.
J’ai regardé le combat contre le Russe. Oui, ça « cite » fortement Ennis/Dillon, mais ça reste un peu le cul entre deux chaises… J’ai l’impression que le réalisateur n’a pas tranché sur le style qu’il voulait donner…
Le court-métrage : mouais, plus dark, et l’acteur qui parait plus vieux, perd un petit peu de son aura de Christophe Lambert. Ca reste un peu poussif.
J’ai l’impression que le réalisateur n’a pas tranché sur le style qu’il voulait donner…
C’est exactement mon propos.
Je ne pense pas que le réalisateur hésite entre deux tons, c’est surtout que ce qui passe crème en BD, ne passe pas en cinéma. On le découvrait alors. La scène du Russe l’illustre parfaitement. on est dans une pure scène de comédie (qui d’ailleurs aurait été brillante par un mec comme Tarantino ou Raimi)
N’en déplaise ceux qui ont trouvé le moyen de faire tout passer, sans trop de bobo et faire école, c’est Sam Raimi et Joss Whedon dont le Avengers est le mètre étalon du « ciné-comics ». avec une sorte de passe-passe premier et second degré décontracté.
Tout le monde a copié le modèle (même Snyder qui mettait déjà des propos méta dans l’aube de justice)
Alors là complètement d’accord. D’ailleurs j’ai repris le visionnage de PREACHER la série télé…
Et oui Whedon a fait un truc super avec le premier AVENGERS.
Mais un peu de la merde avec Age of Ultron quand même…
Ultron qui fait son show comme un comic relief bidon
De l’humour de merde tout le temps, même quand un perso meurt.
Je le trouve très mauvais.
Seule la scène de fin est sympa, celle entre Vision et Ultron (qui est 10 fois plus réussi quand il n’est qu’une voix froide dans un corps robotique inexpressif)
Ah oui ULTRON est complètement loupé. D’ailleurs je ne l’ai vu qu’une seule fois, à sa sortie ciné. Mais Whedon pour moi c’est avant tout BUFFY, un modèle d’écriture.
Mais carrément. Le truc chez Raimi, on se serait régalé.
Une bien sympathique présentation de ce film que je n’ai pas vu. J’ai regardé les extraits : je suis assez d’accord avec Bruce et avec JP & Eddy : le ton humoristique passe moins bien dans la scène.
Le clip de fin : il manque la voix intérieure de Castle version MAX pour montrer le professionnel sans émotion.
Survivre à une balle tirée à bout portant dans la poitrine avec un gros calibre puis au souffle d’une explosion qui le projette à dix mètres de là… Pas facile de doser le niveau de violence pour savoir ou se situer entre le plausible et l’exagération en mode humour noir. Dans le clip de fin, j’ai du mal à croire que l’agresseur allongé puisse être encore conscient.
J’ai maté le trailer : on dirait un film des années 80 non ?
La BO : jamais écouté ce groupe sur la longueur d’un album mais j’ai toujours bien aimé ce que j’ai entendu d’eux. L’intro est trop longue mais c’est cool.
Le court métrage : et ben voilà, ça c’est le Punisher ! Avec une bande-son qui rappelle beaucoup celle du Dark Knight et même un petit rôle de Ron Pearlman himself ! Jolie photo.
J’ai maté le trailer : on dirait un film des années 80 non ?
C’est sans doute ce qui plaît à Eddy et moi aussi : le côté série B/ Film de genre.
Le double album PUNISH YOURSELF : CULT MOVIES passe incroyablement bien. En fait ça pourrait même être dans l’absolu un projet solo de Mike Patton.