Encyclopegeek : Alpha Flight
Une dégustation commune entre JB et EDDY VANLEFFE, promis, nous allons essayer de ne pas vous saouler.1ère publication le 28/10/21 – MAJ le 16/04/22
VO: Marvel 1983
VF : Lug puis Panini comics depuis 2021
Nous allons tenter de prouver à travers une rétrospective des 130 épisodes d’ALPHA FLIGHT, série publiée par Marvel entre 1983 et 1994, qu’il s’agit bien d’un comics d’horreur et pas d’autre chose. Disponible de nouveau en VF, Panini republie un premier intégrale depuis l’été 2021. Un deuxième volume est sorti en avril 2022.
Sinon le magazine Strange des éditons LUG a publié la série mensuellement jusqu’au numéro 73
JB : Si John Byrne artiste n’a plus rien à prouver après son run sur les X-Men , il commence à faire ses preuves en tant qu’auteur solo dans FANTASTIC FOUR. Il transforme l’essai en suivant les traces du run de Jack Kirby et Stan Lee. Puis vint MAN OF STEEL ! Sa réécriture des origines de Superman devient rapidement culte, malgré des éléments rapidement effacés comme son aura d’invincibilité. Le problème, c’est que John Byrne ne va cesser de réécrire les origines des personnages qui tombent entre ses mains pour leur redonner ce qu’il pense être leur essence. Namor, dont il tente de justifier les sautes d’humeur ; Spider-Man, qui obtient ses pouvoirs durant le même incident qui crée le Docteur Octopus… On peut également parler du caractère revanchard de John Byrne. En reprenant la série STAR BRAND, il tourne en ridicule l’avatar de Jim Shooter, son ancien rédacteur en chef, et détruit la ville natale de ce dernier.
Eddy : Pourtant, on pourrait lui concéder, malgré toutes les choses qui pourraient lui être reprochées, qu’il a laissé sa marque d’auteur notamment sur des œuvres telles que NEXT MEN, BABE chez Dark Horse (et depuis IDW) ou encore cette série un peu ovni qu’est ALPHA FLIGHT éditée par Marvel comics en 1983.
De son propre aveu, il ne s’est pas beaucoup impliqué sur ce titre, ne sachant pas vraiment quoi raconter…Alors pourquoi est-ce devenu culte alors? Une idée JB?
JB : La popularité de John Byrne et le fait qu’il s’agisse d’un spin-off du run le plus populaire sur les X-MEN, tout d’abord. Et, peut-être, le caractère hors-norme de la série, qui va de l’horreur graphique (comme on va bientôt le voir) à l’enquête policière dans un numéro consacré à Puck. Sans compter la conclusion choc du numéro 12 de la série, complètement inattendue !
Eddy : S’il a passé l’essentiel de sa carrière à travailler dans le comics de super héros, John Byrne ne dédaigne pas l’écriture en prose et se trouve être l’auteur de quelques romans, dont LE LIVRE DE LA PEUR disponible jadis dans la collection Épouvante de J’AI LU. L’auteur y montre donc une certaine appétence pour l’horreur la plus primale, faite d’effets gores et de twists vicieux et mauvais.
Aussi dans un titre aussi dégagé de contraintes qu’ALPHA FLIGHT, et ne sachant pas vraiment quelle direction donner à l’ensemble, L’auteur va simplement se laisser aller à faire ce qu’il aime un peu d’instinct, il va aussi expérimenter plusieurs choses avec un roublardise doublée d’un «je-m’en-foutisme» qui confine au génie, comme on pourra le voir.
Déjà il annonce la couleur dans la première page de la série: l’équipe qui a vécu en marge des X-Men est démantelée. Elle n’existe plus, laissant le leader Guardian totalement désemparé. L’occasion est aussi de faire le point sur le background, on apprend donc que deux autres équipes de réservistes avaient été formées, les Bêta et Gamma Flight. Cette information est essentielle pour la suite, elle conditionne même l’histoire principale de la série.Voilà nous assistons à une reconstruction d’un équipe totalement éparpillée sur un territoire grand comme l’Europe.
Nous avons donc:
Guardian quittant l’ancienne base d’Ottawa.
Shaman sorcier indien et médecin, visitant ses patients d’une réserve Sarcee à Calgary.
Harfang (Snowbird),métamorphe animalière, en harmonie avec la terre près du cercle arctique.
Les Jumeaux véloces Véga (Northstar) et Aurora visitant une école privée de Laval, Québec
Sasquatch, sorte de Hulk version poilue, randonnant au cœur des forêts de la Colombie Britannique.
A qui s’ajouteront, le nain acrobate Puck videur dans un bar de Toronto et Marrina la femme poisson vivant sur les côtes de Terre Neuve.
Pendant ce temps-là, avec une mise en scène presque naturaliste, un archéologue devenu fou, sans raison vraiment valable, récite un rituel magique dans un paysage désert et désolé. Il trace du pied une ligne qui va finir par ressembler aux Géoglyphes de Nasca. Une fois terminé, il se coiffe d’une tiare et va se désintégrer. De son corps consumé il réussira à générer une montagne humanoïde monstrueuse, véritable personnification d’une terre en colère : Tundra! Bien évidemment ce sera l’occasion pour les membres d’Alpha Flight de se réunir de nouveau, et de résoudre par la force et la pyrotechnie, une situation apocalyptique. John Byrne en profite pour s’affranchir un grand coup de la série mutante. Nous sommes désormais et sans aucun complexe dans un contexte purement «grand Nord». L’auteur va creuser surtout l’aspect mystique et la mythologie amérindienne de manière plus ou moins fantaisiste. Mais en tout cas, l’ambiance est dès ce premier épisode unique. De manière très réaliste, nous allons être confronté à des situations purement horrifiques et cela de plein de manières différentes. En amenant également Puck et Marrina, John Byrne va pouvoir s’amuser avec de nouveaux personnages que Chris Claremont n’a jamais touchés.
Dans l’aventure suivante, John à la barbe rousse, dynamite les schémas habituels de narration en déplaçant sa caméra vers un team-up de la Femme Invisible et Namor et en reléguant son équipe en second plan, ce qui est totalement atypique, faisant dire plus tard aux fans qu’ALPHA FLIGHT ne démarre vraiment qu’après le départ de son créateur. Cette fois, nous en apprenons plus sur Marrina qui est en fait une sorte de créature envoyée par un entité cosmique antédiluvienne à travers l’espace pour pouvoir coloniser l’espace. Marrina est donc une sorte de croisement improbable entre Superman et les délires de Lovecraft. L’histoire met en scène des hommes aux prises avec des créatures inimaginables en plein pôle Nord et rappelle sans surprise celles du misanthrope de Providence. L’antagoniste, le Maître est un homme préhistorique qui, jouet de ces monstres, a été disséqué vivant avant d’être reconstitué pour se transcender et devenir l’émissaire de ces grands anciens qui ne s’assument pas.
Afin d’épaissir ses personnages à vitesse grand V, John Byrne utilise le procédé du Back-up, soit les origines de chaque personnage résumées en quelques pages durant les dix premiers épisodes, le rusé va aussi y disséminer les subplots pour ses prochaines intrigues comme cette apparition de Jerry Jackson d’abord ami de Guardian, avant d’en devenir le rival acharné. Dans d’autres épisodes, il va ainsi intégrer Sasquatch à la mythologie de Hulk (ce qui va avoir son impact sur IMMORTAL HULK), Shaman est une variante maligne du Docteur Strange, puisque Michael Twoyoungmen va perdre la foi en la médecine occidentale en perdant sa femme d’un cancer. Il va à cet instant embrasser son destin de Shaman Sarcee (aujourd’hui Tsuu T’ina) et devra combattre les Grandes Bêtes avec l’aide de l’esprit d’une divinité Inuit dont le bébé sauvera l’humanité de ces monstres. Il sera le tuteur humain: Harfang (Snowbird). Plus tard sa propre fille, Talisman rejoindra l’équipe tout en maintenant une relation tendue avec son père. Si malheureusement le panthéon indien n’est que le fruit de l’imagination de John Byrne et n’a aucun fond folklorique réel, il met pourtant en place une mythologie emplie d’entités à la croisée des comics de monstres des années 50 où s’illustrait son idole Jack Kirby, mais aussi des fantasmagories pulp qu’on trouvait à la pelle dans Weird Tales.
Harfang va d’ailleurs affronter seule une autre de ces Bêtes: Kolomaq. Lors ce ce combat, l’artiste surbooké (il abat une quarantaine de pages par mois à l’époque) va même imaginer une suite de pages blanches au découpage savant qui laissera place à l’imagination du lecteur afin d’entrevoir ce qui peut se passer au sein de cette tempête de neige. Fumiste, me direz vous? Peut être avec ce qu’il faut de talent pour donner le change et même faire croire à un coup de génie. En tout cas, la séquence est restée célèbre.
Par ailleurs les jumeaux sont également étranges, pourvus d’oreilles pointues il semblent avoir dans la gémellité une relation assez trouble au vu du côté protecteur et envahissant de Northstar qui ne reste dans l’équipe que pour Aurora. James l’a d’ailleurs convaincu d’une manière singulière, s’il a plus moins compris que le skieur dédaignait la gente féminine (seule allusion que laissera Byrne au lecteur pour indiquer l’orientation sexuelle de Jean Paul Beaubier), il lui fait également chantage. Cet ancien champion olympique de ski semble avoir utilisé ses pouvoirs pour obtenir ses médailles et il a également tout un passé de séparatiste québécois à faire oublier. Sa sœur Jeanne-Marie quant à elle, souffre d’une dissociation de la personnalité, tour à tour dévote moraliste ou délurée, elle emprunte autant à Carrie qu’à sa mère du roman de Stephen King. John Byrne n’a d’ailleurs pas son pareil pour dessiner des visages inquiétants, sévères ou même pervers. Son génie du faciès et des expressions corporelles explose puisqu’il ne se bride pas le moins du monde.
Sasquatch va vivre une aventure de nouveau au Pôle Nord où une équipe de scientifiques va se faire décimer dans un huis-clos oppressant par une créature intruse, le pire c’est quand le chien se métamorphose…Naan, je déconne…
Mais vous la sentez bien l’influence THE THING ? Ce diptyque est, il faut bien l’avouer, très réussi tant l’ambiance tranche avec un énième affrontement avec un cambrioleur de banque. Encore une fois les cadavres sont souvent assez impressionnants et la violence non feinte.
Suite à cette succession d’aventures solos qui peuvent faire croire que l’équipe n’existe pas, l’auteur en fait rassemble ses pièces pour amener une sorte de conclusion de fin de saison à l’épisode 12. Alpha flight se fait piéger facilement par une équipe de mercenaires revanchards rassemblés sous le nom de Oméga Flight, essentiellement composés d’anciens membres des équipes Béta et Gamma. Comme Box ou Genial Alec. Box alias Roger Bochs est un homme cloué sur un fauteuil roulant depuis son amputation bilatérale. Il s’unit à son armure pour pouvoir se déplacer. Sans trompettes, la diversité existait donc déjà à l’époque au sein de la mythologie super-héroïque. Durant le combat, l’un des membres fondateurs va perdre la vie d’une manière brutale et graphique au terme d’un compte à rebours repris dans l’image par un gaufrier, procédé impitoyable, pour finalement mourir à la suite d’une erreur bête laissant en conclusion une dernière page aussi cruelle qu’indélébile pour le jeune lecteur que j’étais. John Byrne manie par là un art consommé du cliffhanger. Genial Alec connaît une fin étrange également. Celui-ci dérobe le sac-médecine de Shaman, regarde à l’intérieur et sans qu’on sache vraiment pourquoi, perd l’esprit. Là encore, l’ombre du vieux H.P. Lovecraft plane.
Suite à ce tragique événement, en lieu et place d’épisode de deuil, le lecteur a droit à un épisode de cauchemar totalement muet dont les pages peuvent parfois être traumatisantes. Le défunt au corps embrasé sort de sa tombe dans un plan encore une fois similaire à CARRIE et poursuit inlassablement ses proches dans une course poursuite flippante à souhait.
Après cette mort, l’équipe a bien du mal à récupérer et repart un temps pour des aventures solo où l’horreur s’efface un peu mais pas tant que ça, puisque Sasquatch en compagnie d’Aurora vont tomber sur une tueuse psychopathe croyant en la pierre philosophale et voulant récupérer sa jeunesse, là encore Byrne n’épargne pas le lecteur avec des visages totalement défigurés. Il se complaît dans la description de la chair brûlée, flétrie, pourrissante. La masque sans expression de Gilded Lily ne peut qu’évoquer LES YEUX SANS VISAGE de George Franju. Sasquatch qui a bien du mal à maîtriser ses accès de violence, découvre qu’il est en fait le réceptacle d’une Grande Bête, Harfang va donc devoir s’en débarrasser…en lui arrachant le cœur. Tout ceci aboutira à une nouvelle réunion d’équipe afin de récupérer l’âme de Sasquatch au royaume des esprits, lors d’un voyage empruntant autant à l’Enfer de Dante qu’aux délires visuels de Steve Ditko. Comme toujours, Byrne cite ses sources. Tout ne se passe jamais comme prévu puisque finalement seule l’âme revient, mais sans corps. Pendant ce temps Byrne met en scène une fausse résurrection et écrit une sorte de dernier arc où l’on retombe dans un super héroïsme plus traditionnel contre une nouvelle itération d’Oméga Flight, mais toujours remplie d’images aussi fortes comme celle d’un qui robot vidé de ses entrailles. L’occasion pour John Byrne d’introduire un dernier personnage clé, Madison Jeffries, un marginal, assez buriné, refusant les codes du super héroïsme avec son vieux jean et son blouson élimé. Il annonce d’une certaine manière le Jack Hawksmoore de THE AUTHORITY . Jeffries manipule les machines à sa guise. Le dessinateur parvient à nous soulever le cœur avec un simple robot. Même pas motivé, John le barbu est parvenu à brosser des portraits tout à fait originaux, esquisser une direction assez claire, inventer une galerie d’antagonistes spécifiques comme l’Oméga Flight, le Maître ou les Grandes Bêtes et donner un ton novateur, à cheval entre super héros et Horreur pure et dure
Finalement, il ne s’intéresse, comme il le dit, pas plus que cela à ses créations, puisqu’il abandonne le tout en plein suspense, laissant le soin à d’autres de reprendre le flambeau.
JB :C’est Bill Mantlo qui prend la suite de John Byrne en tant qu’auteur d’ALPHA FLIGHT à partir du numéro 29. En effet, les 2 hommes échangent leur série et John Byrne devient, pour un temps, l’auteur d’INCREDIBLE HULK. Bill Mantlo n’est lui-même pas étranger aux récits horrifiques et garde le cap initié par John Byrne. Les lecteurs de STRANGE se rappelleront par exemple de ROM, redevenu humain, dont le corps en proie aux radiations se décompose peu à peu. Dans des épisodes restés inédits de ROM, SPACEKNIGHT, les Spectres entament une guerre ouverte et massacrent la population de Clairton, la ville alliée du Chevalier de l’Espace. Au niveau graphique, ce n’est nul autre que Mike Mignola, futur créateur de HELLBOY, qui accompagne Mantlo dans ses premiers numéros.
Dès ALPHA FLIGHT n°30, Bill Mantlo crée le personnage de Scrambler. Lionel Jeffries est le frère de Madison Jeffries, ancien membre d’Omega Flight. Alors que Madison peut modeler la forme des métaux à volonté, Lionel a le pouvoir de faire de même avec la chair ! Lorsque Heather, veuve de Guardian, cherche des recrues, elle libère accidentellement Lionel de sa cellule d’internement. Lionel, alias Scrambler, commence à transformer les corps de tous ceux qui se trouvent dans l’asile où il était détenu, à commencer par Heather elle-même. Ses victimes sont au mieux piégées dans des corps difformes, au pire rendues folles par leur métamorphoses ! Du body-horror qui rappelle les grandes heures de David Cronenberg et son goût pour la nouvelle chair.
Mais Scrambler n’est pas le supervilain d’un seul numéro : il semble guéri de sa folie et assiste la Division Alpha. Grâce à ses pouvoirs, il donne même un corps d’athlète à Roger Bochs, meilleur ami de Madison Jeffries et membre de l’équipe. Mais bientôt, des signes de décomposition apparaissent sur les nouvelles jambes de Bochs. Roger lui-même montre des signes de démence. Autant de preuves que Scrambler a à nouveau perdu la raison. Il a utilisé des tissus de cadavres pour construire les nouveaux membres de Roger, ce qui a déstabilisé ce dernier.
Lorsque ses exactions sont découvertes, il fait muter son frère et son assistant, avant de fusionner avec Bochs pour devenir la forme de vie ultime, Omega. Une monstruosité que n’aurait pas renié le Brian Yuzna de SOCIETY. Lorsque Lionel lobotomise un Bochs réticent, Madison n’a d’autre choix que de détruire son propre frère.
Entre les débuts et la mort de Scrambler, un autre vilain sorti d’un film d’horreur fait son apparition : Pestilence. Malgré son nom, il ne s’agit pas d’un des cavaliers d’Apocalypse. Francis Crozier (personnage historique) est un membre d’équipage de l’expédition de John Franklin, véritable campagne dont la mission était de cartographier le Passage du Nord-Ouest, qui relie l’Atlantique au Pacifique via la zone Arctique. Cependant, les navires se sont retrouvés pris dans la glace et l’équipage a disparu, souvent dans des circonstances restées obscures. L’histoire vous semble familière ? C’est la base de la première saison de la série THE TERROR !
Le Docteur Crozier, voyant les membres de l’équipage mourir peu à peu autour de lui, absorbe une potion qui ralentit ses fonctions vitales, jusqu’à ce que le soleil permanent de l’été le ramène à la vie. Mais les autres survivants le croient mort et enterrent Crozier vivant et encore conscient ! Pire encore, les rayons du soleil ne pourront pas le raviver. Crozier reste ainsi piégé dans les glaces pendant près d’un siècle et demi. C’est Talisman, la fille de Shaman, qui le ramène à la vie afin de se venger de son père. Mais elle fait une erreur critique : Talisman croit pouvoir contrôler Pestilence qu’elle croit être un mort réanimé. Cependant, Pestilence est bien en vie et donc hors de portée du pouvoir de Talisman.
Pestilence prend possession de l’enfant de Harfang, que Talisman a fait naître au-dessus de sa tombe pour piéger la Division Alpha, et déchaîne ses pouvoirs contre les héros. Il peut en effet contrôler les effets de mort et de putréfaction et, à l’image du cavalier biblique, répandre les maladies. Crozier couvre Aurora de larves grouillantes, fait rouiller l’armure de Madison Jeffries, envoie un essaim de mouches masquer la vue d’Heather. De manière plus directe, Pestilence fait vieillir Shaman et contrôle les Grandes Bêtes qu’il déchaîne après l’équipe. La Division parvient à le mettre en fuite, mais l’affronte à nouveau. Cet affrontement est critique pour Vega, déjà en proie à une maladie dont Pestilence accélère les effets. Si ce mal n’est pas nommé, les lecteurs auront identifié les effets du SIDA. Ce second face à face coûte la vie de Harfang, de son mari et de son enfant.
Bill Mantlo ne donne pas que dans les intrigues de longue durée. ALPHA FLIGHT n°47 est un hommage aux films d’invasion extraterrestre tel que L’INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES , histoire moult fois adaptée au cinéma. Heather Hudson revient dans sa ville natale, dont les habitants sont possédés les uns après les autres par des extraterrestres végétaux, qui recouvrent le corps de leur victime de branches et racines pour mieux les contrôler. Bill Mantlo ramène également Marrina et le compagnon à l’allure eldritchienne que le Maître avait prévu pour elle !
Le dernier adversaire de longue durée que crée Bill Mantlo est Dreamqueen, même si c’est son successeur qui en dévoilera plus sur le personnage. Dreamqueen est la fille de Cauchemar, adversaire historique du Dr Strange. Il y a des siècles, Cauchemar a violé une succube qui parcourait le royaume des rêves. Sa victime perd la vie en donnant naissance à leur enfant, mais transmet à celle-ci sa haine à l’égard de Cauchemar. Dreamqueen a un contrôle complet sur la dimension où elle se trouve mais ne peut s’en évader par elle-même.
Dreamqueen est surtout monstrueuse pour le sadisme dont elle fait preuve pour rejoindre la réalité. Elle n’hésite pas à torturer une enfant, directement puis en utilisant des créatures dont le visage est celui des parents de la jeune fille. Mais elle peut également manipuler les rêves à l’image de Freddy Krueger . Dreamqueen insuffle notamment à la fille de Zebediah Killgrave un cauchemar. La Fille Pourpre y ranime le cadavre de son père dont le corps en décomposition la poursuit sans cesse, dans une histoire qui évoque fortement le cauchemar d’Heather Hudson après la mort de son mari, zombie enflammé compris ! Madison Jeffries est également victime de ces attaques mentales. Dreamqueen lui fait voir en rêve Lionel et Bochs sous une nouvelle forme hideuse, et utilise les pouvoirs de Jeffries afin de tuer Heather dans la réalité. Dans le dernier numéro du run de Bill Mantlo, le jeune Manikin, jeune recrue, découvre le véritable responsable des malheurs d’Alpha Flight. Un être tout puissant, sadique, qui contrôle la destinée des héros, les tuant à loisir. L’identité de cette créature proprement lovecraftienne ? Bill Mantlo lui-même ! Le numéro en question, ALPHA FLIGHT n°66, sort exactement un an AVANT qu’ANIMAL MAN ne se tourne vers le lecteur dans ANIMAL MAN n°19 de Grant Morrison…
James Hudnall reprend la série et révèle les origines encore inconnues de Dreamqueen. Celle-ci parvient à sortir de sa dimension et prend le contrôle de la ville d’Edmonton. Elle plonge ses victimes dans un rêve éveillé. Les habitants d’Edmonton cèdent à leurs plus basses pulsions et leurs plus sombres fantasmes, tuent, volent sans réaliser que leurs actes sont bien réels ! Lorsque les membres de la Division Alpha viennent l’affronter, Dreamqueen les soumet à leurs pires cauchemars, mais Talisman parvient à la renvoyer dans sa dimension.
Cependant, une nouvelle menace se profile. Talisman explique à Heather que les apparitions successives des Grandes Bêtes, de Pestilence et de Dreamqueen ne sont pas des coïncidences mais les signes annonciateurs de la venue d’une menace encore sans précédent. Llan le sorcier est un être mystique qui tente de détruire l’humanité tous les 10 000 ans. La lignée des porteurs de la tiare de Talisman ont pour mission de lui faire face. Dans le présent, il fait appel aux sentiments écologistes de Dexter Rayne pour le persuader de le libérer de son dernier emprisonnement. Rayne étrangle sa compagne à main nue avant de l’égorger et de boire son sang, un acte qui permet à Llan de posséder son corps. La première action de Llan est de s’attaquer à la seule personne capable de contrecarrer ses plans, Talisman !
Son premier combat contre la Division Alpha dans ALPHA FLIGHT n°72 est à la hauteur de sa menace. Il emporte les héros dans une dimension déserte et sans vie et ignore toutes leurs attaques. Au contraire, il écrase ses ennemis, littéralement dans le cas de Box. Afin de protéger ses amis, Talisman n’a d’autre choix que d’affronter Llan, une attaque qui l’autorise à retourner ses pouvoirs contre la Terre. Ce numéro, qui fait la part belle à des décors hérités de la folie visuelle de Steve Ditko, est notable pour les traits de Gerry Talaoc. Si celui-ci a peu travaillé pour Marvel Comics, il a par contre illustré beaucoup d’anthologies d’horreur chez DC Comics, telles que THE UNEXPECTED, GHOSTS, HOUSE OF MYSTERY, THE WITCHING HOUR ou HOUSE OF SECRETS. Une entrée en matière parfaite pour cet antagoniste présenté comme l’adversaire ultime de la Division Alpha ! Mais la suite ne tient pas les promesses de ces débuts. Si d’autres numéros, comme ALPHA FLIGHT n°83, proposent encore des scènes de transformations ou de morts (illusoires) horrifiques, l’affrontement final est très conventionnel et conforme aux combats superhéroïques, illustrés ici par Mark Bagley.
Fabian Nicieza prend la suite de James Hudnall et en fait un comics de super-héros classique, rapprochant ses personnages du reste de l’univers Marvel : ceux-ci croisent Fatalis, Galactus, les 4 Fantastiques. Scott Lobdell ne fait pas mieux en mettant Heather et Wild Child face à Diablo. Sven Larsen confirme ce retour de la série dans le giron de l’univers Marvel en faisant faire aux héros une tournée mondiale. Il faut attendre Simon Furman pour de nouvelles aventures décalées, plus grotesques que véritablement horrifiques.
Des éléments comme l’apparence des membres d’une nouvelle Division Omega créée par le Maître ou celle de Wyre, un assassin modifié génétiquement. Le crossover Infinity Crusade permet à Furman de modifier le personnage de Witchfire pour en faire une figure d’Antéchrist en tant que fille de Belasco, mais cette histoire reste très timide en termes de scènes d’horreur. Les séries ALPHA FLIGHT successives ne retrouveront pas non plus l’ambiance d’épouvante des débuts. Le comics de 1997 reprend à son compte la paranoïa de séries comme X-Files. Celui de 2004 est ouvertement humoristique et le comic book ALPHA FLIGHT né de CHAOS WAR et de FEAR ITSELF propose une sorte de CIVIL WAR canadienne !
En Conclusion, ALPHA FLIGHT est un titre qui a su perdurer dans le temps et les mémoires grâce à un petit détail insignifiant au premier abord mais qui peut faire la différence avec pas mal de nouvelles séries lancées chaque année pour sombrer dans l’oubli quelques numéros plus tard, un fil conducteur et une ambiance particulière, cette ambiance que John Byrne a trouvé naturellement: le fantastique et l’horreur. Chose qui malgré la disparition du comics code n’a plus cours au sein des univers partagés mainstream.
En BO encore un truc d’horreur déguisé en un objet inoffensif.
Très belle présentation, avec un axe d’analyse fort. J’avoue que j’ai arrêté de lire Alpha Flight avec le dernier numéro réalisé par John Byrne, ayant à l’époque lu trop de comics de Bill Mantlo et n’appréciant plus son écriture.
Je me rappelle bien de Byrne déclarant qu’il ne s’est pas beaucoup impliqué sur ce titre, ne sachant pas vraiment quoi raconter… Je me souviens tout autant de la manière dont il balade ses héros deux par deux à travers tout le Canada, d’une côte à l’autre, sans les réunir, encore plus une anti-équipe que les Defenders. 🙂
Je n’imaginais donc pas que les scénaristes successifs (à l’exception de Nicieza) aient repris cette fibre horrifique. Je ne savais pas non plus que Manto s’était invité dans son propre comics.
PS : je trouve que la forme de ce team-up donne un sacré rythme à l’article.
Rendons à Eddy ce qui lui appartient, il est à l’initiative de la thématique de l’article, nous nous sommes ensuite répartis les runs à évoquer 😉
Je ne me suis jamais trop interessé à Alpha Flight passée les premiers temps de sa publication dans Strange, mais effectivement la thématique est forte! Après avoir été traumatisé par Proteus, on se faisait torturer quasiment chaque mois dans les pages de Byrne. Merci pour cette analyse.
Précision pour l’épisode aux pages blanches, Snowblind, il faisait partie d’une opération de Marvel, l’assistant editor month, qui avait prétendu que, profitant de l’absence des editors officiels des séries en cours, les assistants avaient approuvé toutes sortes de dingueries. Je trouve le concept plutôt amusant, et effectivement l’épisode d’Alpha Flight correspondant choisit une idée graphique forte et l’exploite bien, tout en allégeant la charge de travail du dessinateur!
Pour l’épisode « blanc », je reste sur une idée d’arnaque, même pas originale puisqu’un numéro de What the ?! l’avait déjà utilisé avant (en limitant la blague à une case).
Ah oui tiens, paru en français après, de mémoire (Strange 200?) mais en VO 1 an et demi avant.
Que de souvenirs !
J’ai lu une bonne partie des épisodes VF de la « Division Alpha ». Avec son côté horrifique, elle avait goûté à la censure de Lug. Par exemple, sur le cauchemar de Heather, la scène se terminait lorsque la main du revenant l’agrippait, pas de tentative de bisou…
Votre axe d’analyse est très pertinent (j’ai souvenir d’un dossier Scarce évoquant l’immortel Ernest St Yves, découpé mais toujours vivant) mais même en tant que grand petochard, c’était un niveau d’horreur que je supportais et qui me fascinait. Pour les successeurs de Mantlo, je retiens aussi une équipe ridicule de super-héros chinois et surtout un cast plus trop bien animé…
Vous mentionnez le look basique de Madison Jeffries mais il subira plus tard le traitement de la beaugossitude, notamment sous les crayons de Jim Lee…
Merci pour cette « belle » évocation !
Sacré boulot les garçons ! On reconnait bien vos pattes caractéristiques.
J’étais très loin de m’imaginer que la Division Alpha était en fait un comics horrifique, et vous démontrez très bien en quoi ! C’était osé, et tu as raison Eddy, on ne ferait plus ça chez Marvel de nos jours. Ou quand on le fait, c’est toujours dans le même but… Un Elseworld qui ne laisse aucune trace dans la continuité mais qui va faire le buzz.
Tu parlais aussi des minorités qu’on voyait déjà sans en faire tout un foin. J’ai eu l’occasion de lire le coming-out de Vega. Ca c’était quelque chose. Un truc fort, émouvant et bien amené.
Pour en revenir à l’article, belle analyse.
La BO : ah j’adore l’humour de Robbie Williams ! Je ne me rappelais pas que le clip allait aussi loin !!
Le clip était souvent coupé avant le twist du strip-tease « intégral »
Ah c’est pour ça !!! Je ne me rappelais pas du tout des muscles qui étaient arrachés puis balancés aux filles !
Ps : Effectivement le scan J’ai les dents qui baignent fait penser à du Planetary !
La scène en question : https://i.pinimg.com/originals/4a/7e/c1/4a7ec1c3b023ef9bf013dfdccef962ca.jpg
« Et donc, Bill Mantlo brise le 4ème mur ?! »
Comme d’autres à la même période (Morrison termine son run sur Animal Man avec une rencontre entre Grant et Buddy Baker) ou avant lui (Gerber termine son run sur l’Homme-Chose avec une rencontre entre Gerber et les personnages qu’il anime).
Pour Morrison, c’est environ un an après cette scène où l’un des membres d’Alpha Flight s’insurge contre les maltraitances que lui fait subir son auteur.
Mais oui, pour les rencontres personnages-auteurs, on peut remonter loin 😉
Excellent ! Une approche inattendue et originale !
A l’époque j’avais vraiment l’impression que Byrne ne savait pas trop quoi faire sa série, en tous cas la ligne directrice n’était pas claire « Bon on va la voir cette équipe oui ou non ?? » ^^. Mais du coup ça lui laissait plus de place pour l’expérimentation ou glisser justement des aspects horrifiques ! Du reste je découvre les dessins du cauchemar de Heather ! Je suppose que Lug avait censuré cette scéne dans Strange…
Par contre mon intérêt pour la série n’avait pas survécu au départ de Byrne. Je me souviens juste de Box qui se décompose au fur et à mesure, mais c’est à peu prés tout ^^
Euh pour la BO… qui est le coupable ?? ^^
Je crains que ce ne soit moi, mais juste pour le clip !
Cette saison s’ouvre pour moi sous le signe des collaborations (et ce n’est pas fini 😉 ). Ce sont des experiences vraiment jouissives.
Cet article, j’en avais l’idée depuis pas mal de temps et quand Bruce nous annoncé l’arrivée de JB, je n’ai pas résisté à l’envie de travailler au plus vite avec l’un de mes plus vieux amis en ligne.
Nous avons souvent échangé à propos de John Byrne de par le passé sur le forum Buzz Comics et je savais qu’on pourrait faire un « truc ».
Moi aussi j’ai cristallisé l’équipe canadienne sur le passage de Byrne et basta, il a fallu justement l’énumération d’un tas d’éléments de Mantlo par JB pour que l’article ensemble fasse sens et j’en suis plus que ravi. Bosser avec toi, c’est l’assurance d’avoir toujours un propos étayé et argumenté.
A refaire!
du coup je suis content que ça vous plaise…
POur la BO, Robbie Williams, c’est marrant et très Halloween…
C’est carrément mon dada Alpha Flight, on a fait un gros dossier dessus. Je partage quasiment tout ce qui est dit, on se retrouve à faire les mêmes parallèles, c’est intéressant.
Juste 2 ajouts sur le côté horreur:
– Ernest St Yves effectivement, comme le dit JP, découpé comme un saucisson dans un épisode sauté par Lyg car jugé « horrible ». Ils l’ont même écrit sur la couverture.
– les Derangers, qui ont carrément un clone du personnage de Splatterhouse, avec le masque de hockey.
Bravo pour cette rétrospective !
Bravo pour ce long article, JB et Eddy : il est très érudit. Vous faites référence à des films que je ne connais pas (je n’ai pas regardé THE TERROR par exemple) et bien sûr je n’ai rien lu de tout ça. En tout cas vous m’avez convaincu, c’est de l’horreur. Je ne connais pas assez Ditko pour voir les parallèles mais je vous crois sur parole. Les scans sont souvent impressionnants.
Un ami m’a prêté les deux premiers tomes de NEXT MEN, le troisième va sortir. Il faut vraiment que je les lise.
La BO : de l’horreur en effet…
J’ai acheté le tome 2 hier et arrivé à sa moitié je trouve ça extraordinaire, bien plus intéressant que le premier volume.
J’ai bien vu l’allusion gay à Vega que vous mentionnez. Et le chantage également.
Le récit horrifique contre le Super Skrull me rappelle ceux de Rom. On sent vraiment que Marvel s’émancipe de ses récits gentils.
La mort de Guardian est un grand moment et la séquence de son enterrement époustouflante. Ca n’est pas paru en VF ça hein ?
Si, même s’il me semble que le cauchemar de Heather est écourté en VF
20 pages sur 22 recensées sur l’excellent site comicsvf.
De mon côté j’ai tout en VO.
Super article que j’avais loupé. La nouvelle intégrale vient de sortir je crois. Je suis content de revoir le site en activité. C’était mort cette semaine.
j’ai tellement dégusté au taf depuis vendredi dernier et le passage de la tempète, que je n’ai pas eu le temps de venir sur le blog. Je traine une salle toux et une grande fatigue depuis. (pas mis de commentaire dans le super article d’Eddy).
J’espère que Panini enchainera avec le run de Bill Mantlo supérieur, à mon avis, à celui de Byrne, bourré de défauts (sauf graphiquement).
« J’espère que Panini enchainera avec le run de Bill Mantlo supérieur, à mon avis, à celui de Byrne, bourré de défauts (sauf graphiquement). »
Encore faudrait-il pour cela que Marvel fasse de même en VO (seul le run de Byrne a eu droit à des recueils). À moins que panini ne fasse preuve d’initiative (tel cet omnibus du Spectacular Spider-Man de DeMatteis, édition exclusive à un pays d’Europe).
Bon j’aimerais au moins que ça ne se termine pas par le coup de poing à Box… mais bon on verra.
le run de Mantlo…j’aimeraius aussi, je l’avais tellement méprisé en son temps qu’il est temps à la lumière des discussions qu’on a pu avoir les uns avec les autres que je lui donne une seconde chance.
Byrne…c’est quand même un putain d’artiste.
si son boulot sur les FF ne joue pas dans la catégorie « horreur », il faut revoir le boulot qu’il donne sur les echelles… comment il arrive sur un format comics à rendre le minuscule et le gigantesque…c’est hallucinant.
j’ai pris du recul sur le barbu mais X-Men Alpha Flight et FF pour moi il marche sur l’eau…(avec quand même des faiblesses de scénars parfois…)
C’est quoi les défauts de Byrne ?
John Byrne, possède un ego monstrueux et ça l’amène à avoir une vision de ce qui doit être assez « écrasante » pour les autres auteurs. Dans les FF, le fait de mettre en scène Tante Pétunia en une ravissante jeune brune… ou d’inventer le couple Johnny/Alicia qui sort de nulle part… c’est très très maladroit…
J’ai presque fini l’intégrale. Il y a bien des cellules de textes qui ne servent à rien comme chez Papa Chris mais globalement l’écriture est très solide. Je me régale.
Sur Alpha Flight, ce sont ses bébés, si j’ose dire…donc pas de fautes de goûts dans ses choix mais une succession de surprises, de mystères et de choses pas vues ailleurs ( à l’époque et encore aujourd’hui pas si fréquentes…)
Un article dédié à la carrière de John Byrne, sur le site Bruce Lit :
http://www.brucetringale.com/the-byrne-identity-special-john-byrne/
J’ai pris mon pied avec ce volume 2.
J’ai adoré.
Une équipe de Losers qui ne réussit rien de ce qu’elle entreprend mais récoltent tous les emmerdes propres aux super héros. D’un point de vue de l’écriture c’est brillant : il s’agit d’éviter d’écrire une histoire de super héros ordinaire : leurs missions sont des fiascos, leur leader meurt au bout de 12 épisodes, les personnages sont antipathiques, ils perdent leurs combats et leur vie privée est catastrophique. D’ailleurs les costumes c’est pour les couvertures, la plupart du temps tout ce petit monde se ballade en civil.
Byrne réussit quand même à écrire une histoire dramatique avec des héros qui se battent contre des…jaunes d’oeufs.
Hâte de lire la suite !
Wow !
Bonsoir Bruce,
même si j’apprécie assez de lire ses ALPHA FLIGHT, surtout car c’est très bien dessiné, je rejoins tes commentaires il s’agit d’éviter d’écrire une histoire de super héros ordinaire : leurs missions sont des fiascos, leur leader meurt au bout de 12 épisodes, les personnages sont antipathiques, ils perdent leurs combats et leur vie privée est catastrophique. D’ailleurs les costumes c’est pour les couvertures, la plupart du temps tout ce petit monde se ballade en civil. sauf que je fais partie des rares à penser que ce n’est pas fait exprès. Une sorte de malentendu industrielle devant surtout dans nos contrées à un gout de madeleine persistant.
sur Byrne scénariste il y en a des choses à dire (que vous évoqué dans l’article cité précédemment) et ALPHA FLIGHT ne fait pas parti ses meilleurs scripts.
Bryne n’avait pas prévu d’écrire cette série (source : Byrne Robotics): Alpha Flight was never much fun. The characters were created merely to survive a fight with the X-Men, and I never thought about them having their own title. When Marvel finally cajoled me into doing Alpha Flight, I realized how incredibly two-dimensional they were, and spend some twenty-eight issues trying to find ways to correct this fault. Nothing really sang for me. If I have any regrets, it would probably be that I did the book at all! It was not a good time for me. JB confirme au passage cette direction à contre courant. Perso je trouve que cela ne fonctionne pas toujours. Reste à mes yeux, quelques fulgurances (d’un grand niveau) ou numéro à prendre isolément.
Précisions : la phrase si peu sibylline de james Hudson à Jean-Paul Beaubier au sujet de son indifférence vis-à-vis de ses groupies n’est pas le seul indice « glissé » par John Byrne au long de son run sur le titre, au sujet de l’Homosexualité du mutant aux oreilles pointues. Il insiste pas mal sur l’importance de la relation du tout jeune homme avec Raymonde Belmonde (!) ; assez pour qu’on soit en droit d’imaginer qu’elle ne représente pas uniquement la classique fascination d’un apprenti envers son mentor -ou même un simple rapport père-fils, encore plus banal. Ce dandy est, d’ailleurs, un cliché Queer assez criard d’ex-sous-marin (argot d’initié ARF !) : sa fille qui, adulte, ressurgit dans sa vie et dont la simple existence stupéfie Jean-Paul, n’est qu’un élément de plus précisant l’identité du personnage (ÇA c’est du talent d’écriture !). Aussi (mais c’est assez subjectif, même si je soupçonne Byrne de s’être escrimé à censurer ses capacités d’analyses et d’élaboration caractérielle traditionnelles allouées à ses personnages, quant aux motivations « hors-champ » du « premier » Super-Héros Homosexuel, Comic-Code oblige…) : il parait assez évident que le susceptible et décidément solitaire Northstar a des raisons bien précises de s’irriter de la relation franchement axée « sex-friend » entre sa soeur et Walter Langovsky. Ce dernier est un physicien, d’accord ; mais aussi un demi de mêlée athlétique assez décomplexé et, forcément, habitué des ambiances garçonnes…
Pour le Comic en lui-même, les choix scénaristiques du démiurge l’ayant assez radicalement (et rapidement !) amené à rompre avec l’univers habituel réservé au personnages du MCG, il est vrai que, pour un habitué des X-Men, les débuts de Alpha-Flight étaient quelque peu déstabilisants ; même si la caractérisation, inventive et tranquillement amenée, nous caressait effectivement dans le sens du poil. Malheureusement, malgré quelques trouvailles culottées, comme la justification très rationnelle du refus de la maternité par Heather (position super-courageuse dans une publication pour enfants !), le dilemme de Marina, la singularité de Judd, l’intrigante « Gilded Lily » ou encore le changement de look -très astucieusement justifié !- d’Aurora, Etc…, la trame directrice reste très floue et, en effets, il est un peu difficile de « croire » en une réelle équipe. Éliminer d’aussi inélégante manière le gentils (un peu trop…) Guardian ressemble vraiment à un sabordage pur et simple et, en effets, les épisodes qui suivent, noyés dans la surenchère horrifique plutôt facile -et même racoleuse (le bébé !)- achèvent de réduire les héros à de transparents stéréotypes ; dont l’un des pires est bien la soudaine -et parfaitement grotesque, quand on revisite le personnage depuis ses débuts !- vocation de Heather pour l’emploie costumé de feu son mari !!!
L’abandon lâchement justifié de Alpha-Flight par son créateur, au nom d’un exercice gratuit « d’échange de série », m’a, à l’époque, vraiment fait l’effet d’un soufflet et, dégoutté que j’étais, je n’ai eu aucun mal à boycotter l’épouvantable jeu de massacre qui a suivi, « orchestré » par un Bill Mantlo aussi peu maitre de son « art » que d’habitude : sensationnalisme, montagnes de textes et zigouillages à gogo. Beurk.
De plus récents travaux (Danger Unlimited, The Torch Of Liberty, Trio, Etc…), faits surtout de ré-interprétations des œuvres séminales de ses idoles, prouvent clairement l’adoration fanatique de Byrne pour un genre bien particulier -et malheureusement assez cloisonné- du Comic de Super-Héros. On s’explique mieux son désengagement vis-à-vis de sa propre création, tant l’élan qui l’a fait naitre était, finalement, très loin de ses véritables affections. Paradoxalement, il s’en tirera beaucoup (beaucoup !) mieux avec JBNM, le pitch de départ lui interdisant d’office toute référence à ses si chers maitres…