Grand silence, de Sandrine Revel & Théa Rojzman
Un article de PRESENCEVF : Glénat
1ère publication le 5/10/21 – MAJ le 13/02/22
Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. Le premier tirage date de 2021. Il a été réalisé par Théa Rojzman pour le scénario, et par Sandrine Revel pour les dessins et les couleurs. Il contient 116 pages de bande dessinée. Il se termine avec une postface de la scénariste expliquant son choix d’une forme de conte, d’une page recensant quelques chiffres indicatifs, d’une autre indiquant où trouver des informations, et d’une avec une courte biographie des autrices.
La vue se rapproche d’une île abritant une petite ville, au-dessus et dans laquelle planent des lambeaux de nuage. Sur la grande place, les habitants essayent de fuir en tous sens, en se bouchant les oreilles avec les mains, et en suppliant pour que le silence revienne. Quelques années plutôt, madame enceinte et monsieur se marient. Pendant la noce, Octave, le frère de madame, député des Hauts Sommets, va trouver le mari pour le féliciter. Le député remarque deux garçons en train de fumer en cachette derrière un arbre. Il s’approche d’eux, et l’un part en courant, l’autre Freddy, onze ans, reste, le neveu du mari. Le député s’adresse au garçon en jouant à la fois sur la sympathie, une forme d’autorité, une mise en confiance et un chantage émotionnel. Il promet à Freddy de ne rien dire à ses parents sous réserve qu’il vienne avec lui. Pendant ce temps-là, la fête continue et le jeune époux passablement éméché se ressert une coupe de champagne, puis en remplit d’autres pour les invités. À l’écart au pied d’un arbre, Freddy est agenouillé par terre, le pantalon baissé, avec la sensation que sa tête s’est détachée du reste du corps et repose par terre à une dizaine de centimètres. Octave boit une coupe de champagne. La nuit, en rentrant en voiture, les parents s’étonnent du mutisme de leur fils Freddy le mettant sur le compte de la fatigue.
Six ans plus tard, les jeunes époux divorcent, le mari se montrant violent. Ils ont eu des jumeaux : Ophélie et Arthur qui ont six ans. La fillette reste avec sa mère, et le fiston va vivre avec son papa. Les jumeaux dorment pour la dernière fois chacun dans leur lit dans la même chambre, se demandant s’ils se reverront, se disant que oui, au moins à l’école. Arthur se dit qu’Ophélie va avoir une grande maison, et lui une petite. Il coupe un bout de mèche de ses cheveux roux, et le remet à sa sœur. Ils finissent par dormir. Sur une colline, qui domine la ville, se trouve un bâtiment hérissé de piques portant l’inscription Grand Silence. Quelques jours plus tard, la mère présente sa nouvelle chambre à Ophélie, et le père présente sa nouvelle chambre à Arthur. Le matin, les jumeaux se retrouvent et se prennent par la main devant les grilles de l’école, alors que les deux parents s’en vont en se tournant le dos, sans se parler. Dans la cours de l’école, les enfants parlent, mais on ne les entend pas. Le soir, la mère embrasse le front de sa fille pour lui souhaiter bonne nuit. Ophélie lui demande : Pourquoi, maman ? Parce que, répond sa mère. Le père embrasse le front de son garçon, et lui demande : Pas de baston demain. Pour répondre à son fils, il complète : pas de baston perdue.
Il est vraisemblable qu’en entamant cette bande dessinée, le lecteur dispose déjà d’une idée de son thème et qu’il s’attende à une lecture ardue, pénible, voire insoutenable, une forme de témoignage douloureux, ou de pamphlet nécessaire. Il n’est pas préparé à la première page avec ce traveling avant vers une île et ces individus essayant d’échapper à des bruits sous-entendus. Il se demande bien également qui est cette femme en fauteuil roulant. Après ce prologue intrigant, arrive la scène du mariage et l’agression qui se déroule hors champ des cases, sans détail, mais sans possibilité de s’y tromper. En page 12, el lecteur découvre la tête séparée de du corps de l’enfant, après quelques instants, il la remet à sa place. Les couleurs sont douces, l’arbre s’élevant vers le ciel évoque un symbole phallique, les corbeaux prononcent des phrases culpabilisant l’enfant. Les autrices utilisent des conventions de conte pour enfants, une simplification des formes, des couleurs atténuées, des métaphores visuelles. Le lecteur ne sent ni agressé, ni pris en otage, ni culpabilisé. Les phylactères ne contiennent pas énormément de texte et il y a une vingtaine de pages dépourvues de texte, ce qui donne un rythme rapide à la lecture, et la place au lecteur de réagir en son for intérieur, d’exprimer sa sensibilité sans qu’elle ne lui soit dictée.
Le lecteur poursuit sa découverte de l’histoire, aux côtés d’Ophélie et d’Arthur, chacun de leur côté, comment leur vie est conditionnée par celle des adultes et leurs choix autour d’eux. Il découvre également la condition de Maria, l’institutrice en fauteuil roulant, sa sensibilité, et une partie de son histoire personnelle. Les dessins rendent chaque personnage attachant, dans sa simplicité et son expressivité, à l’exception d’Octave. Ils n’en deviennent pas simplistes pour autant. La dessinatrice sait montrer une large gamme d’émotions, à la fois par l’expression du visage, à la fois par le langage corporel. Il n’y a pas que de la souffrance et de la méchanceté. Les jumeaux sont mignons, sans être parfaits, et l’empathie fonctionne tout de suite, ainsi que pour Maria, sans qu’ils ne deviennent angéliques, sans que les adultes ne soient diabolisés.
Le lecteur apprécie le fait de lire une réelle bande dessinée, et pas un pamphlet ou une thèse illustrée. Il côtoie les individus pleinement réalisés, que ce soient les rôles principaux ou les figurants, chacun avec leur tenue vestimentaire et leur occupation. L’artiste sait mettre en scène les situations de la vie quotidienne avec une tonalité de couleur qui leur apporte une touche d’illustration pour enfant, ou de légère intemporalité. Le lecteur se sent impliqué dans ces moments du quotidien, très parlants : personnes un peu gaies à la noce, retour dans la nuit à l’arrière de la voiture, chambre partagée avec son frère ou sa sœur, découverte d’une nouvelle chambre, arriver dans une cour d’école, faire ses devoirs, chercher à comprendre le comportement d’un adulte, etc. Elle rend admirablement bien les sensations de la vision du monde à hauteur d’enfant.
Dans le même temps, le lecteur peut voir des adultes normaux et banals dans leur comportement : la maîtresse, le médecin, les passants anonymes dans la rue. Il sourit de temps à autres devant une représentation un peu décalée appartenant au domaine du conte, comme les costumes d’apparats des soldats dans les couloirs du ministère (page 53). Le récit l’emmène dans des endroits variés les tables de la noce installées en extérieur, l’habitacle d’une voiture, un pavillon de banlieue, des chambres d’enfant, les rues de la ville, la cour d’école, un champ de coquelicots. Ces lieux sont eux aussi représentés avec un bon niveau de détail, et une licence artistique permettant d’en restituer l’esprit sans devoir se contraindre à un photoréalisme. Le lecteur apprécie le plaisir de la lecture, et se prend au jeu de découvrir ce que recouvre l’appellation Grand Silence, ainsi que le sens de ces phylactères vierge de mot, et de ces têtes détachées du corps. Il est également vite submergé par l’émotion. À commencer avec le petit garçon qui ne sait pas dire à ses parents ce qui vient de se produire, puis la séparation du couple qui entraîne la séparation des jumeaux, la conduite à risque du cousin Freddy.
Dans la postface, Théa Rojzman explique qu’elle a choisi la forme d’un conte pour de toutes les histoires en faire une seule qui soit fictionnelle, tout mêler, raconter autrement, imaginer, réunir, imager, zoomer et agrandir. La structure du récit, les séquences et la narration visuelle avec les phylactères y parviennent avec une sensibilité incroyable. Le lecteur ressent le silence et la solitude des jumeaux, la souffrance qui est l’impossibilité de dire, à la fois du fait de la culpabilité imposée par l’autorité de l’adulte, mais aussi par manque de mots pour verbaliser un acte aussi inconcevable. Le lecteur se rend compte qu’Ophélie et Arthur n’ont qu’une seule soupape : le fait qu’entre jumeaux ils se comprennent sans se parler. Il voit bien que non seulement ils ont été victimes d’un acte ignoble, mais qu’en plus ils ne peuvent pas exprimer leur souffrance. Au fil des séquences, il capte différentes facettes de ce crime : l’effet de dissonance cognitive chez l’enfant (la confiance en l’adulte et ce qu’il lui a fait subir, deux choses inconciliables qui provoquent cette dissociation), la prédation des adultes profitant de leur position d’autorité que leur confère l’âge et pour l’un d’entre eux la position sociale, le dégoût de soi-même et la somatisation, l’extériorisation de la souffrance par la violence, l’adulte comme modèle à imiter avec le risque de reproduire les schémas, le silence qui empêche de reconnaitre l’existence du crime, de la souffrance. Le lecteur apprécie d’autant plus que le récit ne s’arrête pas là, que la lutte contre Grand Silence soit montrée sans manichéisme ou simplification, avec une idée visuelle aussi simple qu’efficace pour identifier victime et bourreau, mais aussi une autre catégorie. Les autrices vont jusqu’au bout et mettent en scène le début de la solution, dépassant la simple dénonciation qu’elles ont réalisée avec une rare intelligence.
Peu de personne peut imaginer se lancer avec plaisir dans un ouvrage, fusse une bande dessinée, traitant d’un sujet aussi lourd que les violences sexuelles faites aux enfants. Théa Rojzman et Sandrine Revel ont relevé ce défi avec brio, ménageant la sensibilité du lecteur, sous la forme d’un conte, admirablement mis en image. Elles savent mettre en scène ce comportement ignoble et monstrueux, avec un regard et une compréhension d’adulte, placés à hauteur d’enfant. Non seulement, elles communiquent au lecteur toute l’atrocité de cette violence immonde et de cette confiance rompue avec les adultes, mais en plus elles mettent en scène les actions à mener, en mettant fin à la loi du silence, pour commencer à guérir la société malade de ces violences commises sur des enfants. Une réussite exceptionnelle.
La BO du jour
Grande dame, grande chanson, sans doute la plus belle sur le thème.
« Le lecteur ne sent ni agressé, ni pris en otage, ni culpabilisé. »
C’est exactement ça. Davantage, pris par une main douce et chaleureuse, celle des femmes, pour un conte surprenant ne différant pas de ceux de Perrault. Pas de manichéisme mais beaucoup d’amour, de psychologie et d’empathie (sans fausse compassion).
Il ‘m’est arrivé de travailler autour de ce sujet sensible, notamment ce fameux 11 septembre 2001 où une petite fille me confia son viol par son oncle.
Pour qui sait écouter (et il faut savoir le faire), c’est un moment inoubliable d’être celui qui aide à briser le silence. Un travail de sage-femme qui permet à l’autre d’accoucher de sa vérité avec patience, méthode et professionnalisme. Soit l’exact inverse des foutaises des SJW que je lis régulièrement sur la toile.
Merci pour cette découverte fabuleuse Présence.
Si les autrices me lisent, c’est un support exceptionnel pour aborder ce sujet avec ma fille de 10 ans sans totem ni tabou ! LA BD est un outil magique pour ça. Ça, c’est fait !
Ce fut également une lecture fabuleuse pour moi.
En relisant ton article, je trouve beaucoup de points communs avec les dessins de Shaun Tan et LA OU VONT NOS PÈRES.
Le choix graphique m’interroge. Je comprends l’intention, mais je me demande à quel public s’adresse cette BD.
BO : Je reste sceptique sur cette interprétation des paroles de L’Aigle Noir, jamais confirmée par l’artiste elle-même, sauf erreur de ma part.
Quel public ? – Je me suis posé la même question. J’y ai vu un conte pour adulte car ça m’a parlé. Bruce évoque la possibilité de le faire lire à des enfants pour pouvoir parler du sujet avec eux.
L’aigle noir : je laisse Bruce répondre car c’est lui qui a choisi la BO.
ce serait éclairci, dans l’autobiographie posthume de l’artiste. mais j’ai pas lu…
Je ne découvre Barbara que maintenant et Pour l’instant c’est surtout Göttingen qui m’a ému
Un article qui corrobore les propos d’Eddy :
«De son bec, il a touché ma joue. / Dans ma main, il a glissé son cou. / C’est alors que je l’ai reconnu: Surgissant du passé, /Il m’était revenu.» Barbara évoque-t-elle une histoire d’amour ou un souvenir douloureux? Dans Il était un piano noir… Mémoires interrompus, une biographie publiée après sa mort en 1997, la chanteuse parle pour la première fois de son enfance dramatique, persécutée par un père qui aurait abusé d’elle. Post mortem, on établit un lien entre sa création la plus célèbre et sa tragique histoire personnelle.
https://www.lefigaro.fr/musique/2015/12/09/03006-20151209ARTFIG00143-l-histoire-secrete-de-la-chanson-l-aigle-noir-de-barbara.php
Je dirais plutôt qu’on suppose un lien (plus précisément, il me semble que c’est un psychanalyste qui le fait, Philippe Grimbert), surtout que l’article du Figaro évoque une autre interprétation.
pfiuoouuuu…Rien que l’article est éprouvant, dans le bon sens du terme bien entendu …
BO très bien choisi pour illustrer le silence puisqu’il a fallu attendre que Barbara meure pour qu’on perce le secret des paroles (j’avais toujours pensé que c’était un délire de Junkie-peut-être influencé par les Rubrique à Bac de Gotlib)
Bon je lirais ça en médiathèque, parce que ce n’est pas le genre de récit que j’aime acheter.. ma bibliothèque c’est mon oasis.
c’est très beau mais le propos est vraiment pas évident à ingurgiter…
Moi c’est un sujet qui donne plus envie de le traiter en mode « Punisher » vous voyez…
Au passage, comment l’artiste fait il/elle pour bosser sur un tel sujet? se plonger, s’immerger dans une telle noirceur
ça me fait penser aux vers de Thiéfaine:
Quelque épave au regard usé par le délire
Poursuit dans sa folie le chant d’un enfant-lyre
Kill the kid
& dans ses yeux squameux grouillant de noires visions
Le désir se transforme en essaim de scorpions
Kill the kid
Petite poupée brisée entre les mains salaces
De l’ordure ordinaire putride & dégueulasse
Kill the kid
Tu n’es plus que l’otage la prochaine victime
Sur l’autel écoeurant de l’horreur anonyme
Kill the kid
Effectivement, ce n’est pas en mode Punisher, mais en mode sortie du cycle infernal. Ne pas répondre à la maltraitance et à la cruauté par la haine : l’enjeu est de construire et de réparer, de ne pas taire, de ne pas répéter les mêmes schémas horribles.
Je me questionne aussi sur le choix graphique.
Il ne faudrait pas non plus que ce soit acheté à des gosses sans connaissance du contenu. Et Dieu sait que souvent les gens s’arrêtent aux illustrations pour juger du public visé.
Peut être qu’on peut en parler aux enfants mais je ne pense pas qu’il faille leur donner ça comme ça, entre 2 Tintin…
Bon pour ma part ce n’est pas mon genre de lecture.
Pour le lectorat, je m’en remets à l’avis de Bruce :
C’est un support exceptionnel pour aborder ce sujet avec ma fille de 10 ans sans totem ni tabou.
Je rebondis sur les propos d’Eddy. Je comprends complètement que le sujet soit terrifiant. Il l’aurait été si l’on assistait aux viols des enfants et que le parti pris graphique de la BD montrait toutes les perversions de l’être humain.
Hors, comme le dit Présence, la scène se passe hors-champ. Il y a bien pire à mes yeux en terme de violence implicite dans les comics. On parle de Barbara : son agression dans KILLING JOKE, la mort de Gwen Stacy, celle des gosses dans DIEU CRÉE, L’HOMME DÉTRUIT sont nettement plus crues que ce qui se passe ici. On se concentre sur les effets psychologiques et comment savoir vivre, briser le mur du silence. C’est très fort.
Tous ces comics contiennent une dose de ‘fantasy » et une dramaturgie qui existe depuis Hamlet au moins ou même les poème antiques.
chaque film comme Taken contiennent des sujets qui peuvent effleurer le réél mais avec une sorte de traitement exutoire, voir même exorcisant…
beaucoup de gens pensent aux blagues pédophiles, ou sur le viol etc.. (Monique de Coluche) en croyant que ça dédramatise/encourage/glorifie….
Pas du tout c’est un registre-à mon sens- qui consiste à rire de ce qui nous fait peur, au plus profond de nous.
ici, c’est presque l’inverse, on utilise un registre « conte » et « merveilleux » pour plonger la tête la première dans les angoisses.
les deux sont un peu des méthodes différentes de la même chose : utiliser l’art pour appréhender, comprendre, prévenir un monstre qui nous dépasse…
certains vont vouloir créer des chimère pour « vaincre », d’autre pour « soigner »
d’ailleurs en relisant les commentaires, je me demande parfois si ce ne sont pas des bds faites par des gens qui ont un bagage en psy ou en thérapies…
ça expliquerait ma frilosité en ce cas…
Je comprends.
Nous restons dans le domaine de l’allégorie sauf qu’ici c’est explicite. Et c’ets pour ça que c’est fort. Rappelle toi de ton impuissance dans LA MORT DE CAP MARVEL ou LE PETIT GARÇON QUI AIMAIT SPIDER MAN.
En ce qui concerne l’enfance scarifiée dans les comics. oui LE PETIT GARCON QUI AIMAIT SPIDER-MAN est un sorte de coup de poing, parce que ça fait trait d’union, ça rappelle la proximité de héros Marvel avec le vrai monde, il peuvent briser le quatrième mur mais finalement sont cantonner à leur case. la collision est telle que des comédiens déguisés en ces icones viennent parfois amuser les gosses dans les hôpitaux, les acteurs aussi comme Robert Downey Jr et d’autre le font aussi. la connexion entre les enfants et le super héros en tant que’ allégorie du combat juste, du fait de vaincre un truc qui nous dépasse, fonctionne au delà d’un explication rationnelle. il y a une fibre profonde la dedans.
Un autre récit me vient en tête l’épisode où un gamin crevant de solitude se fout le feu pour ressembler à Johnny Storm… Horrible et prenant…
Fantastic Four #285 : un épisode que je n’ai pas oublié. Je suis resté marqué par cette solitude enfantine insoutenable, me promettant de ne pas être ce genre de parent oublieux de ses enfants.
https://marvel.fandom.com/wiki/Fantastic_Four_Vol_1_285
Pour ma part la mort de Gwen Stacy, le cancer, ça n’a rien à voir avec un viol.
Je trouve qu’aborder le viol, même en hors champ (ou tu peux imaginer le pire) est plus malsain que n’importe quel personnage qui meurt. La mort est acceptée assez vite par les enfants, même quand ils jouent aux cowboys et tout ça. Ils ne l’imaginent pas dans toute son horreur, mais la mort fait partie de la vie, c’est un cheminement normal.
Le viol non. ça ne devrait même pas faire partie de la vie, encore moins celle d’un enfant. Pour moi c’est bien plus glauque.
Et comment tu expliques à un enfant pourquoi les victimes ne parlent pas ? Le traumatisme qui te fait garder le silence est parfois même incompréhensible pour un adulte.
C’est beaucoup plus psychologique aussi.
Ce n’est pas pour rien que ces récits nous marquent.
La mort d’Illyana du SIDA, la fin de May en EHPAD, la jeunesse de Magnus à Auschwitz, le viol de Jessica Jones, l’atroce syndrome post trauma de Penance, la drogue de Harry Osborn, je veux dire que la BD est ouverte à tous les sujets, on peut tout dire et montrer.
J’avais adoré dans le débat Frank Miller sur Facebook quand tu avais abordé le chantage affectif via Asterix en Hispanie
Le syndrome de stress post traumatique est le thème quasi omniprésent des récits de Tom King, que ce soit Batman avec la mort de ses parents, Miracle Man avec son éducation pétrie de maltraitance sur Apokolyps.
La maltraitance infantile est également au cœur des récits de Jeff Lemire.
Oui, et c’est là où Lemire est le meilleur ! Lorsqu’il passe de l’enfance brisée.
Dans un autre registre, son FROG CATCHER m’a littéralement brisé le coeur.
Et bien sûr Royal City.
» la jeunesse de Magnus à Auschwitz, le viol de Jessica Jones »
Peut être que tu fais pas lire ça aux gosses non plus…
Il y a des comics estampillés ados/jeunes adultes quand même.
Et je persiste à croire que la mort, la vieillesse, ils y seront confrontés de toutes façons dans la vie avec leur grand mère malade, leur grand père qui meurt, etc.
Le viol (d’un enfant en plus) n’est pas un évènement naturel de la vie auquel tu dois t’acclimater. ça change tout je trouve.
La mort il faut apprendre à vivre avec.
Le viol on espère que personne n’aura à vivre avec !
Ouvert, c’est vite dit. Il me semble que Marvel a dû outrepasser la sacro-sainte Comic Code Authority pour publier la chute de Harry Osborn dans la drogue, ce qui a poussé DC à suivre l’exemple avec le fameux épisode où Green Arrow découvre que Roy Harper est un junkie.
Illyana : J’ai un problème sur le virus Legacy comme métaphore du SIDA. Legacy est une maladie mutante (la seule humaine qui l’a contractée s’est finalement avérée être une mutante, merci Hickman), ce qui reflète malheureusement la fausse image du SIDA comme maladie des gays. Il n’en reste pas moins que l’épisode était superbe en terme d’écriture, à défaut d’avoir un excellent artiste
Jessica Jones : Je n’ai vraiment lu que la série ALIAS, mais de mémoire il est spécifié que l’Homme pourpre ne l’a pas sexuellement violée.
Il s’agit d’un viol psychologique.
@Matt : Oui c’est glauque. Mais pas plus que la description des camps de la mort dans TESTAMENT, des enfants qui voient leurs parents assassinés chez les super-héros ou l’agonie de Mar-Vell face au cancer.
Mais encore une fois, je comprends que le sujet fasse peur hein.
Bah pour moi si, c’est plus glauque.
Parce que la mort, personne n’y échappe. Il faut apprendre à vivre avec, à s’y confronter. Personne n’est éternel. Mon oncle est mort du cancer. J’ai pas été violé ni n’ai connu personne qui l’a été.
Je ne dis pas qu’il faut prétendre que ça n’existe pas, mais ça fait jeune 10 ans pour leur mettre le nez dans des horreurs.
Question de point de vue.
Encore une fois, ici rien n’est montré. La séquence du viol correspond à l’image « Aie confiance en l’autre. »
Catherine Dolto a beaucoup fait dans des petites BD sur le thème également.
Ma fille entre au collège l’an prochain. Elle m’a entendu parler d’une situation rencontrée au boulot un soir. On avait aussi pas mal parlé de l’affaire MIlla. C’était le moment et c’était bien. On a lu ça ensemble en toute décontraction avec la possibilité de poser toutes les questions qu’elle voulait.
Tu sais l’an dernier, avec la mort de Samuel Paty en face de chez moi, il a fallu expliquer à mes mômes dont mon fils de 5 ans ce qu’était un attentat et un terroriste islamiste. Ca, je ne pourrai jamais l’oublier.
Tout ceci c’est à Dolto que je le dois. Le parler vrai. Ne pas avoir peur.
« Tu sais l’an dernier, avec la mort de Samuel Paty en face de chez moi, il a fallu expliquer à mes mômes dont mon fils de 5 ans ce qu’était un attentat et un terroriste islamiste. Ca, je ne pourrai jamais l’oublier. »
Ok mais quand t’as pas le choix et qu’ils se retrouvent confrontés à ça, tu fais ce qu’il faut, tu expliques.
Mais est-ce une bonne idée d’imposer une lecture sur des attentats terroristes à ton gosse de 5 ans sans circonstances indépendante de ta volonté ?^^
Et puis bon le style graphique de la BD là, c’est davantage pour enfants de 5 ans que 10 ans. Du coup je trouve toujours que le style graphique est bizarre. Jamais je fais lire ça à un gosse de 5 ans. On peut leur foutre la paix et leur laisser conserver leur innocence un petit moment quand même…
Ce n’est pas évident comme sujet parce que surprotéger un enfant et ne rien lui expliquer, c’est pas bon.
Mais le traumatiser avec des crimes (et non avec la simple existence de la mort qui est naturelle), ça peut avoir l’effet de créer des anxieux parano comme aux USA qui tirent sur tout ce qui bouge^^
Leurs médias flippants là bas, c’est pas un modèle non plus…
C’est pas pire que TESTAMENT certes. mais tu fais lire TESTAMENT à des enfants de 10 ans ?
Punaise moi je crois que j’attendrais un peu quand même…
J’ai d’abord appris ce qui s’est passé au collège en cours d’histoire.
C’est compliqué de répondre
Chacun se fait un peu une idée ce comment faire ces choses là…
Pour le devoir de mémoire, Ma fille a déjà du aller voir une survivante de la Shoah en primaire (je dirais CM1)… il y a des parents qui ont été outrés d’autres on trouvé ça normal. En médiathèque chez moi, il y a un livre d’images pour enfants sans texte qui en parle aussi, destiné à une tranche d’age qu ne sait pas lire…
l’émoi du 13 novembre (une semaine plus tard on allait voir Scorpions avec la petite) ou de l’attentat contre Charlie Hebdo n’ont pas pu être déguisés/filtrés le jour même…ni par nous, ni dans la cour de récréation, nulle part en fait…
je fait partie de la génération qui a grosso-modo réagit de la minière suivante:
-MERDE! Ces ENCULES ont buté Cabu!!!!
Pas que son décès soit plus important, mais parce que la connexion qu’avait cet artiste pour nous, dans notre fond culturel commun nous a psychiquement agressé directement! fini le lointain et l’anonymat ou le choc abstrait…
Les enfants étant des éponges, ils ont très bien compris.
Pour en revenir aux souvenirs
Sans être particulièrement politisés (encore que j’ai été élevés par des anars gauchos, Renaud, Balavoine, Bob Marley etc…) mon enfance a baigné de manière diffuse dans le dernier coups de semonce de la guerre froide… et comme énormément de chansons, de films, les journaux et même les dessins animés (au hasard Ken, L’empire des 5, ) . nous étions à l’ombre de la bombe A de manière permanente jusqu’à ce que la réalité nous inflige nos peurs par moyen détourné avec le nuage de Tchernobyl.
Donc, j »ai pas le souvenir qu’on était particulièrement « protégé »…
Les enfants étant des éponges : entièrement d’accord. Il est impossible de les protéger de toute incidence extérieure, et ils n’ont pas la compréhension pour gérer des concepts comme un attentat, un suicide, ou autre. Or en tant que parent, j’étais aussi con que les autres, aussi dépourvu d’expérience pour savoir comment en parler.
Avec le recul, je me dis que le parler vrai évoqué par Bruce est le plus approprié, sous réserve de savoir comment le présenter, de choisir le bon moment quand l’enfant peut être en phase d’écoute, etc. En tant qu’adulte, j’ai trouvé que cette bande dessinée offre des images et des mots accessibles à tous, pouvant être utilisés avec des enfants (et avec des adultes), une aide précieuse pour un parent lui aussi sous le coup de l’émotion bien naturelle comme le dit Eddy.
J’ai fait ce que j’ai pu pour protéger mes enfants de ce genre de réalité, mais le rôle du parent est aussi de les amener à l’autonomie, de nommer les choses, de donner les outils pour dire, tâche que j’ai souvent trouvé difficile.
Le parent a aussi un rôle préventif. Je préfère préparer mes mômes aux merdes de la vie dans les grandes lignes plutôt que ce soit les autres qui s’en chargent.
Je trouve ça plus facile avec mes enfants que ceux des autres.
Le métier d’enseignant doit être terrifiant aujourd’hui : je ne voudrais pas devoir enseigner la shoah, la contraception ou la sexualité dans certains établissements.
-Trouver les mots-
Ce que j’ai aimé dans cet album, ce sont aussi les longues plages de silence.
Tout cela est juste.
Et chacun a sa méthode (et chacun pense que c’est la bonne aussi…alors que bon…si tous les gosses étaient bien élevés, ça se saurait 😛 )
Après, pour ne rien simplifier, ça dépend aussi de chaque individu. Un gamin hypersensible, si tu le harcèles d’histoires de crimes sordides dès le plus jeune âge pour le « préparer » tu vas peut être en faire un gosse malheureux qui a peur de tout, pas sociable, qui ne voudra plus sortir, etc.
Faut tâtonner en fait. Si tu vois que ça le traumatise trop, faut peut être le lâcher un peu aussi. Et le laisser expérimenter certaines choses tout seul.
Tu as raison.
Il y a des pages magnifiques dans le DD de Nocenti sur un enfant terrorisé suite à un film sur Hiroshima à l’école. Son père s’en fout et laisse seul avec ses terreurs.
« Un gamin hypersensible, si tu le harcèles d’histoires de crimes sordides dès le plus jeune âge pour le « préparer » tu vas peut être en faire un gosse malheureux qui a peur de tout, pas sociable, qui ne voudra plus sortir, etc. »
A 12 ans ma mère, assistance sociale de profession, me parle de la pédophilie, c’est la première fois de ma vie que je ressens un tel malaise. Plus jamais dans ma prime jeunesse je ne laisserais un adulte m’embrasser. Sans compter tous les livres sur l’inceste et les viols sur mineurs qu’elle conservait dans sa bibliothèque, accessibles à tous.
Ca, plus la surdité et le harcèlement scolaire, je ne suis pas devenu le plus sociable des adultes.
POur tout dire, je ne souffre pas trop de « difficultés » pour expliquer les choses à ma fille, sauf pour la sexualité notamment féminine… essentiellement parce que ça me surprend et qu’elle a des questions frontales à ce sujet…
Pour le reste, Elle me connait par cœur, elle sait comment je m’exprime, quelle valeur je mets dans certains mots et pas du tout dans d’autres.
du coup si je me mets à parler avec des mots trop « neutres » c’est là qu’elle va sentir quelque chose de « faux »…
Je ne pense pas qu’il y a de méthode miracle et la seule mauvaise, c’est la négligence…
Je pense que le problème souvent c’est que les gens ont une idée de la façon dont il faut éduquer un gosse…AVANT de « rencontrer » leur gosse.
Et s’ils ne s’adaptent pas à la façon dont réagit leur enfant, il y a un problème.
Souvent les gens sont bornés. Soit ils veulent éduquer comme leurs parents l’ont fait, ou au contraire ils pensent que leurs parents faisaient tout de travers et les privaient trop…donc ils deviennent parmissifs…et s’en mordent les doigts avec des gosses pourris gâtés^^
Enfin c’est un peu le boulot d’une vie l’éducation.
Moi ça me fait pas envie hein^^
Et prof encore moins…
Cyrille ayant dit exactement tout ce que j’aurais pu dire à la phrase près, inutile d’en rajouter…
Sujet très sensible qui semble être tombé dans les mains des auteurs qu’il lui fallait. Je le mets dans un coin de ma mémoire mais pas pour moi. Je préfère éviter ce genre de sujet dans une BD, même si comme le fait remarquer Bruce avec ses exemples, le sujet arrive parfois à nous par des chemins détournés…
Parmi toutes leurs qualités, les autrices m’ont emporté sans condition avec leur volonté de dépasser la phase de dénonciation, de pointage du doigt du silence qui rend malade, allant jusqu’à mettre en scène la phase d’après, de reconstruction et d’amélioration de la situation, car la haine n’a jamais mis fin à la haine.
Merci Présence pour la découverte. Ca a l’air super, vraiment, j’aime bien les scans, il y a un côté conte qui me rappelle LA OU VONT NOS PERES, cela a l’air intelligent. Mais je ne pourrais pas. Le genre de bd à lire une fois. J’en avais une sur le même thème, POURQUOI J’AI TUE PIERRE, de Alfred et Olivier Ka, et je ne l’ai pas gardée.
https://www.babelio.com/livres/Ka-Pourquoi-jai-tue-Pierre/1978
De même, j’avais été très étonné et inquiet de voir Zoé, alors qu’elle n’avait que cinq ou six ans, prendre un livre pour enfant à la bibliothèque qui parlait de ça avec un loup, mais impossible de retrouver la référence pour le moment. A priori je m’inquiétais pour rien mais bon.
En tout cas ton texte rend un bel hommage à une bd qui semble bien le mériter.
La BO : tuerie mais en effet sans les clés, impossible de comprendre cette chanson.
Bruce a relevé la même ressemblance avec la bande dessinée de Shaun Tan.
Dans mon souvenir de parent, les enfants ne peuvent pas avoir la même représentation de la sexualité qu’un adulte. Du coup, leur lecture et leur entendement diffèrent fortement de la nôtre. En fonction de leur âge, leurs questions ne sont pas celles qui nous inquiètent. Dans le même temps, il est bien du rôle de l’adulte de les mettre en garde contre les comportements qui ne sont pas normaux, sans créer une psychose comme le souligne Matt, sans que cela ne devienne une antienne.
Le parler vrai n’est pas forcément une description clinique détaillée d’un acte criminel barbare et abject. Je sais que je me suis retrouvé à plusieurs reprises en mal de mots pour expliquer à mes enfants. Comme le dit Bruce, la façon de le dire des deux autrices est très accessible, entendable par les adultes (souffrance intérieure, reproduction d’un schéma) et par les enfants (comportement anormal, déculpabilisation).
Bon… Sujet très difficile et très délicat… J’ai failli passer mon chemin, parce que c’est compliqué…
L’intérêt de cet album, moi, en terme professionnel, je le vois tout à fait : libérer la parole de l’enfant !
Tu l’as dit, Matt… Combien d’enfants ont gardé le silence… par peur des conséquences. Et sur ceux qui ont pris la parole, combien n’ont pas été entendu… C’est un thème absolument horrible qui ne laisse personne indifférent…
Il y a quelques mois, j’avais regardé un film suivi d’un débat sur le sujet. On en avait parlé avec Eddy après en privé (oui on a des discussions gaies souvent…) Je crois que ça s’appelle LES CHATOUILLES. Film autobiographique, dont le rôle principal est tenu par l’autrice elle-même. Un film bouleversant. Ce qui m’avait le plus choqué, c’était la réaction de la mère, jouée par Karin Viard, qui avait reproché à sa fille d’avoir parlé, parce que ça avait détruit la famille…
J’avais beaucoup aimé le débat. Les chiffres étaient édifiants… et quand on voit le rapport délivré hier concernant la pédophilie dans l’Eglise depuis 1950… L’article ne pouvait pas être plus synchrone avec l’actualité…
Ici je suis touchée de plein fouet par ma nièce par alliance. Pas encore 17 ans et en pleine auto-destruction : déscolarisation (phobie scolaire), dépression, possible anorexie… Et ce n’était « que » des attouchements… Plainte qui a été conclue par un « non lieu », d’ailleurs…
Donc si la BD permet d’aider dans ce domaine, je suis preneuse…
La programmation n’est pas le fruit du hasard…
« La programmation n’est pas le fruit du hasard… »
Ah ? Et l’article sur les figurines ? 🤔
Un de mes meilleurs amis a subi ce genre de saloperies par son parrain et meilleur ami de ses parents quand il était gamin. Il a voulu en parler à ses parents qui l’ont carrément envoyé chier pour ne pas voir la réalité en face. Aujourd’hui il est bousillé.
Bon c’était juste pour témoigner un peu mais pas trop, je n’aime pas développer ce genre de choses sur le net.
Déscolarisation (phobie scolaire), dépression, possible anorexie, automutilation, somatisation : il en est question dans la bande dessiné, et pas seulement des manifestations à court terme, mais aussi à long terme.
Dans la postface, Théa Rojzman cite également quelques chiffres aussi édifiants qu’atterrants.
Plus haut Bruce indique que c’est un bon support de discussion, au moins de prévention, mais aussi d’explication.
Effectivement, j’ai omis l’automutilation… J’avoue que le sentiment dominant, en dehors de la colère envers l’individu et le système judiciaire, c’est l’impuissance… La prise en compte de la parole de l’enfant en France est édifiante…
Le thème du Grand Silence est que ne rien dire du tout, c’est-à-dire même avant tout recours devant la justice, est un déni, pas juste une absence de réaction, mais un refus d’admettre l’existence même de la souffrance de l’individu par un tiers quel qu’il soit.
Le post du jour de Théa Rojzman sur son fil Facebook, évoquant directement le fait d’en parler aux enfants.
Je lis des commentaires à propos de Grand Silence du genre « c’est super glauque de parler de ça avec les enfants » « Les enfants n’ont pas besoin d’être informés de ces horreurs », etc.
1) Ces « horreurs » sont une réalité et ces faits n’ont rien de rare ou d’exceptionnel (rappel d’après les derniers bilans chiffrés : 1 enfant sur 5 en France aujourd’hui est victime d’agressions sexuelles. Sondage 2019 : 1 français sur 10 déclare avoir été victime d’inceste, soit 6,7 millions de français).
1 ENFANT SUR 5.
1 ENFANT SUR 5.
1 ENFANT SUR 5.
(Parfois il faut répéter les choses pour que ça rentre).
2) Informer, c’est prévenir. Le silence (et avec lui la perpétuation des crimes) se construit en partie grâce à l’absence d’information, de prévention. Grâce aussi à la solitude des individus face à ces problèmes. Les enfants doivent savoir la réalité. Les enfants doivent savoir comment réagir. Les enfants doivent savoir que le monde des adultes est à leur côté et non plus du côté, complaisant (déni, absence de justice, prescription, etc), des agresseurs.
Donc NON, ce n’est pas « glauque » d’en parler avec les enfants, c’est NÉCESSAIRE.
Un enfant informé est un enfant qui, au mieux, peut dire « non », se défendre ou, au minimum, qui peut parler après les faits, dénoncer. Et ainsi mettre progressivement fin à cette ahurissante impunité qui encourage les pédocriminels à continuer d’agir tranquillement.
Parler, c’est agir, chacun à son niveau, déjà dans sa famille. C’est déjà changer (son) le monde.
STOP AU DÉNI.
INFORMATION/PRÉVENTION/JUSTICE.
La voix de la raison.
Et c’est juste absolument terrifiant… Tu te rends compte que ça voudrait dire que sur 20 élèves, 4 sont ou ont été victimes d’agression sexuelle ? Dans le débat que j’avais regardé, un homme politique parlait qu’il était prévu de former les enseignants à « reconnaître » les victimes. C’est une très lourde responsabilité, mais je ne demande que ça. Aujourd’hui on ne peut signaler que des mots, des marques, mais rien ne nous permet de voir l’invisible, l’insoutenable…
En attendant, toujours rien dans les messages de notre hierarchie… Laïcité, ah ça, oui ! Mais les violences sexuelles sur mineurs, rien de rien…
Je suis un peu mal à l’aise de voir l’aplomb avec lequel vous affirmez cela quand même.
On ne parle pas de conneries de SJW là.
C’est légitime de se poser la question si c’est une bonne chose de parler de ça ou pas.
Je vous renvoie au commentaire de Nicolas plus haut.
Si c’est pour traumatiser un enfant qui aura peur que son oncle lui fasse un bisou parce qu’il verra des pervers partout…c’est pas une bonne chose ! ça dépend des enfants ! Il faut y aller mollo parfois.
On ne m’a pas parlé de tout ça quand j’avais 10 ans moi. Et ça ne m’a pas empêché de finir par l’apprendre. Il ne faut pas non plus s’imaginer qu’ils vont voir le monde comme des bisounours si on ne les harcèle pas d’histoires horribles.
Et les informer pour les prévenir, vous êtes sûrs que ça va être efficace dans le cas où il leur arriverait quelque chose ? Si c’est un étranger qui les appelle dans un parc, peut être. Si c’est leur parrain qu’ils pensent connaître…pas sûr qu’ils se méfient.
Et si c’est pour qu’ils aient peur de toute leur famille…
Non franchement moi je ne suis pas super convaincu, et ça me met un peu mal à l’aise que vous soyez à ce point persuadés d’être dans le vrai en pensant qu’il faut informer de ça au plus vite. Moi je pense que ça dépend des enfants. Faut pas en faire des asociaux terrorisés.
La peur et la méfiance sont deux choses différentes. Apprendre que tous les adultes ne sont pas bienveillants, ça me paraît important.
Je ne lirai pas ce livre à mes élèves. Ce n’est ni le lieu ni mon rôle. Sauf si on me le demande. Là, légitimement et avec mes outils, je pourrai trouver les mots et peut-être libérer la parole d’enfants qui n’auraient peut-être jamais parlé…
Et en tant que parent, oui j’ai appris à mes enfants que certains adultes font du mal aux enfants. Ne serait-ce que parce qu’elle commençait à vouloir parler avec des joueurs sur son jeu Pokémon sur la Switch. J’ai dit stop, et je lui ai expliqué pourquoi je refusais, sauf avec présence d’un de ses parents. C’est triste de devoir parler de cela à des enfants de moins de 10 ans, mais c’est comme ça…
Tu te rends compte quand même que dire « attention certaines personnes font du mal aux enfants » c’est pas pareil que parler de viol et d’attouchements ?
Dans le premier cas, oui ils vont se méfier, parce que t’es restée dans le vague. Et je pense que la méchanceté, ils comprennent le concept^^ Les enfants ne sont pas tous sympas entre eux.
Le concept qu’un adulte fasse des trucs sexuels à un enfant, ça n’a pas le même impact je pense. ça peut être très choquant.
la première fois que j’ai du voir un extrait de porno je devais avoir 11 ans, et j’ai été dégouté par la fellation. J’ai pas compris le délire, c’était répugnant pour moi. J’ai éteint et j’ai du ruminer ça dans ma tête 2 jours.
A un certain âge, le sexe ça peut paraitre dégoutant et choquant.
Pour d’autres peut être pas. Mais va savoir. Si c’est pour qu’ils aient peur du sexe à l’adolescence, c’est pas un cadeau à leur faire. Et ça existe hein, je suis pas en train d’inventer des pathologies pour soutenir mon argumentaire.
Alors oui j’ai bien compris que le but n’est pas de montrer du porno à un gosse de 6 ans, mais même en parler…certains ont de l’imagination et ça peut devenir horrible dans leur esprit.
Et je ne dis pas qu’il ne FAUT pas en parler non plus. Vous aurez remarqué j’espère que j’essaie de ne pas être dans les extrêmes. Je me pose des questions.
Et je comprends les gens qui estiment que c’est choquant pour les enfants.
C’est pourquoi je comprends moins votre point de vue qui semble très affirmé, comme si vous étiez absolument persuadé que c’est la chose à faire pour n’importe qui.
Euh…le jour où ce sera imposé en cours de grande section de parler de ça à tous les élèves indépendamment de leur sensibilité, intelligence, etc…je serai choqué et plutôt contre !
La tâche doit incomber aux parents et à leur jugement en fonction de la réceptivité et sensibilité de leur enfant pour savoir si c’est une bonne idée ou s’il faut y aller mollo parce qu’on a un gosse hypersensible avec beaucoup d’imagination.
« Un enfant informé est un enfant qui, au mieux, peut dire « non », se défendre ou, au minimum, qui peut parler après les faits, dénoncer. »
Et au pire ?
Ah y’a rien, c’est pas précisé.
Au pire un asocial terrorisé qui va flipper toute sa vie, aura peut être peur de la sexualité dans son adolescence et aura une vie de merde.
On se pose la question de ça ? ça vaut le coup de ruiner leur vie en parlant trop tôt de choses qui ne leur arriveront peut être jamais et qu’ils pourront apprendre à l’age de 13, 14 ans sans qu’on les ait terrorisé trop tôt ?
La pastille de 4mn de Bulles de BD sur France Inter :
https://www.franceinter.fr/emissions/bulles-de-bd/pedophilie-sexisme-harcelement-transition-comment-la-bd-parle-des-sujets-de-societe
Bonjour,
grande bd, mais dur à lire. Sandrine Revel est adorable. Il faudrait que je vous fasse un retour sur ces CHRONIQUES DE SAN FRANCISCO (et aussi arriver à avoir un entretien avec elle, cela c’est presque fait il y a 2 ans, mais la COVID a tout stoppé).
Je prends cette idée d’itw.
je vais essayer de la relancer (elle habite pas loin et on a des connaissances en commun….elle aussi 🙂 )