ACTION COMICS, par Geoff Johns & divers artistes.
Une encyclopegeek de TORNADO1ère publication le 10/05/21 – MAJ le 13/03/22
VO : DC Comics
VF : Urban Comics
Entre 2006 et 2010, le grand architecte de l’univers partagé DC COMICS, c’est-à-dire Geoff Johns (scénariste phare et chef du département Création de l’éditeur), a pris en main la destinée de Superman en même temps qu’un autre scénariste, Kurt Busiek.
Busiek a mené de front les deux séries dédiées à l’Homme d’acier (épisodes SUPERMAN #650 à 675, et ACTION COMICS #837 à 843, 850 et 852 à 854). Geoff Johns a surtout œuvré sur la série ACTION COMICS (épisodes #844-846, 851, annual #11, 855 à 870) mais il a également rédigé deux mini-séries : FINAL CRISIS : LEGIONS OF THREE WORLDS et SUPERMAN : SECRET ORIGINS. Les deux scénaristes ont d’ailleurs commencé par écrire un arc ensemble en forme de crossover sur les deux séries : UP, UP AND AWAY ! (SUPERMAN #650 à 653 et ACTION COMICS #837 à 840).
Cet article portera sur le run de Geoff Johns seul (bien qu’en vérité il ne soit pas toujours seul…). Ce run commence réellement avec la saga LAST SON (co-écrite avec Richard Donner), que nous ne trouverons pas ici puisqu’un article lui a été entièrement dédié.
Nous commençons donc juste après LAST SON, en revenant sur chaque tome de la collection GEOFF JOHNS PRESENTE SUPERMAN telle que l’a publiée Urban Comics (excellente collection, au rédactionnel très fourni et instructif).
LA GRANDE EVASION DU BIZARRO MONDE :
Ce second tome de la collection GEOFF JOHNS PRESENTE SUPERMAN regroupe trois récits différents et disparates :
– LA GRANDE EVASION DU BIZARRO MONDE, qui donne son titre à l’album, est un arc narratif qui s’étend sur trois épisodes (ACTION COMICS #855 à 857). Il a été écrit par Geoff Johns & Richard Donner, et dessiné par Eric Powell en 2008.
– LE MIROIR BRISE est un ancien épisode écrit et dessiné par John Byrne. C’est le cinquième épisode de la mini-série MAN OF STEEL, parue à l’origine en 1986.
– LA FAMILLE (ACTION COMICS #850) est un long épisode de 36 pages écrit à trois mains par les scénaristes Geoff Johns, Kurt Busiek & Fabian Nicieza, et mis en image par Renato Guedes en 2007.
– LA GRANDE EVASION DU BIZARRO MONDE :
Bizarro, l’ennemi inversé de Superman, a enlevé Jonathan Kent, le père du super-héros, qu’il considère comme son propre père puisque Bizarro possède les souvenirs de Superman ! Il emmène le pauvre Jonathan sur le Bizarro-Monde, une planète carrée qu’il a lui-même créée, et qui est habitée par des versions dégénérées de Métropolis et de la forteresse de la solitude…
Bizarro, comme son nom l’indique, est un des personnages les plus étranges de la mythologie de l’Homme d’acier. Il n’a jamais vraiment convaincu les foules et a rarement été à l’origine des meilleurs épisodes. C’est un personnage décalé, qui ne supporte pas la demi-mesure en matière de traitement.
Le duo Johns & Donner a bien compris cette difficulté, et propose donc de mettre en scène Bizarro de la manière la mieux adaptée : Un récit décalé et parodique, dans lequel les auteurs semblent s’amuser comme des fous.
La parodie se joue d’ailleurs sur plusieurs niveaux, convoquant aussi bien les personnages phares de l’univers DC Comics que la figure de Frankenstein, à laquelle renvoie évidemment celle de Bizarro. Le connaisseur remarquera ainsi les nombreuses références aux films de James Whale (FRANKENSTEIN et LA FIANCEE DE FRANKENSTEIN).
L’idée s’impose alors de confier la mise en image du récit à Eric Powell, le créateur de la série THE GOON. C’est un dessinateur spécialisé dans les univers humoristiques et horrifiques, qui s’adaptent très bien à celui de Bizarro, qui mélange l’humour, le pathétique et une certaine dimension un peu malsaine. Les habitants du Bizzaro-Monde ressemblent ainsi à une horde de zombies grotesques ! Beaucoup de lecteurs n’ont pas aimé (pas compris ?) cette note d’intention, et n’ont pas réussi à s’adapter à ce style de dessin tellement éloigné des habituelles séries super-héroïques.
Pourtant, d’un certain point de vue, c’était probablement la manière la plus juste de traiter cette figure marginale. En tout cas c’est très original, voire courageux de la part d’un scénariste mainstream comme Geoff Johns.
Le récit est cependant trop parodique pour demeurer entièrement crédible. 4 étoiles.
– LE MIROIR BRISE :
C’est le segment de la mini-série MAN OF STEEL qui remettait au goût du jour le personnage de Bizarro après le statuquo géant que représentait la saga CRISIS ON INFINITE EARTHS.
Je n’arrive pas à être objectif sur ce type de comics old-school que je trouve arriéré, mais le dessin de John Byrne reste tout de même très beau, et le traitement de la figure de Bizarro est intéressant puisque différent de celui de Johns, Donner & Powell. 2 étoiles (avis strictement personnel et subjectif).
– LA FAMILLE :
Geoff Johns et ses acolytes imaginent un long épisode qui introduit l’équipe appelée la Légion des super-héros, dont la mythologie sera développée dans le tome suivant. Pour l’instant, ces personnages ne sont qu’un prétexte pour regarder à travers le temps (puisqu’ils vivent au 31° siècle !) et ainsi revisiter les origines de Superman. Mais les ambitions de Johns sont plus grandes que ces seules origines (qu’il développera plus tard en profondeur), puisqu’il y fait également apparaître, de manière brève, ses futurs scénarios (jusqu’à la saga NEW KRYPTON !), démontrant ainsi son plan à long terme !
Le dessin de Renato Guedes est magnifique. Mais l’épisode en lui-même relève plus de l’épisode « flashback » que du récit original. 3 étoiles.
RETOUR AU XXXIème SIECLE :
Sont regroupés dans ce troisième tome les épisodes ACTION COMICS #858 à 864, dessinés en 2008 par Gary Frank.
Pour ce qui est du concept, la Légion des Super-héros est une équipe de surhommes qui, au 31° siècle, arrive sur terre depuis tout l’univers afin de reprendre le flambeau tenu jadis par Superman, puisqu’il fut le premier extraterrestre à venir sur notre planète pour y défendre la justice de la façon la plus noble qui soit…
Cette équipe a été créée au départ en 1958 dans les pages d’ADVENTURE COMICS. L’idée était que ces jeunes surhommes, des adolescents, remontent le temps afin de rencontrer un Superman de leur âge (Superboy), et de l’amener au 30° siècle pour partager leurs aventures. C’est donc ce concept un peu enfantin qui est repris en 2008 par Geoff Johns, qui s’amuse comme un petit fou en redéfinissant complètement les fondements de cette mythologie, jusqu’à l’inclure dans les nouvelles origines de l’Homme d’acier (on voit ça plus loin dans l’article…).
Dans cette histoire, la légion a été défaite par des renégats terriens n’ayant pas accepté de ne pas avoir été recruté en son sein. Ceux-ci se sont auto-bombardés la JLE (Justice League of Earth) ! Ils ont alors soulevé le peuple contre tous les extraterrestres, tel le premier Front National venu, faisant acte de révisionnisme en prétendant que Superman a toujours été un être humain. L’Homme d’acier est donc de nouveau transporté dans le futur afin de rétablir la vérité. Hélas, sitôt arrivé en 3008 (1000 ans plus tard, donc…), il perd ses pouvoirs…
Nous voici au cœur d’un récit possédant la double casquette « super-héros » et « science-fiction ». Dans les deux cas, Johns n’y va pas avec le dos de la cuillère. Pour ce qui est des super-héros, il y en a une bonne trentaine, qui s’affronte tout du long dans la plus pure tradition du genre. Dans celui de la science-fiction, le scénariste imagine une ambitieuse saga à base de conflit intergalactique, de voyages dans le temps et de technologie surdéveloppée.
Personnellement, j’ai été assez impressionné par la forme du récit, dense et cohérente, telle que Johns en a le secret. Mais je n’ai pas tellement été emballé par le fond. Tout d’abord, ces hordes de super-héros m’ont un peu filé le tournis. Présentés par des info-bulles toutes les cinq minutes, on a pourtant du mal à les reconnaître et à s’y attacher. En plus, leurs pouvoirs en font des ersatz des super-héros les plus connus de l’univers Marvel (un Wolverine par ci, une Medusa par-là, un Giant man par ci, une Guêpe par-là, etc.), bien qu’ils furent à l’origine créés bien des années avant ! Evidemment, l’ensemble est à prendre au second degré, comme une sorte d’hommage amusé à des figures devenues des archétypes. Mais il n’empêche que ça tombe très vite dans le récit un peu désuet.
Ensuite, toutes les péripéties sont ultra téléphonées et le lecteur en devine la chute dès le départ, accentuant l’impression de récit inoffensif réservé surtout aux lecteurs sachant y puiser les nombreuses références. Il y a bien une parabole sur les dérives totalitaristes, notamment à travers cette version déformée de la JLA, mais elle est finalement édulcorée par le traitement léger et second degré de l’ensemble.
Parce que je n’apprécie que moyennement les histoires mettant en scène un maximum de super-slips bourrées de bagarres de bac à sable répétitives, parce que je n’adhère plus du tout aux récits old-school reprenant les codes des comics d’antan, je suis resté en-dehors de cette lecture. Le dessinateur Gary Frank a beau livrer un travail parfait (ah ! la tête de Christopher Reeves !), cette histoire est, entre toutes celles de la collection, celle que j’ai le moins aimée…
LA LEGION DES TROIS MONDES
Ce quatrième tome regroupe les cinq épisodes de la mini-série FINAL CRISIS : LEGIONS OF THREE WORLDS, publiée initialement entre 2008 et 2009.
Les dessins sont effectués par le légendaire George Pérez.
Je ne vais certainement pas me risquer à écrire un résumé de cette histoire, car elle est proprement irracontable (elle aurait pu s’intituler MULTIVERSITY, d’ailleurs !). Sachez qu’il est question d’y mêler les différents univers parallèles de DC Comics avec ses diverses périodes temporelles. Ben, oui, ça calme…
Tout au plus puis-je dire que le récit débute au XXXI° siècle, au moment où un super-vilain cosmique, le Piégeur temporel, ressuscite Super boy prime (un Superboy d’un autre univers parallèle devenu fou et meurtrier, perdu dans les limbes, à l’origine d’INFINITE CRISIS). Il espère ainsi, en le guidant vers la Terre, se venger de la Légion des super-héros. Qu’à cela ne tienne, les héros décident de faire venir Superman à leur époque afin de les aider à lutter contre la terrible menace…
Attention : Cette mini-série n’est pas faite pour le néophyte. Vous n’y entendrez strictement rien si vous n’avez pas déjà lu, de préférence dans l’ordre, au moins les récits suivants :
1) CRISIS ON INFINITE EARTHS (1985)
2) INFINITE CRISIS (2006)
3) le tome précédent.
Si c’est le cas, vous pouvez alors considérer que FINAL CRISIS : LEGIONS OF THREE WORLDS est la suite de ces différentes sagas.
Est-ce bien raisonnable ? Alors que les auteurs de CRISIS ON INFINITE EARTHS s’étaient décarcassé afin de rétablir l’ordre et la simplicité dans l’univers DC Comics, les auteurs des années 2000, Geoff Johns en tête, se sont évertué à ramener toutes les diverses créations éparpillées depuis soixante-quinze ans, à coup d’événements cosmiques d’une complexité extrême.
Et voilà qu’ici il est question de mêler trois univers parallèles différents, unissant ainsi les trois versions de la Légion des Super-Héros de l’histoire éditoriale.
Franchement à quoi ça sert ? Sinon à développer des scénarios abracadabrantesques où le lecteur doit batailler ferme s’il veut y comprendre quoi que ce soit ?
Le premier épisode était pourtant prometteur. Geoff Johns développait toute une toile de fond sur la xénophobie de notre monde et le droit à la différence. Il se lançait ensuite dans une délicieuse rétrospective de l’histoire éditoriale de Superman, par le biais d’une visite du musée de Métropolis entièrement guidée par un hologramme virtuel de Jimmy Olsen !
Hélas, le récit va rapidement s’orienter vers la réunion orgiaque d’une centaine de super-héros différents venus de trois univers parallèles et il ne sera, désormais, plus question d’y trouver autre chose qu’une gigantesque série de bastons, de résurrections en tout genre et de multiples tentatives afin de rétablir cette multitude de personnages (souvent grotesques) dans la continuité…
Il faut néanmoins s’incliner devant le talent manifeste des auteurs. Si Johns n’a pas son pareil pour justifier et harmoniser tous les tenants et aboutissants de son concept en un seul récit dense et linéaire (pratique cette idée d’une « continuité temporelle consciente » !), George « je dessine 1000 personnages par case » Pérez réalise, une fois de plus, le fantasme ultime du geek fan de super-héros en slip en gorgeant ses planches d’une myriade de figures colorées se détachant sur des décors d’une précision maniaque, le tout enrobé d’une patine old-school d’une rare perfection !
Une fois de plus, un grand événement éditorial DC Comics est l’occasion de mettre en œuvre une belle démonstration de la dimension mythologique qui s’articule à travers toutes ces figures héroïques de papier. Le lecteur assiste donc à une perpétuelle lutte de demi-dieux évoluant dans un monde où les simples humains ont disparu, où tout le monde vole et arbore la plastique d’une statue grecque.
Hélas, encore une fois, la naïveté inhérente au genre revient tout gâcher car, en insistant pour lier les continuités des diverses époques éditoriales de cette Légion des Super-Héros, le scénariste ramène inévitablement tous les côtés infantiles qui accompagnaient la version des années 60. Et le lecteur n’en finit plus de passer outre toutes ces résurrections ridicules, ces morts factices et ces paradoxes temporels indigestes.
A la fin du récit, le statuquo est total. Mais tout sera finalement invalidé deux ans plus tard, avec le relaunch de l’ère DC Renaissance également surnommé NEW 52…
BRAINIAC
Ce cinquième tome regroupe les épisodes ACTION COMICS #865 à 870, ainsi que l’épisode SUPERMAN NEW KRYPTON SPECIAL #1. L’épisode #865 est dessiné par Jesus Merino. Tous les autres sont l’œuvre de Gary Frank. L’ensemble a initialement été publié en 2008.
– L’épisode #865 est un one-shot indépendant intitulé JEUX D’ENFANTS (THE TERRIBLE TOYMAN en VO, hommage à un épisode éponyme de 1948). Jimmy Olsen a été capturé par Toyman et ce dernier se confie à lui en lui narrant ses origines. Mais dit-il la vérité en prétendant être un homme bon ?
Quel bonheur de voir ce court récit intégré à la collection, car il s’agit d’un petit bijou. Le scénario joue la carte du second degré mais recèle une profondeur formidablement poignante. En une vingtaine de pages seulement, Geoff Johns réussit un scénario génial, dynamité par un twist final qui nivèle l’ensemble par le haut. C’est presque aussi beau que les petites pépites écrites par Alan Moore chez DC Comics dans les années 80 ! Le dessin de Jesus Merino est très bon, avec un style différent selon le passage entre le présent et le passé. 5 étoiles !
– Action Comics #866 à 870 + SUPERMAN NEW KRYPTON SPECIAL #1 : BRAINIAC :
Geoff Johns nous raconte ici comment Superman rencontre pour la première fois le véritable Brainiac. Mais bien plus encore, il développe des éléments incontournables pour la continuité mythologique du personnage qu’il ne m’est malheureusement pas possible de dévoiler sans ruiner tout l’intérêt de cette lecture. Mais il faut le savoir : sont réunis dans ces cinq épisodes un nombre impressionnant d’événements majeurs et décisifs pour qui veut suivre l’histoire du plus célèbre des super-héros (avant le relaunch NEW 52).
Tout le problème est là : Impossible, dès lors, de ne pas succomber à la volonté d’en lire la suite. Mais il faut savoir que cette suite, c’est-à-dire la grande saga NEW KRYPTON, est un crossover plutôt long, obligeant le lecteur à suivre diverses séries (publiées dans un incommensurable bordel en VF). Lire BRAINIAC est donc une expérience à double tranchant, qui d’un côté se révèle tellement prenante qu’elle nous happe comme un brillant show TV, mais qui d’un autre côté, nous force à tomber dans le piège du crossover…
Le récit en lui-même est vraiment une merveille. Johns use de rétro-continuité avec son génie de la cohérence en dévoilant au lecteur des tas de révélations plus énormes les unes que les autres sur le passé et les origines de toute cette mythologie. En quelques épisodes seulement, il parvient, sans pour autant nous noyer d’explications, à rendre cette histoire dense et passionnante. Qui plus-est, chaque personnage est profondément habité et l’émotion fonctionne en toute circonstance. Attendez-vous, sinon à verser quelques larmes, au moins à serrer très fort votre comic-book !
La partie graphique n’est pas en reste. Gary Frank livre des planches d’une perfection extrême. On retrouve le parti-pris déjà prisé par le même artiste de donner respectivement à Superman et Loïs Lane les traits parfaitement reconnaissables des acteurs Christopher Reeves et Margot Kidder, immortalisés dans le SUPERMAN de Richard Donner.
La question est désormais insoutenable : Va-t-on résister à la tentation de se procurer la suite de ces aventures ?
4,5 étoiles à cause de cette fin en forme d’appel d’air !
ORIGINES SECRETES
Délicieuse mini-série en 6 épisodes réalisée en 2009 par Johns & Frank. Il s’agit du sixième et dernier tome de la collection GEOFF JOHNS PRESENTE SUPERMAN.
Depuis des lustres, le personnage de Superman, qui est le premier vrai super-héros moderne de l’histoire des comics (il fut créé en 1932 et publié pour la première fois en 1938), voit ses origines redéfinies régulièrement (à noter qu’à l’heure d’aujourd’hui, plusieurs nouvelles origines ont déjà été publiées…).
La réussite de cette mini-série est remarquable. Johns réussit à moderniser les origines du personnage tout en lui conservant toute son intégrité. Il est évident qu’il fait tout pour coller au maximum à la continuité du personnage à l’écran. En effet, les éditeurs ayant lorgné sur le succès retentissant des adaptations cinématographiques et des séries TV, ils se sont rapidement ralliés à la continuité développée dans la série SMALLVILLE (très à la mode en 2009), histoire de rameuter un public plus jeune et nombreux dans les comics-shop ! Mais là où Johns fait très fort, c’est qu’il parvient à trouver le parfait équilibre entre tous les univers, qu’ils soient filmiques ou bien dessinés, ainsi qu’entre toutes les classes de lecteurs, les plus vieux comme les nouveaux ! Ainsi, le fan de longue date se régalera de toutes les références disséminées ça et là, renvoyant à l’histoire éditoriale de l’Homme d’acier autant qu’à celle du petit et du grand écran (avec Lex Luthor partageant la jeunesse de Clark à Smallville, ou bien avec la reprise de la scène de l’hélicoptère, issue du film de 1978. Il y a même un nouveau clin d’œil, à travers le personnage de Luthor, au FRANKENSTEIN de James Whale !).
Avec un humour aussi savoureux que discret, Johns modernise l’icône en cape rouge en trouvant des circonstances atténuantes à son côté le plus kitsch (excellent gag sur le « slip dehors », par exemple) ou le plus désuet (Clark kent ne met pas des lunettes, au départ, pour passer inaperçu. Non, non, non, il y a une vraie raison !). Mais surtout, le scénariste parvient à nous apprendre un tas de chose que nous ignorions encore ! Ainsi, contrairement aux origines du personnage réalisées 23 ans plus tôt par John Byrne, qui n’apportaient rien à la figure de Superman pour ceux (c’est-à-dire tout le monde) qui en avaient vu l’adaptation cinématographique réalisée en 1978 par Richard Donner, Johns injecte des tas et des tas de trouvailles plus géniales les unes que les autres sur ces origines, faisant de cette nouvelle version, sinon une version définitive, au moins une référence !
L’ensemble est par contre un peu court. Le récit aurait gagné en densité avec quelques épisodes de plus. En l’état, il accuse des ellipses un peu brutales et la perception du temps manque de substance.
Pour ce qui est des reproches, je n’ai guère adhéré non plus à l’épisode qui fait intervenir tout ce que j’ai toujours trouvé grotesque dans cet univers, à savoir les super-héros secondaires, anti-charismatiques. Pourquoi diantre les éditeurs tiennent absolument à faire sempiternellement revenir cet avatar ridiculissime que demeure Krypto le chien de la planète natale de Superman ?!!! Quant à la Légion des super-héros issue du XXXI° siècle et cette volonté de ramener TOUT l’univers DC jadis effacé par COIE, j’ai déjà évoqué plus haut le souci… A la place, j’aurais largement préféré un voyage sur Krypton, ou bien dans la Forteresse de la solitude, deux lieux parfaitement absents de cette relecture !
Malgré tout, la mini-série est une réussite indiscutable. Et bien que trop courte, elle nous offre, dans ses dernières pages, une conclusion qui élève le débat et confère à notre héros toute son éternelle substance en véhiculant les valeurs humaines inviolables auxquelles nous aspirons encore…
Côté dessin, Gary Frank nous livre de superbes planches à la fois aérées et précises. Et d’une manière surprenante, plutôt que de nous montrer une version iconique de cet univers, comme on a pu le voir notamment dans le postmoderne ALL STAR SUPERMAN de Grant Morrison et Frank Quitely, avec beaucoup de muscles et de bastons homériques, Frank préfère une approche humaine et délicate, presque fragile de cette mythologie.
Notre article est terminé. La suite de ce run se joue dans les nombreuses pages du méga-event NEW KRYPTON, auquel nous consacrons un autre article…
Vous ne vous y retrouvez pas ?
C’est une période faste pour l’Homme d’acier. Elle se situe entre INFINITE CRISIS et NEW 52. Il est conseillé de commencer par Le DERNIER FILS.
Puis de lire les deux runs concomitants :
– Le run de Geoff Johns => Vous êtes ici
– Le run de Kurt Busiek
Puis de terminer par la grande saga :
– NEW KRYPTON
La BO :
Tout de même ce Geoff Johns, quel boss !
Hé bien ! Ça c’est de l’Encyclopégeek ou je ne m’y connais pas.
Bizarro, j’ai jamais pu. Je peux reconnaître le bel ouvrage de John, Donner et Powell pour cette histoire, mais cette fois-ci, c’est moi qui vais sortir l’argument infantile. Je n’ai pas encore trouvé de scénariste qui parvienne à mener jusqu’à son terme la logique du parler inversé.
Retour au XXIème siècle – L’impression de récit inoffensif réservé surtout aux lecteurs sachant y puiser les nombreuses références : je confirme que cette histoire m’a bien parlé, étant familier avec la Légion des SuperHéros et son histoire.
La Légion des trois mondes : même moi, j’ai eu un peu de mal à suivre le fond de l’affaire entre ces 3 Légions, mais quel plaisir de voir George Pérez s’éclater.
Brainiac : finalement ça m’a suffi. J’ai lu le début de New Krypton avec des équipes créatrices de niveau inégal et j’ai arrêté au bout d’un tome sans regret.
Origines secrètes : je pense que Geoff Johns est sincèrement attaché aux éléments les plus enfantins ou poétiques des comics de l’âge d’or, et que c’est la raison pour laquelle il ramène cette émotion d’enfance qui est le rapport avec son chien. La Légion et le XXXIème siècle : au moins il est cohérent avec lui-même et avec les récits des tomes 3 & 4 de cette collection. En outre, la Légion n’a pas été effacée par Crisis on infinite Earths, c’est juste que Superboy en avait été extrait puisque la version de Superman par Byrne ne comprenait pas de phase Superboy.
Ah ? Il me semblait que tu avais bien noté le BIZZARO MONDE.
Pour les tomes 3 et 4 de la collection (Retour au XXXIème siècle + Légion des trois mondes), je pense que je vais me faire violence et les revendre (oui, on a souvent du mal à dépareiller une collection et à accepter qu’il y manque des tomes 🙂 ).
Pour l’enchainement BRAINIAC + NEW KRYPTON : Je ne sais pas comment tu fais. Quand je suis à fond dans une histoire, je ne peux pas m’arrêter en plein milieu.
Je dois dire que J’ADORE le combo Geoff Johns/ Gary Frank sur l’homme d’acier.
la nostalgie joue un peu dans le sens où lorsque j’ai découvert l’homme à Christopher Reeves, j’en ai presque eu des larmes… j’aime cette forme de respect unissant les créateurs entre eux. Ensuite l’arc sur la Légion est malgré tout une belle et bonne histoire du genre, plein de mythologie Krypton, charme ancien avec des artistes nouveaux. donc pour moi un peu le meilleur de ce qu’on a proposer dans le mainstream actuellement .
BRAINIAC est très fun et assez émouvant et là encore prouve qu’on peut avoir des belles histoires à échelle humaine malgré le débordement de puissance du héros. quand on se sort les doigts du cul on peut écrire de très bons comics avec SUPERMAN et battre en brèche l’idée reçue du » il est trop puissant, trop parfait , il ne peut rien lui arriver… »
J’ai pas lu le SUPERMAN OF THE THREE WORLDS et ça reste un de mes trucs que je voudrais choper à l’occasion…TOUT ce que dessine Perez est une d’une magnificence absolue.
SECRET ORIGINS: nostalgie des sincérité des auteurs qui marchent à plein régime, on accroche ou pas. moi j’accroche!
c’est pour moi un des meilleurs run de l’homme d’acier avec les one shots et le grand délire de Loeb et compagnie…
Merci pour ce powerpoint sur l’homme d’acier qui une fois n’est pas coutume s’est fait voler la vedette sur le blog par Batman. S’il pouvait revenir dans le nuage tag de Bruce Lit, ce serait cool et ton article va y aider.
Très bien le Bonus.
Il se trouve que Sire Présence m’a filé BRAINIAC et ORIGINES SECRETES que j’ai lus et appréciés.
Les dessins de Gary Frank me sont plus restés en tête que « le génie » de Geoff Johns. Mais je me rappelle effectivement que c’était fluide et très agréable à la lecture, avec une bonne répartition entre texte et image.
« le fan de longue date se régalera de toutes les références disséminées ça et là, renvoyant à l’histoire éditoriale de l’Homme d’acier autant qu’à celle du petit et du grand écran (avec Lex Luthor partageant la jeunesse de Clark à Smallville, ou bien avec la reprise de la scène de l’hélicoptère, issue du film de 1978. Il y a même un nouveau clin d’œil, à travers le personnage de Luthor, au FRANKENSTEIN de James Whale !). »
Bon moi, tout ça m’a échappé. A chaque fois que je lis des origines de Sup, je me régale avec la partie Smallville et effectivement celle de Johns est pleine de vie et d’humour.
C’est ensuite que je me désintéresse du perso, lorsqu’il est super héros et ses connections avec l’univers DC. Comme Hulk en fait : quand il ne maîtrise pas ses transformations et qu’il est pourchassé par l’armée, c’est génial.
Une fois qu’il affronte des vilains tout verts, que tout son casting se Hulkise, je n’y arrive plus. Et n’allez pas me parler du travail de Peter David, je n’ai jamais réussi à accrocher non plus.
Pour le reste, même combat mais en pire que toi : n’ayant aucune affinité avec DC , je zappe tous les crossovers sans regrets.
La Bo du jour : Top
Je dois avouer que SUPERMAN est un personnage qui ne m’intéresse pas.
J’ai quand même lu ton article pour ma culture comics.
La BO: Quel plaisir de pouvoir écouter Mr Dynamite sur le blog ! 👍👍👍
Très bel article Tornado, surtout que j’apprends plein de choses, ne connaissant rien à la continuité de Superman. Et bien sûr, je dois toujours lire MULTIVERSITY… Mais tout cela demande beaucoup d’investissement et je vais gaiement passer outre. Comme toi je privilégie les histoires courtes et auto-contenues, comme le ALL STAR SUPERMAN justement.
D’ailleurs vous avez vu la nouvelle édition du Printemps des comics ? Il y a 10 titres à 5,99 euros (même moins si vous les achetez au super ou hypermarché), dont le Ultimates de Millar (mais sans doute pas en entier). J’ai pris le Hawkeye de Fraction, le Spider-Man Bleu et le Daredevil Jaune (que j’ai déjà en VO).
https://www.cultura.com/livre/bd-humour/comics/printemps-des-comics-2021.html
Je crois bien ne pas connaître Geoff Johns du tout, je n’ai pas pris son Wonder Woman. Et je ne suis pas fan des dessins ici (pardon). Par contre je serai curieux de lire l’histoire dessinée par Eric Powell ! J’ai quatre tomes de The Goon. Cela dit, le tome 5 a l’air super, tu donnes envie.
La BO : je ne la connaissais pas celle-ci, bien cool.
Merci pour ce topo très clair ! Avec cet article, je sais exactement quels tomes me prendre si un jour je veux me faire ce run…
Le Supes version Christopher Reeves par Gary Frank est très reconnaissable. Et c’est un hommage qui passe mille fois mieux que lorsque d’autres dessinateurs décident de coller des têtes connues sur le perso. Genre, Deodato, que j’apprécie pourtant, son Norman Osborn en Tommy Lee Jones et, encore pire, son Fatalis en Vincent Cassel, pouah !
Merci à tous pour vos retours.
Je le répète encore pour les néophytes : Superman est souvent boudé par les lecteurs sur des aprioris. C’est un des tout meilleurs personnages du médium super-héroïques. L’un des plus profonds, attachants et originaux (oui !). le supporting-cast est également à la hauteur. Et comme le fait remarquer Eddy, sa mythologie est riche et le concept même du personnage et de ses pouvoirs oblige les scénaristes a se transcender pour lui trouver des menaces qui soient à sa hauteur. En revanche il ne supporte pas la demi-mesure et si le traitement n’est pas bon, c’est vite la cata…
Ceux qui le boudent n’ont souvent jamais lu de comics Superman, ou en tout cas pas assez pour avoir saisi les intérêts.
C’est pour moi l’un des tous meilleurs personnages parmi les slips. Dans mon top 5.
Le run de Johns est excellent mais il souffre dans l’ensemble de :
– Nombreux crossovers (son run est concomitant de celui de Busiek, (déjà programmé pour figurer sur le blog)) et il échoue sur le méga event NEW KRYPTON (déjà programmé pour figurer sur le blog itou).
– Fâcheuse tendance à ressusciter TOUT ce qui a été effacé avant et à le réintégrer (certes dans des récits ambitieux aux concepts bétonnés).
– Plusieurs récits conçus pour attirer le lecteur vers d’autres séries partagées. L’ensemble est donc peu accessible au néophyte en dehors de SECRET ORIGINS. Sa vision est ambitieuse et elle brasse très large, et c’est le top pour le complétiste qui veut tout lire, mais pour le lecteur de passage, c’est plutôt rédhibitoire.
Merci pour cette review qui me montre très clairement qu’il y a un tome qui sort du lot, et que j’ai bien envie de le lire ! J’aime assez ce que fait Geoff Johns, pas fan de Superman et sa mythologie, mais tu as su trouver les mots justes 😉 .
Bonjour Tornado,
je me rends une nouvelle fois compte qu’il n’y a que l’arc sur Brainiac que je n’ai jamais lu dans le SUPERMAN de Geoff JOHNS … celui que tu as le mieux noté.
Je fais parti de ceux (des rares ?) qui n’arrivent pas à être complètement convaincu par l’écriture de Geoff JOHNS. C’est efficace, globalement bien écrit (sans WTF), très respectueux (trop peut être ?) des personnages qu’il anime mais je ne sais pas il y a toujours un truc à l’arrivé qui m’empêche de dire, OK j’y reviendrais.
Je sauve ses GREEN LANTERN, surtout car les premiers numéros sont dessinés pas Carlos PACHECO et que mine de rien il prend, je trouve pas mal de risque. Je n’ai jamais pu dépasser les 2-33 numéros de ces FLASH. Ces JUSTICE LEAGUE sont mauvais à mes yeux. Par contre je relis avec plaisir son passage sur AVENGERS.
Pour en revenir sur son passage sur SUPERMAN, je suis globalement du même avis que toi.
SUPERMAN OF THE THREE WORLDS : Imbuvable et trop compliqué. Je crois que cela s’adresse aux fans absolu de la Légion ayant eu mention très bien lors de leur bac Légion.
SECRET ORIGINS : syndrome Geoff JOHNS. C’est sympa à lire mais une synthèse trop respectueuse des origines de Superman (avec en plus Gary Frank qui fait tout pour nous rappeler le premier film). Dans le même genre je préfère MAN OF STEEL De John Byrne ou BIRTHRIGHT de Mark WAID et Leinil Francis Yu.
Merci pour cette Encyclopégeek.
La version de Byrne, perso je trouve ça vraiment pas foufou…
il en a fait un perso Marvel en fait presque réaliste…
heureusement que SUPREME est venu me rappeler en quoi SUPERMAN c’était bien… de la dinguerie et de la science grand-guignol…^^
BRAINIAC est un arc énorme. Seul problème : C’est à suivre et la suite c’est le méga-interminable event gâché NEW KRYPTON…
SECRET ORIGINS : J’ai adoré. Surtout pour les idées que trouve Johns pour justifier tous les trucs de la mythologie kryptonienne jusqu’au costume et aux lunettes. Une vraie boite à idée, avec en plus un humour diffus délicieux. Et j’adore le Clark qui ressemble à Christopher Reeves… MON Superman.
La version Byrne : J’ai détesté. Je suis incapable d’avaler ce genre de truc old-school très infantile. Et là par contre les idées que trouve Byrne pour la mythologie sont carrément débiles…
Mais bon. C’est mon problème cette allergie aux comics qui respectent le Comics Code Authority…
Merci pour ce retour.