Encyclopegeek : les films de samouraïs 1/2
Article de MATTIE-BOYNouveau dossier sur le cinéma asiatique aujourd’hui. Les chanbara. Quésaco ? Les films de sabre japonais, de samouraïs quoi. C’est un sous-genre du jidai-geki . Dans ce genre-là, il y a bien sûr des cinéastes classiques incontournables. C’est pourquoi je vais commencer par parler du cinéma d’Akira Kurosawa.
Vous avez certainement déjà entendu son nom. Même les gens qui n’aiment pas les vieux films le connaissent de nom. Un des premiers réalisateurs japonais à s’être fait connaître à l’étranger. Ce n’est pourtant pas le premier grand réalisateur dans son pays, et aujourd’hui les noms de Yasujiro Ozu et Kenji Mizoguchi qui ont commencé à faire des films dans les années 1920 sont également plus connus. Kurosawa a commencé dans les années 1940, et s’est fait remarquer dans le monde durant les années 1950. Ces trois réalisateurs sont considérés comme les grands fondateurs du cinéma japonais. Pour ma part, je dois bien avouer ne pas être très connaisseur de Ozu et Mizoguchi (même si j’ai vu LES CONTES DE LA LUNE VAGUE APRES LA PLUIE de ce dernier.) Et comme je propose de me pencher surtout sur les films de sabre, Kurosawa reste la valeur sûre qui a inspiré beaucoup de cinéastes occidentaux (dont George Lucas, Steven Spielberg, Martin Scorcese, etc.)
Nous ferons aussi un petit tour par un film de Masaki Kobayashi, HARAKIRI, et nous enchainerons par certainement le cinéaste « classique » japonais que je préfère : Hideo Gosha.
Exceptionnellement, plutôt que de vous parler des films dans l’ordre chronologique, je vais plutôt vous proposer une première partie focalisée sur le cinéma réaliste avec des histoires dramatiques intéressantes mais dont l’intérêt ne réside pas spécialement dans les combats. Et en seconde partie, nous parlerons de films moins « réalistes » et plus axés sur le divertissement, avec ZATOICHI ou BABY CART : des films dans lesquels on peut voir des geysers de sang et des mecs couper des mouches en 4 avec leur sabre.
Commençons donc par Akira Kurosawa. Le plus difficile a été de choisir de quels films j’allais parler. Techniquement si vous êtes intéressés par le cinéma japonais, Kurosawa est incontournable et pas mal de ses films sont recommandables. RASHOMON par exemple, un des premiers films (si ce n’est LE premier) qui propose de raconter 3 fois la même histoire selon le point de vue de chaque acteur d’un évènement, ou plutôt de leur déposition devant un tribunal (avec ce que ça implique de mensonges pour couvrir leurs arrières.) Il y a aussi LE GARDE DU CORPS (YOJIMBO), l’histoire d’un samouraï qui joue double jeu dans une ville déchirée par une guerre de clans (mais vous connaissez l’histoire puisqu’il a été honteusement copié par Sergio Leone qui en a fait un remake non-autorisé avec son POUR UNE POIGNEE DE DOLLARS. Mais la justice s’est déjà occupé de ça, donc je n’épiloguerai pas là-dessus.)
Etrangement, ceux que je ne recommanderai pas trop sont ses derniers films, en couleurs et magnifiques visuellement mais…plus figés que ses premiers films (RAN et KAGEMUSHA sont quand même, selon moi, un poil soporifiques.) Kurosawa a poussé les références au théâtre Nô peut-être un peu trop loin avec ces films.
Finalement j’ai choisi de vous parler du film considéré comme son chef d’œuvre : LES SEPT SAMOURAIS. Ainsi que de sa version de MacBeth de Shakespeare adapté dans le Japon féodal : LE CHATEAU DE L’ARAIGNEE.
LES SEPT SAMOURAIS (1954) d’Akira Kurosawa
Nous sommes durant l’ère Sengoku (environ entre 1467 et 1600), littéralement « l’époque des provinces en guerre » avant le règne des shoguns unificateurs du Japon : Toyotomi (shogun en 1582) puis Tokugawa (shogun en 1603) qui instaurera l’ère Edo et dont les descendants règneront jusqu’en 1867.
Durant l’ère Sengoku, les guerres entre clans plongent le pays dans le chaos et des bandits sillonnent la campagne pour piller des villages. C’est ainsi que débute le film, alors que des bandits rebroussent chemin devant un village lorsqu’ils se souviennent l’avoir déjà pillé trop récemment et décident d’attendre la prochaine récolte. En panique, les villageois décident d’agir pour prévenir un nouveau pillage qui causerait leur mort. Sur les conseils de l’ancien de leur village, ils décident de chercher des samouraïs pour les défendre. L’ennui, c’est que les samouraïs sont fiers et ne travaillent pas en échange d’un peu de riz. Il va donc falloir qu’ils trouvent des guerriers altruistes qui accepteront de les aider.
Après avoir fait face à plusieurs refus de samouraïs fiers, ils rencontrent Kanbei, un vieux sage qui accepte de les aider. La première heure du film nous raconte ensuite le recrutement des six autres guerriers : Katsushiro qui veut devenir l’élève de Kanbei, Gorobei le bon vivant joyeux, Heihachi qui se recycle comme bucheron, Shichiroji l’ancien bras droit de Kanbei, Kyuzo le mystérieux maitre d’armes…et enfin un septième homme qui prétend s’appeler Kikuchiyo et qui n’est de tout évidence pas un vrai samouraï.
Le second acte du film se focalise d’ailleurs sur cet étrange personnage qu’est Kikuchiyo (en plus de l’organisation de la défense du village.) Fanfaron, un peu fou et drôle, tantôt agaçant, tantôt futé, il est l’électron libre auquel le spectateur s’identifie. Incarné par le grand Toshiro Mifune qui tourna 16 films avec Kurosawa, Kikuchiyo n’est en réalité qu’un paysan qui se rêve guerrier, un imposteur au grand cœur qui sert de pont entre les samouraïs qui ignorent tout de la vie des paysans et ces derniers. La performance de Mifune est mémorable, notamment lors de son monologue furieux dans lequel il accuse les paysans de mentir, de pleurnicher, d’avoir assassiné des blessés de guerre pour récupérer des armes…pour mieux demander ensuite qui en a fait de telles brutes à part les samouraïs qui ont pillé, violé, brulé leurs maisons pendant les guerres. Le code d’honneur de nos héros et leurs grands principes se heurtent alors à la dure réalité.
Le dernier acte est évidemment l’attaque des bandits, la stratégie, la solidarité nécessaire pour remporter une bataille, le massacre, l’horreur de la guerre. Et de nos sept samouraïs, il n’en restera que trois.
Kurosawa est un excellent metteur en scène pour son époque. La composition de ses plans est un modèle. Beaucoup de mouvement (si ce n’est pas la caméra qui bouge, il se passe toujours quelque chose à l’image : intempéries, mouvements de foules), et toujours beaucoup de richesse visuelle avec des décors qui laissent voir beaucoup de profondeur.
Ce film en particulier a bénéficié d’un grand soin d’authenticité de la part du réalisateur et du scénariste. Kurosawa et ses collaborateurs se sont même rendus malades pour réaliser ce film, que ce soit par leurs efforts ou par les difficultés qu’ils ont eu à le réaliser à une époque où l’occupant américain ne voyait pas d’un bon œil les films sur des samouraïs qu’ils associaient aux kamikazes.
Mais si le film est globalement positif et pas très critique, Kurosawa glisse tout de même des allusions au fait que certains samouraïs sont arrogants et dangereux, et qu’au service de seigneurs corrompus durant la période Sengoku, beaucoup ont commis des atrocités. Nos héros ne sont d’ailleurs que des ronins, des samouraïs sans maitre dont le clan n’existe plus ou qui ont quitté leur fonction pour suivre leur propre chemin. S’ils sont valeureux et honnêtes, c’est aussi peut-être parce qu’ils sont hors-caste. Le samouraï est un personnage très ambivalent qui peut tout aussi bien être cruel ou héroïque, ce qui en fait une source inépuisable d’histoires de fiction.
Le film est long, on ne va pas se mentir. Plus de 3h. C’est une durée considérable, surtout pour un spectateur d’aujourd’hui habitué aux films américains épileptiques dans lesquels il se passe 3000 trucs en même temps. Le cinéma japonais, surtout à l’époque, prenait son temps. Les films étaient pensés comme des pièces de théâtre, qu’on ne va pas voir pour l’action et les effets spéciaux ébouriffants, mais pour des acteurs, des dialogues et de l’émotion.
Mais toujours est-il que c’est un grand film que je qualifierai de social, sur la guerre, sur les inégalités, sur la dure réalité face à des principes abstraits. Un film qu’il faut voir une fois dans sa vie.
LE CHATEAU DE L’ARAIGNEE (1957) d’Akira Kurosawa
Après une bataille (toujours durant la guerre des provinces de l’ère Sengoku), les généraux Washizu et Miki doivent retourner voir leur suzerain au château de l’araignée. Pour cela ils traversent la forêt du même nom et rencontrent un étrange esprit qui leur prédit leur avenir. Selon lui, Washizu deviendra seigneur du château de l’araignée et le fils de Miki sera lui aussi amené à prendre le contrôle de ce château. Comme il s’agit d’une transposition de la pièce MacBeth de Shakespeare, à la manière de Lady MacBeth, la femme de Washizu va tout faire pour forcer le destin afin que la prophétie se réalise au bénéfice de son mari. Washizu va donc assassiner son seigneur pour s’emparer du pouvoir, puis Miki pour que son fils ne lui dérobe pas le pouvoir. Mais la culpabilité et la paranoïa va le pousser lui et sa femme dans la folie.
En plus d’être l’adaptation d’une pièce de théâtre transposée dans le Japon féodal, Akira Kurosawa emprunte beaucoup au théâtre Nô pour ce film. Pour ceux qui ne savent pas ce que c’est, le théâtre Nô est une forme traditionnelle de théâtre qui utilise beaucoup de costumes et de maquillages spécifiques, ainsi que l’utilisation de masques et d’une musique particulière qui vient renforcer la surprise, les coups de théâtre de l’histoire. La gestuelle des acteurs est stylisée et exagérée, tout comme le jeu d’acteur grimaçant. Si vous avez déjà eu l’impression dans certains vieux films que les japonais surjouent, c’est en partie culturel, un héritage de leur théâtre. Dans ce film, si le début ressemble à un film « normal », tous les passages montrant la descente aux enfers de nos personnages paranoïaques et de plus en plus fous utilisent des codes beaucoup plus stylisés et exagérés. Atmosphère oppressante, jeux d’ombre et de lumière, apparitions fantomatiques, maquillages et expressions exagérées (comme dans le cinéma muet), on se croirait presque dans un film d’horreur.
Il ne faut pas s’attendre à de grandes batailles dans ce film, même s’il y a quelques poursuites et de nombreuses morts. Mais cette fois le film fait 1h40 seulement. Majoritairement tourné en intérieur, on pourrait craindre le côté théâtral trop prononcé ou le film trop bavard. Mais non. Les longues tirades font place à des choix d’images, des silences, une atmosphère. Kurosawa ne fait pas que filmer du théâtre. Il se sert juste de certains codes du Nô pour renforcer certains évènements de l’histoire.
Les scènes dans le brouillard, celles de la forêt avec l’esprit, les intérieurs sombres, tout contribue à une mise en scène efficace.
Que vous soyez familier ou non avec l’œuvre originale de Shakespeare, cette interprétation de Kurosawa mérite amplement le détour. Kurosawa glisse aussi dans son adaptation un peu de folklore japonais avec cet esprit (ce mononoke) qui joue avec les humains.
HARA KIRI (1962) de Masaki Kobayashi
HARA-KIRI est initialement un roman de l’écrivain Yasuhiko Takiguchi, mais il a été adapté au cinéma par Shinobu Hashimoto, le même scénariste que RASHOMON et LES SEPT SAMOURAIS de Kurosawa. A la réalisation, Masaki Kobayashi (réalisateur de LA CONDITION DE L’HOMME.) Ce film a eu droit à un remake signé Takashi Miike en 2012, mais ne l’ayant pas vu, je n’en parlerai pas. J’ignore même si c’est un remake feignant identique à l’original, ou une réadaptation plus libre du roman.
Japon, 1600, ère Edo. Le général Ieyasu Tokugawa a terminé d’unifier le pays et en prend la tête en instaurant la dernière dynastie des shoguns : les Tokugawa. Les guerres constantes de la période Sengoku sont du passé. Le pays est en paix.
Comme vous le savez, hara-kiri était le nom du suicide pour l’honneur que les samouraïs devaient pratiquer après avoir commis une faute grave ou, raison plus discutable, si leur maître s’était déshonoré ou avait péri. Son nom plus courant est le seppuku. Le film propose justement de pointer du doigt ce code de l’honneur poussé à l’extrême, et l’hypocrisie de certains clans qui brandissaient ce code de l’honneur par fierté sans en respecter une ligne.
Il met en scène un rônin (Hanshiro Sugumo, joué par le grand Tetsuya Nakadai, un acteur de la trempe de Mifune selon moi) qui se rend chez le clan Ii pour demander à ce qu’on l’aide à se faire hara-kiri (en général, il y a un rituel solennel, des habits blancs, et il faut un exécuteur pour mettre fin aux souffrances du samouraï qui s’ouvre le ventre) et l’intendant du clan, Saito, qui va lui raconter l’histoire d’un autre rônin, Chijiwa, qui est venu frapper à leur porte en prétendant vouloir mourir.
Il va s’avérer que certains rônins miséreux dont le clan a été dissous usent de ce subterfuge pour inspirer l’admiration et se faire accepter dans un clan, ou tout du moins recevoir des aumônes. Bien évidemment, les chefs du clan Ii trouve cela inadmissible et honteux. Pour eux, il s’agit d’une perversion du code d’honneur des samouraïs. C’est pourquoi ils essaient de percer à jour les menteurs. Hanshiro Sugumo est-il l’un d’eux ? Si oui, il cache bien son jeu. Que cherche-t-il vraiment ? Au travers de flash-backs, nous allons découvrir son histoire, et la raison de sa visite au clan Ii.
Le film nous montre comment le code du bushido (qui contenait aussi des principes dignes et méritoires) est détourné par les riches clans pour garantir leur ascension sociale et déshonorer les pauvres. Il nous montre comment une tradition appliquée hors de tout contexte peut être d’une grande cruauté. Comment les samouraïs sont endoctrinés et poussés au suicide. Comment la politique du shogun de dissolution des clans a généré une grande misère chez les samouraïs qui n’ont plus personne vers qui se tourner en période de paix. C’est une critique massive de la tradition et de ses détournements à des fins politiques que nous propose le film, en même temps qu’une vision des samouraïs particulièrement sombre.
Peu d’affrontements encore une fois (je vous avais prévenus) mais un final sanglant inoubliable dans lequel Hanshiro démontre l’hypocrisie et la lâcheté du clan Ii. Le seul vrai samouraï au sens chevaleresque du film est un rônin miséreux.
GOYOKIN (1969) de Hideo Gosha
Parlons à présent de Hideo Gosha, certainement le réalisateur « classique » que je préfère, malgré la grande popularité de Kurosawa. Hideo Gosha est un des réalisateurs classiques les plus contestataires. Il est plus sombre que Kurosawa, il se montre très critique envers son propre pays et notamment la caste des samouraïs. Dans HITOKIRI (dont je ne vous parlerai pas en détails, faute de place dans l’article), il met en scène un samouraï (joué par Shintaro Katsu, le futur Zatoïchi) bretteur hors pair mais un peu idiot, et qui passe tout le film à se faire utiliser et manipuler par ses supérieurs pour finir condamné à mort.
Mais je vais surtout vous parler de GOYOKIN, un de chanbaras préférés.
GOYOKIN (l’or du shogun) se passe autour de 1830, sous le shogunat des Tokugawa. Il raconte comment un clan de samouraïs, pour payer l’impôt au shogun alors qu’ils ont eu de mauvaises récoltes, s’est emparé de ses navires pour lui dérober son or et fait accuser du forfait un petit village côtier. Ils ont ensuite exterminé tout le village afin de couvrir leurs traces et prétexter une vengeance au nom du shogun. Tout ceci nous est raconté en flash-back. Le début du film nous montre une femme revenir dans un village ravagé et rempli de cadavres. Quelques années plus tard, nous suivons Magobei, un rônin errant (Tetsuya Nakadai à nouveau) qui a quitté ce clan, rongé par la culpabilité d’avoir participé à tout ça. Il va apprendre que son ancien clan prévoit de recommencer son stratagème cette année-là pour les mêmes raisons. Il va faire son possible pour les en empêcher.
Le film est en quelque sorte une quête de rédemption, même si en réalité Magobei se ment à lui-même en disant qu’il pourra reprendre sa vie après avoir apaisé sa conscience en empêchant un nouveau massacre. En réalité il est déjà mort à l’intérieur depuis qu’il a dégainé son sabre pour le profit, et la fin du film ne sera pas plus ensoleillée pour lui. Il doit faire face à ses anciens compagnons, et son ancien chef qui s’avère être son beau-frère. Et malgré son succès final, il n’en retirera aucune satisfaction et s’éloignera des festivités, sa femme à moitié détruite mentalement le suivant de loin dans la neige.ideo Gosha a donné un nouveau visage au chanbara. Comme je le mentionnais, il est plus sombre et critique que Kurosawa. De la même manière que Kobayashi avec son HARAKIRI, Gosha évacue les samouraïs héroïques et chevaleresques. Tout comme les westerns spaghetti qui sont des versions désenchantées du western américain mettant en scène des cowboys corrompus et égoïstes, le cinéma de Gosha met en scène des ordures ou des gens brisés. Mais très humains. Kurosawa avait déjà introduit une dimension sociale mais Gosha va plus loin dans la noirceur.
Les personnages sont complexes et intéressants. On comprend même (sans cautionner) le dilemme du chef de clan qui n’a pas assez de richesses à donner au shogun à cause de mauvaises récoltes. On sympathise avec les victimes du village et avec le personnage torturé qu’est Magobei.
Sur la forme, le film est magnifique, que ce soit la photographie de Kozo Okazaki qui sublime des paysages enneigés, ou les divers combats dans des lieux variés superbement filmés.
En voulant faire un film qui détourne le chanbara de ses codes chevaleresques, Hideo Gosha crée pourtant un des plus beaux représentants du genre. Pour moi, on n’est pas loin du chef d’œuvre.
A noter qu’un des autres grands films d’Hideo Gosha est DANS L’OMBRE DU LOUP, dont je ne vous parle pas en détails ici parce qu’il ne s’agit plus d’un film de sabre. Mais je me permets une parenthèse de recommandation pour ce film qui est une sorte de PARRAIN japonais, dans lequel nous sont retracés une vingtaine années d’histoire du Japon (de 1918 à 1940) au travers des portraits de Onimasa, chef du clan yakuza de Kiryuin et de sa « fille adoptive » Matsue (achetée à une famille pauvre) qui va grandir dans cette société de l’ombre en commençant par haïr son père adoptif puis par l’admirer et l’aimer comme un père. C’est un film complexe aux personnages ambigus qu’on se prend à aimer et détester en même temps. Onimasa est également joué par Tetsuya Nakadai, un acteur qui a débuté avec Kurosawa dans des seconds rôles (notamment dans YOJIMBO) et qui a pris la relève de Mifune par la suite en déployant son talent pour jouer de très bons personnages également.
Je ne peux pas vous parler de tous les films de sabres. J’ai choisi de mettre en lumière 4 films assez anciens mais qui font partie des must-see. Mais en nommant d’autres films et réalisateurs, je vous offre des pistes si vous voulez pousser plus avant l’aventure.
Parmi les films plus récents datant des années 2000, certains valent le détour comme LE SAMOURAI DU CREPUSCULE ou LA SERVANTE ET LE SAMOURAI, tous deux de Yoji Yamada, qui se penchent sur le déclin des samouraïs à la fin de l’ère Edo. Des films lents, avec quasi aucun combat mais qui racontent la fin d’une époque, et de quelle manière le Japon ne s’est pas seulement débarrassé des défauts de sa société isolationniste, mais a également jeté le bébé avec l’eau du bain en s’occidentalisant, rejetant les notions d’honneur des samouraïs pour de nouvelles réformes. Des films intéressants et plutôt mélancoliques. Ils se ressemblent un peu cela dit, étant tous les deux adaptés de romans du même auteur. Je crois que ma préférence va à LA SERVANTE ET LE SAMOURAÏ pour sa description du changement d’époque plus mémorable.
On se retrouve bientôt pour la deuxième partie dans laquelle nous remonterons un peu dans le temps pour nous pencher sur des films plus stylisés, moins réalistes, plus orientés divertissement, avec les sagas ZATOICHI et BABY CART.
BO du jour : un aperçu des musiques de Masaru Sato qui a officié sur LE CHATEAU DE L’ARAIGNEE, LA FORTERESSE CACHEE, YOJIMBO, HITOKIRI, GOYOKIN, etc.
Je hais le cinéma de Jacques Demy. Je n’ai jamais réussi à comprendre le culte autour de ce cinéaste. Tout me révulse dans son esthétique et son univers que je trouve chiantissime et repoussoir.
LE PACTE DES LOUPS est pour moi le navet français ultime. Tout est mauvais : Scénario, jeu d’acteurs qui récitent, mise en scène ridicule (avec du karaté pourtant, comme quoi…). Je n’ai pas vu Crying Freeman.
La nouvelle Vague c’est comme l’art contemporain pour moi : Il y a de chouettes trucs, mais les artistes, en refusant systématiquement de coller aux canons habituels et en étant portés par l’intelligentsia quoiqu’ils fassent, sont rapidement tombés dans le nawak et les excès de trucs torchés en roue libre. Les premiers films sont souvent les meilleurs (A BOUT DE SOUFFLE, LES 400 COUPS).
En revanche je suis fan absolu de Bertrand Blier et ses films font partie de mon panthéon. Le meilleur cinéma français des années 70 et 80 (pour moi), en dehors des comédies bien sûr. Parce que là on te raconte autre chose que ton voisin qui se lève au début du film, qui passe sa journée et qui retourne se coucher avec le mot Fin… Putain de cinéma naturaliste de m…e des frères Dardenne…
Gans c’est terrible : je voulais aimer, à chaque fois, encourager la démarche, mais…
Je voulais juste ici nuancer ton propos ; tu as oublié une catégorie de cinéma français, celle du quadra / quinqua en crise qui va de Sautet dans la période que tu évoques à une pelletée de films des 90/2000 ou Luchini est tout malheureux malgré des conditions de vie confortable. Je ne porte d’ailleurs pas de jugement de valeur (à part sur Luchini, mais il l’a bien mérité), c’est juste que ça a été un grosse tendance cliché, comme ces comédies ou Clavier joue un notable.
Oui comme souvent dès qu’un truc fonctionne tu en as une pelletée après.
De Alain Resnais je viens de revoir MON ONCLE D’AMERIQUE et c’est assez intéressant malgré quelques longueurs et une réalisation assez plate. Je ne connais vraiment pas les Sautet et Pialat.
Par contre en réalisateurs français je suis tout autant fan de Blier que de Melville et Clouzot aussi, même si je ne les ai pas tous vus. Melville, c’est le meilleur.
Et LE MAGNIFIQUE est un de mes films préférés de tous les temps.
LES DEMOISELLES DE ROCHEFORT j’ai trouvé ça très bien réalisé (ça commence avec 10 minutes sans texte quand même) et avec des chansons aux paroles bien moins niaises qu’elles ne paraissent. Il y a une énergie qui ne s’arrête jamais, un enthousiasme communicatif, j’ai vraiment été soufflé.
Tu fais bien de nuancer.
J’adore le cinéma néo-réaliste de l’entre-deux guerre, les comédies sociales d’Yves Robert (Un éléphant ça trompe énormément et sa suite), les Claude Sautet (j’ai vu GARÇON ! récemment et je me suis régalé). Ce que je n’aime pas c’est le ciné naturaliste qui se prend au sérieux et qui raconte la vie de tous les jours (LA VIE D’ADELE, tiens, par exemple), ou le ciné d’auteur qui se la pète pour un résultat nawak (la plupart des Godart). Là où je prends mon pied c’est lorsqu’on voyage dans le temps avec des ambiances, comme dans TOUS LES MATINS DU MONDE qui est vraiment un film dont je ne me lasse pas (pourtant ultra-contemplatif, avec même pas une once de karaté…).
Notes pour un éventuel projet : un film sur un vieux musicien acariâtre, mais avec des arts martiaux.
Ah ben cultes les Yves Robert, évidemment.
J’ai toujours aimé les Jean Yanne aussi. Les films sont kitsch aujourd’hui mais cette verve socialo-politique, c’était chouette ! C’étaient des films qui faisaient vraiment sens, à un moment précis. Pas juste une histoire de la vie de tous les jours, sans saveur.
Oui mais il faudrait que je les revoie, pas de souvenirs à part Deux heures moins le quart avant JC.
Entre les années Trump, le fanatisme islamique et la COVID, j’en ai eu ma claque des dystopies nous annonçant désormais ce que nous vivons déjà. J’ai eu besoin de revenir dans les bars, les discothèques, les petits moments de vie normaux de tous les jours. Ce quotidien devenue une fiction depuis que la fiction est notre quotidien. Tous les films avec Virginie Efira, je suis fan. Toutes les comédies sentimentales aussi. Oui.
Virginie Efira, oui. D’ailleurs j’aimerai voir le dernier Dupontel (encore un bon tiens).
Je vous conseille FIVE comme comédie française si vous ne l’avez pas vue (elle est sur Netflix, déjà matée deux fois).
Ah là tu m’intéresses !
Bon Dupontel là oui on se marre je veux bien… et virgine Efira aussi quand vous tenez les gens avec sans doute l’une des plus belles actrices actuelles toutes nationalités confondues qui en plus s’offre le luxe d’avoir un talent de dingue…
bon oui moi aussi je regardes film franchouilles… ^^
Je sais pas pourquoi on parle comédies françaises, mais pour montrer que je suis capable d’aimer le ciné français, j’ai bien aimé Rebelles :
ça n’a pas l’air comme ça mais il y a même n côté western déjanté.
https://www.youtube.com/watch?v=yT4vXIDLzC4
Dupontel j’aime beaucoup « le créateur » mais par contre Bernie c’est juste « je hurle, je crie, je tabasse, riez donc public ! » euh…non. Je ris pas. Désolé. Trop trash nawak.
Bon et puis j’aime certains vieux films, certains films d’horreur français, tout ça.
C’est juste les machins naturalistes nouvelle vague truc là où on se fait chier comme pas permis. Et je n’aime pas tous les films sociaux qui racontent des soucis d’érection, de loyer, de je sais pas quel autre truc du quotidien.
Pas vu REBELLES mais sur Netflix tu as un film très con que j’ai plutôt apprécié même si ça s’oublie vite, GIRLS WITH BALLS
https://www.darksidereviews.com/film-girls-with-balls-de-olivier-afonso-2018/#:~:text=Le%20jour%20o%C3%B9%20leur%20mini,ont%20d%C3%A9cid%C3%A9%20de%20les%20traquer.
Je connais très bien le site que tu me donnes là^^ Je fréquentes pas mal. Il y a 2 ou 3 ans, le taulier m’avait demandé si je voulais écrire pour eux. Mais ça me faisait beaucoup.
Bah pour le coup là tu peux piocher dans les chroniques de films asiatiques hein Jyrille^^
Bon après ils adorent les gros nanars tout pourris aussi…mais les vrais, faits avec 3 sous et des acteurs nuls et des nanas à poil. Faut trier dans leurs délires^^
Il a pas trop aimé ton film on dirait par contre^^
Alors que Rebelles oui :
https://www.darksidereviews.com/film-rebelles-de-allan-mauduit-2019/
C’est suite à cet article que je l’ai regardé d’ailleurs.
J’ai vu ADIEU LES CONS. Franchement j’ai pas accroché. Par contre j’ai adoré AUREVOIR LA HAUT.
Et les Yves Boisset ! Le Prix du danger ! Dupont Lajoie !
Mocky : A mort l’arbitre !
Alain Corneau : Serie Noire
Coup de tête : JJ Annaud
Ah oui Mocky, un extraterrestre. J’ai longtemps été hanté par LITAN. A MORT L’ARBITRE, je l’ai vu au ciné à sa sortie, très bien. Mais LA GRANDE LESSIVE est génial, j’ai oublié les autres (AGENT TROUBLE, VILLE A VENDRE qui a été tourné dans ma région, ce qui fait que j’ai des potes qui ont vu le tournage au lycée et un autre qui a joué au billard avec Darry Cowl). J’ai dû en voir d’autres.
Les Corneau sont chouettes, ceux dont je me souviens sont d’excellents polars avec Montand : Police Python 357 et Le choix des armes. Et Tous les matins du monde (Tornado a raison).
Quant JJ Annaud, son premier est sans doute le seul que j’aime aussi.
Tiens, on parle de moi Matt et mon coup irrationnel pour les nanars ? ^_^
Ha ! Ha ! Fichtre ! Je suis découvert^^ Kesstu fais là ?
C’est pas un reproche hein !
Je te fais de la pub ! 😛
Ben je regardais les stats de mon site, et j’ai vu que des gens étaient venus de cette URL, donc je suis venu voir de quoi ca discutait. Et j’assume mes gouts à 100%, j’assume de ne pas avoir les gouts de tout le monde, donc il n’y a aucun souci. Même s’il y avait eu un reproche, ca m’aurait été égal ^_^
Je n’aime pas Gans non plus.
Le mec semble passionné par le cinéma. Il a supervisé des collections de DVD, permis à des films de sortir, des trucs cool. Je ne veux pas lui jeter la pierre.
Sauf qu’en tant que réal…bah j’aime pas. Je trouve aussi que Le pacte des loups fait vraiment navet…
Silent Hill c’est aussi du fan service pour ceux qui connaissent les jeux mais avec toute la dimension symbolique expulsée et juste des effets visuels choc. C’est pas nul par rapport à d’autres adaptations de jeux, mais c’est quand même très « surface level »
Comme j’avais loupé la question d’Eddy sur le cinéma asiatique… Moi, j’ai eu une période où je cherchais à voir du Tsui Hark, du Woo, du Johnnie To et du Kitano… C’était essentiellement en DVD et aussi en téléchargement.
Les doublages bof et les freins de mon entourage à regarder en VO limitent les occasions de les re-regarder.
Allez, puisque je ne sais pas si je trouverai un jour l’occasion d’en faire un article, pour ceux qui ne l’ont jamais vu, je recommande Yi-Yi (2000) d’Edward Yang. Alors, certes, c’est naturaliste, c’est sans sabre ni karaté mais ça raconte une (des) histoire(s) prenante(s).
C’est vrai que les doublages de films asiatiques…
Certains ça va, avec quelques doubleurs pro.
Mais je pense que déjà de base avec les accentuations différentes de notre langue, ça oblige les doubleurs français à monter le ton sur des mots en fin de phrase par exemple, et ça fait con en français^^ Donc même avec des doubleurs pro, ça rend pas toujours super.
Alors si tu mets des amateurs comme sur certains films sortis direct en vidéo, là c’est la fête du slip des fois la VF…
Bon juste pour dire que je n’ai pas encore commenté, c’est parce que je n’ai pas fini de lire, encore ^^;;
J’ai trouvé YOJIMBO de Kurosawa en DVD à 10 balles (Fnac). J’ai pris.
Bonne idée^^
Ils sont tous à 10 balles je crois les Kurosawa. Il y a pire comme prix.
C’est la collection blanche avec les tranches en couleur comme ça ?
https://images.app.goo.gl/Livh6wgZASVg2zMc7
Ce sont de nouvelles éditions fort correctes. J’ai le château de l’araignée et la forteresse cachée aussi dans cette collection.
C’est exactement cette collection oui !
Le premier geyser de sang de l’histoire est dans Yojimbo je crois^^ Ce qui était étonnant à l’époque de la part de Kurosawa. Petite licence artistique irréaliste^^
YOJIMBO est super !
Hello. J’ai regardé environ une heure de KAGEMUSHA hier. Les images sont belles. Les décors, les costumes sont chouettes. J’ai lu que les armures étaient des pièces authentiques… Sur l’histoire… c’est raconté sur un rythme assez lent auquel je ne suis plus assez habitué. Mais ça m’a donné envie de le revoir en entier un jour.
Bah pour moi je l’ai dis malgré sa beauté, c’est un des plus soporifiques celui-là^^
ça dépend des gens mais bon du coup je pense qu’il y en a des plus faciles à voir.
Tenez j’ai une nouvelle explication sur pourquoi peu de gens connaissent ces films. Que ce soit les films asiatiques ou les gialli italiens d’ailleurs.
Je reviens d’un magasin d’occasion ou ils n’ont même pas voulu me reprendre quelques DVD japonais ou italiens sous prétexte qu’il n’y a pas de piste audio française ou que le boitier est trop fin et que c’est difficile à vendre.
Peut être qu’ils ont raison cela dit. Peut être que leurs clients sont des béotiens ignares qui n’osent même pas prendre un risque à un prix d’occasion dérisoire pour tester des films inconnus.^^
Bon…par contre ils auront toujours les moyens d’acheter les derniers Star Wars hein…
Comment vous voulez que ce soit connu si personne ne veut faire connaitre et qu’il n’y en a que pour les blockbusters américains qu’on te rachète 10€ le DVD alors que le reste c’est 0,10€ pièce (ou carrément un refus de rachat) ?
Et oui, ça semble mal parti. Mais à nous de passer le flambeau. A nous de dire à nos enfants, neveux, nièces, etc., que c’est super chouette aussi quand c’est fait de bric et de broc mais avec du talent et du coeur ! On a quotidiennement cette discussion avec mon fils (il n’en a rien à battre des blockbusters, du hip hop et des hypes qui l’entourent…). C’est possible !
C’est mal barré avec la génération Netflix et la disparition progressive du support physique.
Les services de streaming proposent ce qui fait de l’audience aussi…
Et uniquement des trucs en HD aussi, parce qu’il me semble que c’est forcément de la HD tout ce qu’ils diffusent. Dons les films pas encore restaurés, tu ne les vois pas…
ça et puis le principe d’exclusivité ou tu dois maintenant t’abonner presque à chaque chaine séparément pour voir des films dont les droits de diffusion appartiennent à une seule chaine.
Les petits éditeurs qui sortent des films moins connus vont de plus en plus galérer à gagner leur vie, et donc à financer des restaurations aussi, etc.
Je ne vois aucun progrès là dedans. La diffusion des œuvres est de plus en plus cloisonnée et couteuse pour le spectateur.