LE TOURNOI DES CHAMIONS par Bill Mantlo et JrJr
Une performance de KAORIVO : Marvel Comics
VF : Lug puis Panini Comics
LE TOURNOI DES CHAMPIONS (ou MARVEL SUPER HERO CONTEST OF CHAMPIONS en VO) est le troisième « récit complet Marvel ». Paru en 1982 et publié par Lug en août 1984 puis réédité en 2018 par Panini Comics, il s’agit d’un récit de 65 pages, scénarisé par Bill Mantlo, Mark Gruenwald et Steven Grant d’après un script de Bill Mantlo, le tout dessiné par un John Romita Jr débutant, encré par Pablo Marcos. À noter que pour coller à la pagination des Récits Complets Marvel, certaines pages ont été coupées et ont donc disparu de la première édition française.
Vous souvenez-vous de la première fois où vous avez été vraiment enthousiasmé en prenant un comics entre vos mains ? La première fois où vous vous êtes dit « Mais ça va être génial ! » ?
Pour ma part, je m’en rappelle très bien. C’était il y a bien longtemps, à une époque où Marvel n’organisait pas d’événements tous les 6 mois. Ce comics, c’était le comics rêvé pour tous les fans de Marvel. Un récit qui promettait de réunir les plus grands super-héros de tous les temps. Son nom : le tournoi des champions. Le tout premier crossover Marvelien. Rien que ça. Imaginez l’attente !
Un de mes souvenirs les plus marquants, c’est la façon dont disparaissaient les héros. On avait pris le temps pour certains de nous introduire dans leur univers : les Vengeurs qui s’entraînaient dans leur immense hall tandis que le Fauve leur lançait un défi, les 4 Fantastiques qui assistaient à une soirée en leur honneur (une scène non dénuée d’humour) ; des équipes qu’on n’avait pas l’habitude de côtoyer beaucoup, comme les Supers-Soldats Soviétiques, en pleine action face à un super vilain (le Fantôme Rouge), nos héros favoris en prise avec leur quotidien, qui se vaporisaient par magie et laissaient leurs interlocuteurs dans la plus grande perplexité…
Et puis nous retrouvions tous nos héros sous un immense dôme, où l’on pouvait prendre un plaisir immense à essayer d’en identifier le plus grand nombre. Et puis il y avait ces rencontres, ces discussions amicales entre les « grosses têtes » comme Xavier, Reed, Iron Man et Dr Strange… ces interactions amicales entre tisseurs, et ces animosités évidentes liées aux pays d’origine des différents héros. Tout cela avait du sens, et promettait d’être Dantesque. Nous n’étions pas alors au pays des « J’attaque d’abord, je réfléchis ensuite ». Les héros se questionnaient et finissaient par se rendre compte qu’ils allaient jouer le rôle de pions pour deux entités cosmiques imbattables : le Grand Maitre et celle qui sera nommée l’Inconnue. L’enjeu ? L’Inconnue ressuscitera le frère du Grand Maître, le Collecteur, si celui-ci l’emporte. A contrario, le Grand Maître perdra la vie et les Terriens verront celle du système solaire prolongée de plusieurs millions d’années.
Ici, pas de combat à mort, pas de sang. Pourtant, quelle dose d’héroïsme on se prenait dans les dents ! L’idée était à la fois simple et brillante : 2 équipes de 12 champions chacune. 4 rounds. 4 morceaux d’un globe doré (quelle belle image pour représenter la Vie !) éparpillés sur la planète à retrouver. Celui dont l’équipe ramenait le plus de quartiers l’emportait, avec un petit bonus pour les Terriens.
C’était l’occasion de confronter des super-héros qui ne s’étaient jamais rencontrés ou si peu, de les voir évoluer dans des zones inédites et parfois inconfortables, et surtout de voir émerger toutes les différences qui pouvaient exister entre eux…
Il faut savoir qu’à l’origine, cet événement avait été créé pour célébrer les futurs Jeux Olympiques de 1980. Malheureusement, l’invasion de l’Afghanistan par l’Union Soviétique en 1979 entraîna le boycott de nombreuses nations à ces jeux, dont les Etats-Unis. La mini-série fut mise en pause. On y retira toute allusion aux Jeux Olympiques, ainsi que quelques personnages (pour plus de détails, jetez un œil à ce très bon article chez Le Cabinet des Curiosités Marvel conseillé par l’ami Eddy) pour la faire paraître à l’été 1982. Il en reste cet exotisme international qui en fait tout son charme, sublimé par les dessins élégants et fluides du jeune John Romita Jr, dont le style a l’époque n’est pas sans rappeler un certain John Byrne…
Mais plongeons-nous dans l’action…
1er round : Le Grand Nord
Nous y retrouvons Daredevil, la Nébuleuse Noire, issue des Super Soldats Soviétiques, et Talisman, un aborigène australien spécialisé dans le voyage dans la dimension des rêves (personnage créé pour l’événement). Face à eux, la Femme Invisible, Iron Fist et Feu du Soleil. L’idée est de mettre en difficulté des personnages peu habitués au froid et surtout de voir comment chacun va agir avec des coéquipiers qu’ils ne connaissent pas. Susan, habituée à travailler en équipe, est au début désarçonnée par l’individualisme de ses partenaires. Mais c’est surtout un moyen ingénieux de dénoncer le sexisme et l’arrogance de certains, attitude qui conduira même à mettre les autres héros présents en danger !
2ème round : La Ville Fantôme
Ce deuxième round voit s’affronter Iron Man, le Chevalier Arabe, Sabra (représentante d’Israël) d’un côté, face à Defensor (héros inédit argentin), Miss Hulk et Captain Britain.
Là aussi, ce round permet de titiller les héros, entre Iron Man ami avec Miss Hulk, Sabra et le Chevalier Arabe qui sont obligés de se côtoyer. Ici pas de morale facile, chacun reste sur sa position tout en se montrant héroïque (le Chevalier Arabe qui sauve Sabra grâce à son tapis volant (oui, on n’évite pas tout à fait les clichés…)). Mais ce qui m’interpelle ici, c’est cette leçon sur le féminisme. Miss Hulk est ulcérée parce que Défensor se propose de la protéger et prend pour de la condescendance ce qu’Iron Man appelle de la galanterie. Qui a tort, qui a raison ? Celui-ci en oubliera même l’enjeu après avoir blessée involontairement celle qui venait de l’attaquer.
À l’époque, je n’avais pas compris la réaction de Miss Hulk. Je la trouvais disproportionnée, inadaptée, impolie, sauvage. Je m’étais dit qu’au final, c’était sans doute pour montrer son côté « Hulk ». Il est « amusant » de se dire qu’aujourd’hui, cette réaction n’aurait plus rien d’étonnant, ce serait presque la norme du féminisme ! Mais il se trouve que Miss Hulk est blessée par Iron Man, moyen de montrer que bien qu’elle ait clamée être une femme forte n’ayant besoin d’aucune protection, elle ne l’est pas tant que ça. Imaginez le scandale que cela produirait de nos jours…
Quant à la réaction d’Iron Man, j’y voyais de l’élégance, une qualité que je n’imaginais pas trouver chez ce personnage que je ne connaissais que macho et alcoolique. J’aimais cette époque où les héros se montraient encore chevaleresques.
3ème round : La Cité des morts
Dans cette partie, nous retrouvons Vanguard, Angel et la Panthère Noire d’un côté, face à Serval (oui, à l’époque il s’appelait Serval et c’était très bien comme ça…), la Chose et le Faucon Pèlerin, encore un héros créé pour l’occasion, mais qui avait l’atout indéniable d’être… français !
Ce que j’avais aimé dans ce round, c’était la façon dont certain héros se servaient du décor pour mettre à mal leur adversaire : Angel qui prend le bâton d’un habitant figé pour prendre le dessus sur le Faucon Pèlerin, par exemple. On met aussi en avant le caractère de chacun : la Chose et la Panthère Noire, plus tempérés que Serval dont le premier réflexe est de sortir les griffes, montrant le côté bestial du personnage…
Ces combats-là sont très loin de tout ce que l’on peut voir aujourd’hui, ou même dans les années 90 : pas de sang, pas de violence, seulement de la stratégie, et pourtant l’enjeu et l’intérêt sont là.
4ème round : La jungle
Peut-être bien mon préféré. On y retrouve Sasquatch, Captain America et un tout nouveau héros allemand cette fois-ci : Blitzkrieg, capable d’envoyer des décharges électriques. De l’autre côté, ce sont Tornade, Shamrock, une jolie héroïne irlandaise et l’Homme Collectif, venu de Chine (bravo les clichés !) qui font connaissance.
On assiste à de drôles de moments : Captain America obligé de se déplacer de liane en liane, à la manière de Tarzan, Sasquatch qui transpire à grosses gouttes (d’ailleurs, je ne suis pas sûre que les animaux à fourrure transpirent réellement de cette façon !) et l’inégalable Shamrock qui joue de sa chance d’une manière tout à fait amusante.
Je me rappelle de ce moment épique où le jeune homme collectif, à la manière de David contre Goliath, use de toute la force de son pays pour se débarrasser de Sasquatch.
Le tournoi touche à sa fin, et c’est là qu’arrive deux moments aussi mémorables que dérangeants : la révélation de l’identité de l’Inconnue, et la découverte que les auteurs ne savent pas compter !
En effet, si on regarde les 4 gagnants, on se retrouve à une égalité parfaite… mais cela n’avait pas été prévu dans le scénario ! Je ne gâcherai pas le suspense, au cas où. Toujours est-il que le compte se termine à 3 contre 1 pour l’un des deux adversaires, sans explication logique aucune…
Enfin, je vais revenir sur ce moment qui à l’époque de mon jeune âge m’avait particulièrement impressionnée : ce moment où la jeune Jane Richards dévoile à l’assemblée la véritable identité de l’Inconnue. On tremble avec elle au moment où elle baisse le capuchon, on frémit d’effroi face à cette vision et la suite de l’histoire nous apporte une conclusion qui ne tiendrait plus aujourd’hui : on ne gagne jamais vraiment face à la mort. Si la règle énoncée s’était réellement appliquée depuis ces 30 dernières années, les rangs des super-héros seraient décimés encore aujourd’hui…
Le récit se conclue sur une note plus gaie où les Vengeurs se retrouvent de nouveau à courir après le Fauve, mais une heure plus tard…
Ce récit a marqué bon nombre de jeunes lecteurs à l’époque parce qu’en plus de réunir les plus grands héros, il défendait toutes les valeurs que l’on aimerait tant revoir encore de nos jours dans les récits super-héroïques. Marvel, si tu m’entends…
BO : on peut être des héros juste pour une journée…
@Matt, oui je me rappelle que tout venait de ton cousin. Ceci explique sans doute certaines choses 😉
@JP : ne t’excuse pas ! Pas d’effet nostalgie pour toi non plus alors !
Mais par contre il y avait aussi ce RCM^^
Et ça n’avait pas marché sur moi non plus gamin. j’étais déjà un casse couiles maniaque^^
Ce RCM et LA MARQUE JAUNE de la série Blake et Mortimer, les erreurs m’avaient choquées et déçu. Je comprenais pas qu’un auteur puisse se tromper en fait^^
Pour rappel pour la marque jaune (c’est recensé sur wikipedia comme erreur connue^^) :
« La Marque Jaune est censée se dérouler après Le Mystère De La Grande Pyramide, ainsi que cela est rappelé par l’historique d’Olrik et son comportement face à Blake et Mortimer. La Grande Pyramide, elle-même, est censée se dérouler après Le Secret De L’Espadon, ainsi que cela est rappelé, dans la première page de l’album, lors de la conversation entre Mortimer et Nasir dans l’avion qui les amène au Caire.
Or, à la page 53 de La Marque Jaune, Septimus explique à Mortimer avoir recueilli Olrik amnésique avant la troisième guerre mondiale, donc avant Le Secret De L’Espadon. De plus, il dit l’avoir gardé avec lui pendant toute la guerre, alors qu’Olrik a participé très activement à cette guerre. «
Un tout dernier truc…
Le plaisir.
et ça, il n’y a rien de plus subjectif, on est d’accord.
je viens de remarquer une vignette où Daredevil semblre scruter quelque chose activement: du coup ça me fait marrer.
dans le même ordre d’idée, je me souviens d’un épisodes des FF de Lee et Kirby appelé AND A BLIND MAN SHALL LEAD THEM on voit l’intention surtout que l’accroche me semble il est biblique. et dedans les FF, privés de pouvoirs sont enfermés dans leur propre QG par Fatalis et c’est ce bon vieux DD qui leur sert de guide. il n’arrête pas de dire des trucs « regardez là-haut », « c’est à droite! », attention derrière toi, sans que le sens radar soit vraiment mis en scène. du coup on a un DD qui ne loupe rien… j’ai bien pété de rire pendant 22 pages. quand il s’agit de se remémorer les albums Lug, je tiens toujours à celui là, il est trop marrant! et bien éviemment maladroit…
certaines histoires ont su fédérer de manière mystérieuse, comme je le dis, on a eu deux suites, un jeu vidéo et des allusions dans THOR RAGNAROK (sic)…
Quantà Lanya Petrovna alias la Nébuleuse noire, par coincidence totale, mes premiers comics furent MISSION SECRETE de L’arraignée et Strange 177 et les soldats soviétiques sont guest dans les deux… j’ai longtemps cur qu’elle était un personnage aussi importnant que Sorcière Rouge (une soeur, cousine, ennemie?) et d’autres…
bisous!
Tiens, même chose pour Mission Secrète (Un album de l’Araignée ^^) ! Bel album aussi, avec des détails comme Reed Richards reconnaissant à son insu que Spider-Man est un brillant scientifique.
et sa copine du moment qu’on n’a plus jamais revu…. une étudiante blonde ….
Je n’ai pas eu l’occasion de lire cet album de l’Araignée.
La magie d’internet permet d’en savoir plus sur Priscilla Ironwood. Elle est apparue dans 3 autres épisodes de Marvel Team-Up 80, 81 et 90.
C’est vrai que Chris Claremont aurait pu la rapatrier dans une autre série, Uncanny X-Men au hasard. 🙂
https://marvel.fandom.com/wiki/Category:Priscilla_Ironwood_(Earth-616)/Appearances