Adventureman 1 – The end and everything after (Matt Fraction, Rachel & Terry Dodson)
Un article de PRESENCEVO : Image Comics
VF : Glénat
1ère publication le 23/07/21 – MAJ le 17/09/22
Ce tome est le premier d’une série indépendante de toute autre. Il regroupe les épisodes 1 à 4, initialement parus en 2020, écrits par Matt Fraction, dessinés et mis en couleurs par Terry Dodson, et encrés par Rachel Dodson. Il contient les couvertures originales, ainsi qu’un commentaire de 13 pages, rédigé par le scénariste et richement illustré par l’artiste, sur la genèse de ce projet, ses personnages, ses inspirations.
Il y a plusieurs années de cela, un policier en uniforme entre en trombe dans le bureau du commissaire, en lui disant que le maire exige qu’il fasse donner les avions de la police. Le commissaire hausse les épaules car il ne dispose pas de ce genre de force. Le policier l’amène à regarder par la fenêtre : des petits zeppelins sont en train de tirer des rayons sur les immeubles, détruisant des façades et des étages. Le commissaire sait qu’il ne lui reste qu’une seule chose à faire : il prend une clef, ouvre un coffret, et décroche un combiné portant un symbole. Une voix lui répond et il indique que la ville a besoin de son correspondant. Adventureman répond qu’il arrive. Il s’adresse à son équipe et leur distribue à chacun une petite dose d’un liquide contenu dans une éprouvette bouchée, du super-sérum. Il s’agit de Jim Royale (Gentleman), Chagall (pharmacologiste), Akaal, Saly Sweet (aviatrice), Lonnie Langlois (bagarreur), Phaedra Phantom (sainte fantomatique du burlesque). Adventureman leur indique que l’heure est grave : c’est une attaque de grande envergure du Baron Bizarre, et en plus la clepsydre de l’apocalypse approche de minuit. Elle sert à mesure l’augmentation du malheur humain. À New York, les forces de Baron Bizarre se déchaînent avec à leur tête Baronne Bizarre, Automaterror, Slugger Dunphee, Metamage, Hellcat Maggie. L’équipe d’Adventureman arrive sur place et le combat s’engage. L’affrontement est rude et son issue ne fait pas grand doute.
Des années plus tard, Claire Connell finit de lire le dernier chapitre de cette aventure à son fils Tommy. Ce dernier a du mal à croire que les aventures de son héros préféré puissent se terminer ainsi. Sa mère lui répond que c’est la fin des aventures d’Adventureman, mais pas des leurs, et elle lui souhaite une bonne nuit en éteignant la lumière et en refermant la porte. Elle passe au salon, ouvre la fenêtre et le bruit de la rue emplit la pièce. Elle enlève ses appareils auditifs et apprécie le silence qui s’en suit. Elle n’entend même plus son chat miauler. Elle peut ainsi se plonger dans la lecture, en toute tranquillité.
Le vendredi soir suivant, Claire et son fils se rendent dans la grande maison de son père où il reçoit ses sept filles toutes adultes : Rita, Regina, Ursula, Elvie, Serafina, Bitsy et Claire, sans oublier Tommy, et le père de ces dames. La règle de vie est que chacun s’écoute, et que chaque vendredi l’une d’entre elles évoque sa journée et ce qu’elle a eu d’extraordinaire. Il en est ainsi depuis le décès de leur mère. Ce soir-là, comme souvent, Claire a éteint ses appareils auditifs pour profiter du calme, tout en voyant tout ce petit monde s’agiter. Mais son père s’en est aperçu, et c’est à Claire de raconter sa journée. Son fils Tommy essaye de la tirer d’affaire en indiquant qu’il lui rapporte toutes les discussions, une fois la soirée terminée, mais ça ne suffit pas à la tirer d’affaire. Or sa journée écoulée…
Dès sa prise en main, le lecteur est impressionné par l’objet : une très belle couverture solide, un grand format franco-belge, un soin visible apporté à la présentation (confirmé par la participation d’un designer de l’ouvrage), des dessins léchés, une mise en couleurs douce, des cases jolies et tout public, une belle densité d’information visuelle, du bel ouvrage. Il note également le titre générique au possible, évoquant un homme aventurier, sans effort de chercher une dénomination plus personnelle, et la mise en avant d’une belle femme. Il y a là une mise en avant des conventions du roman et de la bande dessinée d’aventure, avec un premier degré voulu et assumé. La séquence d’ouverture confirme toutes ces impressions. Les dessins sont vraiment très agréables à l’œil : trait d’encrage fin et élégant pour le détourage des formes, mise en œuvre d’aplats de noir consistants au contour fluide, degré de détails élevé dans chaque case pour les personnages, et très régulièrement pour les décors, plans de prise de vue accompagnant et restituant les mouvements et l’énergie des combats. Le lecteur mesure toute la qualité de la préparation et de la conception visuelle, en remarquant que les phylactères de Phaedra sont un peu translucides pour refléter le fait qu’il s’agit d’une fantôme. Il est donc prêt à suivre cet aventurier et son équipe dans une suite de péripéties hautes en couleurs, avec de vrais héros comme on n’en fait plus. Mais…
En fait le récit se situe à une époque plus contemporaine, même s’il ne semble pas y avoir de téléphones portables. Le héros n’est pas cet aventurier archétypal, mais une femme ayant un enfant, participant à un dîner de famille tous les vendredis soir, et libraire de profession. Les dessins restent dans le même registre, si élégant et exquis. Le lecteur ne peut pas s’empêcher de se sentir ragaillardi par l’entrain de Tommy, un enfant. Il tombe sous le charme de la gentillesse et de la simplicité de Claire qui vit très bien avec son infirmité, ce qui se voit dans les expressions de son visage, dans son langage corporel. Il se sent un invité privilégié à la table des Connell, il peut s’assoir aux côtés de Claire et Tommy. Il a droit à une présentation de chacune des six sœurs, toutes bien faites de leur personne, sans être des bombes ou des bimbos, chacune avec leur allure et leur tenue vestimentaire reflétant sa personnalité. Les décors sont vraiment soignés, permettant au lecteur de s’y projeter, car il voit comment les personnages interagissent avec, se déplacent en fonction des obstacles, des volumes. Les cases restent d’une lisibilité épatante, grâce à l’encrage très étudié de Rachel Dodson, maniant avec une rare intelligence l’épaisseur de chaque trait, pour ne perdre aucun détail, sans surcharger la case. La mise en couleurs semble 100% naturaliste, alors que l’artiste en joue pour installer une ambiance avec une couleur principale déclinée en nuances, ou pour augmenter le contraste entre deux éléments visuels pour qu’ils ressortent mieux l’un par rapport à l’autre, pour augmenter l’effet de perspective et de profondeur.
Donc Adventureman a vraisemblablement fait partie de la famille Connell, même si le lien exact reste à expliciter. Claire Connell se retrouve elle-même entraînée dans l’aventure par un dispositif un peu artificiel, mais complètement cohérent avec le récit. En plus, elle peut se servir des informations contenues dans les romans racontant les aventures d’Adventureman pour se sortir de certaines situations, par exemple actionner l’ascenseur du quartier général du héros qu’elle seule peut voir au milieu de Manhattan. Ah oui, parce que : en fait Adventureman est le héros de romans d’aventure de type Pulp, et ils ont été adaptés en Serial, des films ou des téléfilms feuilletonnants. Claire a pris l’habitude d’en lire un chapitre à son fils le soir avant qu’il ne s’endorme et ils regardent régulièrement un de ces films. Or, voilà, un jour, une mystérieuse cliente entre dans la libraire et remet un ouvrage portant le logo d’Adventureman à Claire, une édition qu’elle ne connaît pas. Elle s’en retrouve progressivement transformée, à commencer par son physique… parce que c’est une bande dessinée de Terry Dodson et qu’il aime représenter de jolies femmes.
Dans la postface, Matt Fraction explique qu’il souhaitait depuis longtemps collaborer à nouveau avec Terry & Rachel Dodson après avoir réalisé ensemble des épisodes des X-Men, donc lui donner à dessiner ce qu’il aime bien représenter. Il ajoute qu’il voulait se réapproprier l’esprit des aventures des romans Pulp, mais en en éliminant les éléments culturels datés comme le colonialisme, et souvent une fibre raciste sous-jacente. Il était important pour lui que le personnage principal soit une femme et qu’elle appartienne à une famille nombreuse. Il livre une autre clé de compréhension ou d’interprétation en évoquant un livre : DCO SAVAGE: HIS APOCALYPTIC LIFE (1973) de Philip José Farmer (1918-2009). Cet ouvrage est associé à un principe baptisé Wold Newton, du nom d’un village dans le Yorkshire près duquel s’est écrasé une météorite le 13 décembre 1795. Ce principe postule que les personnages littéraires sont des versions fictives d’individus ayant réellement existé et que les événements fantastiques ou improbables sont des exagérations imaginées par les romanciers. Avec ce principe en tête, les aventures de Claire Connell prennent à la fois une dimension de métacommentaire sur la littérature d’aventure, à la fois conservent le plaisir d’une lecture premier degré, avec la magnifique narration visuelle des époux Dodson.
Le lecteur aborde cet ouvrage avec à la fois une forte envie pour un bel objet, de belles pages, et la promesse d’aventures hautes en couleurs, et à la fois l’inquiétude que l’association d’un tel trio de créateurs ne fasse Pschitt ! Ses doutes s’envolent immédiatement avec le plaisir des yeux, les personnages sympathiques, les bons contre les méchants, le décor rétro-futuriste, et l’entrain de la narration visuelle. Il apprécie de pouvoir lire cette aventure au premier degré du début jusqu’à la fin, avec des personnages positifs, des aventures spectaculaires, rendant hommage aux héros d’antan, mais sans être passéistes. Il peut aussi envisager le récit au second degré comme un métacommentaire cultivé sur le genre Aventure, et la filiation littéraire remontant au début du vingtième siècle. Il ne reste plus qu’à espérer que les auteurs donneront une suite à ce premier tome.
La BO du jour : n’essayez pas ça à la maison…
Si j’ai bien compris le truc, FRACTION écrit une histoire pour mettre en avant le talent de DODSON
Le personnage principal est une belle femme et elle a 6 sœurs !
Le dessinateur aime bien dessiner le genre féminin et il le fait bien, c’est incontestable. Il peut donc se faire plaisir et par la même occasion, nous faire plaisir.
Sauf qu’à mon sens, bien dessiner les femmes pour faire de la BD n’est pas suffisant.
Je reproche au dessinateur d’avoir un style trop statique. On a l’impression que ses personnages font toujours la pose. D’ailleurs il ne nie pas s’inspirer de photographies. Alors, certes ses dessins sont jolis …mais toujours figés !
Ce n’est vraiment pas l’idéal pour des comics d’action.
Tu dis que le personnage principal vit bien son infirmité.
Tu sais qu’il y a des fois où j’aimerais avoir un appareil auditif pour pouvoir l’enlever lorsque l’on me fait subir une agression par de la mauvaise musique 😀😀😀. Le PUNK de Bruce par exemple😫😫😫.
Tiens aujourd’hui Bruce ne nous a pas mis de BO !!! Dommage 😘
FRACTION écrit une histoire pour mettre en avant le talent de DODSON : le personnage principal est une belle femme et elle a 6 sœurs. – Oui, c’est un des aspects du récit : permettre à Dodson de s’en donner à cœur joie… mais ce n’est qu’une facette du récit parmi d’autres.
Je reproche au dessinateur d’avoir un style trop statique. – Je n’y avais pas prêté attention, mais avec cette idée en tête, ça m’a alors sauté aux yeux en regardant de nouveau les images incluses dans l’article. Merci de m’avoir ouvert les yeux.
C’est un moment qui sort de l’ordinaire que celui où Claire Connell évoque la réalité de son infirmité, sans être dans le regitsre du regret de ne pas être « normale ».
« Tu dis que le personnage principal vit bien son infirmité.
Tu sais qu’il y a des fois où j’aimerais avoir un appareil auditif pour pouvoir l’enlever lorsque l’on me fait subir une agression par de la mauvaise musique »
Vous ne savez pas de quoi vous parlez? Je porte un appareil depuis l’âge de 5 ans, ce qui a entrainé de graves repercussions sur ma vie sociale et professionnelle à cause de la gene sonore que cela suppose. J’ai une surdité assez serieuse, depuis petit je vie en parallèle des autres, le moindre bruit me gènhe et m’agresse.
En lisant ce comics, je me suis dit, enfin je me sens compris.
A bon entendeurs…
Salut Nicolas.
Je pense qu’effectivement Surfer ne sait pas de quoi il parle et que sa remarque sur le ton de l’humour ne visait à ne blesser personne. Moi-même parfois je me surprends à me dire qu’il vaut mieux être aveugle plutôt que de lire du Charles soule ou du… Matt Fraction, un scénariste pour lequel mon niveau d’antipathie est à son plus haut. Je ne suis pas fan non plus de Terry Dodson.
Je garde un très bon souvenir de notre rencontre et de nos discussions sur les Xmen.
Peace.
Moi également, cher Bruce.
Okay Surfer. La surdité a eut un trop gros impact sur ma vie pour que j’en rie spontanément.
Il y a toujours eu des heros handicapés dans les comics, surtout chez Marvel : Daredevil, Cyclops, Rob Liefeld affligé de deux mains gauches (moi aussi j’ai de l’humour!), c’est peut-être ce qui m’a plu chez eux.
Cordialement.
Ce handicap est finalement peu représenté dans les comics, je trouve (car peu visuel, peut-être ?) Dans les héros ou supervilains, je pense surtout à Echo et Hawkeye chez Marvel, et à Pied Piper/Le Joueur de Flûte côté DC.
En effet il est peu visible, mais beaucoup de choses sont possibles chez les super-slips!
Hawkeye ?
il est sourd depuis qu’il a pris une explosion en pleine figure… il porte quand les artistes ne l’oublient pas, des appareils en permanence…
Interessant comme info. Merci!
honnêtement, quelques scénaristes en parlent mais c’est souvent passé sous silence…
La série de Fraction (déjà) et David Aja fait des choses intéressantes avec ce sujet
En faisant des recherches, visiblement Clint Barton s’est retrouvé sourd à deux reprises : dans la minisérie de 1988 réalisée par Mark Gruenwald, suite à son utilisation d’une flèche sonique contre Crossfire qui le rend sourd à 80%. Il apparaît ensuite appareillé au sein des Avengers.
Le deuxième fois est celle évoquée par Eddy dans la série de Fraction & Aja, quand le criminel Clown lui enfonce une flèche dans chaque oreille.
c’est JB pour les Fraction/Aja, moi je n’ai que le premier 100% et ça m’avait pas transporté…
Entre les 2, Barton est guéri de sa surdité à son retour de l’univers Heroes Reborn. Franklin Richards rend aux héros leurs formes d’origine (notamment la Guêpe, devenue à l’époque une hybride femme-insecte durant Trahison, Tony Stark, remplacé par une version ado dans ce même crossover et Oeil-de-Faucon qui retrouve son ouïe)
Merci pour ce lien de continuité qui permet de comprendre comment Barton a guéri entre les deux.
Je pensais également à Maya Lopez (Echo) mais je n’ai pas souvenir d’une histoire où le scénariste ait évoqué la réalité de la coupure que cela crée, et des répercussions sur la vie sociale qu’évoque Nicolas.
En revanche, il y a sur le présent site un article sur une BD consacrée à la vie de Helen Keller, sourde, muette et aveugle.
http://www.brucetringale.com/lessentiel-est-invisible-pour-les-yeux/
Bonjour Nicolas,
En lisant ce comics, je me suis dit, enfin je me sens compris. – Merci beaucoup pour ce retour car je me demandais si la sensibilité exprimée par Fraction dans cette séquence exprimait une vue de l’esprit déconnectée de la réalité, ou s’il avait pu en parler avec un mal entendant.
Ma marraine qui est appareillée m’en a un peu parlé et je me suis rendu compte qu’il ne m’est possible de projeter dans cette situation, de concevoir ce qu’elle entraîne.
La gêne sonore équivaut plus ou moins à une peine de mort sociale, tu ne peut que difficilement t’intégrer dans un dynamique de groupe, au taf ou dans la vie privée.
Discussions entre amis ? Nib.
Boites de nuit ? Nib
Ciné ? Trop bruyants, vive les lecteurs DVD!
Réunions de boulot ? ZZZZzzzZZZZzz Dodo.
Il te reste les musées, les bibliothèques ou les voyages en solo parce que en groupe ça devient rasoir.
N.
« parce que c’est une bande dessinée de Terry Dodson et qu’il aime représenter de jolies femmes »
Qu’est ce que c’est que cette histoire ? Alors maintenant le lecteur doit trouver ça normal qu’on écrive un scénario pour satisfaire un dessinateur plutôt qu’il doive s’adapter à son travail (mettre en image un scénario) ??? Dans quel monde vit-on ??? 🙄
Le concept a l’air vraiment chouette en tout cas.
Le début de ton résumé m’a donné l’impression que Fraction repompait celui du film Sky Captain & The World of Tomorrow. Mais heureusement la suite s’en démarque pour le moins.
Cette ambiance diesel-punk et ce concept méta-littéraire me font très envie. Je dois dire que mon intérêt est éveillé au plus haut point.
Parmi les points négatifs :
– Les Dodson. Mais pas ici, même si c’est un poil figé…
– Fraction : J’ai rarement apprécié son travail. Il dévie trop souvent vers ses expérimentations « d’auteur » et c’est souvent insupportable.
– Le côté bienpensant contemporain : C’est bien d’enlever le colonialisme et le racisme. Mais mettre absolument une héroïne handicapée et s’évertuer à dérouler un « cahier des charges politiquement correct » au forceps, c’est plutôt exaspérant pour quelqu’un comme moi, exaspéré par cette bienpensance hypocrite et cet état d’esprit SJW complètement factice que l’on doit quotidiennement subir actuellement…
– Combien va durer la série ? Je fais gaffe moi, maintenant.
Je suis quand même très intéressé. Je surveillerai ma médiathèque dans un premier temps.
Merci pour cette découverte.
En fin Tornado est gentil! Par contre je trouve intéressant que enfin des héros ou héroïnes atteints de surdité trouvent leur place dans les comics. Et je ne trouve pas la BD particulièrement Politiquement Correcte.
Cheers!
C’est super de mettre une héroïne handicapée ! Ça change et c’est très bien dès lors que le récit est adapté à cette contrainte (Hitchcock le fait brillamment avec FENETRE SUR COUR). Il faut juste faire gaffe que ce ne soit pas un procédé bienpensant hypocrite généré par notre époque et ses manières aseptisés et factices !
Bien vu! Cependant je n’ai pas eut le sentiment d’avoir affaire à un procédé bien-pensant. Ceci dit enlever ses appareils à la maison est très relaxant, je fais ça souvent chez mois le wk.
« parce que c’est une bande dessinée de Terry Dodson et qu’il aime représenter de jolies femmes »
Qu’est ce que c’est que cette histoire ? Alors maintenant le lecteur doit trouver ça normal qu’on écrive un scénario pour satisfaire un dessinateur plutôt qu’il doive s’adapter à son travail (mettre en image un scénario) ??? Dans quel monde vit-on ???
Je ne sais pas si tu es second degré ou pas dans cette remarque. L’une de mes bandes dessinées préférées est le cycle de Cités Obscures de Schuiten et Peeters, et le scénariste a conçu ses récits, et même le concept de la série avec le dessinateur pour que celui-ci dessine des constructions, des bâtiments, et puisse prendre plaisir à concevoir des architectures. Donc ça ne me choque pas du tout.
Tardi aime bien dessiner Paris, et nombre de ses BD (Le cri du peuple, Adèe Blanc-Sec) sont conçues en intégrant ce plaisir.
On conseille souvent aux auteurs d’écrire sur ce qu’ils connaissent ou ce dont ls ont pu faire l’expérience, ça ne me choque pas que ça s’applique aux dessinateurs.
Oui, pardon : J’étais au 2° degré ! 🙂
En sous-texte il y avait quand même une petite pique en rapport avec le fait que je ne suis pas fan des Dodson que je trouve trop racoleurs (ce qui peut générer des scénarios racoleurs).
Mais je sais bien que certains dessinateurs bénéficient d’un terrain adapté à leur talent.
C’était avant tout un petit jeu « intellectuel » avec toi. 😉
Le côté bienpensant contemporain : l’histoire est écrite avec une sensibilité contemporaine, correspondant à l’époque de sa création, ce qui me paraît normal. Mais ce n’est pas un pamphlet, ou un éditorial, c’est avant toute chose une aventure avec des individus dotés de capacités surhumaines et d’une technologie d’anticipation.
Combien va durer la série ? Là, maintenant tout de suite, il n’est pas certain qu’il y aura un tome 2.
« l’histoire est écrite avec une sensibilité contemporaine »
Et si la sensibilité contemporaine était hypocrite ?
On en parle souvent // aux SJWs. Par exemple avec des films comme MISS MARVEL -> Lorsque la sensibilité est générée par une hype hystérique, est-ce que c’est une bonne sensibilité ?
On en discutait ailleurs (par exemple sur la série HAUNTING OF BLY MANOR et ses personnages systématiquement définis par le melting-pot (toutes les ethnies et orientations sexuelles représentées)). Au bout d’un moment ça peut devenir factice et hypocrite.
Mais si la démarche est sincère et que le résultat est fluide et naturel, franchement je ne demande pas mieux : Je ne suis ni raciste, ni homophobe, ni machiste et ni allergiques aux handicapés ! 🙂
La démarche est sincère et que le résultat est fluide et naturel : pour moi oui, mais est vrai que ma sensibilité n’est pas très développée quant à la sincérité.
Je ne suis ni raciste, ni homophobe, ni machiste et ni allergiques aux handicapés ! Là, c’est bon, j’avais compris sans le smiley. 🙂
« Qu’est ce que c’est que cette histoire ? Alors maintenant le lecteur doit trouver ça normal qu’on écrive un scénario pour satisfaire un dessinateur plutôt qu’il doive s’adapter à son travail (mettre en image un scénario) ??? Dans quel monde vit-on ??? »
C’est ce qu’ils dont dans la plupart des blockbusters donc bon…ça paraît logique que ça débarque en BD^^
Mettre en avant une photographie ou des FX avec une histoire secondaire prétexte écrite en 2h (les Star Wars, Kong, Avatar, etc…)
Je reconnais que ça ne correspond pas à mon expérience personnelle de lecture : cela fait plus de 20 ans que je lis des interviews de scénariste qui indiquent que dans telle ou telle histoire, ils ont choisi de s’appuyer sur les forces du dessinateur, qui peuvent être les voitures, les vaisseaux spatiaux, la mise en scène des batialles, la sensualité des personnages féminins, la virilité des personnages masculins, des architectures cyclopéennes, les dinosaures, etc. Voire, certains dessinateurs sautent le pas et écrivent leur propre récit pour pouvoir enfin dessiner ce qui leur plaît.
Hello Nicolas, c’était de l’humour !!!
Je suis désolé si ma plaisanterie maladroite t’a choqué… Ce n’était pas mon intention !!!
Bien-sur que cette infirmité est grave !!!
Et bien sûr que je serai malheureux si je devais ne plus entendre !!!
La musique est ma principale passion.
To post est en doublé on dirait. Je répondrait alors que la musique est également ma passion : l’appareillage ne m’a pas entièrement privé de ce plaisir, que je pratique en solitaire. La musique, hein, on se comprend lol
Merci de ta compréhension…
On adore tous la musique dans la famille. Mon fils lorsqu’il était enfant à fait des otites à répétition. Je passais mon temps chez l’oto-rhino. A un moment donné il a même perdu un peu de son audition. Il y avait des fréquences qu’il n’entendait plus du tout.
Grâce à Dieu il a bien récupéré depuis. Il a maintenant une très bonne oreille musicale il joue très bien de la guitare et il peut te rejouer n’importe quel morceau de musique qu’il entend une ou deux fois.
Je dis ça, juste pour souligner que je prends cette infirmité très au sérieux.
Et je suis heureux d’avoir le privilège et la chance de partager ma passion avec ma famille.
Je ne suis pas sûre d’être intéressée par cette histoire, j’ai un peu tendance, comme Tornado, à me méfier des « quotas » ou cahier des charges. Mais j’aimerais qu’un jour, on puisse regarder un comics, y trouver de tout et trouver ça normal. Je me dis qu’on est un peu obligé de passer par cette phase « forcée » pour y arriver.
Le fait d’ôter son appareillage me rappelle quand j’allais au collège et que j’ôtais mes lunettes pour ne pas voir les visages des gens que je croisais, j’obtenais ainsi une tranquillité de l’esprit non négligeable.
Tout mon soutien à Nicolas. J’ai perdu une partie de l’audition de mon oreille gauche (suite à des otites à répétitions, comme ton fils, Surfer, sauf que les poses de « yoyo » n’ont malheureusement pas changé grand-chose…), ce qui fait que je dois toujours faire attention à où je suis pour écouter quelqu’un. Le médecin que j’ai vu l’an dernier m’a demandé pourquoi je n’allais pas voir un ORL pour me faire appareiller. C’est assez flippant comme truc. Surtout que mon environnement professionnel est extrêmement bruyant, 6h par jour, et je me dis que si j’entendais encore mieux, ça serait pire (et je ne peux pas mettre des protections auditives, parce que, c’est un peu mon métier d’écouter ce qu’on me dit dans tout ce brouhaha ^^; ).
La dernière fois que j’ai vu un ORL, il m’a donné une liste de tous les sons que je devais éviter… C’était il y a une quinzaine d’années, j’avoue que j’ai un peu peur d’y retourner…
Tel que je l’ai ressenti, les quotas ou cahier des charges proviennent de l’intention des auteurs, pas d’une pression extérieure comme celle du responsable éditorial. C’est leur envie d’avoir ce type de personnage, leur envie de montrer par l’exemple qu’un récit de type aventure Pulp peut être raconter aujourd’hui, et par voie de conséquence rendre hommage audit genre sans le dénaturer.
Ôter ses lunettes pour ne pas voir les visages des gens qu’on croise : je n’y aurais jamais pensé.
J’ai vu ce livre du coins de l’oeil et ce n’est pas la première fois que Terry Dodson s’essaie au format Franco-belge et tentant de récupérer une sorte d’atmosphère un peu rétro-pulp-vintage.
Je pourrais être client si mes derniers essais n’étaient pas tombés sur des projets très superficiels qui faisaient excuse pour montrer des femmes alanguies…bon why not!
sur le sujet de l’handicap, j’ai singé ici un article sur A SILENT VOICE un manga qui m’a énormément touché, si ce n’est l’un de ceux qui m’a LE PLUS touché. Je n’ai aucune prédisposition à cela (mon seul handicap est d’être un peu con mais j’ai vu qu’on vivait très bien avec).
et pour faire court la différence de cette oeuvre avec 95% des comics qui tentent d’aborder les différences; les minorités etc… c’est que l’auteur avait une vraie histoire à raconter. c’est toute la différence avec un simple tract ou une campagne de prévention .Pour moi la première (parfois la seule) question à se poser, c’est: EST CE QUE CA RACONTE QUELQUE CHOSE?…
Bien vu Eddy, le tout est d’avoir une bonne histoire à raconter.
J’avais feuilleté Songes et Red Skin, et ça m’avait donné la même impression de superficialité que toi, du coup je ne les avais pas lus.
Une vraie histoire à raconter : je ne sais pas répondre à cette question. Pour moi, cette bande dessinée (histoire, dessins, thèmes, situations) était consistante et je ne me suis pas ennuyé, ça m’a raconté quelque chose.
Je me suis vraiment placé sous le faisceau de l’auteur qui utilise des particularités comme un handicap… si ça a un rôle/impact/sentiment sur la bd en question…
Après oui ça a l’air bien pulp sympa…
La surdité a un impact sur la vie de l’héroïne, mais ce n’est pas un sujet en soi, ce n’est pas central dans l’histoire.
Je reviens pour dire un mot sur la BO que Bruce nous propose aujourd’hui :
Car même si musicalement il n’y a pas matière à commenter, les 4’33´´ de silence de John Cage illustrent parfaitement l’échange que j’ai eu avec Nicolas.
Cette vidéo m’a mis en condition pour comprendre que la perception des sons est vitale. Cette sensation représente la vie.( Les gens dans une salle de concert par exemple…)
Cela représente tellement la vie, qu’à moins d’être mort ou sourd on entendra jamais le silence… c’est impossible.
Et je ne souhaite à personne d’entendre le silence.
Cela me fait penser à une expérience que j’ai eu il y a quelques temps.
J’étais parti pour un voyage professionnel au fin fond de la Bretagne dans un village où il n’y avait qu’un hôtel pour m’accueillir.
Le village était tellement calme que le soir dans mon lit je n’entendais PRESQUE rien.
Je dit PRESQUE car ce pseudo silence m’a permis d’entendre battre mon cœur ! Une drôle d’impression pour un parisien habitué au bruit !
J’ai été tellement perturbé que du coup, je n’ai pas réussi a dormir.
Les vibrations sont magiques , ces sons peuvent nous apporter du plaisir par leur musicalité, ils peuvent nous bercer et ils peuvent aussi simplement nous faire comprendre que l’on est bien vivant.
Merci Bruce et encore désolé Nicolas.
Entendre le battement de son cœur : je perçois ce que ça peut avoir d’angoissant. Dans les années 1970, le caisson d’isolation sensorielle a connu une forme d’engouement, et j’ai été angoissé rien qu’à l’idée de l’effet que ça peut produire.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Caisson_d%27isolation_sensorielle
Tu as raison : l’objet est beau, et j’aime les dessins. Je ne savais pas que les époux Dodson dessinaient à 4 mains, quelle est la part de chacun et chacune ? En tout cas tu ne m’aides pas car j’avais résisté à l’envie, mais là, il y a tout pour me plaire (je pense aussi au rétro-futurisme de CAPTAIN SKY AND THE WORLD OF TOMORROW). Merci en tout cas pour la présentation !
De ce que j’ai compris, en gros, l’époux dessine, l’épouse encre et met en couleurs.
Je ne saurais faire la comparaison avec Captain Sky car je ne l’ai pas vu.
D’une manière peut-être paradoxale, ce qui peut faire hésiter, c’est qu’il n’y a qu’un tome, et aucune certitude que la suite ne voit le jour.
Merci Présence, en effet, la peur de commencer une série qui soit ne finit pas soit se termine abruptement est réelle désormais.
Je viens de recevoir un message de Terry Dodson qui te remercie pour ta great review (twitter)
Fraction : non.
Dodson : non plus
La BO : je ne connaissais pas… Je ne paierai pas pour écouter ça mais je suis allé me renseigner sur wiki, alors merci pour ma culture !
Dodson : pas forcément.
Fraction : oui, tout, à de rares exceptions.
La série me tente aussi, mais je me méfie de sa durée.
Plus d’un an plus tard, on est à l’épisode 10 sorti en juin. Il y a eu une grosse pause covid j’imagine.
En tous cas tome 2 en septembre.
En lisant le tome 1, je ne pensais pas que Terry Dodson serait assez motivé pour revenir à la série. J’étais convaincu qu’elle s’arrêterait là. Finalement, tout est possible.
TU as lu le tome2 Presence ?
Impossible de trouver le sommaire, les épisodes que ça contient
J’aurais envie de savoir s’il y a une fin d’arc au moins ou si ça termine sur un gros « à suivre »