UN BREF HISTORIQUE DU PARCOURS DE LA JAPANIMATION EN FRANCE
Par Eddy Vanleffe l’otaku
1ère publication le 22/04/20 – MAJ le 21/12/20
Ce billet a pour but de tenter de donner une sorte «fil conducteur» à une succession de vagues qui ont frappé plusieurs fois le territoire français pour finalement s’installer durablement comme une «lame de fond culturel commun» tant mondial que local.
1978.
Tout démarra là, et le fait que les aztèques ne le mentionnent pas dans leurs prophéties m’incite à ne pas prendre ces gens-là trop au sérieux quand même.
Depuis l’antiquité il est profondément inscrit dans la pensée humaine que le passé se doit d’avoir été glorieux, d’où les récurrences de légende parlent de jardin d’Éden ou d’âge d’or. La mythologie grecque va même jusqu’à induire l’idée que l’humanité renaquit plusieurs fois et chaque fois moins belle. Cela devint ce découpage si célèbre aujourd’hui d’âge d’or, d’argent et de bronze, applicable au cinéma, au rock rock’n’roll et surtout aux comics.
Ce qui m’embête avec cette classification, c’est qu’elle induit l’idée d’une dégénérescence inéluctable et progressive. C’est quand même un peu trop simple. Les périodes se parent en fait de métal précieux au fur et à mesure que le temps les fantasme par l’éloignement, comme les péplums sont rutilants de luxe. Néanmoins, cette métaphore parle à tout le monde, aussi continuerai-je à l’employer par pure facilité. Toutefois prenons des pincettes et évitons les jugements de valeurs trop outrés. La relation d’une période à une autre réside d’avantage dans le fait qu’il y eut des pionniers et des héritiers…
L’AGE D’OR
Il n’y pas que le grand cornu dans la vie, il y avait aussi le pirate au patch…
©1978-Toeï animation
GOLDORAK… le mythe fondateur, c’est indéniable, il fut le premier, il fut la claque, il alla plus haut et plus loin que n’importe lequel de ses rivaux dans l’hexagone. Selon la légende GOLDORAK fut l’un des seuls programme à atteindre les 100% d’audimat (calculs et technologies balbutiantes, moins de chaînes de TV expliquent certainement ce chiffre). Bien sur ce ne fut pas le premier programme japonais passant à la télévision française, les plus anciens se souviendront peut-être du ROI LEO d’Ozamu Tezuka ou encore de la coproduction franco-nippone OUM LE DAUPHIN qui connut une postérité grâce à la publicité pour le chocolat blanc GALAK. Il y a peut-être d’autres exemples mais le séisme, ce fut GOLDORAK . Ce fut grâce à deux hommes qui commerçaient déjà avec le pays du soleil levant durant les années 70: Jacques Canestrier et Bruno Huchez.
De prime abord ces deux hommes d’affaires n’étaient pas prédestinés forcément à transformer durablement le paysage des programmes jeunesses, mais flairant la bonne affaire, le patron de la société naissante IDDH se lança dans l’achat groupé de dessins animés de la TOEI animation dans l’idée de dépanner les programmes de France télévisions. Il fit appel à son ami Jacques pour l’aider à mettre sur pied l’infrastructure nécessaire avec traduction, doublage et circuit de distribution. Ils démarchèrent alors Jacqueline Joubert la nouvelle directrice des programmes jeunesse TV, qui ne s’intéressa pas du tout à la chose. La dame a une haute idée de ce qui convient aux petites têtes blondes et les émissions doivent autant éduquer qu’amuser. Mais arriva alors ce qui devait arriver, en plein été 1978, un jour il faut meubler la case dessin animé et tout semble avoir été usé jusqu’à la corde. Le roublard de Jacques Canestrier, se dit que cela ne ferait de mal à personne de recaser GOLDORAK (UFO ROBOT GRENDIZER) fin prêt pour ce genre d’opportunité. Inutile de prévenir la directrice en vacances, c’est plus marrant.
La suite, on la connaît, c’est un succès foudroyant, la régie est inondée de courrier de jeunes téléspectateurs demandant à corps et à cris le retour du prince d’Euphor, de sa guitare et de sa profondeur inédite. En coulisses, Mme Joubert est furibarde. Elle n’en revient pas que la jeunesse française puisse se passionner pour ces inepties bruyantes, animés de manière saccadée et à la violence bien trop obscène pour un âge tendre. Elle cède toutefois tout en exigeant de commander à l’avenir des programmes plus doux. C’est là que les compères dégainèrent CANDY (CANDY CANDY), une bleuette champêtre à tendance de satyre sociale fortement influencée par les livres de JANE AUSTEN, traitant en filigrane de liberté, de passage à l’âge adulte, de maltraitance et un peu des horreurs de la guerre.
Jacqueline était contente, alors qu’elle venait de créer le fabuleux malentendu sur le côté non-violent des programmes féminins par rapport à celui supposé brutal des programmes masculins. Peu importe, la France fait sans le savoir et sans aucune préparation préalable, connaissance avec le manga. Deux œuvres symboliques, deux courants et une école de bande dessinée qui a inventé la césure entre public masculin et féminin là où les programmes étaient jusque-là relativement asexués. Les français se passionnent soudain pour un «Shônen» et un «Shojo». Personne ne sait de quoi il s’agit mais l’immersion est totale et surtout elle fonctionne.
En quelques mois à peine, ces séries ringardisent et humilient carrément toutes les productions précédentes comme les Hanna-Barbera ou les Lou Sheimer et ne parlons pas des productions en pâte à modeler ou de LA NOIRAUDE locales. C’est un raz de marée sans précédant. L’appel d’air est tel que rapidement d’autres séries débarquent chez les VISITEURS DU MERCREDI sur TF1 comme CAPITAINE FLAM basé sur une séries de romans pulps écrits par Edmond Hamilton (parus aux éditions Bélial pour les curieux) ou LA BATAILLE DES PLANETES (GATCHAMAN) ou encore REMI SANS FAMILLE adapté d’un roman post hugolien de Hector Malot, tandis que fleurissaient sur Récré A2, ALBATOR, TOM SAWYER et aussi beaucoup de séries japonaise live telles que SAN KU KAÏ , SPECTREMAN ou X-OR .
La deuxième chaîne fait très attention de ne pas se laisser déborder en n’autorisant les séries asiatiques qu’au compte-goutte et sous contrôle que le contenu ne soit pas dégradant. Ainsi l’émission piocha allègrement dans les programmes de la Nippon Animation: le WORLD MASTERPIECE THEATER qui avait pour objectif de donner aux petits japonais des séries basées sur de grands classiques de la littérature mondiale et surtout occidentale. Ainsi furent conçues HEIDI, TOM SAWYER, PRINCESS SARAH, et la moitié des séries qui passeront plus tard sur la Cinq de Berlusconi. De son côté la TOKYO MOVIE SHINSHA sans vraiment l’avouer cherche un peu à faire concurrence en produisant , L’ILE AU TRESOR, LES 4 FILLES DU DOCTEUR MARCH, ou SHERLOCK HOLMES qui fut le premier contact pour beaucoup d’entre nous avec la poésie d’Hayao Miyazaki (MON VOISIN TOTORO-KIKI KA PETITE SORCIERE-NAUSICAA DE LA VALEE DU VENT etc. et puis allez refaire votre éducation quoi merde!) La bizarrerie de voir notre propre culture recrachée par les japonais ne passa pas inaperçue. La TMS nous envoie aussi d’autres programmes ambitieux comme LADY OSCAR (VERSAILLES NO BARA) inspirée de la bio de Marie Antoinette telle que conçue par Stefan Zweig auquel l’immense Ryoko IKEDA (qui obtint la légion d’honneur en 2008 au titre de sa participation au rayonnement international de notre culture à l’étranger), rajoutera simplement une émule du chevalier D’Eon.
COBRA également, un animé inoubliable d’une qualité encore à ce jour inégalée, varié dans les tons, aux intrigues «pulps» et dont le héros emprunte ses traits à Jean-Paul Belmondo. On aurait pu croire qu’une vraie lune de miel allait avoir lieu entre le Japon et la France, mais pas du tout. Le fossé entre les deux pays est trop important et certains journalistes et certains politiques s’inquiètent de la violence et de la sensualité présente dans ces dessins animés, qui deviennent victimes de tous les malentendus. Entre les éditoriaux qui les accusent de nazisme et ceux qui croient voir une tentative grossière de draguer l’occident en adaptant en «low cost» les histoires européennes à grand renfort d’occidentalisation supposée, puisque les personnages ont des grands yeux, tout pue l’ignorance crasse d’un pays incapable de promouvoir ses propres dessins animés. IDDH est sommé de produire du local, ce qu’ils feront honorablement avec CLÉMENTINE ou MOI RENART, Les crédits étaient aussi francisés à outrance faisant défiler des dizaines de noms français aux génériques alors que les noms des auteurs originaux avaient à peine droit de citer, pour «soi-disant ne pas heurter le public non habitué à ce genre de patronymes» Quelques années plus tard entre autres reproches, Ségolène Royale dira que la priorité devrait être laissée à l’animation française. Ce qui a dû faire rire jaune Jean Chalopin qui avait dû s’exiler et faire produire au Japon ULYSSE 31 et LES MYSTÉRIEUSES CITÉES D’OR parce que personne ne voulait mettre 1 franc sur ses projets dans l’Hexagone.
Non,ce qui chagrinait ces messieurs-dames (ne soyons pas sexistes), c’était bien le succès incontrôlable et l’engouement sans précédent que le temps et les nouvelles technologies n’ont fait que confirmer depuis. Faute d’une vraie alternative, la japanimation était déjà vainqueur et plantait le drapeau du soleil levant sur nos téléviseurs Mitsubishi comme les américains sur la lune. Tout était déjà trop tard et la résistance était futile.
Mais tout était désormais sous contrôle. Jacqueline Joubert jugulait la menace en faisant un tri drastique, chaque série avait droit à une adaptation soignée et l’avenir dira que la jeunesse eut droit à la programmation la plus intelligente qu’il n’y ait jamais eu sur le territoire de toute l’histoire de la télévision.
Mais tout va changer.
L’AGE D’ARGENT (et celui de l’argent)
Aux législatives de 1986, le Parti Socialiste s’incline devant la droite du RPR. Le gouvernement est donc réorganisé et la première cohabitation s’installe. Le ministre de la culture Philippe Léotard annonce la privatisation de TF1 pour mettre fin au monopole du service public quelques mois après la naissance de LA CINQ, première chaîne privée hertzienne alors que la chaîne cryptée CANAL + ait fait ses discrets débuts deux ans plus tôt.
C’est un coup de tonnerre pour le public et ses habitudes. Nous aurons désormais droits à quelques programmes entre nos publicités, des émissions ramasse-merde à la pelle et une starification des animateurs au détriment du contenu. Ainsi, suite à la dispute entre le groupe AB production et le clan Joubert, Azoulay et Berda emmenèrent leur employée symbolique DOROTHEE faire les beaux jours de TF1. Il leur faut rapidement constituer un catalogue de séries japonaises pour habiller le futur Club Dorothée. Par accident ou habilement, le groupe veut réitérer l’exploit de Jacques Canestrier. Ils vont surtout se servir dans la Toeï animation, mais aussi aux studios DEEN ou FUJI qui vendent leurs produits pas chers, inconscients qu’ils sont du bénéfice réel qu’ils pourraient en tirer.
Le résultat est un mélange du bac à soldes (CHERIE MIEL-CUTIE HONEY, LES ATTAQUANTES-ATTACK N°1, JEU, SET ET MATCH-ESU O NERAE) et des derniers shonen publiés par le magazine JUMP de la SHUEISHA, soit le plus gros vendeur historique au Japon. Vont donc être mitraillés sur les ondes DRAGON BALL , LES CHEVALIERS DU ZODIAQUE (SAINT SEIYA), NICKY LARSON (CITYHUNTER), KEN LE SURVIVANT (HOKUTO NO KEN) , DR SLUMP et plein d’autres. Ils n’oublient pas les concurrents de la SHOGAKUKAN avec les productions adapté du travail de Rumiko TAKAHASHI (LAMU-URUSEÏ YATSURA) , JULIETTE JE T’AIME –MAISON IKKOKU et RANMA ½) ou de Leiji Matsumoto avec GALAXY EXPRESS 999 ou même l’artiste qui nous avait servi CANDY, en diffusant GEORGIE.
Les mecs sont roublards. De plus une erreur stratégique incroyable du clan Joubert leur fait lâcher CANDY et GOLDORAK au profit du groupe AB qui peut ainsi s’appuyer sur des valeurs sûres symboliques. Dès 1988, l’émission de l’égérie des enfants écrase la concurrence d’Antenne 2, par ailleurs prise en étau. La CINQ n’est pas en reste, la chaîne de Silvio Berlusconi achète aussi tout ce qui reste et si la Club DO possède les plus grosses prises, YOUPI L’ECOLE EST FINIE n’en a pas moins sous le pied avec OLIVE ET TOM (CAPTAIN TSUBASA), MAX ET COMPAGNIE (KIMAGURE ORANGE ROAD) et ROBOTECH, un drôle de mix américain mélangeant trois séries de mécha (MACROSS-SOUTHERN CROSS et MOSPEADA). Globalement l’émission propose des séries bien plus «parents friendly», moins violentes mais tout aussi peu animées. Le public peut désormais butiner son programme parmi une pléthore de produits typiquement japonais. Car si on excepte les traductions francisées, c’est bien au Japon que les enfants voyagent quotidiennement.
La génération précédente regardait beaucoup de produits occident-compatibles ou de sciences-fictions exotiques. Désormais ces nouveaux programmes sont adaptés pour la plupart de mangas purs et durs relatant pour une grande majorité d’entre eux le quotidien des enfants japonais. Uniformes scolaires, baguettes, bentô, samouraïs, mode capillaire japonaise (LUCILLE, AMOUR ET ROCK N’ROLL/AISHITE KNIGHT) allaient pouvoir trouver un moyen de s’exporter de manière ludique, curieuse et massive faisant craindre une nouvelle fois à la populace chafouine, un nouveau péril jaune. Toute une culture s’infusait dans le cerveau de la jeunesse française avec ses codes pourtant si différents exempts des scories de la mentalité judéo-chrétienne.
La relation à la violence et au sexe ont été sans doute ce qui a le plus choqué. Pourtant s’il existe une certaine forme de pudibonderie au Japon mais pas du tout placée sur le point de vue de la morale, mais plutôt des convenances. L’obsession devient donc une sorte de marqueur des personnages «marginaux» ou méprisant les règles sociétales. De même, la violence bien que souvent gore est surtout emprunte du traumatisme de la bombe A. Corps explosés, défigurés, malades, déflagrations et villes rayées de la carte, tout cela mis en parallèle souvent avec un discours mettant en valeur la nécessité de respecter la nature, sont les manifestations «pop» du fantôme du nucléaire bien vivace dans ce «pays du champignon atomique levant». Que ce soit sous sa forme dénonciatrice (KEN LE SURVIVANT) ou Cathartique ( la puissance dévastatrice d’un Kaméhaméha), ce rappel permanent à un crime de guerre non assumé, fait mal aux entrailles des intellectuels «occidentaux-centrés».
Enfin, un autre domaine perce également, celui de la comédie et donc de cet humour absurde tentant le raccourci entre Monty-Pyhton, les Charlots, Gotlib ou d’Ibanez (MORTADEL ET FILEMON). Bref le Japon n’est pas à notre porte mais derrière la petite lucarne. Pour enfoncer le clou, le groupe AB se comporte comme des camelots aux méthodes très agressives. Tout est bon pour vendre des compilations de génériques, des cassettes VHS et autre babioles afin de fidéliser le client. Le magazine «CLUB DOROTHEE» est publié en support de l’émission, et il faut bien le remplir. Parmi les milles anecdotes sur les animateurs, les publicités et les autopromotions sauvages, des entrefilets commencent à lever le voile sur ce qu’il y a derrière les programmes stars. Ainsi nous pouvons lire les noms d’Akira Toriyama ou de Shingo Araki. Les choses mutent lentement. En haut lieu, le groupe est sommé de réduire la voilure pour ce qui est des «japoniaiseries». Loin de s’en faire, AB lancera toutes ses sitcoms abrutissantes. Mais c’est bon, Ségolène est contente, ça au moins, c’est français (j’ai bien dit Ségolène et non pas Marine, pour ceux qui auraient des doutes…).
La Cinq met la clé sous la porte sous les sanglots de Jean-Claude Bourret et son émission jeunesse coule avec elle. On aurait pu penser que cette parenthèse allait se fermer, mais c’est bien trop tard. Au cinéma, presque à l’insu de tous, un autre séisme vient d’avoir lieu. AKIRA le film est sorti confidentiellement, mais sa réputation se répand sur le globe à la vitesse d’une mèche de dynamite. Disney ne seraient-ils plus les seuls à pouvoir produire des films à 24 images par secondes? Considéré comme l’un des plus grands films de science fiction de tous les temps, AKIRA change la donne à jamais. L’hégémonie américaine sur la pop culture mondiale est terminée.
L’AGE DE BRONZE
Au début des années 1990, tout se transforme une nouvelle fois. La technologie fait un bond et les vidéoclubs se multiplient. Le marché de la cassette vidéo est en constante évolution. Tout le monde enregistre ses programmes préférés et le public s’habitue à consommer chez soi. Les adolescents ne peuvent plus se contenter de regarder DRACULITO, ils sont nourris aux blockbusters et aux films de SF. Ils en veulent plus. L’avenir alors est tout trouvé. Si la télévision boude des séries bien trop violentes ou politiquement incorrectes, ne cédant qu’à l’exception de POKEMON, la vidéo pourra satisfaire tout le monde. Plus de censure, plus de doublage merdique et infantile, cette fois les fans pourraient avoir accès à un support digne de ce nom.
En embuscade Glénat en partenariat tacite avec le Club Dorothée, publie d’une main des programmes adultes exigeants avec la version colorisée d’AKIRA ou APPLE SEED et de l’autre, dans un format peu onéreux, distribue les gros hits diffusés à la télévision comme DRAGON BALL, SAILOR MOON et RANMA1/2 et pour la première fois un titre présenté timidement en sens original de lecture: DR SLUMP.
En 1995-1996, c’est le troisième impact.
Un panel de ce qu’il avait de plus dingue à voir. Le sevrage aux princesses Disney fut brutal.
Sortent en salle en juin1995 PORCO ROSSO premier film Ghibli d’Hayao Miyazaki à avoir les honneurs d’une sortie en salles obscur. Le studio réitère cet exploit l’année suivante avec LE TOMBEAU DES LUCIOLES d’Isao Takahata, tandis que dans la salle voisine cartonne SAILOR MOON ET LES FLEURS MALEFIQUES et que les films de DRAGON BALL Z restent des valeurs sûres. Cette attaque fait naître le sentiment de la diversité d’une production encore inhabituelle.
Mais il est certain que tout ne peut pas sortir au cinéma. Les rayonnages de la FNAC croulent donc subitement sous les VHS de tout ce qui peut attirer ce nouveau public biberonné sans le savoir au manga. Les labels poussent comme des champignons (inoffensifs ceux-là).
Le premier fut KAZE ANIMATION. Fondé par Cédric Littardi, il creuse en premier le filon d’un format qui n’existe jusque-là qu’au JAPON: L’OAV (original animated video) c’est-à-dire des mini-séries, des courts métrages ou des téléfilms prévus uniquement pour le marché de la vidéo et non pas pour le cinéma ni pour la télévision. Si c’est souvent synonyme chez nous, d’une production au rabais (le direct to DVD), au contraire en extrême orient, il s’agit de petits projets optimisés.
Après un faux départ sous le premier label ANIME VIRTUAL avec LA LEGENDE DE LEMNEAR aux scènes de nudités douteuses , il lance chez KAZE un premier gros coup: LES CHRONIQUES DES GUERRES DE LODOSS. Dans ce rip-off du SEIGNEUR DES ANNEAUX, la musique féerique et les designs de Nobuteru Yûki nourrissent les nombreux fans rôlistes en carence d’heroic fantasy, genre particulièrement boudé par Hollywood à l’époque. Le Cyber-punk qui possède ses auteurs clés en littérature va aussi trouver un nouveau foyer désormais. BUBBLEGUM CRISIS, IRIA et ARMITAGE III seront donc les fonds de catalogue démonteront les mirettes sur des histoires pétaradantes brossées autour de personnages principaux féminins forts. Vingt ans d’avance sur ce coup-là. On pouvait compter aussi sur les OAV sentimentalo-humoristiques de RANMA1/2 et TENCHI MUYO et un peu de films comme ARION, sorte de péplum mythologique sous acide signé Yoshikazu Yasuhiko ; le gracieux designer de MOBIL SUIT GUNDAM. Sentant un vent favorable, ils vont même créer en 1995 une sorte de festival cinéma intitulé «Cinémanga» comprenant aussi GREY, MACROSS: DO YOU REMEMBER MY LOVE? ou CONAN LE FILS DU FUTUR.
Par la suite, Kazé parvient à résister au temps, dépasse la mode, se diversifie jusqu’à devenir éditeur papier et avoir son émission télévisée et sa chaîne VOD. Bref, la petite boite est devenu un monstre tentaculaire.
MANGA VIDEO sobrement intitulé d’après on homologue américain fait la part belle aux films de science fictions trashs , intronisant les plus grands réalisateurs nippons du genre comme Yoshiyaki Kawajiri (NINJA SCROLL, WICKED CITY) ou OSAMU DEZAKI qui avait fait les beaux jours des enfants grâce à COBRA ou LADY OSCAR pour faire connaître ses travaux les plus tardifs (BLACK JACK, GOLGO 13) et même Mamoru Oshii célébré pour ses PATLABOR et son GHOST IN THE SHELL. Tout a le goût du neuf, de l’inédit et du souffre distillant de manière savoureuse au sein d’intrigues politiques ou sombres un cocktail de violence esthétisée à outrance et d’un érotisme trouble qui lèvera toujours son petit lot de bouclier et cela peu importe le nombre d’œuvre simplement belles qu’on pourra avancer. Avec GUNNM ou MEGALOPOLIS, la japanimation vit ses années punks et rebelles.
L’éditeur AK vidéo mise surtout sur la nostalgie, créneau pas encore saturé et jette leur dévolu sur COBRA, ALBATOR et LES MYSTÉRIEUSES CITES D’OR tout en s’autorisant quelques incartades avec des bizarreries comme NOM DE CODE AÏ CITY ou DARKSIDE BLUES qui sont des ovnis aussi incompréhensibles que visuellement réussi. Ils tentent aussi le premier film de SLAYERS, une héroic fantasy décontractée mettant en scène Lina Inverse, la plus «tsundere» (colérique) des magiciennes. Ils osèrent aussi publier REVELATIONS (PLEASE SAVE MY EARTH), sublime plaidoyer pour l’environnement teinté d’ambiguïté morale et sexuelle. IDP quant à eux sont les distributeurs officiels de RÉCRÉ A2 et d’ailleurs, ils ont été fondé par le neveu du fondateur de la société IDDH. Comme on se retrouve!
Parallèlement au tsunami de vidéos, le cinéma se prépare au nouveau millénaire en larguant trois bombes incendiaires en plein hiver 1999, PERFECT BLUE, LA PRINCESSE MONONOKE (et JIN-RÔH, montrant là encore, le dynamisme, et l’ambition filmique. La «japanime» n’est plus une affaire d’adolescents boutonneux mais de cinéphiles instruits et abonnés à Télérama. Le public s’habitue d’ailleurs à manipuler un vocabulaire nippon, éduquant leurs oreilles aux VO sous-titrés et à la J-POP. Un certain purisme commence à voir le jour avec lui, une nouvelle communauté: LES OTAKUS.
Et encore ce n’était que le commencement. Obéissant à une sorte de logique de fringale, dès que les premiers labels montrèrent des signes d’essoufflement, deux autres éditeurs débarquèrent comme des pirates avec dans leurs valises la simple offre d’une adaptation DVD rapide. A la pointe de la technologie, ils purent proposer des supports de toute beauté, satisfaisant les plus capricieux. DYBEX allait proposer toutes les nouveautés excitantes et ils frappèrent fort avec NEON GENESIS EVANGELION ), la série qui dépoussiéra le Mecha tout en rendant un hommage tordu à Go NagaÏ, le père de toute chose. LES VISIONS D’ESCAFLOWNE, grande rivale du précédent et également les joyaux de la couronne COWBOY BEBOP ou SERIAL EXPERMENT LAIN. Ambitieux, visuellement magnifiques, de plus en plus contemplatifs et abstraits, les velléités d’auteurs opèrent un dernier tournant. Pourtant, impossible de ne pas convenir de la qualité de THE BIG O , l’originalité de UTENA la fille guerrière dont les codes visuels homosexuels avaient des années d’avance, la poésie violente des OAV de RURONI KENSHIN ou de READ OR DIE (un truc à cheval entre James Bond et les X-Men qui explose les yeux de bonheur devant tant de trouvailles sur la gestion de l’action sur des super pouvoirs).
DECLIC IMAGES fut l’exemple de la démesure et de la logique de gavage que le territoire subissait soudain. Les coffrets pleuvaient tout en offrant tout et n’importe quoi, du bon (SILENT MÖBIUS, LOVE HINA ou FRUIT BASKET) et plein de trucs oubliables (qui se souvient des DNANGEL ou IRRESPONSIBLE CAPTAIN TAYLOR?), ils vont tellement avoir les yeux plus gros que le ventre, qu’ils vont commettre l’impardonnable. Mettant la charrue avant les bœufs, ils ne finalisent pas leurs accords et distribuent sans avoir les droits GOLDORAK. Le procès qu’ils vont prendre sur le coin de la gueule va être tellement méchant, qu’ils ne s’en relèveront jamais. D’autres éditeurs comme BEEZ vinrent prendre un peu la relève mais impossible de ne pas remarquer que l’engouement féroce pour l’animation japonaise marque le pas, et cela malgré son retour à la télévision comme sur Virgin 17 ou sur la KAZ sur Canal+.
L’AGE MODERNE
Rien ne va plus. L’esthétique manga est très particulière et il suffit d’un détail pour que la magie n’opère plus. Ce détail qui va changer la donne dans le milieu de l’animation mondiale: LA 3D. Cette nouvelle technologie peaufinée au cours des ans par les plus gros studios américains, va être le nouveau rouleau compresseur. Le studio Disney lui même, n’y survivra qu’en y succombant. Les japonais ne peuvent plus rivaliser. Attention, ce n’est plus une histoire d’animation bon marché, mais simplement de visuel. Les Versions 3D d’APPLE SEED, DE CAPITAIN ALBATOR ou DE SAINT SEIYA témoignent que le passage à la 3D n’est pas des plus heureux. Parallèlement, le mode de consommation de la génération Y se transforme fondamentalement grâce au streaming et aux «fanssubs» (sous-titrage amateur), ce qui accélère considérablement l’accessibilité aux nouveautés. Hors de question d’attendre deux ans pour un coffret DVD à plus de 50 euros dont la plus-value ne consiste souvent qu’en un doublage français hautement méprisé par les fans puristes. Le marché se casse la gueule au fur et à mesure que la japanime s’embourgeoise avec les films de Satoshi Kon (PAPRIKA ou MILLENIUM ACTRESS) et plus tard Mamoru Hosoda (SUMMERS WAR). Les séries fascinent de moins en moins ,se contentant le plus souvent d’illustrer en couleur la trame des mangas qu’ils adaptent, eux même désormais véritables storyboard en devenir. Souvent contemplatives, elles peinent à passionner et WITCH HUNTER ROBIN, NOIR ou WOLF’S RAIN ont du mal à renouveler la passion avec leurs scénario difficiles d’accès et leurs rythmes de tortue. La parade va se trouver dans les chaînes de simulcast comme WAKANIM’ ou CRUNCHYROLL.
La mode de l’AMV, cette manière de mixer la culture manga et celle d’internet.
Les mangas et leur pendants animés ont réussi l’exploit de s’installer durablement sur le paysage culturel français, au terme d’une bataille qui ne fut pas sans heurts. La rançon de la gloire, c’est bien évidemment l’inévitable banalisation de ce qui fut l’une des dernières attaques de la contre-culture face à un establishment à la xénophobie ringarde. Ça devient la culture de papa… la génération d’après a déjà digéré tout ça à grand coup de LEGENDAIRES, de WAKFU, de LAST MAN, de ROSE ECARLATE ou de FREAKS SQUEELE… l’adaptation animée des TEEN TITANS ou CODE LYOKO en font foi. Pourtant, tout est là encore comme un dernier rempart à une sorte d’uniformité.
Bien sûr il y a pléthores de comédies scolaires ou fantastiques ou de jeunes héros devant faire ses preuves combat après combat. Derrières ces blockbusters interminables (NARUTO, ONE PIECE ou BLEACH), on peut dénicher toujours autant de variété: Horreur (ANOTHER, PARASITE, A-JIN , DEVIL MAN CRYBABY) fantastique (DEATH PARADE, DEATH NOTE), Thriller (MONSTER, HERO/MASK), science-fiction (PSYCHO-PASS, BTOOM), bleuettes mignonnes (TORA DORA, SAWAKO), drames intimistes (YOUR LIE IN APRIL) , comédie foutraques sexy (FOOD WARS ou YAMADA MA PREMIERE FOIS), sport (HAIKYU pour le volley et ALL OUT pour le rugby), action (BLACK LAGOON,CANAAN, BAKI ) ou encore l’heroic Fantasy débridée (L’ATTAQUE DES TITANS ou SEVEN DEADLY SINS). En sus nous avons aussi des trucs inclassables comme ASSASSINATION CLASSROOM ou BACCANO, ce dernier étant un récit choral couvrant plusieurs périodes mais qui se concentre plus ou moins sur un braquage dans un train en Amérique des années 1920. N’oublions pas non plus cette étrange mode de séries où les protagonistes sont coincés dans un monde virtuel de MMORPG comme pour .HACK//SIGN, OVERLORD, EDEN LOG et surtout SWORD ART ONLINE et ses arcs déchirants de tristesse.
Les animateurs ont aussi trouvé une parade afin d’évoluer en technologie grâce à une animation en CGI. BERSERK a été décliné en trois films sous ce format permettant l’impasse sur l’ancienne série.
Aujourd’hui dans le monde la VOD de type Netflix, les dessins animés japonais sont à portée de main en claquant des doigts, pour autant, ils semblent avoir un peu perdu de leur parfum sulfureux. Les mangas sont sans doute la seule culture populaire à avoir réussi à s’exporter mondialement hors de ses frontières tout en restant intacte de toute «occidentalisation», formant ainsi l’une des seules alternatives viables à notre modèle. Totalement imperméable aux vicissitudes d’un monde vacillant pourtant sur son cul, le Japon jongle toujours entre traditions et modernité avec une créativité qui laisse pantois celui qui s’y penche.
De nouveau, certains trouvent cette école suspecte. Traitement des femmes, humour vachard et décalage dans les tabous font lever les sourcils et couler l’encre. L’école nippone, pourtant paritaire comme nulle part ailleurs sur la planète a véritablement déverrouillé l’accès des femmes à la bande dessinée mondiale, faisant des manga et de la japanimation des véhicules aptes à pouvoir bouger les curseurs sociaux positivement . Ils n’attendent certainement pas de leçons venant des pires impérialistes du globe, jaloux du village global du moment qu’il leur appartienne.
Je dédicace le présent effort à Jyrille dont une conversation en commentaires jeta les graines de cet article.
Merci d’ailleurs à Bruce de m’y avoir encouragé.
Pour aller plus loin encore, je vous conseille d’aller faire un tour ICI
David Yukio fait un boulot de fou et parle de toute la culture populaire de la péninsule nippone. Une source précieuse d’informations. Merci à lui.
Ryo Saeba, Spike, Myung Fan Long , trois icônes réunies dans un rêve d ‘otaku.
Sujet d’article très intéressant.
En tant qu’ancien sur le site, je me souviens d’Oum le dauphin, mais encore plus de Princesse Saphir, série arrivée en 1974 dont je guettais les épisodes qui, à mon âge, me semblaient être diffusés sans grande régularité, sans pouvoir anticiper quand il y en aurait un à la télé.
La bizarrerie de voir notre propre culture recrachée par les japonais – Je n’y avais jamais pensé en ces termes, pourtant c’est exactement ça. Merci pour ce regard avec plus de recul que le mien. Du coup, l’arrivée de dessins animés plus culture japonais fait sens avec le passage à l’âge d’argent et l’augmentation de l’offre.
Personne ne voulait mettre 1 franc – Houlà, on recommence à parler en franc (heureusement, pas en anciens francs)… peut-être aurait-il fallu faire la conversion en euros ? 🙂
J’ai beaucoup aimé le paragraphe qui commence par La relation à la violence et au sexe […] : très instructif et très éclairant. Merci.
J’aurais bien aimé un développement un plus important (je sais : ce n’est pas une série TV) sur l’impact du film Akira, car j’ai dû mal à percevoir en quoi il a bouleversé la donne des dessins animés au cinéma.
L’âge de bronze – La lecture de cette partie m’a fait une drôle d’impression, car j’y ai retrouvé toutes les références que je voyais passer à l’époque dans Animeland, sans avoir jamais eu l’occasion de voir une seule de ces séries (je m’intéressais essentiellement à la partie manga du magazine, ainsi qu’à sa rubrique Vocabulaire).
Derrières ces blockbusters interminables, on peut dénicher toujours autant de variété. – La production de mangas illustre de manière éclatante l’infinité de l’imagination humaine : il y a de tout, et sans cesse des idées nouvelles, des regards personnels, des planches hallucinantes.
Les mangas sont sans doute la seule culture populaire à avoir réussi à s’exporter mondialement tout en restant intacte de toute occidentalisation. – C’est aussi mon ressenti, ce qui fait que même acculturé aux mangas, leur lecture conserve toujours un parfum d’exotisme irrésistible.
Merci pour cet article passionnant de bout en bout.
Merci Présence,
Akira a été remarqué tout de suite pour une raison technique d’abord. c’est le premier à sortir en salle en dehors des festivals etc à avoir une animation à 24 images par seconde et donc à pouvoir rivaliser avec Disney.
a l’orée de la génération Club Do, on a pu entrevoir ce que donnerait une sérieuse concurrence à ces derniers et entrevoir l’avenir.
c’est un choc aux states qu a conduit Marvel à coloriser et publier le manga et alors démarrer une colossale transformation de l’industrie de la bd là bas .( il faut se rappeler tous les titres que Dark Horse publiait en ce temps là).
les réalisateurs comme Cameron ou d’autres ont parlé du film comme étant important, et on a pu voir une évolution dans les plans qui filmaient les ville la nuit et une certaine inclinaison pou r un rajeunissement du héros, l’ado rebelle entrait dans la place. et puis ce fut l’ambassadeur de l’animation adulte, japonaise et de SF. la cristallisation des besoins des fans de culture pop.
La musique du long-métrage a aussi marqué les esprits, et pour cause !
Ah oui Princesse Saphir ! Mon premier contact avec Tezuka. C’est vague mais c’était tellement bien.
Globalement très bon article, mais je met quelques bémol d’abord on sait aujourd’hui que Huchez était très secondaire dans l’importation de Goldorak, il se rattrapera après avec IDDH , ensuite le film de Sailor Moon n’a pas cartonner au contraire ça a été un bide au cinéma et enfin si Déclic à officiellement était mis à terre par l’affaire Goldorak (et Capitaine Flam), elle continue aujourd’hui sous le couvert d’Idp qu’elle avait racheté
Merci,
Je me suis sans doute mal exprimé, c’est bien Jacques Canestrier qui l’acteur important de l’import de ces séries. Bruno Huchez était plus une certaine logistique en effet.
il me semble me rappeler qu’un article faisait ses choux gras du succès de Sailor Moon en salle à l’époque. mais je peux me tromper. ^^
Un article majeur pour le blog et de toi Eddy. La somme d’information compilée y est fantastique. J’y ai appris plein de choses et constaté beaucoup de lacunes de ma part.
J’étais resté sur une idée fausse que Madame Joubert, la maman d’Antoine De Caunnes avait été une précurseure dans le monde de l’animation en France. Je ne sais pas pourquoi je m’étais gouru ainsi, c’est l’exact inverse : un pur produit de la France Giscardienne. Les anglosaxons avaient encore des longueurs d’avance sur les grenouilles coincées de partout.
Tu fais très bien revivre les Années de la 5. Il faudrait un autre article sur la vague Supercopter, Tonnerre Mecanique ou Flamingo Road.
Grâce à ta chronologie, je me rends compte à quel moment je suis largué : celui de l’âge de bronze et l’avènement VHS, non pas par manque d’envie mais tout simplement de distribution : en banlieue parisienne, pas de FNAC, juste un supermarché et un video club dans lequel j’avais réussi à chopper Kojiro (pensant que c’était du St Seiya) et Perfect BLue qui m’avait impressionné pour l’époque.
Je n’ai jamais vu Akira et ne connais foutre rien à tous les films que tu cites. Il manque un article sur Akira d’ailleurs.
Berserk : vu sur Netflix et grande frustration : pourquoi Diable ne pas tourner la suite quant on sait la fanbase derrière ???
J’ai commencé hier la série PARASITE sur Netflix. J’aime bien.
Merci Bruce,
Parasite est une fantastique série héritière d’une horreur difforme à la Go Nagaï.
Ca peut paraître étonnant mais j’étais dans le rejet de la période club do censuré etc…
et je me suis plongé à cœur perdu dans la génération VHS, DVD.
Kazé, manga vidéo etc… c’était l’essentiel de ma collection de K7, je snobais carrément les trucs américains et j’ai donc d’énormes lacunes pour un pan du cinéma blockbuster et surtout je boycottais Disney qui faisait des trucs pour gogols à mes yeux…
Je suis revenu de tous mes excès depuis…^^.
Berserk: 3 films qui retracent l’age d’or. et une série qui fait la suite (inédite en VF) je ne serais pas étonné que Netflix en fasse l’acquisition dans les prochains mois…
Kojiro: quelle rigolade…
Akira est clairement à voir.
Parasite le manga a été adapté en série ??
@Bobtista
Oui, et c’est très bien. Disponible en streaming sur Netflix. https://fr.wikipedia.org/wiki/Parasite_(manga)
Thx!
Voilà un article que j’attendais depuis très longtemps.
Passionnant, évidemment, drôle et instructif, comme toujours.
J’ai pris quelques notes en cours de lecture, pour pouvoir en reparler en commentaires…
Tu le sais, on est nés à peu près à la même époque, on a donc grandi avec cette Japanimation. Et ce serait hypocrite de dire qu’elle n’a pas participé à ma construction, tout comme mes premières lectures.
Et comme tu le dis, cela a donné naissance en France à tout un renouveau, dans la BD et dans l’animation, tout transpire le manga, y compris Miraculous qui fait un tabac chez les jeunes et les moins jeunes.
Pour les programmes, je me rappelle effectivement plus de Galak que de Oum le dauphin blanc, que j’ai découvert avec son reboot d’il y a quelques années sur TF1.
Ca fait drôle de voir défiler tout un pan de sa vie, ma vie avant la vie de famille, en fait. J’étais abonnée à Animeland, qui me faisait rêver avec son papier glacé et tous ces animés que je découvrais par leur intermédiaire. Une époque douce à mon souvenir. Mais un jour il faut quitter le monde de l’adulescence et construire sa propre vie. Puis arrive un âge où on retrouve du temps pour soi et on se dit qu’on va s’y remettre. Mais le choix est tellement large que l’on s’y perd…
Je crois que typiquement, cet univers, c’est ce qui réveille chaque fois mon âme d’enfant.
Je voulais revenir sur l’article maintenant.
Je ne suis pas complètement d’accord avec cette histoire de « jalousie », mais peut-être que tu as des sources sûres.
Pour moi, le gros « problème » du manga, ou plutôt de son arrivée dans notre monde judéo-chrétien, mais aussi vainqueur de la guerre, c’est que, et tu l’as dit : personne n’y était préparé. Personne ne connaissait cette culture. Et je réalise deux choses que j’ai du mal à concilier. Cette culture m’a forgée, m’a appris une forme de féminisme que je revendique, mais en même temps, en étant moi-même maman, je vois les choses comme ont pu les voir les adultes de l’époque. Et clairement, personne n’avait rien compris.
Personne ne savait, n’imaginait, que les dessins animés n’étaient pas destinés aux enfants. Et encore là, je me questionne. Est-ce qu’au Japon, ils ont une signalétique, comme chez nous ?
Pour en revenir à ce qui y est montré, le fossé est énorme, et il ne sera jamais franchi. Je regarde Dragon Ball (sous la contrainte) avec ma fille de bientôt 8 ans, avec les passages censurés. Idem avec Nicky Larson. Les passages censurés ont été rajoutés, en vostf. Peut-être pas tous, ceci dit, car il y a encore des moments où on voit (ce que je ne voyais pas du tout enfant) qu’il manque des bouts…
Mais clairement, nous, on n’ira jamais jusque là. Ça va à l’encontre de tout ce qui est véhiculé comme message pour le respect de la femme etc. Il y a quand même des scènes hallucinantes rien qu’avec Tortue Géniale ou le Cochon dont j’ai oublié le nom. Ca fait rire ma fille et je crois qu’elle n’y voit pas du tout la même chose que moi : une espèce de banalisation du harcèlement. On voit la même chose dans Nicky Larson, cela dit. Bien sûr, le pervers est toujours puni, il se prend un coup dans la tronche, le message est clair. Mais l’idée que le fait d’être obsédé soit une « marque » de marginalité, de rejet de la société, ne peut pas coller, ne peut pas être acceptée dans notre société occidentale. Chez nous, un pervers ne peut pas être idéalisé, nuancé, ni même montré. De peur que certains se sentent autorisés à le faire. De là à dire qu’ils ont servi de modèles, on sait que le pas a été franchi plus d’une fois, et pas que dans le monde de l’animé. Les jeux vidéos qui rendent violents, etc.
On sait tous que c’est faux. Pourtant, on prend quand même des pincettes, on filtre, on ne montre pas tout, ou alors on explique, ou du moins, on essaye.
Dans les manga, l’utilisation de la violence et du sexe est totalement décomplexée, utilisée pour faire passer des messages que nous, occidentaux, avons du mal à traduire dans le bon sens.
Ton analyse du pourquoi est très intéressante en ce sens. Je suis moi aussi persuadée que les corps déformés que l’on retrouve dans Ken le survivant par exemple sont totalement une des conséquences de la bombe H.
Sinon, je voulais en savoir plus sur cette erreur stratégique de l’équipe de Joubert dont tu parles et qui leur a fait lâcher Goldorak et Candy : pourquoi ?
Tiens, d’ailleurs, en parlant de Candy : pourquoi Georgie ? J’ai toujours eu l’impression que Georgie, c’était la petite soeur de Candy, une copie un peu plus moderne. Tu m’apprends qu’elles sont du même auteur. Ce n’est donc pas une redite ? J’étais allergique à Candy et Georgie, je n’ai jamais vu que des extraits en attendant les « bons » dessins animés.
Tiens d’ailleurs, merci pour Sailor Moon. Premier dessin animé pour filles qui me plaisait, parce que l’héroïne était terriblement étourdie, maladroite, coincée, elle me faisait mourir de rire et surtout, elle me ressemblait ! Enfin une héroïne qui n’était pas parfaite ! Bon, après, j’ai fini par lâcher l’affaire avec l’arrivée de la petite peste aux cheveux roses (et je n’y comprenais plus rien, également)… Là aussi, les noms soi disant francisés, bonjour… Bunny et Bourdu.. Pouvait-on faire plus ridicule ?
Enfin, merci également pour les AMV.
C’est un vrai poison pour moi, parce que c’est quelque chose qui me happe, et quand tu en lances un, tu en as des dizaines qui apparaissent à la suite dans ta file YouTube et tu ne peux plus t’arrêter.
L’AMV s’est aussi étendu aux autres médias, d’ailleurs, surtout de l’autre côté de l’océan Atlantique. Beaucoup d’AMV fait à partir de séries TV ou même de films. De montages entre personnages. Je trouve que soit ce sont de beaux résumés (moi qui n’ai jamais regardé un seul épisode de Naruto, contrairement à mon frangin qui était fan, j’ai presque eu envie de m’y mettre, après ta vidéo !), soit ce sont de beaux fantasmes qui prennent vie…
Bref, bravo et merci pour cet article, Eddy.
hello Kaori,
hé bien pour Sailor Moon, l’arrivée de chibi moon entame un cycle que les amateur de comics peuvent appeler « the dark cable saga » (une fille qui vient du futur qui a des côtés maléfiques..^^)
La dessinatrice qui a écrit Candy et Georgie est une spécialiste de ce genre de récit romantique. elle a d’ailleurs depuis fait les adaptation de MMe Bovary ou Heidi, des classiques littéraires dont elle s’est largement inspirée…
le débat sur le sexe, ça n’a pas de fin, l’occident de sort pas du reflexe de ne voir ça que sous la forme de la délinquance sexuelle, par extension, le sexe, c’est mal! point et on apprends nos enfants à le redouter et u voir un truc violent. C’est complexe, parce qu’on a pas les réponses. je suis quelques de très pudique dans la vraie vie, mai sla fiction pour moi est un domaine ou tout est permis. je n’ai jamais vu de trucs bizarre dans les blagues de Tortue Génial , au même titres que les Charlots faisaient voler des jupettes, Pierre Richard qui drague de manière maladroite, le loup de Tex Avery etc… ça vole pas haut mais ça fait sourire, Les japonais s’amusent du fait que l’homme pers ses moyens face aux femmes. je crois à la soupape de l’humour. dans un domaine qui n’a rien à voir avec le manga. Ma femme fait une formation de Shiatsu qui est une médecine tactile japonaise (inspirée de la medecine chinoise) qui rééduque tout le rapport au corps. rien que là, on voit que l’éducation est totalement différente et que certains contacts seraient vu comme obligatoirement sexuels chez nous, alors que pas dut tout. bon, c’est plus compliqué que ça, mais ça donne des pistes de réflexions supplémentaires.
je me suis appliqué à me déchristianiser depuis longtemps, je suppose que j’ai choisi mon camp^^
dans l’article, même si j’ai oublié des trucs à droite à gauche, j’ai essayé de parler de tout, même dans les vidéos choisies. c’est pour ça que j’ai mis des AMV qui sont des aspects complémentaires de l’évolution de de la japanime avec internet. le fort du fort étant ce mélange entre Macross+, CityHunter et Cowboy bebop. j’aurais voulu mettre ON YOU MARK le sublime clip du studio Ghibli mais je ne l’ai pas retrouvé.
Manga Mania aussi est un aspect important de tout une époque, je suis donc assez content de l’avoir retrouvé, il est d’avantage tout public que les jingles de manga vidéo anglais et français.
Quelle est la signification de AMV au fait ?
Animated manga video; ce sont des musiques avec des images de japanimes montées. il y en a des extraordinaires…
Ah d’accord, merci ! C’est bizarre et très bien fait (même si je n’aime pas la musique) le dernier que tu as mis avec Nicky Larson + Spike de CB.
Ce serait pas plutôt Anime Music video ?
De plus, sachant que manga est l’objet papier ce serait une formule très bizarre…
oui, tu as sans doute raison…. c’est plus logique comme ça…^^
Je viens de terminer la vision de la série HBO ROME, et je pense que cette histoire de nudité, de notre honte du corps, vient vraiment de la culture chrétienne plutôt que géographique. Si la chrétienté n’était jamais arrivée, on aurait peut-être toujours aucune pudeur ou chasteté ?
Si l’on suit le déroulé historique :
– J’ai pleinement vécu l’âge d’or. Le ROI LEO est même l’un de mes plus anciens souvenirs de dessins animés, sinon le plus ancien !
– J’ai fait une impasse totale sur l’âge d’argent. En même temps que je délaissais les comics Marvel. J’ai du grandir trop vite à cette époque et cet abandon était probablement symbolique. Toujours est-il que TOUTES les créations de cet âge d’argent provoquent chez moi un réflexe instantané de rejet !
– Je suis revenu à l’âge de Bronze, en même temps que j’ai repris la lecture… des comics Marvel (et autres) !
Merci pour ce tour d’horizon qui permet de bien remettre les choses à plat.
« Le marché se casse la gueule au fur et à mesure que la japanime s’embourgeoise avec les films de Satoshi Kon (PAPRIKA ou MILLENIUM ACTRESS) et plus tard Mamoru Hosoda (SUMMERS WAR) » : Cette phrase provoque chez moi une incompréhension. Etant fan de ces films suis-je un « embourgeoisé » ou n’ai-je pas bien compris la formule ? 🙁
Il me reste encore à découvrir tellement de choses de cet âge de bronze (non, je ne reviendrais pas sur la période de l’âge d’argent) ! Tellement de classiques que je n’ai toujours pas vus, à commencer par Ghost In the Shell et Cowboy Bebop ! et qui m’attendent dans ma DVDthèque !
Une dernière question : Pas de lien vers la série MONSTER ? Il me semble que le boss avait écrit l’article…
le terme « embourgeoisement » est un peu maladroit, je l’admets.
je voulais traduire qu’après des années de « japoniaiseries » dans les journaux, on a vu des papiers très positifs à propose des films de Hosoda ou Satoshi Kon dans Télérama etc…
tout à coup, c’était devenu bien. d’un côté c’est super bien, mais on y sent quand même une forme d’élitisme qui trie sur le volet l’animation « digne de ce nom ».
Pour Monster, c’est moi qui ai fait mon puriste, j’ai voulu dissocier l’animation du manga papier et j’ai pas pris les liens conduisant à des articles parlant du manga-BD. pour me concentrer sur les dessins animés. je ne suis pas à l’abri d’une erreur cela dit..^^
L’article sur Monster était indissociable Mangas- Animé
Bruce vexé à mort qui pleure au ralenti sous la pluie
Il a aussi zappé mon Escaflowne, Bruce. Pleurons ensemble…
Oui, j’ai recréé le lien ce matin, non ?
Non Kaori, j’ai pensé à toi pour cet article:
« DYBEX allait proposer toutes les nouveautés excitantes et ils frappèrent fort avec NEON GENESIS EVANGELION ), la série qui dépoussiéra le Mecha tout en rendant un hommage tordu à Go NagaÏ, le père de toute chose. LES VISIONS D’ESCAFLOWNE, grande rivale du précédent et également les joyaux de la couronne COWBOY BEBOP ou SERIAL EXPERMENT LAIN »
j’ai du zapper pour écourter le truc « Nazca » dont je te sais très fan aussi… générique de ouf!
Sorry Bruce, je n’ai pas torn article en tête, il parle de l’adaptation aussi? bon j’aurais du le rajouter alors…
Matt peut râler aussi d’ailleurs j’ai totalement oublier Nadia et le secret de l’eau bleue et Hideaki Anno en général…
quand on cherche, on trouve..^^
mais bon ça aurait pu finir en catalogue tout ça… ^^
Ah oui, merci Bruce !
J’étais sans doute trop pressée 😉
Eddy, pour raccourcir, je suis de plus en plus persuadée que notre vécu entre en ligne de compte.
J’ai du mal à rire des tentatives de plotage de Tortue Géniale, désormais, parce que le harcèlement est quelque chose que je connais et qui ne me fait pas vraiment rire.
L’idiotie de Ryô passe encore, mais je me rappelle d’avoir quand même tiqué sur un baiser volé.
Bien sûr que c’est de la fiction. Mais là-dessus, je n’arrive plus à trouver ça drôle.
De même, les scènes de grosse violence, avec un personnage qui se fait défoncé, limite torturé, ça me met assez mal à l’aise…
Je crois qu’il devient plus difficile une fois adulte de ne pas penser à une certaine moralité…
Tu me fais penser qu’il faudra que je ponde un truc sur RANMA 1/2 qui contient à peu près tout ce que pourrais exprimer sur ce sujet…
voilà une comédie fleur bleue (un bisou c’est quand même une demande en mariage la dedans), dont le héros se transforme e fille et passe la moitié du manga à poil sans que jamais ça ne soit même érotique.
c’est au contraire un déboitage en réglé de la flambée de manga virils à la mode à cette époque avec (special dédicace à Bruce) un sévère claque aux Chevalier du zodiaque. il y a un petit vieux pervers abominable bien pire que Tortue géniale qui n’a absolument aucune morale (voleur, escroc, obsédé). c’est une antithèse du vieux maître sage qui sert à Takahashi à flinguer les manga d’arts martiaux.
Evidemment le vécu et notre époque nous influence, mais tu as déjà du remarquer à quel point j’étais pas du tout connecté à notre époque. la tête enfoncé dans les faits divers, on saute à des conclusions vraiment incroyable.
je trouve que le retour à la pudibonderie ne fera que PLUS de faits divers…plus de tabous, plus de perversions… je ne crois pas à la Safe TV…
mais je suis conscient qu’être un bonhomme m’a mis à l’abri de pas mal de choses (en m’exposant à d’autres…)
Eddy, je parlais du lien vers mon article, j’ai bien vu que tu avais cité les animés les plus importants, tu ne pouvais pas tous les mettre.
Merci pour le rappel de NAZCA et de son générique si magnifique. El condor paso ou quelque chose comme ça, que je ne connaissais que par Simon & Garfunkel.
Pour la pudibonderie, si j’étais réfractaire, je ne laisserais pas mes enfants regarder, mais il y a plein de nouvelles pensées qui traversent mon esprit durant ces moments pervers…
Ranma 1/2, oui c’était drôle et pas du tout érotique. J’étais fan du pauvre Roland qui se transformait en mignon petit cochon asiatique… Je n’ai aucun souvenir du vieux !!
PS : jette un oeil à Messenger de temps en temps 😉
@Tornado > Tu les as en plus ! Allez ti files mater ces films et tu reviens avec le sourire! À tout à l’heure !
Un article avec un fort pouvoir d’évocation pour ceux qui, comme moi, ont vécu (presque) toutes ces années !
C’est passionnant de se replonger là-dedans, avec quelques (re)découvertes pour moi… La xénophobie des programmateurs télé dans les années 80 est assez terrible… Arriver à produire et diffuser des merdes françaises comme Hélène et les garçons juste pour fournir le quota hexagonal, ça laisse pantois…
Je souhaiterais amener une nuance par rapport à la vague japanim’ qui a tout balayé sur son passage… Dans les années 80, des franchises « américaines » avaient quand même trouvé leur chemin dans l’imaginaire des gosses : les Maîtres de l’Univers, MASK, Transformers, Cosmocats…
Et pour l’occidentalisation, elle transparait dans certaines oeuvres, notamment Cowboy Bebop, avec les influences majeures du jazz et du film noir.
Coincidence : le jour où paraît cet article, j’ai commencé un custom de… Cobra !
merci JP
oui les années 80 avaient des animés américains mais le fossé franchement… avec la morale à la fin l’horreur absolue pour moi…^^
les xénophobie sans doute…Pour relativiser, économiquement ça s’appelle le protectionnisme et tout le monde le fait le Japon plus que tout autre.
En France, ça prend des tournures « peu crédibles » avec le reproche d’aller voir ailleurs des trucs qu’on ne produit pas…
il y a qu’à voir cette concurrence avec le cinéma américain qui n’existe même pas…on persiste à faire des comédies lourdingues ou des films à messages…Forcément, rien de récréatif.
Le cinéma de Hong kong ou indien n’hésitent pas et restent des succès locaux conséquents.
Je re-tiens à dire que j’ai le même vinyle de Goldorak ! Il est là, chez moi, dans ma bibli ! Je ne peux plus l’écouter mais bon, je ne dois pas perdre grand-chose. Dans mon souvenir, c’est un épisode, version audio.
Je vais me régaler à lire ton article car je ne suis jamais vraiment tombé dans l’anime et les mangas, même si j’en lis et en regarde. Je ne fais pas partie de ceux qui sont devenus fans de tout ce qui vient du Japon. Mon fils par contre a déjà plus de 400 mangas…
« le fait que les aztèques ne le mentionnent pas dans leurs prophéties m’incite à ne pas prendre ces gens-là trop au sérieux quand même » Ahah ! J’adorerai être capable de sortir des conneries drôles comme ça 😀
Tu as raison pour les périodes d’or, argent et bronze, et je l’ai toujours trouvée moi-même un peu idiote. Mais je les considère plus comme une sorte de chronologie obligatoire où l’or correspond à la période des pionniers, et donc des premiers. Ce qui n’a finalement aucun rapport avec la qualité, uniquement un ordre chronologique.
Cela dit, enfant, j’étais fou de LA BATAILLE DES PLANETES. J’adorai leurs costumes, leurs engins, leur équipe. Etant de l’Est, j’ai depuis l’enfance accès à RTL, la chaîne de télé, je ne suis pas certain que le reste de la France pouvait la voir. Or le dimanche matin, il y avait CHOCOLAT SHOW, une émission sans animateur mais avec beaucoup ed programmes différents, dont les Sherlock Holmes de Miyazaki et ses Trois mousquetaires dont j’étais totalement fan. Il y avait même une série télé suédoise assez incroyable, à l’histoire étrange et comique (cela parlait d’hommes du futur recherchant une de leurs éminentes personnalités scientifiques dans le passé, un truc dans le genre), mais je suis bien incapable de retrouver son titre. Pourtant j’en ai des images très nettes.
Je n’avais jamais vu le rapprochement Hitler / Goldorak, c’est hallucinant. Autant stupide que scandaleux.
Clémentine !! Ah oui c’était top. Avec son chat Hélice ?
Dans ton âge d’argent, tu oublies CAT’S EYES et EDGAR GENTLEMAN CAMBRIOLEUR qui passaient sur FR3, non ? Moi j’étais fan de ces deux séries-là. Et je regardai aussi JEANNE ET SERGE et LUCILLE EMBRASSE-MOI… J’ai tout laissé tomber avec l’arrivée de DB (même si au début c’était drôle) et des CDZ (jamais vraiment regardé un épisode en entier). Bon, COBRA aussi j’adorai.
J’ai un vague souvenir de Robotech, a priori c’était plus soigné au niveau de l’animation et il y avait un générique très rock qui m’avait impressionné. Ce n’est pas là aussi qu’il y a eu le COLLEGE FOU FOU FOU ?
Akira, j’ai la vieille version Glénat en couleur et en fascicules. J’ai vu l’anime à l’époque. Et puis après je suis tombé sur du mauvais, avec des tentacules et des fesses, et je n’ai pas vraiment cherché plus loin. Pourtant plein de choses m’intéressaient. ARMITAGE III, ça avait l’air super, mais je ne l’ai jamais vu ! Je n’ai toujours pas lu le premier tome de RANMA 1/2 que j’ai acheté, et n’ai jamais vu un seul épisode. Pareil, je n’ai aucun DR SLUMP ni vu un seul anime. Mais j’ai vu GHOST IN THE SHELL au ciné et en VOST. J’étais déjà étudiant.
Je suis en train de relire GUNNM, prêtés par le fiston. J’en suis au troisième tome, j’avance doucement, le dessin est magnifique et l’histoire semble couler de source, c’est vraiment du grand art.
Très belle analyse lorsque tu parles de l’arrivée de CODE LYOKO.
Je dois encore finir de visionner ASSASSINATION CLASSROOM (vu quatre épisodes), me faire YOUR LIE IN APRIL, L’ATTAQUE DES TITANS, voir les Ghibli pas encore vu (je me suis fait LE CHATEAU DANS LE CIEL, ça a un peu vieilli mais on sent l’ambiance Jules Verne et l’humour me rappelle les mangas de mon enfance)… j’ai un boulot monstre. Heureusement que j’ai déjà vu COWBOY BEBOP deux fois.
Oh, je suis très touché que tu m’aies dédicacé cet article ! Merci beaucoup Eddy ! Ton article m’apprend beaucoup, j’y reviendrai sans aucun doute lorsque j’aurai certaines questions ou vu de nouvelles choses. C’est un encyclopegeek qui méritait largement d’être écrit.
Jyrille,
je n’oublie pas que tout est parti d’un échange de comms entre nous et que Bruce nous a interrompu en disant qu’il y avait matière à article…
je suis rentré chez moi et j’ai planché….
Cat’s Eye, c’est fin golden age, avant le club do il me semble… transition on va dire.
si tu es fan de SF et de vielles oav je te conseille ARMITAGE III, SOL BIANCA ou encore BLUE SUBMAINE 6, tu peux même tenter le reboot des GATCHAMAN (force g), ça gagne en crédibilité ce que ça perd en charme. la vieille OAV d’APPLESEED et MACROSS+
Myiazaki n’a rien à voir avec les trois mousquetaires version chien même si ça partage une parenté flagrante avec Sherlock Holmes
Ah tu vois j’en étais pas certain mais presque sûr pour les mousquetaires… quasi la même animation. Merci de la précision. Et merci pour les conseils, j’ai une VHS de Appleseed dont je n’ai aucun souvenir, il doit traîner chez moi ou chez ma mère encore…
https://wiki.lepaysdumanga.fr/_media/les_oav/a/appleseed_dvd_1.jpg
Par contre je n’ai pas vu les autres du tout !
Merci Eddy d’avoir ravivé ma mémoire.
Lorsque tu as évoqué certains animés des images
sont revenues comme par magie.
Les unes plus facilement que d’autres: Il m’a quand même fallu un petit effort pour le « Roi Léo ».
Je suis allé le chercher aux tréfonds de ma mémoire.
Et oui… ce n’est pas toujours facile pour ma petite tête de nouveau cinquantenaire 😉
J’adore ce petit exercice ludique est revitalisant.
Je m’aperçois que je n’est pas encore alzheimer c’est rassurant 🙂
Que je N’Ai. Damned mon téléphone écrit n’importe quoi…
Quelques autres pistes de débats avec mon copain Eddy (et les autres bien sûr)
// Seiya : en quoi tu trouves que nous sommes dans un manga viril ?
Je ne trouve pas du tout : tous les persos sont androgynes et passent leur temps à pleurer. Même le plus macho d’entre les chevaliers, Ikki est super sensible. Ken le survivant, DB c’est macho, oui. Pas les chevaliers.
« Toute une culture s’infusait dans le cerveau de la jeunesse française avec ses codes pourtant si différents exempts des scories de la mentalité judéo-chrétienne. »
Ummm.
Je lis actuellement la biographie du poète Mishima. J’y apprends notamment que l’occupation américaine et la détestation mutuelle de la chine communiste ont tôt fait de rapprocher Japonais et Amricains.
Or je trouve quand dans tous les mangas on reste dans un archétype judéo-chrétien : une apocalypse que seul un élu peut empêcher avec ses amis /disciples. Au contraire, ce culte du messie, cette apologie de la souffrance au détriment du bonheur, cet esprit du sacrifice, on est dans la chrétienté pure !
Seiya, c’est sanglant, combats à tout va, morts etc.
Les silhouettes androgynes, je ne sais pas à quoi c’est dû, mais le propos est clairement à destination des garçons.
On est très très loin des trucs pour filles. D’ailleurs, dans les « trucs pour filles », majoritairement, le héros est une fille.
Tous les magical girls, les trucs à la Candy, Gwendoline et cie…
Même dans le sport on pouvait identifier ceux pour filles et ceux pour garçons, rien qu’en comptant le nombre de personnages de chaque sexe. Équipe féminine ou équipe masculine.
Dans Saint Seiya, t’as 3 ou 4 filles à tout casser, contre 50 chevaliers prêts à mourir pour leur déesse. (Mais laissez-la crever bon sang…)
Pour la religion, je passe… C’est plus mon domaine !
Effectivement, vu sous cet angle du sang et de la violence, on est dans le cahier des charges du Shonen.
Cependant, tout le débat récent autour de transformer Shun en femme et le tollé que ça a déclenché montre que le public était attaché à ces garçons sensibles qui assumaient pleinement leur féminité en pleurant plus qu’à leur tour. C’est la seule série de cette époque où les hommes extériorisent autant leurs souffrances.
A ma connaissance Goku n’a jamais pleuré. Vegeta, oui, juste avant de mourir contre Freezer.
Les larmes dans les Shonen…
Bonne question.
Les héros en bavent toujours, on est d’accord. S’autorisent-ils à extérioriser leurs souffrances ?
Ken a-t-il déjà pleuré ?
Pourquoi tant de larmes dans Saint Seiya ? À vrai dire, je n’avais pas le souvenir que ça chouinait autant. Je me rappelle surtout de cette transcendance, cette abnégation, ce désir de surmonter par-dessus tout les pires épreuves, et ça on le retrouve bien dans DBZ. Pas au point christique quand même des Chevaliers, mais on a cette même idée.
Parce que les Chevaliers, c’était violent. Les yeux qui s’éteignent, symbolisant la mort, puis les cosmo-énergies qui venaient en renfort et permettaient à Seiya de transcender sa douleur, le corps disloqué et ensanglanté… Tout était dans l’exagération, le jusqueboutisme. Peut-être que les larmes font partie du package, une manière supplémentaire d’illustrer la douleur…
La virilité au japon…
je crois qu’on décrit le héros Genji comme étant « beau comme une femme »,
les japonais avaient tendance à avoir une répugnance pour les poils, signe animalier ou démoniaque. la jeunesse est idéalisé un max, rappelons nous la métaphore de la floraison du cerisier arbre national. certains disent même que le drapeau japonais n’est pas le soleil levant mais une cerise dans un bol de riz.
les héros des CDZ sont donc virils.
les larmes ne sont pas tabous non plus en asie. il faut voir leur adoration pour le mélo et cette façon de mettre en scène les larmes qu’elles soient dramatiques (les fameuses gouttes qui font des traces sur le sol ou des étoiles qui tombent du visages.) ou drôle (les torrents parfois assimilés à des tsunamis sur fond d’estampes.
pour la spirituallité, c’est difficile car c’est du cas par cas. Saint Seya est très marqué par l’occident et la chrétienté en effet…
Ken est profondément bouddhiste .
J’ai lu tout d’un bloc… Un vrai retour dans le passé que je me suis pris dans la figure, et qui me fait prendre conscience par tout ce par quoi je suis passé… Chacun des dessins animés cité m’a ramené à diverses périodes de mon enfance et aux divers lieux que j’ai pu habiter ( de 2 à 17 ans, mes parents ont déménagé 9 fois et j’ai fait 13 écoles différentes). C’est officiel : j’ai vieilli et je le réalise durement. Bouhouhou!
Merci milles millions de fois en tout cas pour ce merveilleux récit qui, au delà des larmes de nostalgie que tu m’as arraché, m’ont apporté l’éclairage dont j’avais besoin…
Je me souviens du magazine Player One que j’achetais religieusement tous les mois non seulement pour ses articles de jeux vidéos, mais aussi pour ses dernières pages consacrées à la japanimation…
Je me souviens de la naissance du Club Do, de mes VHS où les étiquettes marquées au crayon stipulaient des noms issus du pays du soleil levant.
Je me souviens de mes premiers mangas papiers achetés à une minuscule librairie spécialisée import tenue par un post-hippie.
Je me souviens du scandale Ségolène Royal et de la mort de la Cinq ( d’ailleurs je continue de suivre sur FB Jean Claude Bourret).
Putain, chuis triste et heureux en même temps… Chuis vieux… 🙂
J’arrive après la bataille mais chapeau bas pour cet article captivant, même si je constate que l’écrasante majorité des noms que tu égraines dans la seconde moitié de ton article me sont totalement inconnus ! (pas le moindre des paradoxes pour quelqu’un qui a vécu au Japon ^^)
Mais quoi qu’il en soit pour la première moitié j’ai trouvé l’attitude de Ségolène Royal (à l’indignation sélective) parfaitement aberrante… Du reste c’est bien simple je ne voterai pas pour elle ! Voilà ^^
Merci pour cette intéressante rétrospective et les échanges qui s’ensuivent. Je voudrais juste apporter un rectificatif sur la période qui précède le passage de Goldorak à Récré A2 en juillet 1978 et vous inviter à lire les travaux de Marco Pellitteri qui précisent bien les choses, entre autres sur la base d’interviews de Jacques Canestrier et Jacques Willemont (voir aussi le site de ce dernier et sa rubrique Goldorak ici : http://willemont.willemont.pro/goldorak/).
Le dernier article en français de Marco Pellitteri est ici : https://journals.openedition.org/rfsic/8124
Vous y trouverez de quoi réécrire votre passage erroné et un résumé complémentaire se trouve par ailleurs ici : http://www.goldorakgo.com/wiki/index.php?title=Histoire_de_l%27arriv%C3%A9e_de_la_s%C3%A9rie_en_France
Bonne lecture et pour ceux que cela intéressera, voici le contenu de la dernière conférence du collectif Francorak (qui a une page Fb) : https://invincible-goldorak.forumactif.org/t1387-conference-goldorak-au-japan-tours-festival-2020
Bien à vous.
Merci biniou
Je vais lire tout ça.
et si j’écris un livre sur le sujet, je m’efforcerais d’être plus ‘accurate »
De rien, avec plaisir, et je me permets aussi de préciser que pour tout écriture visant à apporter de la connaissance, surtout si elle est publique comme ici, il est impératif de citer ses sources 😉 Sinon cela est sans valeur aucune à mon sens. Bons projets !
Quelles sources? J’ai tout inventé… 🙂
la plupart des renseignements sont des dates issues de Wikipédia.
après je remercie le site de David Yukio qui m’a énormément aidé.
un vieux fanzine Flashback et le reste, ce sont des commentaires que je fais de mémoire…tout simplement.
mais sauf les histoires de qui a fait quoi dans l’affaire Jacques Willemot, Canestrier et Bruno Huchez, dont je ne savais rien (et même après lecture, ça fait un peu dispute de récréaction, c’est à moi, non à moi! ce que je trouve sans grand intérêt), tout est assez vérifiable un peu partout… j’ignorais qu’il fallait dire d’où je tire que telle vidéo a été édité chez untel ou untel…
mettre en corrélation les faits entre eux ne sont que pures conjectures de ma part. j’essaie ne pas être trop à coté…
C’est une autobio déguisé en somme.
Ne t’inquiète pas Eddy, tu n’as rien à justifier. Tu n’es pas ici sur un bouquin officiel ou autre référence universitaire. Tu fais un article pour un blog. Et même en milieu pro, personne ne cite de sources (a-t-on déjà vu écrit « ibid » dans un Mad Movies ou même un Télérama ???) dans un magazine ou autre machin journalistique. Mr Biniou fait du zèle alors qu’on ne lui a rien demandé ! 🙂
Je plussoie au commentaire de Tornado, Eddy : Bruce Lit est et sera toujours un site généraliste.
Un point de départ.
Une rampe de lancement.
Être factuel, rigoureux et précis, c’est très bien. Le site n’aurait pas le succès qu’il a si nous n’imprimions que des conneries, confondrions Toriyama et Kurumada ou si, sur les articles rock, affirmerions que Paul MacCartney était le batteur de Pink Floyd.
Mais ça s’arrête là. J’ai déjà pointé que je suis contre les articles longs et celui-ci l’est déjà suffisamment pour s’encombre de pied-de page ou de Ibid-
Rappelons gentiment à tous nos lecteurs un peu chipoteurs (mais c’est bien de chipoter, de laisser des commentaires, c’est vivant et ce qui fait de notre site un réel espace de discussion), que Bruce Lit Le BLog n’est ni une fanzine, ni un collectif de journaliste et encore moins un journal en ligne.
Il s’agit d’un blog écrit par globalement des petits quarantenaires après une journée de boulot, la vaisselle faîte et les enfants couchés. En outre, il est totalement gratuit ! Lorsque nous aurons quelques millions de lecteurs, un service de relation presse-web (j’en rêve, je pourrai enfin me pavaner sur les plateaux télé et discuter avec Elizabeth Levy) et une cotisation permettant de remplir la piscine de mon jardin, nous pourrons nous permettre d’être spécialisés.
En attendant, l’article est très bien, pédagogique et tout à fait dans la lignée de mon blog : pointu sans être à la pointe, exigeant mais relax.
Encore bravo Eddy !
Savant et décontracté du gland. Il manque Le collège fou fou fou cependant.
Merci Actarusse…
Kimengumi… oui c’est culte…je crois l’avoir occulté inconsciemment…
il ya tellement de série que j’ai du écarter…nous avons vraiment été bombardé durant notre enfance, je repense machinalement à Gigi, Les Samouraïs de l’eternel, Card captor sakura…