Interview Patrick Eudeline
Un entretien mené par BRUCE LIT
Je dédie cette interview à mes amis Tornado et Eddy, l’un anti-punk et Floydien forcené, et l’autre critique impitoyable de Rock’n’Folk.
1ère publication le 13/03/20 – MAJ le 12/02/22
J’admire Eudeline depuis une vingtaine d’années. Son style, son érudition, son amour du rock, ses articles pour Rock’n’Folk et ses romans, ses regrets aussi.
Il a côtoyé une jeune Siouxsie, William Burroughs, Christophe, s’est drogué avec Daniel Darc, a inspiré la jeune Virginie Despentes, soutenu le Punk dans la France de Giscard et défendu Johnny dont il a toujours été fan. Il est l’un des seul survivant d’Asphalt Jungle.
Je le rencontre un jour de St Valentin pour la dédicace de son nouveau roman ANOUSHKA 79, l’histoire d’un jeune Punk parti à la recherche de sa copine de défonce disparue dans un Paris en déliquescence et en junko-délinquance. Une séance à son image : haute-en-couleur, à la fois foutraque, snob, souvent touchante de maladresse. Il arrive nerveux, dans l’état de ces vieux rockers défoncés même des années après le clean-up time. Son débit de parole est rapide. Il jongle avec ses lunettes noires, fait de grands gestes passionnés et laisse entrevoir des yeux d’un vert délavé qui le rendent très séduisant. L’homme est plus timide que sauvage. Il se rappelle de nos conversations sur le Net et accepte spontanément ma proposition d’interview. Manoeuvre avait ainsi procédé l’an dernier et je rentre enchanté, mais pas dupe : rien ne l’oblige à me répondre.
Pourtant ce 29 février, au café de mon frangin, il arrive pile à l’heure, engage sur un chocolat chaud alors que je pensais lui faire plaisir en attaquant au Jack Daniel’s.
Eudeline a beaucoup d’ennemis et n’a jamais fait aucun effort pour se faire aimer. A 65 ans passés, son gout pour la provocation, ses formules lapidaires même envers ses amis, son franc parler et ses contradictions sont intacts. C’est pourtant un Dandy très accessible, disponible, sans filtre et d’une grande gentillesse qui accepte une interview de plus de 3 heures puis l’apéro puis un repas en terrasse. Cet entretien est un mix de ces moments enregistrés et de conversations informelles où Eudeline en vrai Gentleman me laisse carte blanche quant à la retranscription forcément émaillée de hors sujets, de bruits de bar (merci à l’équipe du Festiv’ pour sa patience) et l’excitation mêlée d’anxiété d’avoir en face de moi un personnage de La vie en Rock.
Voici ma rencontre avec un authentique écrivain et rescapé de l’underground parisien des 80’s , ces années que tout le monde a détesté sans pouvoir les enterrer.
Bonjour Patrick. Dionnet a sorti son autobiographie cette année, Manoeuvre la sienne l’an dernier, toi tu sors un roman. L’exercice ne t’a pas intéressé ?
J’en voyais pas l’intérêt, j’ai refusé plusieurs fois, le côté Name Dropping du truc… Celle de Chrissie Hynde était très bien, celle de Rod Stewart, il y avait 20 pages formidables, tout le reste était inutile ; LIFE de Keith Richards, je ne trouve pas ça fascinant. Bref, l’autobiographie c’est intéressant quand c’est un roman commandé, de l’autofiction, tu vois ?
Ton héros est une version à peine dissimulée de Simon Reggiani, le fils de… Pourquoi ce choix plutôt qu’un jeune Patrick Eudeline ?
C’est pas tout à fait lui. J’ai emprunté beaucoup de la vie de Simon : le père célèbre, le frère mort, un héros romantique punk parfait, oui, bien sûr. D’un point de vue psychologique, ce n’est pas Simon, il n’aurait pas réagi comme le personnage de mon roman.
Lors de la séance de dédicace à Gibert, tu as invité Reggiani à jouer avec toi. Un personnage qui a commencé à déborder quitte à t’éclipser. Il a notamment admis n’avoir pas lu ton livre, celui dont il est le héros. Nous sommes en pleine escroquerie du rock’n’roll là !
Simon est un personnage un peu bipolaire. Il faut savoir que ça fait 15 ans qu’il veut faire un film sur le Punk, c’est un truc obsessionnel chez lui. Je lui ai proposé de jouer du saxo sur un morceau . Je n’aurais jamais pensé qu’il prendrait ma guitare pour jouer de vieux morceaux d’Asphalt.
Le bouquin, il l’a lu depuis, je ne lui souhaite que le meilleur.
Bertrand Burgalat a pointé le fait que l’on marche beaucoup dans ton roman. Je n’ai pas pu m’empêcher de faire la comparaison avec le nom de ton groupe, ASPHALT JUNGLE, où Simon tel un animal traverse cette jungle urbaine à la recherche de son prochain shoot…
Burgalat a raison. C’est un peu comme LE PIÉTON DE PARIS chez Aragon (en fait,un livre de Léon-Paul Fargue -Ndr) . Tout le monde me parle de ma connaissance de Paris, tout ça : c’est totalement usurpé : j’ai été à moitié aveugle pendant des années, je voyais pas le nom des rues…J’ai retrouvé la vue grâce à une opération.
Le Punk, c’était programmé pour mourir vite comme toutes les choses importantes. L’Héroïne a tué le Punk Rock, c’était notre quotidien. Il était évident que l’Héroïne serait très présente dans le roman parce que très présente dans la vie des gens, voilà, c’est aussi simple que ça…Simon n’est pas vraiment Junk, sinon il ne se préoccuperait pas vraiment d’Anoushka, juste de sa dose. Il y a un chapitre sur les Dealers de l’époque, je l’ai vécue ou observée. Tout est vrai avec quelques personnages déguisés, notamment le manager de Vince Taylor.
Tes positions sur le Punk et La vie en rock dans BEST puis ROCK’N’FOLK t’ont souvent valu d’être taxé de réactionnaire. En te lisant, c’est plus nuancé : c’était pas mieux avant mais c’est bien pire après !
(Attentif) Très bonne définition, j’aime beaucoup, ça me va !
Ton écriture est très imagée : beaucoup de vocabulaire rock, de jargon de toxico (Corinne pour Cocaïne, Hélène pour Héroïne) mais aussi un très bel exercice de style : on ne sait pas où commence le verbe de Simon un ado de 1979 et où finit celui d’un Eudeline de 2020….
Je parle comme le roman l’exige, c’est aussi simple que ça. J’ai voulu que le langage soit celui de 1979 ! Il n’y a pas un objet, une expression, une pensée qui soit postérieure. J’ai fait très attention à ça, notamment sur les disques que je cite, j’ai horreur des anachronismes. Le seul que je me suis permis, c’est le discours de George Marchais sur l’immigration qui survient quelque temps après. C’est une licence poétique, voilà !
Tu écris que le Paris Punk est un village, une grande famille : dans ton livre on ne s’y drogue jamais seul…
Je n’y avais jamais pensé , ta remarque est bien ! Ça se passait comme ça : même rechercher le produit chez le Dealer, c’était pas un truc de solitaire. En général, c’était fréquent que tu ailles chercher ta dose avec un ami , pour se soutenir, je suppose. En 1979, tu avais encore du Deal en appartement. on trouvait de la blanche pure héritée de la French Connection. C’est pour ça que Johnny Thunders (le guitariste des New York Dolls dont il a été dit qu’il a précipité dans la dope tous les gamins qui le trouvaient cool -Nda) était toujours à Paris. Avec le Brown Sugar, un espèce de machin jaunâtre comme dans la chanson des Stones qu’il fallait dissoudre dans du citron et dans du vinaire, c’est le Deal de rue qui apparaît. La consommation d’Héroïne est devenue un truc plus solitaire.
Tu adresses un clin d’oeil presque invisible à Gainsbourg et sa chanson LES PETITS RIEN : »Elle me donne peu. J’en ai conscience, mais pour moi c’est déjà beaucoup ce presque rien »…
Inconscient le clin d’oeil. Je suis tellement fan depuis toujours… Le style, c’est qui reste quand tu as tout oublié. Moi au début j’étais Yves Adrien et après Jean-Jacques Schuhl, des influences évidentes. Gainsbourg, c’est digéré. Le truc de l’écriture, c’est que les trucs ressortent et tu ne sais pas d’où ça vient.
Piquer une trentaine de 33 tours aux BHV pour acheter de la poudre, c’est du vécu ?
Bien sûr ! Avec Riton, il passait chez moi, me proposait son plan et comme un con je le suivais…
Tu es clean depuis combien de temps ?
De l’héro depuis très longtemps, ça se compte en décennies. La clope, c’est plus difficile à arrêter que la dope.
J’ai continué à visiter les centres de Désintox, notamment celle de Montévideo (une clinique de désintoxication situé à …Boulogne-Billancourt. Eudeline en a tiré un duo avec Daniel Darc à l’époque de AMOURS SUPRÊMES. -Nda) mais en tant que visiteur de mon ami Daniel Darc. Sa maison de disques lui payait son séjour quand ça commençait à marcher, avant ils s’en foutaient. Il aimait bien, ça lui faisait des vacances et il avait toujours du ravitaillement. Ils planquaient leur truc avec Joey Starr sous la table de nuit.
Daniel, pendant toute une période, quand on a enregistré ensemble, tous les jours il arrivait, il achetait de la Coke. Au début, ça semble idéal pour décrocher de l’Héro, mais quand tu la fixes, c’est une autre affaire. Daniel, je lui ai sauvé la vie…pffff….Plusieurs fois il a failli devenir sourd et aveugle devant moi. Son corps était très usé…On le pensait indestructible, il était très affaibli les derniers mois. On pensait qu’il allait se remettre. Et puis, voilà…
Simon déguise l’overdose d’un de ses amis, Maxwell, en crise cardiaque sur un banc : tu étais où le 03 juillet 71, le jour de la mort de Jim Morrison ?
C’est marrant, je repensais à ça il y a quelques jours. Ma mère était dans la cuisine : « Patrick, il y a un mec des Rolling Stones qui est mort … »
J’ai rencontré peu de temps après les acteurs de cette mort : Hervé Muller, les gens du Rock’nRoll Circus (le bar où le corps du chanteur des Doors a été découvert. Une overdose d’héroïne maquillée en crise cardiaque- Nda) . Jamais réussi à y rentrer au Rock’nRoll Circus sauf un après midi… Que de la musique de minets, James Brown, tout ça…
James Brown de la musique de minet ?!
Oui, un jour il faudrait que je raconte tout ça. C’est comme les Mods en Angleterre , tu as eu la première génération. En France, tu as les Drugstores et puis ça disparaît. Il y a une résurgence 5 ans après, tu as des jeunes mecs très prolos qui mettaient des costards qui venaient de chez Jean Raymond avec des Westons et des ceintures en crocos et qui écoutaient du James Brown. Moi j’étais habillé sur mon 31, pas du tout dans le style minet.
Tu aimais Morrison ?
Je m’en fous de Morrison, ses poèmes, pour moi c’est du pipi de chat…J’aime les Doors, les textes des chansons, sur scène il était grandiose. LOVE STREET, c’est génial. Je lui rends hommage en écrivant LOVE LANE, la face B de POLLY MAGOO un mélange de PENNY LANE et LOVE STREET.
Es-tu un lecteur de BD ? J’ai repéré une coquille dans ANOUSHKA 79 : Le fameux crabe de Hergé c’est dans LE CRABE AUX PINCES D’OR et non dans LES CIGARES DU PHARAON….
La BD Franco-belge, oui j’en ai lu. Pour la coquille, t’es sûr ?
Oui…
Ok, ben merde, j’aurais dû vérifier (contrarié). J’ai tellement lu Hergé…, j’ai tellement découvert le monde avec lui…Ma mère avait tous les Tintin. J’ai découvert l’Amérique avec Tintin.
C’est pas grave !
Si, c’est grave ! (Silence)
Il y a un passage terrifiant où tu décris une montée puis une descente d’acide…
L’acide c’était regarder Dieu en face. Ce que je raconte avec les œufs sur le plat qui dansent le Twist, c’est du vécu. Quand l’Acide est arrivé, j’étais encore trop gamin. J’ai fumé un peu de Shit, c’était le truc du Golf Drouot, le Cannabis et tout ça….L’acide c’était la drogue des hippies, j’en ai pris après à la fin du Punk Rock, c’était une porte de sortie à l’héro.
Tu as aimé Pink Floyd, le groupe qu’il fallait détester chez les Punks ?
C’est un peu une connerie cette déclaration de Rotten, il l’a regrettée ces dernières année, des choses que tu relativises avec le temps.
ANIMALS, c’est du Punk, Patrick !
Non, non j’m’en fous de ce disque. Pink Floyd ça s’arrête pour moi avec DARK SIDE OF THE MOON, point ! ATOM HEART MOTHER, je respecte. Je n’ai pas de problèmes avec ce groupe. Ils avaient une image hippie, ça pouvait pas coller avec les gamins qui n’avaient que les Stooges et les Pistols à la maison. Même les disques de Bowie, ils les cachaient. Rappelle-toi des Clash qui ne voulaient plus des Beatles en 1977. Une connerie. Joe Strummer m’avait confié regretter cette phrase, c’était démagogique.
Et puis Chris Thomas a mixé aussi bien le Floyd que les Pistols
Absolument !
Si ton ami Daniel Darc était le poète Punk par excellence, tu en es l’écrivain. Je me suis toujours posé la question de la construction de votre culture littéraire assez pointue dans un emploi du temps, on l’a vu, essentiellement axé sur la dope.
On avait déjà beaucoup lu avant. Une fois que tu as eu ta dose, il te reste un peu de temps quand même. J’ai moins lu dans les années 80 avec l’arrivée des écrans. Et puis j’ai commencé à perdre la vue. J’ai commencé à porter mes lunettes noires pour imiter Dylan ou Polnareff qui étaient aussi myopes que moi.
https://www.youtube.com/watch?v=C2D_1xa_5zE
Eudeline + Despentes + Daniel Darc = Mauvaise Etoile
Certains passages ne manquent pas d’humour, notamment celui où tu racontes que l’héroïne était coupée avec des épices pour tajines et la coke à de l’aspirine…
Ben oui, tout ça est rigoureusement exact !
Comme Iggy Pop tu as connu la rue avant d’être remis en selle par Despentes dont l’admiration t’a servi de déclic. As-tu déjà rêvé d’une vie rangée ?
J’ai pas eu le choix de cette vie là, tu sais… Dès 13 ans, c’était l’explosion de musique la plus forte que tu puisses imaginer. Je ne me suis jamais demandé ce que j’allais faire une fois grand, tout s’est enchaîné très vite. Si j’avais été encouragé par mon père, j’aurais pu reprendre mes études s’il m’avait poussé au lieu de laisser son fils dehors. Il était con et vieux. Je n’ai pas changé d’avis sur lui, il était bête et stupide. Sa mort est le plus beau jour de ma vie. Ma mère m’en veut encore de cette phrase.
Si tu avais eu un enfant, l’aurais-tu laissé écouter Johnny Thunders ?
(Ému, il cherche ses mots) Le gosse, ça a failli, j’ai refusé plein de fois, quand j’ai dit oui, ça a raté…les regrets, les remords…
Johnny Thunders ? j’aurais essayé de lui faire découvrir des choses bien mais cela aurait été stupide de lui imposer mes goûts. Thunders, nous a tous précipité dans la dope, je l’ai dit. Mais au final, ce n’est ni sa faute, ni celle de Keith Richards ou de Lou Reed : tout le monde à son libre arbitre.
Tu suis la scène Française actuelle ? Biolay, Angèle, Luciani ?
Biolay a du talent, il sait composer, écrire. Bien.
La gamine, Adèle, Angèle, là ? Sa place est au cinéma, elle va exploser. Sa musique ? Non !
Luciani, c’est pas la pire, un revival Blondie pas trop mal fait.
Les Liminanas ?
Non… Je déteste pas, c’est très bien. c’est bien que ça existe. Pas mon truc, le disque ne m’a pas ébloui mais je suis content pour eux.
Alister me confiait ne pas vouloir se compromettre à écrire pour les autres. Et toi ?
J’ai écrit pour Elodie Fregé, très belle personne, très belle fille (LE SEXE DES ANGES, introuvable sur Youtube -Nda).
Tu sais, je vais te dire un truc : avec Alister, on a envie d’écrire pour les autres, on ne demande que ça, mais c’est un tel panier de crabes que c’est impossible, c’est que du relationnel de putes. Tu crois que j’aurais pas aimé écrire pour Polnareff, mon héros absolu ? J’ai mis 15 ans à oser jouer PLEASE LOVE ME sur scène, tellement j’étais pétrifié.
Avec un ami que j’adore, Philippe Jakko, on a essayé de faire une association pour placer des chansons. J’adore ce mec, 1er prix de conservatoire, il chante juste comme Goldman, (!) il a un talent fou. Il a réussi à vendre des musiques pour Christophe Maé. Il a eu un tube enorme avec une merde, il le reconnait lui-même : YAKALELO, c’est lui, il s’est acheté sa maison avec…
Quand on s’est rencontrés, il pensait que j’allais lui cracher à la gueule, tu vois ? Lui, le mec de YAKALELO.
On a parlé de musique classique, le mec avait travaillé avec Boulez.
Les punks, tu l’écris, étaient fascinés par la violence et les gangsters. Quelle différence ferais-tu avec le gangsta rap ?
Bon…Déjà, je suis d’accord avec l’idée que ce sont des mouvements urbain, tout ça…Mais ce ne n’est pas la même histoire. Je vais te dire un truc social terrible : les Punks venaient de la petite bourgeoisie, ils avaient lu deux ou trois livres, vu deux ou trois films. Ce n’est pas un hasard si dans le rap, les meilleurs, s’appellent Joey Starr ou Mc Solaar, des gens qui ont un minimum de culture… Je peux pas reconnaître une légitimité à des analphabètes comme Booba.
En lisant ANOUSHKA 79, j’ai eu plein de morceaux en tête en dehors des sempiternels Iggy et Lou Reed. On essaie ?
-JJ Burnel : UN JOUR PARFAIT
Bien,sans plus ! Mais j’aime bien le mec, j’aime bien Burnel, on a souvent traîné ensemble au moment de l’album qu’il produisait pour Taxi Girl. Je connaissais moins les Stranglers.
– Christophe : MINUIT BOULEVARD
J’aurais pas choisi celle-là. De Christophe, j’adore les premières j’adore REVIENS SOPHIE, jusqu’en 1972. Les disques avec JM Jarre, bien sûr, MAMAN, c’est vraiment ce que j’aime, celui avec Alain Z Kan ( un chanteur des années 80 qui a disparu dans le métro et le beau-frère de Christophe-Nda), mais après je m’en fous un peu.
-Johnny : RENDEZ-VOUS EN ENFER
Pareil, le grand génie c’est entre 64 et 70. Quand il s’associe avec Goldman et Berger, je comprends sa décision.
J’ai toujours aimé Goldman, c’est mon plaisir coupable !
C’est ton problème ! (Sourire) J’ai pas un grand respect pour Goldman, mais s’associer à lui c’était intelligent de la part de Johnny. Goldman, c’est un bon faiseur, il ne me transcende ni par les textes, ni par la musique, mais il chante très juste, IL SUFFIRA D’UN SIGNE, SISTER JANE, ce sont des vrais tubes. Je respecte son succès à ce stade, il n’y a pas de hasard mais à côté il y a plein de gens plus talentueux qui sont restés dans son ombre.
-Perry Blake : ANOUSHKA
‘Connais pas
-Alister : MAUVAISE RENCONTRE
Il peut me téléphoner de temps en temps, je ferai des trucs pour SCHNOCK sans problème. Je l’ai invité à un concert Alister, il est venu, c’était très bien. Musicalement aussi, c’est très bien.
-Taxi Girl : PARIS
(Ému) Bien sûr…Celle-là est particulièrement bien (Silence)
-Patrick Eudeline : MAUVAISE ETOILE
J’ai raté la voix sur cette chanson. Je me suis vraiment emmerdé sur les arrangements, j’ai tout fait sur cet album avec parfois des gens du groupe Tanger dessus.
La dernière grande rock star ?
(Sans hésiter) Amy Whinehouse et Pete Doherty, aussi malgré tout. Je connais très bien le lascar, il joue de la guitare comme une merde mais il a écrit des chansons extras.
Notre entrevue se termine vers 15h30. Eudeline pose facilement pour quelques photos. Celui qui a souvent été traité d’homme du passé par est un tissu de contradictions passionnantes à déceler : durant notre entrevue, l’écrivain de la défonce sirotera à peine un petit verre de Canisse. L’homme des formules chocs aura toujours été très respectueux et à l’écoute. A l’ancienne, il joue avec son paquet de clopes, son Zippo et souffre de ne pas fumer au comptoir. Pas une seule fois il ne sortira son téléphone portable, concentré sur ses réponses. Eudeline ne rit jamais mais plaisante beaucoup. Et à la fin il me donne une leçon d’informatique sur comment créer sa musique sur ordinateur, lui, le vieux Punk !
Nous nous quittons au métro Guy Mocquet. Alors que je m’apprête à aller underground, je jette un dernier regard sur sa frêle silhouette. Celui qui chante la Mauvaise Etoile est en pleine lumière. Il s’achète un journal et s’apprête à marcher dans ce Paris dont il aura tutoyé les caniveaux et les clubs. SUCH A PERFECT DAY, je suis content de l’avoir passé avec lui…
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La BO du jour :
Pour toi, Patrick : Taxi Girl chez Sidney…(« vous êtes que deux maintenant ? » « Ouais, on était entouré de gens inutiles qu’on pouvait plus entretenir »)
« Le piéton de Paris » est un livre de Léon-Paul Fargue et non de Louis Aragon. Mais ce n’est pas grave non plus.
Bonjour Elsa.
Un lecteur a déjà pointé cette erreur à Eudeline sur son mur au moment de la publication. J’ai choisi de la conserver par souci d’authenticité mais effectivement, j’aurais pu corriger entre parenthèse. Je vous jure pourtant que nous étions sobres comme des juges.
Merci de votre passage.
J’avais loupé cette interview. Merci.
Au passage, Bruce, puisque tu aimes relever des coquilles, et pour faire un peu chier : à propos de la clinique de désintox Montevideo tu écris « Eudeline en a tiré un duo avec Daniel Darc », or dans l’album Mauvaise étoile (2006), le duo avec Darc c’est « Comme disait l’ami Johnny Rotten ». Darc n’est pas crédité sur « Montevideo Blues ».
Mea Culpi : mes CD sont dans mes cartons de déménagement qui s’est pas fait cos confinement. Pas pu vérifier. Merci 😉
Il est largement temps que je te donne mes retours sur cette interview. Comme d’habitude, je suis admiratif de ton culot et de ton aisance. C’est un de tes rêves devenus réalité, ce papier doit te tenir énormément à coeur. Mais moins peut-être que la rencontre elle-même, partager une journée entière avec Eudeline, c’est tout de même quelque chose !
Donc bravo pour ça, et pour avoir fait de ton blog une telle tribune ouverte et largement bienveillante.
Pour moi, presque comme Manoeuvre (car ce dernier m’a beaucoup aidé à supporter l’enfance et la préadolescence grâce aux Enfants du rock), Eudeline fait partie des plumes que je ne connais pas vraiment. Ils sont arrivés trop tôt pour moi, et, comme l’urgence est aussi nécessaire au punk et au rock qu’aux jeunes années de chacun, il ne m’a pas fallu plus de quelques numéros de Rock N Folk et de Best pour décider que cela n’était pas pour moi, trop souvent tourné vers le passé (et qui l’est encore lorsque je vois leurs couvertures… enfin, Best n’existe plus depuis longtemps je crois). Je devrai pouvoir l’apprécier plus facilement aujourd’hui, mais désormais les seuls articles de rock ou musicaux que je lis sont sur wikipedia. Les exceptions sont rares, j’ai pas mal de numéros de Noise et New Noise, mais je ne lis pas tout, loin de là (ce sont des pavés, ces magazines).
As-tu aimé son roman ? Si oui, pourquoi ?
Sur la photo où vous êtes dans le miroir, je pense immédiatement à l’émission de Ardisson des années 80, Lunettes noires pour nuit blanche… C’est un choc 😀
L’interview est vraiment fantastique, je découvre beaucoup de choses sur toute une frange de musique que je ne connais pas, et j’adore sa remarque sur le rap.
Le dessin de Edwige est parfait, plus lâché que d’habitude. La classe. Eudeline la porte c’est sûr.
Les BO
Asphalt Jungle : j’aime bien, c’est très marqué New York Dolls je trouve. C’est Eudeline qui chante ? Je n’y trouve pas Penny Lane musicalement ^^
Darc Despentes Eudeline : j’aime bien aussi, j’y sens Christophe, mais j’ai du mal à accrocher à la voix, ou disons plutôt, au chant.
Taxi Girl : c’est quoi cette émission ? Jamais entendu parler ! Sydney, pour moi c’est HIP HOP, avec la première apparition de Madonna en France. La chanson sonne datée maintenant mais c’est bien. Je préfère ça à Saez ^^
Merci pour ce retour si complet.
Je serai donc le seul ici à défendre la presse rock (snif). Manifestement, vous ne retenez avec les copains que les volets interview et critiques assassines. Pas plus tard qu’hier, j’ai acheté mon R&F pour la story des Beach BOys que je connais mal. C’est aussi toutes ces synthèses fait par des historiens de la matière avec des photos de presse qui me plait. C’est quand même mieux que Wikipedia. L’histoire et les répercussions du Punk, du Disco ou de la techno, racontés par Eudeline, Nick Kent ou Benoit Sabbatier aussi. Chrisyophe Lemaire fait de suberbes papiers sur le cinéma de quartier érotiques ou pornos.
Il y a l’histoire des pochettes emblématiques, des focus sur des groupes oubliés, l’admirable rubriques rééditions où on apprend des trucs sur The Left Banke par exemple…
Son roman : oui, il est très plaisant. C’est le récit d’un souvenir , d’une époque, d’un temps révolu. Il y a beaucoup de tendresse même dans les bas fonds de Paris.
Je ne connais pas l’émission de Sydey.
J’ai lu ou relu pas mal de trucs ces derniers temps. Il y a de très bonnes choses, et grosso modo deux types de journalistes rocks, certains très ouverts de type Manoeuvre, qui savent apprécier ce qui est bon dans chaque style de musique, et les puristes qui ont leurs bêtes noires (genre le prog, le soft ou le folk), et qui balancent des scuds régulièrement. Ce sont eux qui finissent par être insupportables à la longue. Mauvais passeurs pour plein de lecteurs, ils ont peut-être fini par en dégoûter certains.
Je n’en doute pas, Bruce, mais les premiers dossiers de ce genre que j’ai lus, c’est dans les éditions d’été des Inrocks mensuels. Je les garde précieusement, je n’ai d’ailleurs jamais eu celui sur les Beach Boys, mais ceux sur Bowie et les Stones sont très complets et plein d’anecdotes et d’avis éclairés.
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Merci pour cette interview que je ne m’attendais pas à découvrir dans ce blog, pourtant très sympathique. La culture Rock et la BD sont les mamelles auxquelles je me suis nourries avec mon frère aîné depuis les 70’s… ca me parle fort. Eudeline, je le connais de loin, via toutes les références citées. Et Polly Maggo, j’ai le 45t. Il faisait partie de la collec du frérot 😉 C’est cool de pouvoir avoir le retour de cet auteur noctambule sur toutes ces choses. Il a une vision posée et a pris du recul.
Rock & Folk, au delà de tous les vieux numéros que je conserve chez moi, j’aime le feuilleter, même aujourd’hui, sous forme papier ou en numérique à la médiathèque, pour les rasons que tu cites. Quant à la période 70’s des Beach Boys, je n’ai encore fini de la découvrir. Un très grand groupe, qu’il était de bon ton de moquer dans les années quatre-vingt, un peu colle les « vieux » Beatles à barbe … Bah… Et les Left Banke : délicieux. 😉
Bravo et content pour toi de ce genre de moment inoubliable que tu as du passer.
Merci pour ce retour. J’ai tenté THE LEFT BANKE il y a quelques semaines et mis à part le merveilleux PRETTY BALLERINA, je n’ai pas plus accroché que ça.