ENCYCLOPEGEEK : THE SCORPIONS EN 5 ALBUMS (PART 2)
Par le hair métalleux Eddy Vanleffe
La première partie ICI
La vidéo promo de l’époque.
Fin 1978, les Scorpions réalisent la délicate posture dans laquelle ils se trouvent. C’est un carrefour difficile pour eux à plus d’un titre. S’ils ont construit à force de travail, ils ont envie de profiter de l’occasion donnée pour coller à l’air du temps et changer de son. En même temps, il leur faut une nouvelle recrue qui pourrait faire oublier le surdoué Ulrich Roth. Ils font passer énormément d’auditions et jettent leur dévolu sur un jeune homme au jeu agressif, apte à capturer le nouveau son qu’ils souhaitent pour Scorpions: Matthias Jabs. Pourtant l’idée de réintégrer Michael Schenker qui vient de claquer la porte d’UFO est également alléchante.
Cette nouvelle opération est évidemment juteuse et Michael encore coincé par ses contrats ailleurs, commence à écrire et jouer sur cinq et trois morceaux du futur album. TOUT LE MONDE a toujours l’impact qu’il eut au moment de l’enregistrement de l’album LOVEDRIVE. ANOTHER PIECE OF MEAT, COAST TO COAST ou LOVEDRIVE portent bien sa marque et seuls CON’T GET ENOUGH,IS THERE ANYBODY THERE? et ALWAYS SOMEWHERE sont réellement à mettre au crédit de Jabs. Il est donc assez surprenant aujourd’hui de lire Michael dire qu’il a été spolié de tout sur cet album alors que le groupe a toujours été transparent là-dessus… surtout que l’irascible bonhomme oublie que c’est surtout à cause de son alcoolisme notoire et de son EGO de footballeur qu’ il fut finalement viré, Matthias le remplaçant définitivement cette fois. De ce chaos ressort grâce au boulot toujours aussi carré du Producteur Dieter Direks un album inégal, mais rempli de tubes leur permettant d’être enfin classé aux States. Sur huit titres nous avons pourtant une sorte de reggae hard assez étrange, un plagiat de SIMPLE MAN de Lynyrd Skynyrd , une autre ballade et un orchestral magistral, mais cela laisse finalement peu de chansons «hard» pour un album pourtant souvent considéré comme une pierre angulaire du genre.
1-ANIMAL MAGNETISM
C’est donc bien avec ANIMAL MAGNETISM que le nouveau Scorpions opère sa renaissance. Dès les premiers accords de MAKE IT REAL, le ton est donné. C’est simplement la chanson Hard-pop-rock parfaite. Sans se dissoudre dans aucun de ces genres, elle incarne parfaitement la quintessence d’un hit à la Scorpions, un riff, une mélodie, une voix claire magnifique, une basse vrombissante et un solo aussi intense que court.
On enchaîne avec DON’T MAKE NO PROMISES, chanson speedée et libidineuse qui possède une parenté avec ANOTHER PIECE OF MEAT, première contribution de Jabs au groupe. HOLD ME TIGHT est donc un morceau heavy carré comme il faut. TWENTIETH CENTURY MAN est un titre particulier dont la mélodie joue sur un duo voix/riff des plus envoûtants, une des grandes réussites de cet album toujours dans une tonalité lourde et pourtant aiguë. LADY STARLIGHT viendra calmer les braises avec ses arrangement de cordes, de flûtes et de hautbois inédits pour le groupe. La ballade se décompose clairement en deux partie, une acoustique et une autre électrique, bien plus onirique et percutante.
La deuxième phase de l’album confirme l’aspect poisseux et sexuel du disque. FALLING IN LOVE est félin, moite tout en gémissements syncopés. ONLY A MAN, la supplique d’un homme à genoux, possède un refrain imparable lui aussi ponctué d’une guitare teigneuse tandis que l’historique THE ZOO décrit sur un riff hypnotique la faune de la 42e rue et des quartiers chauds de New York. Ici Matthias Jabs utilise la «talk box» pour simuler la distorsion malsaine d’une guitare trachéotomisée. Les dernières notes se mélangent à des bruits de fête foraine achevant de nous laisser une impression de malaise. L’une des meilleures chansons du hard rock encore à ce jour.
Pour finir, l’enclume et le marteau d’ANIMAL MAGNETISM assènent une lenteur inexorable sur le titre, le rallongeant artificiellement. Éprouvant! En bonus sur CD le groupe ajoutera le single inédit HEY YOU. Léger, le titre est chantonné par un Rudolf qui a la patate. Cet ajout bienvenu ajoute une diversité rafraîchissante à une galette d’une densité de granit. Tassé sur neuf titres, plus jamais le groupe n’atteindra une telle intensité hargneuse dans le son. ANIMAL MAGNETISM est sans doute l’une des pierres angulaires du Heavy Rock européen des années 80, ce qu’on nomme affectueusement le «Hair Metal». Un tour de force venant d’un pays encore coupé en deux…
2-BLACKOUT
Après une tournée prometteuse aux USA, le nouveau continent devient le nouveau Graal d’un groupe européen complexé. Dieter Dierks sait qu’il tient la poule aux œufs d’or. En vue du prochain marathon, il entraîne ses poulains comme des sportifs de haut niveau. Malheureusement Klaus Meine doit se faire opérer de polypes lui bouffant les cordes vocales. Nul ne sait à ce stade s’il pourra ou dans quelle mesure il récupérera sa voix. La groupe fait alors appel à Don Dokken pour mettre en boite les différentes maquettes le temps de le chanteur récupère. A-t-il été pressenti pour être un remplacement plus durable en cas de la défection de Klaus? Rien n’a jamais vraiment filtré et cela n’a jamais vraiment dépassé le registre de l’anecdote. Car voilà Même si l’album prend du retard dans son enregistrement, c’est bien Klaus qui chante sur la nouvelle rondelle et il faudrait être vraiment pointilleux pour remarquer que sa voix ait perdu de sa fraîcheur et qu’il tire d’avantage dessus dans l’effort. Le résultat est carrément bluffant.
Un son résolument plus propre et plus puissant sort des enceintes enflammant directement les accords furieux de BLACKOUT le titre éponyme qui démarre en trombe. Classique instantané, le morceau montre une fascination inédite pour le carnage et la destruction terminant en apothéose sur une défenestration chaotique. Sans transition aucune, la seconde chanson CAN’T LIVE WITHOUT YOU entame, grâce à un riff plombé, ce qui peut être considéré comme un single hard en puissance. Le texte est à deux niveaux, le premier s’adresse à une femme pour une chanson d’amour ordinaire et le second s’adresse directement au public, ce public fidèle qui s’est grossi au fil des ans. Les Scorpions les remercient et leur promettent que le meilleur est à venir.
Suivent ensuite les deux jumeaux NO ONE LIKE YOU et YOU GIVE ME ALL I NEED de parfaites pop-rock songs aux couplets acoustiques et aux refrains rageurs de la même famille qu’un HOLD THE LINE de Toto. La première face s’achève à nouveau dans l’apocalypse avec le très énervé NOW aussi court que rageur. DYNAMITE porte bien son nom pour la suite. L’album est décidément hargneux véhiculant un frénétique sentiment d’urgence très bien illustré par le refrain en «sirène» de ce titre. Derrière, ARIZONA paraît presque calme, avec son sentiment de route 66 lorgnant clairement sur le marché US. Puis, on rouvre la forge sur CHINA WHITE dont le riff lourd et complexe nous laisse imaginer qu’une poignée de chats sauvages ont été jetés dans le feu pour nourrir l’âtre en fusion. Feulement de guitares, frappe de bûcheron et chœurs à l’agonie sont au diapason pendant six minutes de danger.
Pour conclure la jolie balade WHEN THE SMOKE IS GOING DOWN vient reposer les oreilles. Des accords doucereux et un refrain enivrant rappelle que Scorpions sont les maîtres du genre. Méconnue elle n’en reste pas moins l’une des toutes meilleures du groupe, à l’image d’un album devenu depuis aussi historique que respecté et cela même chez les plus extrêmes. Pourtant un certain calcul commence à apparaître…
3-LOVE AT FIRST STING
Le sommet est trop proche, et Dieter Dierks estime qu’ils n’ont plus de droit à l’erreur. Il transforme le groupe en bête de concours, customisant le prochain album pour qu’il soit un succès planétaire. Aussi calculateur que bosseur, il écarte méthodiquement tout ce qui pourrait être clivant. Il n’y a aura plus de morceau aussi extrême que CHINA WHITE ou NOW, mais il va conserver l’énergie brut. Il va aussi américaniser le son dans le but avoué de mieux passer sur les ondes. Mécontent de la section rythmique, il ira même jusqu’à débaucher deux anciens RAINBOW avant de se rétracter parce qu’on ne peut pas tout contrôler.
Alors que la pression est à son maximum pour le groupe, ils vont mettre en boite une nouvelle sélection de neuf chansons qui pourraient chacune d’entre elles devenir un tube. Et en plus ce fut le cas. LOVE AT FIRST STING est un carton colossal, pavant la voie à une grande tournée des stades. The Scorpions est le premier groupe de hard rock, qui plus est allemand, à atteindre cette stature. Bien plus qu’AC/DC, Black Sabbath ou qui que ce soit, Scorpions rassemble à travers toute la planète et se compare d’avantage à…QUEEN, même si c’est difficile à imaginer aujourd’hui.
Que vaut cet album multi platine avec le recul? Et bien le pari est juste réussi. Il ne contient pas moins de quatre singles tous classiques, dont deux sont devenus des monuments mais nous allons y revenir. C’est BAD BOYS RUNNING WILD qui ouvre les hostilités avec une descente de guitare vertigineuse. Modeste, le jeu de Matthias Jabs n’a jamais suscité d’éloges exagérées, et pourtant… Le morceau est devenu depuis l’un des moments obligés de live tout comme ROCK YOU LIKE A HURRICANE qui sera le gros Hit aux States, riff imparable, refrain torride, c’est le hard rock parfait. La frappe de batterie de LEAVING YOU évite à la chanson de trop se faire oublier derrière la double attaque que l’on vient de subir. COMING HOME contient sa petite plaisanterie, puisqu’elle commence sous forme de ballade lancinante avant de se muer en ancêtre du speed. Le titre est depuis devenu le morceau d’ouverture idéal des concerts chauffant la salle en un instant.
Pas question de se calmer sur THE SAME THRILL qui enchaîne quasiment sur le même tempo furieux tout en évoluant vers un chaos savamment contrôlé évoquant un peu la fin d’HELTER SKELTER des Beatles. A ce stade rien ne pourrait affirmer que le groupe ait pu faire des concessions commerciales tant celles-ci sont subtiles. Le troisième single vient donc frapper les oreilles avec son nouveau refrain à scander à tue-tête. La qualité constante du song-writing fait que chaque chanson possède ce côté catchy qui donne envie de chanter et de frapper des mains. AS SOON AS THE GOOD TIMES ROLL fait donc presque office de ventre mou dans une telle machine de guerre. La chanson peine à trouver son identité propre. CROSSFIRE est un titre typiquement allemand à cette époque. Lors d’un dernier coup dur avant la «détente» durant la guerre froide. L’OTAN installe 108 missiles Pershing II visant le bloc de l’Est en Europe de l’ouest et surtout en Allemagne générant une vague de pacifisme sans précédent dans la population comme en témoignent les chansons de Nena (99 LUFTBALLONS) ou de Helloween (HOW MANY TEARS?). Le jeu de batterie est mémorable dans son côté ironiquement martial.
Pour finir, nous avons le légendaire STILL LOVING YOU, succès particulier dans hexagone et rehaussant encore d’avantage un album déjà titanesque. STILL LOVING YOU réconcilie de manière surprenante les rockeurs purs et durs et le grand public avec son long solo langoureux. Le titre passe encore aujourd’hui régulièrement sur toutes les radios, preuve de son statut de classique indémodable. Un constat pourtant, la recette qui a eu le temps de se rôder, exclut donc toute prise de risque et donne l’impression d’avoir une répétition de BLACKOUT. Attention, l’auto caricature n’est pas loin.
A l’issue de LOVE AT FIRST STING, le groupe atteint son apogée comme l’illustre très bien le double-live témoignage: WORLD WIDE LIVE, vrai rival cette année-là du LIVE AFTER DEATH d’Iron Maiden. La suite ne peut que décevoir. SAVAGE AMUSEMENT est l’album de trop. L’attente fut trop longue (quatre ans), Le schéma des disques initié sur ANIMAL MAGNETISM ne parvient pas à se renouveler. Les compositions n’atteignent plus les mêmes hauteurs et le son est passé à la javel propre à la seconde moitié des années 80. Si aucun défaut n’est réellement imputable au disque, la passion s’émousse.
Enfin pas partout. Scorpions est le premier groupe de hard rock à jouer en URSS. L’Histoire va alors jouer avec la carrière du groupe. Pacifiste convaincu et idéaliste dans l’âme, Klaus Meine va composer une chanson emplie de fraternité qui va propulser le groupe à un stade encore non atteint, prouvant que parfois la foudre peut tomber deux fois au même endroit. WIND OF CHANGE est une chanson d’ouverture à l’est qui sort au moment de la chute du mur, symbole de cette année 1991, elle sera le signe du renouveau. Le groupe a largué son producteur historique Dieter Dierks, sur le nouvel album CRAZY WORLD pour retrouver de la spontanéité et un son plus percutant tout en s’orientant encore d’avantage vers les radios américaine. Le succès est au rendez-vous. Trop d’ailleurs, pour une fanbase qui va les accuser de tous les maux, le groupe va rapidement dégringoler et tant pis si FACE THE HEAT est un très bon album, très hard, très solide produit par un Bruce Fairbairn qui met l’accent sur la puissance et la basse, le mal est fait. S’engouffrant dans le registre des ballades mielleuses, PURE INSTINCT quant à lui, sort dans un quasi anonymat et rien ne semble freiner cette chute.
4- EYE II EYE
Je vais m’arrêter donc un instant en 1999. Le groupe touche le fond, Il ne reste du line-up des beaux jours que Klaus Meine, Rudolf Schenker et Mathias Jabs. Comme le montre la pochette du disque, incroyablement non-imaginative, les membres se regardent dans le miroir et réalisent: ils sont vieux, fatigués, dégarnis et dépassés. Ils ont du mal à retrouver une identité. Ils n’ont plus vraiment envie de faire du Hard Rock et se cherchent encore. Prisonniers d’une image de faiseurs de ballades, ils ne parviennent pas non plus à trouver de successeurs à WIND OF CHANGE ou STILL LOVING YOU. Les producteurs les poussent dans des directions contradictoires. Pourtant, ce n’est pas vers le passé qu’ils regardent.
Faisant un mauvais pari, ils tentent la promotion d’un nouveau single mi-techno,mi-rock. Le résultat est…bizarre. Pourtant l’album en lui-même démarre avec un MYSTERIOUS assez original tant il fourmille de trouvailles dans son groove évoquant parfois Simple Minds, sans pourtant renier le style propre au groupe, plus apaisé et moins hard, mais très efficace dans sa mélodie. TO BE N°1 et son ratage disco, reste un sorte d’ovni dans la discographie, le single qu’il ne fallait pas sortir. Jamais. OBSESSION est quant à lui un morceau calme pop du groupe assez sympathique dans une veine Bon Jovi. Le virage «vieux sage» est d’autant plus patent sur 10 LIGHT YEARS AWAYen invitant les collaborateurs d’Aerosmith et Mick Jones le guitariste de Foreigner (ayant collaboré aussi avec Johnny Hallyday) pour un résultat AOR (adult oriented rock, l’étiquette en gros de Toto, ou Kansas…) en puissance. Fondamentalement le groupe reste fidèle à son credo tout en s’effeuillant de ses oripeaux trop «métal».
En contraste surprenant, MIND LIKE A TREE aurait pu figurer sans problème sur ANIMAL MAGNETISM tant la lourdeur et le riff reprennent leur place. Un des meilleurs morceaux de l’album prouvant que le vieil animal peut être encore venimeux. EYE II EYE aurait dû sortir en single. Cette superbe chanson au ton acoustique est touchante. En effet Klaus et Rudolf désirent rendre hommage simultanément à leurs papas disparus. Une sincérité du propos transcendant les notes. Injustement méconnue donc. WHAT U GIVE U GET BACK est une ballade dans la veine de SEND ME AN ANGEL, remplis d’arrangements sirupeux dispensables. Après la crise de diabète, les affaires reprennent avec un SKYWRITER plus pop que jamais avec des chœurs féminins à la limite du R’N’B. YELLOW BUTTERFLY vient nous rassurer donc: on n’oublie pas les amateurs de bons riffs. C’est assez vicelard et très bien produit. FRESHLY SQUEEZED nous remet une couche sur le mélange hard rock/programming comme sur TO BE N°1, mais en bien mieux géré et un résultat bien plus agréable. PRISCILLA est sans doute un des meilleurs titres de l’album, avec un refrain rentre dedans, un tempo enlevé et un son carré. DU BIST SO SCHMUTZIG est la seule incartade du groupe dans sa langue maternelle et également vers le…rap en duo avec le nouveau batteur: James Kottak. Preuve que le groupe s’essaie à tout en l’incorporant à son propre univers, car comme le font parfois les Rolling Stones, la chanson reste du pur Scorpions.
Enfin ALEYAH est une petite tuerie de pur heavy metal à l’ancienne où les chœurs se font murmures menaçants. En guise de conclusion, l’éternelle ballade: A MOMENT IN A MILLION YEARS. Cette fois c’est Klaus seul avec un piano. Pas d’arrangements, pas de frous-frous, juste la mélodie et la voix de Meine. Ce qui en fait certainement la meilleure ballade de la rondelle. EYE TO EYE est une mes disques préférés. Pourquoi? Parce que loin d’être monolithique, il offre la photographie d’un groupe qui après plus de trente ans de carrière se cherche encore, tente des choses et ne se repose pas sur ses lauriers. Certains les ont accusés de faire dans l’opportunisme, mais ils ne se renient pas dans ce disque. Ils sont simplement plus vieux, plus calmes, avec d’autres envies que répéter les mêmes accords. Chaque artiste passe par là, et dans le heavy metal: ça ne pardonne pas! Certaines de ces expériences, sont de franches réussites et d’autres moins…néanmoins, l’ensemble est un vrai bol d’air frais avec un son bien plus compact qu’on pourrait croire, notamment grâce à la présence d’un James Kottak qui parvient à redynamiser le tout avec sa batterie très énergique.
5-UNBREAKABLE
Au lendemain de la claque commerciale que fut Eye to Eye, le groupe ne se repose pas pour autant, il tourne: En acoustique, en classique avec le philharmonique de Berlin, partout. La timide voix de la rédemption se fait entendre par la nouvelle version d’HURRICANE 2001 qui donne sa dose d’agressivité. Au fond du trou, sans autre alternative, le groupe décide de remettre le couvert pour un come-back en bonne et due forme. Il fut même envisagé d’appeler le disque Blackout 2 et après avoir brièvement songé à retravailler avec Dieter Dierks, le groupe décide de retravailler moult démos avec Erwin Musper. Le ton est résolument rock pour un album destiné à rassurer les fans. Le résultat, sans doute motivé par une hargne nouvelle est à la hauteur de ce que l’on attendait plus.
Ça démarre sur NEW GENERATION avec une certaine douceur. Une rythmique lourde et répétitive, un air plus psalmodié que chanté et on obtient une sorte d’hymne lancinant repris par un chœur d’enfants. Sans être une fanfare, on est quand même bien dans le hard pur et dur. LOVE’EM OR LEAVE’EM est le single scorpionesque pur jus dans la lignée des TEASE ME, PLEASE ME ou MAKE IT REAL. Une certaine forme est retrouvée, une patate qui donne envie d’y croire à fond et de ressortir le perfecto à clous. DEEP AND DARK est plus expérimental mais possède un refrain simple qui revient en tête. BORDERLINE continue dans le même esprit et c’est sans s’en rendre compte que nous arrivons à cette pépite d’adrénaline qu’est BLOOD TOO HOT, leur compo la plus teigneuse depuis DYNAMITE. MAY BE I MAY BE YOU est donc la première ballade après un rodéo assez dingue pour un groupe de cet âge. Bien sûr le boulot de production et la professionnalisation ont remplacé la fougue mais on est bien sur le successeur de LOVE AT FIRST STING.
Le reste du disque coule de source. SOMEDAY IS NOW est un titre pop-rock dans la tendance un peu Rasmus dans le genre avec une ligne de guitare claire. MY CITY MY TOWN est un détour nostalgique sur un mid tempo attendrissant. THROUGH MY EYES est sans doute le bijou caché du disque, directement lié à NO ONE LIKE YOU, il fleure bon le retour gagnant à BLACKOUT avec un contre chant typiquement Meine et une narration originale sur la fin. Mon morceau préféré. CAN OY FEEL IT est fait pour être scandé dans un stade bondé avec son chorus de bourrin. Très efficace dans le genre. THIS TIME est quant à lui une sorte de réminiscence d’ANIMAL MAGNETISM où Matthias Jabs ressort sa fameux Talk Box, témoignage supplémentaire de la volonté de redorer un blason quelque peu rouillé. SHE SAID est une ballade d’autoroute américaine au son très seventies qui a pour effet de casser avec les synhtés parfois trop en avant des derniers albums
Le groupe actuel, encore debout comme dirait l’autre épave…
L’album se termine cette fois sur un hard rock bien pêchu nommé REMEMBER THE GOOD TIMES. La chanson tranche du reste de la galette au niveau du son et de la bonne humeur, sans doute est-ce dû au «garage mix» mais cela permet néanmoins de quitter l’album sur une note inhabituelle et revigorante. UNBREAKABLE est vraiment un excellent cru pour les arachnides teutons. Un peu monolithique cependant. Je ne peux m’empêcher de noter que le disque fut plébiscité par la grande famille Métal fermant les yeux sur l’aspect bien peu aventureux de l’affaire. Le Metal est sans doute la seule musique où l’expérimentation hasardeuse suicidaire (EYE TO EYE) est taxée d’opportunisme, alors que répéter ce qui a déjà marché est synonyme d’intégrité. Ce paradoxe ne cesse de m’étonner sans qu’il y ait finalement matière à «grincher» puisque j’aime autant l’un que l’autre.
Depuis le groupe confirme sa résurrection, alternant disques ni(mi?)emballants, ni(mi?)décevants contenant pourtant leurs lots de bonnes chansons (HOUR 1, YOU’RE LOVING ME TO DEATH, 321, The GOOD DIE YOUNG, WE BUILT THIS HOUSE) autorisant le groupe à partir sur des tournées où chaque étape à Wacken se transforme en grand-messe. La ringardise n’est plus à l’ordre du jour, tant il est bluffant de voir ces fringants sexagénaires tenir une scène pendant deux heures sans rien lâcher, haranguer la foule et tenir la bride à un public conquis, inscrivant dans la sueur, le travail et l’investissement les lettres dorées du mot R-E-S-P-E-C-T.
Drop the mic.
J’attendais cette 2ème partie avec impatience, étant plus familier et plus amateur de cette époque. Au temps pour moi, j’en ai appris autant que dans la première. Je fais partie de ces gugusses qui ont fait une overdose de balade à la Scorpions, mais pas après Love at first stong. En fait, j’ai bien aimé Savage Amusement, même si c’était l’utilisation d’une recette bien éprouvé. Crazy World contient son lot de bonnes chansons : Kicks after six, Hit between the eyes, Crazy World. J’ai beaucoup apprécié Face the heat, produit par Bruce Fairbairn, très américain dans le son, mais avec de bonnes chansons un peu différentes de la formule éprouvée.
Et c’est là que j’ai craqué : je n’ai jamais écouté Pure instinct & Eye II Eye. Je me souviens des articles catastrophiques dans la presse spécialisée Metal pour ces 2 CD. Ton argumentaire m’a convaincu de tenter d’écouter Eye II Eye.
Oui, je fais aussi partie de ceux qui ont été très satisfaits par Unbreakable (le retour du vrai Scoprions 🙂 comme tu le dis), et par Humanity Hour 1. Sting in the tail et Return to forever ne m’ont pas enthousiasmés.
A la base Je suis fan du groupe, et j’aime à peu près tous leurs albums.
SAVAGE AMUSEMENT que je ne possède plus a été ma première K7 du groupe…
je suis totalement d’accord avec toi sur FACE THE HEAT. j’ai hésité entre lui et Eye II Eye mais je voulais réhabiliter ce dernier. le son de Face The Heat est puissant, très efficace et ALIEN NATION est pour moi un de leurs morceau les plus « heavy »…
Humanity est aussi carrément excellent et depuis comme toi, je ne suis jamais vraiment déçu ni surpris non plus. j’entends des albums professionnels faits avec savoir faire. comme Pour Maiden dans un genre différent…
Pour Iron Maiden, mon ressenti est différent : je n’aime pas le son que leur a donné Kevin Shirley. Du coup, depuis mon plaisir d’écoute fluctue énormément d’un album à l’autre, en fonction des compositions.
Pourtant j’aime beaucoup le son que Shirley a donné à Joe Bonamassa. Je suppose que je suis classique plutôt que moderne, un peu comme illustré dans cette vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=DyIr1VItWL8&list=PLnOz4ii-wwzlMlszfKXrFeWGpQDQEaUnk&index=2&t=0s
Après un Brave New World réjouissant, je ne trouve plus les albums fascinants…le dernier album de Maiden qui m’a vraiment bien plu c’est X-Factor.. je fais parti de ceux qui avaient accepté Blaze Bayley (dont j’ai plusieurs albums solo)
C’est grâce à cet article que j’ai commencé à investir dans du Scorpion et c’est aussi grâce à celui-là que je sais où ne pas investir.
Merci Eddy pour cette présentation presque complète (eh…on ne mentionne pas que c’est Storm Thogerson qui a fait les pochettes de Pïnk Floyd qui bosse sur LOVEDRIVE et ANIMAL MAGNETISM ???).
Je l’avais posté l’an dernier pour de rire, mais sérieusement, en la réécoutant ce midi, je trouve vraiment que STILL LOVING YOU sonne très THE WALL, notamment HEY YOU (une autre chanson de Scorpions, en plus !).
Il faut que je teste LOVE AT FIRST STING. J’acquiert doucement tout ça, car je les chercher en digipack remasterisé et ils sont assez chers.
Merci donc au boss qui m’a proposé de rédiger d’abord sur DIO, puis sur Scorpions…
Bruce n’aime pas le Metal en soi mais il me propose d’en parler régulièrement…
Curiosité? Attirance cachée?
le désormais traditionnel « Vendredi Rock » me donne la tribune parfaite afin de sortir enfin tous ces sujets que j’avais en moi depuis des dizaines d’année…
si vous appréciez sachez que j’ai encore des trucs en réserve… En plus Bruce m’a demandé un truc sur Ozzy….
M’enfin le métal j’aime ça ! Alice, Metallica, ACDC, Megadeth, System of a down, FNM, Nirvana, Soundgarden, AIC la liste est longue. Je n’aime pas le même métal que toi, ça oui. Et pour le coup, je suis curieux.
oui je sais je suis fondamentalement européen allergique à la frime américaine et visiblement toi, tu es plus « stars and stripes » allergiques aux « virtuoses » …
dans tes exemples je n’aime qu’AC/DC, le seul qui n’est pas yankee…
bizarre mais à creuser…
Comment définirais-tu la frime américaine ?
C’est difficile: disons MOtley Crüe, Guns and Roses, Poison, Van Halen sont des groupes que je n’apprécie pas.. beaucoup de look, d’attitudes, un son souvent faiblard et des paroles cliché à bases de nanas, de motos…
je ne dis pas que j’écoute des trucs d’intellos, AC/DC..
d’ailleurs j’ai oblitéré Metallica dans tes exemples et je les adore…
Ah moi j’aime bien Van Halen : http://trhansat.blogspot.com/2009/07/un-juste-avertissement.html
J’ai bien aimé le premier album de Van Halen, mais le chanteur frimeur je ne peux pas…j’ai vraiment du mal avec le côté male alpha dragueur de minettes sur les plages californiennes…
mon frangin a 1984… je ne trouve pas cet album transcendant…à part Panama…
je ne connais pas Fair Warning à part Mean Street…
en plus ils faisaient plein de reprises et j’étais assez rétif à ça…
Moi j’aime beaucoup le premier, le second (II), le Mean Streets, le Diver Down qui est justement plein de reprises, fun et rigolo. Après, c’est 1984, et tout ce qui suit, c’est tout pourri. Sauf leur album de 2012 (je crois). Tu devrais essayer le Women And Children First, c’est leur plus heavy.
Fair Warning pas Mean Streets (super titre).
Je ne l’avais pas relevé la première fois, mais même si tu as mis ce titre pour le jeu de mot, ce n’est absolument pas du rappel pour moi : je ne connais rien de ce que tu mets dans ces articles ! 😀 Je note également que ce groupe a le même nom que mon signe astrologique et que ça ne me colle pas du tout, pourtant, quand on parle de piques, je suis dans les premiers…
Je ne saisis pas toujours ce que tu racontes tellement tu vas dans le détail mais ton enthousiasme est toujours rafraîchissant.
Animal Magnetism : la pochette est terrible. Inconcevable de nos jours. Ca me rappelle la pochette du premier album des Strokes, tu connais cette histoire non ? Make It Real : définitivement pas mon truc mais j’aime bien le chant, il traîne un peu, ça change pas mal du heavy de l’époque.
Blackout : une pochette marquante et réussie, un chouette dessin je trouve. No One Like You : ah voilà le son Scorpions que je connais. Hard FM ! Pas pour moi mais c’est super bien fait. Mais c’est quoi ce type sorti de nulle part avec ces fourchettes devant les yeux ? Le clip est incompréhensible non ?
Love at First Sting : mon dieu, voilà l’horreur en pochette ! Elle serait pour Eros Ramazzotti que cela ne changerait rien. Ca a beau être Helmut Newton (donc belle réalisation), le thème est ultra kitsch. Je crois qu’il l’était déjà à l’époque. Still Loving You : impossible de ne pas aimer cette chanson. Elle est trop emblématique de son époque, et elle marche à fond. Mais je ne m’écouterai pas ça personnellement, elle vaut le coup en soirée, pour rire et danser avec les potes. C’est effectivement étonnant cette comparaison avec Queen, cela n’a rien à voir pour moi, dans l’intention autant que dans le genre ou la réalisation. Queen n’ont jamais eu un son si calibré et commun, ils avaient toujours des arrangements qui donnaient une patte personnelle, même dans les années 80.
Eye II Eye : bon sang mais quelle horrible pochette ! On dirait que c’est sorti pour un groupe de acid house. Scorpions a donc continué après Wind Of Change ? Et tu n’en fais pas la description, alors que j’ai subi cet album durant presque tout le lycée ?? Eye II Eye : je déteste. Rien pour moi là-dedans. Ca rappelle un peu ce que Metallica a pu faire avec Load (dans l’esprit hein).
Unbreakable : j’aime bien la pochette… c’est étrange, ce n’est pas mon truc. Mais je sais pas, ça marche. Je n’ai pas pu lire la dernière vidéo. Je crois que je la connais de toute façon, du bon heavy classique.
« Le Metal est sans doute la seule musique où l’expérimentation hasardeuse suicidaire (EYE TO EYE) est taxée d’opportunisme, alors que répéter ce qui a déjà marché est synonyme d’intégrité. » Je pense qu’il y a des intégristes dans tous les styles, tous les domaines…
J’ai vraiment aimé te lire (même si ce fut parfois ardu) et je suis désormais un peu plus connaisseur de ce groupe. Merci Eddy !
Tiens, en faisant une recherche, je remarque que tu n’as pas mis la pochette de Lovedrive. C’est bête, elle est superbe je trouve. Bien malsaine.
Merci Jyrille,
apparemment sur mes articles Scorpions, je me suis un peu trop pris pour un journaliste de magazine ne parlant qu’aux « clients »
C’est un truc que je dois corriger par la suite…
quand je compare à Queen,, c’est plus au niveau « notoriété » j’ai cherché qui remplissant des stades dans le milieu du rock, hard rock et assimilés (Queen est souvent assimilé à ce genre alors que….), et dans les remplisseurs de stades on avait Ozzy Osbourne, Judas Priest, Queen, Genesis, Bon Jovi, les Stones….et Scorpions. en 1985/1986, ils ont été incontournables.
la sphère Metal aime étouffer ses artistes et les cantonner à ce genre précis, mais quand on voit que le groupe a commencé sa discographie en 1972, qu’il a traversé des modes et des époques , on peut d’avantage rapprocher leur musique à TOTO, Boston, un genre de hard/doux…
ils ont d’ailleurs repris Kansas et Queen dans un de leurs live (Amazonia?), du coup, même si leur musique n’est pas identique, je les situe au sein d’une même famille…
Crazy World l’album de Wind of change, n’est pas du tout mon préféré, j’ai orienté mon article sur la réhabilitation et le retour aux sources…
Merci pour les précisions, je comprends mieux !
Merci vraiment pour cette découverte. je ne connaissais que Still Loving You et le look du chanteur avec son béret. J’étais complètement passé à côté de ce groupe. Et j’en suis le premier étonné car, adolescent (au collège), j’écoutais beaucoup de hard FM (Foreigner, Toto, ZZ Top).
Voilà un groupe qui rejoint les curiosités de l’histoire du rock avec Black Sabbath et Alice Cooper car il est inconcevable aujourd’hui que des gars aussi moches puissent obtenir autant de succès !
Je m’en vais de ce pas essayer d’écouter LOVE AT FIRST STING. Or de question que ma culture personnelle soit amputée d’un tel monument ! 🙂
(Hors de question)
Animal Magnetism
Une Chienne agenouillée à côté d’une autre prête à tirer la langue…
Oui, on a connu plus distingué.
Scorpions, j’ai vu leurs clips tout à l’heure, c’est quand même l’incarnation du hard bien beauf : les guitares triangulaires, les bracelets de force, les mâchoires bloquées et une attitude que tu reproches aux américains Eddy. Je ne juge pas hein, c’est une autre époque et je ne crois pas que la notre lui soit préférable.
Simplement j’ai compris que je préférais les entendre que les voir ces Scorpions.
Ah mais tout à fait…
Les clips de l’époque, c’était de la merde en branches… c’est le jeu du blog que d’illustrer les articles avec des clips you tube…^^
le look, collants, bracelets, c’est pas plus beauf’ qu’un autre look, chaque mouvement a son look, même le pull à trou des grungos…
pour moi la beauferie, ça va être ZZtop, j’aime bien les chansons, mais les clips maman! La honte de la forêt!
et les guitares gibson flying V: c’est la vie on ne critique pas ça ^^
gamin c’est celle-là que j’aurais voulu avoir et pas une autre.
Pour la petite histoire, ces guitares ont justement bénéficié de la notoriété des frères SChenker qui ont eu le coup de foudres pour elles et les ont adoptées partout, une blanche pour Rudolf et une blanche et noire pour Michael. les deux frangins devenant célèbres ont entraînés un tas de « followers »
Au niveau des textes, ça ne vole pas bien haut et on sent la maîtrise progressive de l’anglais au fur et à mesure des années. On passe donc de » I love you » et « let’s rock » à des trucs plus bizarres comme « The Zoo » ou Crossfire pour finir par des Wind of change qui ne sont plus dans le registre de let’s fuck in ze chiottes….
Ah mais y a pas tant d’extraits que ça dans cette deuxième partie !
De ce que j’ai entendu, j’ai préféré le son des premiers albums. J’entends LIKE A HURRICANE dans les deux premiers titres… Peut-être que leur « patte » est trop marquée sur certains morceaux…
Remarque : la vidéo live de ROCK YOU LIKE A HURRICANE ne marche pas, interdite dans notre pays pour des droits d’auteur…
Tiens Eddy, je viens de voir leur concert au Hellfest.
Klaus Meine est malade ? Il semble très fatigué et sa voix euh….
oui, il est de plus en plus diminué, comme Ozzy et d’autres nés en 1948… il y a un truc malsain dans le rock/metal dans cette exploitation des vieux…
Un des guitariste de Maiden veut raccrocher mais il suit le reste du groupe à la traine… Dickinson opéré de d’un cancer de la gorge et d’un autre truc de la hanche a annoncé que s’il n’assurerait plus 4 chansons d’affilée, il recruterait un successeur lui-même…
Ils n’ont plus l’âge mais n’arrivent pas à écrire le mot FIN de leurs histoires….