THOR : RAGNAROK par Michael Avon Oeming
Par : TORNADO
VO : Marvel Comics
VF : Panini Comics
1ère publication le 23/06/20- MAJ le 17/08/22
THOR RAGNAROK est un arc narratif de la série au moment où elle est écrite par Michael Avon Oeming. Cet auteur est surtout connu entant que dessinateur de la série POWERS écrite par Brian Michael Bendis. Ici, c’est l’italien Andrea Divito qui assure la partie graphique. Ce sont les six derniers épisodes de la deuxième série régulière dédiée au fils d’Odin, publiés initialement en 2004.
En VF, cette saga a été éditée plusieurs fois et a fini par être publiée dans un bel album de la collection 100% Marvel, couverture grise cartonnée.
La traduction de G. Coulomb, une fois n’est pas coutume, est très acceptable…
Pourquoi, dans CIVIL WAR, le méga-crossover Marvel de 2006, le lecteur voyait-il Red Richards et Tony Stark cloner un Thor disparu du monde des vivants ? Pourquoi, au début de son run en 2007, le scénariste J.M. Straczynski entreprenait-il de le faire revenir d’entre les morts ?
Les réponses à ces questions se trouvent ici.
Dans ce récit, le dieu du tonnerre doit mettre fin à l’éternel cycle de Ragnarok, qui voit la fin du monde d’Asgard suivie de sa renaissance, mais depuis l’aube des temps…
Franchement, jamais je n’aurais imaginé que je pourrais autant apprécier ce comic book : « Comment ça ? Qu’est-ce que vous dites ??? Une série mainstream bien bourrine qui parle de fin du monde, de la mort d’un super-héros (Thor en plus ! cette sorte de mélange improbable entre Schwarzenegger et Astérix en slip avec un marteau !) alors que tout le monde sait qu’il ressuscitera ? Mais je déteste ça !!! »
Seulement voilà, RAGNAROK est bien plus que cela.
Effectivement, le scénariste Michael A. Oeming coupe l’herbe sous les pieds du lecteur en se jouant de ce cliché cyclique éprouvé dans le monde des comics : Mort = événement majeur + Résurrection = double événement majeur = beaucoup de dollars !
En traitant le mythe de Ragnarok de l’intérieur, le scénariste démonte les mécanismes du « cycle en boucle » et pose un regard enfin constructif et original sur ce principe. Mort / Résurrection / Combat Final, tout produit du sens, enrichit l’histoire et ne se résume plus seulement à un simple événement éditorial. Tout devient conceptuel. Tout prend sens. Tout fait œuvre.
Le personnage de Thor, totalement central dans le récit, devient un parfait mélange d’archétype monolithique et de héros tragique dans la tradition Wagnérienne. Sa quête, dans la seconde moitié de l’arc narratif (la première étant dévolue à une impressionnante succession de batailles dantesques), finit par ressembler à celle de Perceval recherchant le Graal, comme on peut le voir notamment dans EXCALIBUR, le chef d’œuvre de John Boorman : une quête intime davantage basée sur une réflexion intérieure que sur une série de combats. Dès lors, le récit bascule dans une dimension métaphysique surprenante, surtout pour une série mainstream comme celle-ci et un auteur principalement connu pour son travail de dessinateur.
Le choix d’Andrea Divito pour la partie graphique est également le bienvenu. Ce dernier offre au lecteur de très belles planches, dans une alchimie parfaite entre le style habituel des comics et une dimension heroic fantasy totalement en osmose avec un monde asgardien peuplé de créatures fantastiques et de géants monstrueux, de vastes chaînes de montagnes et de forêts merveilleuses, de châteaux immémoriaux et de sculptures colossales. Un vrai dépaysement ponctué de doubles-pages homériques !
La fin de l’histoire, logique et aboutie, ne dessert en rien le cheminement effectué depuis le début et, contre toute attente, rompt le cycle éternel, achevant de faire du Thor version Marvel une relecture postmoderne d’anciennes mythologies. Chapeau bas. A l’époque, le personnage est demeuré mort plutôt longtemps puisqu’il a ressuscité sous l’égide de J.M. Straczynski en 2007, après trois années parmi les fantômes. Une éternité au pays des super-héros…
—–
A qui c’est le tour d’enterrer un super-héros ? Et pas des moindres, un dieu en plus…
https://www.youtube.com/watch?v=wSGw8vt1hA8
Les Vengeurs ne sont pas vraiment au courant que les Asgardiens trouvent la mort. Au début de la série Hercules de 2005, ils tiennent des funérailles pour Vision, Scott Lang, le Valet de cœur et Hawkeye mais pas pour le Dieu du tonnerre. Sinon, il y a une suite par les mêmes auteurs, The Saga of Stormbreaker sur Beta Ray Bill, dans une aventure cette fois résolument cosmique.
J’ai toujours eu envie d’essayer cette suite. C’est bien ? C’est dispo en VF dans un album ?
Pas chez Panini, je crois, mais il est sorti dans les albums Hachette : https://www.bedetheque.com/BD-Marvel-Comics-Le-meilleur-des-Super-Heros-La-collection-Hachette-Tome-83-Beta-ray-bill-361946.html
Pour sa qualité, je dois avouer que je n’avais pas le même attachement envers Beta Ray Bill et son peuple qu’avec les Asgardiens. Par contre, la scène dans laquelle le personnage revient sur Asgard après Ragnarok est saisissante.
Lees autres histoires d’Oeming sur Thor (Blood Oath & la mini sur Bill) sont en deçà dee ce Ragnarök.
par contre il a fait une mini sympa HAMMER OF THE GODS chez ISG
J’ai vu ta pique sur Coulomb, mais justement, elle a toujours été formidable sur ce genre de titres.
C’est vrai. Sur Les Chroniques de Conan ça passe bien aussi.
Cet article est un copié/collé d’un ancien commentaire Amazon, du temps où le nom de la dame créait l’urticaire chez les lecteurs des premières intégrales Marvel de Panini. Ce n’est plus vraiment d’actualité.
Ouais. Autant je la supporte pas sur des comics qui se passent dans les temps modernes, autant ça va pour les trucs mythologiques/fantasy.
Il y a parfois des erreurs mais elle n’utilise pas ses expressions hyper ringardes au moins.
Viendrait-elle du passé ? Elle aurait voyagé dans le temps et tenté de comprendre la façon dont les gens parlent le langage moderne ?^^
J’avais bien aimé cette mini-série que j’ai lue dans une excellente revue kiosque.
Un temps, pas si lointain, où l’on pouvait encore lire des sagas complètes pour 5 euros.
Malheureusement aujourd’hui ce n’est plus possible ! L’édition française ayant tendance à rendre la Pop Culture moins accessible au plus grand nombre ! Ce qui est complètement paradoxal !
Ta chronique est courte mais elle met bien en avant les qualités de la mini-série.
C’est exactement le genre d’histoire du dieu du tonnerre que j’aime lire. Un récit clairement encré dans l’Heroic-Fantaisy et très référencé mythologie.
Un pont parfait entre la Pop Culture et la Culture nordique….qui vient enrichir notre propre Culture générale 😉
Il y a 8 ans j’écrivais à Tornado : Argh ! un tel commentaire représente une tentation irrésistible en terme d’achats. Combien de temps vais-je tenir ? […] Je suis très fier de moi : j’ai tenu… pour l’instant… parce qu’en revoyant l’article je me dis que… En plus c’est disponible sur amazon…
C’est très intéressant de revisiter ainsi une œuvre déconnectée de la continuité du moment, avec un recul qui permet de l’envisager sous un autre point de vue.
Bon..
C’est mon aventure de Thor préférée.
Pourtant elle n’est pas facile d’accès puisque le concept de départ est assez osé:
FAIRE LE GRAND ECART ENTRE L’HOMME GA TOTAL A KIRBY ET UNE VRAIE DOCUMENTATION MYTHOLOGIQUE;
C’est bluffant totalement. Oeming restitue parfaitement l’ambiance nordique tout en y mettant Magog et tout le bordel cosmique-psychédélique des années 60.
un tour de force.
par contre il faut avoir le temps de le lire, c’est dense. la fin de l’épisode en 6 épisodes bien supérieure à la saga principale vide
L’auto-correction a frappé ? 😉 Quand même, l’auteur abandonne Ragnarok en cours de route pour une quête spirituelle, privant le lecteur de la « fin » du cataclysme évacué en quelques pages.
Par contre, j’ai trouvé un lien fort avec la mini-série Loki (dont je découvre à l’instant qu’elle n’est pas considérée comme en continuité d’après Marvel Fandom) et le thème des personnages prisonniers du cycle de Ragnarok
Une quête spirituelle effectuée par Odin lui même dans les mythes… il a renoncé à son œil pour la sagesse et le secret des runes.. il reste aussi pendu à l’arbre pendant un certain temps…
j’ai adoré cet aparté, qui tourne le dos au comics classiques.
c’est vrai la fin est un gros bordel vite torché mais ça passe…
« privant le lecteur de la « fin » du cataclysme évacué en quelques pages »
Pour atténuer la frustration éventuelle, on peut aussi se dire que de toute façon cette fin a déjà été mise en scène à plusieurs reprises, par de plus grands dessinateurs que Di Vito (chez Kirby dans les « Tales of Asgard » et en un sens au début de ses New Gods, la prophétie dans Thor #200 par Buscema, etc..).
Bonne idée de la part d’Oeming d’avoir ramené l’armure bleu & or (Odinson a toujours fière allure avec) et surtout ceux qui siègent en haut (X-Men/Alpha Flight), revus plus récemment dans le Loki d’Al Ewing.
Et Simonson, au moins pour l’affrontement contre le serpent de Midgard 🙂
Pour ma part je ne suis pas mega fan du dessin.
Mais sinon oui c’est un chouette comics avec une dimension meta sur le cycle de mort/résurrection qui fonctionne très bien avec le concept mythologique du Ragnarok
Cette mini série + le run de JMS (achevé par Gillen) c’est ce que je préfère sur Thor version Marvel.
Une série mainstream bien bourrine qui parle de fin du monde, de la mort d’un super-héros (Thor en plus ! cette sorte de mélange improbable entre Schwarzenegger et Astérix en slip avec un marteau !) alors que tout le monde sait qu’il ressuscitera ? Mais je déteste ça !!! »
Je me rappelle très bien de ce passage made in amazon. Je crois même que c’est ce qui m’avait fait sauter le pas à lire le Thor de Ennis.
Bon le personnage, son casting (on oublie souvent le casting- J’adore Hulk mais son casting me fait chier-) et ses aventures ne m’intéressent pas des masses.
Mais s’il y a du méta, pourquoi pas en occas’ à l’occas’.
Pas de Hulk à l’horizon dans ce bouquin…
Je suis horrifié par le fiilm qui n’a rien à voir avec le présent livre.^^
Et peu à voir avec Planet Hulk tant qu’on y est, au-delà de la scène de l’arène où Thor remplace le Surfer (je crois ?)
En même temps je ne vois pas pourquoi il aurait fallu s’attendre à ce que le film ait un quelconque rapport avec ce comics.
Cette histoire ne s’appelle même pas Ragnarok en VO. Elle fait partie du « label » Disassembled. Et ce sont des épisodes réguliers de la série : Thor v2 80 à 85
Ah bon? ce n’est même pas le nom de l’arc?
Non, c’est Thor : DIsassembled
J’en parlais dans mon article sur Avengers Disassembled. ça se passe conjointement (Thor est absent de Avengers Disassembled)
C’était des histoires labellisées Disassembled
Bon ok.
Mais bon…si tu vas par là, Stan Lee et Roy Thomas ont déjà utilisé aussi Ragnarok dans des titres d’épisodes de Thor.
Ils n’ont qu’à pas mettre 30 titres plusieurs fois chacun, voilà ^^
Qu’entends-tu par « casting » Bruce ?
Les personnages secondaires qui l’entourent (trois guerriers, Odin, Sif, Balder, les autres Odinson, les pièces rapportées tel que l’alien Beta Ray Bill, etc…).
Merci pour la (courte) présentation Tornado ! En effet, en lisant Civil War, je n’avais pas compris comment Thor en était arrivé là.
« mélange improbable entre Schwarzenegger et Astérix en slip avec un marteau ! » bon sang mais tu as raison ! Je n’y avais jamais pensé ! Hyper drôle en plus. En effet, de Oeming, je ne connais que les Powers que je possède.
Je découvre qu’en fait c’est hyper vieux ce run. J’avoue que le côté HF, bien souligné par les enluminures des marges, me plaît bien. Ca pourrait m’intéresser, parce que tu vends bien le truc en le comparant à Excalibur. Il y a combien de tomes et/ou volumes ?
La BO : cool mais c’est tout de même un album dont je ne suis pas fou.
6 numéros donc un seul tome (la conclusion de la série et le début de son hiatus avec les n°80 à 85, les 79 numéros précédents correspondent au run assez conséquent de Jurgens).
Bon, j’arrive après la bataille, enfin, le Ragnarok… Je partage l’avis de Tornado, c’est une très bonne mini. Même si j’aime beaucoup ce qu’a fait Di Vito, je me demande parfois ce que ça aurait pu donner avec un dessinateur dont la patte aurait été davantage marquée.
J’ai fini par craquer et par acquérir et lire le recueil Thor: Ragnaroks, avec les 3 histoires écrites par Michael Avon Oeming.
Blood Oath (dessiné par Scot Kolins) : une histoire de Thor avec les Warriors Three accomplissant des quêtes en Asgard et sur Terre. On ne sait pas trop à quoi s’attendre en entamant cette histoire qui commence d’une manière très banale par un affrontement contre un supercriminel sur Terre. Le bel exposé de Jane Foster ne sert qu’à remplir quelques cases, puis vient enfin la partie intéressante. Scénariste et dessinateur sont sur la même longueur d’onde, avec le coloriste : un conte amusant et inventif, plus mythologique que superhéros, pour des épreuves hautes en couleurs, requérant plus que de la force et du courage pour réussir. En prime, la conclusion boucle avec le discours de Jane Foster, de manière pertinente, sans être forcée ou artificielle. Une histoire sympathique avec un entrain communicatif, entre 4 et 5 étoiles.
Thor Ragnarok / Disassembled : a priori une histoire de plus de Thor, dont le titre promet un affrontement final titanesque, mais sans penser un seul instant qu’une fin du monde pérenne puisse se produire. Les dessins appliquées d’Andrea di Vito reste dans un esprit très superhéros. Pourtant le récit prend une direction inhabituelle, avec des événements troublants. Effectivement l’intention et l’ambition de Michael Avon Oeming & Daniel Berman ne sont pas d’écrire un récit de superhéros, ou même un récit de Thor à la sauce Marvel, mais bel et bien un conte abordant la notion de changement de manière dramatique.
Stormbreaker Beta Ray Bill (dessins d’Andrea di Vito) : Si on a apprécié le Ragnarök de Thor, ou si on apprécie l’écriture d’Oeming, il y a de forte chance d’être tenté par cette minisérie. Andrea Di Vito est beaucoup plus à l’aise dans l’espace, que sur Asgard et il réalise des planches spectaculaires, formidablement complétées par la mise en couleurs. L’aventure est inventive et visuellement impressionnante et elle est complétée par le point de vue d’un habitant ordinaire qui, par comparaison, fait ressortir la dimension quasi mythologique de tels combats.
Merci Tornado de m’avoir convaincu de lire tout ça.
D’accord mais le fait-est que, avec ton enthousiaste retour, j’ai envie de lire les deux autres récits à présent ! Quelqu’un sait où on peut dénicher ça en VF ?
Blood Oath a été publié par Panini dans Marvel Méga n°28 ainsi que Thor (Best Comics) n°2, et tu trouveras Stormbreaker dans le tome 83 de Marvel Comics : Le meilleur des Super-Héros chez Hachette (qui contient aussi les deux premières apparition du personnage dans les années 80).
Merci beaucoup pour cette réponse rapide que j’aurais été bien en peine de donner.
Oeming a au aussi écrits sur d’autres dieux (Ares avant que Bendis ne l’utilise à son tour). Inédit en vf là par contre.
Hello,
RE – lu ce matin, près de 20 ans après sa première publication en VF et donc mon unique lecture.
Cela n’a non seulement pas pris une ride mais je reste impressionné par la qualité d’écriture. Un superbe récit bien dans la lignée de ce que peut proposer un Neil Gaiman avec AMERICAN GODS. Limite le lien avec l’univers Marvel et notamment la participation de Captain America et Iron Man est en trop quoi que c’est pour mieux rompre le lien postérieurement.
finit par ressembler à celle de Perceval recherchant le Graal, comme on peut le voir notamment dans EXCALIBUR, le chef d’œuvre de John Boorman : une quête intime davantage basée sur une réflexion intérieure que sur une série de combats : exactement celà. Cette idée de rompre le cycle, c’est clairement la bonne idée. Je me rappelle à l’époque m’être poser beaucoup de question (surement n’étais je pas encore assez mature) sur pourquoi un nouveau Ragnarok et si Ragnarok il y a cela signifie que les héros sont morts définitivement.
Comme le souligne Eddy, UNE VRAIE DOCUMENTATION MYTHOLOGIQUE mais aussi de la part de Avon Oeming un bonne connaissance de l’univers Marvel avec des références pas si nombreuses mais bien placées, je pense notamment aux « Those Who Sit Above in Shadow » (Ceux Qui Siègent Dans l’Ombre) qui m’ont rappelé un certain X-MEN/ALPHA et un ALPHA FLIGHT #50.
Graphiquement superbe. JMS, GILLEN puis AARON ont surement puiser dans ces 6 épisodes pour leur run respectif.
Les « Ceux Qui Siègent Dans l’Ombre » ont été réutilisés dans Loki: Agent of Asgard (Al Ewing se servant de l’aspect fin du monde de Secret Wars pour faire l’analogie avec le ragnarok des dieux nordiques).