ENCYCLOPEGEEK : SIGUR RÓS
Special Guest : Aliénor Drake
1ère publication le 15/11/19 – MAJ le 09/01/22
En fait, l’histoire de ce blog, c’est aussi une histoire de contradictions et l’amour des contradicteurs. Et des contradictrices aussi, bien entendu.
Ainsi lorsque je demande à Alienor, fan de Batman (elle officie pour BATMAN LEGEND) si elle voudrait jouer les guests, ma question, faussement non orientée, induisait un : « Ouais, Bruce, je rêvais d’écrire pour toi depuis des années et vais t’offrir ma plus belle prose pour un article sur Batman ! »
Au lieu de ça, ce fut : « Ouais, génial, je vais enfin pouvoir écrire sur SIGUR ROS, mon groupe préféré! ». Be careful for that you wish Bruce Lit ! Accessoirement, Sigur Ros est l’une des formations qui m’a souvent le plus fait baillé. Sérieux, écouter leur chanson au volant sur l’OST de VANILLA SKY, c’est la mort assurée !
But, hey Nevermind, je suis un gentleman et ce blog toujours enclin AU BONHEUR DES DAMES. L’article est formidable est et vous allez le voir, Ali aussi !
-Bruce
Le hasard a voulu, lorsque j’échangeais avec Bruce à propos de cet événement d’une responsabilité écrasante et d’un défi laborieusement surmontable, à savoir l’écriture de mon premier article pour Bruce Lit, que Sigur Rós sorte à ce moment-là son tout dernier album, Liminal. Or, ce groupe a le don de chanter dans une langue parlée par un peu plus de 360 000 personnes mais est pourtant devenu célèbre au cours de 20 ans de carrière. Alors je me suis dit, pourquoi pas partager avec les lecteurs de Bruce Lit cette passion que je partage pour ce groupe, comme cette passion que j’ai pour la BD et les comics ?
Et là, je remarque que Bruce n’aime pas Sigur Rós (c’est rien de le dire, mais je l’ai déjà dit – Ndr). Raison de plus pour écrire l’article. Faire aimer un article au patron alors qu’il n’en aime point le sujet, est un objectif encore plus attrayant.
J’ai découvert Sigur Rós par une heureux circonstance. J’en avais entendu parler il y a fort longtemps, sans chercher à écouter. Et puis un soir, je regarde avec une amie l’épisode 2 de la saison 4 de Game of Thrones (le funeste mariage de Joffre Baratheon et Margery Tyrell). On assiste soudain à l’apparition de 3 saltimbanques qui entament une sinistre version de « Rains of Castamere », la sinistre chanson de la famille royale. Les « acteurs » sont en réalité les membres restant de Sigur Rós, Jón Þor Birgisson (le chanteur et guitariste à la voix de fausset), Georg Hólm (le bassiste co-fondateur du groupe) et Orri Páll Dýrason (le batteur qui a quitté le groupe en 2018, accusé de viol. Leur interprétation particulièrement sinistre de Rains of Castamere en générique de l’épisode m’a alors marquée et j’ai voulu en savoir plus sur ce groupe.
Passionnée par l’Islande, son histoire et sa culture, apprenant d’ailleurs l’islandais en autodidacte, j’ai immédiatement été séduite par l’une des thématiques les plus prégnantes de leur univers : l’appel de la forêt, de la nature et surtout, de l’Islande. Je ne vais pas vous raconter ce que vous trouverez dans Wikipédia ou divers articles redondants, je vais me concentrer sur ces thèmes avec un point de vue tout à fait personnel, étayé de quelques lectures qui font écho à leur musique.
Plongez-vous dans leur premier album, Von. Rendez-vous dans les marécageuses landes bretonnes du Yeun Elez ou au cœur des Cévennes désertiques, des paysages qui se rapprochent (faute de mieux) de l’Islande. Fermez les yeux. Vous y êtes. La musique fait peur. Elle vous enserre tel un glacier qui s’étend irrémédiablement. Puis les sons de voix étranges de Dögun vous avertissent d’une rencontre quelque peu surnaturelle avec le « peuple caché ». Après tout, le groupe fait appel aux créatures surnaturelles dans la chanson Starálfur qui veut dire « elfe qui observe » et raconte cet instant au cœur du sommeil, l’invitation au bal avec l’émanation. On éprouve alors l’envie de se rendre sur la péninsule sauvage islandaise de Hornstrandir, vide d’humains, de s’allonger et d’attendre le regard d’un petit renard polaire curieux, en écoutant la paisible Ekki Múkk (« Pas un bruit », album Valtari) ou en contemplant le sublime livre de photographies de Vincent Munier, Arctique.
Dans leur album Kveikur sorti en 2013, c’est la toute-puissance de la nature islandaise qui est explicitement évoquée. Tel ce peuple résiliant qui a su surmonter les pires explosions volcaniques, on entre dans l’album avec une fureur rude et âcre, à travers Brennisteinn (« Souffre ») , morceau composé de guitare et de basse surpuissantes, laissant voir le volcan imploser puis éjecter sa fureur. Tout amateur de BD ne peut alors que penser, en écoutant ce morceau, à La Saga de Grimr de Jérémie Moreau, lauréat du Fauve d’or en 2018 et qui illustre ce feu, cette puissance naturelle, écrasante et destructrice de la terre de glace. Dans cet ouvrage, on fait la connaissance avec l’île, mais surtout avec les habitants, la société et les individus, façonnés par cette nature surdimensionnée, oppressante et la plus sauvage qu’il soit. Puis vient l’étrange Hrafntinna l’obsidienne présente sur l’ile, et enfin Ísjaki, l’iceberg reflet d’un amour froid et distant. Ces morceaux laissent transparaître des émotions mêlées de légèreté, de tristesse, de joie et de froideur (le refrain de Ísjaki, « þú segir aldrei neitt, þú ert ísjaki » signifie « tu ne dis jamais rien, tu es un iceberg »). Là encore, une BD récente me vient à l’esprit, Ailefroide Altitude 3 954, de Rochette et Bocquet. Elle est comme l’iceberg de Sigur Rós, comme l’Islande inhospitalière ; froide et percutante, laissant les émotions affleurer la surface de la glace sans trop en sortir. L’Islandais, comme le montagnard, n’a pas besoin de s’exprimer haut et fort, cela risquerait de réveiller un troll ou un elfe, de déclencher une éruption, un tremblement de terre ou une avalanche.
Leur pays, les musiciens l’ont également mis en valeur à travers une vidéo de 24h tournée sur la « Route One » qui fait le tour de l’île, filmant les paysages de façon incessante et captivante, selon le style de la « télévision lente ».
La nature peut être douce également, régénératrice à l’image des hommes qui échouent, qui s’endorment et qui renaissent tels des nouveaux êtres avides de fraîcheur et de nouveauté. Les chansons de Sigur Rós peuvent d’ailleurs exprimer l’allégresse et la légèreté. Le contraste correspond bien à la mentalité islandaise qui, résiliente, impose aux hommes du Nord de ne pas s’apitoyer sur eux-mêmes et d’évacuer toute gravité par un sens de l’humour particulièrement absurde et souvent noir. Les paroles et la simplicité d’Illgresi (« mauvaise herbe ») , Jónsi étant accompagné seulement d’une guitare, reflètent cette nature source d’espoir. Pour faire simple ici, deux individus foulent l’herbe et la terre pour mettre de côté leurs malheurs et renaître comme les arbres renaissent au printemps. Dernièrement, j’ai lu une BD qui me semble profondément adéquate à une écoute de Sigur Rós et à certaines chansons comme Illgresi : Dans la forêt de Lomig, d’après un roman visionnaire de Jean Hegland publié en 1996. Deux jeunes sœurs tentent de survivre en forêt dans une Amérique dévastée par l’apocalypse sociale, climatique, technologique et politique dont nous parlent les collapsologues. Une curieuse analogie peut d’ailleurs être faite entre la couverture de la bande dessinée et la jaquette de l’album Takk (le seul mot islandais que retiennent les amateurs du groupe, et qui veut dire « merci »).
L’aspect lancinant et doux de beaucoup de morceaux du groupe, qui fait appel aux bruits de la nature, voire aux sons d’animaux (le dauphin dans le tout dernier Liminal, les baleines, les oiseaux dans d’autres morceaux), l’espoir inspiré par nombre de chansons et leur rythme, me font entrer dans la lecture de Dans la forêt mieux que n’importe quel groupe. Ecoutez Rembihnútur de l’album Valtari et visionnez le clip qui en a été réalisé , et vous comprendrez pourquoi. L’éveil des sens et des corps est permis par la sérénité de la nature qui nous entoure. Ce corps que vénère également Sigur Rós, tout comme l’enfant et le sommeil mais ça, ce sera peut-être pour un autre article…
Le groupe dit « post-rock » (terme qui pousse à la discussion) islandais ne serait-il donc pas, finalement, le reflet des questionnements actuels dans la société et la culture populaire ? Ces Islandais chantent dans leur propre langue (quand ce n’est pas dans une langue purement sonore, inventée, le « Vonlenska »), incompréhensible par le monde entier mais remportent un succès indéniable. Ils aiment leur pays et le montrent, et l’on sait combien le peuple islandais est patriote tout en étant ouvert sur le monde, à l’heure où l’américanisation dévaste les particularismes locaux. La nature imprègne leur musique alors que l’homme s’en est dépouillé et se rend compte des conséquences.
Je passe juste saluer la prose d’Alienor : un plaisir de te lire, tu nous fais voyager dans des contrées nouvelles.
Je n’aurai probablement pas le temps de revenir pour écouter et découvrir ce groupe aujourd’hui, mais j’ai fait ma réservation pour ce week-end !
Hâte de lire ton prochain article, Aliénor 😉
Merci beaucoup ! C’est l’objectif, de faire voyager en musique, donc je suis ravie !
Bonjour Aliénor Drake et bienvenue.
Je n’avais jamais entendu parler de ce groupe et j’étais très curieux de lire l’article après son annonce de rédaction il y a quelques semaines sur facebook.
Merci beaucoup pour cette découverte, et je sais ce que je vais écouter ce soir. Mon horizon musical vient de s’élargir sur un paysage qui m’était inconnu.
Je viens d’écouter Kveikur et je ne me suis retrouvé que dans certaines parties de morceaux, mais pas tous. Certaines sonorités évoquent pour moi le groupe Gazpacho. L’effet planant était moins intense que ce à quoi je m’attendais. Je me lance dans Valtari.
J’adore Valtari (enfin j’aime tous les albums donc difficile de dire autre chose) surtout la chanson varúð dont tu trouveras un magnifique clip ici : https://www.youtube.com/watch?v=Gf1h2PMPCAo
Vraiment, regarde-le, il est superbe.
Bon bah je pars me mettre une galette des islandais que je n’ai pas écoutés depuis trop longtemps.
Agaetis Byrjun est l’album que je préfère.
Merci pour ton article qui donne envie de partir se noyer dans la nature !
Je ne connaissais pas du tout ce groupe…
On dirait Tangerine Dream qui auraient rencontré Enya.
Je ne sais pas si je vais me mettre à poil sur les routes du jour au lendemain, mais c’est plaisant….
Eh bien, moi-même je ne connais pas Tangerine Dream, donc je vais écouter ce soir. Par contre je n’avais pas vraiment perçu la ressemblance avec Enya que j’apprécie bien. C’est bien vu !
Merci Alienor pour cet article sur Sigur Ros, un de mes groupes préférée ô combien aimé. Je les ai découvert avec Takk lorsque (dans une autre vie j’étais en section musique d’une bib). Depuis je n’arrête pas d’écouter de m’y plonger comme un besoin d’oxygène. Le concert de 2013 au Zénith était sublime celui de 2017 (au gd Rex) trop rôdé…
Tu fais un rapprochement entre la musique et la lecture, c’est génial car perso je n’arrive pas à écouter ce groupe en lisant : les émotions sont trop fortes. Comme tu le dis dans ton article : allégresse !!!!
Une ancienne bibliothécaire !! (Je suis bib aussi…) On partage les mêmes émotions vis-à-vis de ce groupe…C’est étonnant ce qu’il peut dégager : soit les gens n’aiment pas du tout (ce que je peux comprendre), soit ils accrochent à s’en droguer !
Sigur Rós c’est la vie. En plus y a Thor dedans.
Ðhor (Þhor en minuscule) est « Thor » en Islandais. Le Þ est le « the » anglais. L’anglais est un dérivé de l’islandais (qui est en fait le Norrois viking). Voilà l’explication !
Tout d’abord Ali, respect : apprendre la langue de Bjork en autodidacte, je te tire mon chapeau. Je n’ai jamais été attiré par ce pays n’étant pas versé du tout pour la fascination du monde médiéval ni de la féerie.
J’apprends ensuite que le batteur originel a quitté le groupe en 2018 et ne sais pas ce qui est le plus choquant : d’apprendre que ce membre d’un groupe de 1er communiant est accusé de viol ou qu’il y a un batteur dans cette formation !
Par pur acquis de conscience et par réminiscence de mon adolescence où ce fut une jeune correspondante américaine qui me fit découvrir Pink Floyd – alors pourquoi pas une simili islandaise ?- j’ai écouté attentivement ta sélection.
1ère remarque : il y a un sens de la composition, ces gens savent écrire une chanson comme en témoigne la jolie mélodie acoustique.
2ème remarque : en fond sonore, c’est parfait pour réveiller mes enfants en douceur le matin…
3ème remarque : tu as failli gagner ton pari. Je commence par le 1er morceau celui de GOT, et je trouve la chanson parfaite, à la fois aérienne et lugubre. Il y a du Nick Drake, là dedans, c’est très beau. Enthousiaste je m’écoute le reste et…et…et…
Ben, non,
c’est naze, je n’aime pas du tout.Il y a trop d’Enya à mon gout, et les (jolies) raisons qui te font aimer ce groupe sont les mêmes qui me le font fuir. En musique, j’ai besoin de violence, de tourments, de cris, de rage et de désespoir. J’ai besoin d’être retourné, KO, bouleversé, de ressentir le danger, l’intensité, le fil du rasoir et Sigur Ros est l’antithèse absolue de ces sensations.
C’est du planant dans tout ce qu’il y a de plus contemplatif, jamais une note plus haute que l’autre et des morceaux d’une heure soporifiques.
Mais vraiment j’ai essayé. Bien essayé Ali !
Eh oui Bruce, j’ai aussi été effarée de l’accusation (effaré dans le sens où ce mec aurait violé, pas dans le sens où il a été accusé, hein), quand on aime un groupe comme ça, ça choc de le voir chuter de son piédestal….
Pour l’apprentissage de l’Islandais, contrairement aux apparences ce n’est pas une langue si compliquée, surtout quand on a fait de l’Anglais et de l’allemand. C’est un peu comme le latin pour les Français (bon certes, la prononciation est quand même très difficile). Je tiens à signaler que j’ai toujours eu un faible niveau en langues, c’est dire !
Je comprends parfaitement que tu puisses ne pas accrocher. C’est un genre qui, par sa particularité, implique que l’on adhère complètement ou pas, je comprends tout à fait. Mon propre papa avec qui je partage pourtant bien des goûts musicaux (je peux même dire que c’est lui qui a forgé ma culture musicale dès mon plus jeune âge, de Pink Floyd à Malicorne (tiens, ça sent un petit article Malicorne ?) en passant par Ange, Led Zeppelin ou Bowie), n’accroche pas du tout.
Bon au moins j’ai réussi à te faire reconnaître leur qualité musicale niark niark
Très bel article, très personnel, avec une plume aussi solide qu’intriguante et élégante qui invite effectivement au voyage. Cela fait quelques années que ma femme et moi désirons nous rendre en Islande, tu ravives en moi cette envie de découvrir cette terre. Apprendre la langue en autodidacte me semble insurmontable, respect éternel !
De Sigur Ros, je ne connais que Ágætis byrjun que j’ai longtemps cru être leur premier album, leur suivant () Untitled, et celui de 2008, Með Suð í Eyrum Við Spilum Endalaust, un album bien plus pop et enjoué qu’à l’habitude. Cela fait bien longtemps que je n’en ai pas écouté, mais à mettre les titres ici, tu me redonnes envie.
La chanson de Game Of Thrones est en effet saisissante, je n’avais aucun souvenir de ça lors du visionnage de l’épisode. D’ailleurs sur le titre suivant, l’acteur du clip joue dans GoT (et The Wire aussi), c’est marrant.
Je ne connais pas La Saga de Grimr mais tu donnes envie d’y jeter un oeil pour sûr ! Par contre j’ai Ailefroide qui est dans ma pile de lecture (ainsi que Le Loup et tous les Transperceneige, même si j’ai déjà lu les trois premiers tomes originels).
En ce qui concerne le post-rock, j’avais effectivement cité le groupe dans un article sur Talk Talk, mais après tout, on se fiche des étiquettes.
Je ne connais pas bien ses derniers albums, mais pour rebondir sur l’Islande, demain, pour la première et sans doute unique fois, je vais voir Björk en concert. J’en attends aussi beaucoup question émotion.
Merci Alienor pour cet article que je relirai sans doute aucun.
Oh, un concert de Björk ! J’en ai loupé il y a quelques années, elle passait à St-Malo non loin de chez moi et a annulé pour raisons…Obscures. J’étais assez dégoutée…
Il faut aller en Islande, c’est le plus beau pays du monde !! (en tout ob-sub-jectivité) Mais attention, pas n’importe où ni n’importe quand, sinon il y a risque de mauvaise surprise (trop de monde, déception face à ce qu’on croyait être un pays sauvage). Je suis allée dans l’une des plus belles et sauvages région d’Islande, et n’ai pas eu la même impression qu’une autre personne qui n’a fait que les coins touristiques en juillet et n’a pas rencontré un seul islandais…
Mais… mais… c’est qu’ils sont vachement énervé à la fin du morceau ! Et même à partir de la dixième minute, c’est violent.
Pour les personnes qui souhaitent découvrir un morceau peu connu (mais selon moi le plus beau) de Sigur Ros, dont je n’ai pas parlé ici car sans trop de rapport avec l’Islande (quoi que, Ara Batur, c’est le bateau…), il y a cette vidéo, à écouter mais aussi à voir. Emotions garanties. Même pour toi, Bruce, j’en suis sûre !!
https://www.youtube.com/watch?v=vUK_ou_mTQE
Le final quand l’autre arrête de chouiner est très beau je l’avoue. Quel plaisir de revoir les studios d’Abbey Road.
Et bien si je m’attendais ! Du Sigur ros chez Bruce Lit ! Excellent !
Bravo Aliénor Drake pour cet article en forme d’ode poétique au groupe Islandais ! Bien qu’ayant tous les albums et tous les maxi je me suis rendu compte en lisant ton article que je ne connaissais quasiment aucun titre ! En réalité je ne les regarde jamais et je n’ai reconnu les morceaux qu’en lançant les liens youtube ! D’ailleurs je pense que le groupe lui même se moque des titres vu que sur le 2ème album il n’y en a carrément aucun !
Bref j’étais hyper fan de Sigur ros jusqu’à l’album « Aux-culs-nus » (voir plus haut je ne connais pas le titres) sur lequel ils sont devenus plus « Pop » au sens négatif du terme. Après cela ils sont revenus à des choses plus profondes mais j’ai eu du mal à m’y replonger…
Par contre tous les concerts de Sigur ros que j’ai vu (et même ceux de Jonsi, le chanteur en solo) comptent parmi mes meilleurs souvenirs Live ! L’impression incroyable de voir un iceberg se déplacer sur scéne ^^
Les concerts de Sigur Ros sont effectivement d’une beauté rare ! La première fois que j’en ai vu un, j’ai pleuré hihi ! Jamais vu Jonsi seul par contre, merci du conseil.
Et sinon, en réalité je n’ai pas du tout mis les titres connus du groupe dans cet article. Uniquement ceux qui concernent la thématique. Et finalement ce ne sont que des titres rarement écoutés par les gens, mais que je trouve très beaux malgré tout. C’est pour cela que tu as eu l’impression de n’en connaître aucun. Si le patron veut bien, je referai un article sur la thématique du corps et là, d’autres chansons plus connues et emblématiques viendront.
Ça y est, j’ai pris le temps d’écouter les différents morceaux !
Bon, je ne suis pas fan de ce genre de musique, qui fait un peu musique d’ambiance, séances de yoga etc.
Par contre, j’aime beaucoup celle enregistrée dans les studios d’Abbey Road. Très intense, belle réussite.
Je n’ai jamais vu Sigur Ros et ça m’embête vraiment, mais au moins j’ai vu l’Islande au cours d’une expérience sensorielle incroyable, un concert de Björk.
Il y a un grand rideau sur lequel est projeté une image fixe, un dessin ésotérique où l’on peut voir des fleurs ou des gens, ça dépend. En attendant la diva, on a des bruits d’oiseau en boucle, pendant une heure trente environ puisque la salle a ouvert à 19h.
Le concert débute à 20h30, avec deux jeunes gens, un gars et une fille, placées devant le rideau, qui viennent jouer un court air de trompette bouchée. Ils sont rejoints par une quinzaine d’autres, toujours devant le rideau, et chantent des titres a capella. Des titres qui sonnent Björk mais également médiéval par moments, comédie musicale à d’autres, des titres très courts, pas plus de deux ou trois minutes. Ils en font cinq avant de repartir et que l’on entende enfin la diva, mais sans la voir, puisqu’elle est derrière le rideau.
« Are you caring for me? » chante-t-elle plusieurs fois avant de crever enfin ce satané rideau et de se présenter au public. Dans une robe blanche aux énormes épaulettes sphériques (celle de droite est taillée afin de permettre au bras qui tient le micro de se lever jusqu’à la bouche de la chanteuse), sous un masque en forme de moustache de Dali, une longue perruque dans le dos, la voix unique de Björk écrase tout. Au-delà de tout ce que j’ai pu voir ce soir-là, c’est la première chose que je retiendrai : cette voix magnifique et singulière, d’une pureté et d’une puissance intimidantes autant qu’exceptionnelles.
Parce qu’il ne s’agit pas vraiment d’un concert. C’est du théâtre, de la comédie musicale, de l’art contemporain, un spectacle dans son sens strict. D’ailleurs au début je ne sais pas trop quoi penser. Il y a une harpiste, des flûtistes qui dansent (jouent-ils vraiment ?), un gars derrière son Mac. Il y a un batteur qui ne joue que sur des toms électroniques, aux sons étranges. Il y a des projections devant et derrière la scène, des animations représentant la nature, des cordes qui vibrent en suivant la harpe puis deviennent des plantes, des Björk mécaniques ou ésotériques. Parfois, elle chante dans une cabine où on la voit, à la fois par les ouvertures et sur les écrans via une caméra : le son devient intime et lointain. Une flûtiste y fera un solo, introduite par un texte en anglais qui cite les accords de Paris sur le climat. On aura un morceau où le rythme sera donné par l’écoulement de l’eau depuis des jarres, les choristes seront souvent là, parfois ça vire un peu techno.
Il faut dire que c’est un spectacle construit sur le dernier album, Utopia, et que je ne le connais pas. La seule écoute m’a surtout fait penser que c’était un album complexe et long. Même les rares anciens titres sont difficilement reconnaissables (je n’ai pas reconnu Venus As a Boy).
Avant le rappel, une vidéo de Greta Thunberg d’au moins trois minutes est projetée. Elle est faite spécifiquement pour la tournée, elle raconte toujours la même chose et nous dit de passer une bonne soirée. Deux titres en rappel, avec la présenation de tous les musiciens entre les deux. Deux heures de concert visuel conceptuel, une expérience sonore et sensorielle assez incroyable. Même si vous n’aimez pas Björk, cela vaut le coup d’oeil. Et d’oreille.
A noter que parmi le public, j’ai vu de belles personnes au look totalement décalé : fille en tutu et diamants sur le visage, une fille tatouée sur le visage, des gays aux vêtements flashy, aux ongles longs et vernis, aux boucles d’oreilles de grand-mère, un mec âgé en chemise noire stylée arts martiaux et en pantalon de kimono complètement blanc, un hardos pur et dur en cuir avec les patchs de groupes de death-metal illisibles… Bref, une diversité que je vois rarement !
Quelques photos du concert ici : https://www.facebook.com/bjork/
Et la page wikipedia de la tournée, avec toutes les infos dont la setlist : https://en.wikipedia.org/wiki/Cornucopia_(Bj%C3%B6rk_concert_tour)
https://www.setlist.fm/setlist/bjork/2019/rockhal-main-hall-esch-sur-alzette-luxembourg-539a9735.html
Merci pour ton compte-rendu détaillé, Jyrille !
Tu es allé au Luxembourg, du coup ?
J’adore la voix de Bjork, une des plus belles voix du monde, mais je n’adhère pas à son genre totalement psychédélique, voire schizophrène. C’est un personnage totalement halluciné. Ce que tu décris du spectacle ne m’étonne pas du tout d’elle.
Contente de voir que malgré les années qui passent, elle reste toujours capable du meilleur.
A la première lecture de l’article, vendredi matin, j’étais dans le tram et pas vraiment dans les meilleures conditions pour essayer cette musique que je ne connaissais pas du tout.
Nouvelle tentative samedi matin, première impression : Youtube ne veut pas démarrer… ah non, c’est juste les intros qui sont super longues et silencieuses 😉 !
Après avoir essayé tous les morceaux mis en lien : c’est pas trop ma came. Je n’ai pas d’attirance particulière pour cette musique. C’est contemplatif et ça ne me parle pas. Mais c’est bien de savoir qu’il y a des artistes qui continuent à faire des choses à leur façon, sans subir le formatage… J’ai survolé un article la semaine dernière qui établissait un lien entre le raccourcissement de morceaux à 2min30/3 min max et l’ère du streaming audio, où un morceau court rapporte plus et où le refrain « doit » arriver avant 30 secondes pour accrocher l’auditeur…
C’était déjà le cas dans les années 60. Les 45 tours comportaient 4 titres, deux par face. Il fallait être efficace, c’était vendeur. En fait les vinyles ne pouvaient pas offrir (et maintenant aussi je pense) plus de place, c’est pour ça par exemple que SHINE ON YOU CRAZY DIAMOND de Pink Floyd est coupée en deux alors que le morceau est conçu pour être un seul de 26 minutes. Mais ça ne passait pas sur les 33 tours de l’époque. Enfin c’est ce que j’ai cru comprendre en me penchant sur le groupe l’an passé.
Maintenant, avec le digital, plus de limite. Je crois que le morceau le plus long fait 24 heures. Je me suis réécouté le live at Leeds des Who, dont il existe plusieurs versions. La dernière que je possède date de 2001 et a deux CD : un de treize titres, un autre de 20, où tout l’album TOMMY est joué. Lors du concert, TOMMY était placé entre les morceaux 9 et 10 du premier CD. Ils ont donc ressorti le concert complet en digital il y a quelques années avec les 33 morceaux à la suite. Parce que sur ma version, évidemment, ils ont remonté le morceau 9 pour qu’à la fin, on entende le guitariste annoncer le morceau 10, qui en vrai n’arrivait qu’en 30ème position… Je m’en suis fait une playlist avec le bon ordre mais ce n’est pas super convaincant…
https://en.wikipedia.org/wiki/Live_at_Leeds
Wahou merci Jyrille pour ce rêve décrit, moi qui ai loupé un concert de Bjork (annulé…), tu m’as fait passer un très beau petit moment de lecture. Merci !! (et désolée pour le retard de la réponse)