CITYHUNTER: L’OBSESSION DU FÉMINISME

Focus : CITYHUNTER: L’OBSESSION DU FÉMINISME

un panorama olé-olé par  EDDY VANLEFFE

VF : Panini

1ère publication le 25/09/19 – MAJ le 02/08/20

Ryô Saeba, le CITY HUNTER, un mec qui aime les femmes mais qui fuit l'amour. © Tsukasa Hôjô/Shueisha/illustration book.

Ryô Saeba, le CITY HUNTER, un mec qui aime les femmes mais qui fuit l’amour.
© Tsukasa Hôjô/Shueisha/illustration book.

Cet article va tenter de poser un regard sur l’oeuvre de Tsukasa Hôjô tout en s’attardant sur CITYHUNTER un manga shônen paru au Japon entre 1985 et 1991 dans le magazine “Shonen Jump”.

Vous connaissez peut-être cette ritournelle:
«Femme je t’aime surtout enfin,
Pour ta faiblesse et pour tes yeux,
Quand la force de l’homme ne tient,
Que dans son flingue et dans sa queue.(Renaud)»

Cette forme de féminisme angéliste et attendrie d’un homme éternellement amoureux, c’’est un peu aussi le résumé  de CITY HUNTER.
D’abord une brève présentation de l’auteur.
Tsukasa Hôjô est un auteur de manga qui fut remarqué comme beaucoup de stars des années 80 par un concours organisé par l’éditeur Shueisha qui publie le magazine sans doute le plus célèbre en France: JUMP (Dragon Ball, Ken le survivant, Saint Seiya, Naruto et One piece pour faire court…). Il est amusant de constater que sa première histoire publiée, JE SUIS UN HOMME, même si elle est conne comme la mort, porte déjà sur la question de la relation hommes/femmes et du rôle que la société leur attribue.

D’un autre côté, tout le genre du manga shônen exacerbe une certaine notion de la virilité, avec un certain sens de la fierté, d’une fonction à assumer, une forme de machisme au second degré ainsi qu’une exploration naïve de la volonté de puissance des jeunes mâles adultes, surtout quand ils sont un peu exclus. Aussi il n’est pas si courant au Japon que de voir débarquer en 1981, un trio de jeunes femmes belles, intelligentes et autonomes sous les traits d’une identité fictive d’un voleur fantomatique nommé Cat’s Eye. Sans manier aucune arme de la série, elles ne cesseront de ridiculiser les mecs balourds et imbéciles de la police, bien inefficaces avec leurs substituts de virilité pétaradants. Aï (Alex), la plus jeune est une ingénieure en herbe promise à un bel avenir, Hitomi (Tam) la femme d’action parfaite mais amoureuse d’un boulet, et Ruï (Cilia), l’aînée, femme fatale, cérébrale, célibataire et classieuse en toute circonstance. Tous les ingrédients sont là pour inséminer un message bien différent des autres séries du magazine et de cette époque. Pourtant si une série apparaît parfois comme sexiste, c’est bien celle-là. Car voilà Tsukasa aime les femmes et leur plastique, il aime les dessiner, les mettre en valeur et sans qu’une seule scène de nudité soit nécessaire tout au long de ces 18 tomes, c’est leur sensualité que le lecteur retient.

CAT'S EYE se situe dans le même monde que CITY HUNTER, un univers partagé? © Tsukasa Hôjô/Shueisha/illustration book.

CAT’S EYE se situe dans le même monde que CITY HUNTER, un univers partagé?
© Tsukasa Hôjô/Shueisha/illustration book.

Et pourtant l’auteur ira encore beaucoup plus loin sur sa nouvelle série: CITY HUNTER. Voici comment l’auteur le décrit sur la couverture du premier tome:
« Bon ! Cette fois-ci, je vais raconter les aventures d’un homme ! C’est ça – un héros ! Oui, mais le terme « héros » désigne souvent un type taciturne et ténébreux. Et moi, quelqu’un qui n’est que beau, chez qui on ne reconnaît pas de faiblesses humaines, je n’aime pas cela » Et c’est ainsi qu’est né un mâle taillé d’un seul bloc, un gars qui s’appelle « Ryô ». Soyez indulgent à son égard ! »
Ryo Saeba est l’exemple même du mâle alpha. Il est un «nettoyeur». Moyennant finances, ce mercenaire vous débarrassera de n’importe qui. Professionnel, impitoyable, sculpté comme un dieu grec, il ne laisse rien au hasard. Sa réputation exagère encore son aura, puisqu’il est craint et respecté jusqu’à l’étranger, notamment aux USA.
Et pourtant ce guerrier de l’ombre a un gros défaut, une grosse faiblesse: c’est un irrécupérable obsédé sexuel. Et là encore l’auteur va plus loin que tout le monde: le héros est donc représenté régulièrement en érection, dès qu’il a une émotion. Sa virilité triomphante lui sert à tout. Jugez plutôt: cric de voiture, levier de vitesse, tape taupe, ressort, bélier, tout sauf à la bagatelle finalement. Son comportement est outrancier, grossier et irrespectueux…en apparence parce que:
Ryô Saeba est un Rônin des temps modernes et il faut savoir que dans la mythologie japonaise, un personnage puissant ou invincible ne peut pas se montrer aussi fort qu’il ne paraît. La figure du héros japonais revêt souvent une apparence inoffensive afin de mieux tromper son ennemi. C’est un enfant, un vieillard ou encore un aveugle.

Ryô choisit le ridicule et l’humour et pourtant sa vie est une horreur. Japonais, et rescapé lors d’un crash au-dessus de l’Amérique du Sud (il en garde d’ailleurs une peur panique des avions), il ignore jusqu’à son vrai nom et sa date de naissance. Il est recueilli par deux guérilleros qui joueront alternativement le rôle du père de substitution et qui lui apprendront le maniement des armes. Pourtant l’un d’eux ira jusqu’à le droguer au PCP (Angel dust), un drogue utilisée dans la guerre pour plonger leurs soldats dans une transe guerrière, s’achevant bien souvent par la mort par épuisement du sujet. Inconscient de ses actes, il commettra ainsi un massacre dans le camp ennemi et blessera aux yeux un adversaire qui deviendra avec le temps son rival puis ami : Umibôzu alias Mammouth. A l’issue de cette expérience qu’il considérera comme une trahison, il sera soigné par un médecin qui l’emmènera aux states ,où il créera l’entité de City Hunter en compagnie d’un associé américain (Mick Angel) avant de rentrer au Japon et de faire la connaissance de Hikaru Makimura, ce flic intègre mais impuissant traînant en permanence son cache poussière et son allure de Droopy.

Mais trêves de digressions le manga commence.
Avec son acolyte, Ryô aide une jeune femme à tuer un Boxeur qui truque ses matchs en se servant d’elle pour atteindre son petit ami. Elle est atteinte d’une grave maladie et attribue son assurance vie au City Hunter. Ensuite il aidera une autre jeune femme à débusquer un serial killer qui s’en est pris à sa petite sœur. Ryô le traquera, le poussera à bout avant de l’exécuter froidement. Enfin il met fin à un trafic de traite des blanches qui possède un magasin de prêt à porter.

Le téléspectateur occasionnel qui se souvient «boulettes» et des «restaurants végétariens», se demande s’il lit bien un article parlant du même sujet. On y arrive, on y arrive.
Apprenant qu’un important cartel de la drogue a l’intention d’écouler massivement du PCP au Japon, Makimura tente de prévenir Ryô avant de mourir dans ses bras tout en lui faisant jurer de prendre soin de sa jeune sœur et de la protéger à tout prix. Dans une scène incroyablement froide, Ryô prend ainsi Kaori sous son aile et remonte par la suite lentement la chaîne alimentaire criminelle à la manière de Parker dans les romans de Richard Stark. Il avance et tue.
C’est ici que se conclut le premier arc. Ryô vit dans un monde dangereux, seul, froid il n’est pas ouvert aux sentiments humains. Ainsi de l’amour, il ne connaît que la «gymnastique».

Un visuel toujours glamour entre James Bond et John Woo. © Tsukasa Hôjô/Shueisha/illustration book.

Un visuel toujours glamour entre James Bond et John Woo.
© Tsukasa Hôjô/Shueisha/illustration book.

LES FEMMES: SAEKO, KAORI et les CLIENTES.

1-Le virage du ton va s’opérer brutalement. Avec Kaori, véritable extension d’une volonté éditoriale, Ryô ne trouvera plus que des boulots de garde du corps. Pour des lycéennes, des chanteuses idoles, des actrices etc. De son côté Le nouveau City Hunter sans vraiment l’avouer, ne veut pas salir les mains de sa nouvelle associée. Il la considère comme une personne innocente et pure. Il lui donne un revolver truqué qui ne pourra jamais abattre personne et la tient à l’écart de tout ce qui pourrait abîmer son cœur et son âme, préférant passer pour un salaud la plupart du temps. Et si le téléspectateur encore une fois n’a retenu que la «demoiselle en détresse» enlevée chaque épisode, un autre niveau de lecture saisit alors celui qui s’est plongé dans le vrai manga. Kaori est une sorte d’ange qui apporte la rédemption, soignant patiemment la psyché défigurée de son camarade. C’est elle qui lui redonnera une date d’anniversaire, un âge et une nouvelle identité bien plus enjouée qu’elle ne paraissait.

Kaori le seconde efficacement en le connaissant mieux que lui-même, corrigeant ses travers et le soutenant coûte que coûte. Là encore l’auteur choisit une illustration des plus vulgaires pour aborder son propos. Ryô obsédé notoire est excité par tout ce qui porte un jupon, y compris son assistante, jusqu’à ce qu’il cesse brutalement sa cour vers le tome 7. Dès lors il ne montrera plus jamais le moindre signe d’attirance physique pour Kaori, signe qu’il passe tranquillement à une autre forme d’affection. Une affection qu’il combattra longtemps, culpabilisant de la retenir dans cette vie de mercenaire. Une affection mutuelle, qui se solidifie jusqu’à ce tous réalisent que finalement CityHunter, ce n’est plus lui, mais leur binôme, d’avantage même leur…Argh c’est un manga il ne faut pas le dire!!!!

2-Saeko l’inspectrice est confusément un ancien amour de Ryô. Elle est tout ce que Kaori n’est pas. Beauté fatale dangereuse, elle est trop semblable à Ryô pour leur couple puisse marcher. De plus elle nourrissait une tendresse pour l’ancien partenaire de Ryô, le fantôme moral permanent de la série. Elle a de ce fait un peu la même pulsion protectrice pour Kaori. En un mot ce qui les rapproche les éloigne finalement. Dans la vie de tous les jours, elle mène une brillante carrière d’inspectrice, célibataire et séduisante. Femme forte qui assume ses choix, il lui arrive cependant à devoir s’imposer notamment vis-à-vis de son père.

Au service secret de ces dames... © Tsukasa Hôjô/Shueisha/illustration book.

Au service secret de ces dames…
© Tsukasa Hôjô/Shueisha/illustration book.

3-LES CLIENTES, (La femme est l’avenir de l’homme):

C’est à travers ce prisme que se dessine le véritable propos du manga. Derrière la gaudriole, l’hommage à Golgo 13 et les histoires de rivalité viriles empruntant autant aux films de samouraïs qu’aux westerns, un fil rouge invisible se tisse pourtant à travers les 35 tomes. Tsukasa Hôjô contrairement à la plupart de ses collègues, s’avère être passablement ironique vis-à-vis de la tradition. Les choix de vie des personnages volontairement à la marge prônent de manière continue une certaine modernité et une certain liberté vis-à-vis des contraintes sociétales. Le Japon décrit est donc encore attaché à pas mal de repères patriarcaux qui sont autant de barrières que CityHunter aidera à exploser.

Une jeune héritière entourée de requins trouvera la force de prendre les rênes de son entreprise. Une journaliste saura grimper les échelons à force de faire valoir la qualité de ses reportages. Une jeune laborantine s’affranchira de l’influence des laboratoires privés, plusieurs autres devront défier les traditions séculaires de leurs familles rétrogrades et échapper à des mariages arrangés. Une chanteuse idole apprendra à se méfier de son entourage et à se défendre par elle-même. Une handicapée dépassera le traumatisme de son accident pour ne pas abandonner l’idée de remarcher. Une princesse trouvera les armes pour gouverner son pays et le conduire vers plus de démocratie. Une autre devra filtrer son entourage à travers les prétendants intéressés par la richesse.Plusieurs autres n’hésiteront pas à partir à l’étranger pour trouver leur voie, comme si le Japon devenait soudain une sorte d’espace clos trop étroit pour elles. Et je pourrais continuer indéfiniment mais vous avez compris. Chaque enquête contient une pique contre le vrai machisme qui interdit selon l’auteur, aux femmes de prendre le contrôle de leur vie et le pouvoir qui va avec.L’homme apparaît alors comme une créature jalouse de son autorité et de sa main mise sur la planète.

Cultivant d’ailleurs l’invisible évidence, Hôjô met un point d’honneur à ne jamais donner aucun rôle négatif à une femme. Ainsi seuls les hommes sont capables d’exactions coupables. Évidemment, à la lumière actuelle des mouvements #me too etc. le rôle d’un homme aussi inextricablement liée à la réussite de ces belles et faisant preuve de bienveillance et d’amour, cela parait un peu comme ringard. Il serait même assez aisé de détourner le manga en un gigantesque conte où l’on arrive à rien sans l’aide d’un Cityhunter parfait. Mais voilà Hôjô a pour son œuvre féministe pris le point de vue de cet homme-là justement, maîtrisant mal sa propre bestialité, il est pourtant émerveillé en permanence devant le «beau sexe», comme un peintre, un poète, un pistolero. Son rôle est positif car le monde de Cityhunter ne promeut qu’une seule valeur: l’amour.

Ryô et Kaori, qui veille sur qui? © Tsukasa Hôjô/Shueisha/20th anniversary illustrations.

Ryô et Kaori, qui veille sur qui?
© Tsukasa Hôjô/Shueisha/20th anniversary illustrations.

Kaori atteindra même une certaine dimension angélique, puisque son simple toucher possède dirait-on le don d’apaiser et de purifier les êtres qui ont failli ou souffert. Dans la suite alternative à CITY HUNTER, elle continuera de hanter et de protéger les êtres qui lui sont chers par le biais de son cœur, greffé après sa mort à une autre jeune tueuse également en demande de rédemption. Ici Tsukasa va au bout de son personnage. Ne faisant pas la césure entre spiritualité et science, elle parvient à se «réincarner» à la seule force d’un organe et pas n’importe lequel: le cœur.

A l’issue de ce manga fleuve de 35 tomes (dont on sera d’accord qu’il contient quand même un peu de remplissage et aurait pu être réduit d’une dizaine de volumes), Tsukasa Hôjô est lessivé. Il continue son exploration de la femme active dans RASH qui narre les aventures d’une jeune doctoresse (très inspirée de Kaori) affectée à l’unité médicale d’une prison, pour vivre d’autres aventures policières rocambolesques et sociales en compagnie de son copain policier (lui très inspiré du boulet de Toshio-Quentin Chapuis dans CAT’S EYE). Ce titre n’a aucun succès et s’arrête au bout de deux tomes. L’auteur change alors radicalement de registre avec SOUS UN RAYON DE SOLEIL, un merveilleux conte écolo-zen mettant en scène deux enfants dont l’un abrite l’avatar de la fée des arbres. Bien loin de prendre le chemin des «magical girls», le manga parle surtout de la famille et de l’amitié entre enfants. C’est l’un des mangas les plus émouvants qu’il m’ait été donné de lire de ma vie. Bouclé en trois tomes, l’innocence et la générosité de ces pages sont véritablement contagieuses.

Des femmes toujours sensuelles mais terriblement classes. © Tsukasa Hôjô/Shueisha/20th anniversary illustrations.

Pourtant, les fans se demandent quand se fera le grand retour de Tsukasa Hôjô sur le devant de la scène. Celui-ci change pourtant de magazine pour s’orienter vers le Seinen «Manga Allman» pour y proposer une œuvre très atypique: FAMILY COMPO. A peu près 20 ans avant l’identité LGBT ne devienne une culture récurrente dans les comics qui se croient toujours novateurs, ce manga narre les aventures d’un couple transgenre. La mère, c’est le père et vice-versa. Évidemment ça fait naître tout un tas de quiproquos rocambolesques, surtout quand ils accueillent dans leur foyer un jeune étudiant surnommé «Giba» naïf tout ce qu’il faut. Celui-ci s’habituera vite à cette famille joyeuse et unique, d’autant plus qu’il tombe rapidement sous le charme de leur fille Shion. Un seul petit souci: Est-ce bien une fille?

Si les personnages sont évidemment caricaturés, ce manga est un plaidoyer manifeste pour le droit à la différence, la tolérance et le long apprentissage de l’autre. Cette famille si bizarre qu’elle puisse paraître est en fait décrite sous le jour de la banalité quotidienne que représentent le boulot, l’école et les soucis d’argent. Le héros est troublé de ressentir une attirance pour un être dont il ne connaît pas le sexe à coup sûr (un vrai personnage de queer, donc?)…et apprend à vivre avec. Quatorze tomes ayant pour thème l’inoxydable attachement mutuel des membres d’une famille, quelle qu’elle soit.

Tsukasa hôjô est donc très loin de n’être que le dessineux qui aime faire des blagues sur les «zobs en érection». Profondément attaché à ses créations, il a en horreur de les rendre malheureux. Cette empathie est particulièrement visible sur la jeune chanteuse Nagisa dans CITYHUNTER (Tome 6) qui est sans doute la seule à terminer son arc le cœur brisé. Elle réapparaît alors dans la nouvelle «TAXI DRIVER» pour connaître un autre dénouement donnant à l’auteur l’occasion d’écrire un épilogue bien plus heureux pour elle. Preuve s’il fallait en avoir, d’un homme incroyablement sensible et fleur bleue.

Depuis, dans les années 2000, il a cédé comme tous ses collègues, vieilles gloires des années 80 à reprendre son personnage fétiche. Buronson et Hara ont repris Ken sous la forme d’une préquelle en Chine dans les années 20. Masami Kurumada n’en finit pas de massacrer ses pauvres «Saints», Yukito Kishiro a repris GUNNM sur Zalem puis sur Mars. Akira Toriyama roupille sur DRAGON BALL SUPER. Bref tout le monde revient à la sûreté de l’emploi. Hôjô lui, procède d’une manière étrange, dans une autre réalité non conforme à la précédente, Ryô perd sa femme Kaori et recommence à errer lamentablement. Ce n’est que lorsqu’il apprend le vol du cœur de son amour défunte dans un trafic d’organe, qu’il se met en chasse. Il apprend bien vite que l’organe a été transplanté à une jeune tueuse chinoise qui avait tenté de mettre fin à ses jours. Dès lors, en la présence de demoiselle il ressent l’âme de Kaori veiller sur elle. Persuadé que l’amour de sa vie l’a confiée à ses soins, il deviendra son protecteur retrouvant peu à peu goût à la vie. Après un premier tome génialissime faisant les montagnes russes entre noirceur et émotion, l’auteur s’enfonce dans un pathos de plus en plus larmoyant d’une lourdeur d’enclume. Tout au plus pourra-t-on lui concéder d’avoir fait vieillir Ryô et de lui avoir donné cette fois le rôle du père, replaçant une fois de plus la sacralisation de la famille, cette fois d’adoption. Le succès de Ryô ne se dément pas puisqu’on compte quand même une bonne quarantaine de tome d’ANGEL HEART saisons 1 et 2 confondues.

Si Tsukasa Hôjô n’est pas, loin s’en faut le meilleur scénariste qui soit, il a sur construire une œuvre personnelle et unique en son genre en osant aborder avec candeur et franchise tous les thèmes qui lui tiennent à cœur dans le sillage des géants humanistes tels qu’Osamu Tezuka. Si parfois Ryô Saeba le dépasse parfois, ce dernier se fait au final l’interprète idéal et décomplexé de la chanson d’amour que Tsukasa Hôjô a composé tout au long de sa carrière.

Un couple invincible. © Tsukasa Hôjô/Shueisha/20th anniversary illustrations.

Un couple invincible.
© Tsukasa Hôjô/Shueisha/20th anniversary illustrations.

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Mufle, macho et obsédé par son zob, Nicky Larson reste pour Eddy Vanleffe une oeuvre d’un féminisme atypique. Focus sur l’oeuvre phare de Tsukasa Hôjô chez Bruce Lit.

Pour terminer notre traditionnelle vidéo et comment zapper cet opening historique? Je vous le demande.

16 comments

  • Manu  

    Et voilà. Maintenant je vais me sentir obligé de tous les lire… Bravo Eddy! Je ne peux qu’apprécier ton analyse des oeuvres de Hojo!

  • Clems  

    Superbe article, tres complet !

    qu’ajouter si ce n’est que rarement un manga a permit de voir l’évolution de son créateur, la sensualité dans le dessins de ses femmes de papier, le regard, le soin apporté dans les illustrations avec des vêtements qu’on pourrait sentir du bout des doigts, l’odeur de poudre que l’on imagine dans les scenes de gunfight.

    Quand aux OAV, quel bonheur avec goodbye my sweetheart et la mort de ryo saeba

    Un grand classique, à lire et relir, en écoutant les nombreux et superbes OST avec ce parfum des années 80-90, allez je me lance un « GET WILD ». \o/

  • Kaori  

    Voilà un article qui fait du bien… Merci, merci, merci !

    Tu as su si bien cerné l’univers de City Hunter et les intentions de l’auteur.

    C’est intéressant, cette histoire de demande de l’éditeur quant à la création de Kaori pour adoucir la violence du manga… Je veux bien en savoir plus.

    Tu résumes aussi très bien pourquoi Kaori est un personnage que j’aime viscéralement.
    Elle est celle qui ramènera Ryô du côté de l’humain. Leur relation, leur interaction est pour moi la part la plus forte de ce récit. Chacun protège l’autre de l’obscurité, l’empêchant de sombrer dans les ténèbres, alors qu’ils sont confrontés chaque jour aux vices et à la violence.
    J’aime la pureté de Kaori dans ce monde de noirceur.

    Je n’ai jamais été fan des « clientes », mais ton éclairage de la lutte féminine pour se libérer des carcans de la société patriarcale japonaise met en lumière le positif de ces histoires.

    Je n’ai jamais trouvé CITY HUNTER ou CAT’S EYE obscène ou outrancier envers la femme. Les hommes y sont toujours décrits comme de pauvres choses incapables de résister aux femmes, ou de vils personnes. Ils sont tellement tournés en ridicule que c’en est terriblement drôle. Je n’ai jamais été à l’aise avec l’objet phallique, mais là ça dédramatise tellement, j’adore !!!

    Les femmes, bien qu’ayant besoin de l’aide de Ryo, dépassent toujours leur plus grands ennemis : elles-même. Elles brillent toujours en toutes circonstances.

    Quant à Cat’s eye, elles n’ont besoin que d’elles-même. A l’époque, déjà, ma préférée était Alex. A l’école, tout le monde se battait pour être Tam, et moi j’étais la seule à vouloir être Alex. Ça m’arrangeait bien. (pour une fois que je pouvais être qui je voulais… quand on jouait à Santa Barbara, j’étais toujours Peter, le méchant -_-)

    Bon, Saeko, comme tu le dis, est l’antithèse de Kaori, ce qui fait que c’est un personnage que j’ai toujours détesté. Ces « marchandages » avec Ryo m’insupportaient.

    C’est bien aussi de rappeler que Ryo a cessé de voir Kaori comme une possible conquête le jour où il a éprouvé des sentiments amoureux pour elle (oui on a le droit de le dire, ce n’est pas un gros mot).
    Bref, du coup, ça me donne envie de relire le manga. Même si comme tu le dis, il aurait pu être écourté d’un certain nombre de tomes.

    Et c’est vrai que Hôjô est très fleur bleue, finalement. C’est sûrement pour ça que j’aime tant ses mangas !

    Il faut que je tente SOUS UN RAYON DE SOLEIL et FAMILY COMPO…

    En tout cas, bravo pour cet article qui est sans doute un de mes préférés…

    • Eddy Vanleffe  

      Merci à vous.
      l’article est important pour moi, je l’ai « exsudé » celui-là…
      Kaori, je l’avais écrit bien avant qu’on fasse connaissance, mais j’ai toujours sû qu’il te plairait depuis…^^
      et là j’avoue que je suis soulagé.
      SOUS UN RAYON DE SOLEIL est une pure merveille, une bd qui purifie l’âme.

  • Bruce lit  

    Faute de connaissance et disons-le d’interêt pour cette série, je ne peux pas participer au ébat entre Kaori et toi et je m’en mords les doigts.
    Ton article vraiment bien construit rend justice à ce féminisme d’un autre temps, un peu goujat, un peu mufle, peut-être japonais mais dans lequel je me reconnais totalement : la femme n’est pas un objet d’adoration mais bien une partenaire capable des mêmes prouesses et vacheries que le héros. Elle rend justice à une vision de l’homme ne parvenant pas à exprimer ses émotions, ses sentiments et surjouant la goujaterie pour masquer sa fragilité. Gainsbourg faisait très bien : plus il était misogyne, plus les femmes l’aimaient.
    J’aime bien ta comparaison avec le Ronin des temps modernes.

    • Kaori  

      @Bruce
      1- pas d’ébat, ni de débat, d’ailleurs, entre Eddy et moi 😉
      2- le côté vacherie est particulièrement accentué dans le film. Le couple fonctionne assez différemment dans le manga. Enfin c’est mon souvenir. Ryo chambre bien sûr Kaori sur son apparence masculine, le fait que beaucoup la prennent pour un garçon, son manque de séduction et de succès auprès des garçons (et plus auprès des filles !), etc. Kaori, elle, prend un malin plaisir à faire foirer tous les plans « cul » que tente d’entreprendre Ryô. D’ailleurs, dans le dessin animé, elle apparaît quand même comme très castratrice. La principale critique de mes congénères de l’époque était d’ailleurs « mais de quoi elle se mêle celle-là ? » L’argument du « je protège la cliente » ne tenant souvent pas la route puisque la cliente tombait presque toujours amoureuse de Nicky-Ryo… Mais bon, ça apportait un côté assez drôle à l’animé.

      @Eddy : je n’avais pas pu prendre le temps de l’écouter ce matin : j’adore la BO (évidemment !!)

      • Bruce lit  

        1- pas d’ébat, ni de débat, d’ailleurs, entre Eddy et moi 😉
        Oh bordel…il est beau celui-là…
        Mes excuses.
        Voilà ce que c’est que de poster à la fois sur FB et Bruce Lit.

  • Présence  

    Je n’ai pas regardé le dessin animé, arrivé trop tard pour moi. J’avais commencé à lire la première VF publiée par J’ai Lu en 1996 et que j’ai abandonné au bout de quelques tomes, et j’ai dû lire un tome ou deux d’Angel Heart. Je dois avouer que je n’ai pas accroché à l’un ou à l’autre. Du coup, je n’ai pas essayé de traquer les tomes de Family Compo édités à l’époque par Tonkam. C’est vrai aussi que City Hunter était dans les premiers mangas que je lisais et il m’a fallu longtemps pour déchiffrer les codes graphiques qui m’étaient totalement étrangers, comme l’oiseau en train de passer dans le dessus d’une case.

    Cet article me permet enfin de comprendre l’apparente schizophrénie de la série, entre ces belles femmes bien mises en valeur face aux érections de Ryo, et un discours apparemment féministe. Après la lecture de ton article, je peux enfin comprendre cette dichotomie qui n’est qu’apparente, et en prime je sais enfin de quoi parle Family Compo.

  • JP Nguyen  

    Clap clap clap, Eddy ! On sent que ça te tenait à cœur ! Hojo est un auteur attachant et tu lui bien rendu justice !

  • Eddy Vanleffe  

    Merci à tous,
    C’est vrai JP, il me tenait à coeur, j’étais écœuré devant un sujet de France télévisions qui faisait une charge contre le manga en mélangeant absolument tout, on aurait dit du Alain Peyrrefitte …
    Nikki Larson était explicitement cité pour « apologie du viol » et autres trucs avec plein de jeunes qui témoignaient devant le micro pour attester qu’elles étaient trop choqué et que si on choppe des mains au cul dans le métro c’est la faute des manga.
    comme pour Ségolène Royale dans les années 80-90, cette correction politique cache bien évidemment un protectionnisme (qu’on ne partique pas pour importer de la bidoche aux hormones et de OGMs mais bon…)
    Concrètement, lancer ce genre d’accusation sur Hôjô, c’est vraiment méconnaître:
    1- l’auteur
    2- n’a voir jamais lu le manga au delà du troisième chapitre
    3- ne rien savoir de la carrière de hôjô ni avoir lu l’une de ses interviews, ni ses notes en marge des tomes…
    Bref de la simple désinformation.
    ça a aiguillé mon angle d’attaque mais Bruce, tu as raison, j’aurais très bien pu axer ça sur le remake moderne de film de sabre avec des flingues.
    Nous avons deux anciens soldats (Ryo et Umibôzu) qui travaillaient pour des maîtres (chefs de guerre en Amérique latine) qui après une bataille/charnier (Sekigahara) se retrouvent sans maîtres et donc devenus Ronins, l’un est une vraie parodie de Musashi moderne dont la probité légendaire est remplacée par un vice incontrôlable. l’autre perd progressivement la vue et compense par les autres sens et des armes moins précises (ZatoÏchi) et ils finissent par régler leurs comptes dans un cimetière, lieu intertextuel de duels cher aux films de samourai et aux Western. Dans City hunter, il y a du Tarantino. De plus on pourra deviner une critique de lone Wolf and cub, avec tous les rejets de la tradition et cet embrassement du modernisme là où la quête fanatique de Ogami Itto le conduit à toujours plus de violence sans retour…et là on reparle de Kaori comme avatar du louveteau mais aux rôle diamétralement opposé et on revient aussi au progressisme de Hôjô…

  • Jyrille  

    Eddy, voilà encore un bien bel article ! Surtout que je ne connais ni l’anime ni le manga, j’apprends plein de choses. Déjà, que l’auteur est également coupable de Cat’s Eyes ! J’adorai regarder Cat’s Eyes sur FR3, jamais lu le manga. En tout cas c’était fun et sexy… J’étais un jeune ado encore. Avant ou après, à la même époque, ils passaient La minute nécessaire de Monsieur Cyclopède de Desproges. C’était varié…

    Je connais très bien la ritournelle du début, c’est une grande chanson pour moi.

    « La figure du héros japonais revêt souvent une apparence inoffensive afin de mieux tromper son ennemi. C’est un enfant, un vieillard ou encore un aveugle. » Je n’y avais jamais fait attention, mais c’est très vrai, et très sensé finalement.

    « Chaque enquête contient une pique contre le vrai machisme qui interdit selon l’auteur, aux femmes de prendre le contrôle de leur vie et le pouvoir qui va avec. » Ce serait donc là le coeur de City Hunter. Je ne m’attendais pas du tout à ça, est-ce que cela se voit aussi dans le film Nicky Larson de la bande à Fifi ?

    Trois tomes seulement ? Sous un rayon de soleil pourrait m’intéresser !

    Ton article condense bien l’oeuvre de l’auteur, ce qui est précieux et nécessaire selon moi. Musicalement, je préfère désormais, et ce depuis plusieurs années, embrasser les groupes ou artistes dans leur entièreté, leur continuité, cela donne un autre sens, bien éloigné de l’époque de la sortie des disques ou de leur présence médiatique. Merci encore, Eddy.

    La BO : pas mon truc.

    • Eddy Vanleffe  

      Merci encore Jyrille, il est vraiment gratifiant d’avoir ce genre de retour…
      je suis admiratif de voir que tu lis et analyse chaque article avec un intérêt aussi pointu.
      tu prends ton temps mais tu absorbes vraiment tut ce qu’on a voulu faire passer, et c’est un soulagement de constater dans aucun narcissisme de ma part qu’on a réussit à être « compris »…
      Ça vaut aussi pour les autres ^^ ne vous inquiétez pas! ^^
      Par contre non le film de Lacheau tout en étant fidèle ne parvient pas à donner dans cette profondeur… il est très bien fait, sans aucun doute mais il a fallu sacrifier des détails et ils ont préféré rendre la dramaturgie tragique des personnages et rendre leur relation amoureuse…pour être honnête quand je l’ai vu en salle, je ne m’attendais même pas qu’ils abordent ne serait-ce que trente secondes l’aspect « tragique » de Ryo, du coup j’ai déjà trouvé ça très bien rendu…
      la dimension féministe de la « cliente » s’efface par contre… ça ne gâche pas le film mais voilà l’original sera toujours meilleur..

      • Jyrille  

        Merci, j’imagine bien que en une heure trente, ce ne doit pas être simple, surtout que j’imagine que la comédie prime avant tout. Et de rien ! Je suis lent c’est vrai, mais j’essaie d’être minutieux. Merci encore donc ! 🙂

  • Rawad  

    Bel article, clair et très passionné. Je suis tombé dessus après m’être souvenu de cet anime que je regardais occasionnellement à la télé mais qui a beaucoup marqué mon enfance. Je me demandais s’il y avait eu depuis une forme de relecture/réappropriation féministe, comme il y en a eu beaucoup par des femmes fans de différentes oeuvres problématiques ou dépassées. Avec votre article, je vois un peu ce qu’a pu essayer de faire l’auteur. La critique que j’en ferais serait justement le manque de recul critique par rapport à l’oeuvre et l’auteur, que vous semblez vouloir simplement défendre sur le tribunal ( c’est le but de l’article quelque part). Pourtant on ne peut pas nier que le traitement d’un propos « feministe », s’il était bien intentionnel, laisse à désirer de prime abord. Et oui, tout le monde n’a pas le temps ni l’envie de lire 35 tomes, des interviews et une monographie de l’auteur pour critiquer les parties de son oeuvre qui véhiculent un message néfaste. Ryo est bien un agresseur sexuel, dans la définition même, il n y a pas lieu d’employer des euphémismes. Le « féminisme » qui est décrit dans cet article n’en est même plus un, en tout cas selon les standards actuels : la femme comme figure de soin qui humanise et sert au développement du héros, la femme essentialisée comme pure face aux hommes brutes et oui, la femme indépendante et puissante, mais toujours sublime avec un pouvoir sur l’erotisme masculin. Tous ces aspects sont effectivement critiqués et ne sont plus les élèments rédempteurs qu’ils auraient pu être autrefois, à raison, selon moi.

    C’est pourquoi, bien que je comprenne la frustration face à des accusations dures (personne n’aime être traité de misogyne, même les misogynes d’ailleurs) , je pense qu’il est possible en tant que fan, particulièrement masculin, d’apprécier une oeuvre à laquelle on trouve de la nuance, tout en acceptant qu’une femme et/ou féministe trouve que cette nuance est absurde ou insuffisante. Après tout je n’ai jamais pris de mains aux culs et je ne navigue pas la société avec cette peur. Voir Ryo constamment violer le consentement de diverses femmes à moindre conséqunces ne m’énervera jamais autant qu’une personne susceptible d’être dans cette position.
    La critique féministe est parfois brutale mais je pense qu’elle se doit de l’être car ce qu’elle dénonce est bien plus insidieux que le machisme évident et ultra patriarcal. Il se cache aussi dans le progressisme, le rejet des traditions et la bonne volonté.

    Néanmoins, je reste toujours très charmé par les auteurs qui explorent des sujets qui leur tiennent à coeur avec honnêteté et bienveillance et le portrait de Hojo qui est fait ici me donne vraiment envie de lire ses mangas. Il me rappelle un certain Tatsuki Fujimoto qui cartonne aujourd’hui avec son héros pervers et attendrissant que même des féministes et queer s’arrachent. Parfois maladroit mais toujours rempli de tendresse pour ses personnages et ça c’est beau.

  • Eddy Vanleffe  

    Merci pour ce retour très détaillé.
    Je défends ce mana en effet.
    J’ai vu un petit sujet FRANCE 2 sur le manga qui véhiculait la culture du viol etc…
    Bon , pour moi derrière un discours moral assez pontifiant, il y avait surtout un discours mal informé, biaisé, protectionniste et même légèrement xénophobe (oui parce que les explications à base de la culture japonaise n’est pas comme la notre, on peut pas la regarder avec nos yeux etc…)
    CITY HUNTER est un manga des années 80 à une époque très différente à tout point de vue.
    Le sexe était vu (à tort ou à raison) comme un truc positif en général, sa découverte, la drague, les râteaux, les nudités hors de propos étaient des ressorts humoristiques comme pouvaient l’être les peux de banane ou les jeux de mots.
    Ensuite la frontière entre réalité et fiction était bien plus tangible et personne n’aurait vraiment songé à prendre ces personnages pour modèle.
    Puisque vous posez la question, il existe effectivement un manga moderne dessinée par une dame (je crois) où Une fan de CITYHUNTER se trouve projeté dans le manga, elle en change donc la destinée. c’est une relecture donc moderne et sans doute plus « féminin ». je ne l’ai pas lu. Je n’avais pas envie de lire des versions alternative du récit de base.Mais ça existe et ça a de bons retours.
    La question en effet qu’on peut se poser c’est le regard que peuvent poser les lectrices de CITYHUNTER qui sont, par ailleurs très nombreuses et très enthousiastes. La baromètre doit il obligatoirement se placer sur l’vis des détracteurs les plus hostiles?
    Enfin si j’examine froidement les faits, Hojo met en scène la plupart du temps des femmes fortes, indépendantes, positives et très complexes. là où 20 après lui nombre de shonens traînent des boulets comme SAKURA de NARUTO ou des filles dont l’unique but dans la vie est de faire de bons petits plats. il a pour moi contribué à bouge les lignes surtout avec FAMILY COMPO ( qui a là aussi plus de 20 ans).
    L’humour de CITYHUNTER peut rebuter, je le conçois parfaitement, j’ai pu lire depuis des manga bien plus déviants, malsains etc…
    En tout cas, merci pour ce long commentaire détaillé, honnête et constructif.
    Vous êtes le salaire de notre implication de contributeur.

    • Rawad  

      Merci de votre réponse.

      Oui je crois me souvenir de ce spin off, je vais me renseigner là dessus.
      Quant à la question vis à vis des détracteurs, je pense que oui, il devrait, lorsqu’il s’agit de sujets comme ceux là qui portent sur des discriminations sociales. En tout cas si l’on se veut vraiment attaché à produire du positif. Il ne s’agit pas là de simplement être fier d’avoir osé, d’avoir été original ou d’avoir provoqué, ça c’est des qualités qui s’appliquent à des aspects artistiques plus neutres. Lorsqu’on veut, parcontre, mettre en valeur un aspect « presque militant », comme vous avez essayé de dépeindre l’oeuvre dans l’article, là oui il faut bien prendre en compte les critiques les plus sévères.

      Par ailleurs je n’ai pas lu cet article, parcontre je pense voire de quoi il s’agit, ce genre d’approches qui font un lien direct entre le média vers la réalité et c’est vrai que ce raisonnement peut être très vite faillible. Parcontre il est nécessaire de nommer les choses pour ce qu’elles sont. Cet « humour » n’était pas plus acceptable alors qu’il ne l’est aujourd’hui, en tout cas par les personnes susceptibles d’être offusquées. Une agression sexuelle a toujours été déplaisante, simplement pas suivie des même conséquences. Hojo n’aurait pas eu à faire cette préface auto dérisoire si les choses étaient juste si différentes alors et qu’il n’était pas conscient du caractère problématique de ses dépictions. D’autant plus que cet humour continue encore aujourd’hui dans des mangas à succès et, tout comme alors, survit au milieu des critiques. La seule différence étant qu’aujourd’hui les détracteurices sont plus entendu.es et plus nombreuses, sans doute.

      Et oui c’est vrai qu’aujourd’hui la représentation des femmes dans les mangas est toujours problématique, raison pourquoi ces critiques sont toujours pertinentes, surtout de ceux qui ont peu être mieux fait que les autres. Parce que le reflexe que j’ai pu remarquer après avoir suivi de multiples débats entre féministes et fans majoritairement masculins d’animangas, c’est de vouloir aller chercher dans les qualités pour ignorer les défauts. « Oui elle se fait tripoter toutes les deux secondes, oui elle est systématiquement en second plan mais elle sait se battre vous avez pas vu ? Et cet arc super émotionnel autour du personnage vous avez pas lu ? ». Ca renvoie un message implicite de « il ne faut pas trop en demander non plus on vous a déjà donné ça » et « ça » s’avère souvent être le minimum. Ce n’est pas comme ça qu’avance une lutte, il n’ y a pas de point d’arrivée où le sexisme est vaincu et on peut passer à autre chose. Il ne peut pas y avoir de monstres sacrés intouchables. Il faut constamment questionner, et je peux comprendre que ce soit repoussant pour une personne désintéressée de la cause. Mais si on se veut soucieux et revendicateur d’un intérêt féministe, la posture doit être différente.

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