Nino Ferrer, la story
Special Guest : SEBASTIEN ZAAF
Dessin de ED ILLUSTRATRICE
1ère publication le 29/11/19 – MAJ le 13/08/23
Cet été, je le passe dans le sud de la France. Nous sommes dans la cour de notre gite, les enfants jouent jusqu’au coucher du soleil avec le chat du coin. Je les surveille un verre de rosé à la main et je pense tout à coup à la chanson de Nino Ferrer : LE SUD. La scène se passe devant mes yeux et j’en suis doublement ému : tout d’abord parce que j’adore cet artiste mais aussi parce que ce jour-là correspond au 25 ème anniversaire de son suicide. Le bonheur de cette scène cède à un profond sentiment de tristesse et d’empathie pour cette personnalité si attachante et écorchée vive.
J’en fais part sur le mur FB et récolte de nombreuses réactions d’amour inconditionnel pour l’éternel outsider de la chanson française, notamment celle de Sebastien Zaaf, fidèle du blog et qui semble maîtriser son Ferrer. Une discussion débute en MP, chacun y va de son anecdote avant que l’évidence ne transparaisse : Sebastien est l’homme de la situation ; celui qui vous présente aujourd’hui la story de Nino.
-Bruce
Dans le paysage artistique français des années 60-70, aux côtés de vedettes comme Johnny Hallyday, France Gall, Frank Alamo, Richard Anthony… un jeune chanteur détonne par son côté à la fois lunaire, ses chansons humoristiques et son parcours sans équivalent comparé à ses « copains » de scène. Agostino Arturo Maria Ferrari, né le 15 août 1934 à Gênes, alias Nino Ferrer. Mirza, Le Téléfon, Ho ! Hé ! Hein ! Bon !, autant de chansons rigolotes dont on se souvient avec au milieu Le Sud, formidable morceau nostalgique qui amène à se poser légitimement la question : mais qui est-donc ce Nino Ferrer qui sera représenté par Hugo Pratt dans Corto Maltese en Sibérie sous les traits du mélancolique et désabusé Capitaine Nino et que Nino reprend pour son dernier album ?
UN PARCOURS EXIGEANT
Nino vient d’une bonne famille. Un père docteur en chimie, une mère néo-calédonienne. On aime la musique mais seulement si elle est classique. Il a vécu un peu en Nouvelle-Calédonie mais surtout en Italie pendant la guerre. À son arrivée en France, il est isolé par son accent italien. Il découvre le jazz et devenu étudiant forme un groupe, Les Dixie Cats, avec d’autres étudiants de la Sorbonne dont Richard Bennett. Ils remportent un concours organisé par Jazz Hot en 1956, LA référence du jazz à l’époque. Mais ses parents ne voient pas d’un bon œil cette carrière. Il continue donc ses études après une licence de lettres, orientée sur l’ethnologie et l’histoire et se dirige vers l’archéologie. Nino devient élève du préhistorien André Leroi-Gourhan. En 1959, il s’éloigne un temps, pour retourner en Nouvelle-Calédonie. Au cours du voyage en bateau, il découvre la peinture et fouille même sur l’Île des Pins. Mais la musique l’attire toujours et les Dixie Cats sont choisis pour accompagner Bill Coleman, un immense trompettiste qui a joué en France avec Django Reinhardt et Stéphane Grapelli. Coleman fait partie de ces musiciens afro-américains comme Miles Davis ou Sidney Bechet qui fuient la ségrégation en France. On est loin des yéyés dans ce parcours qui le conduit tout doucement au début des années 60. C’est sans doute ce qui va contribuer à l’isoler dans le show-biz français qui sépare à ce moment entre chanteurs yéyés à cheveux longs et chanteurs Rive Gauche (Brel, Brassens, Ferré, Mouloudji…) qui estiment qu’ils ont quelque chose à dire et voient d’un regard noir cette nouvelle vague qui débarque avec des chansons légères, sans queue ni tête, faites pour danser et étourdir ou émouvoir facilement avec des bluettes.
LES DEBUTS, UN PREMIER MALENTENDU
Quand Nino débarque dans le show-biz, il est déjà un musicien accompli. La rencontre avec Coleman a fait naître un disque Bill Coleman presents Richard Bennett and the Dixie Cats. Mais loin d’être un hit, il est plutôt confidentiel. Le groupe change de nom, se réoriente vers le R&B (le vrai, pas la soupe qu’on nous sert maintenant) et accompagne même Les Chaussettes Noires. Déception totale pour Nino qui hait les yéyés et ne les considère pas comme des vrais musiciens. Il veut percer comme chanteur à texte mais n’y arrive pas. Une énième reformation du groupe sous le nom de TNT pour accompagner la chanteuse Nancy Holloway lui permet de chanter de temps à autre. Il devient alors Nino Ferrari ou Laurent Tosca. Pas suffisant. Il se lance seul. Premier malentendu : un magazine orthographie mal son nom et il devient Nino Ferrair… Ce sera donc Ferrer. Des petits 45 tours en 1963-1964 qui passent à côté de leur public mais tous ne tomberont pas dans l’oubli, on y reviendra. Quand ça ne veut pas.
Alors qu’il passe de Barclay à Riviera, une filiale du producteur en blanc, il manque de prendre la porte, sauvé de justesse par le nouveau producteur musical, Richard Bennett, le copain des Dixie Cats. Une première marque de fabrique apparaît bien avant le succès : l’artiste n’est pas souple, il refuse les compromis et a une haute idée de ce qu’il veut réaliser. En 1965, à Saint-Raphaël, au Playa, où il joue pour le cachet, le patron (ou une vieille dame selon les versions) perd son chien Mirza. Nino prend le micro ; commence en blaguant « z’avez pas vu Mirza » avec des lalalala qu’il emprunte au Little Stevie Wonder. Excusez si le monsieur a bon goût. Mais d’autres versions prétendent que Nino a déjà la chanson dans sa poche depuis sa période Saint-Germain et les clubs de jazz et s’inspire d’un nom de chien apparu dans Tintin en Amérique et Le Secret de la Licorne. Eddie Barclay, présent dans un des clubs, aurait flairé la bonne affaire. Une troisième version l’imagine chantant lors du festival à Cannes et improvisant alors qu’une jeune femme court après son chien. Le mystère Ferrer prend déjà corps avec cette chanson dont personne ne connaît réellement l’origine. Nino s’est bien gardé de donner une version officielle puisque les années passant, il va se mettre à détester cette période. La boutade, qui aurait été testée sur scène dans plusieurs boîtes du Sud mène à un disque, soutenu par SLC, Salut Les Copains, dans une France en quête d’amusement. Nino qui voulait être pris au sérieux est servi, il doit se coltiner les yéyés. Pire que tout, il est convoqué, en raison du succès, pour la Photo du Siècle de Jean-Marie Périer. Pas envie, décide Nino, qui arrive suffisamment en retard pour ne pas devoir se placer. Lui un yéyé ? Et puis quoi encore ?
RIGOLO MAIS PAS TROP
Au milieu de ses chansons rigolotes, il fait des pauses. Il revient au jazz avec ses copains de TNT dont Bernard Estardy, un musicien et producteur qui a aidé un certain Gérard Manset à percer. Manset, encore un ovni du show-biz français des années 70… À la fin des années 60, il s’installe en Italie et cherche à s’éloigner de son image de chanteur rigolo en devenant présentateur télé. Il y enregistre Rats and Rolls, un live en italien. Échec que Nino attribue à sa maison de disques qui n’a pressé que 1000 exemplaires. Ciao Italia, retour en France. C’est à cette époque qu’il découvre un jeune musicien dont il fait son organiste. L’organiste deviendra un saxophoniste avec Nino, connu dans le monde entier et même samplé par Michael Jackson, Manu Dibango. La version française de l’album, Métronomie, est aussi un flop en 1971. Nino cherche à être authentique auprès d’un public qui ne veut que Mirza et le Téléfon.
Dilemme de l’artiste que connaîtra entre autres Sacha Distel qui ne rêvait que de jazz au milieu de ses scoubidous… Sacha Distel était quand même, il faut le dire, le meilleur guitariste de jazz français des années 1950, ayant joué avec Michel Portal, Grapelli, Lionel Hampton et John Lewis, du Modern Jazz Quartet. Pas facile de concilier succès, attente du public et envies personnelles. À ce jeu, Nino, se brûle et épuise sa maison de disques, Barclay / Riviera. Nino Ferrer and Legs (1973) n’est pas non plus un succès auprès du public alors que Nino s’impose désormais comme producteur de ses albums. Sur Nino and Radiah, (1974) entièrement chanté en anglais et produit par CBS figure South. La version française, Le Sud, l’immortalise pour toujours alors que Barclay a mis fin à son contrat l’année précédente, lassé par l’intransigeance de l’artiste et ses changements de style. Son second album CBS, Suite en œuf (1975) est boudé.
ON DIRAIT UN TUBE
Le Sud est peut-être son plus grand succès mais l’accouchement n’est pas aisé. Déjà, sa maison de disques, en écoutant les démos de Nino and Radiah, album avec la chanteuse Radiah Frye (la maman de Mia Frye), flaire le bon coup avec South et veut une version française. Nino n’est pas enthousiaste. Cet album est pour lui une perle folk, composée à la suite de sa découverte du Harvest de Neil Young (un des meilleurs albums que j’ai jamais écouté, opinion subjective). Mais dans le métier, il faut donner pour recevoir. L’album avec Radiah ne sort que si la version française de la chanson South est enregistrée. Nino qui avait une version française dans sa poche se met en studio. Bien que l’enregistrement soit supervisé par Bernard Estardy, Nino se montre exigeant, colérique, buté. Alors qu’il cherche de nouvelles voies avec cet album pour s’éloigner de la variété, on le retient prisonnier de ce sous-genre. Estardy finit par mixer avec un Nino Ferrer absent, expulsé du studio. Quelques mois après, il enregistre à Londres une nouvelle version avec Paul Buckmaster, arrangeur des premiers albums d’Elton John. Là encore, de colère, n’arrivant pas à réaliser le grand titre qu’il a en tête, il détruit les bandes et de guerre lasse, il donne son aval à la version d’Estardy. Mais dans un coin de sa tête, cet échec résonne encore longtemps après. La légende raconte qu’il enregistre d’autres versions tout au long de sa vie, sans jamais trouver la formule qui lui convient. « Une chanson comme ça, on n’en écrit qu’une dans une vie » dira-t-il, sans préciser s’il évoque South ou Le Sud…
https://www.youtube.com/watch?v=l7sykpwbG9M
NINO LA MALCHANCE
Il compose alors un nouvel album, tenu par un contrat rigoureux par CBS. De colère, il décide que sa maison de disques ne mérite pas ce bel album. Il pond alors un ovni qu’il intitule Véritables Variétés Verdâtres, titre qui crache toute sa haine de ce système qui n’entend rien à l’art. Il aurait pu dire vraies chansons moisies pour être encore plus sincère. La suite n’est plus qu’un long exil et des albums discrets. À chaque fois, le sort s’acharne. Blanat, album rock, un des meilleurs de l’artiste, est édité chez Free Bird Records, label indépendant qui disparaît au même moment en 1979. L’album ne fait alors l’objet d’aucune promotion alors que la même année, Nino est en tournée avec Jacques Higelin.
Le sud, à La Taillade, dans le Quercy et la peinture sont son unique horizon. Parfois, il accepte une apparition dans une émission télé. Ou dans un film comme en 1982 avec Litan : La Cité des spectres verts de Mocky. Le film, gigantesque cauchemar mis en images n’est pas compris et descendu par la critique. Un cauchemar, c’est ce que vit Nino, amer, acerbe, dégoûté. Un petit tour sur les planches dans la comédie musicale L’Arche de Noé en 1984, c’est un beau succès (200 000 spectateurs), pas suffisant pour relancer une machine cassée alors qu’il compose les musiques. Pourtant Nino avait le plus beau rôle : Dieu… En 1989, impressionné par le Bicentenaire, il devient français. Un dernier album studio dit tout en 1994, La Désabusion… Concert chez Harry, un live est son dernier opus. Ultime pied de nez ou hommage, il reprend sur la couverture le dessin d’Hugo Pratt du Captaine Nino. La dépression, l’isolement, l’amertume, la mort de sa mère ont raison de l’écorché vif. Le 13 août 1998, deux jours avant son anniversaire, il se donne la mort. Seul, en regardant ce Sud qu’il aimait tant.
Il aura manqué à cet artiste blessé la chance, un directeur artistique, un imprésario, un entourage qui aurait pu faire tampon entre l’artiste intransigeant et les maisons de disques. Il lui aura manqué des amis dans le show-biz qu’il a fui dès le début. Il n’a pas eu la souplesse de Distel qui après avoir fait carrière dans la variété fera un dernier tour de piste jazz pour boucler une boucle qu’il estimait incomplète. Peu avant sa mort, Nino confie, amer, qu’il a composé 200 chansons et que le public n’en connaît que 3. Artiste désabusé, il n’a jamais vraiment trouvé le public qui ne l’a jamais vraiment compris. Parfois même le public écoute du Ferrer et ne le sait pas. Un año de amor qu’on entend dans Talons Aiguilles d’Almodovar ? C’est une version espagnole d’une chanson de Nino, C’est irréparable, premier 45 tours de Nino, écrite en 1953 et enregistrée en 1963. Magnifique chanson, déchirante, très bien orchestrée, une écriture ciselée. Un succès partout dans le monde après adaptation en italien et en espagnol mais pas en France à ses débuts. Nino, Ferrer, jamais prophète en son pays.
Nino Ferrer, un malentendu permanent qui mérite une redécouverte notamment sur ses chansons et albums les moins connus comme Blanat avec des morceaux intéressants et travaillés comme Michael and Jane, Fallen Angels… Un album rock à la frontière du psychédélique dans lequel résonnent parfois des morceaux proches des Doors. On pense à People are Strange, à Spanish Caravan en écoutant Introduction ou Bloody Flamenco. Rats and Rolls, Nino and Radiah, Suite en œuf sont aussi très bons mais pas en phase avec un public épris de variétés qui avait mis Nino dans une de ces Petites Boîtes très étroites dont parle Graeme Allwright (traducteur et interprète en français de nombre de chansons de Dylan et de Léonard Cohen) dans l’une de ses chansons. La vie est souvent cruelle dans ce qu’elle offre : il voulait être sérieux, on le voulait rigolo ; il voulait être artiste, on le voulait interprète de variétés ; il a voulu être authentique au moment où l’industrie du disque, en France, devenait plus formatée. Le meilleur hommage est de réécouter ses albums post-variétés, authentiques autant que lui. Pas sans défauts, loin d’être parfaits mais sincères comme lui. Tellement sincère qu’avant son dernier geste fatal, il laisse à ses proches des lettres pour s’excuser de son caractère irascible. « Ce n’est pas ma faute mais celle du public qui n’a rien compris » chantait Aznavour dans Je m’voyais déjà. Oui parfois le public est bête et méchant. Il boude de vrais artistes et propulse au top la soupe commerciale… Ho ! Hé Hein ! Bon ! Des cornichons je vous dis…
Quel parcours!
Quel article!
si je trouve un cd ou deux (genre Blanat…) je me laisserais tenter…
Je suis comme tout le monde, je ne connais que ses chansons rigolotes mais très bien troussées (un peu comme celle de Gainsbourg…) Déjà petit, je devinais avec le gros son d’orgue et de basse qu’il n’était pas un yéyé ordinaire… j’aime vraiment ce que sont ces chansons musicalement… bien plus proches de Manfred Mann que de Caude François…
je me souviens l’avoir vu en duo pendant les années 80 avec caroline Loeb (c’est la ouate)…
En revanche culpabiliser le public est stérile, s’il na pas eu le succès qu’il pensait mériter, ce n’est pas la faute à la masse qui a toujours existé et qui existera toujours , mais bien à une sorte d’incapacité à prendre le pouls de son époque…
En tout cas merci pour ce coup de projo assez salvateur…
Merci pour ces encouragements. A la fin, c’est plus un trait d’humour et un peu le ressenti que pouvait avoir Nino. Comme je le dis, il n’était pas facile dans son comportement. Ça n’a pas aidé.
Par contre j’ai beaucoup plus d’estime pour un personnage comme lui que pour un connard camé anglo saxon qui ne sait triturer ses accords qu’entre deux overdoses et qu’on taxe un peu plus tard de génie incompris…
Ah oui tout à fait d’accord. Nino a eu une vraie démarche artistique. Incomprise ou mal perçue mais pas une pose genre poète maudit comme le font certains artistes qui n’ont aucun fond et que 2 critiques ont décidé de décréter génial.
Un article incroyablement mélancolique, qui appuie bien là où ça fait mal afin de nous aider à comprendre le parcours hors-norme d’un artiste unique en son genre.
Pour Moi, la chanson française a connu une trinité exceptionnelle qui faisait le pont, justement, entre la grande chanson type Rive Gauche et la variété (de qualité) : Gainsbourg, Dutronc et Ferrer.
Gainsbourg a enchainé les bides (Et oui, même le cultissime Histoire de Melody Nelson a été un bide en son temps) avant de connaitre, à 50 ans, la gloire avec un premier album reggae et de ne plus la quitter avec les albums les moins intéressants de sa carrière. Dutronc a connu le succès très vite avec ses chansons et s’est ensuite diversifié avec le cinéma. Il s’en est très bien sorti. Ferrer est le plus malchenceux des trois. Effectivement.
En revanche : Honte à moi : Alors que je suis fan de Nino Ferrer, je n’ai jamais quasiment rien écouté de lui au delà des années 60 (et du Sud, bien sûr). Nino And Radiah j’ai essayé une fois et j’ai tout de suite arrêté le massacre (ça m’a fait le même effet avec Femme à la Mode, l’album américain de Polnareff) (un Polnareff qu’on pourrait presque ajouter à la Trinité Gainsbourg/Dutronc/Ferrer, d’ailleurs, si ses textes n’avaient été aussi fluctuants)…
En fait je crois que j’ai toujours eu peur d’être déçu… Ils sont vraiment bien ses albums ds 70’s ?
Idem pour Manset dont on parle dans l’article : J’adore ses premiers albums mais, dès que j’ai essayé ce qu’il a fait ensuite dans la plus extrême confidentialité, je n’ai pas réussi à accrocher…
En tout cas, vu le goût de Nino pour le jazz, on comprend pourquoi Bruce a préféré laissé passer le flambeau à quelqu’un d’autre, pour le coup… 🙂
Ah moi j’aime beaucoup ses albums des seventies, il y a beaucoup de recherche dans les thèmes musicaux, l’orchestration. C’est aussi plus authentique même si les défauts sont là. Il louche clairement vers les pointures de l’époque comme Young, les Doors, etc… Il est peut être parfois trop expérimental, c’est parfois perché mais toujours intéressant. Et oui, Nino était triste. Un clown triste un peu comme Andy Kaufman à qui on demandait toujours la même chose et qui n’en pouvait plus. La liberté de l’artiste vaut elle plus que l’attente du public?
Je passe vite fait juste pour poster un lien : https://www.youtube.com/watch?v=znp0eaGWTOA&fbclid=IwAR0uKyPf4oREn0oWwA26JH9OEm2XS0BGtLiUpoxYmSe_r2S6W-WbBL3VkSA
Blanat, son album le plus incompris peut être. Mais il y a des perles je trouve.
Je ne connais pas du tout mais un ami me le partage, alors je le partage aussi.
Superbe article qui comble une tonne de trous dans mes connaissances ! Des copains me parlent depuis longtemps de ces albums post-variété mais je n’ai pas encore franchi le pas, pas entièrement. Le titre de Blanat que j’ai posté au-dessus est effectivement très rock !
Je me souviens que peu avant sa mort il avait fait un showcase à ma Fnac, je ne l’avais pas vu, on m’avait raconté.
Je ne savais pas que Radiah était la mère de Mya ! Incroyable… Ni toutes ces anecdotes sur le Sud. Je savais pour Distel que c’était un des meilleurs guitaristes de jazz de l’époque par contre. Mais je n’ai jamais essayé de l’écouter. Par contre, en tentant Neil Young par Harvest, je n’ai pas accroché et l’ai revendu. J’ai aimé le bonhomme avec la réédition de On The Beach. Depuis, j’ai racheté Harvest…
Pire, j’avais oublié ce Capitaine Nino. Il faut vraiment que je relise mes Corto !
Merci beaucoup Stéphane pour ce bel article, j’y reviendrai forcément lorsque je m’intéresserais à Ferrer !
Encore pire : Je ne savais même pas (j’avais pas vu) que ce Capitaine Nino était un hommage… 🙁
Pour revenir à ce que j’écrivais :
– La trinité : En définitive, c’est surtout Gainsbourg qui laisse vraiment une discographie importante, au sens historique.
Dutronc c’est génial tant qu’il travaille avec Jacques Lanzmann, son parolier fétiche. Mais ça ne dépasse guère les années 60. Ensuite il y a un petit come-back lorsque c’est… Gainsbourg qui bosse avec lui. Et encore, Gainsb est bourré à toutes les séances de travail et la chanson Cacaboum (qui cartonne) est plus un accident de travail écrit dans l’urgence qu’un vrai travail d’écriture. En dehors de ça… Pas grand chose.
Quant à Nino, il a beau détester ses chansons période yéyé, il y a quand même de l’excellent dans tout ça. Quand c’est rigolo c’est juste une tuerie musicalement (Mirza et Cie), et il y a déjà des chefs d’oeuvre (La Rua Madureira). Et ensuite… Ben du peu que j’ai écouté c’est quand même vachement moins bien. Mais comme je l’a dit je n’ai rien écouté après Nino & Radiah (au passage il n’y a aucune fierté d’être la mère de ce furoncle de la téléréalité qu’est Mia Frye…). Vous me poussez à essayer… Mais j’ai hyper peur d’être déçu…
C’est juste que c’est étonnant je trouve, pour Mia Frye… Et puis c’est une excellente danseuse, elle aurait dû se cantonner à ça.
Même sa période « yéyé » est bien. Il y a toujours un travail soigné sur les rythmes et les orchestrations. Sa manière de faire son travail de musicien dans un style qui ne lui plaisait pas trop, la variété.
De rien. Ravi que ça t’ai plu. Cet artiste qui mérite un petit focus devrait être redécouvert et aussi un peu réhabilité.
Moui.
Bon…c’est sympô
« de quoi ? mais t’as pas honte ? c’est un pilier de la chanson machin… »
Oui oui bon…j’ai pas la nostalgie du truc moi. J’écoute ça aujourd’hui et…bon…bah voilà quoi.
« mais enfin ! mais enfin ! C’est trop bien, et à l’époque c’était… »
Oui oui si tu veux. Bon…et sinon on parle comics ?^^
Bienvenue à toi.
Comme le grand public, je ne connais que Mirza, Oh ! Hé ! Hein ! Bon ! , Le Téléfon, Le Sud. Cet article m’a donc permis de découvrir la vie de cet artiste de manière agréable, et d’étoffer ma culture. J’ai écouté les 2 chansons : je suis très sensible à la nostalgie du Sud, pas du tout à l’émotion de C’est irréparable. Il est à craindre que je ne sois pas un bon client pour cet auteur.
En allant faire un petit tour sur youtube, je me suis rendu copte que je connais aussi Les cornichons.
Il est chouette, cet article ! Belle écriture !
Je n’ai hélas pas grand chose d’original à dire, je ne connais cet artiste qu’à travers ses chansons « mainstream »
J’ai toujours bien aimé « Le sud ».
Merci pour le compliment.
Bienvenue Seb’ et d’abord le chiffre 1000 !
1000 remerciements d’avoir été si patient d’avoir attendu 5 mois la publication de ton article (qu’est ce que ce serait, hein, si je publiais 2 x / semaine !)
1000 autres mercis pour ce si bel article clair, précis et concis : tout y est, rien n’y manque.
1000 derniers mercis et une bise publique (ne rougis pas) pour tes petits mots de soutien de simple lecteur durant l’affaire AFP.
Ta conclusion le mentionne : il a manqué plein de choses à Nino pour occuper la place de Gainsbourg : un producteur, un arrangeur et disons le, du flair. Tous ses succès, c’est lorsque sa maison de disque les lui impose. Gainsbourg avait du nez et du gout, Nino est une sorte de Rorschach du rock français : incapable de faire les bons compromis et ce jusque après sa mort : c’est terrible de le dire, mais elle n’a servi à rien : rien d’inédit publié depuis, et sa maison de disques n’a jamais rien remasterisé. C’est honteux, dur, terrible.
J’ai vraiment découvert Nino après le tribute où Bashung, Daniel Darc avaient rendu des copies étincelantes. J’ai découvert ses albums dans de vieilles éditions de ma médiathèque. Il y a des fulgurances phénoménales
Alcinda de Jesus
La rue Madureira
Suite en oeuf
Rondeau
Je vends des robes
Tout ça relève la ringardise de la chanson française, parce que disons -le franchement : pour qu’un pays fasse un triomphe à Téléphone, groupe sympathique mais loin d’être génial, c’est vraiment qu’il y avait un problème d’offre et de demande en Hexagone. Rendez-vous compte : il faut attendre 1976, 10 ans après le début du rock pour qu’un groupe français emmerge. A ce stade les Stones, le Floyd, les Beatles ou Zeppelin ont quasiment fini leurs carrières.
Dans ces moments les albums de Nino ambitieux et foutraques on apporté un peu de flammes à l’édifice. C’était un chanteur fabuleux, un parolier très correct, un musicien accompli mais un artiste borné à qui il manquera LE grand album. Même THE SOUTH n’est pas excellent de bout en bout. Il se voulait conceptuel, il sera un superbe fournisseur de singles.
Je vois Nino comme un Gainsbourg raté : incapable d’écrire pour les autres et pas assez Gainsbarre pour graver son image auprès du grand public. Ou de rebondir comme Bashung comme Christophe.
C’est un artiste génial que j’adore, sa voix me touche jusqu’en avoir des frissons à chaque fois que je l’écoute.
Superbe article
Merci à toi pour ces encouragements. J’ai découvert Nino comme tout le monde, à travers ses chansons yéyé, sympas. Et j’ai appris qu’il était diplômé en archéologie. Je me suis demandé pourquoi un type aussi brillant chantait ces « conneries »… Puis j’ai découvert son parcours, d’autres chansons, d’autres albums. Sa sincérité avec lui même dans ce monde de la variété française où tout est faux ou presque et mielleux m’a plu. Une liberté incroyable aussi, le refus du système. Ça n’en fait pas un génie je le concède. Mais juste un type libre et sincère. Ça fait du bien de croiser des artistes avec une vraie démarche. Pas juste des produits labellisés qui tournent en boucle sur le même fond de commerce. Et puis sa tristesse face aux incompréhensions, le côté poissard qui fait penser à un personnage de Francis Veber (Dewaere dans Coup de tête qui envoie chier tout le monde comme il le fait avec Véritables Variétés Verdâtres), généreux mais renfermé et colérique. Un intello perdu entre Hallyday et France Gall. Un homme et sa vérité en fait…
Ah bien vu, la comparaison avec Dewaere.
Sur Téléphone effectivement c’est gentil mais bon… Lennon disait le rock français c’est comme le vin anglais… c’est mauvais. Je crois qu’il a pas connu Taxi Girl ou Stinky Toys. Il aurait peut être changé d’avis…
Très joli article, j’ai appris beaucoup de choses sur Nino Ferrer que je ne savais pas si colérique…
De lui je connais 4 chansons, comme nous tous. Mes enfants ont appris le Téléfon à l’école il y a 2 ou 3 ans, c’est avec beaucoup de nostalgie que je les faisais répéter.
1998, c’est dingue, j’ai l’impression qu’il s’est éteint il y a moins de 10 ans…
Ah et contente de trouver une référence à Graeme Allright que j’adore.
Et bien sûr, bienvenue à toi !
@Eddy : tu fais allusion à quel artiste anglo-saxon taxé de génie ?
Merci. J’adore aussi Graeme Allwright que j’ai eu la chance de voir en concert en 1997. Inoubliable…
Hummm…
On parle là de groupe assez underground. Je ne vois pas ce qui aurait pu séduire Lennon avec Taxi Girl.
Juste lui montrer qu’on peut faire des choses exigeantes et / ou arty en France sur des airs rock ou punk. Et que les Anglais n’ont pas le monopole.
Merci à tous d’avoir pris le temps de lire cet article et merci pour vos retours. Merci à Bruce de m’avoir laissé l’écrire.
J’attendais avec impatience cet article sur Nino. Je ne suis pas déçu tant les informations sont riches (et un style un peu nostalgique en plus).
Quel dommage que l’industrie musicale française n’ait pas réussi à mettre en avant de tels artistes pour ce qu’ils étaient prêts à apporter.
Ah ben vous avez vu que Graeme Allwright est mort en février de cette année ?
C’est ma mère qui m’a parlé de ce bonhomme que je ne connaissais pas.
D’une certaine façon, c’est pas très différent non plus des cowboys fringants Allwright. Certes rythme plus posé (mais bon le mec est tout seul…)
Oh 🙁
Bon à vrai dire je ne savais pas qu’il n’était pas mort, mais Graeme Allwright, quoi….
C’est lui qui m’a fait découvrir Leonard Cohen, en reprenant un certain nombre de ses chansons. C’est Mimi souris, c’est les boites, c’est Jolie bouteille, Petit garçon (que j’ai encore fait écouter à mes élèves à Noël), Il faut que je m’en aille…
Je suis tristesse, m’en vais réécouter tous les titres qui ont bercé mon enfance….
Merci de l’info, Matt.