MAISON IKKOKU de Rumiko Takahashi
Article servi en pression par Eddy Vanleffe
1ère publication le 25/06/19 – MAJ le 02/02/20
VO: Shogakukan
VF: Tonkam/Delcourt
Cet article portera sur le manga MAISON IKKOKU de Rumiko Takahashi publié dans le magazine seinen Big comic spirit édité par shogakukan entre 1980 et 1986 traduit en France par Tonkam entre 2007 et 2009. Delcourt entame la réédition de la série en Perferct édition en 2019 suite à la victoire de Rumiko Takahashi à Angoulême.
L’alcool délie les langues et feront déborder les spoilers de temps à autres.
Lorsque le succès foudroyant d’URUSEÏ YATSURA cueille Rumiko Takahash, celle-ci se force à se souder à sa planche à dessin. Elle se prend alors d’une frénésie de création de laquelle elle tirera l’essence de sa carrière. A cette époque, chaque planche est meilleure que la précédente. Comme bon nombre d’artistes avant elle, Takahashi se sert du format one-shot comme d’un laboratoire à idée. Parallèlement à sa série mère, elle va tenter tout un tas de petites expériences donnant parfois le ton aux prochains incontournables de la minuscule mangaka. Ainsi si LAUGHING TARGET sera une première incursion dans l’horreur pavant la voie à la SAGA DES SIRENES, FIRE TRIPPER un voyage temporel évoquera fortement INU YASHA, la petite nouvelle FUFU est sans doute le brouillon de MAISON IKKOKU. Un couple vivant dans un studio meublé n’arrête pas de se disputer sous le regard médusé de leur voisine, véritable sosie de la future madame Ichinosé. Cette satire sociale réaliste donnera le goût à l’auteure de faire vibrer les autres cordes de son arc.
Tout va opposer MAISON IKKOKU à URUSEÏ YATSURA, même s’ils vont être conçus, écrits et publiés plus ou moins simultanément. A la folie de l’un répondra, le réalisme terre à terre de l’autre. Les publics visés ne sont pas les même non plus. URUSEÏ YATSURA paraît dans Shônen Sunday, magazine hebdomadaire pour jeunes garçons, alors que MAISON IKKOKU est publié dans Big Comic Spirit du même éditeur, composé de récits Seinen pour adultes. Ce magazine sera même célèbre pour avoir publié SPIRALE de Junji Itô, 20TH CENTURY BOYS de Naoki Urasawa et CRYING FREEMAN de Koiké et Ikegami. Tous doivent d’ailleurs un petit peu à ce titre qui lança le magazine sur la route du succès.
Le ton va être donc très mature et surprenant: jugez plutôt:
Kyoko est une jeune fille ordinaire à ceci près qu’elle s’éprend de son professeur de mathématique. Pure et fleur bleue, elle est absolue dans son amour pour cet homme qu’elle épousera. Malheureusement Soïchiro Otonashi meurt à peine six mois après leur mariage laissant la jeune femme dévastée. Son beau-père la voyant ainsi perdre goût à la vie, parvient à la convaincre d’accepter de travailler pour lui en reprenant la conciergerie de l’un de ses biens immobiliers: Une misérable pension habitée par une bande de crève la faim dans l’un des quartiers pauvres de Tokyo.
Au même moment Yusaku Godaï, un étudiant redoublant récidiviste végète lamentablement dans l’une des chambres de cette pension. Il accuse ses voisins, le profiteur Monsieur Yotsuya, la barmaid constamment en nuisette Akemi Ropongi et la poivrote Mme Ichinose de ses échecs, ce qui ne les empêchent pas de faire la fête sous son pif et souvent avec son argent, puisque le pauvre, il ne sait jamais dire non. Sur le point de déménager, il va rencontrer la nouvelle concierge et sa vie va changer de tout au tout.
Le manga tout en narrant une tranche de vie, très réaliste va pouvoir raconter plusieurs histoires à la fois distinctes et pourtant inextricablement liées.
Le thème qui hantera tout le manga de manière diffuse mais permanente, est bien évidemment le deuil. Comment survivre à l’être aimé. Dans une série américaine, on écume les bars deux ou trois épisodes pour signifier la perdition du personnage puis on se reprend et on se remet en selle aussi vite que possible. Ici il faudra plus de sept ans en temps réel pour que le spectre de la mort veuille bien laisser Kyoko vivre sa vie. Dès le départ Kyoko ne veut/peut pas tourner la page et Yusaku va donc devoir se heurter à une montagne infranchissable, surtout qu’il n’a pour tout piolet que sa timidité, sa maladresse voire même son immaturité pour l’aider. Autant vous dire qu’il est mal barré le pauvre mec.
D’entrée de jeu, grâce à de savants quiproquos, il fera absolument TOUT ce qu’il ne faut pas faire.
Heureusement il y a l’alcool.
Un alcool qui viendra débloquer les pires de situations comme une sorte de cupidon liquide. Il ne s’agit bien évidemment pas d’une simple love story sans aucune profondeur. Loin de là. Takahashi va en profiter pour en faire une satire sociale et une chronique de mœurs à la fois extrêmement habile mais aussi terriblement mordante. Le rire étant à la fois le sel qui brûle et le sucre qui adoucit.
Yusaku est donc un étudiant d’une timidité maladive qui va donc entamer un long processus vers la maturité et l’apprentissage de l’amour parce que ça non plus ce n’est pas inné. Takahashi prend donc un malin plaisir à décrire un amour qui n’a rien de «pur» ou de «platonique». Dès que Yusaku voit Kyoko, il a le coup de foudre, c’est évident mais surtout physique, il la convoite, la désire et cherche à la toucher. Bien loin de comprendre que ce qu’il ressent n’est pas vraiment de l’amour il va progressivement délaisser l’attirance purement physique pour une forme d’affection plus solide, plus forte qui elle, résistera à toutes les intempéries de la vie. D’abord jaloux maladif il se fera l’écho du chantage populaire qui veut que le veuvage n’est pas sain pour Kyoko avant d’être finalement le premier à accepter qu’elle a besoin de temps. Si sa maladresse le handicape régulièrement, ce sera sa force intérieure, son endurance et sa capacité à comprendre la jeune veuve qui lui feront gagner en maturité et se révéler vraiment aux yeux de sa belle.
Si le monde s’acharne en effet pour le plaisir de nos zygomatiques sur ce garçon, il est envers et contre tout, son pire ennemi. Dans une scène d’anthologie qui sent le vécu; il grimpera sur un muret pour hurler sa déclaration à la lune et au quartier complètement bourré. Le réveil fera mal aux cheveux. Pourtant dans un monde où l’éthylisme est la norme personne ne lui en tiendra rigueur, car pas un seul personnage ne pourra échapper aux vapeurs d’éthanol pas même Kyoko. Un à un il surmontera les obstacles afin d’obtenir le Graal d’un regard, d’un mot, d’un geste. Il devra d’abord surmonter ses pulsions, puis surmonter sa timidité maladive et enfin son maîtriser son esprit romanesque qui lui fait toujours imaginer les scénarios les plus abracadabrants. Plus concrètement, la pression sociale autour de lui fera comprendre qu’il doit d’abord réussir des études et obtenir un emploi avant de pouvoir être un minimum intéressant sur le chemin de l’amour. Le regard que pose alors la société japonaise sur un jeune homme modeste est sans appel. Si t’es né minable, tu devras te contenter d’être un minable. Trouver un travail sans relations se transforme donc en parcours initiatique où devenir Jedi paraît plus facile. Il fera tout parce que malgré ses défauts, il possède quand même deux qualités: ce n’est pas un fainéant (il va jusqu’à cumuler deux boulots en même temps) et pour sa belle, il sera prêt à tout, au mépris de toute fierté.
A travers Yusaku Godaï, Rumiko s’amuse avec beaucoup de cynisme à décrire tout un pan de société de laissés pour compte au travail. Si sa recherche d’emploi lui donne beaucoup d’épaisseur, ce sont ses relations avec les autres femmes du récit qui l’amèneront à se questionner sur son attitude, ses convictions, en un mot sa place dans ce monde. Perdant la foi, il fera la connaissance de Kozué Nanao, fille de son milieu avec qui il est si facile de discuter. Mais si la rejeter serait douloureux, il réalise toute la différence de ses sentiments qu’il éprouve pour elle et pour Kyoko. Plus tard alors qu’il désire faire le point, il s’éloigne à la campagne. Là il aurait l’occasion de «trahir» Kyoko, mais renonce en lui écrivant une longue lettre qu’il déchire par pudeur. Bon il déchire aussi son billet de train retour et doit trouver un boulot pour revenir chez lui. Par deux fois devra se séparer de la femme de sa vie pour réaliser ses ambitions plus personnelles, sans voir ses velléités réduites à néant par le trop plein d’amour quasi paralysant. Il fera moult boulots de serveurs, rabatteur dans un bar à hôtesse, prof intérimaire, nounou et enfin puériculteur. Loin des remords d’un monde trop mauvais pour lui, il se rapproche des enfants et ainsi de l’essentiel à ses yeux. Le niveau de vie est une sorte fil rouge qui vient régulièrement démolir le romantisme du jeune homme. C’est dans ce manga que j’appris avec effarement qu’une déclaration d’amour pouvait sur faire avec…un simple relevé de compte bancaire. Le soupirant assurant à sa bien-aimée la fiabilité des finances du futur foyer.
Kyoko de son côté, se fait juger du début à la fin du manga. D’abord pour son mariage trop rapide et l’arrêt de ses études, puis pour son veuvage incongru dans une société qui ne réserve qu’à contre cœur une place aux femmes célibataires. Puis encore sur le fait de travailler qui retarde son retour à la vie maritale et enfin dans les choix de ses prétendants dont l’un représente un bien meilleur parti que l’autre. Toute sa trajectoire dans le manga se fera sous la loupe morale de l’opinion d’autrui et elle en fera son combat ordinaire. Là encore la caractérisation de Takahashi est habile, car elle n’en a pas fait on plus une rebelle, non c’est une femme ordinaire voulant vivre sa vie comme elle le désire au rythme où elle l’entend. Dans ce manga de l’aveu de son auteur le plus autobiographique, on peut y déceler le commentaire acide d’une jeune mangaka jamais mariée dont la carrière hors norme pour sa génération, a fait un symbole d’émancipation.
Kyoko est donc une héroïne tragique perdue au beau milieu d’un vaudeville bordélique qui lui rendra la chaleur qu’on lui a confisqué. Si au départ, elle devra survivre à son mari, elle finira par vivre la fin de leur histoire d’amour sans lui, laisser les jours passer et s’ouvrir peu à peu au monde. Elle trouvera donc par coïncidence un partenaire idéal en la personne de Yusaku dont la patience s’harmonisera avec son propre agenda bien ardu. Les deux s’attendent mutuellement. Elle comprendra qu’elle ne peut rester la jeune fille qui a épousé Soïchiro, son expérience forgeant jour après jour la nouvelle femme qu’elle devient sous les yeux du lecteur. Une femme de tête, décisionnaire, aussi généreuse que colérique. Bizarrerie du manga, Kyoko a un chien qui porte le même nom que son défunt maître, un chien qui décore les pages et dont le rôle invisible aura sa signification tout au long de la série.
L’auteur à cette époque ne suit pas les stéréotypes, elle les construit pour les années à venir. Aussi elle évitera subtilement l’écueil du couplet «le sort des femmes, c’est la faute des hommes». La principale représentante de la tradition est la propre mère de Kyoko, prête à toutes les bassesses pour faire rentrer sa progéniture têtue dans le sillon qu’elle a tracé pour elle. Son principal appui sera paradoxalement son beau-père, qui lors d’un service funéraire lui rappellera avec abnégation que si autrefois lorsqu’un homme mourrait, on inscrivait déjà sur la tombe le nom de l’épouse l’empêchant d’avoir toute vie en attendant son propre trépas, ce n’était plus le cas désormais et qu’une femme devait profiter des droits de ce nouveau monde. Et il y aura aussi Yusaku dont le premier réflexe adulte sera de respecter le deuil de sa dulcinée. Il est assez touchant de voir combien la phrase lui fait mal à la gorge lorsqu’il la prononce, mais jamais il ne se rétractera.
Rumiko Takahashi est célébrée dans le monde entier pour sa capacité à rendre ses personnages sympathiques et vivants et c’est bien dans MAISON IKKOKU qu’elle gagnera sa réputation. Le manga se déroule sur pas moins de sept années et nous voyons évoluer et gagner en maturité chacun des principaux protagonistes. Yusaku passe du jeune étudiant puceau collectionneur de «Playboys», à un homme responsable, quelque peu désabusé mais très soucieux d’autrui et surtout ayant une patte incroyable avec les enfants.
En même temps sa patience a été éprouvée par ses insupportables voisins et il est blindé. Son rapport amoureux évolue de même de simple désir charnel pour une femme superbe à une forme d’affection profonde, sincère et immuable pour cette femme dont il fait peu à peu connaissance, et avec qui il partage ses peines, joies, ses échecs (nombreux) et ses réussites (précieuses). Pour mettre en valeur au mieux la moindre émotion sur une palette infinie, Rumiko bricole des trésors d’ingéniosités de narration. Un personnage qui vacille intérieurement est représenté décalé par rapport au décor, l’œil est opaque, cerné, brillant, humide, grand ouvert ou enfantin avec un seul coup de pinceau. La technique de l’encre de chine dépouillée traduit pli de pull, saison froide ou chaude, joie d’avoir une bonne nouvelle ou bonheur d’un moment unique. Les joues rougissent sous l’émotion ou sous l’effet de l’alcool véritable témoin de mariage invisible entre les tourtereaux. Le tout est serti d’une sobriété qui force l’admiration. Comment fait elle? Puisqu’on ne voit pas le procédé, c’est simple Rumiko est une vraie magicienne.
Bien sûr notre couple vedette n’est pas seul, il y a ces fameux voisins dont nous allons faire un petit inventaire. Comme à son habitude en inconditionnelle des jeux de mots, Rumiko va disséminer ces calembours japonais invisibles aux occidentaux. En effet le nom de chaque personnage contient le numéro de chambre dans son nom accolé à celui du nom d’un quartier de Tokyo supposé représenter le caractère global du personnage. C’est donc intraduisible.
-Madame Ichinosé(ichi-un): une vieille ivrogne possédant la mentalité des concierges
-Nozomu NikaÏdo(ni-deux): un autre étudiant débarquant au beau milieu de la série. Particulièrement bourrin, il ne comprend absolument rien aux relations toujours changeantes de nos tourtereaux. Il passera donc tout son temps à mettre les pieds dans le plat, donnant parfois lieu à des scènes d’une lourdeur sans nom mais aussi parfois à des répliques particulièrement senties. Son nom désigne une sorte de temple particulièrement rare et isolé, d’où sa personnalité «à l’ouest».
-Monsieur Yotsuya(yon-quatre): voisin pique assiette, toujours à l’affût de gratter le peu de conserves de ce pauvre Yusaku ou de lui faire du chantage, il a le don d’apparaître un peu n’importe où. Personne ne sait comment il occupe ses journées, Yakusa, joueur de Pachinko ou glandeur professionnel, il garde une aura de mystère complet autour de sa personne jusqu’à son prénom jamais dévoilé non plus. Son nom fait allusion à un quartier réputé hanté de Tokyo.
-Akemi Roppongi(ron-six): serveuse au bar Cha-Cha-Maru, cette éternelle fatiguée se balade en nuisette transparente et clope au bec pendant tout le manga sans que cela gêne qui que ce soit. Perpétuellement entre deux verres ou entre deux mecs, elle joue souvent mais à distance, la grande sœur de Yusaku. Si sa tendresse prend souvent la rude forme d’insultes et de bourrades, elle joue néanmoins un rôle décisif dans le dénouement de ce manga faisant d’elle l’un des seconds rôles les plus savoureux de l’œuvre. Son nom évoque quant à lui le fameux quartier chaud, célèbre pour ses bars à hôtesses. Imaginez en France un personnage baptisé «Charlotte Six-Pigalle»!
Le procédé s’étend bien évidemment à Yusaku Godaï (go-cinq) dont le nom fait référence au symbolisme élémentaire japonais, ou le passage des générations, soit le temps qui passe ou l’endurance…
Kyoko Otonashi est un vrai délire, Otto-Nashi voulant dire «sans un bruit» ou suivant la façon de découper les syllabes, «sans mari». Évidemment Takahashi met en scène la muette douleur du deuil dans le nom même de son personnage qui en plus commence en romanji par un «o» qui ressemble à un «0» correspondant à la loge de la responsable. Voilà tout est dit.
Les chambres manquantes seront distribués aux personnages extérieurs soit:
Shun Mitaka (mi-trois): le tennisman au sourire éblouissant et dernier élément du triangle amoureux. Professeur de sport représentant le bon parti, le niveau de vie auquel n’accédera jamais Yusaku. Il est celui dont l’aura sociale écrase les autres.Voiture de sport, bel appartement au centre-ville, il a la réputation de collectionner les conquêtes.
Sa seule faiblesse: une peur panique des chiens, qui préservera une distance d’avec sa belle comme si le chien de Kyoko était devenu le gardien de ses amours contrariées avec Godaï, ce qui serait d’une certaine sagesse dans un pays où la croyance en la réincarnation conserve un certain succès. A force de persévérance, il parviendra à franchir les murs de ses phobies mais au détriment de sa santé mentale. De plus en plus désespérées, ses tentatives de séduction prendront des allures de traquenards comme le jour où avec la complicité de la mère de Kyoko, ils la pousseront dans ses derniers retranchements. Invitant ses parents et ceux de la jeune veuve à une rencontre formelle, elle découvre le tout en même temps que GodaÏ qui en conclut que tout est perdu.
Lors de cette intrigue digne d’un vaudeville, il faut bien comprendre que c’est son aspect social, décrivant par le menu les carcans de la tradition japonaise qui construit la dramaturgie et non pas le contraire. Rien ne tiendrait debout à New York ou à Londres, mais au Japon des années 80, les barreaux autour de Kyoko sont on ne peut plus tangibles. Pourtant Takahashi évite de faire de son beau gosse au sourire colgate, un méchant de bas étage, profitant des petites ironies cruelles de la vie pour lui accorder un destin clément presque aussi attachant que l’intrigue principale. Il fera la rencontre d’Asuna Kujo, elle-même folle de la race canine. Ainsi, ce ne sont pas les chiens, le problème mais bien celui de Kyoko, veillant sur sa maîtresse comme le ferait un garde du corps, ou ce fameux Hachiko (le chien qui a attendu son maître à la gare des années après sa disparition) devenu l’un des symboles de la capitale tokyoïte de la fidélité post-mortem.
Enfin, Iubki Yagami (Ya contient le kanji de huit): Le beau-père de Kyoko trouve un emploi saisonnier de professeur à Yusaku dans le lycée de son propre fils. Ce détail en dit long sur la bienveillance de ce monsieur. Ibuki va reproduire dans un effet miroir la propre histoire de Kyoko. La jeune fille va tomber éperdument amoureuse de notre benêt séducteur malgré lui. Le point fort de ce personnage tardif est d’avoir été conçu comme intelligente, rusée et franche. Qualités qui ne sont pas très présentes tout au long de ce récit fleuve.
Elle va donc confronter méchamment tout le casting à leurs propres contradictions développant même une sorte de haine viscérale pour Kyoko, image même à ses yeux de la lâcheté et de la faiblesse de caractère ne sachant retenir ses hommes que par la promesse tacite qu’elle se garde bien de confirmer. Elle s’empêche donc de l’avis de la jeune fille de laisser partir des prétendants qu’elle ne concède même pas aimer. Manipulatrice Yagami ira jusqu’à prendre Kyoko comme senseï, puisque celle-ci pourrait incarner finalement une sorte de modèle. Elle se débrouillera même pour trouver un emploi à Yusaku et donc à Kyoko l’occasion de se débarrasser de lui une bonne fois pour toute. Kyoko de son côté, forte de sa maturité perd progressivement pied face à une vraie rivale plus que motivée. Perdant au jeu de la force, sa condescendance du départ se mue en rage verbalisée dans un glissement sémantique de plus en plus grossier. Le summum étant quand Kyoko brise son balai en bambou sous l’effet des nerfs en voyant l’innocente gamine au bras de son prof chéri… Pourtant Yagami perdra devant la dévotion que porte Yusaku à la pauvre Kyoko. Seul personnage inconsolable, elle gardera une photo de son premier amour dans son portefeuille.
J’ai jusqu’ici fait l’impasse sur ce qui fait la sève du manga: l’humour.
Un humour qui fonctionne un peu sur la même structure qu’une sit-com. Des personnages emplis de défauts, se débattent au gré d’un enjeu quotidien, faisant surgir l’émotion et l’humanité au détour d’une blague. Coïncidence, c’est justement en sit-com que l’on trouvera le plus proche parent de MAISON IKKOKU: UNE NOUNOU D’ENFER (THE NANNY) où une jeune femme splendide à la famille mêle-tout et mal élevée, vient peu à peu percer la carapace d’un homme veuf issu d’un autre milieu social. Chaque ingrédient placé différemment, fait pourtant écho de manière étrangement parallèle au manga de Rumiko Takahashi.
Visiblement nourrie aux soaps japonais mélodramatiques à outrance depuis son plus jeune âge, la mangaka en a tiré un certain talent pour la parodie. Elle ne perd jamais le côté amusant d’une posture par trop outrancière. D’autre part elle sait que les meilleures comédies sont des tragédies détournées. Le ton du manga s’il n’est pas trash est résolument adulte. Ici les colères sont de vraies colères, pas de marteau ou de beigne qui envoie dans l’espace. Ainsi son héros principal est une sorte de Peter Parker puissance 1000, qui n’esquive jamais aucune banane, ne perdant aucune occasion de passer pour un con. Il a donc droit à de grands moments de solitudes à la fois impitoyables et emplis de tendresse. C’est assez crûment qu’un voisin indiscret insistera sur les habitudes nocturnes solitaires de Yusaku ou qu’il réalisera tardivement que l’objet de son affection ayant déjà été mariée a…une longueur d’avance sur lui. Ses potes lui conseillent alors de s’exercer afin de ne pas se ridiculiser le moment venu. Et oui, si l’auteur n’épargne aucune humiliation à son héros, c’est par ce travers qu’elle manifeste aussi son empathie, faisant de lui un loser maladroit mais humain.
Kyoko n’est pas en reste, puisque derrière la personne douce et effacée se cache une jalousie et un instinct de possession poussé à son paroxysme. En conséquence, ses reproches sur les hésitations de Yusaku sont bien vite balayés par les autres locataires qui lui laissent entendre qu’elle aime tenir les hommes en laisse. D’ailleurs tout le sel comique de ces dix tomes très denses, viendra de ces fameux voisins, qui n’en finissent pas de faire enrager nos deux pauvres tourtereaux. Yotsuya qui ne pense qu’à profiter des situations ne sera absolument jamais de bon conseil. Madame Ichinose bien qu’attachée à Kyoko comme à une sœur, n’en n’est pas moins une commère incapable de tenir sa langue plus de cinq secondes et Akemi drague ouvertement le coach de tennis, ne dissimulant même pas son désir pour l’étalon, puis taquine la ravissante veuve sur le fait que Yusaku gagne en maturité et qu’on en ferait bien son quatre heure….
Le point fort de l’auteur est de savoir mélanger, marier les émotions et le rire comme l’indique le slogan américain de la série «You’ll laugh, you’ll cry, you’ll kiss your heartache goodbye!»
En supplément le personnage de Kyoko est un vrai plaidoyer pour la liberté de vivre comme bon nous semble, une chose qui ne semble pas forcément aller de soi dans les sociétés écrasées par le poids de leurs traditions. Loin d’être le pamphlet féministe qu’on aurait aujourd’hui, Rumiko Takahashi préfère peindre par petites touches l’incroyable complexité d’un être vivant de chair et d’encre de chine, tiraillée entre ce besoin d’être elle-même et celui de se mettre au service de ceux qu’elle aime. Elle incarne alors la parfaite femme d’intérieur, ce qui n’est pas vraiment l’image de l’émancipation. En revanche cela prouve à quel point la vie peut être à la fois banale et complexe. Kyoko est une femme aux sentiments les plus tumultueux, luttant sous le vernis de la bienséance et d’une timidité maladive la faisant osciller entre instinct de protection, jalousie violente et chagrin insondable. Le tout s’assemblant en de multiples facettes d’un diamant brut taillé avec soin et talent par sa créatrice.
Ainsi décrite par Yusaku: The woman I love burns with jealousy, leaps to conclusions, cries, et turns to ice, but when she laughs…then…the world is mine.
Enfin c’est une œuvre impeccablement mise en scène, aux personnages formidablement conçus et dont le graphisme évolue de page en page. Il est difficile de mesurer le poids que peut revendiquer une œuvre japonaise au sein de la culture de la bande dessinée, mais nul doute que nous n’aurions jamais eu KIMAGURE ORANGE ROAD (MAX ET COMPAGNIE) de Izumi Matsumoto et encore moins LOVE HINA de Ken Akamatsu, véritable hommage allant même jusqu’à ripper une scène entière, sans Maison Ikkoku, la seule série à ma connaissance à avoir eu en merchandising des…tabliers (avec le logo Pyo Pyo).
Tranche de vie rigolarde, moments d’émotions tranchants et une incroyable sensation de bien-être enveloppent cette œuvre mature qui parlera à tous ceux qui ont gambergé comme des malades face à une femme qu’ils n’osaient pas aborder.
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Rumiko Takahashi a triomphé à Angoulême cette année. Rappelez-vous c’est la créatrice de ce que l’on appelait chez Dorothée : JULIETTE JE T’AIME. Eddy Vanleffe lui rend hommage chez Bruce Lit.
En guise de BO j’avais pensé à Licence 4 et son «Viens boire un petit coup à la maison» mais après le coup de Tornado et de ses punitions, il faut laisser le temps à Bruce Senseï le temps de récupérer …j’ai opté donc pour le générique de fin censé donner un coup de pouce à Sullivan sur le sol japonais mais qui n’a duré qu’un épisode…
https://www.youtube.com/watch?v=DrvpyfRDCSc
C’est l’article qui m’a manqué pour pouvoir apprécier Maison Ikkoku dont j’ai abandonné la lecture en cours de route (alors que quand je l’ai prêté à mon fils, il a adoré de bout en bout). Je reconnais bien volontiers que je me suis vite lassé des atermoiements des deux tourtereaux et que la critique sociale m’a totalement échappé. Je n’y ai vu qu’une comédie de situation, facile à lire, mais fade. Pourtant j’avais bien apprécié Inu Yasha, et Ranma 1/2 m’a fait rire à chaque tome. J’avais adoré le recueil Un bouquet de fleurs rouges.
Le tout est serti d’une sobriété qui force l’admiration. – En te lisant, je me souviens de la vivacité des pages de Ranma 1/2, et de la force d’expression de ses personnages, avec des dessins d’apparence simple et facile, ce qui est la marque d’un trait très maîtrisé et virtuose.
Je devais être en mode bien bourrin quand j’ai lu ce manga parce que j’ai raté tout ce que tu mets en lumière : le besoin de faire son deuil à son propre rythme, la (très) lente maturation des personnages, les bons côtés de Yusaku, les mauvais côtés de Kyoko, la remise en cause des stéréotypes de la condition féminine dans la société japonaise… Quand je relis ton article, je me rends compte que je suis passé à côté de tout ce qui est accessible, alors autant dire que les subtilités comme le nom des personnages évoquant leur numéro d’appartement, je ne risquais pas de m’en douter.
Du coup, ne voyant que des personnages falots, les scènes humoristiques tombaient à plat. Je pense que la mise en scène de l’alcoolisation comme facilitateur (parfois) devait aussi heurter des convictions profondément ancrées en moi. La conclusion par la mise en perspective de l’importance de Maison Ikkoku me parle bien car j’ai lu Kimagure Orange Road (un des premiers mangas édités par J’ai Lu), et une quinzaine de tomes de Love Hina. Merci beaucoup pour cet article passionné qui m’a ouvert les yeux sur une œuvre qui était lettre morte pour moi.
Merci Présence, toujours au taquet! ^^
Je dois dire que la première version deluxe de Maison Ikkoku est un assassinat tellement la trad est à chier…je tiens à réhabiliter tout le staff de Panini par rapport au crime que fait cette édition. c’est heureusement corrigé dans la seconde édition poche
Ranma 1/2 est une tuerie sur les 17 premiers tomes… détail qui tue Ranma-chan est un tout petit peu plus petite que Ranma-kun et si on fait gaffe, on voit les chaussures n’être plus ajustées…
pour le nom quand j’ai fait mes recherches c’est le nom de Kyoko qui ‘a troué le cul, c’est d’une douleur….
Bon, on dirait que OVH nous accorde une marge de commentaires.
Profitez-en.
Eddy, ton article est long et j’ai encore de la maintenance à faire. Je te promets de revenir plus tard.
(courts, les articles, courts !)
Je ne suis pas sûr d’avoir bien compris le paragraphe sur Ibuki Yagami : tu indiques qu’il s’agit du beau-père de Kyoko, mais après tu en parles comme s’il s’agit d’une femme : intelligente, rusée et franche.
J’ai relu ce passage 3 fois, le BP ne sert que d’intermédiaire pour la rencontre entre la jeune fille nommée au début du paragraphe et le héros ;).
Le BP a fait embauché le héros dans le lycée de son fils décédé (donc très beau geste), et c’est là que le héros a rencontré cette jeune fille intelligente qui est tombée amoureuse de lui !
Bien joué Kaori ^^
memo pour la saison prochaine: raccourcir mes articles! raccourcir mes phrases!
Sorry Présence!
Je te commente plus tard mais juste un petit mot et tout le monde sera d’accord : merci pour la qualité de ta saison Eddy et la bonne humeur que tu instaures à bord du blog de ce vieux groggnard…
Merci Bruce…merci…
Je voudrais remercier aussi mon producteur, mes parents sans je ne serais pas là ce soir…
Merci pour ces précisions : je m’étais effectivement perdu dans la phrase, ne connaissant pas le personnage et n’ayant pas su reconnaître un prénom féminin dans Ibuki Yagami.
Comme je l’attendais, cet article !
Et comme je ne suis pas déçue, au contraire !!
Bravo d’abord, tu as su mettre en lumière de manière très complète toutes les qualités de ce manga que j’ai toujours détesté en animation.
Je rejoins un peu Présence, sauf que je ne peux parler que des adaptations : j’ai beaucoup aimé Inu Yasha, pas mal Ranma et adoré Kimagure Orange Road que j’ai toujours vu comme un « Juliette je t’aime », mais en mieux.
Comment nier que Max, c’est le sosie de Hugo, et Sabrina celui de Juliette…
Alors merci de rendre à César ce qui est à César : sans Maison Ikkoku, pas de KOR…
On a déjà abordé les raisons pour lesquels j’ai détesté cet animé.
Et j’en perçois encore d’autres ici.
Maintenant je me rappelle pourquoi je détestais tous ces fauteurs de trouble. Je me mettais trop à la place de Yusaku/Hugo, moi-même étant une élève voulant être modèle et parfaite, voulant être première de la classe et ayant toujours détesté qu’on vienne me perturber dans mes « ambitions ». J’en ai gardé quelques réminiscences et psychoses…
Alors ceux-là, qu’est-ce qu’ils pouvaient m’agacer !!! A toujours mettre ce pauvre Hugo dans des situations pas possibles !! Que je trouvais ça injuste pour Hugo…
Bravo pour avoir souligné l’évolution du personnage. Il est amusant de voir que nous avons abouti au même milieu professionnel, lui et moi…
Je me demande également si l’animé n’a pas influé sur mon rapport à l’alcool, que je fuis encore aujourd’hui.
L’ébriété est quelque chose que je ne porte pas dans mon cœur et surtout, que je me suis toujours refusée !
En fait, j’ai du mal avec ces comiques de situations où on profite du faible, du trop gentil, de celui qui n’ose pas dire non. Tu fais un parallèle avec UNE NOUNOU D’ENFER, or il se trouve que je n’ai jamais aimé cette sitcom… Je n’ai jamais pu regarder un épisode et je n’ai jamais compris son statut de série culte. Idem avec MADAME EST SERVIE.
Mais passé cet humour auquel je n’adhère pas, tu relèves des valeurs auxquelles je suis attachée, qui me parle.
Même Kyoko/Juliette que je déteste (pour le coup, je me retrouve bien en sa rivale…), tu arriverais (presque) à me la rendre sympathique. Du moins compréhensible. Et comme je comprends ce tiraillement entre « ce besoin d’être elle-même et celui de se mettre au service de ceux qu’elle aime. », ainsi que ça : « luttant sous le vernis de la bienséance et d’une timidité maladive ».
Mais ma phrase préférée c’est celle-ci : « The woman I love burns with jealousy, leaps to conclusions, cries, et turns to ice, but when she laughs…then…the world is mine. »
Rien que pour ces raisons, j’ai envie de (re)donner une chance au manga…
Chapeau Eddy, tu signes un magnifique article, posé, argumenté, bien écrit et plein de sens, de détails, d’informations. Tu éclaires ce manga avec un nouveau jour.
Tu voulais rendre honneur à ta mangaka préférée, une nouvelle fois. Pari réussi en ce qui me concerne !
Argh j’ai oublié de parler de l’aspect canin. Encore une belle référence avec l’histoire d’Hachiko… Bel exemple de deuil impossible et de fidélité éternelle. Histoire bouleversante qui m’a mis les larmes rien que d’y penser pendant plusieurs années…
Ici aussi on aime les chiens japonais. On a le modèle réduit de l’akita en triple exemplaire…
Comme beaucoup de français, j’ai connu « Juliette je t’aime » grâce au Club Do.
Mais maintenant que je lis tout ce qui se cache en réalité derrière le manga, c’est… Pouffffffffffff! Je suis soufflé, et du coup, là où Ranma 1/2 était mon oeuvre maitresse en matière de manga, j’avoue que j’ai envie de lire tout les Maison IKKOKU.
Contrairement aux autres opus, y’a pas d’érotisme voilé, de trucs trop barrés. Non, là c’est la VRAIE vie japonaise avec ses codes, ses traditions, ses obligations. Les occupants de la pension sont tous barrés mais restent de vrais pastiches de ces voisins qu’on a tous autour de nous ( la commère, le profiteur…).
Bref, la vraie vie comme j’ai dit…
Encore milles bravos Eddy!!! C’est excellent!
@Manu
Merci beaucoup, Moi aussi Ranma1/2 a été une vraie révélation…quand un type m’a dit en fac qu’elle avait écrit aussi Lamu et Juliette je t’aime, je suis soudainement tombé amoureux….
@Kaori
Je n’ai jamais réussi à apprécier KOR, c’était la version light au lycée et j’y arrivais pas…
La dimension alcool, j’ai beaucoup insisté la dessus, parce qu’outre le fait que les mangas sont à peu près les seules oeuvre sur la planète à ne pas traiter ça comme un problème de société avec un grand renfort de morale à la sauce santé public… ça me faisait marrer, Pour le reste, je viens de la région où le houblon est l’or de la terre 🙂
Kyoko n’était pas mon personnage préféré, mon penchant pour les personnages « vachards » comme Akemi (Charlotte) ou Yagami (Clémentine) l’emportant toujours, mais en travaillant sur l’article, j’ai réalisé à quel point Rumiko avaiit travaillé ce personnage et tous les passages concernant son deuil forcent un respect pour le personnage, une leçon de « charactérisation » ..jusqu’à la palette de ses regards…
Je fonctionne aussi pas mal à l’empathie mais pas au même point que toi… 🙂 Hugo est un malheureux, mais c’est aussi un mec qui se choperait une belle accusation « balance ton porc » aujourd’hui(ma femme ne le supporte pas, elle le trouve pervers et malsain), c’est pour ça que je dis qu’il évolue au fur et à mesure… le tout étant écrit par une femme avec une sensibilisation féminine rend les situations parfois scabreuses tout à fait supportable. sans défaitisme, on sent que Rumiko s’amuse beaucoup à propos des travers des mecs et de leur faiblesse dans le domaine de la séduction… le tennisman a aussi pas mal de déconvenues qui le font descendre de son piédestal…
merci pour ta réactivité et ton point de vue toujours motivant.
Tu parles à une fan de City Hunter, dont les délires avec les soutiens-gorges et les culottes ont toujours fait marrer, alors Hugo à côté, c’est un agneau !!
Mais c’est vrai que j’avais oublié ce « détail » de charactérisation de Hugo, ton article m’a rappelé beaucoup de souvenirs. C’est que je devais regarder quand même ! (Mais j’entends encore en écho la voix de Juliette, c’est d’ailleurs comme ça que je me suis rappelé du nom d’Hugo. C’était quoi le nom du tennisman ? Julien ? Bref, un cauchemar cette voix !!)
J’ai oublié de parler de ta référence au Special Strange n°34, mon comics vénéré et culte, ainsi que sa couverture que je chéris…
Et c’est vrai que je suis une empathique de malade. Et non, je ne compte pas me soigner !
J’en profite pour remercier Bruce, que je vois plutôt comme un homme bourru (et non sénile ou grognard 😉 ) et toute l’équipe, tout ce blog qui m’apporte plus que je n’aurai osé espérer.
Merci en particulier à toi Eddy en qui j’ai trouvé un partenaire idéal pour mes « discussions de geek » 😉
Enfin merci à toi Bruce pour cette invitation à bord qui signifie énormément pour moi…
EH ben ! Quel article détaillé !
Je me sens presque mal de dire que ça ne semble pas mon truc^^
Disons que ça semble maitrisé dans son genre.
Mais je pense que ça ne m’intéressera pas.
Les BD « tranches de vie » comme ça, faut pas que ce soit trop long avec moi.
En fait…faut que rien soit trop long avec moi^^
Et pour le coup c’est vrai que ce genre de truc prend du temps. Tu peux pas raconter en 2 tomes des changements radicaux chez des personnages.
Mais du coup ben…c’est pas calibré pour moi ces trucs là^^
Long mais bon !
J’apprends plein de choses sur une série que j’aimais secrètement, notamment (j’utilise les noms français) Stéphane qui squattait chez ce pauvre Hugo. Et la gardienne qui ne pensait qu’à faire la fête.
Je me rappelle avoir vu le dernier épisode plein de douceur et de poésie.
A bien des égards cette maison Ikkoku pourrait être la version soft du Vagabond de Tokyo : affection pour les losers, profiteurs d’une société impitoyable, des personnages à la fois antipathiques et attachants.
J’apprends ici que Juliette et sa bande sont au rayon Seinen. TOute ton analyse sur le long et éprouvant travail de deuil, l’apprentissage du désir en sentiment amoureux ont bien résonné en moi. Je veux lire ça si c’est facilement trouvable et dans une éditions moins merdique que Le collège fou fou fou.
Le scan à la Cyclope m’a fait sourire en une semaine très crispée.
Bravo Eddy !
Un superbe article très complet sur une série que j’adorais déjà gamin…Je tiens à réhabiliter l’animé, que je qualifie de chef d’oeuvre ! Evidemment il faut impérativement le voir en VOSTFR pour savourer les fins dialogues (avec de vrais professionnels de doublage) , toutes les allusions à la culture nipponne qui sont oubliées ou delibérément changées (l’alcool est remplacé par du jus de fruit en français ! ah censure quand tu nous tiens !) et la bande originale musicale est splendide qui aide délicatement à la traduction des émotions, ainsi que les bruitages des fonds sonores (les criquets de l’été, le train qui passe, le carillon dans la rue qui indique la tombée de la nuit chaque soir etc. ) renforce l’immersion dans le quotidien nippon.
Le hasard fait que je suis en train de me refaire la série et c’est incroyable comme elle fonctionne aussi bien sur les adultes que sur les gamins ! Les divers niveaux de lecture de cette série permettent de l’apprécier peu importe l’âge.Car Eddy comme tu le soulignes, l’alcool n’est pas tabou au Japon, du coup certaines scènes ne choqueront pas les enfants, même si la série est estampillée seinen.
Les 96 épisodes de l’animé sont variables au niveau de l’animation. Les premiers ne sont pas une grande réussite mais les derniers sont magnifiques ! La qualité grandit avec la série et passé la trentaine d’épisodes on se régale visuellement.
Bravo Eddy pour ce gros boulot !
Eh ! Content de te lire Yuan !
C’est une très belle mise en valeur d’une série que je ne connaissais que par l’anime, via le Club Dorothée, que j’avais vaguement suivi (je loupais des épisodes mais quand je tombais dessus, je regardais jusqu’au bout)
A l’époque, je devais être au collège et les souffrances du jeune Hugo semblaient un peu bizarres pour le pré-ados UE j’étais…
Et puis, la voix de Juliette en VF était quand même assez horripilante !
Questions : combien de volumes et qualité de l’édition stp ?
Maison Ikkoku : 10 tomes.
Qualité de l’édition ?
La première dite « Deluxe » beau papier et format joli mais avec une traduction abominable remplie de
fautes, de conrtre-sens qui pousserait Matt à ériger des statues à Geneviève Coulomb…
une seconde plus « ramassée » corrige la plupart des défauts en rétablissant les tutoiements plus naturels en français etc… celle là est correcte mais il parait que Delcourt va en ressortir une prochainement…
oh c’est raisonnable. C’est encore trouvable ?
Eddy a publié un lien sur son FB comme quoi Delcourt – Tonkam veut rééditer le manga.
Sur Amazon j’avais cherché à les acheter, les premiers tomes sont très chers, après ça va…
Bon alors déjà, le titre est génial. Merci Eddy (ou est-ce encore un trait d’esprit du rédac chef ?).
Ensuite, j’adore la chanson ALONE AGAIN NATURALLY. Il faut que je la rechoppe je sais pas où je l’ai foutue. Je ne connaissais pas l’autre chanson de Gilbert O’Sullivan qui est le générique de fin posté en BO du jour. Sympa.
Pour le reste, merci, car je n’ai strictement aucun souvenir de ce dessin animé. Entre ça et Lucille embrasse-moi et Jeanne et Serge, tout se mélange. Surtout que je n’étais pas aussi assidu sur ces séries que je pouvais l’être plus jeune sur Sherlock Holmes ou les Trois Mousquetaires.
Ton résumé me fait d’abord penser au Vagabond de Tokyo, ce qui l’approche effectivement d’un manga social…
« Le rire étant à la fois le sel qui brûle et le sucre qui adoucit. » Comme c’est bien dit !
La suite me fait fortement penser à l’anime AGGRETSUKO que je regarde sur Netflix : pression sociale, pression du monde du travail etc…
J’ai beaucoup aimé le passage sur la traduction des noms et leurs significations. Et de manière générale, j’adore l’enthousiasme de ton article (long !). Décision : dans mes prochains articles musicaux, je ne traduis plus les paroles.
Dix tomes tu dis ? Combien d’épisodes et de saison pour l’anime ? J’ai acheté le premier tome de Ranma 1/2 (jamais vu l’anime) mais je ne l’ai pas encore lu.
Pourquoi cette décision de ne plus traduire les paroles ?
La chanson ALONE AGAIN NATURALLY m’évoque un film (ou une série ?) mais impossible de me rappeler lequel…
Le film avec lequel j’ai découvert cette chanson est VIRGIN SUICIDES de Sofia Coppola, d’après le roman du même titre.
Parce que c’est horrible d’essayer de traduire ! Et ici la citation de Eddy fonctionne bien.
Nope ,j’y suis pour rien. Le titre est du Van Leffe copyrighté.
merci Cyrille…
j’aime aussi la carrière solo de Paul Mac Cartney…heu je veux dire Sullivan…. ^^
C’est toujours agréable de voir que quelqu’un remarque nos petites formules…pendant deux secondes on se croit talentueux… ^^
Je note AGGRETSUKO je crois que c’est sur Netflix… merci
Ca ne ressemble pas au Vagabond de Tokyo dans le ton, c’est comme si on comparait du Ennis à du Jane Austen…^^mais il y a effectivement un monde en creux qui est exploré…
L’animé fait 96 épisodes et les saisons ne sont pas très marquées
Voilà j’ai fini le premier tome, j’avais plein d’idées pour écrire un article mais ton article à la relecture est si complet qu’il m’en dissuade. Tout est dit sur ce vaudeville proche de l’amour courtois où l’on sait parfaitement que Godai et Kyoko vont finir ensemble.
Ce qui saute aux yeux à la lecture, c’est le côté Roman Graphique de la chose : on est vraiment dans une construction de chapitre en chapitre du sentiment amoureux. C’est très cohérent, il ne s’agit pas d’une aventure qui viendrait en chasser une autre.
Godai est effectivement assez quelconque. J’ai le souvenir d’un personnage plus noble dans l’animé.
Ce qui m’a sauté aux yeux c’est le charme de Kyoko. On parle souvent de l’érotisme des mangas et de leur pornographie, mais ici, c’est vraiment du charme, de l’élégance, Kyoko est gracieuse en tout, elle est vraiment adorable.
Une déception : le voisin squatteur et la gardienne sont finalement assez en retrait alors que dans mon souvenir on les voyait à chaque épisode de l’animé.
Tu as fait deux heureux Eddy : moi et ma fille, 9 ans, qui lit et relit tous les soirs ce volume1 .
Je ne sais même plus quoi dire Bruce, nous sommes trois heureux…
c’est très bête, mais ce manga reste très important pour moi, en parler-je veux dire vraiment en parler- comporte souvent une sorte de prise de risque tant les goûts surtout en manga ont tendance à cliver mais voilà, c’est toujours enrichissant en définitive…
plein de bonheur à toi, ta fille, ta famille.