The Thing – Project Pegasus par Macchio, Gruenwald, Buscema Byrne et Pérez
Un rapport signé PRESENCE
VO : Marvel Comics
VF : Spécial Strange 28 à 35
Ce tome contient une histoire complète qui peut être lue sans connaissance préalable des personnages. Il comprend les épisodes 42 & 43, 53 à 58 de la série Marvel Two-in-One, initialement parus en 1978/1979. Les épisodes 42 & 43 ont été écrits par Ralph Macchio. L’épisode 42 a été dessiné et encré par Sal Buscema, Alfredo Alcala et Sam Grainger.
L’épisode 43 a été dessiné et encré par John Byrne et d’autres qualifiés d’amis. Les épisodes 53 à 58 ont été coécrits par Ralph Macchio & Mark Gruenwald. Les épisodes 53 à 55 ont été dessinés conjointement par John Byrne et Joe Sinnott. Les épisodes 56 à 58 ont été conjointement dessinés par George Pérez & Gene Day. Ce tome comprend également une introduction de 2 pages rédigée par Mark Gruenwald en 1988, expliquant la genèse du projet.
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Épisodes 42 & 43 – Ben Grimm (The Thing) effectue une entrée fracassante dans le complexe Pegasus, un centre de recherche enterré, spécialisé dans l’étude des sources d’énergie, à commencer par celles provenant d’individus dotés de superpouvoirs. Alors qu’il est en train de progresser en force, il se heurte à Captain America (Steve Rogers) qui réussit à le neutraliser. Grimm accepte d’écouter Captain America. Il est à la recherche de Wundarr, son protégé, dont il a appris qu’il est présent dans l’installation. Captain America l’emmène voir Wundarr. Il croise plusieurs membres du personnel chemin faisant, dont Tom Lightner (Blacksun). Lorsqu’il l’aperçoit, Wundarr se jette dans les bras de Ben Grimm. Ce dernier consent à ce que son protégé participe à une expérience avec un cube cosmique ayant perdu son énergie.
Ces 2 épisodes ont été inclus dans ce recueil parce que le projet Pegasus y apparaît pour la première fois. Le principe de la série Marvel Two-in-One est d’associer The Thing à un superhéros différent à chaque fois. Dans le premier épisode, il est donc associé à Captain America, et dans le second, il s’agit de Man-Thing (Ted Sallis). Raph Macchio reprend des éléments présents dans d’autres séries, comme Wundarr (une variation étrange sur Superman, créé par Steve Gerber), Blacksun apparu dans l’épisode 21, le cube cosmique récupéré après la première confrontation entre Thanos et les Avengers aidé par Captain Marvel, Victor Conrad, etc.
C’était une époque où les scénaristes pouvaient encore construire leurs récits sur la base d’événements passés et maintenir une forme de cohérence à l’univers partagé Marvel, assez jeune pour ne pas contenir trop de contradictions internes. En cette fin des années 1970, les bulles de pensée étaient encore de mise, ainsi que les récitatifs explicatifs pour être sûr de ne pas perdre les plus jeunes lecteurs. Le récit est assez linéaire : dans un premier temps la récupération du cube cosmique, dans un deuxième l’affrontement contre l’individu qui l’a récupéré et qui a réussi à y piocher un résidu d’énergie.
Même si la série Marvel Two-in-one n’était pas de premier plan, elle bénéficie pour ces 2 épisodes de dessinateurs de renom. Le lecteur reconnaît facilement les pages de Sal Buscema, rien qu’en regardant les bouches des personnages, avec des visages ne portant que 3 expressions : repos, énervé, déchaîné. Il repère également l’influence de Jack Kirby, avec une utilisation régulière des poses qu’il utilisait. La narration est simple et fluide, efficace et claire. Le lecteur peut y voir les caractéristiques de la marque de fabrique Marvel en termes de dessins de superhéros de cette époque. Il apprécie les dessins aux contours plus ronds de John Byrne, ainsi que des postures plus variées, et des expressions de visages un soupçon plus variées, mais pas de beaucoup. S’il y prête attention, il peut aussi distinguer que les caractéristiques de l’encrage varient effectivement d’une page à l’autre, en fonction de l’ami qui l’a réalisé.
Cette première partie se lit avec plaisir sous réserve de ne pas être réfractaire aux particularités narratives de l’époque (bulles de pensée et cellules explicatives), et laisse comme souvenir une utilisation très générique de l’entropie et les effets spéciaux de John Byrne pour les manifestations d’énergie. Elle évoque aussi au lecteur une époque où l’univers Marvel était assez restreint pour que les séries puissent se référencer entre elles, de manière pertinente et cohérente.
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Épisodes 53 à 58 – Après quelques aventures avec les Fantastic Four, Ben Grimm est de retour au Projet Pegasus pour prendre des nouvelles de Wundarr qu’il avait laissé dans un état catatonique. Après un petit moment d’incompréhension avec Quasar (Wendell Vaughn, le superhéros responsable de la sécurité), Ben Grimm accepte de le suivre pour une présentation de l’installation. Ils croisent à nouveau Tom Lightner. Ils passent devant les cellules de Nuklo et Solarr. Ils arrivent enfin à la chambre plongée dans le noir de Wundarr dont l’état est suivi par la docteure Jeanine O’Connell. En catimini, Tom Lightner se livre à des actes qui ressemblent fort à du sabotage. Il se produit une intrusion : un cyborg. Indépendamment de tout ça, Thundra se fait recruter par Herkimer J. Oglethorpe, un agent pour catcheur à la force augmentée.
Cette deuxième histoire constitue donc la pièce de résistance du recueil, avec 6 épisodes. Les coscénaristes ont imaginé une trame simple et solide qui leur permet de raconter une histoire continue, tout en intégrant de manière logique un nouveau superhéros différent à chaque épisode. Le fil rouge est malin : un individu au sein du Projet Pegasus souhaite le saboter pour s’approprier l’une des sources d’énergie étudiée. Sur ce principe, Macchio & Gruenwald greffent des intrigues secondaires : le sort de Wundarr, l’évasion de 2 supercriminels, la maladie de Bill Foster, etc. Ainsi le projet de sabotage évolue progressivement jusqu’au sixième épisode, et les cinq premiers comprennent des enjeux secondaires directement reliés à l’intrigue principale. Les coscénaristes réussissent à faire en sorte que le lieu (le Projet Pegasus) devienne un personnage à part entière dont les caractéristiques soient source de rebondissements. Il n’y a que l’intrigue secondaire relative à Thundra qui semble plaquée artificiellement, sans rapport direct. Pour pouvoir l’envisager sous un autre angle, il faut que le lecteur ait suivi l’arrivée de Thundra sur Terre et le début de sa relation avec Ben Grimm.
Comme dans la première histoire, les coscénaristes savent faire en sorte de donner la sensation d’un univers partagé cohérent. Lorsque Ben Grimm se retrouve face à face avec Quasar, il est légitime qu’il l’attaque. En expliquant sa position, Wendell Vaughan en vient naturellement à expliquer ses origines car cela permet de comprendre pourquoi Ben Grimm s’en est pris à lui. Toutefois déjà à cette époque, cette forme de continuité inter-séries trouve sa limite dans la connaissance préalable que le lecteur peut avoir de ces histoires passées. Il ne peut s’intéresser à l’interaction entre Ben Grimm et Thundra que s’il s’est déjà investi dans leur relation, sinon le rappel effectué est trop succinct. De même le changement de nom de superhéros de Bill Foster ne prend toute sa saveur que s’il a déjà conscience de la raison pour laquelle le nom de Black Goliath faisait polémique dans le lectorat. Il retrouve les mêmes modalités narratives que dans les 2 premiers épisodes : bulles de pensée et récitatifs explicatifs.
Le lecteur retrouve avec plaisir les dessins de John Byrne dont les arrondis de contour sont encore adoucis par l’encrage de Joe Sinnott. S’il a lu les épisodes de la série Fantastic Four par Byrne, il se rend compte qu’il ne s’est pas encore approprié les caractéristiques physiques de The Thing comme il le fera à partir de 1981. Il regarde avec plaisir les personnages dans des postures différentes de celles de Jack Kirby, avec plus de souplesse dans leur mouvement, et une forme de représentation un peu plus réaliste. S’il a déjà lu ces épisodes, il identifie tout de suite plusieurs images qui l’ont marqué : Deathlok planqué en embuscade dans un couloir alors que Ben Grimm s’avance en toute confiance, la blessure de Ben Grimm au bras droit, ou encore la partie de poker.
Pour les 3 épisodes suivants, George Pérez n’a pas encore non plus atteint la plénitude de son art. Le lecteur note tout de suite une augmentation du niveau de détails dans les décors, mais cela s’apparente plus à du remplissage obsessionnel qu’à des informations pertinentes. De même sa mise en scène reste tassée, manquant du sens d’organisation spatiale qui lui permettra par la suite de caser toujours plus de personnages dans une case. De ce point de vue, les pages de John Byrne font déjà plus apparaître ses qualités de narrateur visuel, que celles de George Pérez.
Une fois l’histoire terminée, le lecteur se dit qu’il a ainsi pu découvrir une phase des comics de superhéros, en y prenant un réel plaisir. Il a parfois pu se lasser de la quantité de texte (phylactères, pensées, récitatifs), et trouver les personnages un peu plats. Pour autant ils ne sont pas interchangeables, leurs relations les uns aux autres faisant ressortir un début de personnalité ainsi qu’une histoire personnelle différentes. Sans être inoubliables, les dessins s’avèrent d’une qualité appréciable, encore enjoués et bon enfant, dépourvus de balourdises, assez agréables à regarder.
Le lecteur de passage a pu satisfaire sa curiosité avec un récit qui tient bien la route, qui présente des superhéros participant à un projet justifiant leur collaboration, exerçant leur métier pour certain, 3 étoiles. Le lecteur venu avec un brin de nostalgie retrouve un récit qu’il a peut-être découvert initialement dans les numéros 28 à 35 de Spécial Strange à un rythme de tortue cacochyme quand ce magazine était trimestriel, soit 2 ans de parution, 4 étoiles.
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Qui n’a pas été captivé par le Projet Pegasus dans nos vieux Special Strange ? Présence en restitue tout le charme intact de cette mini série où Ben Grimm saigne et se fait casser le bars avec plein de superhéros autour. Une revue volante chez Bruce Lit.
Désolé, c’est plus fort que moi :
https://www.youtube.com/watch?v=ofwE8oaS5QY
Apparu pour la première fois dans Avengers 32 en 1966, Bill Foster a été promu au rang de superhéros en 1975, dans l’épisode 24 de la série Luke Cage. Le contexte est donc celui de la Blaxploitation, et c’est tout naturellement que Tony Isabella & George Tuska lui colle l’adjectif de Noir, pour tirer le rattacher à la Blaxpolitation. Quelques années plus tard, la connotation associée à l’adjectif a évolué et il est vu comme discriminatoire. C’est la raison pour laquelle il est changé. Macchio & Gruenwald font tenir ces propos en un peu édulcoré à Bill Foster dans ces épisodes.
ça me fait penser aux couillons qui se sont plains que le titre du 2eme film du seigneur des annaux « les deux tours » exploitait l’attentat du 11 septembre.
Euh…le bouquin s’appelait comme ça bien avant.
La sensibilité raciale aux États-Unis reste très conflictuelle. En 1987, Mark Gruenwald introduit un nouveau Bucky : Lemar Hoskins, un afro-américain. Il s’est fait rapidement taper sur les doigts par Dwayne McDuffie (entre autres) qui l’a informé que le terme Bucky était également une insulte raciale pour désigner les esclaves noirs avant la guerre civile dans les états du Sud. Il a dû présenter des excuses.
Là c’est un peu plus maladroit quand même^^
Encore fallait-le savoir… Mark Gruenwald était blanc et originaire du Wisconsin, alors que Dwayne McDuffie était un afro-américain, ayant œuvré pour la diversité dans le média des comics et des dessins animés.
Pour Gruenwald, il s’agissait d’une opportunité d’apporter de la diversité, sans penser à reproduire le schéma de l’esclavage. Il ne connaissait pas cette acceptation du mot Bucky.
Ah oui ça ne semblait pas méchant dans l’intention.
Mais c’est davantage compréhensible qu’on ne puisse pas laisser ce personnage ainsi nommé.
Mais bon après je trouve exagéré de nos jours tous les termes à éviter. Faut pas dire nain mais personne de petite taille, faut pas dire black, faut pas dire balayeur mais technicien de surface. Non mais ça va quoi ! Qui a décrété que c’était une insulte balayeur ?
L’évolution de la sémantique bisounours me rend dingue parfois. Etant blanc de peau, je ne me considère pas « White »…
Il est toujours étrange de nommer la couleur d’une personne par un mot étranger pour ne pas le choquer…
C’est vrai que les évolutions sémantiques peuvent parfois laisser songeurs.
Dans le cas très particulier de balayeur, ce n’est pas une insulte, mais effectivement pour l’entretien de certaines surfaces techniques ça ne reflète pas forcément le savoir-faire métier pour en assurer leur entretien sans les dégrader.
Je dirais plutôt que c’est le reflet d’une évolution sociale où les afro-américains ont dû se battre pour lutter contre les expressions blessantes constituant des vestiges du temps de l’esclavage.
J’ai souvent entendu parler du projet, sans vraiment connaître. Merci.
J’avais lu ces épisodes lors de leur parution dans Spécial Strange, donc à un rythme trèèèèès lent.
Moi la seule fois ou j’ai entendu parler de Pegasus c’était dans le run cosmique de DnA. Puisque Darkhawk bosse pour le projet Pegasus comme chef de la sécurité et part dans l’espace avec Talon, un alien qui va le trahir.
Je ne connais donc pas cette vieille histoire. N’étant pas particulièrement fan des personnages mis en scène ici, ça ne m’attire pas particulièrement. Je réserve le old school aux personnages que j’aime bien, je l’avoue^^
Outre Ben qui était très sympathique à l’époque, ce récit comprend un de mes personnages favoris de l’époque, mais dans une version abâtardie il est vrai : Deathlok. En outre, le démarrage de Wundar avait été assez intriguant, avec qu’il ne se transforme en messie New Age.
Merci de t’être prêté au jeu d’une review que j’avais la flemme d’écrire.
La continuité ou plutôt mon absence de connaissance la concernant ne m’a pas empêché d’apprécier ce récit divertissant.
Il ne faut pas trop faire le difficile hein…Ce projet avec tous ses espions, agent double et catcheuse extraterrestre est une vraie passoire….
Pour ma part, j’y ai aimé lire un conflit de génération souterrain entre le super héros vétéran des FF et la jeunesse bouillonnante mais inexpérimentée comme le Goliath, Quasar et Wundarr.
J’ai quand même remarqué la petite pique à Sal Buscema.
Le plan du complexe souterrain me fait penser au vaisseau de Babidi de DBZ^^
Ah !!! Bien vu !
Une vraie passoire : à mes yeux, ça participe aussi au charme du récit et à sa cohérence. De simples humains comme les employés du Projet Pégase n’ont aucune chance de maîtriser les risques inhérents à des sources d’énergie inconnue, de tenir tête aux supercriminels incarcérés, de faire face aux individus attirés par la convoitise d’un tel trésor.
D’ailleurs par la suite, Guardsman (Michael O’Brian) sera affecté à la sécurité du projet, avec d’autres porteurs de l’armure pour une sécurité plus à la hauteur.
J’ai oublié : d’autres auteurs se chargeront après d’expliciter l’acronyme PEGASUS par Potential Energy Group/Alternate Sources/United States.
Bon, je passe par amitié, hein… Car il n’y a rien qui puisse m’intéresser dans ce machin ! 😉
Ha bon ??!??
Je viens de le lire dans le volume Hachette et sans vexer personne, je me suis bien marré.
Oh Putain, il y du level.
Si Tornado était un vampire (faisant du kung-fu, bien sûr) ce bouquin serait sa croix ou sa gousse d’ail.
c’est un truc à lire en chausson, c’est du pur divertissement. la gouaille de Ben Grimm fait merveille, lui qui passe la moitié de l’histoire à chercher des partenaires aux carte.
il est engagé pour la sécurité du projet et doit travailler avec Quasar, A cet instant précis, c’est à celui qui va renter dans le machin, il y a même une réunion hilarante genre réunion RH au sommet…
le passage Black Goliath est réglé en deux bulles, je trouve ça cool de ne pas en faire un fromage (puisqu’il n’ya pas de malveillance dans le truc. )
très bonne review Présence!
Ah ils l’ont sorti chez Hachette ? Faut mettre à jour l’article pour la disponibilité VF^^
Merci Eddy. Bruce me l’avait gentiment prêté en VO, et mon plaisir de lecture n’était pas que nostalgique. C’est aussi intéressant de voir comment Mark Gruenwald s’y prend pour essayer de consolider la structure de l’univers Marvel. En outre, je trouve que Ralph Macchio avait eu une très bonne idée avec ce laboratoire de recherche sur les énergies alternatives, peut-être une séquelle du premier choc pétrolier ?
Je me retrouve plutôt bien dans la review de Présence, c’est une de mes madeleines. Il y a quelques années, j’ai racheté le TPB en VO et je ne le regrette pas. Visuellement, j’ai aussi préféré les épisodes de Byrne, même si Perez ne démérite pas (et livre de bien meilleures planches que d’autres artistes qui séviront plus tard sur MTIO comme Ron Wilson)
J’ai même enchaîné avec le TPB de « The Serpent Crown Affair » (c’est dommage, en VF, le jeu de mot du titre passe à la trappe…)
Je te trouve toujours un peu sévère envers Sal Buscema, dont l’esthétique des coups de poings balancés façon « swing très large » produit toujours un petit effet nostalgique sur moi…
Oui, ça produit de l’effet, mais Sal Buscema est assez répétitif dans les poses de ses personnages, et il reprend des cases de Kirby sans beaucoup d’apport personnel.
Souvenirs, souvenirs ! Ces épisodes sont du bon oldschool comme on les aime (sauf Tornado ^^)
Efficaces, simples et rondement menés… que du bonheur !
D’ailleurs puisque l’on parle de Special Strange et son rythme trimestriel je me demande si quelques numéros de cette période n’étaient pas 100% Byrne entre X-Men, 2in1 and Team up ! Je n’ai hélas pas conservé mes vieux numéros je vous laisse donc vérifier l’info par vous même 😉
En tous cas si je trouve ce TPB je me le procurerais avec grand plaisir !
Sinon tu peux toujours l’emprunter au chef…
Ben voilà moi je préfèrerai peut être le run de Whedon sur les X-men que ces vieilles lectures old school que je n’ai pas connues gamin.^^
Là où vous vous attendrissez sur le charme suranné et naïf de ces vieux épisodes « passoires » dessinés par un Sal Buscema assez limité qui n’aime pas les décors, certains se feraient juste chier (non, je n’ai nommé personne^^)
Et là où vous plaignez que vous avez retrouvé des redites et du réchauffé dans des comics modernes, certains y verront juste un divertissement modernisé fun sur le fond et très beau sur la forme. Et voilà^^
C’était une démonstration des chemins de la subjectivité.^^
Et bien dans ce cas tu peux consacrer un article à ce run, c’est encore le meilleur moyen de le défendre. 😉
J’ai lu les épisodes des Astonishing X-Men de Joss Whedon & John Cassaday. Comme Eddy, j’ai trouvé que l’entrée en matière était une déclaration d’amour aux épisodes de Chris Claremont & Paul Smith, et du coup j’y ai vu aussi une promesse, celle d’un récit respectant l’esprit de ces épisodes. Globalement j’ai trouvé le premier quart formidable, le deuxième bien, le troisième moyen, le dernier pas terrible, à la fois pour l’intrigue qui perd sa dimension métaphorique, à la fois pour les dessins où Cassaday se concentre de plus en plus sur les personnages.
J’avais trouvé le concept de Danger très intéressant : un mutant issu de la race des intelligences artificielles.
Moi les 3/4 ça va. Le dernier est en effet un peu naze.
@Pierre : Le souci c’est que je ne sais pas si j’ai encore envie de « déendre » des trucs. Je deviens un vieux con qui se dit « ben si y’a que moi qui aime, fuck les autres » ^^
C’est beaucoup d’énergie de défendre un truc. Et de toutes façons on ne change quasiment jamais les avis des gens donc bon…
@Présence ; le tout début du run de Gillen qui revenait sur les aliens du Breakworld donnait cela dit un peu plus de profondeur à cette civilisation idiote de la fin du run de Whedon. ça expliquait même enfin la résurrection de Colossus.
Je n’ai gardé que ce morceau du run de Gillen.
J’avais également bien aimé cette partie des épisodes de Kieron Gillen, scénariste que j’aime beaucoup. Mon avis concernant le retour sur Breakworld (épisodes 535 à 538) :
Kieron Gillen utilise la même recette que ses prédécesseurs sur le titre : aller piocher quelques éléments dans un épisode précédent et saupoudrer d’interactions sentimentales. Il va récupérer Kruun dans Unstoppable, le tome 4 des Astonishing X-Men de Whedon et Cassaday. Courageusement, à la limite de l’inconscience, il repart du régime politique débile de Breakworld et de la résurrection de Colossus pour introduire une rafale d’explications rapides et cohérentes, une insertion impossible de ces extraterrestres chez les humains, et des dilemmes moraux et affectifs prenants. Le récit est construit comme une aventure dont le personnage principal est Kitty Pride, avec une distribution importante de seconds rôles. Gillen marie un souffle épique (le sort d’une race), avec un conflit de système de valeurs, et des enjeux très personnels (Colossus doit également assumer les conséquences de ses actes). Tout au long, les illustrations vivaces des époux Dodson évitent aux conflits de sombrer dans un pathos de pacotille.
Voilà. Moi d’accord^^
Je suis pas un gros fan du run de Gillen. ça alterne trucs un peu bof (ses épisodes avec Sinistre) et moments sympas (le passage dans la zone Tabula Rasa) mais je garde le début pour le retour de Kitty (techniquement revenue un peu plus tôt mais guérie dans ce passage de Gillen) et pour…ben…tout ce que t’as dit^^
Je n’avais pas pensé à cette dimension rassurante, mais elle est bien là. Je redécouvre progressivement les qualités de l’écriture de Mark Gruenwald. Je me suis lancé dans la lecture de sa série Quasar, un des projets qui lui tenaient à cœur et qu’il a pu mener à bien.
« les effets spéciaux de John Byrne pour les manifestations d’énergie » Ne seraient-ce pas les mêmes que les « kirby crackles » ?
« Il regarde avec plaisir les personnages dans des postures différentes de celles de Jack Kirby, avec plus de souplesse dans leur mouvement, et une forme de représentation un peu plus réaliste. » C’est exactement ça !
« Deathlok planqué en embuscade dans un couloir alors que Ben Grimm s’avance en toute confiance » Ce doit être celui-là le seul épisode que j’ai de cette série, qui correspond à ton dernier scan, dans le seul Spécial Strange qui me reste, celui-ci (le 30, ce qui est correct vu que tu parles des Special Strange 28 à 32) : http://jgervasoni.free.fr/bd/Couvertures/spstr30_10052002.jpg
A part ça merci pour la madeleine et ton analyse avec du recul. Aucun des scans ne me semble repoussant, celui de Byrne avec Thundra est superbe je trouve. Je pourrai très bien lire ça pour me détendre… Cela me rappelle l’épisode 226 de Daredevil que je viens de relire : c’est celui juste avant Born Again, c’est un mix de plusieurs collaborateurs autant au dessin qu’au scénario, et cela ne va pas très loin même si la narration n’est pas si linéaire que ça puisqu’on y suit en parallèle DD, Foggy et Glori, Betsy et enfin Melvin Potter.
La BO : je sais pas. Veux pas écouter.
C’est vrai que c’est proche des Kirby Crackles;, je n’avais pas fait le rapprochement.
Finalement je ne fais pas de crise de Tornadoïte 🙂 ; je peux aussi continuer à trouver du plaisir dans les vieux comics.
Il y a quand même de sacrés différences entre certains vieux comics. Même si aucune n’obtient grâce aux yeux de Tornado^^
Mais j’ai relu récemment des vieux docteur Strange de la période Lee/Ditko, et c’est vrai qu’écouter les persos raconter ce qu’ils font, ça gonfle rapidement. Surtout quand les dialogues se limitent à ça.
Mais chez les X-men de Claremont, les gardiens de la galaxie de Gerber, les cosmiqueries de Starlin, même si ça reste bavard avec beaucoup d’introspection des personnages, ils ne passent pas leur temps à juste décrire ce qu’ils font. Il y a des conflits, des questionnements, des vrais trucs que les gens se disent dans la vie^^ (alors que personne ne commente ses moindres mouvements)
Le scan avec Thundra, c’est George Perez, pas Byrne : regarde l’avalanche de « pitits » détails dans les cases… Y’en a partout-partout !
A propos de Mark Gruenwald et Marvel two-in-one, je viens de lire les épisodes 61, 62 et 63 publiés dans une revue Marvel classic. Un team-up entre la Chose, Starhawk (des gardiens de la galaxie) Dragon-Lune et le maitre de l’évolution qui aident Elle (une sorte de double génétique de Warlock) à retrouver la dépouille dudit Warlock sur la contre terre.
Voui c’est un peu compliqué, mais c’est un bon délire cosmique comme j’aime^^
… Époque bénie où, même s’il fallait patienter trois mois -agonie !- pour connaitre le sort réservé à nos petits mutants entre deux parutions, on pouvait compter sur cette mini série pour agréablement nous divertir du suspense insoutenable qui habitait nos âmes inquiètes. Et puis, la période qui a vue publiés les travaux de John Byrne (Spiderman & Captain Britain, Spiderman & Power-man, Spiderman & Thor, puis le début des aventures de la Chose au Projet Pegasus, puis à nouveau Spiderman et Red Sonia (somptueux !)) EN SUS de ces moments de grâce où on découvrait, toujours sous son crayon magique, tour à tour la vengeance d’Arcade, le secret de Moira et la lente progression vers le drame de la destinée de Jean, c’était un peu vécu comme une récompense pour notre patience : TROIS parutions dessinées par lui en un seul magazine… PLUSIEURS FOIS DE SUITE ! Ah ! Le souvenir de l’orgasme, époque pré-sexuelle !! Rien de tel que l’abstinence forcée pour démultiplier la puissance de l’extase quand vient la satisfaction du besoin 😉
Le concept de ces séries annexes publiées dans Spécial Strange devait concerner des associations temporaires entre différents Super-Héros, au départ ; mais c’est finalement une formule qui sera réservée à Spiderman, d’un côté, et la Chose de l’autre.
Hasard des chronologies éditoriales : on s’est donc retrouvé, pour une courte période (mais étalée sur de longs mois, étant donné le rythme de parution de ce magazine-là !) avec du John Byrne, encré très différemment mais absolument excellent, tout plein les pages ! Tu veux pas tomber accro, quoi ?!
Mais, pour en revenir aux aventures de Ben Grimm, dans les marais puis chez les savants fous, j’avais trouvé la série très sympa, pleine de suspense (Jude, Deathstroke…), d’émotion (Bill Foster, très sobre, Thundra et son dilemme plutôt original, ainsi que Wundarr, avec sa déclaration coup de poing à l’estomac…) et d’intérêt : qui c’était, ce blond si mal attifé qui, pourtant, semblait posséder un petit « quelque chose » de pas ordinaire, scénaristiquement parlant, dans son inéquation manifeste à remplir ses fonctions de garde-chiourme ?! Hou, que ça m’intriguait ! J’aimais aussi beaucoup l’utilisation des seconds couteaux du catalogue Marvel, en guise de péripéties passagères : de Nukléo aux Grapplers, ça jouait à fond sur cette particularité si attachante de l’univers Super-Héros de La Maison Aux idées : sa cohérence Historique pleine de richesses dramatiques à exploiter. Même à peine initiés, on avait néanmoins la sensation de faire partie de quelque chose de plus grand que nous, qui nous concernait très personnellement, pourtant, et dont la profondeur était tout bonnement impossible à contester, puisqu’il y avait tous ces personnages qui existaient déjà bien avant qu’on débarque ! La magie !
Sinon, par rapport au temps qui a passé, j’avoue ne pas percevoir comme « daté » tout ce qui est pointé dans l’article, au sujet du traitement « classique » de la narration : y étant tombé dedans petit, il est un peu normal que mon esprit ne soit pas incommodé par les textes auto-descriptifs ni les bulles de pensées : ça fait partie de l’ensemble, au même titre que la simplicité objective des ficelles qui font ces histoires pleines de beaucoup de bruit et d’un peu de fureur…
J’avais bel et bien oublié que c’était George Perez qui avait succédé à Byrne, dans ces pages (je n’y avais plus pensé depuis longtemps !), et j’ai sûrement regretté mon chouchou et son dessin bien plus équilibré ; mais j’avoue m’être fait assez vite au illustrations trop fouillées du champion du détail et, comme il s’agissait de la Chose, je n’ai pas eu de véritable gêne à continuer ma lecture. L’artiste maitrisait très honnêtement son sujet.
Tiens, ça m’a fait du bien, de repenser à cette période : vous êtes les champions du voyage dans le temps, par ici !
Merci !
Hé bien ! Tes souvenirs sont encore plus empreint d’émotion que les miens. J’étais également tombé accro. Merci beaucoup pour ce retour détaillé et personnel.
J’avais eu a chance de voir passer et d’acheter le recueil (TPB) en VO consacré aux team-up réalisés par John Byrne & Chris Claremont : quel plaisir de lecture ! Mon commentaire sur ce tome :
babelio.com/livres/Claremont-Spider-Man–Marvel-Team-Up/726080/critiques/826550
On y retrouve les épisodes que tu mentionnes consacrés à Spider-Man (59 à 70 et 75) avec Yellow Jacket (Hank Pym), Wasp (Janet van Dyne), Human Torch (Johnny Storm), Tigra (Greer Nelson), Miss Marvel (Carol Danvers), Iron Fist (Daniel Rand), Daughters of the Dragon (Misty Knight et Colleen), Captain Britain (Brian Braddock), Tigra (Greer Nelson), Man-Thing (Ted Sallis), Havok (Alex Summers), Thor, Luke Cage.
Même à peine initiés, on avait néanmoins la sensation de faire partie de quelque chose de plus grand que nous : tout pareil en ce qui me concerne, avec la sensation d’un univers merveilleux et infini à explorer encore et encore.
Traitement classique ou daté de la narration : les caractéristiques de la narration de l’époque n’obère pas mon plaisir de lecture. En comparant ce mode narratif aux caractéristiques de celui d’aujourd’hui, il me semble qu’il y a une évolution, ce qui fait apparaître des différences. Pour autant, mes ressentis sont identiques au tiens : étant tombé dedans petit, il est un peu normal que mon esprit ne soit pas incommodé par les textes auto-descriptifs ni les bulles de pensées.
Oui : c’est une passion, la BD, qui demande qu’on adapte son regard sur ce qu’on nous présente ; et c’est forcément plus fastoche quand on a « l’entrainement ». C’est vrai de chaque médium de communication artistique, cinéma, musique : quand c’est très ancien -ou alors inédit et, du coup (c’est rare…) très « neuf » aussi, d’ailleurs !-, il faut faire un petit effort « d’ouverture », au niveau des neurones, vis-à-vis de la forme que ça prend -et même parfois un peu du fond.
Il faut juste avoir envie de connaitre, en fait ; d’où l’importance du plaisir qu’on est capable d’y prendre.
Il faut juste avoir envie de connaître : les jours de petite forme ou de légère déprime, les paroles d’une chanson me reviennent à l’esprit : L’envie, écrit par JJ Goldman.
Qu’on me donne l’envie
L’envie d’avoir envie
On m’a trop donné bien avant l’envie
J’ai oublié les rêves et les mercis
Toutes ces choses qui avaient un prix
Qui font l’envie de vivre et le désir
Et le plaisir aussi qu’on me donne l’envie
L’envie d’avoir envie qu’on rallume ma vie
… Tu m’as tué, là !!
Et je n’ai même pas un carreau de chocolat sous la main ! Agh, je meurs !
C’est toute la force des chansons populaires : un refrain composé à partir de lapalissades, et qui peuvent résonner avec une force irrésistible en fonction des circonstances et de l’état d’esprit dans lequel on les écoutes, même si on n’apprécie pas l’interprète…
Et puis on ne peut pas dire de mal de Jean-Jacques Goldman sur ce site. 😀
Je n’en dirais pas de mal mais, si tu veux m’épargner un vrai beau gros plongeon, surtout ne me sers pas du Sheller !! On a beau aimer -voire profondément révérer, même- il y a des moments où tant de profondeur ne sied pas… Rapport au plongeon, je veux dire…