The Last Kingdom
Un Article de BRUCE LIT
1ère publication le 1/10/18 – MAJ le 19/04/20
THE LAST KINGDOM est une série britannique diffusée en 2015 par la BBC puis relayée par Netflix où l’on peut trouver l’intégralité des trois premières saisons. Une quatrième arrive bientôt .
La série est une adaptation des romans THE SAXONS STORIES de Bernard Cornwell dont votre serviteur n’avait jamais entendu parler. Il n’ y a par contre aucune accointance avec le KINGDOM OF HEAVEN de Ridley Scott. On retrouve par contre le Roi Alfred entrevu dans la série VIKINGS.
La série est interdite au moins de 16 ans, Vikings et Saxons se foutant éperdument des ligues de vertus…
Des spoilers mineurs viendront pointer le bout de leurs drakkars tout au long de cet article.
Le pitch : nous sommes dans l’Angleterre du IXème siècle. Le pays est loin d’être un Royaume Uni et subit l’invasion des Vikings qui régissent le pays. Nous suivons le destin de Uhtred, un Saxon dont le père est assassiné par un guerrier viking. Réduit en esclavage, l’enfant va être progressivement adopté jusque devenir un véritable guerrier Danois. Au fil des tempêtes de l’histoire, notre héros va être déchiré entre ses deux cultures prêtant tantôt ses remarquables talent de combattant à ses frères Vikings, tantôt en mettant son épée au service du roi Alfred le Grand, un personnage historique bien réel qui unifia le pays.
Arrogant et ambitieux, Uthred est dans la première saison un guerrier sans foi ni loi qui souhaite reconquérir une parcelle de royaume dont il a été lésé durant l’enfance. Au fil des épisodes, il connaît des triomphes et des tragédies (ah….cette fin de saison 1 !) qui le font évoluer vers une certaine sagesse. S’il ne crache pas sur les avantages que peuvent procurer les honneurs, Uthred va acquérir progressivement une paix intérieure, un charisme grandissant et un désir de liberté qu’il ne pourra jamais assouvir rattrapé par son destin de bâtard.
Cette suite d’adaptation de romans à succès, son lot de complot, de bataille sanglantes et épiques, d’enfants cachés de la couronne et de revendication de territoires, nos lecteurs pourraient croire en une déclinaison anglaise de GAME OF THRONES. Rien ne saurait être plus faux.
THE LAST KINGDOM, n’a pas le même budget, certains décors font parfois cheap, souffre d’un vrai souci d’unité de temps et de lieux et ne bénéficie ni de Dragons, de Zombies ou d’effets numériques. Les scènes de combat sont tournées à l’ancienne avec des centaines de figurants dans une mise en scène n’étant pas sans rappeler LA CHAIR ET LE SANG.
En fait, THE LAST KINGDOM est tout ce que GOT n’est pas : simple et efficace. Pas besoin de fiches techniques pour savoir qui est qui. Pas de scénario décompressé à l’envi où on nous promettrait pendant 8 ans que vient l’hiver. Le rythme est soutenu et équilibré entre les intrigues et les bastons qui valent le coup d’épée.
S’il fallait trouver des équivalents populaires à THE LAST KINGDOM, on penserait immédiatement à la série HBO : ROME qui fit partie avec les SOPRANOS, 6 FEET UNDER et THE WIRE de la première génération des séries qui allait révolutionner notre quotidien, celui qui viendrait à qualifier un médium autrefois méprisé, en cinéma du petit écran. Comme dans ROME en effet, on assiste dans THE LAST KINGDOM à l’interaction entre personnages fictifs et réels sous fond de batailles et décisions politiques historiques. La reconstitution est soignée que ce soit dans les costumes, les accessoires ou le look des Vikings. La réalisation se veut sobre et éloignée de l’esthétique pub pour déodorant de 300 ou SPARTACUS, avec des moments particulièrement réussis, notamment lors de l’éprouvante bataille de l’épisode 2 x 06 où la fuite des civils est filmée en vue subjective.
S’il n’est pas le plus expressifs des acteurs, Alexander Dreymon donne à Uthred une attitude de rebelle dans un monde puritain avec son timbre de voix et sa diction caractéristique. Tiraillé entre son devoir de roi et ses intérêts personnels, David Dawson est excellent dans le rôle d’Alfred, un roi lumière avant l’heure qui dans la saison 2 devra choisir entre la survie de son pays et celle de sa fille otage des Vikings.
Si elle sait se montrer à hauteur de la brutalité de son époque, THE LAST KINGDOM brosse le portrait tout en nuances opposées d’un Roi et de son Chevalier dont les relations passent constamment du respect à la haine, chacune des deux parties sachant que l’autre lui est indispensable. Uthred le païen méprise ce roi bigot, rêve de grands espaces mais sait que son Roi est le meilleur placé pour que sa famille vive en sécurité. Alfred pense que l’épicurisme des Vikings (« Vis chaque jour comme le dernier« ) ne permettra pas de construire une civilisation tangible mais a besoin du courage de son chien fou pour bâtir son royaume.
Uthred et Alfred sont deux facettes d’une même pièce : La chair et le sang, l’intelligence et la force, la politique et la baston, le plaisir et la raison. Une complémentarité entre la brute et l’homme de loi que l’on retrouve aussi bien dans L’HOMME QUI TUA LIBERTY VALANCE ou plus récemment entre Jack Bauer et le président Palmer dans 24.
THE LAST KINGDOM raconte en filigrane l’affrontement de ces deux mondes sur lequel va se bâtir l’Angleterre : celui des Vikings, nihiliste, brutal mais finalement plus contemporain et de la chrétienté naissante pudibonde et hypocrite mais qui allait permettre l’émergence de l’état de droit. Le Viking n’écoute que son courage et attribue sa victoire au destin quand le Saxon s’en remet à Dieu. Le premier est seul face au désespoir de la défaite tandis que le second attend passivement un miracle divin.
La série se garde bien de privilégier un camp ; au contraire, la double nationalité du héros permet au public d’aller et venir entre les deux camps en nous y dévoilant leurs héros, leurs salauds, leurs zones de gris. La deuxième saison met en scène des Vikings capables de sensibilité tandis que sous le vernis de la civilisation avancent à peu feutrés de vrais loups chez les Saxons. On se rappellera dans quelques années que le héros des années Brexit aura été Uthred, un héros à double nationalité, preuve de l’apport de cultures opposées à la construction de la civilisation.
Au delà de ça, l’amateur de THORGAL pourrait atteindre le Valhalla ! En fait, à certains moments c’est à se demander si THE LAST KINGDOM n’en serait pas une adaptation officieuse, enfin débarrassée de son fatras Scifi un peu pénible et qui n’a jamais vraiment collé avec le reste de la série. Pour le reste on y retrouve beaucoup de similitudes : un guerrier réduit en esclavage (un épisode fabuleux se passe dans une Galère), des seigneurs de guerre qui diffèrent le besoin de liberté d’un bâtard méprisé, les incessantes séparations familiales au prix du danger et bien entendu tout le folklore Viking.
Pas convaincus ? Regardez le trailer grandiose ci-dessous et laissez vous emporter comme un Drakkar à plein vent. A ce stade, je ne sais que vous dire si ce n’est que j’ai vibré et parfois crié pour des personnages auquel je me suis attaché et dont j’attends la suite avec impatience. C’est rarissime désormais pour qui n’échangerais pas un épisode de LAST KINGDOM contre l’intégralité de GOT. Destiny is all !
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Tranquillement installée pour être une des meilleure série Netflix, voire de ces 20 dernières années, découvrez chez Bruce Lit THE LAST KINGDOM entre ROME et THORGAL, les aventures d’un héros mi-Viking, mi-Saxon. Incontournable !
La BO du jour : un générique animé du plus bel effet :
Je viens de lire le résumé de la série ROME. Euh…ben c’est surement sympa mais en gros c’est la même période et les mêmes événements que le film Cleopatre de 1963 avec Liz Taylor.
Surement beaucoup plus détaillé et avec sans doute plein d’autres persos, du cul, du gore, etc…mais bon pour le coup…je connais et j’ai déjà lu des trucs dessus.
Je préfère attendre la suite de Murena en BD pour avoir une autre période de Rome racontée^^
Rom est effectivement décevante au cinéma.
J’ai sauté de joie quand j’ai vu que Netflix proposait une série en deux saisons sur deux périodes clés…
sans surprise César et Marc-Aurèle, donc des remakes low cost de Cléopâtre et de Gladiator…
bref, de la mierda!
Je pense que tu confonds Eddy, la série ROME (hautement recommandée) est une série HBO, elle se trouve sur OCS chez nous, pas Netflix. Elle a deux saisons et 21 ou 22 épisodes je crois.
Non mais j’ai vu ROME avec Titus Pullo ^^
non je parle d’un truc sur Netflix dont je ne me rappelle plus le titre… un truc genre Roman Empire… mais là où j’aurais comme Matt le souligne voir des histoires « moins connues » ( je ne sais pas les guerres puniques par exemple… ben non on revient sur des passage bien connus, bien balisés… et somme toute pas très excitants
Mais si Eddy, c’est excitant y’a du cul dedans !^^
T’as pas compris encore que c’est ça qui attire les gens ?
Plus sérieusement, je suis de ton avis. J’aimerais qu’on nous raconte autre chose.
Même quand ce ne sont pas des remakes « plan par plan » mais une réécriture complète avec sans doute plus de recherches ou d’exactitudes historiques (et encore…ben ça reste les mêmes périodes avec les mêmes rois, empereurs…
Ils n’ont pas envie de raconter autre chose, juste de moderniser ce qui a déjà été fait. ça doit être moins chiant, moins de boulot^^
Alors grâce aux recherches archéologiques, on a désormais une idée bien pus précise des costumes, des décors et modes de vies aujourd’hui… bref tout ce qui intéressent les métiers corollaires aux fictions. les décors sont top, les costumes tuent, on peut voir des détails très immersifs… mais oui après on voit bien que le « roman historique » reste peu ou prou le même…
effectivement qui dit HBO dit pas mal de nus frontaux. mais bon c’est pas désagréable non plus… ^^
Le truc qui m’ al plus « agacé » vis à vis de ça c’est la vision bien américaine du paganisme comme d’une gigantesque partouze permanente…
je suis pas sûr que cela soit très accurate, ça me parait être à al fois racoleur de même que faussement effarouché… « holala ces sauvages tout de même, ils niquaient tout le temps en bouffant du raisin couché… «
J’aime bien tes réflexions^^
Je te recommanderais si tu n’étais pas déjà dans la team.
Un truc très intéressant sur les vikings et leur représentation pas très fidèle dans les medias :
https://www.franceculture.fr/histoire/barbares-sanguinaires-drakkars-et-casques-a-cornes-cinq-cliches-sur-les-vikings
Merci pour le lien, je n’ai pas écouté l’émission mais rien que la lecture est éclairante.