La saga Black Goku par Akira Toriyama et Toei Animation
1ère publication le 20/03/18- MAJ le 17/11/18
Un Kaoiken signé BRUCE LIT
Cet article commentera les épisodes 47 à 68 de la nouvelle série animé Dragonball Super (DBS) d’après le fameux manga d’Akira Toriyama. Rappelons pour les néophytes, que cette série est liée aux 30 ans de la fameuse saga de Songoku et ses amis, et que supervisée par Toriyama en personne, elle reprend l’histoire laissée en jachère par son créateur après la saga mal-aimée de Boo.
Je ne reviendrais pas sur les 40 premiers épisodes de la série que j’ai déjà commentés dans Battle of gods (superbe et un vrai redémarrage de la série) et la résurection de Freezer (lamentable). Je passerais également sur les épisodes 28 à 46 qui reprennent le principe du tournoi intergalactique et qui reste très dispensable malgré des moments cocasses renouant avec l’humour de la franchise.
Attention, il y a du spoil à tire-larigot et ça-te-calme-raaaaaaaaaaaa !
Voilà !
Je me suis encore fait avoir !
Alors que les reboots à foison des grandes licences ( Saint Seiya Terminator, Blade Runner, Alien, Twin Peaks, X-Files et bien entendu les éprouvants nouveaux épisodes de Star Wars) m’indifférent ou me font fuir , j’avais juré grands dieux que je ne me ferais pas berner par l’opération Dragonball Super qui m’avait bien lénifié avec l’arc de Freezer. Tout d’abord parce que je sais faire le deuil de ce que j’ai adoré, ensuite parce que, comme Alan Moore, je trouve qu’il serait temps que notre siècle fabrique de nouvelles icônes populaires au lieu d’exploiter jusqu’à la lie (sic) ce qui a marché autrefois et qui d’ailleurs s’éteignit à l’époque dans l’indifférence générale dans les 80’s.
Ouais, les p’tits gars, pour les avoir vécues ces années, je peux vous dire que quand Saint Seiya s’arrêta à la fin de Poseïdon, tout le monde dormait tellement c’était devenu chiant et répétitif. Que la conclusion naze de X-Files fut un jour diffusé esur M6 en deuxième partie de soirée, de manière quasi-anonyme tellement que ça faisait longtemps que le show n’avait plus droit à son prime-time. Quand à Terminator, voilà encore une licence où tout et n’importe quoi a été fait et jamais un nouvel épisode ne pourra égaler l’excitation que généra le volume 2 en 1991.
A quoi bon se justifier : je garde un attachement particulier et enamouré à Goku. Il ne s’agit pas simplement de nostalgie mal soignée mais, et nous allons le voir, aussi parce que Dragonball a souvent lorgné vers l’univers des comics et des Xmen en particulier. Alors ? Les Xmen ayant été particulièrement massacrés au cinéma et en comics ces dernières années, replonger dans Dragonball serait-aussi un moyen de retrouver l’esprit X ? Des super héros vaillants ? Une équipe familiale ? Une parabole sur l’intégration ? (la moitié du casting de la série série sont des aliens, des divinités ou des vilains qui adoptent les valeurs de la Terre).
Il a souvent été pointé les ressemblances entre les scenarii de Days of future past et de Terminator : suite à l’avènement de machines sanguinaires, des héros particulièrement diminués reviennent d’un futur apocalyptique pour tenter d’inverser le cours du destin. Une comparaison qui s’imposera pendant la célèbre saga de Cell (1992) qui met en scène la même intrigue : un guerrier solitaire (Trunks, le fils de Vegeta et Bulma) arrive du futur pour empêcher l’avènement de dangereux cyborgs. Regardez bien d’ailleurs le visage de Trunks et vous verrez qu’il ressemble étrangement à celui de Furlong dans Terminator 2.
Si la saga de Freezer est culte pour tous les fans de DBZ, celle des cyborgs restera celle de la consécration : une violence toujours plus prononcée , des sayens plus présents, et un vrai sens de la dramaturgie : le destin n’est pas écrit d’avance, un enfant mené au combat contre son désir par son père , le suicide de celui-ci en expiation inconsciente. Les fans seront catégoriques : la saga Trunks-Cell est phénoménale et gage de l’inspiration au summum de son créateur qui aurait voulu arrêter la série ici, sans la pression commerciale.
Lorsque commence cette nouvelle saga Trunks, le sceptique que j’étais s’est entendu dire : après la résurrection de Freezer, tu vas voir qu’ils vont aussi me flinguer la saga Trunks. C’était sans compter le souci maniaque de Toriyama de garder le contrôle. On raconte qu’ il fut le premier atterré par la médiocrité des premiers épisodes de DBS et qu’il reprit les choses en main à partir de là.
La mort de Bulma
(C) Toei Animation
Cette saga commence piano avec un air de déjà vu : Trunks se fait fumer par un adversaire inconnu, assiste impuissant à la mort de notre chère Bulma et décide de remonter le temps pour empêcher le carnage. Rien de bien nouveau sous nos boules cristal. Sauf que….L’assassin en question n’est autre qu’une version négative de Goku ! Qu’un mystère insoutenable plane sur l’identité et les motivations de ce vilain. Et que Vegeta et Goku vont devoir livrer leur combat le plus épique, le plus désespéré de toute leur existence !
Cette saga Black Goku est certainement l’histoire la plus ambitieuse, la plus réussie depuis Cell justement ! Où comment Toriyama réussit à retrouver la grâce qu’il avait 26 ans avant ! Disons-le avec cynisme : la culture geek nous a désormais habitué aux pires bouses essentiellement sans que les salles de cinéma ne désemplissent. Autrement dit, nous vivons à une époque où Toriyama comme son confrère Kurumada pour St Seiya pourrait pondre de la merde au kilomètre sans que personne n’ait envie de tirer la chasse. Par nostalgie ou par hype.
Et contre toute attente, Toriyama livre un nouveau chef d’oeuvre à quelques incohérences près (les allers-retours entre présent et futur lui ont surement donné mal à la tête). Loin de la simple baston et l’enchaînement de transformation de personnages surpuissants, le scénario privilégie les scènes intimistes où les héros mènent l’enquête autour de l’identité de Black Goku.
L’écriture est désormais plus sensible, plus humaine, de nombreuses scènes faisant écho aux conditions de survie de l’humanité et d’un groupe dirigée par Maï ! Oui ! Maï, l’adorable petite fille qui apparaît au côté de Pilaf le minable depuis le début de la série pour les séquences bouffonnes, acquiert une dimension dramatique inattendue et…sentimentale puisque Toriyama décide également de laisser place au sentiment amoureux.
Bien sûr, c’est Dragonball hein…Qu’on ne s’attende pas à une version Hentaï entre Trunk et Maï. Il y a au contraire une pudeur charmante entre les deux adolescents qui réalisent que leur combat les a rendu dépendants et vulnérables vis à vis de l’autre. Loin de l’arrogance de Végéta et l’assurance de Goku, Trunks est un héros faillible, traumatisé, en proie aux doutes et la peur. Toriyama n’hésite pas à interrompre la course contre les monstres pour explorer l’ampleur de la psyché d’un garçon qui ne côtoie que mort et destruction depuis sa naissance.
Et là, on repense très fort à nos Xmen. A ce Trunks qui nous évoque très fort Rachel Summers, un personnage qui en voulant réparer le cours du temps est à l’origine de ce qu’il voulait éviter. Aux entraînements incessants de Goku/Vegeta qui rappellent ceux de la salle des dangers où tout, du plus dramatique au plus comique, pouvait arriver. A ce vilain émule d’Apocalypse qui jugeant les humains indignes de survivre décident de les éradiquer pour une utopie monstrueuse. A l’évolution de Vegeta ancien psychopathe devenu raisonnable et canalisable faisant désormais office de mentor pour de jeunes sayens. Avoir pu transformer le Wolverine de la série en un individu posé et repenti n’est pas la moindre des gageures d’une série qui avait tout à jouer la sécurité et le fan-service.
Oui, il y a du fan service présent et un peu répétitif notamment dans les moments humoristiques invariablement basé sur l’attrait de la nourriture. Mais l’humour de Toriyama, a toujours été basé sur du comique de répétition, et les gags souvent hilarants sont désormais mieux adaptés à la dramaturgie à l’inverse souvent navrant de la saga Boo.
Les intrigues enfin débarrassés de chargement de Ki interminables sont plus rapides, plus nerveuses, souvent surprenantes puisque Goku et Vegeta devront prendre la fuite par trois fois face à des adversaires redoutables dont la mise en scène rappelle parfois le légendaire duel entre Ikki du Phénix et Shaka de la Vierge dans St Seiya. Les transformations en sayens sont remarquablement bien dosées, jamais gratuites. La version Blue est même justifiée bien que pour le moment, elle ne brille pas par son originalité.
https://www.youtube.com/watch?v=gUbGeb79t-U
Trunks découvre une C18 amicale et mère de famille, loin de la version psychopathe de sa temporalité.
(C) Toei Animation
Et enfin ces délicieux fill-in entre deux events dramatiques où l’on voit nos héros dans leur intimité : une partie de baseball qui tourne au vinaigre, ça ne vous rappelle pas une célèbre équipe de mutants ? Des histoires féeriques ? Toriyama a compris qu’il était désormais inutile de faire figurer Gohan, Piccolo ou Yamcha pendant les combats, le niveau de Goku étant désormais inégalable, l’auteur comme les personnages secondaires l’acceptent.
Ils occupent de ce fait la vedette lors de petites histoires où ces personnages attachants le sont encore plus : Yamcha qui s’improvise capitaine de baseball pour retrouver son honneur de guerrier perdu, C-18 fait du shopping entre filles, Piccolo découvre les joies du pouponnage et Videl le temps d’une étrange histoire, livre un vibrant plaidoyer pour la confiance conjugale. Le plaisir de Toriyama de retrouver son univers est contagieux !
Tous ces fill-ins sont plus inspirés les uns que les autres : Goku pour avoir un emploi respectable travaille comme agent de sécurité en plus de son activité agricole, Krillin est flic, on a droit à un crossover avec Dr Slump, et un épisode savoureux où tout le casting s’engueule devant le dragon au moment de réaliser un voeu. Autrement dit, Toriyama sort de sa zone de sécurité, complète les blancs de ces histoires initiales pour en raconter d’autres. La palme étant décernée à Bulma, qui devient ici un personnage de premier plan, une sorte de Reed Richards indispensable pour son intelligence et sa vision des choses. Quel dommage que Chichi soit toujours cantonnée à la marâtre de service.
L’animation est certes en deça de l’Attaque des Titans ou One Punch Man. Mais n’oublions pas qu’il s’agit pour les animateurs de Dragonball Super de produire un épisode par semaine pour 128 épisodes (!) contre douze par an pour les deux animés précités !
On pourra déplorer que certaines musiques ne sont pas à la hauteur de celles légendaires de la série classique. Mais elles restent de bons niveaux, loin de la bouillie sonore des jeux vidéos. Le doublage des acteurs japonais est excellent. Les génériques d’ouverture et de clôture, hélas, sont assez pathétiques.
Avec cette saga de Black Goku, Toriyama livre un presque sans faute un peu agaçant. Car les groupes de réseaux sociaux rengorgent de fans de Dragonball qui semblent focalisés sur cette saga qui obstrue l’impressionnante richesse de mangas moins populaires. Mais tel est le pouvoir de Goku, rappelez-vous : être capable de rallier à lui, ses adversaires les plus résolus et les attirer dans son univers si riche et chaleureux !
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Et si la saga Black Goku était la meilleure chose qui soit arrivée à Dragonball depuis….celle des cyborgs ? Un genkidama à découvrir chez Bruce Lit
La BO du jour : de sombres jours nous attendent…
À quoi bon se justifier ? – Mais tu n’as pas à le faire, nous sommes entre geeks ici, on te comprend. 🙂
La fin de Saint Seiya, X-files : ça fait plaisir de lire une remarque honnête et pertinente. Effectivement certaines séries devenues cultes ne présentait pas un niveau de qualité constant au fil de leurs épisodes, et il y a souvent eu une bonne raison à leur arrêt.
J’ai bien aimé la manière dont tu arrives à faire la part des choses entre le plaisir bien compréhensible de retrouver des éléments familiers qui ont contribué à ton investissement émotionnel dans la série, et les qualités de la sage Black Goku qui justifient son existence, et son appréciation pour elle-même.
ma « geekitude » je l’ai toujours vécu à l’ombre des gros gros trucs…
X-Files, Saint Seya, DBZ….
je l’es ai à peine regardé à l’époque….
je suis du coup assez imperméable à leur effet nostalgique.
mon manga préféré? Maison Ikkoku. mon argument massue pour celui qui me parlerait de perversion, de violences, de tentacules, d’écriture automatique ou d’exaltation de la puissance virile…
@Eddy : Je ne connais pas ce manga Eddy. Il faudrait nous en parler.
@Matt : la série étant en streaming un peu partout je ne dépense quasiment rien. Elle reste effectivement très controversée sans juste milieu entre adorateurs et détracteurs.
Pour l’instant la suite est également très bonne avec une modification profonde du statu quo de Goku.
Avec le dernier article que tu m’as demandé, je crains que tu n’ais ouvert la boite de pandore…
Oh et puis j’ai fait « connard de puriste », Maison Ikkoku, c’est Juliette je t’aime!
Ah, oui c’etait rigolo, ça j’aimais bien, surtout « Stéphan » le squatteur.
@Matt : disons que Dragonball succèdent aux Xmen Madhouse durant ma pause déjeuner. C’est très agréable. Là je viens de voir le retour de C-17 qui est remarquablement bien géré avec un vibrant plaidoyer pour la défense de l’environnement.
Ouais mais si la série continue éternellement, tu seras donc monopolisé le restant de ta vie par UNE série unique. Comme tous ceux qui suivent One Piece ou Naruto depuis 15 ans. Je sais pas comment ils font pour ne pas en avoir marre et se libérer de tout ça pour aller regarder autre chose. C’est vraiment ce que je veux éviter moi. J’ai pas le temps pour ça. J’ai plein de films, d’animes plus courts à regarder, etc.
Ah mais moi je veux bien croire qu’il y a des qualités dedans mais disons que je suis passé à autre chose quoi. Je n’aime pas les séries sans fin.
Et tu dépenses quand même du temps^^
Ben moi désolé mais ça ne m’intéresse pas du tout. La raison ? DBZ c’est une partie de mon enfance alors j’y suis toujours attaché par nostalgie et j’apprécie toujours de revoir les épisodes que j’ai connus gamin. Mais après objectivement c’est loin d’être la meilleure série du monde et je n’éprouve pas vraiment d’intérêt à la voir continuer indéfiniment. La magie n’est plus là. J’ai apprécié le film « battle of gods » parce que ça proposait une sorte de fin. Je ne tiens pas à ce que ça continue, j’ai d’autres choses à voir et j’ai déjà dit que les séries interminables, ça me gonflait.
Donc je ne verrais surement pas cette suite. Mais bon tant mieux si tu y trouves ce que tu aimes dedans^^
Une belle journée qui commence avec cette belle découverte et l’envie au contraire de Matt de replonger avec délice dans cette enfance. L’analyse est très claire et en plus il y a une photo de C18 ! Comment ça elle est mariée et a des enfants ? Elle m’a rien dit 😉
« il serait temps que notre siècle fabrique de nouvelles icônes populaires » : tout à fait d’accord. A part Harry Potter, je ne vois pas d’autre nouvelle vraie icône… Mais il faut peut-être les chercher chez les plus petits, comme Pyjamask qui fait un carton partout dans le monde.
Pour le reste je suis totalement étranger à l’univers de DB et DBZ, je n’ai lu que les 15 premiers tomes, au moment où C-18 débarque avec un autre cyborg. Après, tous ces combats me fatiguent. Par contre, que l’on tue Bulma, je trouve ça insupportable ! J’adore ce perso.
Je ne pense jamais sauter le pas de regarder tous ces animes, mais je comprends tout à fait l’attachement à ces personnages. Merci de me faire découvrir des oeuvres dont je n’aurai jamais imaginé l’existence.
La BO : superbe. Avec mon dernier groupe, on la reprenait, et c’était pas mal. Malheureusement je n’ai aucun enregistrement pour en attester 🙁
Bulma est morte doublement cette année avec sa doubleuse japonaise historique à 57 ans.
Soundgarden : L’album est superunknown est excellent. Mais quand tu écoutes les démos du groupe c’est juste horrible. Le producteur avait fait un sacré boulot. Sur scène c’était par contre très moyen.
Oh je ne m’attendais pas à un article sur DBS !
J’ai beaucoup aimé cet arc, mon préféré de DBS. Mais je ne pense jamais à faire des parallèles, du coup le lien avec les X-Men ou même T2 m’avait complètement échappé. Si ce n’est que ce sont des histoires qui m’ont plu dans les 3 cas ! Pour des raisons différentes, pourtant, mais ça c’est subjectif, parce que ce qui m’intéresse dans les oeuvres que je regarde, ce sont les relations entre les personnages.
Le coup de Furlong, je n’y avais pas pensé non plus !! Et j’avais dans l’idée que Trunks avait les cheveux gris, moi…
Sinon, as-tu vu le film sur Broly ? Une bonne surprise aussi, belle réalisation, et une histoire plus intéressante que dans tous les films et OAV ou je ne sais quoi, que j’ai pu voir.
Sinon, votre conversation sur la musique était très intéressante. Je suis plutôt du parti de Matt, à ne rien dire de mes goûts aux autres, surtout vu mon milieu professionnel !
Pour le reste, je ne relancerai pas le débat ;).
@Kaori ; non je n’ai pas encore vu le Broly. Mais je le regarderai probablement tout comme j’attends avec impatience la suite de DBS. Je revois actuellement l’intégralité de DBZ avec mes enfants et vient de terminer la saga Freezer. Je trouve désormais les dessins vraiment laids.
C’est chouette, la transmission. Pour ma part, je ne me sens pas assez à l’aise avec certaines scènes pour envisager de leur faire découvrir DBZ. DBS est beaucoup plus soft. Je garde en mémoire la scène de Freezer s’acharnant sur Vegeta, j’avais 10 ans, et ça m’a bien marquée ! Y a un côté « sadique » dans certains dessins animés japonais, pas toujours évident à appréhender dans notre culture, je trouve.
Quand mes deux enfants seront entrés dans la zone « +10 », je pense qu’on pourra passer à cette culture là ;).