The Gauntlet + Robin Year One + Batgirl Year One, par Collectif
Par : TORNADO
VO : DC Comics
VF : Urban Comics
Cet article portera sur un one-shot et deux mini-séries issus de l’univers de Gotham City. Soit L’Epreuve de Force (The Gauntlet), Robin Year One et Batgirl Year One.
Il s’agit dans l’ensemble de trois récits revenant sur les débuts de ces deux personnages attenants à la bat-family que sont le premier Robin (Dick Grayson) et la première Batgirl (Barbara Gordon).
L’ensemble a été publié en VF chez Urban Comics sous la forme de deux recueils de la collection DC Deluxe (The Gauntlet et Robin Year One étant regroupés dans le même album).
1) Robin Year One :
On commence avec ce gros pavé de plus de 250 pages qui réunit deux récits distincts mais qui reviennent tous les deux dans le passé du personnage de Robin et mettent en lumière ses premiers pas dans l’ombre de Batman, son mentor et père adoptif.
Ils ont été publiés à peu-près à la même époque et constituent une suite parfaite au superbe Batman Amère Victoire , récit lui-même conçu, avec Batman Un Long Halloween , comme la suite directe du mythique Batman Year One de Frank Miller et David Mazzucchelli…
a) L’Epreuve de Force (The Gauntlet) : Scénario Bruce Canwell et dessin de Lee Weeks. Publié initialement en 1999 (43 pages).
Après plusieurs mois d’un entrainement drastique, Robin est prêt pour partir au combat auprès de son mentor. Batman décide alors de le mettre à l’épreuve : Robin devra le semer au cœur de Gotham City. Le « jeune prodige » réussira-t-il à relever le défi ? D’autant qu’il va rapidement tomber sur le règlement de comptes d’un groupe de maffieux dirigés par Joe Minette, le nouveau caïd du coin…
Ce premier récit est excellent ! Les auteurs décident de rendre hommage à Batman Year One en reprenant au détail près le style narratif développé alors par Miller & Mazzucchelli. C’est ainsi que le très bon Lee Weeks réalise un travail très proche graphiquement, parvenant à reprendre le même type d’approche quant au découpage, à l’atmosphère et la tonalité picturale (sobre, ciselée et baignée de clairs-obscurs). Et c’est ainsi que Bruce Canwell épouse également l’écriture de Miller, réintroduisant le principe des soliloques (les monologues intérieurs des personnages principaux), encadrés dans des couleurs respectives.
Cette première aventure de Robin se lit d’une traite, dans un exercice de style classieux et raffiné.
Le dessin de Lee Weeks, un vétéran habitué au personnage de Spiderman, est un régal de simplicité et de précision.
b) Robin Year One : Scénario de Scott Beatty & Chuck Dixon, dessin de Javier Pulido. Publié initialement entre 2000 et 2001 (quatre épisodes d’une quarantaine de pages chacun).
A la fois étudiant et coéquipier de l’Homme chauve-souris, Robin fait ses premières armes au combat dès la nuit venue. Si au départ tout fonctionne à merveille, il va soudain être confronté à la terrible réalité du terrain. Il va en effet rencontrer Double-face, le premier véritable psychopathe qu’il va devoir affronter. Le traumatisme sera terrible, au point de remettre en question la légitimité de sa présence auprès de Batman…
Ce second récit est développé de manière à constituer une suite directe de L’épreuve de Force. Cette fois, les auteurs vont davantage lorgner du côté du diptyque Un Long Halloween et Amère Victoire afin de développer l’atmosphère générale ainsi que leur style narratif.
Beatty et Dixon font des merveilles avec leur script et embrassent cette relecture des jeunes années du héros avec une justesse et une maturité admirable. A maintes reprises, les deux scénaristes s’évertuent à gommer ou à justifier toutes les naïvetés véhiculées jadis par les aventures de Batman au cours du Golden et du Silver Âge. C’est un exercice qui rappelle les travaux d’Alan Moore dans son entreprise de déconstruction et de reconstruction des héros surannés, même s’il est pratiqué ici avec davantage de classicisme. Il n’empêche qu’avec finesse, les auteurs réussissent à justifier toutes les incohérences qui pouvaient jusqu’ici naître de cette alliance improbable entre un adulte déguisé en chauve-souris et un petit garçon combattant des fous criminels à ses côtés. Grâce à une remarquable analyse psychologique, à une caractérisation optimale du quatuor de personnages principaux (Bruce Wayne, Dick Grayson, Alfred et le Capitaine Gordon), tous les événements deviennent naturels, cohérents, justifiables. C’est ainsi que chaque protagoniste est sans cesse confronté aux doutes et aux remords, évacuant le postulat ridicule qui voulait jusqu’ici qu’un jeune garçon de douze ans fut balancé la nuit dans la rue face à divers épouvantables criminels, le tout avec un sourire !
Qui plus-est, le récit est en lui-même rondement mené et l’on évite les clichés habituels, chaque retournement de situation et chaque dénouement évitant les grosses ficelles trop pratiques.
Une vraie réussite !
Le dessin de Javier Pulido m’a régulièrement laissé sur un sentiment partagé, sans que je n’arrive jamais à le dénigrer. Sans cesse à cheval entre le simplisme et l’épure, entre la maladresse et l’élégance, entre le bâclage et la justesse, il aura réussi à faire preuve d’un équilibre assez surprenant !
Dans l’ensemble, ces auteurs sont pour moi en dessous de leurs modèles (Jeff Loeb & Tim Sale), mais ils réalisent néanmoins un travail formidable, adulte et raffiné. Décidément, j’adore Monsieur Dixon (qui multiplie ici les clins d’œil à la série Robin, dont il a écrit les cent premiers numéros !), car il ne m’a jamais déçu !
Ce recueil est une aubaine pour les lecteurs qui préfèrent lire ce genre de relecture des origines des personnages, plutôt que de relire les anciens comics à la narration trop naïve et enfantine (il en faut pour tout le monde !). Dans le genre (j’ai pensé à maintes reprise à Captain America & Bucky, un arc de la série Captain America par Ed Brubaker & Chris Samnee), on tient là le haut de gamme !
Nul doute que j’allais me précipiter, après ça, sur la sortie de Batgirl Year One, réalisé par les mêmes auteurs et publié dans la foulée !
2) Batgirl Year One :
Batgirl Year One est une mini-série réalisée en 2004 et l’on retrouve le duo de scénaristes Scott Beatty & Chuck Dixon, assistés cette fois du dessinateur Marcos Martin.
Il s’agit ici aussi de revisiter les débuts de la carrière de l’héroïne de manière moderne, pour un récit autonome, inscrit dans la continuité (avec un clin d’œil appuyé au Batman : Killing Joke d’Alan Moore !), mais pouvant se lire comme un tout.
Nous retrouvons donc la jeune Barbara Gordon à l’aube de ses aventures super-héroïques, alors qu’elle habite encore avec son père (futur commissaire Gordon), qu’elle se fait remarquer par Batman & Robin et qu’elle cherche à rencontrer son idole, Black Canary…
Chose incompréhensible, Urban Comics a publié cette mini-série sur du papier glacé, alors que Robin Year One avait été publié, dans la même collection, sur papier mat ! Il serait peut-être bon que l’éditeur français, qui réalise par ailleurs un travail de très grande qualité, prenne soin d’harmoniser ses collections avec davantage de cohérence (et une très nette préférence pour le papier glacé en ce qui me concerne) !
Le personnage de Batgirl est apparu pour la première fois en 1966 dans les pages de la série Detective Comics. En réalité, la jeune femme est née dans le sillon de la série télévisée des années 60, qui avait généré une première « batmania » bien des années avant le film de Tim Burton), puisqu’elle a été créée à la demande du producteur de la chaine télévisée afin d’apporter une touche féminine à l’univers de Batman, et ainsi attirer un public plus large !
Batgirl voit ainsi le jour entant que fille du commissaire Gordon, avec un ennemi attitré : Killer Moth, l’homme-mite ! (en réalité un super-vilain de troisième choix issu d’un vieil épisode de Batman datant de 1951).
Comme l’avaient fait Bruce Canwell & Lee Weeks dans L’épreuve de Force, Beatty & Dixon optent pour une narration qui rappelle celle de Frank Miller dans Batman Année Un (soliloques au premier plan). Mais comme ils l’avaient également fait avec Robin Year One, les auteurs s’inspirent des créations de Jeff Loeb & Tim Sale, développant une ambiance tantôt rétro et cartoon, tantôt universelle, qui apporte une note de poésie enfantine, idéale pour soutenir ce genre de lecture.
Qui plus-est, le duo de scénaristes souligne cette prise de recul avec une délicieuse note d’humour qui unit les personnages dans un univers de conte familial, plutôt irrésistible.
Par dessus tout, ce que j’ai aimé entant que lecteur d’âge mur, c’est bien ce parti-pris artistique qui consiste à préserver la pureté, l’innocence et les atours enfantins du récit sans pour autant tomber dans l’infantilisme et sans jamais verser dans la vulgarité. On retrouve ainsi les sensations de notre enfance que l’on est venu rechercher dans ce type d’histoire de super-héros classiques, sans avoir l’impression de régresser à un état arriéré puisque l’ensemble trouve un équilibre parfait entre ses aspects naïfs et cartoon, et un style narratif mature, bien écrit, bien dialogué et plein d’esprit. On peut alors parler de récit universel, qui réussit à franchir le temps et les générations pour s’adresser au plus grand nombre, sans non plus tomber dans les travers consensuels d’une production commerciale.
On notera enfin une bien belle écriture au sens purement formel, non linéaire, avec un récit s’articulant à travers divers aller-retour dans le temps, déroulant ainsi une intrigue qui livre ses éléments par petites touches successives.
Toutes ces connotations enfantines laissent bien évidemment leurs marques. Avec Robin Year One, les auteurs tentaient encore d’apporter à leur univers un soupçon de réalisme. Ici, ils ont laissé tomber : Batgirl réalise des prouesses physiques complètement improbables et intègre sa famille de super-héros de manière tout aussi cocasse.
Les lecteurs les plus exigeants et les plus pointus quant aux ressorts de l’intrigue peuvent rebrousser chemin. Scott Beatty & Chuck Dixon privilégient ici, de manière rétro et légère, davantage la poésie que le réalisme.
Parallèlement, certaines scènes sont étrangement violentes (avec des personnages qui meurent brûlés vifs) et peuvent surprendre certains lecteurs qui trouveront peut-être que ces passages dénotent au beau milieu d’un ensemble plutôt candide…
Le dessinateur Marcos Martin a trouvé le sujet qui lui correspondait à la perfection. Et il s’est appliqué avec un style épuré qui vise la perfection avec maniaquerie. Constamment à la recherche d’une certaine pureté à la fois rétro et intemporelle (le récit se déroulant dans une époque parfaitement indéterminée), le dessinateur a réalisé une série de planches dont la simplicité côtoie l’élégance, avec des notes poétiques et humoristiques au diapason du travail de Scott Beatty & Chuck Dixon. Quelque part entre Tim Sale, Darwyn Cooke ou encore Chris Samnee, voilà un bien bel ouvrage, magnifié par l’encrage subtil d’Alvaro Lopez et la somptueuse palette de couleurs appliquée par Javier Rodriguez.
Soyons clair : Au départ, les personnages de Robin et de Batgirl, je m’en fiche autant que de ma dernière paire de chaussettes trouées. Je n’apprécie pas du tout ces personnages secondaires qui parasitent l’univers de Gotham City. Ils servent très souvent de prétexte à des crossovers chroniques et je préfère largement Batman lorsqu’il vit ses aventures tout seul comme un grand. Mais avec de tels auteurs, je pensais que le traitement pourrait dépasser mes réticences et que je pourrais adorer les aventures de ce gamin et de cette adolescente en costume de chauve-souris qui agissent dans l’ombre des plus grands. Et bien vous savez quoi ? J’avais raison !
Alors, ces comics là ne méritent peut-être pas d’être considérés comme des chefs d’œuvre du genre. Mais dans leur propre genre, c’est-à-dire celui des relectures modernes d’anciens comics au style narratif ayant extrêmement vieilli ; dans le genre qui trouve le bon point d’équilibre entre les histoires pour les petits et les histoires pour les grands, ils sont parfaits…
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C’est pas parce qu’on est des Sideckicks qu’on pas le droit d’avoir sa mini série ! Voici les Year 1 de Robin et Batgirl, 2 récits atypiques à découvrir chez Bruce Lit.
BO : En amour comme en famille, on aime bien se rappeler des débuts. Quand tout était neuf et excitant.
Avant de devenir les grands frères et sœurs de cette famille dysfonctionnelle et agitée au service de la justice qu’est la Bat-family, certains de ses membres avaient débuté à l’adolescence…
https://www.youtube.com/watch?v=vthI-xwwvQ0
Oh joie, je peux faire des économies car je possède déjà ces 3 histoires. Je plussoie sur l’avis de Tornado, avec une préférence pour les dessins de Weeks et surtout Martin.
Comme d’habitude l’iconographie donne une toute autre saveur à tes commentaires.
Je n’ai donc toujours pas craqué pour lire ces 3 récits. Je vois que tu restes toujours partagé en ce qui concerne le travail de Javier Pulido. Mon ressenti se rapproche du tien pour l’impression de numéro de funambule entre épure et amateurisme. Lee Weeks n’est pas très prolifique mais souvent excellent dans une approche plus classique. Il a également dessiné une partie de Civil War: Frontlines, et plusieurs épisodes de Daredevil.
En relisant ton article, je me rends compte que ce qui me retient de sauter le pas de cette lecture réside à la fois dans un manque d’envie de relire une nouvelle fois les origines de ces personnages (même si elles sont racontées avec talent, j’ai bien lu l’article jusqu’à la fin 🙂 ), et de lire un récit à la manière de Jeph Loeb & Tim Sale. Avec Year One, Mazzuchelli & Miller ont créé un véritable sous-genre dans les histoires de Batman, avec plein de bonnes histoires dedans dont tu as souvent vantées les mérites pour la série Legends of the Dark Knight. Du coup, j’ai l’impression d’avoir eu mon content en la matière, et de ne plus avoir besoin de nouveaux récits dans ce sous-genre… sauf bien sûr s’ils sont réalisés par des auteurs que j’apprécie. 🙂
Et zut… Moi qui m’était persuadé d’arrêter d’acheter des comics pendant quelques temps, voilà que Tornado arrive à me convaincre du contraire.
Ce site sera responsable du Hara-Kiri de mon porte-monnaie ^_^
Joli dessin. C’est Neal Adams ?
En tout cas, c’est bien l’effet que j’ai ressenti en lisant ces one-shots : On s’intéresse à ce que ressentent les enfants, et par extension aux adultes qui les entourent et qui les envoient dans des situations périlleuses. La forme est plutôt légère et positive. Mais la toile de fond est assez adulte et moderne.
J’adore les Year One.
j’adore Barbara Gordon, c’est vraiment un personnage à la trajectoire unique.
Tous les sbires de Batman peuvent prêter à rire, mais ça, ça peut s’appliquer à toute la galerie des héros en pyjama.
ces relectures sont très dynamiques et se lisent toutes seules…
ils ont permis d’aborder plein de sujets inintéressants ( la paternité, ou le simple de fait de vieillir, de se confronter à d’autre pensées, le regard critique pour la croisade du Bat…)
Je dirais que c’est le seul contexte dans le quel les crossovers chers aux ricains ont un sens.
exemple: Cataclysm. Gotham subit un tremblement de terre et chaque personnage intervient parce qu’il aide son quartier où qu’il se porte volontaire. c’est une métaphore du pompier volontaire en fait..
ça n’a rien de most-moderne et pourtant c’est ce qu’il y a sans doute de plus réaliste dans ce genre de littérature, tout élément « fantasy » ayant réduit à sa portion congrue.
j’ai vraiment bien aimé cette période.
ça a l’air bien ces récits « à la Loeb et Sale ». J’en suis assez client aussi pour cet aspect bien géré entre le côté enfantin traité avec bienveillance sans le renier, mais en réussissant à en faire un truc appréciable par les adultes aussi.
Je ne suis par contre pas certain de pouvoir passer outre le fait que je n’en ai rien à carrer de ces personnages. ça semble avoir marché pour toi, mais ça ne me motive pas assez pour franchir le pas.
Batgirl encore ça peut aller car en général elle a aussi ses aventures solo, mais Robin me gonfle quand il est aux côtés de Batman.
Et Barbara Gordon j’ai toujours trouvé qu’elle était plus intéressante quand elle était handicapée sous le nom d’Oracle. Même si je n’ai quasiment rien lu là dessus, mais dans les jeux vidéo Arkham par exemple, c’est assez sympa qu’elle file un coup de main à Batman et qu’elle soit ce petit génie informatique mais vachement vulnérable par sa condition. C’est un moyen de conserver des aventures « solo » avec une aide extérieure et non sur le terrain avec un encapé de plus.
Birds of Prey a longtemps été l’un des meilleur comics mainstream à suivre au mois le mois…
la première série est quand même de qualité pendant une centaine de numéro…
de bons personnages, sur des intrigues variées et très rythmées sans être débiles.
comme toutes les séries, elles se sont fait bouffer par la machine à Event et n’a pas survécu à Infinite Crisis, mais il reste un très bon corpus d’aventures…
Au départ, les personnages de Robin et de Batgirl, je m’en fiche autant que de ma dernière paire de chaussettes trouées. Je n’apprécie pas du tout ces personnages secondaires qui parasitent l’univers de Gotham City.
Dans une autre vie, il a quelques mois en fait, j’aurais pu employer cette formule tout à mon allergie DC.
Et puis quelques récits, tous hors continuité, ont su frayer leurs chemins dans ma bibliothèque.
Du coup ce récit faisant place à la psychologie pourrait m’intéresser si on trouve ça chez Eaglemoss.
Le batgirl est prévu très bientôt il me semble….
des perso dont je n’est strictement rien à faire mais alors bon sang, Lee Weeks, Marcos Martin, Javier Pulido, c’est d’un tel niveau avec ces noms là que c’est incontournable (surtout Lee Weeks qui signe l’un de ses meilleurs boulots de l’époque)
je suis le seul fan du bat-universe par ici… 🙂
Non, j’aime bien. Mais bon…comme je l’ai souvent dit, j’adore la série animée des années 90, j’aime bien les jeux vidéo Arkham, et je ressens peu le besoin d’avoir des comics Batman. J’ai juste un long halloween, amère victoire, la proie d’Hugo Strange, Killing Joke et Silence. Pour le coup sur DC j’ai toujours été davantage dessin animé/films. J’ai connu vachement tard les comics Batman et j’accroche avec plus de difficulté.
@Eddy: Non Non, pour ma part je suis plutôt amateur du Detective Comics de Tynion.
Et la série de Damian Wayne aussi (en solo ou avec Jon Kent)
En ce moment, je lis les séries Batman (de Tom King) et Detective Comics (de James Tynion IV), et donc si ça compte Super Sons (de Peter J. Tomasi, avec Damian).
Il y a pas mal de choses que j’aime bien chez DC, surtout ce qui date d’après les années 85 et d’avant mon allergie croissante aux super-héros… 😀
J’aime surtout Batman. Mais je n’aime pas la batfamily. Tous ces sidekicks, là, je les supporte pas. Je préfère le Batman originel, solitaire, mystérieux. Et c’est pareil avec tous les super-héros d’ailleurs. Spiderman me plait au départ, quand il est tout seul et que personne ne connait son identité. A présent qu’il y a du spiderverse dans tous les coins, c’est au-secours-nom-de-dieu.
Si les super-héros m’insupportent aujourd’hui, c’est en partie à cause de tous ces crossovers à la noix et de ce côté « grande famille » que je trouve largement aussi ridicule et bling-bling que leurs costumes flashys.
J’aime le super-héros de l’aube, tout seul, plein de mystère. Une dimension que Francesco Francavilla avait su retrouver dans son « Black Beetle » (malheureusement laissé en jachère après un 1° arc narratif).
Sinon j’aime beaucoup Superman en général, et même le Green Lantern de Geoff Johns.
Ces « Year One » chroniqués ici m’ont plus car les auteurs on bien troussé leur affaire, et parce que, justement, on retrouve cet aspect « super-héros séminal ».
Les costumes flashy et kitsch c’est pus rigolo qu’autre chose pour moi^^ Comme un Goldorak et autres machins à base de gros monstres. Mais je suis bien d’accord pour la grande famille et spiderverse. Je n’ai plus du tout envie de lire du SPider-man moderne alors que c’est mon héros préféré à cause de ces coups de projecteurs sur plein de héros qui évoluent dans une série normalement « solo ». On s’éloigne de plus en plus des civils, des histoires persos de Parker, etc. ça me fait regretter, aussi old school que ce soit, les épisodes des années 70 et 80 dans lesquels c’était plus terre à terre, avec moins de terres parallèles et plus de moments de « soap » avec Parker et son gang (MJ, Flash, Harry, Gwen avant sa mort, etc.)
Maintenant c’est Parker et Iron man, Captain america, Spider-man version machinchose de la terre truc et parfois t’as un civil qui vient dire « euh…éh, t’as un peu de temps pour moi ? »
C’est peut-être moins prononcé qu’avant (je relis les épisodes de Conway avec l’entrée en scène de Tombstone, et c’est appréciable de voir la place alloué aux personnages civils et à leurs propres intrigues), mais ils n’ont pas disparus pour autant. Jonah, MJ, Harry, Liz et l’increvable tante May ont toujours une place dans les intrigues.
Et ça c’est quand le civil en question ne revient pas sous forme de super héros aussi…
On disait que les X-men s’étaient mis au communautarisme, mais en fait c’est le monde des super héros en général qui devient un gros bazar de super slips avec peu de place pour les gens normaux. Et au final les X-men c’était la seule série où ça avait un sens autre que commercial : celui de l’apartheid volontaire par peur de la discrimination et du harcèlement (que ce soit une bonne solution ou pas, ça avait du sens)
Absolument.
Le jour où Marvel et DC ressortiront des histoires plus dépouillées, dans lesquelles il y a surtout des personnes normales et, au milieu, un super-héros qui combat le crime (et non pas juste des super-héros qui se bastonnent entre eux dans un monde où les civils et même les vilains ont disparu et puis qui après combattent les menaces venues de l’univers et de l’espace multidimensionnel et des futurs alternatifs), alors, je pourrais recommencer à m’y intéresser. Et s’il faut donner dans le « rétro » pour retrouver cette saveur, alors cela ne me dérangera pas.
En écrivant cela, j’ai l’impression d’être devenu un vieux con pour qui c’était forcément mieux avant. Et c’est vrai qu’il n’y a pas qu’un seul super-héros en définitive (il y a le héros urbain, le héros cosmique, le héros solaire, le héros ténébreux, les groupes de héros, etc.). Mais il y a quand même quelque chose qui cloche aujourd’hui derrière tout cet imbroglio éditorial : C’est devenu un truc objectivement boursoufflé, les univers partagés Marvel et DC.
Ben disons qu’aujourd’hui, les différences entre les types de héros se voient moins. Moi tu sais que j’aime le cosmique et les gardiens de la galaxie, et là ça me dérange pas les menaces cosmiques, les futurs alternatifs, les guerres spatiales. On peut ne pas aimer mais le contexte s’y prête.
J’ai pas envie de voir ça dans Spider-man par contre.
Maudit sois-tu, Tornado ! J’avais réussi, jusqu’à présent, à ne pas tomber dans l’envie d’acheter de nouvelles bds (hors les séries que je continue) et voilà que coup sur coup, je me remets à Batwoman (j’ai acheté et lu le tome 1, puisque le tome 0 je l’ai chez Panini, dans un format un peu plus grand et plus agréable à l’oeil mais moins à la main), j’ai super envie de lire ces deux tomes qui sont parus chez Urban (je suis allé voir sur la zone) et nom de dieu, j’avais oublié cet Arrowsmith (à près de 19 euros en commande) que Mattie a remis à la lumière aujourd’hui !
Je ne sais que faire. Mais je sens que je vais en acheter une ou deux dans le lot.
J’ai également pensé au Captain America White lorsque je lisais cet article, et même si comme toi je me fiche de Robin et Batgirl (mais j’aime bien Damian Wayne dans le run de Morrison), tu donnes super envie ! Les scans de Pulido auraient cependant tendance à me faire fuir. Les autres, pas du tout (surtout ceux de Lee Weeks).
La BO : je viens d’écouter pour la toute première fois un album de Stephen Stills (Stills) et c’est un peu le même genre pour moi. Americana et Middle of the road… Pas désagréable mais pas intéressant non plus. Musique d’ambiance pour ma part.
Voilà Tornado : j’ai enfin lu le Year One de Robin et j’ai bcp aimé les dessins de Pullido et surtout les couleurs de Loughridge.
C’est du comics à signature comme je souhaite désormais les privilégier.
Je suis juste un peu dubitatif sur le scenario : Robin se fait tabasser à mort et se pose la légitime question de la présence d’un gamin de 12 ans (l’âge de ma fille !) auprès d’un justicier ultraviolent affrontant des psychopathes.
On sent que les scénaristes se prennent le pied dans le tapis : Gordon et Alfred posent les bonne questions et la réponse à l’histoire est finalement bien décevante : les rues de Gotham sont si dangereuses qu’il vaut mieux que Robin reste avec Bruce pour ne pas finir dans un gang…
Mouais.
Sinon, c’est assez bien mené même si le personnage de Batman n’a jamais été aussi antipathique.
Merci pour cette découverte.
J’adore le récit sur BATGIRL
Mais plus les années passent, plus le décalage d’un personnage crée en 1939 pose des soucis avec notre époque.
La formation d’ adolescents comme quasi soldats est un thème récurrent majeur depuis des années
Paradoxalement le Bat critiqué de toute part, est à la tête d’une véritable armée désormais.
J’imagine même que dans quelques années la thématique de l’emprise sur mineur va infuser dans la série.
Alfred a fait les frais de tout ça aussi. qui possède un majordome à notre époque?
Poum! tué le Alfred!
Oui alors, justement, je l’avais écrit dans l’article, en citant ce « postulat ridicule qui voulait jusqu’ici qu’un jeune garçon de douze ans fut balancé la nuit dans la rue face à divers épouvantables criminels, le tout avec un sourire !« . J’avais trouvé que les auteurs s’en étaient bien sortis avec ça, en justifiant les actions et en prêtant aux personnages adultes (Bruce Wayne & Commissaire Gordon) des inquiétudes et un sentiment de culpablilité par rapport à tout ça. Et comme le dit Eddy, difficile de continuer à avancer avec ce genre de situation grotesque qui a extrêmement mal vieilli.
Donc, oui, on peut trouver ça limite. C’est un équilibre difficile à trouver : Trop naïf et c’est le old-school à hauteur d’enfant qui justifie les naïvetés. Trop adulte et le sujet ne passse plus. Il faut trouver un équilibre très complexe pour que ça reste universel.
Si on réfléchit à ce genre d’implications de manière très sérieuse, rien ne passe.
Xavier forme ses X-men gamins à combattre des terroristes internationaux comme Magneto…
Ces comics sont écrits pour la jeunesse à la base et l’idée est que ces jeunes s’identifient à des jeunes héros plein de pouvoirs cools.
On n’est pas censé se dire « ah ouais mais en fait ils sont endoctrinés par un adulte taré qui forme des enfants soldats »
C’est bien pour ça que le super héros hyper adulte comme aime Tornado, avec le moins de costumes flashy possibles et une orientation à la Alias, pour moi c’est pas une solution non plus. Parce que comment tu justifies que es gosses en collants moulants sautent de toit en toit dans un constexte aussi sérieux ?
C’est censé être davantage de la fantasy, et même si ça se déroule dans « notre monde » (du moins un monde contemporain qui ressemble au notres), ça n’a jamais été pensé pour qu’on rapproche tout ça des cas existants dans le vrai monde, si ce n’est métaphoriquement pour tout ce qui concerne discours comme l’acceptation, la tolérance, tout ça.
Tu lis un truc délirant qui te délivre un message d’acceptation. T’es pas censé te dire « punaise ce gosse de 12 ans à qui on vient d’enseigner des leçons de vie est en train de courir sur un toit en slip ! que font les servieces sociaux ? »
C’est pour ça notamment que le shonen manga Nekketsu écrase la concurrence Marvel/DC en librairie. c’est un public qui n’a pas ce genre de considération là. c’est très clair que le volet fantasy est là pour faire passer un message autre… (comme la réussite sociale dans une communauté qui t’a rejetée dans Naruto par exemple)
Le comics est quand même lu globalement par des gens trop adultes pour ça.
je suis mordu par une araignée qui brille et j’attrape des pouvoirs, rien à faire c’est con!
si t’accepte pas qu’en fait on va parler en filigrane d’autre chose, ben renonce tu vas te faire mal, à moins bien sût que le récit n’ait rien à dire, auquel cas c’est un récit raté tout simplement.
Ces comics vieillissent aussi parce que l’évolution sociétale actuelle nous fait faire parfois de vrais » bottle flip » sur nous même. Et donc l’esprit d’après guerre qui voulait que des gamins se projetassent sur des adultes dans une société où on bossait à 14 ans, a fait place à un monde vieux qui veut faire du jeunisme à tout bout de champ en méprisant parfois l’héritage laissé. Si on ajoute à ça des soucis de violences et d’agressivité toujours plus proches, concrets qui rendent aberrantes l’embrigadement de jeunes mineurs dans une croisade de fou contre des tarés psychopathes ( je vais enquêter avec mon petit frère pour coincer Dahmer…très crédible), des revendications nouvelles etc…
Ben Batman ne peut plus durer très longtemps. C’est un homme très privilégié qui terrorise des gamins et qui parfois affrontent ce qui seraient des héros aujourd’hui (Catwoman, Poison Ivy,Harley Quinn)
Le mystère c’est qu’il reste populaire pour son symbole de vengeur!
ça rejoint ce que je disais des années plus tôt. On a intellectualisé les comics afin de faire cesser cette réputation de lecture pour attardés mal acceptée.
Et au final on s’en mord les doigts parce que…c’est peut être pas pour attardés mais ça reste du divertissement léger à ne pas prendre au premier degré, dont tu peux certes tirer une morale, mais qui ne résiste pas à une analyse intellectuelle poussée.
Y’a rien qui tient debout si tu veux prétendre que c’est super profond tout ça.
Il faut donc accepter qu’on aime des trucs pas forcément hyper intelligents ou cohérents, sans accepter de se faire traiter d’attardés, ni de tomber dans l’extrème inverse à vouloir faire croire que c’est du grand art pour adultes.
Et les premiers à avoir lancé cette mode de réhabilitation du comics soi disant pour débiles…c’est nous les cocos ^^ (enfin pas moi personnelement, je suis arrivé à la bourre pour ça, mais on se comprend.)
Maintenant que c’est trop populaire et que ce n’est plus un truc de niche, on se retrouve à devoir dire que c’est con (et on retombe dans l’extreme inverse parce que seuls les extrêmes sont envisageables apparemment)
Moi j’ai abandonné. Je ne débat plus et je n’essaie plus de prouver quoi que ce soit. Je lis ce que j’aime bien, en étant conscient de ce que c’est et voilà.
Le débat devient hors course en effet…
On demande aux comics ce qu’on n’a jamais demandé aux Franco-belges (parce que il n’ya pas que du Bilal, il y a aussi des palanqués de de trucs plus modestes…Kookaburra par exemple) ou du manga
dans un second temps, le comics avec ses personnages qui traversent le temps, les modes et mœurs, c’est aussi des marqueurs privilégiés pour décrire l’évolution des USA du New deal à L’Amérique de Trump/George Floyd
Que ça fasse un commentaire sur l’Amérique ok, mais qu’on ne questionne pas la cohérence de mecs en collants, parfois mineurs, qui partent chaque nuit en patrouille pour défoncer des méchants. ça n’a aucun sens en soi^^ C’est de la fantasy, un fantasme que des super héros nous protègent, etc.
Si on accepte ce postulat de base de super slips qui sautent de toit en toit pour protéger le monde, qui est complètement irréaliste, il ne faut pas aller y coller des moeurs super réalistes du genre « hum…mais n’est-il pas un peu jeune pour sauter sur une fusée atomique lancée par un génie du mal ? »
PERSONNE ne fait ça, jeune ou vieux ! ^^
Et puis pareil, on est en Amérique (dans les comics hein^^), des mecs 300 fois récidivistes comme le Joker, l’épouvantail qui transforment la ville en no man’s land 2 fois par mois à coup d’armes bactériologiques, y’a longtemps qu’un flic aurait pété un plomb et mitraillé les gonzes pendant leur séjour en cellule. ^^
« hum…mais n’est-il pas un peu jeune pour sauter sur une fusée atomique lancée par un génie du mal ? »
PERSONNE ne fait ça, jeune ou vieux ! ^^
Hi hi, tu m’as bien fait rire ^^
Sinon, j’aime bien cette conversation, je suis assez d’accord, faut être honnête, les comics étaient faits pour faire rêver les enfants et les ados, et c’est pour ça qu’on est tombés dedans quand on était petit. Maintenant, vouloir rendre sérieux des postulats faits pour les enfants, ça coince forcément quelque part…
Pour Robin, DC avait bien tenté de dire qu’en fait il avait 16 ans (Nightwing période rouge, avant Rebirth), ça n’a jamais vraiment pris… On ne change pas 70 ans d’histoire comme ça…
Je me réfère un peu au livre d’Alex Nikolavitch MYTHES & SUPER HEROS.
Il parle de SUPERMAN qui représente une Amérique certes mais celle d’entre deux guerres, celle que Roosevelt a revitalisé avec le NEW DEAL.
Fatalement le personnage a du se réinventer pour s’adapter aux diverses décennies. le fait d’en faire une sorte d’archange aux valeurs « supérieures » était une manière de l’intemporaliser et ça a pas mal fonctionné.
Maintenant, il représente un vieux monde, il s’adapte par le biais de son fils qui lui représente une modernité.
Voir cette « tapisserie être un miroir déformant d’un « zeitgesit » est sans doute ce qui parvient à fasciner durablement les fans hardcore. ( ce que je ne suis plus)
Pour ma part personnelle, je te rejoins pleinement, Je lis les récits qui me plaisent en tant que Fantasy comme tu dis ou en équivalent de certains mangas plus axés Fantastiques que SF.