Hellboy in Hell 2 – The death card par Mike Mignola & Dave Stewart
PRESENCE
VO : Dark Horse
VF : Delcourt
Ce tome fait suite à Hellboy in Hell 1 – The descent (épisodes 1 à 5) qu’il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 6 à 10, initialement parus en 2014-2016, écrits, dessinés et encrés par Mike Mignola, avec une mise en couleurs réalisée par Dave Stewart. Il comprend également une histoire courte (8 pages) réalisée par Mike Mignola, avec la participation de son frère Todd Mignola à l’écriture.
Dans sa maison perchée sur des pattes de poulet, Baba Yaga discute avec sa grenouille, son chat et son corbeau de la situation d’Hellboy, de comment il en est venu aux Enfers et du sort qui l’attend. Hellboy reprend connaissance dans une maison de la version fantasmagorique (ou infernale) de Prague devant Mister Jenks et Mister Dean. Ils lui expliquent qu’ils se sont attelés à la tâche d’écrire une histoire des Enfers, et qu’ils recueillent de nombreux témoignages pour ce faire. Ils évoquent également la géographie des Enfers, depuis sa capitale Pandémonium jusqu’aux régions éloignées. Malheureusement ils n’ont pas établi de carte qu’ils pourraient lui donner. Leur discussion est grossièrement interrompue par un individu qui déclare vouloir jouer aux cartes avec Hellboy, peu importe le jeu. L’individu tire une première carte qui représente un crâne surmonté d’une couronne, puis il se jette sur Hellboy et l’agresse. Les deux messieurs ont tôt fait de déguerpir.
Alors que la créature et Hellboy échangent des horions, Hellboy finit par l’identifier. Il s’agit du bedeau de l’église Saint Pierre à Prague, qu’il avait croisé le 18 août 1982 dans une partie de cartes. Cet individu était devenu le vampire de Prague. Après cet affrontement, Hellboy reprend conscience devant 2 autres individus, les docteurs Chatrian & Erckman. Il reperd conscience aussi sec, et se retrouve dans un bois sacré en Angleterre où il dispose de quelques instants au calme pour discuter avec Alice Monaghan. Il reprend conscience devant les 2 docteurs, se redresse et se remet sur pied. Ils lui apprennent qu’il est affligé d’un parasite carnivore qui se nourrit de son âme. Ils l’emmènent voir un spécialiste, le docteur Hoffman, qui est en train d’être jugé en pleine rue, par un tribunal et le docteur Wilhelm Coppelius qui remplit les fonctions de procureur. Hoffman est acquitté ; Coppelius est furax. Hoffman emmène Hellboy chez lui et lui demande son aide.
Après le premier tome, le lecteur ne savait plus trop quoi penser de la direction du récit.il est indubitable que Mike Mignola, le créateur d’Hellboy, allait confronter son personnage à son destin, à savoir succéder ou non à son père Azzael sur le trône des Enfers. Mais il avait pris des chemins détournés, avec des anecdotes n’ayant pas de rapport immédiat avec la question centrale, surprenant d’autant plus son lecteur avec des révélations sur la famille proche d’Hellboy. Cette deuxième moitié poursuit la narration dans le droit fil, ou plutôt dans ses méandres. Si le lecteur en a la curiosité, il peut commencer par lire la postface située après les 5 épisodes, avant l’histoire courte. C’est encore plus déstabilisant puisque l’auteur écrit que l’histoire prend fin avec la dernière page de l’épisode 8, et que ça correspond à la fin qu’il avait toujours eu en tête. Simplement il a été amené à l’écrire plus rapidement que ce qu’il pensait au gré de son inspiration.
Comme dans le tome précédent, celui comprend plusieurs références à des histories passées d’Hellboy. Il y a donc celle relative au vampire de Prague, intégrée au recueil Hellboy Volume 7: The Troll Witch and Other stories et Baba Yaga était apparue dans le tome 3. Sous réserve que le lecteur ait bien suivi, il retrouve également un membre rapporté de la famille d’Hellboy en la personne de la fiancée espagnole, celle qu’il a épousé à Mexico en 1956 dans Hellboy in Mexico. Sans en avoir l’air, l’auteur apporte bien une conclusion à sa série en utilisant de nombreux éléments disséminés dans les différentes aventures passée d’Hellboy. Comme à son habitude, il va également piocher dans les mythologies diverses et variées, intégrant aussi bien Alecto, Mégère, Tisiphone (les Bienveillantes, encore appelées Érinyes) et Pluton. Le lecteur retrouve la citation de William Shakespeare (déjà présente dans le tome 1) tirée de Macbetth : Qui aurait cru que le vieil homme eût en lui tant de sang ? Mignola invoque encore la mythologie biblique étendue par Milton dans son poème épique Le Paradis perdu, avec la ville de Pandémonium ou la Bible directement avec les monstres Béhémoth et Léviathan.
Comme dans le tome précédent, Hellboy se retrouve confronté à plusieurs monstres qu’il a déjà croisé durant sa vie et de la part desquels il doit encore encaisser des coups, et leur retourner quelques mandales bien senties. Par exemple le combat contre le vampire de Prague occupe 7 pages. Ces affrontements conservent toute leur dimension onirique. Le vampire a entraîné Hellboy dans les airs et le relâche. Celui-ci retombe lourdement dans une rue de Prague et passe par la crypte d’une église avec des belles arches. Le lecteur sait qu’aucune séquence ne suivra un déroulement linéaire et peut basculer dans une forme onirique à chaque case. Il retrouve bien sûr les caractéristiques si marquées des dessins de Mike Mignola : formes taillées au burin et simplifiées, aplats de noir irréguliers sans être déchiquetés, quelques formes simplistes (les yeux, les traits des visages), épaules tombantes des personnages, décors gothiques, cases sans arrière-plans, etc.
De toutes les manières si le lecteur a décidé de lire ce dernier tome, c’est qu’il apprécie ces caractéristiques ou qu’il a appris à les apprécier. Il compte donc bien qu’elles soient toujours présentes. Qui plus est, cette façon de représenter les formes, les personnages, les environnements se marie encore mieux avec le contexte d’un Enfer imaginaire, très décalé par rapport à une vision comics classique. Le lecteur ressent de plein fouet l’onirisme des situations, au point de s’abandonner totalement à la narration si particulière.
Comme dans le tome précédent, le lecteur retrouve également l’usage d’images récurrentes, comme des signes à déchiffrer. Il y a la présence d’un serpent à plusieurs reprises, ainsi que cette épée courte ensanglantée qui tombe par terre. Comme dans le tome précédent, Mike Mignola apporte une résolution à plusieurs mystères, et comme il s’agit du dernier tome il n’en laisse aucun en suspens. Le lecteur sait donc ce que représente ce serpent. Il découvre la dernière personne manquante de la famille. Il a enfin la réponse de savoir si Hellboy a oui ou non assassiné son père. L’auteur va jusqu’au bout puisque le lecteur apprend si Hellboy échappe ou non à son destin de succéder à son père sur le trône des Enfers. Le scénariste en donne même plus à son lecteur. Il évoque l’avenir de Pandémonium et d’autres entités infernales aussi formidables qu’Azzael. Il boucle la boucle avec différentes séquences. Il y a une brève image montrant Hellboy à Fairfield dans le Connecticut en 1948. L’image du cassage de ses cornes revient encore une fois.
Mignola donne également l’occasion à Hellboy, de faire des adieux en bonne et due forme à Alice Monaghan, dans une séquence onirique de toute beauté. À cette occasion, Dave Stewart reprend la composition chromatique qu’il avait déjà utilisée dans une scène se déroulant au même endroit dans un tome précédent. Ce sont des pages apaisantes au milieu d’un havre de verdure, comme si la pesanteur sinistre et accablante des Enfers était levée pendant un bref instant. Pour le reste du tome, il s’en tient majoritairement à des aplats de couleur uniforme, en cohérence avec l’apparence simple des dessins de Mignola, monolithiques.
Même si Mike Mignola indique que l’histoire se termine avec l’épisode 8, les 9 & 10 apportent de nombreuses informations complémentaires, constituent des clôtures à des sous-intrigues et à une intrigue majeure. Le lecteur savoure encore l’histoire courte, lui permettant d’effectuer la transition vers un monde où il n’y aura probablement plus de nouvelles histoires d’Hellboy dessinées par Mignola (mais encore quelques histoires du passé dessinées par d’autres artistes). Helboy écoute un squelette de pendu lui raconter son histoire douce-amère, un dernier conte ironique pour la route. Encore 6 pages de conception graphique, les couvertures originales et c’est bel et bien fini. Une page se tourne.
Le moins qu’on puisse dire est que Mike Mignola a pleinement réalisé son potentiel et mis à profit sa liberté quand il est parti de Marvel et DC pour créer son propre personnage. Il a engendré un héros à nul autre pareil, pourfendant les monstres et les horreurs, avec une forme de détachement et de fatalisme, et une redoutable efficacité. Il a conservé les tics narratifs des comics, en remplissant l’obligation d’un combat physique par épisode, tout en réalisant une œuvre entièrement personnelle, sans équivalent. Il a mis à profit des contes et légendes de la vieille Europe comme personne d’autre ne l’avait fait. Il a continué à développer ses idiosyncrasies graphiques, jouant sur des formes simplifiées, en atteignant un équilibre délicat entre des formes à la limite de l’abstraction, des formes disgracieuses et massives, et une impression de mouvement et d’ancienneté. Le résultat n’appartient qu’à lui et dispose d’une qualité qui le rend intemporel, dont l’apparence surannée assure que la lecture n’en sera jamais démodée.
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Hellboy, c’est fini ! Accompagné de Caron et Présence, Mike Mignola a t’il mené son Démon à destination ? Réponse chez Bruce Lit.
La BO du jour : pourquoi faire compliqué ?
Superbe article, plus concis que d’habitude, qui remplit son office avec une conclusion sur tout ce qui fait l’apanage de la série, faisant écho à la conclusion de la série en question. Avec de superbes illustrations. Chapeau.
Ces 2 tomes de fin étaient très déroutants. Ces récits reposent plus sur la dimension graphique, que sur l’intrigue qui n’est pas très dense. Du coup l’article est plus court parce que je me suis rendu compte que j’éprouvais de réelles difficultés à développer mon ressenti.
Je ne sais vraiment pas quoi penser du style de dessin de Mignola. Parfois je me dis « c’est chouette » (comme sur le scan du « havre de paix intemporel »), autant parfois je me dis « beuh… » (le dernier scan)
J’ai parfois l’impression que ça fait amateur (pas un seul trait droit sur les bâtiments) mais à d’autres moments c’est cette idée de style biscornu qui donne un aspect magnifique à un décor. En gros je n’arrive pas à trouver ça bien de manière constante. C’est un ressenti perso, mais pour l’instant ça ne m’a jamais permis de franchir le cap de lire du Hellboy.
Ça m’arrive aussi qu’une case ou une autre me fasse sortir de l’histoire. Dans le dessin que tu indiques (le dernier de l’article), apparaît l’un des tics graphiques de Mignola qui ne fait pas sens pour moi. Je ne sais pas pourquoi il a choisi de représenter tous ses personnages avec des épaules tombantes.
Par contre en ayant lu tout ce qu’il a fait sur Hellboy, je n’ai plus l’impression que ça amateur. Dans les années 1990, 2 ou 3 artistes ont tenté de s’inspirer de ses dessins, pour suivre une démarche similaire d’épuration, dans la même direction graphique. On voit tout de suite qu’ils dessinent à la manière de Mignola, mais ça ne marche pas. L’équilibre dans les masses et les compositions n’y sont sont pas ; ça fait vraiment amateur.
Les épaules tombantes : Je trouve que cela donne à ces créatures un aspect d’argile, comme un tas de boue qui se constitue en organisme. Cela m’évoque le Golem. Et je trouve ces représentations assez fascinantes, au contraire.
Je n’avais pas pensé au Golem. Malgré tout, je n’arrive pas à concilier ce que m’évoquent des épaules tombantes (faiblesse physique, ou fatalisme) avec la force physique de certains personnages, ou avec leur position sociale ou culturelle dans le récit. Je ne vois pas non plus pour quelle raison tous les personnages sont affligés d’épaules tombantes.
Très intéressant. D’autant plus que je suis totalement resté à la porte de Hellboy, au scénar,depuis le début. je comprends l’intérêt que l’on peut y trouver, mais moi je suis resté de marbre, indifférent à ses scènes répétitives, folkloriques…
Graphiquement c’est encore plus compliqué. Mignola fait partie des mes « Dieux graphiques » (les 3 M Mignola Mazzucchelli Miller…) Son développement chez Marvel fut phénoménal, un ravissement d’éclosion en direct. Le sommet est atteint à la bascule, quand il trouve sa voie/voix, après Jungle Adventures. Batman Gotham by Gaslight et Fafhrd, sans avoir encore créé son perso. Jusqu’ici il se cherchait et se trouvais doucement. Après Hellboy je le trouve figé dans ses (très belles) habitudes de dessin. C’est évidemment un magnifique travail de stylisation, d’épure…mais pour moi la joie de l’évolution a disparu. Et des facilités, voire même des tics, apparaissent de plus en plus souvent (ah ces couv totalement interchangeables avec des attitudes identiques!)
Son épure est allée si loin qu’il fait partie des rares géants du noir et blanc qui me plaisent aujourd’hui encore plus en couleur! Etrange mais logique car Stexart est un génie de la colo, qui s’efface derrière le trait, va dans le même sens que le dessinateur, magnifie sans esbroufe, complète quand il faut…
@Phil : Je partage complètement ton ressenti sur le dessin de Mignola. Notamment dans son harmonie avec la mise en couleur de l’immense Dave Stewart. Ce qui est complètement paradoxal car Mignola est le type même de dessinateur qui devrait s’épanouir en noir et blanc. Et bien non ! la synergie du graphisme et de la couleur est en définitive la marque de l’évolution de cet auteur unique en son genre.
Je trouve ainsi tous les scans de l’article de Présence magnifiques, tout en me disant que je ne voudrais en voir aucune en noir et blanc.
Tout pareil sur le travail de colorisation de Dave Stewart : je trouve qu’il complète le dessin sans jamais l’écraser.
oui la curiosité , et ma passion du n et b, m’ont fait acheter la version sans couleur du t 1 Delcourt;
du coup j’ai pris la fin en couleur 🙂
Je n’ai jamais adoré Hellboy et pourtant y’ atout pour que je kiffe sauf un truc que j’ai pas sur passer au dessus.
des nazis magiciens auquel j’ai du mal à croire…
j’ai un ou deux trucs du BPRD qui sont pas mal et il faudrait que je m’y mette à cet univers.
Je trouve aussi la période de Mignola qui va de Triomphe et Tourments à Fafrhd ou Ironwolf carrément fascinante sans avoir cette épure qui paraît parfois baclé aujourd’hui à l’instar des derniers travaux de Miller.
Bonne remarque ! J’aime bien son boulot sur Triomphe et Tourments alors que beaucoup trouvent qu’il n’a pas encore trouvé son style…mais son fameux style épuré me parait parfois bâclé.
@Eddy – Je dois avoir lu 95% de ce qu’à écrit Mike Mignola dans son univers partagé. Je trouve qu’il ne facilite pas l’accès de ses séries aux nouveaux lecteurs, car il y a souvent des renvois pointus à des faits qui se sont déroulés dans tel épisode d’Hellboy, ou dans telle série annexe, voire des explications essentielles à la compréhension pour la suite, comme sur l’énergie Vrill.
Je suis content de te voir écrire qu’Hellboy a une forme de narration très particulier. Si particulier que je ne suis jamais arrivé à franchir le pas de je-ne-sais-plus quel tome. Ils m’attendent pourtant tous dans un coin de la maison, sans que je trouve la motivation nécessaire pour y aller. Les dessins m’attirent, l’ambiance pas du tout. Le héros découvert via les films m’est sympathique, son histoire me gonfle. Il y a de la littérature là dedans, celle que j’adore Milton et Shakespeare, mais il y a toujours ce je ne sais quoi qui m’en empêche. Sans doute, encore une fois la dimension mystique et magique. Rien que voir une grenouille parler sous une maison construite sur une patte de poulet demande à mon imagination une torture incommensurable.
Hellboy pour moi, c’est comme AC/DC : l’un a des couvertures interchangeables (impossible pour moi de les distinguer de mémoire et celle-ci ne fait pas exception), les autres sont réputés (à tort) d’avoir sorti toujours le même disque.
Même si je ne comprends rien à tout ce que tu racontes en début d’article autour de l’intrigue, je te sens un peu pris au dépourvu : tu dis que Mignola a bouclé de manière claire (un bon point ça !) son histoire, de l’autre on perçoit un article un peu lapidaire sur la fin d’une saga si longue.
Un article un peu lapidaire – C’est vrai qu’il n’est pas très long, parce que je me suis rendu compte que je n’avais pas grand chose à dire sur l’intrigue et que je ne voulais pas trop en dévoiler non plus. J’ai effectivement été pris au dépourvu par la densité de révélations (sur les membres de la famille d’Hellboy) et sur les explications de certains événements des tomes précédents, satisfaisants sur le plan de l’intrigue, mais en décalage par rapport à mon attente sur la nature du destin d’Hellboy. Ma brièveté s’explique aussi par le fait que j’ai écris un commentaire pour chaque tome de la série et que j’essaye de faire en sorte de ne pas me répéter de l’un à l’autre. Peut-être aurais-je dû te proposer un article sur les 2 tomes, mais Stéphane avait déjà parlé du début dans son article.
La grenouille et la patte de poulet – Dès le début, l’invasion de grenouille est le symbole de l’intrusion du surnaturel dans le quotidien, le signe que les créatures maléfiques gagnent peu à peu du terrain dans le monde des humains. Aussi cette grenouille ainsi placée acquiert une dimension symbolique pour le lecteur de longue date, un motif visuel récurrent qui fait sens parce qu’il évoque les circonstances de ses précédentes apparitions dans la série. Elle symbolise aussi la manière dont des entités maléfiques peuvent s’approprier des formes animales simples de la vie de tous les jours, en même temps qu’un animal terrestre qui conserve des attributs évoquant la vie en milieu aquatique, donc opposé au milieu terrestre de l’homme. Cette dernière caractéristique renvoie aussi à la manière dont Lovecraft oppose les créatures poissons à la nature de l’être humain.
De la même manière, la patte de poulet est un symbole chargé des réminiscences des contes mettant en scène Baba Yaga, du folklore des créatures de légendes, etc.
« Rien que voir une grenouille parler sous une maison construite sur une patte de poulet demande à mon imagination une torture incommensurable. »
C’est triste d’avoir perdu à ce point son âme d’enfant rêveur adepte de contes et légendes^^
T’avais pas aimé Courtney Crumrin toi pourtant ? Ou je confonds ?
C’est triste d’avoir perdu à ce point son âme d’enfant rêveur adepte de contes et légendes^^
Je détestais déjà ça enfant. Mes goûts n’ont quasiment pas changé. Évolués tout au plus.
T’avais pas aimé Courtney Crumrin toi pourtant ? Ou je confonds ? Je n’ai rien acheté de cette gente dame. Le dessin et le noir et blanc ne m’attirent pas des masses.
C’est pourtant des portes ouvertes sur les cultures variées du monde tout ça.
Enfin…personne n’est parfait ( 😉 )
C’est un domaine de prédilection que je lie à ma phobie des mathématiques et des sciences : les formes qui se déforment, la magie, la géométrie, le jeu sur l’espace et le temps provoquent chez moi de grands sentiments d’angoisse. Alice au pays des merveilles reste pour moi un livre terrifiant. Par contre je peux me délecter de fantastique concret : les héros urbains, les Xmen, Gaston , Tintin. Ou le merveilleux du Petit Prince, ça ne me pose aucun problème.
Ah bon si ça te fiche les jetons, je peux pas te jeter la pierre^^
Les architectures tordues ça te renvoie quel sentiment ? J’en connais qui ne supportent pas quand un tableau est penché et qui ont beaucoup de mal avec l’expressionnisme d’un film comme le cabinet du Dr Caligari (vieux film de 1920) :
https://www.google.fr/search?q=la+cabinet+du+dr+caligari&client=firefox-b-ab&dcr=0&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwjs9MaQlO7YAhVSyKQKHSdvAWgQ_AUICygC&biw=1536&bih=753
C’est dingue comme nos appréciations sont différentes !
Je trouve le dessin de « Triomphe et Tourments » extrêmement surestimé. Certes, on peut y voir un artiste entrain de s’épanouir et certaines vignettes sont somptueuses. Mais les 3/4 sont sont laborieuses. On est très loin, pour moi, de son travail ci-dessus, que je trouve parfait de bout en bout et véritablement accompli. Ce n’est pas un dessin fait pour séduire, c’est vrai. Mignola y frise parfois l’abstraction. Mais quelle personnalité unique en son genre, quelle maitrise de style ! Tout y est équilibre, atmosphère, ailleurs narratif. C’est une véritable expérience picturale.
C’est à mon sens à des années lumières célestes au dessus de « Triomphe et Tourments », qui représente un brouillon.
Mignola est un grand concepteur. Le dessin, le récit, la mythologie postmoderne des folklores européens, tout y est harmonieux et confondu. Et en même temps unique en son genre.
Ah moi je ne dis pas qu’il ne maitrise pas son truc. Mais je suis au final moins fan du résultat final que sur Triomphe et Tourments. Pour les décors encore ça va (sur le dernier scan j’aime bien le chateau)
Mais les personnages on devine à peine ce que ça représente parfois, et si ce ne sont pas plutôt des rochers. Et donc par extension c’est grâce aux couleurs qu’on sait à quoi on a affaire. ça doit être illisible en noir et blanc.
Je rejoins le ressenti et l’appréciation de Tornado. Dans Ironwolf (encrage de P. Craig Russell), Gotham by gaslight (encrage de P. Craig Russell), Fafhrd And The Gray Mouser (encrage d’Al Williamson), j’éprouve la sensation que l’encreur tire les crayonnés de Mignola dans une direction antagoniste avec l’intention du dessinateur.
En outre comme le dit Phil, il s’agit d’un graphisme en évolution où Mignola teste et cherche encore le bon équilibre. Du coup, de manière inconsciente, mon esprit se dit que ces œuvres ne sont pas finies, ce n’est pas encore du vrai Mignola, ce qui me conduit à y voir un résultat conflictuel qui n’est pas achevé.
Tornado exprime plus éloquemment encore mon ressenti en parlant de formes proches de l’abstraction et d’équilibre. A mes yeux, cet équilibre n’était pas toujours atteint dans le premier tome de la série, et parfois il est imparfait. dans ces cas là, le dessin m’apparaît grotesque, presqu’amateur. Mais dans les dernier tome l’équilibre est atteint à plus de 95 % et les dessins naviguent entre impressionnisme et expressionnisme, avec des symboles récurrents. Le lecteur voit le paysage mental d’Hellboy, voit les forces surnaturelles en place, voit les éléments structurants débarrassés de l’apparence superficielle.
Comme d’autres de mes camarades, je préfère de loin le Mignola qui expérimente, évolue plutôt que celui qui s’est trouvé. J’ai toujours eu du mal à accrocher aux scénarios d’Hellboy (mais je ne saurais pas vraiment mettre le doigt sur l’élément qui à tendance à me laisser à distance), par contre j’aime bien les deux films. Si je me souviens bien, il y avait un lien entre certaines série du label Legend de Dark Horse ; c’est pourquoi Hellboy apparaît chez les Next Men de Byrne (et au début de la série de Mignola, on retrouve un super-héros de la seconde guerre mondiale, créé par Byrne je crois).
La preuve en image :
https://static.comicvine.com/uploads/scale_large/0/8015/230476-19617-117776-1-john-byrne-s-next-me.jpg
Au départ, l’association de créateurs sous le label Legend devait leur permettre de réaliser leurs propre série en en conservant les droits, et de collaborer si l’envie leur prenait, avec éventuellement des personnages communs donnant une impression d’univers partagé. Il a été créé par Mike Mignola & John Byrne. Ce dernier a écrit les dialogues du premier tome d’Hellboy. Ce label a duré de 1994 à 1998, avec quelques clins d’œil d’une série à l’autre. Sur le papier, il a regroupé Art Adams, Frank Miller, John Byrne, Mike Mignola, Paul Chadwick, Dave Gibbons Geof Darrow, Mike Allred et Walter Simonson. Mais tous n’ont pas publié quelque chose au sein du label.
Le superhéros de la seconde guerre mondiale que tu évoques est Torch of Liberty. Il est effectivement apparu dans 2 séries de John Byrne (Danger Unlimited, Babe) parues chez Legend, dans Hellboy, et il a même croisé Martha Washington dans une histoire courte réalisée par Frank Miller & Dave Gibbons.
Je me retrouve dans le propos de certains qui ne sont pas vraiment arrivés à entrer dans Hellboy. Je suis séduit/bluffé par la partie graphique, malgré ses choix parfois assez particuliers, mais qui donnent une vraie personnalité à l’œuvre, avec une ambiance superbe, en partie liée à la palette de couleurs utilisée…
Pourtant, les histoires ne me marquent pas plus que ça. Il n’y a pas vraiment de moments forts qui se soient gravés dans ma mémoire de lecteur.
J’avais lu plusieurs tomes en médiathèque il y a 2-3 ans… Maintenant que la série est terminée, je retenterais bien une lecture de l’intégrale mais je ne me sens pas vraiment attiré par l’histoire.
Il est difficile de réduire la série Hellboy à une histoire. En fonction des histoires, il est question du destin d’Hellboy (pourra-t-il y échapper ? Est-il condamné à succéder à son père ?), de l’évolution de sa personnalité au gré de ses rencontres et confrontations, de son héritage légendaire (sa place dans la légende arthurienne), de l’évocation de mythes et légendes (ceux de la vieille Europe, tout autant que les Grands Anciens de Lovecraft).
Ah ben, voilà en quatre lignes tu me permets de peser le pour et le contre !
Est-il condamné à succéder à son père ? Ah, ça je prends le destin. J’en parlais justement l’autre fois avec Omac : je suis un grand admirateur de la vie est un songe de Calderon que j’ai lu au moins 4 fois.
de l’évolution de sa personnalité au gré de ses rencontres et confrontations
ok, c’est dans mes cordes, spécialement sur une série indépendante.
son héritage légendaire (sa place dans la légende arthurienne)Aie ! Les seules chevaliers que je supporte sont ceux du Zodiaque. Le mythe de la table ronde, c’est trop pointu pour moi….
mythes et légendes (ceux de la vieille Europe, tout autant que les Grands Anciens de LovecraftAie, alors là c’est dissuasif coefficient 10 🙂
Mais je trouve ça formidable ceci dit qu’un Americain ait travaillé sur les mythes européens.
Il y a bien sûr d’autres angles d’attaque pour la série Hellboy. Le lecteur sensible aux artistes peut aussi se lancer dans les histoires courtes illustrées par Mike Mignola lui-même, ou par Richard Corben (Yes !!!), Duncan Fegredo (extraordinaire), Scott Hampton, Kevin Nowlan, Gary Gianni, P. Craig Russell.
Rahlala comme il est beau cet article Présence ! Tu m’apprends ainsi que Mignola ne veut plus dessiner Hellboy… Malgré mon superbe avatar, je ne possède qu’un seul tome de cette série, le 8 dans l’édition de Delcourt, qui comporte une histoire dessinée par Corben. Mais j’ai vu les deux films (réussis, mais le second a un script inintéressant… alors que les personnages sont super bien écrits ! Et que la réalisation est top !).
Le problème, c’est qu’il y a beaucoup de tomes mais que j’ai pris trop de retard puisque je ne me suis remis aux comics que bien après la publication des premiers Hellboy. Sans parler des spin-offs : valent-ils le coup ?
Bref, tu m’apprends ainsi que c’est la fin de Hellboy, mais surtout tu lui rends un superbe hommage. J’adore le trait de Mignola, depuis toujours (c’est-à-dire dès que j’ai vu des images de Hellboy). Tu me donnes envie de relire mon tome ainsi que mon maxi format de Dr Strange et Dr Doom.
La BO, c’est un chef d’oeuvre du rock. Et il faut savoir que je n’aime pas AC/DC (pas sur la longueur d’un album en tout cas).
J’ai vraiment envie de tous me les payer : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hellboy_(comics)
J’ai suivi quasiment toutes les séries dérivées, avec une grosse préférence pour la BPRD à partir du tome 4, et les aventures de Lobster Johnson pour lesquelles il existe un commentaire sur ce site.
http://www.brucetringale.com/peter-lorre/
Je suis jaloux.
Ah ben AC/DC je suis un gros fan, surtout période Bon Scott. Mes 3 albums préférés :
– Highway To Hell (parfait de bout en bout je trouve, mais je ne suis pas original pour le coup).
– Let There Be Rock
– Powerage
Mais j’aime aussi beaucoup « Dirty Deeds Done Dirt Cheap », « High Voltage » et « Back in Black », immense album que ce dernier, même s’il correspond à la période Brian Johnson, que j’aime un peu moins.
ACDC perd tout intérêt à mes yeux après BIB.
J’ai écouté plusieurs fois Back in black, il est bien, mais je m’ennuie rapidement. Highway to hell est peut-être le seul que je pourrai trouver écoutable de A à Z.
AC/DC, pour moi, c’est une compile et basta.
Pour AC/DC, j’aime beaucoup High Voltage, Highway to Hell, mais aussi The Razors Edge (Thunderstruck est imparable), Ballbreaker (en entier), Rock or Bust.
The Razors Edge oui, bien sûr. Le reste de l’album n’est pas du même acabit quand même.
Ouaip. Je me range du côté de Bruce ce coup-ci. Dans ma discothèque idéale, je garde tous les albums avec Bon Scott, Back in Black et une compile avec quelques titres ensuite.
Mais bon… AC/DC demeure l’un de mes groupes préférés de l’histoire du rock quand même ! (et pour moi le batteur amateur, Phil Rudd l’un de mes batteurs préférés dans le registre du rock dur) 🙂
marrant vos remarques sur AC/DC…
mon premier vinyle fut « Flick of the switch » et donc pas du tout le plus en vue…
puis j’écoutait ceux qui sortaient, tout connement et je trouve quand même For those about to rock, Razor’s Edge ou Ballbreaker très réussis…
Evidemment en creusant un peu, la période Bon Scott m’a ouvert ses bras et j’ai trouvé ça super…
du coup, alors que je ne me considère pas trop comme un fan, je dois avoir au moins cinq ou six albums préférés, chacun son tour…
Salut Présence, je suis en pleine lecture de Hellboy et c’est toujours aussi agréable de te lire.
C’est un univers qui me fascine, j’avoue que je ne connaissais rien du Lovercraft avant de m’y mettre.
Le seul défaut que je reproche à Decourt ou l’auteur c’est de ne pas mettre des notes explicatives sur les références utilisées dans ses chapitres.
J’aime beaucoup cet aspect utopique dans ce monde diabolique qui ne trahit en rien l’univers de Lovercraft.
Et j’en viens à la même conclusion que toi, Hellboy est à cet univers ce que Lucky Luke est au Western, un personnage aux aventures et au graphisme intemporels.
Merci
Bonjour Alchimie des mots,
Merci beaucoup pour ton retour sur cette lecture.
C’est vrai que j’ai lu les principales œuvres de HP Lovecraft il y a de cela plusieurs décennies et qu’elles me sont devenues très familières.
Avec plaisir !