Kirby and me par Mickaël Géreaume et Alain Delaplace
Par BRUCE LIT
Les membres de la blogosphère geek le savent : Kirby and Me aura été la grosse affaire à suivre, à attendre et espérer ces derniers mois. D’abord, parce que mince quoi, ce projet de rendre hommage au King ne part pas de professionnels de la profession du comic-book, mais de deux p’tits gars, bloggers et fans de Kirby assez fous pour se lancer dans ce projet dantesque : écrire et auto-éditer le livre ultime sur la papa de Marvel en invitant des gens comme, ouais, Bill Sienkiewicz, Rm Guera, Dave Johnson, Mike Allred et Deodato Jr ou Jon Bogdanove parmi les moins connus ! La liste impressionnante des contributeurs de cet album est consultable ici. Les amis de Bruce Lit ne seront pas surpris d’y trouver parmi les 230 invités la famille proche : Nikolavitch, Josselin Billard, Lefeuvre, Xavier Lancel, Phil Cordier, Patrick Marcel,ou Julien Hugonnard-Bert.
Kirby and Me propose une anthologie au plaisir de lecture infini. Via une maquette remarquable, des illustrations immenses de dessinateurs rendent hommage au Jack dans des planches plus sublimes les unes que les autres. Face à cela défilent des scénaristes (Ann Nocenti !, Jeff Lemire), des artistes ou des personnalités (l’inusable Jean Pierre Dionnet raconte ses rencontres avec le King tandis que Denis Bajram lui rend un hommage intègre en admettant ne pas l’avoir aimé longtemps) venant raconter LEUR Kirby.
Mais pour survivre à ce colosse de bibliothèque appelé à devenir monument historique à inscrire au patrimoine de la mutanité; le mieux est de laisser la parole à l’un de ses penseurs fous : Mickaël Géreaume en pleine promo de cet ouvrage célébré des deux côtés de l’Atlantique. Une exclusivité Bruce Lit.
Salut Mickaël, la coutume est de présenter ton identité secrète.
Hello Bruce, je n’ai pas d’identité secrète. Je m’appelle vraiment Mickaël Géreaume et j’agis en tant que rédacteur en chef sur le site www.planetebd.com où je donne mes avis et essaie régulièrement de réaliser des interviews. Je fais ça depuis plus de dix ans avec une envie toujours aussi présente. Depuis deux bonnes années, je me suis lancé avec Alain Delaplace (dont c’est le vrai nom aussi) dans l’élaboration d’un projet hommage à Jack Kirby nommé Kirby&Me. Ensuite, je peux raconter que j’ai plusieurs années de fac derrière moi, que j’ai travaillé pour Bouygues Télécom et dernièrement, mon activité rémunérée est de gérer une agence d’un distributeur de matériel électronique. Je suis l’heureux papa d’une jolie petite fille et voilà tout !
Pour nos lecteurs qui n’ont pas la chance de posséder Kirby&me, tu peux nous expliquer la genèse de ce projet ?
S’ils n’ont pas la chance de posséder l’ouvrage Kirby&Me, il faut qu’ils se pressent pour saisir les derniers exemplaires encore disponibles ! Au départ, Alain et moi étions en train de travailler sur la version française de la dernière interview de Jack Kirby lorsque nous nous sommes rendus à Paris Manga et avons eu le plaisir de converser avec Thierry Mornet et Mauricet sur Jack Kirby. De fil en aiguille, lors de notre retour sur Tours, Alain et moi avons eu diverses idées qui ont donné lieu ensuite au projet Kirby&Me tel qu’il est aujourd’hui. L’objectif était de réunir différents hommages, de genres différents avec des dessins, des bandes dessinées, des textes, des analyses et autres, et de réaliser le plus beau livre possible. On a alors mis en place toutes les démarches administratives et légales pour bâtir notre projet, lui donner une cohérence, insuffler l’envie chez les auteurs de nous rejoindre, aguicher les fans potentiels avec notre énergie de passionné etc. Au final, le livre est d’un format imposant, 320 pages et une édition que l’on a voulue percutante et irréprochable. Et l’objectif final était pour nous de reverser tous les bénéfices engendrés par le livre à l’association américaine Hero initiative, un organisme aidant les artistes dans le besoin.
A quel moment l’option crowfunding est apparue comme inévitable ?
Elle fut évidente. On aurait pu proposer notre ébauche de projet à un éditeur pour avoir le soutien et la structure nécessaire mais je crois que dans notre grande naïveté, nous avons souhaité réaliser le livre de A à Z, subir les galères et donner toujours plus, presque au point de rupture. On a eu des touches mais rien de formel. Comme nous souhaitions que le projet soit caritatif dès le départ, l’option du crowdfunding nous semblait indispensable. On allait passé deux ans de notre vie et nous n’avons pas foncièrement de fortune cachée quelque part ou d’état prêt à nous aider. On a réfléchi à la plate-forme adéquate durant des mois. Au départ, nous voulions passer par un site du type Kickstarter mais si ces derniers sont les leaders, ils ne sont pas non plus les plus réactifs. Suite à divers échanges avec Ulule, on a choisi ces derniers car plus efficace. On savait pertinemment que l’on toucherait moins le monde entier mais avec le bouche à oreille, le résultat est plutôt pas mal du tout pour deux petits français.
Tu peux nous révéler combien ce projet a coûté ?
Oui, des sous et plein ! Avant de lancer le projet via Ulule, nous avons défini toutes les dépenses allant de la conception du livre aux frais bancaires, du coût d’un goodies à l’expédition. Chaque étape a été calculée pour que le budget tienne la route. Nous ne voulions pas financer de notre poche (même si on l’a fait sur certains détails mais… passons) car nous avions oublié de compter un poste ! Les chèques aux journalistes étaient déjà provisionnés, donc on a bien géré. Tu as reçu le tien, Bruce ? ;- ). Plus sérieusement, on a forcément du mal à parler d’argent en France. Nous communiquerons à tous les soutiens, nos « Ululers », combien sera reversé au final à Hero initiative. Je pense que chaque personne ayant participé à l’achat du livre se rendra compte que l’on a fait notre maximum du premier au dernier jour pour que le projet soit une belle chose. Je peux juste te dire que ce sera plus que ce que ramènent des stars (ou assimilés) de Fort Boyard !
De son ébauche au démarchage, quelles ont été les différentes étapes de Kirby&Me ?
Les étapes sont celles assez classiques d’un projet. On se voit plusieurs fois, on définit le projet, ce qu’on veut faire et surtout ce qu’on ne veut pas faire. Par exemple, dès le début de Kirby&Me, on voulait éviter d’avoir un livre polémique. On célébrait le centenaire du King of Comics avec un ouvrage profondément positif. Une fois, tout en place, on a fait les démarches légales classiques et habituelles, on a créé Komics initiative pour pouvoir sortir ce livre, choisit la banque la plus adaptée etc. De la paperasse et ensuite, je me suis mis à demander aux auteurs que je connaissais, je leur ai présenté le projet, les tenants et aboutissants etc. J’ai fait cela durant des mois, j’ai pris des portes, des non réponses et plus réjouissant, des retours favorables et hyper positifs. On a mis en place le crowdfunding fin janvier afin de profiter de l’attention porté par les lecteurs durant Angoulême. On a mis des prospectus partout, on a contacté toute la presse possible et imaginable. Je crois même avoir envoyé un email à Sanglier magazine… Une fois le projet validé, on a entamé la maquette, relancer les auteurs qui tardaient, rallier les derniers etc. J’ai créé le chemin de fer du livre, c’est ce qui te permet de mettre de l’ordre dans les pages, Alain se chargeait de la traduction. Les dernières semaines, nous nous sommes mis en phase de relecture intensive. On a eu à ce moment-là quelques bénévoles-assistants-traqueurs de faute. Puis envoi à l’imprimeur, réception organisation de journées de lancement avec nos libraires partenaires, envoi de colis, trouver le temps de répondre à Bruce, etc.
Quelle a été la réaction de la famille Kirby à l’annonce de ce projet ?
Ce n’est pas le premier projet d’hommage qu’ils voient débarquer ! On a pris contact dès le départ avec eux pour exposer nos idées. Après, nos discussions restent personnelles, coquinou ! On nous a par contre rapporté, qu’ils l’ont apprécié le livre. C’est l’essentiel. On ne voulait vraiment pas manquer de respect à Jack Kirby (que l’on idolâtre) et créer un quelconque malaise.
Kirby&Me n’est pas un livre d’image, il y’a aussi beaucoup de texte d’invités prestigieux. Comment s’est élaborée cette guest-list ?
Outre les textes des dessinateurs qui voulaient partager leur amour pour Jack Kirby à l’écrit en plus de leurs illustrations, on souhaitait que des scénaristes, des experts reconnus aux U.S.A. ou en France aient droit eux aussi à la parole. Jean-Pierre Dionnet nous semblait indispensable par exemple. En plus d’être un type fantastique, il est un moulin à paroles inarrêtable dès que l’on évoque K-I-R-B-Y. On a cherché à toucher des thématiques en lien avec le King of comics, évoquer des sujets comme l’encrage (et faire intervenir un expert dans le domaine comme Phil Cordier) ou comment les créations de Kirby ont pu sauver des personnes en Iran nous semblaient intéressant.
Des refus ?
Oui, évidemment. Et c’est normal. J’ai essayé de contacter plein de personnes dont des intouchables. Parfois, à force de persuasion, j’ai pu convaincre des réticents au départ, des personnes qui avaient peur que notre projet soit un remake des Bronzés ou une énième sollicitation visant à s’enrichir personnellement d’un original. On a pu prouver le contraire durant la création de Kirby&Me, plus encore maintenant que le livre existe et fait plier les étagères sous son poids.
Avez-vous pensé à contacter Stan Lee ?
Bien sûr qu’on y a pensé mais il est véritablement intouchable. Le nombre de personnes qui l’entoure et le protège aujourd’hui, ce qui est normal, ne voyait pas foncièrement d’intérêt dans notre démarche. On n’a jamais eu de refus de sa part. On a essayé, pas de réponse. On enchaîne. Si on l’avait eue, on aurait été plus que ravi.
Euh…et Alan Moore ? c’est un grand fan !
Si tu as son email, son numéro de téléphone, les moyens de m’emmener le voir à Northampton, je signe de suite. On a essayé à plusieurs reprises et par différents biais (dont certains de ses éditeurs) mais je n’ai pas vu un poil de barbe magique s’approcher de Kirby&Me.
Pour un p’tit Frenchie, ça fait quoi d’obtenir une contribution de Sienkiewicz, Janson ou Bogdanove ?
Pour Alain, avoir Bill Sienkiewicz était impossible. Il est un fan absolu. Je le suis aussi mais pas autant que lui. Recevoir des contributions d’ artistes que l’on adore est forcément grisant. On se dit que le projet a été pris au sérieux et du coup, ça te force à donner le meilleur de toi-même. Et putain, ça le fait !
C’est Laurent Lefeuvre qui a l’honneur de délivrer sa version de Kirby façon Martin Scorcese en couverture. Parmi tous les invités, comme s’est imposée cette version ?
Martin Scorcese… Je n’avais pas fait le rapprochement ! La couverture a été très difficile à définir. On avait des idées, plus ou moins artistiques. On hésitait sur plein de points et c’est en croisant en deux minutes top chrono Laurent, qu’il m’a dit de le rappeler pour qu’on en parle ensemble. Lors de la conversation téléphonique qui suivit, c’était une évidence, il était celui qui avait une vision parfaite du « personnage » Kirby, un artiste et un homme, un génie et un héros. La couverture a eu plusieurs versions, Laurent est un maniaque absolu du micro-détail qui change tout, et j’adore ça. Elle est parfaite selon moi et selon beaucoup de participants ou de grands noms n’ayant pas pu figurer dans le livre.
Des anecdotes à nous raconter sur la livraison de ces planches ?
Nous n’avons jamais reçu les planches en mains propres. Nous ne voulions pas que les artistes se ruinent à les expédier (avec les soucis de transport ou de vol qui peuvent y être liées) et avons surtout gérer tout cela de manière moderne et dématérialisée. Il nous fallait juste un bon disque dur. D’ailleurs, j’en ai perdu un durant la conception de Kirby&Me…
Les invités sont de toutes les nationalités : c’était la tour de Babel en coulisses ?
En fait, la répartition des auteurs et leur suivi devait être assez simple au départ. Je démarchais et Alain devait effectuer le suivi des anglophones. Mon niveau est proche de celui d’un Schwarzenegger au début de sa carrière hollywoodienne et Alain étant bilingue… on voulait mettre nos forces réciproques en action. Le plus amusant est que sur les 220 participants, Alain en a géré une dizaine et moi tous les autres, y compris les anglophones ! Sinon en terme d’organisation, ce n’était pas simple mais je crois qu’il fallait être un peu taré pour se lancer dans ce projet.
Juridiquement, travailler avec tous ces artistes c’est comme planifier l’invasion de La Latvérie ?
Je dois être un bon Fatalis car cela s’est globalement très bien passé. Par contre, tu touches un point important : la planification. Au tout départ, Alain a eu le bonheur de devenir papa et forcément n’a pas été disponible souvent pendant quelques mois. Lors d’un échange, il m’a dit que cela devenait infernal et je lui ai envoyé le planning détaillé des différentes tâches jusqu’au 28 août 2017. Crois-le ou pas mais on n’a eu aucun retard, même de l’avance. Nous sommes des Machine Men, ça doit être ça le secret.
Crowfunding, relance des artistes, création d’un site internet, newsletter, envoi des albums, supervision des commissions de Lefeuvre et des gaffes de Bruce T. Des moments de doutes et de découragement ?
Les doutes, il y en a eu au tout départ. Le crowdfunding est un processus stressant et le début de la campagne a été assez lent. Les explications sont nombreuses : personne ne connaît Komics initiative (la structure éditoriale créée pour sortir Kirby&Me) ni moi ni Alain ne sommes des personnalités identifiées pour le grand public, personne ne voyait Kirby&Me comme ça, sauf Alain et moi.
Ensuite, nous avons passé beaucoup de temps à expliquer ce que nous voulions faire, pourquoi et comment on le ferait. Je crois énormément à la pédagogie et au dialogue mais ce n’est pas le cas de tout le monde et certaines personnes ont répandu de fausses informations, que ce soit sur des forums français ou américains. On nous a reproché de faire un ouvrage caritatif par exemple. Le prix (45€ pour une édition simple) et les frais de port ont aussi été beaucoup critiqués mais maintenant que les gens voient le livre, la qualité de l’édition et nos choix, on nous dit qu’il n’est pas cher du tout. On voulait un livre précieux, on l’a fait.
La création d’un site internet n’est pas franchement chronophage quant on a les bons réflexes. Le souci vient plutôt chez nous de notre incapacité à créer des visuels basiques pour promouvoir le projet. C’est à ce moment-là qu’on a besoin des copains.
Au final, je te dirai que pour deux gugusses, on a fait le pire projet pour débuter. Plus de 200 personnes à gérer, méconnaissance du monde de l’édition, naïveté accrue mais générosité omniprésente. On s’est défoncé pour faire le meilleur livre qui soit. On n’y est pas arrivé car aujourd’hui je vois plein de trucs qui ne vont pas mais, c’est fait. On peut enchaîner sur des projets moins stressants.
Une question un peu Marvel : est-il des moments où vous avez senti l’esprit de Kirby vous accompagner ?
Non. Pas vraiment. Je ne suis pas trop branché spiritisme, plutôt Spirit ! Plus sérieusement, en commençant Kirby&Me, on connaissait le talent de Jack Kirby à travers ses comics et ses autres créations. On connaissait sa vie à travers des biographies dont l’excellente de Jean Depelley. Là, c’est l’instant Patrick Sébastien de l’interview, on a vu tout l’amour que portaient les gens à lui. De la passion évidemment mais aussi un véritable attachement pour l’auteur, l’artiste et l’homme en lui-même. On a eu de très beaux messages de personnes ayant côtoyés personnellement ou professionnellement le King of Comics lorsqu’ils ont découvert le livre.
Certaines planches touchent au sublime. Vous possédez tous les originaux ?
Oula malheureux ! Non, nous n’avons pas les originaux. Les auteurs les ont conservés pour des questions d’ordre pratique. Nous avons prévu une seconde phase à Kirby&Me consistant à lancer une vente aux enchères en partenariat avec Hero Initiative pour récolter plus de bénéfices avec certains des originaux présents dans le livre et que les auteurs ont offerts. Bientôt plus d’informations.
Y’aurait-il matière à expo ?
Ce n’est pas à moi de le dire. En fait, je viens de terminer la préparation d’une exposition Kirby&Me avec le Comic Gone. Elle sera présentée durant le weekend du 16-17 septembre. On a travaillé dessus et on espère que les visuels sélectionnés et les textes permettront aux gens d’en apprendre plus sur Jack Kirby, sur ce qu’il représente pour les auteurs mais aussi de promouvoir le livre ! On espère que l’exposition se baladera ensuite un peu partout. Ce serait cool.
Mickaël, t’en as pas eu marre de Kirby au bout d’un moment ?
Franchement, non. Mes proches évidemment lol.
Le témoignage de Dionnet vaut son pesant de cacahuètes. Quelles sont les anecdotes sur le personnage qui t’ont le plus marquées ?
Je ne peux pas te répondre. Chaque témoignage d’expert ou d’un artiste apportent quelque chose, un souvenir ou une analyse. Si ça a de l’intérêt, c’est dans Kirby&Me. Et je pense qu’en plus, avec l’utilisation des QR codes, on apporte un contenu encore plus grand pour le lecteur avec des interviews, des témoignages supplémentaires, des illustrations bonus. On a essayé que le livre continue de vivre pour le lecteur et qu’il se penche un jour sur le témoignage de Jean-Pierre Dionnet puis sur celui de Diana Schutz par exemple.
Le livre est divisé en 4 parties. A quoi correspondent-elles ?
Lorsque l’on a réfléchi à la manière d’architecturer le livre, on a pensé à plein de choses et surtout beaucoup de n’importe quoi. Un jour, Alain vient me voir à l’une de nos petites réunions du midi et me dit avoir une idée simple mais efficace. Il me parlait des sensations ressenties à la lecture ou à la vision d’un hommage. On a essayé de répartir tout cela et le résultat a été surprenant. Cela fonctionnait bien. Il nous a fallu ensuite donner de vrais titres à chaque chapitre. Si vous creusez un petit peu, vous verrez par exemple que la troisième partie, nommée Bastogne, évoque quelque chose dans la vie de Jack Kirby lors de son passage en France.
Quand le bébé arrive de l’impression, quelle fut votre première réaction ?
Pour l’anecdote, j’ai du malheureusement être arrêté durant le mois de juin des suites d’une opération. Je n’avais pas le droit de porter un pack d’eau par exemple. Or, le 21 juin, jour où c’était la canicule, j’ai vu débarquer devant chez moi un transporteur routier avec 6 énormes palettes de plus de 350 kilo chacune. Et comme c’était lourd et qu’il faisait chaud, je n’allais pas laisser ce pauvre transporteur en galère ! Une fois, les palettes mises en sécurité, j’ai pu ouvrir un carton et… ça fait bizarre. L’aboutissement de mois de travail, on n’y croît pas et on repère vite les 2-3 coquilles (que personne ne verra) et on se dit que c’est fini, mais non, ensuite il faut faire partir les livres !
Il est possible de se procurer encore l’album ?
Oui mais dans la limite des stocks disponibles. Le livre est sorti officiellement le 28 août 2017, jour du centenaire de Jack Kirby. Sur le tirage initial de 1300 unités, il nous reste un peu moins de 300. Et ça part vite !
Galactus et Ben Grimm sont les personnages qui reviennent le plus souvent dans les hommages à Kirby. Quels sont ceux que tu affectionnes (les personnages) ?
Dresser une liste n’est pas facile et surtout trop réducteur. Ben Grimm est génial, Galactus ou Fatalis aussi…. J’adore OMAC aussi !
Si Victor Von Doom te prêtait sa machine à remonter le temps, que dirais tu au jeune Mickaël Gereaume ?
Je lui dirai sûrement de croire en lui à tous les niveaux car il est bien meilleur que ce qu’il pense être. Et je lui dirai de faire des efforts en anglais !
On se retrouve en 2022 pour un Stan Lee & Me ?
On se retrouvera avant mais pas sur StanLee&Me. Organiser un ouvrage collectif de cette dimension n’a pas été de tout repos. Là, on se dirige vers d’autres idées. Mais on a un collectif dans les tuyaux, peut être en 2022 ! Mais pas Stan Lee. Quoique. On l’aime bien notre papy moustachu.
Un dernier mot pour les lecteurs de Bruce Lit ?
Immarcescible.
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Tout, vous saurez tout sur le projet Kirby and me. Entretien crépitant d’énergie par son fantastique captain dévoreur de pages : Mikaël Géreaume pour une uncanny exclusivité Bruce Lit.
D’un King à l’autre, que de l’amour….
J’ai eu la chance que Bruce me prête son exemplaire pour le feuilleter, et je confirme qu’il s’agit d’un objet imposant et respectable, suintant la passion pour Jack Kirby à chaque page.
J’ai beaucoup apprécié cette interview, pour son humour, pour son dynamisme, et pour le déroulé du projet, avec chacune de ses phases, et sa durée. Quel boulot !
@Jp : puisque hier était évoqué le financement participatif….
ça a l’air chouette comme bouquin. Et l’interview est intéressante. Ce genre de projet né de passionnés est toujours intéressant à connaître. ça me rappelle aussi le DVD documentaire sur Ray Harryhausen nommé « le titan des effets spéciaux » qui fut un projet franco/britannique initié par Gilles Penso qui a pris du temps pour prendre forme avant que les archives du monsieur aux US lui soient carrément rendues accessibles par ses proches parents.
Après je ne suis pas spécialement un fan de Kirby. Je lui reconnais une grande créativité mais il n’est pas vraiment mon dessinateur préféré. Il a inventé plein de personnages bien sûr mais puisque les histoires de Stan Lee ont pris un coup de vieux et que la partie graphique n’a pas forcément ma préférence, je ne pense pas me procurer le bouquin. Mais c’est bien que des projets comme ça puissent voir le jour.
Etant donné que je n’avais jamais entendu parler, jusqu’à aujourd’hui, de ce projet, je prends conscience que ces derniers temps, étant très occupé par autre chose, j’ai vogué dans un autre monde…
Fort peu intéressé par l’exercice de l’interview et par Jack Kirby lui-même (j’étais fan quand j’étais gamin mais plus du tout aujourd’hui pour à peu-près les mêmes raisons que Matt évoque plus haut), je pensais que je zapperais rapidement cet article. Et puis, ma foi, je suis entré dedans et j’ai été happé jusqu’au bout, de par l’énergie positive qui s’en dégage. Toutes mes félicitations à ce duo de jeune fans, donc, pour avoir réussi à mener à bien un projet aussi titanesque !
PS : Les dessins de Laurent Lefeuvre sont magnifiques !
@Tornado : je ne regrette pas de m’être laissé entraîné dans ce maelstrom médiatique au moment du crowfunding. Le livre est juste magnifique et m’évoque l’Anthologie des Beatles.
@Omac : tic-tac….
@Matt: je ne respire pas la passion Kirby non plus. Mais l’occasion d’en savoir plus sur ce personnage a été la plus forte. Un des participants n’hésite pas à le qualifier d’artiste du siècle avec Picasso tant son héritage est immense. Il doit avoir un peu raison, sinon nous ne serions pas là. Même si pour ma part je penserai spontanément à Hergé ou Bowie en musique.
J’ai participé à la campagne Ulule et j’ai reçu mes bouquins pendant l’été.
C’est un très bel objet et la maquette est très bonne. Les textes sont à la fois en français et en anglais et pourtant, le tout reste très aéré et lisible.
Le grand format permet de bien mettre en valeur les dessins. Certains textes forment carrément des articles à part entière et sont riches d’anecdotes.
Je garde précieusement mon exemplaire avec une dédicace de la Chose un verre à cocktail dans la main (par le prolifique Laurent Lefeuvre) et j’ai offert les deux autres à des amateurs de BD ou comics de mon entourage…
Concernant Jack Kirby, je n’étais pas non plus fan de ses dessins. Lorsque j’ai découvert les comics, j’étais plus attiré par John Buscema, John Byrne puis Jim Lee. Mais en construisant petit à petit une culture comics, force m’a été de reconnaître l’immense apport de Kirby au monde des super-héros, de Captain America aux New Gods, en passant par les FF, le Silver Sufer et j’en oublie…
Quand on connaît la « Marvel Method », il semble clair que Stan Lee s’est arrogé le plus grand mérite au détriment de Jack Kirby. Ce créateur débordant d’imagination et d’énergie a laissé un héritage énorme dans les comics mainstream et même s’il n’a pas inventé le bac à sable dans lequel les auteurs des « Big Two » jouent depuis des décennies, il a créé un sacré paquet de personnages et inspiré plusieurs générations. Les comics de super-héros n’auraient pas été pareils sans Kirby.
Moi, mon préféré c’était Jean Frisano….Mais on parle demain, je crois…
Concernant l’histoire de Kirby, même si le côté Barnum de Lee m’exaspère souvent, je n’aime pas beaucoup l’idée de toujours d’en faire le méchant et Kirby la victime. Je pense que la vérité doit être un peu plus nuancée. Un peu comme dans les conflit Gilmour/Waters, Richards/Jagger, Lennon-McCartney.
Je ne remets pas en doute son héritage, mais en ce qui me concerne (et tu le verras dans un futur article) ce genre de livre ne m’intéresse pas s’il n’y a pas de dessins ou si ceux-ci ne m’intéressent pas. J’ai des artbook de Frazetta parce que j’aime ses peintures. Si je voulais lire un article sur sa vie ou sa biographie, il y a Internet. Ce n’est pas que ça ne m’intéresse pas, mais ça ne m’intéresse pas sous forme de livre. Ce qui m’intéresse c’est d’avoir des reproductions de dessins, de peintures joliment réimprimées (tu vas me dire qu’il y a Internet aussi, mais non, l’avoir sur papier procure une autre sensation)
Donc malgré tout le taf abattu par les auteurs, aussi injuste que ça puisse paraître, pour moi c’est secondaire si je n’ai pas ma dose d’illustrations du monsieur en question. Là j’ai bien compris qu’il y en avait, mais n’étant pas spécialement fan, je fais l’impasse.
Ah mais voilà, je pensais ne pas en avoir entendu parler mais bien sûr je me souviens de la dédicace que tu as eu ! Veinard.
Au fait, Bruce, l’interview est bien sympa.
Je n’avais pas entendu parler de ce livre jusqu’à aujourd’hui, et je suis bien content que tu aies eu l’idée de te l’offrir, Bruce ! Cela a l’air très beau et très intéressant. Ce que je retiens surtout, c’est la folie de ce projet et la pugnacité et l’audace de ces deux frenchies. Je suis admiratif, à la fois de l’idée de base et de la somme du travail accompli. Ce doit être très intimidant de converser avec des pointures comme Sienkiewicz pour leur demander un boulot pas trop payé pour faire un livre de fans.
Ce livre est extra, le plus beau que j’ai eu à voir sur le King (et il y en a eu) Je suis fier d’être dedans mais indépendamment de ça le boulot abattu par les 2 fadas M and A est monstrueux!!
Et Jyrille, ce n’est pas intimidant de converser avec Bill Sienkiewicz (jai fait l’intermédiaire sur ce coup là) c’est Surréaliste!!! (et pas pour un boulot « pas trop payé » mais « pas payé du tout » 🙂