Prophecy par Tetsuya Tsutsui
Article de : MATTIE-BOY
VO : Shūeisha
VF : Ki-oon
1ère publication le 30/07/18 – MAJ le 24/06/2020
Aujourd’hui nous allons parler du manga Prophecy de Tetsuya Tsutsui publié en VF en 2012 chez Ki-oon.
Après le thriller proche de l’horreur Manhole et avant le pamphlet critique Poison city, tous deux chroniqués ici par le boss, Tetsuya Tsutsui signait ce Prophecy qui nous intéresse ici, un manga policier sur fond de critique sociale en 3 tomes.
On connait la face « culture populaire » du Japon. Les animes, les mangas, les figurines. Ou le volet touristique : son contraste entre les mégapoles énormes et les petits villages et temples sortis tout droit d’une autre époque. Mais le Japon, c’est aussi un des pays avec le plus fort taux de suicide. Et leur monde du travail est un des plus impitoyables. On se plaît à croire qu’ils sont exemplaires et sont dévoués à leur société. Mais derrière ce voile de civilité, comme dans beaucoup de pays, il y a un paquet de travailleurs pauvres exploités et écrasés par le système qui les prive de toute vie sociale.
Prophecy démarre avec une enquête liée à la cybercriminalité. La jeune inspectrice de police Erika Yoshino, membre d’une brigade spécialisée, plutôt ambitieuse et un brin arrogante se retrouve à s’occuper de l’affaire Paperboy. Paperboy, c’est le pseudonyme d’un internaute qui publie des vidéos pour annoncer des actions vengeresses. Il dissimule son visage derrière un masque en papier journal (d’où le nom Paperboy) et se livre à divers actes criminels pour soi-disant rendre justice. Il prend pour cibles des gens qui ont réellement des choses à se reprocher, comme une chaîne de restauration responsable d’une intoxication alimentaire qui nie ses responsabilités, un ancien étudiant qui prétend qu’une fille qui suit un mec n’a pas à se plaindre de se faire violer, un recruteur qui humilie sur le net un candidat qui passe avec difficulté un entretien d’embauche après une longue période d’inactivité ou encore des activistes environnementaux racistes qui se réjouissent de la mort de pêcheurs japonais lors d’un tsunami. La plupart de ces comportements sont légitimement révoltants. Cela dit, les punitions que Paperboy leur réserve semblent trop disproportionnées pour que le lecteur approuve pleinement ce genre d’agissements. Cependant, ce n’est pas l’avis des internautes qui, au fil du temps, après avoir simplement pris Paperboy pour un imbécile qui veut se faire remarquer, vont le soutenir dans ses actes.
Tout démarre donc avec cette traque d’un homme qui joue les « justiciers » mais prend pour cible des gens qui ne semblent pas l’avoir blessé lui, mais des personnes au hasard. Il s’arrange surtout pour créer le buzz sur Internet en tirant parti de la beauferie des internautes capables de s’extasier devant une vidéo de passage à tabac d’un homme, bien planqués qu’ils sont derrière leur écran chez eux. On sent poindre la critique des réseaux sociaux au milieu d’une enquête policière.
On pense un moment que le « méchant » sera ce Paperboy même si son côté vengeur masqué qui dénonce de réels problèmes à travers sa croisade contre les cadres orgueilleux, les patrons esclavagistes et autres hauts placés qui regardent de haut les petites gens et les dépouillent de leur dignité nous le rend un minimum sympathique. Je dis un minimum car il est évident que ses actes vengeurs sont complètement illégaux. Seulement voilà, à la fin du premier tome, on apprend qui il est, d’où il vient et qui sont ses complices. Il s’agit de quatre personnes venues d’un milieu très défavorisé qui ont été traités comme des esclaves en tant que travailleurs journaliers.
Pour les curieux, la pauvreté urbaine au Japon revêt divers aspects. Comme celle des yoseba (marchés du travail journalier) qui sont des lieux désolés, comme laissés à l’abandon au sein desquels les règles de la société japonaise ne sont plus respectées et encore moins le code du travail. Ici, pas de CV, de contrat de travail, de fiche de paie, rien. C’est du travail au noir dans les pires conditions et si vous mourez, on vous remplace. Nos quatre personnages ont perdu ici un ami très cher et se sont ligués pour assassiner leur patron. Chacun à leur tour, afin que tous soient responsables, ils se sont passé une pelle pour achever leur bourreau. Suite à ça est né Paperboy, ce personnage insoumis en croisade contre les injustices sociales. On le devine capable du pire et en même temps on comprend sa colère. Et c’est sur ce sentiment ambigu envers ce personnage qui exhorte les gens à préserver leur dignité que s’achève le premier tome.
Le début du manga est donc efficace mais pourra peut être rebuter les réfractaires aux nouvelles technologies puisque Tetsuya Tsutsui prend bien la peine de décrire des techniques de traçage utilisées par la police pour remonter à la source d’émission des vidéos. On nous parle donc d’adresse IP, de clé WEP pour le wifi, de token OTP (one time password), de PC zombie (ordinateur piraté à distance dont le hacker prend le contrôle) que le criminel maitrise pour brouiller les pistes, etc. En tant que technicien informatique moi-même, cela ne m’a pas dérangé, d’autant que contrairement à certains films qui racontent n’importe quoi pour se la jouer « technique » et dans lesquels des types piratent des serveurs de la NSA en 10 secondes le temps de prononcer leur réplique, ici c’est beaucoup plus réaliste. Et c’est ça le truc ! Il faut surtout y voir un souci de réalisme de la part de l’auteur qui nous expose les moyens techniques existants et les failles exploitables même pour des individus démunis. Au Japon, on peut louer un « box » d’à peine 2 ou 3m² avec un PC, un accès internet pour 1700 yens (environ 13€) la nuit. C’est dans ces conditions qu’opère Paperboy, ce qui renforce aussi l’aspect « accessible » pour quelqu’un d’intelligent de déclencher le chaos via Internet.
Il reste quand même à savoir quel est le but de Paperboy. Répandre le chaos ? Devenir une star sur le net pour satisfaire son ego ? Eh bien non. C’est là que le manga est fort. Tsutsui est certes assez dur envers les entreprises et certains fondements de la société japonaise, mais il n’épargne pas du tout le citoyen lambda derrière son écran. Il s’attaque à la tendance perverse des internautes en manque de scandales à lapider des hommes à terre au travers de commentaires haineux. Mais Paperboy semble trop intelligent pour juste chercher à mobiliser des internautes frustrés contre un restaurateur qui aurait mis des cafards dans ses plats. Quelque chose cloche.
Face à la montée de la popularité de Paperboy, les politiciens réagissent et proposent une certaine forme de contrôle de l’information diffusée sur Internet. A travers ce nouvel élément, Tsutsui dresse un portrait de la manipulation des médias avec des gens payés pour réagir favorablement à un projet de loi afin de construire de toutes pièces une opinion publique. Il s’agit de la fameuse loi ACTA, un traité international multilatéral sur le renforcement des droits de propriété intellectuelle qui est vivement critiqué pour cause d’atteinte à la liberté individuelle (il serait par exemple quasiment interdit de prêter un film à un pote, il faudrait lui dire de l’acheter). Le Japon a ratifié cette loi en 2012. Paperboy semble se réjouir de la tournure des évènements car il avait semble-t-il prévu les conséquences de ses agissements et détient de quoi décrédibiliser le député responsable de ce projet.
Cela dit, les motivations de Paperboy resteront mystérieuses jusqu’à la fin. Je me garderai de vous les révéler. Pour ma part, elles ne m’ont pas entièrement convaincu mais ce que je retiens surtout ce sont les moyens utilisés pour parvenir à ses fins. Au travers des agissements de son justicier violent, l’auteur aborde non seulement les injustices sociales, l’abus de pouvoir, les dangers d’Internet, les comportements irresponsables des internautes qui retournent leur veste comme si n’importe quel drame était un divertissement, ainsi que les magouilles des politiques. C’est une critique massive de tous les aspects pervertis de notre société.
Concernant les motivations de Paperboy, si je disais qu’elles ne m’ont pas trop convaincu, c’est parce qu’elles ont un rapport avec la façon dont il a manipulé la police pour son propre intérêt. Même si on suppose qu’il a cherché leur assistance par ce biais parce qu’aucun flic n’aurait pu (ou voulu) mobiliser les moyens nécessaires pour l’aider s’il n’y avait pas eu la résolution d’une affaire de terrorisme à la clé, on se dit que c’était beaucoup de bruit pour pas grand-chose. Et que Paperboy est presque trop malin pour être un personnage à 100% crédible. Donc pour ma part, même si Paperboy dément le fait d’avoir fait tout cela pour se venger de la société, je ne peux m’empêcher de penser que c’est un peu le cas tant il conserve malgré tout un esprit révolutionnaire avide d’exposer au grand jour toutes sortes de magouilles à divers niveaux hiérarchiques.
Au-delà de cette intrigue, Tsutsui n’oublie pas de faire vivre ses personnages. Les membres du quatuor « Paperboy » sont des êtres humains qui ont leurs problèmes, leurs regrets, leurs faiblesses. Le cerveau du groupe lui-même s’exposera en ne résistant pas à l’envie de pousser un jeune mis en position humiliante par la police à se rebeller, à ne pas se laisser marcher dessus. Un autre voudra laisser tomber leur projet à cause d’une fille et prendra contact avec la police. Face à eux, la belle inspectrice Erika est un personnage assez savoureux. Très intelligente, elle est aussi aimable qu’une porte de prison et sa franchise donne lieu à des scènes assez amusantes. Comme lorsqu’elle répète à haute voix dans un bar sans le moindre tact la déclaration gênante d’une victime de Paperboy qui avouait discrètement s’être fait introduire un objet dans le rectum. C’est sa façon à elle de déstabiliser ou punir ses interlocuteurs. Au final, si elle nous semble assez rigide et orgueilleuse au début, elle va nous devenir sympathique et plutôt drôle par son côté sans gêne.
Elle va aussi se mettre à « admirer » ou du moins reconnaître le talent et les convictions de Paperboy qu’elle considérait à tort comme un imbécile au début alors qu’il se montre capable de mettre à mal les puissants sans faire couler une goutte de sang. Leur rapport de force va d’ailleurs évoluer de manière intéressante à la fin. Les deux subalternes de la belle sont aussi assez sympathiques même si plus effacés que leur patronne.
Dans le troisième tome, ceux qui ont lu le one shot Reset du même auteur reconnaitront aussi le personnage principal dans le rôle du hacker qui travaille pour la police. Ce n’est cela dit pas nécessaire pour la compréhension de l’histoire.
Ce qui domine dans ce manga, c’est donc cette critique acerbe de la société mais malgré tout également une absence de manichéisme. On ne peut pas vraiment excuser les agissements des terroristes « Paperboy » mais malgré tout, leurs actions contre des manipulateurs sans vergogne, des patrons cruels et autres dérives médiatiques sont assez jouissives. Surtout qu’elles sont pour la plupart non-violentes et bien orchestrées. Mais nos « justiciers » vont commettre des erreurs. Car ce sont aussi des individus perdus, sans espoir en l’avenir, qui ont fait des erreurs et ont des regrets.
De même du côté de la police, bien qu’Erika symbolise des valeurs d’ordre opposées à l’avatar du chaos Paperboy, elle va finir par respecter son adversaire et aura quelques problèmes à accorder sa protection à certaines victimes « légalement innocentes » qui sont cependant d’abjects individus.
De même, Tsutsui donne, comme dans son Poison city , des arguments et des justifications crédibles aux deux camps : les minorités persécutées qui ne peuvent compter que sur elles-mêmes, et les autorités qui dénoncent le danger de se faire justice soi-même et d’inspirer des imbéciles à en faire de même pour des raisons douteuses. Ainsi Tsutsui nous incite davantage à réfléchir en exposant tous ces dysfonctionnements de société et les difficultés de certaines populations plutôt que de nous matraquer ce qui est bien ou pas. On n’a donc pas la désagréable impression d’un propos orienté qui éluderait certains problèmes (ça, c’est la spécialité des politiciens justement).
A savoir qu’une suite de ce manga est sortie intitulée Prophecy the copycat . Je ne l’ai pas lue. Je me méfie toujours des suites. Pour ma part, lorsqu’un récit se suffit à lui-même, aussi bon soit-il, je ne ressens pas l’envie d’en voir une suite. C’est toujours Tetsuya Tsutsui aux commandes mais uniquement sur le scénario puisqu’il laisse la parte graphique à Fumio Obata. A l’occasion je me laisserai peut être tenter. Compte tenu du titre, on devine que quelqu’un reprend le flambeau de Paperboy, un copycat étant un criminel qui copie les agissements d’un autre. Le concept reste cohérent puisque déjà dans l’œuvre initiale, les vidéos en ligne incitaient quelques idiots à copier Paperboy pour de mauvaises raisons. Reste à savoir si cette fois-ci il va s’agir du même genre de terroriste ou s’il va être plus malveillant.
Concernant le dessin de Tsutsui, il est sobre et efficace. Il est parfois un peu avare en décors mais son style ne soufre d’aucun problème majeur. Ses personnages sont bien typés et les voitures, le matériel électronique, les diverses architectures bénéficient d’un certain soin du détail. La sobriété vient surtout du fait que lorsque ça ne semble pas nécessaire, Tsutsui se dispense de remplir l’arrière plan de ses cases. Mais le résultat final est un style aéré et plaisant, sans être exceptionnel.
On notera une attention particulière accordée au personnage d’Erika avec parfois un niveau de détails destiné à mettre en avant sa beauté, ou parfois au contraire un dessin qui lorgne vers une version « chibi » de son personnage pour renforcer un aspect comique (les chibi sont des mini versions des personnages, avec une grosse tête et des expressions basiques infantilisées pour l’aspect comique). Cela dit, le manga étant réaliste et sérieux, on ne tombe jamais dans la caricature trop prononcée et cette utilisation est rare. Un exemple en bas du scan suivant.
En conclusion, c’est une série de qualité que Tetsuya Tsutsui nous propose ici. Malgré quelques aspects moins crédibles en rapport avec la trop grande intelligence des personnages, il n’en reste pas moins une série humaniste qui nous fait réfléchir sur les dangers de nos sociétés, des technologies modernes et nous rappelle qu’on vit dans un monde qui privilégie le profit, les apparences, le spectacle au détriment du respect des individus.
Et cela sans donner l’impression de pointer du doigt ou de juger les individus qui ne rentrent pas dans la norme (ce serait le comble en même temps avec un sujet de fond pareil, mais pourtant un écueil moralisateur pas si simple à éviter). Le manga assure également un bon divertissement teinté de quelques touches d’humour et d’émotion grâce à des personnages efficaces. Je recommande.
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La BO du jour : un vaurien avec un sac à papier sur la tête ? Ça vous rappelle rien ?
Intéressant l’utilisation et la critique des médias sociaux. Comme tu le soulignes un des points forts des mangakana est le travail documentaire qu’il font en amont de chaque publication et qui rend si crédible leur personnage ici avec une traque technique sur internet. Cela à l’air très chouette. On ne peut qu’ approuver le masque de papier qui donne à voir la tête du vrai coupable dans l’histoire si je comprends bien
Comme toujours, je trouve que les mangakas déroulent une assez impressionnante capacité à imaginer des concepts purement géniaux, encore qu’ici on songe très vite à « V Pour Vendetta » en ce qui concerne le pitch dans ses généralités.
Les images sont souvent impressionnantes, mais décidément cette lecture de droite à gauche est au dessus de mes forces. J’ai déjà eu du mal sur un seul scan. Alors trois tomes…
Pour ce qui est de trouver les agissements des terroristes irréalistes car ils sont trop intelligents, personnellement ça ne me gêne pas. C’est une critique qui est régulièrement adressée aux histoires de serial killers, par exemple. Alors que c’est justement cette dimension « irréelle », où le criminel apparait un peu de l’ordre du surhomme, qui fait tout le sel de ce genre d’histoires. Si ça devient trop réaliste, c’est du naturalisme chiant à tous les coups. J’ai par exemple une très nette préférence pour « Seven » de Fincher par rapport à « Zodiac ». Deux films sur un Serial Killer, le premier étant nettement moins réaliste que le second, et pourtant bien plus addictif.
Ah j’aime bien Zodiac moi. Une enquête policière « naturaliste » ne me dérange pas autant qu’un drame social par exemple.
Mais je comprends le point de vue.
Ce n’est pas non plus très gênant dans le manga, mais disons que ça contraste un peu avec le souci de réalisme dans la représentation des moyens et des techniques utilisées.
Pour donner un exemple, on voit souvent dans les films le gimmick de la photo toute pixelisée dégueulasse qui empêche de reconnaitre une personne. Et puis là un crack en informatique se pointe et rend la photo super nette. Ouais ben c’est des conneries ! Si t’as une caméra à chier de base et qu’il te manque des infos sur une image, aucun logiciel du monde ne peut inventer les infos qui n’ont pas été enregistrées. A la limite adoucir les pixels, mais ça va juste être flou. Je suis bien conscient que c’est un « détail » pour beaucoup de gens, et ça ne me fait pas détester le film pour autant, mais ça n’a juste aucun intérêt. Pourquoi ne pas dire tout de suite que la photo était de bonne qualité ? Je pense c’est juste pour nous montrer de manière artificielle et irréaliste que le technicien qui va rendre la photo nette est super fort. Mais avec quelque chose d’impossible dans la réalité.
Dans ce manga, il y a une vraie intention de nous rendre crédible et réaliste ce qu’ils font. Pour une analyse plus fidèle des problèmes de société, de la manière de les combattre, etc.
Donc le mec qui avait tout prévu et tout compris, ça nous sort un peu de ce réalisme. Ce n’est pas bien gênant, j’aime beaucoup ce manga. Mais ça se remarque disons.
@ Matt et Tornado, Fincher est un tout bon et Seven peut être revue même si la saveur du twist final n’est plus là, rien que pour la séquence où Morgan Freeman va faire des recherches à la bibliothèque (entièrement crée) sur fond de JS Bach et dans cette douce lumière verdâtre. Mais je préfère Zodiac, peut-être parce que c’est le film où Fincher s’est le plus impliqué personnellement, et que l’on sent sa passion ancienne pour cette affaire.
Je suis curieux de découvrir sa nouvelle série sur les tueurs en série, genre où il s’est révélé, Mindhunter sur Netflix au mois d’octobre…
Tiens bah pour reprendre ton exemple de V pour Vendetta. ça ne me gêne pas qu’on ne nous explique pas comment il fait pour pirater les chaines de télé. On s’en fout. Il y a un petit côté « justicier super héroïque » dans V.
Prophecy se place du point de vue de monsieur tout le monde. Chaque acte de Paperboy est réaliste et même s’il s’y connait en informatique, il ne pirate pas les serveurs du FBI en 3 secondes. Il a un atout crédible dans sa manche, il a des complices qui placent un virus sur le portable de tel personnage de manière réaliste (l’un d’eux bosse dans un hotel et s’infiltre dans une chambre, colle un mouchard sur un PC avec sa clé USB, etc). A aucun moment ils font un truc de dingue non-expliqué. Et ça a une vraie importance dans l’intrigue puisque ce que Paperboy cherche réellement, il a besoin des flics pour l’obtenir. Si c’était un super héros capable de tout pirater, il n’aurait eu besoin de personne et il n’y aurait pas eu d’histoire^^
C’est donc face à cette non-exagération des choses que l’exagération de son intelligence étonne.
Voilà un manga que j’ai déjà dû offrir à 3 reprises à différents neveux ou autres, sans l’avoir jamais lu.
J’ai bien aimé la manière dont tu évoques l’intrigue et les thèmes principaux sans rien dévoiler qui pourrait gâcher la lecture ultérieure de quelqu’un comme moi qui ne l’a pas lu. Je suis assez curieux de la critique vis-à-vis du comportement des internautes à l’abri derrière leur écran, et de la capacité de chacun à tout transformer en spectacle, un thème intéressant.
Et bien merci Matt d’avoir couvert cette histoire importante qui m’avait marqué lors de ma première lecture en 2016. Tu es arrivé à couvrir les thématiques de toute la série sans quasiment divulgacher…Enfin, si..mais je dirais pas où.
Je te remercie également d’y avoir consacré une place importante au personnage d’Erika qui m’avait marqué par son intelligence et son attitude. C’est une femme que j’aimerais revoir dans d’autres séries de Tsutsui.
Comme toi, je ne suis pas sûr d’avoir envie de lire une suite même si le concept de copycat n’est pas absurde.
On nous parle donc d’adresse IP, de clé WEP pour le wifi, de token OTP (one time password), de PC zombie (ordinateur piraté à distance dont le hacker prend le contrôle) que le criminel maîtrisé pour brouiller les pistes, etc : c’est exactement ce qui m’a fait abandonner la série lors d’une première tentative en 2015. Je n’y comprenais rien ! Mais à force d’éloge, j’ai repris un an plus tard et ne l’ai jamais regretté.
Je trouve la fin de cette histoire superbe plein de rebondissements et d’émotion.
C’est en rédigeant le teaser ce matin que, moi aussi, j’ai pensé à V. Et la boucle est bouclée puisque les Anonymous font du hacking comme Paper Boy. Je m’étais également fait la réflexion de la super intelligence de ce jeune homme. Mais à l’inverse de « V », nous sommes dans une organisation qui sort du héros solitaire, ça j’avais bien aimé.
Un album important qui a toute sa place chez Bruce Lit . Tes scans sont maison ?
D’après ce que j’ai lu, la suite se déroule pendant l’enquête principale mais se focalise sur des types qui imitent Paperboy. Il n’est pas impossible qu’on puisse y voir Erika^^ Et hop, te voilà coincé entre ne pas vouloir lire la suite et vouloir revoir Erika.
Bon…cela dit, j’en ai aucune idée. Peut être qu’elle n’apparait pas.
Je ne sais plus sur quel article mais je me souviens t’avoir poussé à reprendre la lecture de Prophecy. Tu l’as peut être décidé seul mais j’suis content quand même que tu ais franchi le pas. Pour moi ce n’est pas du tout incompréhensible ce volet technique. Je ne trouve pas non plus que l’auteur en fasse des caisses avec des mots compliqués. Mais je comprends que ça puisse refroidir. ça se calme largement par la suite, c’est surtout pour le réalisme.
Non, les scans ne sont pas maison. Enfin…ils sont retouchés maison comme souvent (j’inclue plusieurs morceaux de pages en un seul scan) mais je les ai trouvés en ligne. Après moult efforts cela dit.
Depuis que je t’ai envoyé l’article, j’ai même trouvé un site où on peut lire le manga. Donc j’aurais pu mettre n’importe quelle page en fait. Mais c’est vilain et illégal comme site, je ne dévoilerai pas mes sources^^
Pour ceux qui se demanderaient d’où vient le titre :
https://www.youtube.com/watch?v=b6GVyWLI2B8
J’avais complètement oublié ce sketch. Il faut dire que je ne connais pas aussi bien Coluche que Desproges, mais c’est génial ! Merci Mattie !
Hé ho ! Je connais hein ! J’ai de la culture ! 😉
Je rejoins les autres commentaires, c’est un article très bien dosé. Un équilibre savant comme pour la robe d’une femme : « suffisamment long pour couvrir le sujet, assez court pour susciter de l’intérêt ».
Pour les explications techniques présentes, je suis assez client car je bosse dans l’informatique et les réseaux. Du coup, moi aussi, ça m’agace quand je vois des énormités dans les séries ou films US (dans des séries comme NCIS ou Bones, quand j’ai la faiblesse de regarder distraitement…)
Quelques exemples :
– le crack en informatique qui connait TOUS les systèmes d’exploitation et TOUS les langages de programmation
– le virus qui fait exploser les ordinateurs !
– l’ordinateur arrêté en tirant sur… l’écran !
– le message décrypté en 30 secondes sans posséder la clé de cryptage privée…
– l’adresse IP V4 avec des chiffres au dessus de 255
OK, je suis sûr que certains de ces exemples ne doivent pas vous parler mais lorsqu’ils s’accumulent dans une série, ça finit par me sortir de l’histoire parce que, face à un problème, je me dis : no soucy, le scénariste va leur inventer une solution irréaliste pour qu’il puisse s’en sortir…
« l’adresse IP V4 avec des chiffres au dessus de 255 »
Ah elle est pas mal celle-là^^ Jamais vu ça.
Je comprends que ça n’intéresse pas les spectateurs mais du coup je m’interroge sur le but de mettre ces éléments techniques dans le film ou la série si c’est pour raconter n’importe quoi. Autant dire que le mec est fort et va faire un truc, voilà. Aussi irréaliste que ce soit qu’un mec parvienne à pirater tout et n’importe quoi, au moins ils ne sortiraient pas un jargon qui n’a aucun sens^^
Ce qui est marrant aussi, c’est que souvent le technicien il a besoin d’outils. De programmes pour faire sauter les mots de passe, etc. Et s’il ne les a pas sous la main, c’est pas un magicien, il ne pourra rien faire. Dans les films, non. Il suffit de taper plein de trucs super vite sur le clavier^^ (ils doivent tous être sous Unix) Et les ordinateurs font « bip bip » aussi^^
Merci de ton retour en tous cas.
Un bien chouette article, où l’on apprend plusieurs choses autour du scénario très intéressantes, et au final un parti pris bien argumenté.
Merci, tout ça m’a donné envie de jeter un coup d’œil à cette histoire.
Très bon article d’une série qui a l’air très intéressante. En plus de V pour vendetta, j’ai fortement pensé à Death Note, pour le côté jeu d’échecs entre les policiers et les hackers. Etant donné que moi aussi je travaille dans l’informatique (mais ne suis plus technicien depuis longtemps, et encore moins un vrai technicien), je suis extrêmement agacé par les incohérences informatiques des films. Même dans un très bon James Bond comme Skyfall, c’est presque n’importe quoi, c’est désespérant. Du coup, ce genre de détails me touche et me donne encore plus envie d’essayer ce manga. Le coup de la photo zoomée, c’est toujours de la paresse scénaristique.
A ce propos, j’aime beaucoup les articles de Jean-no sur son dernier blog , où il décortique beaucoup la représentation de la technologie dans les films. C’est toujours très intéressant, autant graphiquement que artistiquement.
De plus, le thème me plaît et me rappelle encore une fois Death Note. Ils sont forts quand même, ces mangakas, à trouver ce genre de concept. Merci donc, Mattie !
Oh c’est nettement moins chiant que Death Note. Les personnages ont des émotions réelles et humaines.
Haaaaa très bonne critique de mon manga préfère ! Cette serie ma vraiment marque ! Cette article résume très bien le manga je n’ai rien à ajouter 🙂
Une version perverse et contemporaine du livreur de journaux (Paperboy) et une héroïne séduisante plus attractive que le pétrolier homonyme de triste mémoire.
2 bonnes raisons de découvrir ce manga que tu dévoiles avec beaucoup d’habileté comme JP l’a si lestement tourné.
Woah tu penses à un pétrolier quand on te dit Erika ? Et toutes ces pauvres filles qui portent ce nom ?^^
Merci de ton retour en tous cas. Tu peux foncer découvrir cet auteur.
J’ai décroché au bout de quatre paragraphes. Ce post est un vrai roman !
Plus court svp
Oui, il faut parfois faire des efforts, mais au final, cela vaut le coup ! En général, je préfère prendre mon temps et lire dans de bonnes conditions.
Bonjour Sayen,
merci beaucoup d’être passé et de t’être donné la peine de laisser un message.
Comme tu l’auras peut-être constaté, les articles longs sont la marque de fabrique du site. Néanmoins, il t’est également possible de lire les 2 paragraphes d’introduction et les 2 paragraphes de conclusion pour avoir une version courte.
Bonne journée
Surtout ne voyez pas d’agressivité dans mes propos.
J’adore votre site et la qualité / diversité des articles.
Mais je constate que parfois c’est trop long, surtout si on compare avec UMAC ou Planet Bd.
La rubrique de vos commentaires souvent très étoffée pourrait caser 3/4 de vos articles.
Pas de souci, je comprends tout à fait qu’on puisse préférer les articles courts. Il se trouve juste que la politique éditorial du site privilégie les articles longs, peu courants sur UMAC ou Planète BD, ce qui offre un choix au lecteur en fonction de ses préférences.
Tu t’es déchaîné Mattie. cet article te ressemble quand on le lit…
c’est complet et c’est original de sortir un papier sur un manga pas forcément pas hyper commercial.
La manga ose parfois de traiter des sujets sous un « regard » assez anar et frondeur ce qui est de plus en plus rare ailleurs….
c’est souvent contrebalancé par un côté « irréaliste » et rempli de clichés sur les personnages qui empêchent parfois une immersion totale…
Par exemple Death Note pourrait être un thriller hyper efficace si la police ne prenaient pas comme consultant des « génies improbables de 16 ans » surtout géniaux pour avoir des déductions synchrones complètement capillotractés et réussir à faire croire à tous le concept d’un tueur qui peut tout faire, comme si de rien n’était….
C’est vrai qu’il est un peu long cet article.
Bah…j’ai pas l’esprit synthétique. De toutes façons ça risque de changer la longueur des articles. Pour tout le monde.
On me reconnait ? Ah. pour le côté « média manipulateurs, fausse opinion publique, politiciens qui orientent les sujets comme ça les arrange » ?^^ Eh, c’est le manga, c’est pas moi. (même si j’suis bien d’accord)
Oui c’est vrai que Death note part en vrille pour moi après la mort de L. A la limite un seul petit génie, pourquoi pas ? Mais N et M, c’est quoi ces ersatz de L qui ont les mêmes mimiques à bouffer de la glace ou du chocolat ? Ils n’auraient pas du tuer L, tout simplement. Ou l’histoire aurait du être plus courte.
Là dans ce manga ce n’est pas aussi irréaliste, c’est juste que Paperboy a des motivations qui ne justifiaient presque pas tout ce qu’il a fait. Donc on sent qu’il l’a fait aussi par plaisir pour dénoncer des trucs. Mais pourtant il nie que c’était son but. Bon après…le lecteur jugera. Paperboy en a bavé, et il peut aussi être dans le déni.
Mais c’est sûr qu’il est super intelligent aussi. Un peu trop. M’enfin…c’est une fiction. L’important c’est quand même que, même si on peut être déçu par ses motivations, tous les commentaires et réflexions sur la société dans le manga sont pertinents et devraient faire réfléchir.
Je n’ai pas compris ce qui doit changer ?
TIens en allant chez Cyrille ce WE, j’ai lu du même auteur Dudd’s Hunt. C’est vachement bien. Tu connais Matt ?
Oui oui je l’ai lu aussi.
Vachement bien ? Et t’avais pas aimé Reset ? Je me demande si je ne confonds pas les 2 tiens. Parce que dans mon souvenir j’avais préféré Reset.
Dans les 2 cas il est question d’un jeu non ?
Reset m’a semblé trop hésitant à commencer tandis que DH frappe droit à la carotide.
Du coup ça m’évite de faire l’article 🙂
Mais Reset a un commentaire social que DH n’a pas, non ? C’est dans Reset le commentaire sur les gens qui vivent leur vie et « osent » des trucs (souvent mauvais) au travers du jeu, non ?
Avec un message final sur le courage de changer l’orientation de sa vie.
ça fait longtemps que je les ai lus.
Reset est plus social oui.
DH est plus dans l’action façon Battle Royale. 2 Twists assez habiles à la fin de l’histoire.