Daredevil, par Ed Brubaker & Michael Lark
1ère publication le 16/03/16- Mise à jour le 04/07/23
Un article de : TORNADO
VO : Marvel
VF : Panini
Cet article portera sur le run du scénariste Ed Brubaker lors de son passage dans la vie de Daredevil, un run majoritairement illustré par le dessinateur Michael Lark. Brubaker écrira les aventures du justicier aveugle de 2006 à 2009 en relevant un sacré défi : Passer après le run particulièrement brillant de Brian M. Bendis à une époque où les comics Marvel commencent à retomber dans une sphère infantile et bassement mercantile, où toutes les séries sont connectées sur des events de plus en plus lamentables.
Il bouclera ainsi la boucle d’une période initiée depuis les jours de gloire de Frank Miller, une orientation tragique et sombre, mature et (relativement) réaliste, avant que la série n’opère un retour à quelque chose de plus ouvertement super-héroïque.
Faites attention pauvres fous ! Car si vous n’avez pas lu ces épisodes, les lignes suivantes comportent des spoilers que même un aveugle pourrait voir…
1) Le Diable dans le Bloc D (épisodes #82 à 87).
C’est donc au tour d’Ed Brubaker de prendre en main la destinée de Matt Murdock. Ce dernier sort d’une incroyable série d’épisodes conduits par le duo Brian Michael Bendis (scénario) & Alex Maleev (dessins). Ces artistes avaient réalisé un parcours conceptuel impressionnant et jusqu’auboutiste, parsemé de traumatismes en tout genre, anéantissant la vie de notre héros, jusqu’à le faire incarcérer à la prison de Ryker’s Island. Une étape inoubliable de la mythologie consacrée au personnage.
C’est à ce moment, alors que Daredevil n’est plus qu’un souvenir, que Murdock croupit dans les mêmes cellules que ses ennemis et que son destin est brisé (il est purement et simplement accusé d’être Daredevil), que débute le run de Brubaker…
Dans la lignée de Frank Miller, de Kevin Smith, David Mack et Brian M. Bendis, l’auteur de Velvet propose au lecteur une approche particulièrement sombre et adulte du personnage, davantage proche d’un polar urbain que d’une habituelle histoire de super-héros en slip. Ce qui est tout à fait naturel pour un spécialiste en la matière (je ne parle pas de slip, mais de polar) !
Dès le départ, il met son personnage à rude épreuve en bouleversant son existence encore davantage qu’elle ne l’était jusque là, alors qu’il était difficile d’imaginer que ce fut encore possible !
En scénariste fasciné par la série noire, Brubaker est à son aise dans ce récit quasiment naturaliste, qui développe une saga carcérale étouffante, dont le décorum sonne incroyablement juste. Il parvient à conférer à ses personnages une épaisseur immédiate, tout en respectant à la perfection la caractérisation à laquelle ses prédécesseurs (depuis Frank Miller) nous avaient habitués.
Personnellement, j’ai trouvé dans cette histoire toute droite sortie d’un « film de prison » une belle somme de qualités narratives et de scènes marquantes. Oh ! Ce ne sont pas les scènes d’action qui ont retenues mon attention, mais plutôt celles qui exploraient l’intimité particulière du héros, dont les facultés sont toutes sensorielles. Ainsi ai-je particulièrement aimé cette séquence où Matt Murdock, isolé dans sa cellule, fait part au lecteur de la souffrance que lui inflige sa condition, alors qu’il possède des sens surdéveloppés. Les sons et les odeurs sont alors passés en détail, au travers d’une série de vignettes dont les images illustrent de manière puissante la souffrance du héros par analogie…
Dans l’ensemble, ce premier arc narratif souffre de quelques menus défauts. Premièrement, il ne s’impose probablement pas par son originalité et souffre, de ce point de vue, de la comparaison avec le run de Bendis & Maleev. Notamment du côté du scénario, dans la mesure où les événements frôlent la redite, en prolongeant les arcs précédents sans les révolutionner. Et il manque d’originalité puisque le graphisme de Michael Lark est tout de suite plus classique que celui d’Alex Maleev.
Les lecteurs les plus perspicaces auront également tôt fait de relever divers raccourcis un peu naïfs, dont le dénouement, qui intervient par le biais d’un climax au cœur du grand pénitencier de Ryker, dans lequel se retrouvent rien moins que Daredevil, le Caïd, Bullseye, le Punisher et divers autres personnages habitués de la série, tel Turk, l’un des rescapés du run de Frank Miller. Soit une sacrée coïncidence !
Pour autant, ces six épisodes sont brillamment découpés, superbement dialogués et profitent d’un dessin réaliste, expressif et immersif, d’une très grande précision, rehaussé par de magnifiques mises en pages rythmées et chorégraphiées à la perfection, derrière lesquelles se découpent des arrière-plans incroyablement détaillés. La très grande classe d’un point de vue pictural et narratif.
2) Le Diable en Cavale (épisodes #88 à 93. 2006)
Notre héros s’est échappé de prison en compagnie du Punisher, puis il s’est enfui en Europe (seul), à la recherche du responsable de ses malheurs. Une longue course poursuite s’engage désormais, qui consiste à retrouver la piste, de la Côte d’azur jusqu’en Suisse, en passant par Paris, du mystérieux commanditaire de tous les méfaits qui se sont abattus sur le justicier aveugle depuis le début de son séjour en prison…
Cet arc narratif est très divertissant. Le récit est enlevé, pimenté de quelques savoureuses notes exotiques qui rappellent le cinéma d’Alfred Hitchcock, où se mêlent polar, romance et aventures, tout en opérant une orientation vers un dénouement qui permet de ramener un statuquo sur la série, après qu’elle ait été tellement perturbée dans ses schémas classiques au cours du run de Bendis & Maleev.
Ce retour au statuquo est à la fois satisfaisant car il est amené de manière rigoureuse, mais également lassant puisque les grosses ficelles scénaristiques dépassent de toute part.
Le dernier épisode se retrouve ainsi tiraillé entre quelques superbes scènes où les situations diverses exacerbent les sentiments des personnages, et d’autres où le lecteur doit accepter le retour à la situation habituelle de la série, sous des revers extrêmement factices et improbables (qui croit encore qu’un gangster comme Wilson Fisk pourrait être innocenté de ses crimes et remis en liberté comme si de rien n’était ?).
Tel semble être le lot des séries Marvel les plus sombres et les plus réalistes : tant qu’il s’agit de la phase de descente aux enfers, tout va bien. Mais dès qu’il faut revenir à la normale, sous couvert de politique éditoriale (la série doit reprendre son cours à long terme), rien ne va plus…
Et telles semblent être les contraintes avec lesquelles doit jongler notre scénariste : Être lui-même, mais réorienter peu à peu la série vers le mainstream de base.
Chapeau bas au travail de Michael Lark, qui réalise de son côté des planches d’une puissance admirable, notamment lors de superbes vues de la ville lumière…
3) A Chacun son Dû + Sans Peur (épisodes #95 à 105. 2007)
Ce troisième arc narratif a été publié initialement dans deux recueils (A Chacun son Dû et Sans Peur).
Voilà : notre héros est revenu de son périple européen et il a repris une vie « normale ». C’est-à-dire qu’il est à nouveau l’avocat Matt Murdock et que le public ne croit plus qu’il est le justicier masqué déguisé en diable rouge…
Tout a donc repris sa place. Sauf que… Le pauvre homme croule toujours autant sous les malheurs !
A l’heure ou commence cette nouvelle aventure, un de ses pires ennemis a entrepris de ruiner son existence, en commençant par s’attaquer à ses proches et notamment à son épouse, Milla. Qui plus-est, Melvin Potter, alias le Gladiateur, est inculpé d’un double meurtre depuis la prison de Ryker’s Island. Hors, tout cela intrigue le cabinet d’avocat Nelson & Murdock, car Melvin, qui devait être libéré dans les jours qui viennent, est un homme qui ne ment jamais et qui nie avoir commis ces atrocités… C’est à ce moment là que la vie de Matt Murdock bascule de nouveau, car les événements vont converger vers une infernale machination visant à réduire sa vie à néant… Une fois de plus !
C’est avec cette nouvelle saga que le run de Brubaker devient particulièrement intense et addictif, car il nous plonge véritablement dans l’univers du polar en nous tricotant une intrigue retorse à l’intérieur de laquelle un nombre incalculable de fils doivent être dénoués avant d’en atteindre le cœur.
Nous voici donc promenés de Charybde en Scylla, jusqu’à la révélation finale quant à l’identité de celui qui, tout du long, tire les ficelles de cette diabolique orchestration meurtrière…
Arrivée à ce stade, la série est réellement unique en son genre, plus réaliste, plus tragique et plus adulte que la plupart des autres séries Marvel (c’est quand même l’époque de Civil War). Derrière ses airs de série noire urbaine nocturne et étouffante, elle met en scène un justicier pas comme les autres, dont la plupart des protagonistes formant son entourage, qu’ils soient amis ou ennemis, connaissent la double identité.
Si Ed Brubaker ne révolutionne pas son matériel narratif par rapport au run précédent, il conduit la destinée de son personnage selon une logique rigoureuse, qui fait de lui une icone à part dans le monde des super-héros.
Après la révolution interne et jusqu’auboutiste du tandem Bendis/Maleev, Brubaker réussit tout de même le tour de force de revenir à une forme de statuquo sans pour autant restreindre les menaces réelles qui pèsent sur la vie de Matt Murdock. Soit une relance idéale et virtuose d’une série qui semblait avoir atteint des limites insurmontables !
Ce nouvel arc narratif ne souffre d’aucun défaut réel. Construit autour d’une redoutable mécanique scénaristique, il engouffre la destinée de notre héros dans une inaltérable descente aux enfers et entérine sa condition de justicier tourmenté, dont l’existence est un cauchemar sans fin !
Puisqu’il mène la destinée d’un héros surnommé « l’Homme sans peur », Brubaker va réaliser ici une déclinaison des mécanismes de la peur, jusqu’à ce que cette notion s’insère dans l’esprit du justicier par des chemins inattendus.
Depuis un épisode #100 anniversaire (dessiné respectivement par certains des dessinateurs cultes ayant officié sur la série) dont le prétexte est remarquablement utilisé afin de faire corps avec l’arc narratif, jusqu’à un dénouement tragique et cathartique, ce troisième arc narratif constitue un excellent moment dans toute la série du justicier en costume de diable rouge.
4) Cruel et Inhabituel (épisodes #106 à 110. 2008)
Il s’agit d’un arc narratif entier et c’est le quatrième du run de Brubaker. A noter, également, que le scénariste Greg Rucka (qui avait déjà travaillé avec Brubaker sur la série Gotham Central) participe à l’écriture, et que l’épisode #106 a été dessiné par Paul Azaceta.
Dans ces épisodes, Matt Murdock, qui ne parvient pas à se remettre de la perte de son épouse, est confronté à une sombre histoire de meurtre. Il doit défendre les droits d’un homme accusé d’avoir décapité trois enfants. Ce dernier est-il coupable, ou bien a-t-il été choisi pour être le bouc-émissaire d’une affaire bien plus complexe qu’il n’y parait ?
Plus encore qu’il ne l’avait fait dans les épisodes précédents, Ed Brubaker resserre le nœud sur le côté noir et réaliste de la série et évacue par la même occasion tout personnage affublé de superpouvoirs (en dehors de Daredevil). Il n’y a donc plus de supervilain, mais une sombre intrigue policière impliquant trafiquants, mafieux et politiciens corrompus en tout genre !
Si, une fois encore, Brubaker ne réalise pas les épisodes les plus originaux de l’histoire éditoriale de notre héros aveugle, il nous offre néanmoins les histoires les plus viscérales et les plus épurées que l’on ait pu lire dans le genre du polar noir et urbain. Et cet arc narratif remporte la palme du récit le plus réaliste et mature jamais écrit sur le personnage !
Cette nouvelle saga (qui évolue principalement dans les épisodes #107 à 110) est parfaite en tout point et tient le lecteur en haleine jusqu’au bout, l’empêchant de refermer le livre avant le dénouement d’une intrigue particulièrement retorse, complexe et virtuose.
L’écriture de l’ensemble (qui bénéficie donc de la participation de Greg Rucka) est une merveille de précision et de finesse. C’est diabolique et rondement mené ; la caractérisation des personnages est profondément développée (avec une énième phase de rédemption pour notre héros qui ne tombe pas dans la redite), les dialogues sont concis et rigoureux, le découpage est magistral et le dessin de Michael Lark est d’une perfection totale, dont le trait rugueux et précis soutient merveilleusement l’ambiance du récit.
Un grand moment de bande dessinée. Un travail d’orfèvre. Un niveau artistique optimal. Et une superbe étape de la série dédiée au Diable rouge !
Cruel et Inhabituel constitue ainsi un pic dans l’histoire éditoriale de notre justicier préféré. Un sommet qualitatif digne de figurer parmi les cinq meilleures sagas dédiées au personnage (chaque lecteur est bien sûr invité à proposer son Top 5 dans la rubrique « Commentaires » !).
5) Jeu de la Main, Jeu de vilains…(épisodes#110 à 115-2008)
Après cela, le run de Brubaker, ce n’est pas fini, mais en fait, c’est fini.
C’est-à-dire que les épisodes suivants vont amorcer une chute fulgurante vers l’une des plus mauvaises périodes de l’existence éditoriale de notre héros, ni plus, ni moins.
Cette dernière saga, déclinée sur deux TPB (Lady Bullseye et Le Retour du Roi), va opérer pour commencer une sérieuse rupture de ton, car elle tranche avec l’ambiance adulte et réaliste qu’avait choisie le scénariste pour raconter les aventures du justicier aveugle.
Nous assistons ainsi, après une suite de récits orientés « polar urbain et étouffant », au retour des super-héros et des super-vilains pour une intrigue nettement plus superficielle et ouvertement divertissante que les précédentes.
Des ninjas, une nouvelle ennemie en costume bariolé, un nouveau mentor issu d’une rétro-continuité décomplexée (Maître Izo une sorte de vieux sage, ancien mentor de Stick), Iron Fist, le Tigre blanc et la Tarentule noire se joignent ainsi à notre héros, dans le plus pur esprit de la série dans sa version classique, avant que le Caïd en personne ne nous fasse une fois encore le coup du retour de la revanche…
C’est ainsi que la Main, une organisation secrète de criminels ninjas, tente de reprendre le contrôle du quartier de Hell’s Kitchen. Daredevil et ses amis se dressent sur son chemin mais certains d’entre eux tombent sous leur domination (car la Main vous tue et vous ressuscite illico, vous transformant ainsi en « ninja-chair-à-canon » avant que vous n’ayez eu le temps de vous en apercevoir !).
Le ton est désormais au récit Grand-Guignol dans la plus pure tradition des histoires de super-héros, avec leur lot de superpouvoirs, de slips, de morts, de résurrections et de combats plus inoffensifs les uns que les autres (dès qu’il s’agit des personnages principaux).
Il est clair que l’on est à présent bien loin de l’atmosphère urbaine et réaliste de la première partie du run de Brubaker et l’on sent que, juste avant son départ de la série, l’éditeur Marvel lui a demandé de revenir progressivement à quelque chose de plus… mainstream.
Le script est ainsi assez abracadabrantesque avec cette histoire d’organisation criminelle secrète cherchant à recruter ses officiers chez les super-héros en imaginant des plans complètement tirés par les cheveux !
Curieusement, ce dernier arc narratif concocté par Brubaker se termine sur un cliffhanger et le lecteur est quasiment obligé de poursuivre l’aventure plus avant dans la série.
D’après ce que j’ai compris, c’est le scénariste suivant, Andy Diggle, qui aurait demandé à Ed Brubaker de terminer son récit en mettant le héros dans la situation inhabituelle que vous découvrirez, si vous en avez le courage, à la fin du dernier épisode signé par le créateur de la série Criminal (mais, heu… en fait vous pouvez aussi vous arrêter à l’arc narratif Cruel et Inhabituel, qui constitue une fin en bonne et due forme pour le run de Brubaker. Vous ferez ainsi des économies de temps et d’argent…). Situation planifiée à l’avance afin de préparer le crossover des super-héros urbains qui se profile au terme de l’année 2010 : Le tristement célèbre Shadowland…
Bon, puisqu’on y est invité, je donne mon top 5 du run de Brubaker :
1 The Devil in Cell Block D
2 The Devil Takes a Ride
3 Crual and unusual
4 To The Devil it’s due
5 Without Fear
C’est, à une exception près, l’ordre chronologique. En effet, j’ai préféré, de loin, le premier arc, où Brubaker mélangeait parfaitement l’intrigue carcérale classique et les composantes spécifiques au Marvel Universe, avec un paquet de guests et de persos secondaires. La colorisation de d’Armata pétait bien aussi. Et Matt restait hors de son costume pendant 5 épisodes sur 6 !
Par la suite, j’ai eu le sentiment d’un déclin continu, Brubaker écrivant de plus en plus DD comme un pion, perdu au sein de sa propre série, balloté par les évènements, avec toujours un métro de retard et qui ne finira que par reprendre artificiellement son destin en Main (sic) sous la contrainte éditoriale à peine voilée.
En fait, c’était à la fois trop noir et pas assez.
Trop noir car Bru ne laissait quasiment pas d’échappatoire à Matt, qui n’aura pas droit à son match retour contre Mister Fear (un méchant qui m’agace parce qu’il est trop fort et que tous les autres sont cons face à lui, tel une caricature d’Hannibal Lecter et autres super-tueurs popularisés par les séries et le cinéma).
Pas assez car les incursions du Hood, du Wrecker ou de Razorfist dans les scènes de guerre de gang amenaient une dissonance. Plus la fin grand-guignolesque du run, évoquée dans l’article.
Et puis, Brubaker aura ramené certains vieux persos pour finalement ne pas faire grand chose avec eux (Turk ou Becky Blake), sinon pour titiller le vieux fan et se placer sous l’ombre tutélaire de Miller.
En fait, à la même époque, Brubaker écrivait la série Criminal et je ne peux m’empêcher de penser que, consciemment ou pas, il y mettait plus de cœur à l’ouvrage que sur ses travaux Marvel. Quelque part, le run de Brubaker m’a davantage déçu que celui de Bendis, car le départ était carrément prometteur.
@JP : Je pensais plutôt à un TOP 5 des sagas depuis la création du personnage !
Je te trouve vraiment difficile. Le run de Brubaker est nul dans la dernière partie lorsqu’il prépare le retour au mainstream avec ce prologue à Shadowland. Mais avant ça, je trouve que le parcours du personnage selon ses propres codes d’auteur monte en puissance au fil des arcs narratifs. Cette plongée dans le polar en éliminant peu à peu les superpouvoirs était risquée et je trouve qu’il a fait ça avec classe (bien aidé par Michael Lark). Puisque chacun y va de « SON Daredevil », je dirais que le mien, c’est celui-là.
Mon TOP 5 :
1) Daredevil Intégrale 1982 (avec la mort d’Elektra) (Miller)
2) Yellow (Loeb-Sale)
2) Born Again (Miller-Mazzuchelli)
3) Guardian Devil (Smith-Quesada)
4) Underboss (Bendis-Maleev)
5) Crual & Unusual (Brubaker-Lark)
Bon, OK, j’ai triché, il y a un 2° à égalité…
@Bruce : Purée, j’ai eu peur, j’ai cru que tu allais passer le générique de la version VF ! 🙁
Je suis quasiment d’accord sur tout. Je ne suis pas un geand fan du dessin mais c’est de la belle ouvrage. En fait je ne me souviens plus trop de tout ça et j’ai arrêté cette collection Panini avec le dernier tome de Brubaker (tome 19). Mais il faut également dire que c’est avec le run de Bendis et Maleev que j’ai commencé à lire un peu de comics mainstream. Ayant lu Civil War bien plus tard je n’avais aucune idée que ce genre d’histoires auraient pu être contemporaines… Tu m’as donné envie de relire les deux runs !
Oulà, j’avais pas bien comprendu…
Mon top 5, à ce jour :
1 ex-aequo – The Elektra Saga et Born Again (différents mais complémentaires)
2 Elektra Lives Again
3 The Devil in Cell-Block D
4 Underboss
5 Yellow
@Tornado : tout d’abord, je partage totalement ton point de vue. Ton article m’a permis de me rappeler qu’avant la débâcle Shadowland, Brubaker avait donné une tonalité sombre et encore plus réaliste à celui de Bendis. Nous étions effectivement dans un polar passionnant avec un héros aux capacités surhumaines. J’aimais bien le personnage de Lily et son parfum aphrodisiaque, comme toi je trouve que Brubaker a bien écrit les hyper sens de Matt et son calvaire en prison. L’histoire de Mr Fear également. J’avais applaudi le retour de Slaughter. Shadowland, nous n’en parlerons pas, c’est pas la peine….
Là où je rejoins JP par contre, c’est que je trouve que cet auteur ne s’investit pas à fond. Même dans ses creator owned, je trouve qu’une fois sur deux, c’est plutôt bien balancé mais bâclé sur la fin….quand il y en a. Ce n’est pas un auteur que j’admire beaucoup. Il a son style, très sombre; il a écrit de très bons trucs pour Criminal (criminellement absent de Bruce Lit au passage), mais je trouve son écriture un peu trop sèche, très répétitive, le style restant le même que ce soit pour ses trucs chez Marvel ou ailleurs…Du coup, il me lasse.
Mais tes arguments m’on convaincu : le run de Brubaker n’est qu’une redite de celui de Bendis. Et je ne l’ai pas revendu…simplement le potentiel est survolé, bâclé alors qu’il était immense. L’emprisonnement de Matt se termine tellement vite, la mort de Foggy est vite balayée et remis sur rail, la confrontation avec Vanessa Fisk aussi intense que frustrante, cette pauvre Milla réduite à presque rien. Et puis j’ai eu beaucoup de mal avec la banalisation des rencontres entre Fisk et Matt.
Mon top 5 DD :
1/ Born again
2/ La mort d’Elektra
3/ Cette histoire où, ayant perdu son radar, il rencontre Stick qui le fait tirer à l’arc pendant trois semaines….Une revisitation plus intéressante que ce que fera Miller avec Romita Jr
4/ La roulette russe avec Bullseye : culte
5/ Love and War
6/ Ex-aequo : Inferno et le Top BD où Matt affronte NY suite à l’arrivée du mutant Apocalypse. Nocenti au sommet de son art.
Pendant longtemps, les Top BD avaient moins de pages mais un plus grand format car ils adaptaient des récits également paru en plus grand format en VO (la collection Marvel Graphic Novel, je crois) . Les RCM étaient plus pour les limited series. Ils n’avaient pas le même calendrier de parution, non plus.
RCM : février, mai, août, novembre
Top BD : mars, juin, septembre, décembre
Au fil du temps, les différences se sont effacées . Avant la disparition pure et simple de Semic. ..
Le Daredevil de Brubaker est tombé dans les années où je ne lisais plus de comics, je ne saurais donc dialoguer avec vous sur le fond. L’idée de proposer des récits plus réalistes et proches du polar me séduit assez et me poussera donc à racheter ce run qui devrait bientôt ressortir chez Panini si j’ai bien suivi. A mon retour aux comics, j’ai atterri en plein Shadowland, autant dire que je n’ai rien compris à ce qui se passait :-).
1) Elektra Saga
2) Born again
3) Elektra lives again
4) Love And War
5) Man without fear
bon bon, ok, je triche exprès mais en 2 mns chrono, c’était plus facile de classer les œuvres d’un même auteur 🙂
En y repensant, je crois tout de même que la partie européenne du run est assez loupée. Un peu remplie de clichés, surtout en Espagne. DD semble être un James Bond de chez Marvel, cela dénote énormément par rapport à l’arc en prison (qui reste le meilleur dans mon souvenir, mais faut vraiment que je les relise).
Mon top 5 DD :
1) Born Again
2) le superbe épisode 192 de Brennert et Janson
3) l’arc en enfer par Nocenti, JRjr et Williamson
4) Love & War
5) le 185 de Miller où Foggy se la joue détective/gros dur
Ce fut très agréable de revisiter cette trentaine d’épisodes par le bais de ces mini-commentaires rapides qui s’assemblent pour former un tout. Je partage entièrement l’avis de Tornado sur Crual & Unusual. Il m’a fait réviser mon jugement sur Greg Rucka dont je n’avais rien lu de bon jusque là, et donc aller voir du côté de Gotham Central. Est-ce un mirage, ou le scénario de ce récit ressemble à un hommage à Jugé coupable (True crime) de Clint Eastwood ?
En revoyant les images illustrant cet article, je suis aussi frappé par l’approche très différente entre la mise en couleurs de Frank d’Armata (la première histoire) et celle de Matt Hollingsworth (les histoires suivantes). Le premier est partisan de couleurs vives et saturées, alors que le deuxième préfère des couleurs plus plates, plus ternes. Avec un peu de recul, je trouve que d’Armata était plus pertinent sur les dessins de Salvador Larroca, qu’il les densifiait et le complétait, alors que là il écrase les dessins de Michael Lark.
Pour le film de Clint Eastwood, je n’en sais rien car je ne l’ai pas vu.
Pour les couleurs, je ne m’en rends pas bien compte, il faudrait vérifier sur chaque arc narratif !
Je partage l’observation de Présence sur les couleurs, sauf qu’en fait, je préfère le rendu de D’Armata.
Sinon, un autre élément sympa de ce run de Brubaker sur Daredevil, c’est qu’après le premier arc, il a bénéficié de superbes covers de Lee Bermejo puis de Marko Djurdjevic (magnifique couverture double pour le numéro 500).
Bonjour,
Merci pour cet article très intéressant.
Pour ma part je préfère cette version de DD que ce que nous proposait Bendis.
En même temps je ne suis peut être pas objectif car je suis fan du travail de Brubaker.
Pour mon top 5
1)L’arc cité par Bruce où Matt a perdu son sens radar et s’entraine avec Stick
2)Daredevil Yellow
3)Cruel et Inhabituel
4) Le Diable dans le Bloc D
5)Underboss
Malheureusement je n’ai pas encore lu le run de Ann Nocenti .
« A Touch of Typhoid » devrait arriver dans les jours qui viennent dans ma boite a lettre ce qui pourrait peut être changer ce classement.
Bonne journée
Ces jeunes….Et Born Again alors ?
Bonjour,
Je sais que Born Again fait souvent parti des tops liste pour DD mais malheureusement pas chez moi.
La descente aux enfers de Matt Murdock est exceptionnelle mais sa renaissance est un peu facile et son antagoniste ridicule, j’ai beaucoup de mal avec cet oeuvre du coup.
Bonne journée
Sinon l’histoire était bien mais pas extraordinaire non plus. En fait l’ambiance est top avec les dessins de Lark, mais niveau scénar je rejoins un peu JP sur le fait que Mr Fear est trop fort et que tout le monde a l’air artificiellement con à côté de lui. Je me tâte à garder le truc. Les premiers arcs étaient meilleurs.
Et je viens de lire Cruel et inhabituel. Et là j’ai vraiment trouvé ça bon.
Dans un sens ce genre d’histoire me rappelle les vieux comics, mais en plus moderne et adulte évidemment. Mais durant les années 70 ou 80, notamment chez Spidey il y avait souvent des histoires plus terre à terre avec des voleurs, des tueurs, des manipulateurs qui volent des trucs, font accuser des innocents. Certes c’était plus enfantin mais j’aimais bien ces histoires qui n’avaient pas forcément besoin de bouleverser la vie du héros ou de menacer la planète entière.
Aujourd’hui j’ai la sensation qu’un comics est considéré comme anecdotique s’il n’y a pas 30 personnages connus dedans ou si ça ne bouscule pas l’ordre établi, s’il n’y a pas de retcon choquant pour bouleverser la continuité ou une menace planétaire pour donner un plus grand enjeu.
Des fois juste une histoire policière en quelques épisodes bien écrite avec une dimension humaine et des persos civils, c’est cool. C’est le cas chez Daredevil mais malgré tout, je remarque qu’avec lui le scénar est quand même trop souvent orienté sur Daredevil lui-même. Depuis le début du run de Smith et jusqu’à ce moment du run de Brubaker en passant par celui de Bendis, il n’est question que de Matt et de ses ennemis qui veulent le piéger. Dans Born Again aussi. Là j’ai vraiment apprécié une histoire qui parle d’autre chose que de lui, avec une enquête qui n’a rien à voir avec son secret, ses problèmes, ses querelles avec ses ennemis.
Oui, et sans que ce soit lourdingue. L’idée de raconter une histoire qui n’est pas liée à Murdock était justement une bonne idée. On le voit essayer de se relever mais sans que ce soit encore une histoire centrée sur tous ses problèmes.
Je dis un truc
J’achète autre chose
Je lis encore autre chose
J’ai repris le run de Brubaker de Daredevil que j’ai tendance à mettre bien au dessus de celui de Bendis.
Ce dernier a commencé très fort avec deux ou trois sagas du Diable rouge très très bonnes, mais passé l’intermède de David Mack sur ECHO, je serais infoutu de raconter quoi que ce soit sur la suite…A part le dernier mais le Golden age avec la Veuve, les histoires du Hibou, celles de Milla, le partage des quartiers de New York par héros, la session d’alcooliques anonymes etc…Tout est chiant, long bavard, statique et peu passionnant.
Dès l’arc en Prison, la tension monte d’un cran avec une nouvelle forme de descente aux Enfers pour Matt, l’enquête qui suit est passionnante et fait des rappels incessants et respectueux au run de Miller. Le face à face avec le Caïd est tout bonnement puissant.
Il dote un obscur personnage Mr Fear d’un arc redoutable de méchanceté et DD ne peut plus se relever.
La fin revient à une sorte de « passage obligé » toujours réminiscente de Miller avec la Main partout
C’est un passage à vide pour DD mais finalement ça va paver la voie du run de Mark Waid, le dernier point d’orgue de la série.
top 5
1-BORN AGAIN
2-ELEKTRA SAGA
3-DEVIL IN THE BLOCK D
4-UNDERBOSS/OUT
5-GUARDIAN DEVIL
Mon dieu que c’est original!!! ^^
Non mais dis donc, tu es en retard pour ton bilan, hein ? 😅
Crual & Unusual reste quant à moi le sommet du run de Brubaker, qui se ratatine immédiatement ensuite. Mais ton TOP 5 est très bien. Je valide.
Mon cher Tornado,
Je voulais faire un petit retour de lecture et quelle ne fut pas ma surprise de voir qu’il n’y avait parmi la pléthore d’articles concernant le Diable Rouge que celui ci sur le run de Brubaker et assez ancien…
J’ai ajouté mon TOP 5 pour la forme parce que comme tu le vois, je ne suis pas du tout hors des clous…
Avec le recul je trouve la série DD depuis le run Mc Kenzie/Miller assez équilibré…il y a des creux mais finalement assez peu et assez courts et ça fait quand même un bon corpus de récits jusqu’à Waid