1ère publication le 19/03/16- Mise à jour le 27/07/17
Focus : Daredevil et le Punisher : les meilleurs ennemis ?
TEAMUP : AUTEURS : JP NGUYEN (1)+ BRUCE LIT (2)
Cet Focus se propose de revenir sur la relation agitée entre Frank Castle et Matt Murdock, alias le Punisher et Daredevil, deux des chouchous du blog. Ils se retrouveront dans la saison 2 de la série Netflix, attendue avec impatience par Bruce qui avait adoré la première (nan, j’déconnne…), mais avant cela, leurs chemins s’étaient déjà croisés à maintes reprises.
Votre serviteur s’était d’ailleurs amusé à faire l’inventaire de leurs confrontations, il y a bien des années, ailleurs sur le Net . Plutôt que de vous en livrer ici une version revue et augmentée, je me concentrerai sur les face-à-face à mon sens les plus marquants…
En général, quand ces deux là se rencontrent, ça chauffe pas mal…
Prenez garde aux balles perdues, ainsi qu’aux spoilers !
1/JP NGUYEN
Si dans le monde des comics en général, Daredevil est souvent comparé à Batman , à l’intérieur de l’univers Marvel, le Punisher constitue un double négatif de choix pour l’homme sans peur. Via mes hypersens, j’entends certains puristes s’étrangler, tant il est vrai que Frank Castle n’est pas forcément le premier personnage venant à l’esprit lorsqu’on songe à la galerie des vilains du diable rouge !
Pour le connaisseur, la Némésis de Daredevil, c’est au choix, sur le plan moral, Wilson Fisk, alias le Caïd ou bien, sur le plan physique, Bullseye, aka le Tireur pour les lecteurs de VF vintage. Je vous le concède, les ennemis archétypaux de référence pour tête à cornes sont bien les deux susmentionnés, le gros mafieux et le grand cinglé, une doublette infernale que Frank Miller avait formidablement animée dans son run d’anthologie.
Mais dans ce même run, Miller avait aussi mis en scène la première rencontre entre Frank et Matt, dans l’arc Child’s Play. Murdock prenait la défense de Hogman, un dealer accusé de meurtre, tandis que Castle était convaincu de sa culpabilité et voulait contribuer au désengorgement des tribunaux, en accélérant fortement la procédure judiciaire pour passer directement à l’exécution !
Matt Murdock obtint l’acquittement de Hogman avant de réaliser qu’il s’était fait berner par son pacemaker, qui rendait inopérant son détecteur de mensonges basé sur sa super-ouïe. DD arriva à rattraper son erreur mais avant de faire coffrer le coupable, il dut empêcher Castle de l’exécuter. A cette occasion, Daredevil fit usage d’une arme à feu pour blesser le Punisher. Cette transgression faisait sortir le héros du cercle des vertueux idéalistes (tel que Batman voire Captain America, selon les auteurs) pour le faire rentrer dans le rang des pragmatiques.
Ce premier match entre tête à cornes et tête de mort préfigure quasiment toutes leurs rencontres futures : deux hommes mus par de fortes convictions mais avec des visions de la justice divergentes et inconciliables. Comics de super-héros oblige, les conflits moraux se dénouent inévitablement lors de confrontations physiques, où s’échangent les arguments sur les buts d’ordre supérieur mais où les coups volent bas. C’est ce qui fait tout l’attrait de ces duels à répétition entre le rouquin en lycra rouge et le brun en kevlar noir : ils se jouent autant sur le terrain de l’éthique que dans les dédales de béton de Big Apple. Ce supplément d’âme dans les confrontations permet d’oublier la règle d’or du genre : rien ne changera vraiment, les héros ne peuvent pas mourir et encore moins s’entretuer.
D’après les nombreux teasers de la saison 2 montrant un DD enchaîné sur un toit et devisant avec un Frankie sur le point de sévir, il semble que les scénaristes de Netflix soient allés chercher leur inspiration du côté de Welcome Back, Frank de Garth Ennis et Steve Dillon, où le Punisher soumettait Daredevil à un choix Cornélien, mais où les dés étant pipés en faveur de Castle : normal, il jouait à domicile. Oui, c’est une autre convention notable de ces duels : quand le personnage est dans sa série, il a généralement le dessus.
Dans cet épisode, donc, Daredevil se trouvait enchaîné, avec un revolver scotché à la main, alors que le Punisher s’apprête à sniper un mafieux. Castle informe tête-à-cornes qu’il n’a qu’une balle pour l’empêcher d’exécuter sa cible et qu’il doit tirer pour tuer. Avec une gueule d’ahuri dont Steve Dillon a le secret, DD hésite puis finit par presser la détente : en pure perte, son arme n’était en fait pas chargée… Castle avait orchestré cette mise en scène pour confronter son adversaire au choix de vie ou de mort que lui-même effectue quotidiennement. Mais de même qu’il n’existait pas de vrai choix pour DD dans cette épreuve, le Punisher fait toujours le même choix : celui de la peine capitale.
Oui mais, me direz-vous, tous ces criminels abominables méritent bien de mourir ! Je vous renverrais dans ce cas au remarquable diptyque Daredevil 257 – Punisher 10, respectivement par Nocenti/Romita Jr et Baron/Portacio, datés de 1987 : les deux justiciers s’y lançaient à la poursuite d’un tueur en série empoisonnant au hasard des boîtes de médicament. Dans l’épisode du Punisher, on suivait l’enquête méthodique de Frank Castle, avec une exécution empêchée in-extremis par cet empêcheur de tourner en rond de Daredevil. Dans la série de l’homme sans peur, on retraçait le parcours du tueur : un homme à la dérive suite à un licenciement.
Ann Nocenti nous invitait d’ailleurs dans sa tête pour raconter le duel Punisher-DD à travers ses yeux, logeant les deux belligérants à la même enseigne : deux individus persuadés de la justesse de leur cause et se comportant en tyrans moraux, employant la force pour imposer leurs vues. En déroulant la même histoire depuis des points de vue différents, le récit s’enrichissait et on comprenait tout à fait comment chacun peut s’estimer dans son bon droit alors même qu’il ne possède qu’une vision partielle des choses. Au final, c’est DD qui remportera le duel et proposera ensuite au tueur d’assurer sa défense, évoquant même un début de piste pour sa réinsertion.
A la réflexion, ce n’est pas si difficile de prendre fait et cause pour le Punisher : à la découverte de faits divers particulièrement horribles, mettant en cause des criminels récidivistes, qui n’a pas formulé le souhait, même fugace, de pouvoir être le bras armé d’une puissance supérieure qui viendrait mettre un terme à l’injustice ? C’est le fantasme incarné par le Punisher : la justice expéditive mais qui ne commettrait jamais d’erreur judiciaire et châtierait toujours avec clairvoyance des ordures finies au-delà de toute rédemption possible.
De l’autre côté, Daredevil recherche aussi la justice mais veut croire en la loi des hommes, aussi imparfaite et faillible soit-elle. Il est avocat et justicier. C’est un autre fantasme : celui de l’homme « normal » (Murdock est de surcroît handicapé) qui dépasse ses limites, qui œuvre à la fois dans le système et à côté. Son ambiguïté et sa double identité nous renvoient à nos propres arrangements avec nos idéaux.
Sous la plume de Frank Miller (encore lui), l’homme sans peur a eu l’occasion de délivrer plusieurs déclarations poignantes sur la nécessité d’un système légal, sous peine de vivre en anarchie et sous le règne de la seule loi du plus fort. C’est une tentation sans doute encore plus grande dans un pays comme les Etats-Unis, où les armes à feu circulent beaucoup plus facilement que chez nous… Paradoxalement, c’est aussi un pays où la judiciarisation à outrance a montré ses méfaits. Mattie et Frankie incarnent donc parfaitement deux aspects de l’envers du rêve américain
Facettes indissociables mais irréconciliables de la même médaille, Daredevil et le Punisher semblaient toujours devoir être en conflit. Mais des scénaristes se sont amusés à les associer au début des années 2000 dans le label Marvel Knights ou encore, plus récemment en 2012 dans le crossover Omega Effect, écrit par Mark Waid . Ces teamups sont la plupart du temps décevants, car les boussoles morales des deux « héros » sont trop divergentes pour qu’une alliance, même temporaire ou de circonstance, puisse vraiment fonctionner pour le lecteur.
Franchement, vous voyez Matt Murdock dire à Frank Castle : « Je suis contre le meurtre mais vas-y, pour cette fois ci je ferme les yeux ? » (sic). Ou de son côté, Pupu concéder à DD : « Ces types méritent juste de crever mais pour toi, je vais utiliser des balles anesthésiantes… ». C’est pourtant à des arrangements « mi-chèvre mi-chou » de ce type que conduisent les tentatives de faire travailler ensemble les deux justiciers. Aucun des deux n’en sort grandi, bien au contraire.
Mais il arrive que certains auteurs trouvent une formule originale pour les faire collaborer : ce fut le cas avec Ed Brubaker et Michael Lark, pour The Devil in Cell-Block D (2006). Alors que Matt est prisonnier à Ryker’s Island, Frank se fait coffrer exprès (il tue un souteneur en pleine rue et se rend à la police dans la foulée) pour le rejoindre et lui rappeler les valeurs chères à Murdock. Castle ne les partage pas mais pense qu’il faut des hommes comme Murdock pour que la société puisse fonctionner.
Dans cette caractérisation, rappelant celle choisie par Garth Ennis, le Punisher se considère comme un mal nécessaire mais ne souhaite pas faire d’émules. Il sait que si tous adoptaient ses méthodes, outre les inévitables bavures, ce serait surtout un terrible retour à la barbarie. Il assume donc seul sa condition de tueur conpulsif, canalisant ses pulsions mais ne souhaitant à personne de devenir comme lui. Sa sollicitude envers Daredevil fait également écho à la relation que le même Ennis avait dépeinte dans Punisher Kills The Marvel Universe , où DD était le seul héros respecté par Castle…
Bien que ne se considérant pas du tout comme un modèle à suivre, Frank Castle fascine et exerce une dangereuse séduction sur l’homme de la rue, fantasmant de reprendre en main son existence et d’imposer sa volonté à coups de flingues. David Lapham utilisera d’ailleurs cette idée dans sa mini-série Means and Ends, datée de 2006, où un jeune garçon, Martin Bastelli, dont la famille est rackettée par la mafia, décide de faire justice lui-même, prenant le Punisher pour modèle. Inutile de dire que ça se finit mal pour lui. Cette mésaventure fait penser à Roulette (DD 191), l’ultime épisode du run de Frank Miller (toujours lui), où Daredevil constatait avec désarroi l’influence néfaste de ses méthodes violentes sur un petit garçon qui l’idolâtrait.
Pour en revenir à Means and Ends, Lapham fera aussi prendre une balle perdue à un SDF lors d’un duel entre Frankie et DD. Mainstream oblige, le sans-abri échappera à la mort, épargnant à Castle un trop lourd cas de conscience. Malgré des dessins assez peu séduisants et un statuquo final empestant la contrainte éditoriale (Hammerhead et le Chacal, cibles de Castle, s’en tirent sans égratignure), cette mini-série propose de belles scénettes venant enrichir la longue relation DD-Punisher.
Même s’il assène volontiers crochets, uppercuts et coups de billy-club, Matt Murdock sait que la violence ne peut pas (ne doit pas) être la seule solution. Plutôt que de se prendre pour un dieu de la mort, il sait que le diable est dans les détails et que la simplicité de la sanction capitale cache tout un ensemble de problèmes en cascade, comme l’illustrait ironiquement Franquin dans ses Idées noires, avec la chaîne interminable des bourreaux passant de guillotineur à guillotiné.
Mais si on peut critiquer l’approche du Punisher, on peut aussi challenger Murdock sur son soutien indéfectible au système légal. Quelle confiance accorder à ce dernier à l’heure où les états pratiquent l’espionnage illégal et que les projets de lois sont dictés par des lobbys, privilégiant souvent les intérêts particuliers au bien commun ? Il est parfois amer de constater que ce qui est légal n’est pas très juste…
Accepter le système ou bien l’affronter ? Alors que le Punisher est un paria totalement désocialisé, Daredevil s’avère un modèle plus stimulant, malgré (ou à cause de) son hypocrisie et son ambivalence : il opère à l’intérieur d’un système imparfait mais agit aussi en dehors de celui-ci. Se plaçant parmi les hommes et non au-dessus d’eux, Mattie a choisi le vivre ensemble quand Frankie a décidé de tuer en solitaire.
Mais on peut aussi trouver des vertus au soldat Castle, notamment une grande probité, quelque part supérieure à celle de Murdock. Le Punisher ne ment à personne et surtout pas à lui-même. Il a totalement accepté et embrassé sa part d’ombre pour consacrer le reste de sa vie à donner la mort. Daredevil, lui, joue toujours à cache-cache avec son identité secrète et connaît des vies professionnelle et sentimentale en dents de scie.
Personnages que tout semble opposer, Daredevil et le Punisher recherchent pourtant tous deux la justice, faisant ressortir toute la complexité et surtout la subjectivité de cette notion. Frank et Matt ne tomberont certainement jamais d’accord sur la question, mais peut-être pourraient-ils partager un jour le point de vue suivant, que j’emprunte à Warren Ellis dans son numéro 3 de Planetary (ou à Terry Pratchett, selon vos affinités) pour conclure cette chronique : « There’s no justice. Just us. »
2/BRUCE LIT
Stimulé par notre avocat du Diable, et malgré sa promesse de ne plus écrire de Dingodossiers après Mutant Massacre et Alice Cooper, le patron de céans s’est permis d’ajouter à l’article de JP quelques Bruce Lignes….
Alors que la plupart des héros Marvel sont devenus des criminels de masse, il est difficile pour les plus jeunes de comprendre l’impact de l’arrivée du Punisher et de Wolverine dans le monde des boys scouts en collants dans les années 70. Frank Castle faisait partie de ces personnages moralement ambigus, ni tout à fait bon, ni complètement mauvais. Apparu initialement chez Spider-Man, le Punisher allait intégrer comme The Kingpin, la distribution de Daredevil sous l’égide de Frank Miller.
Ce qui frappe d’abord, c’est à quel point la figure du Punisher est paradoxale : alors que le lecteur peut s’identifier à la plupart des héros dotés de super pouvoirs, Castle lui est un humain ordinaire que personne n’a envie d’être. Opérant à visage découvert, il est le seul personnage Marvel dont l’existence est une souffrance sans fin. A l’inverse de Matt, Frank n’a pas d’amis, ni de vie vers laquelle revenir une fois terminées ses punitions. Libéré de toute vie civile mais livré à une solitude terrifiante, le Punisher peut se dédier entièrement à sa mission. Nous y reviendrons.
Matt Murdock, quant à lui, sera tenté à de nombreuses reprises au cours de sa rousse existence d’adopter le style de vie Castlemaniaque….
Symboliquement le Punisher et Daredevil ne peuvent pas être plus opposés l’un à l’autre. DD est aveugle, vêtu de rouge, et s’applique à faire appliquer la justice. Punisher est un voyant qui va au delà des limites que la société s’impose, tout de noir vêtu. Le rouge et le noir. L’avocat et le procureur. Le sauveur et le punisseur. Le Diable et l’Ange de la mort. Les failles de la justice alimentant la violence de la justice individuelle. Opposés mais complémentaires donc, comme JP l’a brillamment démontré.
Ce qui rapproche Castle et Murdock reste un sens psychotique de l’honnêteté : ces personnages sont littéralement hantés par des valeurs acquises au prix fort; Matt a perdu son père, Frank sa famille.
Devant l’ampleur de ces traumatismes, il leur impossible de prendre du recul et de faire autrement. Tout du moins, Miller et Ennis laissent entrevoir des lucarnes de rêves de nos héros si leur vie eut été autre : en représailles des moqueries subies lorsqu’il était enfant, Matt souhaiterait devenir une brute épaisse ignorant les valeurs que son père lui inculque. Frank s’imagine quant à lui comme un grand père ventru attablé avec sa femme, ses enfants et petits enfants. Ce qu’il a toujours fui.
A bien des égards, Frank Castle incarne un Matt Murdock post Born Again. Un homme sans travail, sans identité autre que son alter ego, sans attaches, discrédité et pointé du doigt par la société, vivant dans des piaules minables, à la merci de n’importe quel impondérable.
Le cauchemar que Matt traverse durant la saga de Miller et Mazzucchelli, Castle l’a vécu et dépassé. Ironiquement, le personnage de Nuke qui conclue la saga semble être le chaînon manquant entre les deux héros : vétéran du Vietnam accro à la violence comme Castle et complètement psychotique comme Murdock.
Voilà ce qui rapproche définitivement ces personnages : à bien des moments de son existence, Matt traverse la longue nuit froide qu’est devenue la vie du Punisher; Born again, donc, mais surtout la période post Inferno où, sous l’égide d’Ann Nocenti, Matt est une épave errante au travers les Etats Unis, incapable de retirer son costume devenue comme une seconde peau, exactement comme la tête de mort du Punisher.
On pense aussi à la période Over the edge où Matt pour protéger ses amis sombre encore dans une dangereuse brutalité où ses méthodes évoquent celle de Castle, qui apparaît d’ailleurs dans la saga en assassinant Nick Fury. Le dernier pétage de plomb de Matt remonte à Shadowland où il affronte tout New York (dont le Punisher) après avoir brutalement assassiné Bullseye.
Mais tandis que cette psychose (qui se prolonge dans son acharnement à vouloir tuer un enfant chez Kevin Smith) est souvent passagère chez Murdock, la sociopathie semble être définitivement installée chez Frank Castle qui, dans Up is Down…. la définit comme une colère froide qu’il maîtrise et fait partie de lui même. Un pays que visite régulièrement Matt sans y rester. Mais pour lequel, il éprouve une étrange fascination : Elektra, Typhoid Mary, Natascha Romanov, Stick : tous sont de fieffés psychopathes que Matt s’amuse à cottoyer et n’ayant rien à envier au Punisher. La douce Elektra s’invitera d’ailleurs dans le run de Jason Aaron pour mettre fin aux souffrances de Frank Castle dans un arc controversé et bouclera la boucle des ressemblances entre les deux personnages.
La force ou la malédiction de DD est de ne pas pouvoir tuer Matt Murdock qui finit toujours par ramener DD à la raison; On se rappelle qu’à la fin du run de Nocenti, Murdock décide de devenir Bullsyeye pour goûter au plaisir de vivre une vie sans entraves morales. C’est d’ailleurs la constante de la série depuis Stan Lee : que ce soit avec un frère jumeau inventé, une descente aux enfers orchestrée par Wilson Fisk, ses infidélités conjugales (Heather, Karen, Milla, Matt en aura cocufié des nanas….), ou via une dépression nerveuse chez Bendis, Matt s’emploie à vouloir échapper à sa vie.
Exactement l’inverse du Punisher, qui de son côté, a tenté après le Vietnam de dissimuler le tigre en lui, de réinventer Frank Castle mort à Valley Forge. Une seconde naissance dans le sang de sa famille, le libérant de toute entrave morale sans l’absoudre de cauchemars épouvantables. Une sorte de pacte Faustien que Garth Ennis suggère pour pouvoir mener une guerre sans fin.
L’avantage est donc nettement à Matt, qui sous la plume de Mark Waid essaie de se réapproprier sa vie trop longtemps mise de côté. Avant que Marvel ne décide de nouveau d’en faire un vigilant tourmenté….
L’affrontement entre Matt et Frank rappellera finalement les grandes heures du duel idéologique entre Charles Xavier et Magnéto : deux amis aux différents irréconciliables parlant de la même chose mais pas avec les mêmes mots. Et, qui ponctuellement adoptent le point de vue de l’autre avant de se retrouver de nouveau opposés.
——
Le rouge et le noir. L’avocat et l’exécuteur. La vie et la mort. Et si DD et Le Punisher étaient les deux faces d’une même pièce ? Un dossier spécial Bruce Lit.
La BO du jour : et si tu n’existais pas Matt, dis moi pourquoi j’existerais ?
Ah oui c’est vrai on parlais du punisher…^^
Ennis le gars déteste les super héros dans:
HITMAN
THE PRO
THE PUNISHER
THE BOYS
THE AUTHORITY AND KEV
Si j’ai bien rigolé à Hitman et Punisher, The Biys m’a carrément gavé au premier tp…
Complètement d’accord. Et j’aime d’ailleurs particulièrement la version Ennis du personnage, cathartique autant que profonde, le personnage étant toujours damné au final, ce qui le met à distance.
Autant aller droit au but sans dire pour autant que je ne respecte pas la vision de mes camarades : Les héros au coeur pur ne m’intéressent pas. Je préfère me promener au côté des anti-héros dark, bousillés, tordus et dégénérés. Comme le fait remarquer Omac, ça reste de la BD, donc ça ne me fait pas leur ressembler, bien au contraire. C’est ce décalage entre ce que je suis et ce qu’ils sont qui est important, et c’est la richesse de leurs failles, de leurs nuances qui m’intéresse.
« Punisher lutte contre sa propre impuissance en s’érigeant face à celle qu’il voit en miroir chez les autres. »
Bon alors suite à la réaction de Tornado et ce message, je me dois de préciser que je n’ai pas dit qu’un personnage torturé trash violent allait faire de nous des mecs violents. Je remets juste en question le fait que les gens perçoivent ce dont parle Omac. Ce personnage torturé qui lutte face à son impuissance, tout ça…ça, c’est quand il est bien écrit le personnage !
Justement avec sa popularité et son utilisation plus fréquente n’importe comment, j’suis pas sûr que le message reste intact et ne se change pas juste en une ôde à la « coolitude » de tuer tous les criminels de manière badass.
Le problème n’est pas de mettre en scène un type qui pense de cette manière, car c’est compréhensible, réaliste et que le personnage principal d’une histoire n’a pas besoin d’être forcément un modèle. Mais si on le présente comme un « super héros » qui est accepté chez les « cœurs purs » et plus du tout poursuivi par la justice, y’a pas un souci ? Je n’ai pas dit non plus que ça allait créer des émules dans la vraie vie. Mais que ce personnage était populaire pour des raisons à la con. Et que Marvel en profitait pour le mettre en avant n’importe comment.
Ok d’accord j’avais pas tout pigé non plus dans ton discours^^
Pour ce qui est de l’humour « meta » de Deadpool, quand c’est bien fait et avec parcimonie j’aime bien. Le She Hulk de Slott utilise aussi l’humour meta pour parodier certains aspects de la continuité. Et j’ai bien rigolé. Le souci c’est que ça semble de plus en plus répandu dans de nombreuses séries.