La mort de Captain Marvel par Jim Starlin
Première publication le 06/11/15- Mise à jour le 20/02/24
Un article de PRÉSENCE
VO : Marvel comics
VF : Lug, Panini
La mort de Captain Marvel est la première Graphic Novel publiée en 1982. Cette histoire fut publiée en France par Lug dans la collection Top BD puis réedité avec des couleurs aux saturations affreuses par les marchands de sandwichs.
Qu’est-ce qu’il a de si important que ça, ce Captain Marvel ? L’univers partagé Marvel voit le jour en 1961, avec le premier épisode des Fantastic Four. Pendant les années suivantes, Stan Lee (avec l’aide de ses équipes) crée un certain nombre de superhéros divers et variés. En 1967, le lecteur voit arriver un dénommé Captain Marvel (Mar-Vell de son vrai nom), un extraterrestre Kree (mais à la peau blanche, alors que le reste de cette race a la peau bleue), créé par Stan Lee et Gene Colan. Il fait sa première apparition dans Marvel Super-Heroes, puis a droit à sa propre série en 1968 écrite par Roy Thomas, à nouveau avec Gene Colan. Il se présente sous la forme d’un bel homme aux cheveux blancs, avec un costume moulant blanc et vert.
Mais il faut croire que cet extraterrestre n’a pas le charisme d’un autre venu de Krypton, car après quelques épisodes, Mar-Vell hérite d’un nouveau costume rouge et bleu, et se voit doté de bracelets appelés Nega-bands qui lui permettent d’échanger de place avec Rick Jones, de la Terre à la zone négative. C’est avec l’arrivée de Jim Starlin en 1973 que Captain Marvel change de couleurs de cheveux (un joli blond), et qu’il acquiert de nouveaux pouvoirs, dont une conscience cosmique. Dans le dernier épisode réalisé par Starlin, il se battait contre Nitro (Robert Hunter), un supercriminel capable de se faire exploser (à l’origine de Civil War, mais c’est une autre histoire).
Par la suite, ce sont Steve Englehart, puis Doug Moench qui narrent ses aventures, en développant ses liens avec la population du satellite de Titan (un des satellites de Jupiter), Mentor, Eros, et ISAAC. L’édition commentée dans cet article date de 2010. Elle contient l’épisode 34 de la série Captain Marvel (daté de septembre 1974), les épisodes 1 & 2 de Marvel Spotlight (datés de juillet et août 1979), et la première Marvel Graphic Novel intitulée Death of Captain Marvel (avril 1982). Les épisodes ajoutés à la Graphic Novel permettent de comprendre qui sont les différents personnages.
Captain Marvel 34 – (1974, scénario et dessins de Jim Starlin, dialogues de Steve Englehart et encrage de Jack Abel) – Rick Jones et Mar-Vell partagent leur existence sur terre : quand l’un est parmi les humains, l’autre séjourne dans la Zone Négative (celle d’Annihilus). Le combat contre Thanos (détenteur du Cube Comsique) vient de s’achever et il est temps pour Rick Jones de reprendre la route pour lancer sa carrière de chanteur et guitariste. Malheureusement dès la première partie du voyage, il croise un camion détourné par Nitro (c’est sa première apparition), et Captain Marvel doit intervenir.
C’est le dernier épisode de la série écrit et dessiné par Jim Starlin. Il avait commencé comme dessinateur au numéro 25, et était devenu co-scénariste dès l’épisode suivant. Ici, il donne la direction de la série pour après son départ. Starlin a toujours son style de dessins assez détaillés, avec une prédilection pour les visages dessinés en contreplongée de trois quarts. L’encreur est minutieux. Le scénario fait la part belle aux personnages, et au combat. Cet épisode a été inclus du fait de l’importance de la rencontre avec Nitro pour la suite.
Marvel Spotlight 1 & 2 – (1979, scénario de Doug Moench, dessins de Pat Broderick, encrés par Bruce Patterson) – Captain Marvel et Drax font équipe, avec Rick Jones (sorti de la zone négative) et sa copine du moment, pour aller sauver les habitants de Titan, l’un des satellites de Jupiter. Thanos a corrompu ISAAC (l’intelligence artificielle qui gère la machinerie rendant la vie possible sur Titan) qui a décidé d’éradiquer la vie sur le satellite. Il s’ensuit un affrontement difficile au cours duquel Captain Marvel utilise sa conscience cosmique d’une manière originale.
Ces 2 épisodes sont inclus pour expliquer au lecteur ce qu’est Titan, qui sont ses habitants dont Mentor (A’lars), Eros et Elysius (l’intérêt romantique de Mar-Vell). Doug Moench est très bavard dans ses bulles (il décrit ce qui est en train de se passer à l’image), Broderick et Patterson réalisent des dessins minutieux, peut-être un peu surchargés, mais encore tout à fait regardables.
Death Of Captain Marvel – (1982, scénario, dessins et encrage de Jim Starlin, couleurs de Steve Oliff) – Captain Marvel a pris sa retraite sur Titan (lassé d’être un guerrier). Il est en train d’enregistrer ses mémoires. Il accompagne Mentor qui veut récupérer le corps de son fils Thanos dans une arche spatiale abandonnée. Une escarmouche s’en suit au cours de laquelle l’attitude de Captain Marvel montre qu’il est malade. De retour sur Titan, Mentor charge ISAAC de lui faire un check-up. Le diagnostic, un cancer, le condamne à l’échéance de quelques mois, les superhéros vont se mobiliser pour tenter de le sauver.
En 1982, Marvel souhaite lancer un nouveau format de comics, équivalent à nos albums français mais avec couverture souple. Starlin ouvre le bal avec la mort d’un héros, mais sans supercriminel. Ce créateur a su créer sa niche chez Marvel et il a laissé des personnages qui ont connu une belle carrière avec ou sans lui. Par exemple, il a créé Thanos qui est arrivé dans les pages d’Iron Man, puis il est très vite passé dans les pages de Captain Marvel, et destiné à une belle carrière dans Infinity Gauntlet (et suivants), puis au cinéma contre les Avengers. Ensuite Starlin s’est emparé d’un personnage encore plus obscur pour une odyssée spatiale entrelacée de philosophie (Adam Warlock). Et le voici qui vient mettre un terme à la carrière de Mar-Vell qui en 2015 n’a toujours pas été ressuscité (une exception dans le monde des comics).
Pour un lecteur familier de cette histoire, il est difficile de prendre le recul nécessaire pour apprécier l’audace du scénariste. Contrairement à l’attente des lecteurs, Captain Marvel ne se jette pas à corps perdu dans une ultime bataille, contre un ennemi le surclassant de plusieurs niveaux. Il ne sauve pas des milliards de vie une fois encore. Il se bat contre la maladie.
Starlin construit son scénario en passant par les différentes étapes liées à la découverte d’une maladie mortelle : prise de conscience, refus plus ou moins marqué, marchandage, légère déprime (pour Mar-Vell) ou dépression (pour certains de ses amis) et acceptation (les 5 étapes théorisées par Elizabeth Kübler-Ross). Il présente les réactions de Mar-vell et celles de ses proches, passant avec plus ou moins d’acuité par ces 5 stades. Il est vraisemblable que l’auteur se soit inspiré de son propre travail de deuil pour montrer la consternation régnant parmi les amis, ou les connaissances de Mar-Vell. Malgré tous leurs superpouvoirs, ils se retrouvent démunis face à la maladie. Starlin n’hésite pas à se montrer cruel, lorsque certains d’entre eux (éminents scientifiques, voire médecins de renommée internationale) s’interrogent sur le fait qu’ils n’ont pas utilisé leurs connaissances pour concevoir des thérapies.
L’auteur inclut quelques scènes de combat qui sont plus métaphoriques qu’autre chose, qui servent l’histoire, qui enrichissent la mythologie développée autour de Thanos et qui légitiment qu’il s’agit d’une histoire de superhéros. Il s’agit donc avant tout d’un récit autour de la mort d’un malade. Starlin sait faire naître des émotions adultes qui élèvent le récit au-dessus du ridicule inhérent à ces gugusses en collant moulant (malgré Marvel qui passe la moitié du récit avec son masque sur le visage même quand il n’est qu’avec Elysius, sa compagne).
À l’origine, les Marvel Graphic Novels étaient dans un format plus grand et cette édition est dans un format comics traditionnel. De ce fait les dessins peuvent apparaître comme un peu tassés. Les illustrations de Starlin présentent une sensibilité assez européenne, avec quelques clins d’œil discrets à Moebius (dans les décors en particulier). Ils comprennent également une forte influence de Kirby (perceptible dans la force des coups de poings échangés).
Les scènes de dialogue abondent et elles bénéficient d’une mise en scène assez travaillée pour ne pas être lassante. À 2 reprises, Starlin convoque une flopée de superhéros de l’époque au chevet de Mar-Vell, et il n’est pas sûr que vous les reconnaîtrez tous (qui se souvient de Isaac Christians ou d’Eric Symon Paine ?).
D’un côté, il est possible de s’agacer des tics propres aux comics de superhéros, tels que les visages fermés, ou au contraire les personnages la bouche grande ouverte, montrant toute leur dentition. Quelques postures relèvent plus du ballet classique, que d’un geste naturel. C’est l’héritage des superhéros, et la façon dont Starlin dramatise les situations, en accentuant les réactions pour être sûr que son lecteur ne se trompe pas sur les émotions en jeu. D’un autre côté, l’artiste profite du nouveau format pour soigner ses planches, en incluant des décors avec une fréquence élevée, et en effectuant des découpages conceptuels dans la disposition des cases, en jouant sur l’écoulement du temps (des séquences en temps réel).
Avec ce récit, Starlin utilise les superhéros pour se concentrer sur la mort imminente et inéluctable d’un proche. Même si cette incursion du réel dans ce monde artificiel peut sembler incongrue (ces costumes chamarrés et ces personnages un peu poseurs), cet auteur met en scène le processus de deuil avec justesse.
Étrangement, il s’agit d’un personnage qui n’a pas été ramené à la vie, et ce depuis 1982. Il a bien fait quelques apparitions posthumes sporadiques, mais pas de résurrection. Son titre de Captain Marvel a été porté par Monica Rambeau, puis par Genis-Vell et même pendant une courte période par Phyla-Vell (la petite sœur de Genis-Vell), et de nos jours (en 2015) par Carol Danvers. Mar-Vell est donc un des rares superhéros à ne pas être mort au combat, et à ne pas être revenu d’entre les morts de manière pérenne.
Oui, même moi et mon aversion pour la narration old-school, j’ai bien aimé relire ce graphic-novel. Il y avait comme une impression de forte charge émotionnelle. Le sentiment de lire un gros moment de mythologie.
A propos de parler de la mort…je vais oser.
mon chat vient de mourir. Après 19 ans de bons et loyaux…euh…caprices.
http://imgur.com/WJSAf6c
Rest in peace my furry friend.
Oh pauvre petit bonhomme ! Mes pensées t’accompagnent dans ce deuil. Le chagrin de la mort d’un animal est très sous-estimé. Et si réel.
Merci. Oui, il est réel.
Je m’y attendais depuis un moment cela dit. ça n’allait pas fort, il était hyper fatigué. La chaleur, tout ça. Et il a cessé de manger.
Le véto m’avait déjà prescrit un truc pour ses reins depuis quelques mois. Au bout d’un moment, faut leur lâcher la grappe je crois. La vieillesse c’est la vieillesse. Pas envie de le forcer à vivre dans un sale état. Mais ouais 19, merde…ça fait des souvenirs j’étais gamin moi. D’un coup y’a un vide là quand même…
A mon tour de te présenter mes sincères condoléances. C’est forcément difficile de quitter un être qui nous a accompagné aussi longtemps.
Oh ben toutes mes condoléances, Mattie… Sinon merci Omac pour ton commentaire très intéressant et pertinent !
Pour ceux qui ont le top BD de Semic , vous avez remarqué sur le dessin de quatrième de couverture qu’un grand personnage de la Distinguée Concurrence vient rendre hommage à Captain Marvel.Derrière Diablo et Wolverine , vous le reconnaissez ? Bottes rouges , Cape rouge et la mèche , oui c’est bien Superman.https://www.bedetheque.com/BD-Top-BD-Tome-29-La-mort-de-Captain-Marvel-266613.html
Ah ! Salut Huck ! C’est cool de t’avoir ici !
Et bien j’avais remarqué que Logan avait pris des hormones de croissance sur ce dessin, mais jamais fait attention à l’homme de Krypton !
Merci !
Bonjour Père Huck,
c’était assez étonnant de découvrir la présence d’un autre superhéros de premier plan dans le groupe de ceux portant le deuil. Il faut croire qu’à l’époque les angoisses des avocats étaient moins importantes en ce qui concernait les éventuels infractions à la propriété intellectuelle du distingué concurrent. Quand j’avais découvert la présence de Superman la première fois, le fait qu’un tel superhéros soit présent pour se recueillir avait ajouté à l’importance de la mort de Mar-Vell.
Je suis d’accord avec toi Matt.Puis les références , clins d’oeil entre DC et Marvel ça existe depuis toujours.Les « Challengers of the unknow » (DC) ont inspiré les « Fantastic Four » (Marvel) qui ont inspiré les « Sea Devils » (DC).Dans Sea Devils ont retrouvait un mutant mi homme mi poisson ressemblant fortement à Namor (avec des pouvoirs différents) qui essayait de piquer la petite amie du scientifique qui délaissait sa compagne pour ses missions et expériences , il y avait aussi un ennemi des Sea Devils qui ressemblait beaucoup au Maître des maléfices.
Les premiers Moon Knight étaient très inspirés par Batman (Il était appelé « Le Batman blanc » à cette époque) , ça ne m’a jamais empêché d’aimer les deux.
Tant que l’histoire est bonne , je me fous de savoir par qui elle est éditée. 🙂
Je viens de finir la lecture du tome 3 de Squadron Supreme par James Robinson. Et dès l’origine, tous les personnages sont un décalque de superhéros DC : Hypersion/Superman, Nighthawk/Batman, Dr. Spectrum/Green Lantern, Power Princess/Wonder Woman, Whizzer/Flash.
C’est du recopiage littéral, mais cette équipe a eu droit à de bonnes histoires, et parfois même certains de ces personnages en solo aussi.
Une question pour nos spécialistes. Un lecteur me demande en MP le nom d’un personnage dans la vieille série Captain Marvel. Un vieux monsieur genre vieux cowboy qui vit dans l’espace avec sa mule en scaphandre… Que connaissait rick Jones. On le voit notamment dans l’épisode où l’intelligence Suprême tue Gazelle devant les yeux de Rick Jones.
Ça doit correspondre à la fin du run d’Englehart (edit : il s’appelle Shabby Allus/Dayes).
En le relisant ce GN (définitivement la meilleure histoire du personnage), ce qui saute aux yeux (au-delà du caractère poignant du récit) c’est la qualité du travail de Steve « Akira » Oliff sur la colorisation, auquel je n’avais peut-être pas prêté suffisamment attention jusque-là (bleu turquoise & vert foncé).
Comme tu le rappelles, Steve Oliff était à la pointe de la technologie, et savait en tirer le meilleur parti. C’est effectivement à lui que Marvel a confié la colorisation d’Akira pour pouvoir vendre ce produit à des lecteurs américains peu friands de noir & blanc. Les graphic novels bénéficiaient d’un meilleur papier et d’une meilleure impression. En plus, Oliff ne se contente pas de tartiner. 🙂
Concernant la non-résurrection, je pense que Mar-Vell a encore un peu de marge avant de rejoindre Bucky. À la louche il a dû disparaître en 1963 (enfin être tué scénaristiquement dans le passé, le genre de phrase qui n’a de sens que quand on cause de continuité) au retour de Cap et réapparaître en 2005 non?
Évidemment, son retour n’aurait strictement aucun sens au vu du poids du GN chroniqué ici, je pense et j’espère qu’ils le laisseront comme jusqu’ici en – relative – paix.
C’est une question que je ne m’étais jamais posé : de quand date la mort de Bucky ? Sans parler du paradoxe éditorial que tu évoques. 🙂
Wikipedia précise que sa mort a été intégrée au canon dans The Avengers #56 daté de septembre 1968. Du coup cette année, ça met Bucky et Mar-Vell a ex aequo avec 37 ans de suspension de vie dans les pages des comics.
Concernant Mar-Vell, ses quelques apparitions furtives (essentiellement des scènes du passé révélées rétroactivement, encore ce paradoxe éditorial de continuité) donnent l’impression que la permanence de sa mort est une règle éditoriale de Marvel Comics, mais sans certitude de ma part.
Je conteste, Maître Continuitello! Si l’explication arrive en 1968, le fait que Cap revienne seul en 1963 atteste de sa disparition. Certes, selon la chronologie à ce moment ça voudrait dire que Bucky a disparu au début des années 40, mais son absence en particulier daterait de 1963. Non mais.
(au passage le retcon du Cap et du Bucky des 50s est vraiment un de ces tours de passe-passe rondement menés)
« Il était mort, mais maintenant il va mieux », un thème récurrent dans l’explication des diverses continuités à ma progéniture.
Je m’incline et j’avoue ma défaite. 🙂
Plus que 5 ans à attendre en espérant que Mar-Vell ne revienne pas d’ici là…
Du coup, Bruce doit s’engager pour encore au moins 5 ans de blog, afin que nous disposions d’un endroit pour établir ce constat.
Chip,
Tu n’es pas à la page : Mar-Vell est vivant et anime désormais une célèbre émission sur Youtube…
Quant au cancer, c’est finalement le grand problème des univers DC/ Marvel (un de plus) : des univers où l’on peut cloner, vivre dans l’espace, créer des cyborgs, remonter le temps mais pas guérir le cancer, le sida ou le visage défiguré de Doom. Charles Xavier est plutôt chanceux : il marche depuis 20 ans (et moi j’adorais quand il était handicapé).
Je viens d’acheter la réédition Panini de ces épisodes, que je ne connaissais pas du tout. D’ailleurs je ne connaissais pas le personnage non plus. Je ne sais pas exactement quel sont les choix éditoriaux, mais il y a au moins deux épisodes extrêmement vieillots qui ouvrent cette réédition, le premier étant celui avec l’incident qui a rendu Captain Marvel malade. Je les trouve assez infantiles, très psychédéliques dans le dessin, et évidemment je ne connaissais pas les liens avec Thanos et consorts. Du coup je le rangerai à côté des deux Thanos que vous m’avez conseillés et que j’ai aimés.
La dernière partie par contre change totalement de ton et de traitement et je dois avouer que j’ai été bluffé par la narration autant que par le découpage et les parti-pris graphique. C’est très moderne, je me demande même si ce n’est pas la première bd de comic à utiliser le rêve et l’onirisme pour accompagner son personnage vers la mort. En tout cas j’ai vraiment été surpris, voir Spider-Man perdre ses moyens, c’est totalement inattendu. Même les grandes planches pleines de personnages bigarrés ne m’ont pas fait sortir de ce ton adulte et désespéré. Une sacrée surprise, surtout après les deux premiers épisodes trop super-héros pour moi.
Et oui Panini a ajouté des épisodes car le GN originel était trop maigre, sans doute, pour vendre un album de cette collection. Et oui, ces épisodes sont dans la même veine que les épisodes de slip mainstream de l’époque : Infantiles…
Par contre c’est vrai que le GN fonctionne encore très bien pour un lecture adulte de passage. Je regrette presque d’avoir vendu mon exemplaire LUG grand format. C’est juste que j’ai toujours été agacé par le fait que Starlin mette un personnage comme Spiderman dans l’espace. Ce n’est pas sa place ! ^^
Je comprends que cela puisse agacer, ce Spidey dans l’espace. Mais ça ne me gêne pas personnellement. Et en relisant l’article de Présence, je comprends l’utilité des épisodes de début : une remise en contexte et une introduction des personnages.
Mon édition reprend exactement les mêmes épisodes que tu cites ici. Cependant, je ne trouve nulle part le premier scan avec le visage de Mar-Vell en train de devenir un espace d’étoiles, même si d’autres effets identiques apparaissent dans les épisodes, il ne s’agit jamais de ces trois cases précisément.
« Cependant, je ne trouve nulle part le premier scan avec le visage de Mar-Vell en train de devenir un espace d’étoiles, même si d’autres effets identiques apparaissent dans les épisodes, il ne s’agit jamais de ces trois cases précisément. »
Ça doit probablement provenir du numéro 29. Mar-Vell fait la rencontre de l’entité Eon (le tron d’arbre chelou avec une moumoutte), qui lui fait accéder à la conscience cosmique. En plus de lee booster pour le match-retour avec le Contrôleur (un ennemi d’Iron Man), cela change quelque peu son apparence ; son costume a quelques légères modifications pas très voyantes, il laisse désormais en vol une traînée de lumière derrière lui (tel le Captain Atom de Ditko) et surtout ses cheveux passent de blancs à blonds.
Toujours au rayon capillaire, les cheveux blancs prématurément blancs de Magneto, le résultat de son vécu dans les camps de concentration (il les a déjà blancs au sortir de la guerre, bien avant d’être l’ennemi d’âgé mûr des X-Men) ?
Merci Pierre N d’avoir répondu. Pour l’article, je voulais illustrer Mar-Vell envahi par la conscience cosmique, et je suis allé piocher une image dans un autre épisode.
Un graphic Novel bizarre et perturbant…
Marvel sur le fil du rasoir, parce que faire coïncider récit réaliste terre à terre et cosmique (surtout Marvel) c’est un peu une gageure en soi.
ça ne tient que par son émotion et par la capacité qu’ont certaines œuvres à savoir parler du quotidien en le transportant dans les étoiles.
Avec également, ce qui a fait surface par la suite, le propre deuil de l’auteur.
C’est une lecture qui remonte à l’époque, pour moi ; autant dire qu’il ne m’en reste plus grand chose : ayant peu apprécié l’exercice, je ne me suis jamais procuré la BD -l’album appartenait à un camarade.
Je ne connaissais de Captain Marvel que quelques apparitions : cheveux blancs mais costume rouge et bleu chez les Vengeurs, ainsi que quelques épisodes, particulièrement jouissifs (!), dans leur style Camp assumé (Pat Broderick, encré par Bruce Patterson, c’est très suggestif !), dans Titans.
En lisant une critique du récit (Comics Journal ?!), j’avais pu, adulte, identifier certaines raisons (probables, mais inconscientes, sur le moment) de mon indifférence à cette publication, pourtant sensationnelle. Notamment les transcriptions graphiques, réellement littérales, des visions oniriques de Mar-Vell, quand elles auraient gagnées à être beaucoup plus stylisées (j’ai trouvé ça laid et maladroit, mais c’est très personnel) ; et qui, en ce sens, jouent un peu -beaucoup- contre la dimension, philosophique et spirituelle, choisie par l’auteur pour exprimer le parcours du héros vers l’acceptation de son funeste destin. Partisan du recours au symbolisme esthétique, pour ce qui a trait à « l’après » et le supputatif, toute cette partie-là du récit ne peux plus fonctionner que d’un point de vue très naïf, en complet porte-à-faux avec le sujet de départ (la maladie), et la volonté plutôt concrète de Starlin de l’aborder le plus directement possible. Limites créatives ou techniques, je ne saurais dire ; mais je trouve les deux résultats antinomiques et réducteurs, ainsi associés.
Je ne suis pas fan de Starlin, sans le recours à l’enjolivement de sa peinture pour faire passer le dessin de ses personnages monolithes (Dreadstar) : dans cet album-ci, c’est particulièrement pesant, étant donnée l’absence d’action dynamique. Je trouve aussi son utilisation du découpage « en temps réel », très, très ratée : autant sur le scan posté (la Mort dévoilée) que, par exemple, les larmes sur le visage de Rick Jones, dans mon souvenir. Il est aussi très démonstratif et insistant quand il s’agit d’exprimer les émotions, sur les visages des personnages -mais on peu apprécier : ça possède une certaine puissance.
Bon, j’admets aussi une aversion profonde -ça, ça remonte au tout début de ma découverte du MCG !- du port du masque quand il est inutile. N’avoir pas pu s’affranchir de cette convention pour une histoire à priori intimiste m’avait prodigieusement frustré ; sans compter que ça affaiblit encore d’avantage le ton volontairement « non-mainstream » de la démonstration.
Mais ça a du représenter une petite révolution, pour pas mal de lecteurs, cette approche si peu commerciale pour une histoire de Super-Héros -et la fin, prodigieusement logique et saine (de mon point de vue spirituel à moi), me plait bien dans son optimisme consolateur.
Je reconnais là une valeur d’authenticité à la démarche de Starlin et, donc, à l’album lui-même, en tant qu’Ovni éditorial.
Ce n’est pas la première fois que je me fais la réflexion, en lisant un des articles (si savants !) de Présence -et je précise que c’est un trait que j’apprécie grandement, dans tous les domaines, et particulièrement dans la critique artistique- mais, genre : ce gars ne serait-il pas un tout petit peu très beaucoup super-généreux ?! 😉
Présence n’a mis que 4 étoiles, ce qui prouve que la bd n’est pas aussi exceptionnelle que ça : chez Présence, moins de 5 étoiles, c’est rare.
… Je ne regarde pas la notation. En fait, je me suis (finalement) aperçu qu’il y en avait une en lisant des commentaires qui la mentionnaient : tu parles d’un lecteur attentif…
Mais oui : il a le chic pour mettre en avant le mieux -et, accessoirement, minimiser le moins bien. C’est très honorable -et constructif.
Ça-y-est, j’ai deviné : il est agent artistique !!
Cela fait effectivement partie de mes intentions de commentateur : mettre en avant ce qui m’a plu.
Si le cœur t’en dit :
Adam Warlock
brucetringale.com/des-questions-existentielles-et-des-clowns/
Infinity gauntlet
brucetringale.com/un-nouveau-dieu-omnipotent-est-ne/
Thanos (avec JP NGUYEN)
brucetringale.com/lentite-thanos/
Bonjour Bruno,
J’apprécie beaucoup ton développement sur les caractéristiques graphiques de Jim Starlin, et je me rends compte (non pas que je suis partial vis-à-vis de lui, ça j’en ai conscience), mais que ce créateur s’en tient aux conventions graphiques du genre superhéros. Aussi, dans ce que tu décris, je retrouve les spécificités du genre, à commencer par un registre visuel très descriptif et exagéré.
Je suis fan de Starlin, et je l’ai découvert alors que je lisais encore en VF au siècle dernier. J’étais tombé sur un recueil Etranges aventures (54 & 55) avec la saga Warlock : un choc dont je ne me suis jamais remis, avec le héros qui se suicide. Du coup, je ne connaissais que le Captain Marvel de Moench & Borderick (qui paraissait dans Titans) quand j’ai lu La mort de Captain Marvel.
Par la suite j’ai traqué tout ce que je pouvais de Starlin, de Dreadstar à Breed, en passant par Batman, The Weird, New Gods, Rann-Thanagar, les crossover Infinity puis les OGN Infinity, et enfin les épisodes initiaux de Captain Marvel, le passage à la VO ayant facilité les choses.
Du coup mon attachement à Death of Captain Marvel provient également de mon investissement dans la carrière de Jim Starlin, et mon goût pour ses thèmes.
C’est logique -et très commun : on fonctionne quasi tous comme ça, avec nos habitudes et réflexes originels.
Devant l’énumération de ses travaux, je m’aperçois que je n’en connais pas la moitié. Mais, qu’est-ce que j’ai bien pu faire, toutes ces années ?!
Un aperçu de sa bibliographie :
wikipedia.org/wiki/Jim_Starlin#Bibliography
Tiens, au fait, en passant : mon tout premier contact avec Jim Starlin remonte à une histoire (passionnante pour le gamin que j’étais, et encore très originale dans sa réalisation graphique, à l’heure d’aujourd’hui, tant le dessin est « en roues libres » et la mise en page efficace et inspirée.) de L’Homme-Chose, écrite par Steve Gerber, encrée par Bob Wiacek, publiée dans nos contrées en seconde partie de l’album Hulk Et Les Pirates De L’air.
Si tu ne connais pas, ça vaut pas mal le coup : l’artiste n’est pas franchement au faîte de tout un tas de contraintes objectives dans l’art du dessin, et ça apporte une grande richesse expressive à quasi toutes les cases, et le découpage est très efficace, aussi. La couleur joue elle aussi pas mal, pour rendre l’atmosphère étouffante des marais du monstre « tri-trompé » OUARFF ! Sans en avoir eu conscience pendant longtemps, c’est effectivement une de mes lectures de jeunesse les mieux « imprimées » dans ma tête, alors que très loin de mes favorites, à l’époque. Bon, le sujet, d’accord ; mais il est évident que le côté « brut » et passablement insistant du travail de Starlin est aussi pour beaucoup dans la puissance d’expression de ces quelques pages -et Wiacek n’y est sûrement pas étranger, non plus.
Anecdote : cet album contient aussi une courte troisième histoire, écrite par Chris Claremont ! Un truc Lycanthrope pas trop original, sinon dans son traitement très Polar, ton et ambiance graphique -et avec une héroïne dramatico-positive, évidemment !
S’agit-il de ce comics ?
marvel.fandom.com/wiki/Fear_Vol_1_12
Si oui, il semble que l’encrage soit réalisé par Rich Buckler.
Je me suis offert les 3 tomes VO de Man-Thing by Steve Gerber: The Complete Collection.
https://www.leboncoin.fr/ad/livres/2839988692
Il y a quelques pages postées de l’histoire de L’Homme-Chose.